LE RÔLE DE LA COSMOLOGIE DIVINE DANS LA VIE HUMAINE
La conception matérialiste regarde le monde et l'homme seulement sous des angles matériel, naturel et perceptif.
Elle ne reconnaît l'existence d'aucun créateur, organisateur et directeur autre que le cosmos. Elle confine les besoins de la société et les dimensions de l'existence humaine aux limites de leurs exigences naturelles.
Et considérant que la vie de l'homme est limitée au cadre de sa vie d'ci-bas, elle ne reconnaît pas que les affaires de ce monde sont contrôlées par un ordre conscient, ni n'admet l'existence d'aucun besoin dépassant la vie matérielle, ni d'monde de l'Au-delà. Donc, selon cette conception, si la vie humaine a un but ou un programme, c'est dans le cadre de cette vie d'ici-bas seulement.
Tout au contraire, la cosmologie divine reconnaît l'existence d'un Etre Sage, Omnipotent et Omniscient qui contrôle tous les facteurs et relations naturels, et croit que le monde entier est soumis a Son Commandement conscient et vigilant. En même temps, elle reconnaît aussi la validité de toutes les lois naturelles régissant le monde. En tout cas, elle croit que la Volonté d'Allah est au-dessus de tous les autres facteurs et lots, et soutient que les anciennes lois et formules scientifiques sont la création et une partie du dessein d'Allah qui est la source de la Faveur, de la Miséricorde, de la Sagesse, de la Compassion et de la Justice.
Donc, un homme croyant en Allah se voit dans un monde conscient, bien guidé et fondé sur la justice, et non pas dans un monde obscur, terni et sans but. En conséquence de sa croyance, il a le sentiment qu'Allah est toujours avec lui. Quel soutien naturel! Quelle source de force et d'énergie!
La cosmologie divine, à côte de la reconnaissance des besoins naturels et de l'admission de la nécessité de les satisfaire, prend aussi en considération la dimension spirituelle de l'homme. Elle s'occupe de l'élévation de l'âme, de la pureté du coeur, de l'amour de la vérité et du dévouement a la pureté, au raffinement, à l'amour, à l'impartialité, à l'endurance et a la philanthropie. Ce sont des qualités dont l'absence se fait vraiment sentir aujourd'hui. Les sociétés industrielles réalisent qu'elles en ont besoin et sont tout a fait conscientes de leur manque. Elles essaient occasionnellement de satisfaire leur soif de ces qualités d'une façon superficielle en adoptant certaines formes du néo-gnosticisme occidental. On ne doit pas oublier que la cosmologie divine ne signifie pas une pure spiritualité, un gnosticisme et une préoccupation des besoins éthiques. Elle signifie vraiment une attention totale a l'homme, sur les plans, a la fois, matériel et spiritual. En un mot, elle vise à pousser l'homme vers une perfection complète.
Deux stades d'une vie étendue
Du point de vue religieux, la vie humaine est étendue et éternelle. Elle n'est pas limitée aux quelques années de l'existence dans ce monde. L'homme a été informé catégoriquement qu'il est un être éternel et qu'il ne l'annihile pas avec la mort. D'un autre cote, il reprendra la vie à nouveau, dans l'autre monde, où toute chose se présentera sous une forme plus intensive, plus sérieuse et plus profonde. Autant les plaisirs et le succès seront a leur zénith dans ce monde-là, autant les souffrances et les afflictions seront intenses.
L'homme a été informé en outre que s'il tient vraiment à ses propres intérêts, s'il veut éviter la souffrance et désire être heureux et prospère, il doit garder présent à l'esprit que le succès et le bonheur, tout comme la souffrance et l'affliction, suivront, sous une forme plus pure et plus étendue, les traces de la vie d'ici-bas.
Tout son avenir dépend de ses actions d'aujourd'hui et sera seulement la conséquence des efforts faits dans ce monde.
Un homme judicieux qui pense au revenu de son travail et qui fait des efforts calcules pour atteindre son objectif, doit être pleinement averti des résultats de ce qu'il fait. Il doit réaliser sa conduite s'il réalise que certaines de ses actions lui sont préjudiciables ou qu'elles ne servent pas dans son intérêt.
Conclusion
La vision d'un homme religieux n'est pas limitée a lui-même. Il a un horizon plus large et son but est de plaire à Allah et de servir Ses créatures. Il ne pense pas seulement a ses besoins matériels, mais prend aussi en considération ses besoins spirituals. Il cherche le bonheur aussi bien dans ce monde que dans l'autre et répugne au malheur dans tous les deux mondes. Il ne concentre pas son attention seulement sur les efforts dont les effets, positifs et négatifs, se limitent uniquement à la vie présente.
Les effets spirituels et pratiques de la croyance religieuse Un homme qui a le soutien d'une croyance religieuse ferme se sent dote d'une force particulière. Quoi qu'il entreprenne, il l'accomplit avec sincérité et pureté. Pour atteindre son objectif, il ne recourt ni à la mendicité, ni a la flatterie, pas plus qu'il n'abaisse sa position. Même s'il subit quelque inconvénient ou une perte pendant qu'il se débat pour atteindre son objectif, il ne perd pas son coeur.
Il aime les autres comme il s'aime lui-même, et désire le bien de tous. Il éprouve une affection réciproque envers ceux qui pensent comme lui. Il trouve un plaisir en travaillant pour l'amélioration de la société et en rendant service aux autres. Il est très engagé dans la réalisation de ses buts divine et ne peut ni supporter la compagnie des égoïstes et des trompeurs, ni détourner ses efforts pour servir leurs intérêts. Le résultat en est qu'il ajoute à sa franchise, la fermeté et l'endurance.
Un homme véritablement religieux est en réalité très concerné par le bonheur et le succès des autres, et pour cette raison, il n'hésite pas a consentir des sacrifices car il croit qu'il trouvera dans l'autre monde une grande et heureuse conséquence à la moindre de ses actions. Il reconnaît que tous ses efforts dans ce monde sont gouvernés par un système d'action et de réaction. Même s'il perd sa vie pour réaliser son objectif, il ne se considère pas pour autant comme un perdant, car a travers son sacrifice suprême, il accepte de faire tout et devient immortel. S'il dépense son argent pour améliorer le sort de la société, il ne perd rien, mais a tout à gagner, car, bien qu'il entreprenne cette démarche pour sa foi et pour sa propre satisfaction, il en sera récompense. En plus, il tirera avantage de la prospérité de la Société, prospérité obtenue dans l'ensemble, à la suite des services qu'il a rendus. Tout effort positif et réglementaire fait pour la cause d'Allah et pour le bien de Ses créatures, qu'il soit intellectuel, organisationnel, littéraire, physique ou pécuniaire, est constructif et rémunération dans chacun des deux mondes. Si nous comparons un tel homme avec un homme égoïste, dont l'approche est uniquement matérielle, et qui s'intéresse seulement a ses profits personnels, nous pouvons imaginer facilement quel en sera le résultat, car nous savons de quelle sorte de personnel la société humaine a besoin pour son développement et son évolution complète. Elle a besoin de ceux qui cherchent à plaire a Allah, et non des égoïstes.
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LES GUIDES DE L'HUMANITÉ
Chaque homme est attache au lien précieux de l'éternité et tout homme ayant des goûts sains peut prendre conscience de son existence grâce à sa perspicacité naturelle. En tout cas il y a dans la société humaine quelques hommes éminents qui en ont une conscience plus claire. Leurs paroles et leur comportement sont l'exemple frappant du lien de l'homme avec l'éternité et de son rôle créatif dans la connaissance et la pratique humaines. Ces hommes sont les prophètes. Les prophètes sont capables de recevoir des messages - Révélations - directs du monde éternel. Ces messages sont si nets et si lumineux qu'ils illuminent toute leur existence et éclairent pour eux des faits qui sont inconnus des autres. Ils voient la Vérité si clairement qu'on les croirait des récepteurs vidéo sous une forme humaine. Ils apprennent les faits eux-mêmes, puis ils les transmettent aux autres sur ordre d'Allah. C'est ce qu'on appelle la prophétie. Les messages que les prophètes reçoivent laissent une impression profonde et étonnante sur leur âme et leur personnalité. Ils les "ressuscitent" virtuellement, stimulent leurs forces intérieures et opèrent en eux une révolution constructive, fructueuse, sans précédent en ce qui concerne les autres gens.
Les traits distinctifs des prophètes
Ces hommes modèles qui établissent des contacts avec la Source de l'Existence à travers la Révélation ont certains traits distinctifs et certaines particularités. Nous nous proposons de jeter ci-après un peu de lumière sur ces traits.
1. Les Miracles
Tout prophète qu'Allah envoie est doté par Lui d'une extraordinaire force par laquelle il accomplit un ou plusieurs miracles qui portent témoignage de la vérité de sa mission. Le Coran appelle ces miracles accomplis par les prophètes avec la permission d'Allah, "Âyât" ou les "Signes" de la prophétie desdits prophètes parce que les miracles ne peuvent être accomplis par d'autres que les prophètes, les savants théologiens les appellent "Mu'jizât".
Selon le Coran, les gens, à toutes les époques, ont demandé à leurs prophètes respectifs d'accomplir un miracle pour eux, et au cas où une telle demande était formulée par des gens sincères et réellement désireux de connaître la Vérité, et qui ne pouvaient être certains de la prophétie du prophète concerné sans un tel miracle, ce dernier accédait a leur requête légitime. Mais si une telle demande avait un objet autre que le désir de connaître la vérité - par exemple, si la demande revêtait la forme d'un marché et que les gens disaient qu'ils accepteraient le message du prophète, s'il produisait une colline d'or pour eux afin qu'ils deviennent riches - les prophètes rejetaient alors des demandes de ce genre.
2. L'Infaillibilité
L'Infaillibilité signifie immunité contre les péchés et les erreurs. Les prophètes ne commettent pas de péché ni ne sont susceptibles de tomber dans l'erreur dans l'exercice de leurs actions et de leur mission. C'est à cause de cette immunité qu'on peut mettre en eux le maximum de confiance. Maintenant voyons quelle est la nature de cette infaillibilité. Signifie-t-elle que chaque fois qu'ils sont tentés de commettre un péché ou une erreur, un messager divin se présente a eux pour les en empêcher?
Ou bien, leur nature est-elle telle, qu'ils sont incapables de commettre un péché ou une erreur, de la même façon, par exemple, qu'un ange ne commet pas l'adultère pour la simple raison qu'il n'a pas de besoin sexuel, ou qu'une machine a calculer ne commet pas d'erreur, étant sans cerveau? Ou bien, l'infaillibilité des prophètes est-elle due à leur perspicacité et au degré de leur foi? Comme nous l'avons déjà dit, selon notre optique, l'infaillibilité des prophètes est de la troisième sorte. L'homme a la faculté de choisir. Il choisit son action sur la base des avantages et des désavantages, du gain et de la perte qu'elle implique. Il est impossible qu'il choisisse quelque chose qui n'ait pas d'avantage pour lui ou qui implique un sérieux désavantage. Un homme réfléchi qui s'intéresse a sa vie ne se jette jamais dans l'enfer ni prend jamais de poison mortel. Les individus varient selon la force de leur foi et le degré de leur conscience des conséquences des péchés. Plus leur foi est solide, plus leur conscience des désavantages impliques par les péchés est grande, et plus ils sont enclins à éviter les péchés. Nous connaissons personnellement un grand nombre de personnel qui sont très pieuses et qui ont une tendance naturelle à se préserver des péchés. Si quelqu'un leur attribuait un péché, nous réagirions automatiquement pour contredire l'accusation car nous sommes sûrs que celle-ci est fausse. Plus haut est le degré de la foi, plus grande est la tendance a être moralement bon, et plus faible est la probabilité de commettre un péché. Si la foi est absolument parfaite, cette possibilité est de zéro pour cent. Un homme qui atteint ce degré de foi sent que commettre un péché est aussi mal que prendre un poison mortel ou se jeter dans l'enfer. C'est là le stade que nous appelons infaillibilité.
Donc l'infaillibilité est le résultat de la perfection de la foi et de l'excellence de la morale. Car pour être infaillible, il n'est pas obligatoire qu'il y ait une force extérieure, ni il n'est nécessaire que l'on soit naturellement immunisé contre le péché. Ce n'est honorable pour personne de ne pas pouvoir commettre un péché ou d'être empêché, de force, de le commettre. Une telle personne serait pareille à un prisonnier qui ne peut voler tout simplement parce qu'il est enferme dans une prison. Un tel prisonnier mérite-t-il d'être considéré comme honnête et intègre? Comme pour l'immunité contre l'erreur, c'est le résultat de la perspicacité des prophètes. Un homme commet une faute lorsqu'il est incapable d'observer directement la Vérité et la découvre seulement à travers des calculs mentaux. De tels calculs peuvent être erronés. Mais s'il a la faculté de voir la Vérité directement, la possibilité d'erreur n'existe plus. C'est le cas des prophètes. Ils ont un contact direct avec la Réalité. Et comme la Réalité est ellemême bien déterminée, il ne peut pas y avoir d'erreur dans son identification. Prenons-en un exemple. Si nous mettons 100 grains de blé dans un ustensile et que nous répétions la même opération cent fois, nous aurons 10.000 grains. Ni plus ni moins. Mais au moment de compter les grains, il se peut que nous fassions une erreur. Il se peut que nous ayons l'impression d'avoir mis les grains 99 fois, ou 101 fois. Par conséquent, il se peut que nous pensions qu'il y a 9.900 ou 10.100 grains en tout. Mais ce malentendu ne peut changer la réalité. Le nombre des grains restera 10.000. Ni plus ni moins. Quelqu'un qui connaît la vérité sera sûr du nombre, et trouvera exactement le même lorsqu'il aura compté.
La différence entre un prophète un génie
De ce qui précède on peut déduire la principale différence entre un prophète et un génie. Un génie est une personne douée d'une faculté intellectuelle et de calcul extraordinaire, et elle peut donc parvenir à de nouveaux résultats intéressants. Elle peut faire occasionnellement une erreur dans ses calculs. Mais un prophète, outre qu'il est doté de facultés intellectuelles, de pensée et de calcul, est aussi pourvu d'une force additionnelle, appelée Révélation, qui lui fait connaître directement la Réalité. Seuls les prophètes ont cette faculté, et c'est pourquoi le cas d'un prophète est tout a fait différent de celui d'un génie. Comme les deux appartiennent a deux catégories différentes, il n'y a pas de comparaison possible entre eux. Si nous comparons l'acuité de la vue de quelqu'un avec celle d'un autre, une telle comparaison est correcte. Mais si nous comparons l'acuité de la vue d'une personne avec la sensibilité de l'ouïe d'une autre, la comparaison n'est pas plausible. L'éminence d'un génie réside dans ses facultés intellectuelles, alors que la supériorité d'un prophète découle largement de son contact avec la Source de l'Existence, et a pour origine une force totalement différente, connue comme la révélation. De la, les deux cas sont tout a fait différents.
3. La direction dynamique
Bien qu'un prophète commence sa marche spirituelle vers Allah en fuyant les gens pour se recueillir, il finit par revenir aux gens dans l'intention de les reformer. En arabe il y a deux mots pour dire prophète: "Nabi" et "Rasûl". Littéralement, "Nabi" signifie quelqu'un qui apporte des nouvelles, et "Rasûl", quelqu'un qui est envoyé avec un message. Un prophète communique le Message d'Allah aux gens, et de ce fait, il réveille leurs facultés endormies. Il les appelle à Allah et les incite a chercher Son agrément. En d'autres termes, il les appelle à la reforme, à la liberté, à l'intégrité, a la justice, a l'amour et a la lutte pacifique pour la bonne cause et pour d'autres vertus. Il les libère de l'asservissement a leurs passions et a d'autres fausses divinités. La tache essentielle d'un prophète est de guider les gens, de leur inculquer un nouvel esprit et de les organiser en vue de l'agrément d'Allah et du bien de l'humanité.
4. Une ferveur incomparable et une fermeté à toute épreuve dans la lutte contre le polythéisme, l'ignorance et la corruption
Comme les prophètes jouissent du soutien divin, ils n'oublient jamais la mission que leur confie Allah. C'est la raison pour laquelle ils sont extraordinairement sincères dans leur mission. Ils n'ont aucun autre objectif que la guidance des gens. Ils ne demandent jamais aux gens de les payer pour leurs services.
Dans la sourate al-Chourâ, le Coran a reproduit un résumé de dialogue entre les prophètes et leur peuple. Chaque prophète apporte une sorte de message avec une référence particulière aux problèmes particuliers que rencontrent ses adeptes. En tout cas, il y a un point commun au message de tous les prophètes. Il est le suivant: "Je ne vous demande pas de salaire". Le message des prophètes était toujours accompagné d'une fermeté incomparable. Comme ils n'ont aucun doute quant à leur mission, ils ont propagé et défendu leur message avec une fermeté inégalable.
Lorsque Moussâ Ibn 'Imrân (Moïse) et son frère Hâroun (Aaron) appelèrent Pharaon à croire en Allah, ils avaient pour tout équipement les vêtements rudes et usagés qu'ils portaient et le bâton qu'ils tenaient dans leur main. Pharaon tomba des nues lorsqu'ils lui dirent fermement: "Ta chute est imminente si tu rejettes notre appel, mais si tu l'acceptes nous garantissons ton honneur". Le Saint Prophète (que la paix soit sur lui et sur sa descendance) appela, un des premiers jours de l'Islam, où les Musulmans étaient encore très peu nombreux, les anciens de Quraych et leur communique son message. Il déclare fermement que l'Islam était destiné à devenir universel et que leur bien-être dépendait de leur conversion a cette religion. Ils furent si surpris qu'ils se regardèrent les uns les autres et se dispersèrent sans prononcer un seul mot. C'est à cause de ce courage et de cette ferveur extraordinaire que les prophètes n'acceptèrent jamais de compromis sur les principes.
Lorsque Abû Tâlib, l'oncle du Prophète, communiqua à ce dernier l'offre des Quraych lui proposant d'être leur roi, lui promettant de lui offrir en mariage leurs plus belles filles et faisant de lui l'homme le plus riche d'entre eux, s'il acceptait de renoncer a se proclamer prophète, il répondit: "Par Allah! Même s'ils mettaient le Soleil dans l'une de mes mains et la Lune dans l'autre, je n'abdiquerais pas ma mission".
5. Le bien-être général
Les Prophètes encouragent les individus et la société à évoluer vers l'auto-formation afin d'assurer le bien-être humain. Ils n'ont jamais rien fait qui poisse ruiner l'individu ou la société.
6. Une vie personnelle normale
Bien que les prophètes aient de nombreuses qualités extraordinaires, tels que l'accomplissement de miracles, l'infaillibilité, la direction dynamique, des réalisations constructives inégalables et une lutte incessante contre l'ignorance, le polythéisme et la tyrannie, ils restent néanmoins des êtres humains et ont toutes les caractéristiques humaines. Ainsi, comme les autres, ils mangent, ils dorment, ils marchent, ils ont femmes et enfants, et finissent par mourir. Ils sont soumis a tous les besoins et exigences humaines. Ils ont a accomplir tous les devoirs qui sont préscrits, à travers eux, aux autres. Les règles qui déterminant ce qui est légal et ce qui ne l'est pas s'appliquent également à eux. Dans certains cas, ils ont plus de devoirs religieux à accomplir. Par exemple, dans le cas du Saint Prophète, il lui était obligatoire de demeurer vigilant et d'accomplir des prières pendant les derrières heures de la nuit. En tout cas, les prophètes ne se dispensent d'aucun acte obligatoire. Ils craignent Allah comme les autres, et même plus que les autres. Ils accomplissent plus d'actes de piété que les autres. Ils font des prières, observent le jeûne, accomplissent le pèlerinage et participant au jihâd. Ils paient la zakât et oeuvrent en vue du bienêtre des autres. Pour gagner leur vie, ils travaillent, et ils n'aiment pas être une charge pour les autres. La seule différence entre les prophètes et les autres gens est que les premiers reçoivent la Révélation et ont la qualification nécessaire pour recevoir et prêcher le message d'Allah. En tout cas, cette qualification ne les exclut pas de la catégorie des êtres humains. Leur vie personnelle et privée n'est pas différente de celle des autres. Si elle avait été différente, elle n'aurait pas été un modèle pour les autres. Toute personne désireuse de vivre dans le bien-être doit modeler sa vie sur celle des prophètes. Selon le Coran, si Allah avait envoyé un ange comme prophète, cet ange aurait eu l'apparence humaine, et il aurait parlé et vécu comme les êtres humains. (cf. Sourate alAn'âm, verses 9)
Le rôle de la Révélation dans la vie humaine
Comme nous l'avons dit précédemment, la Révélation joue un rôle fondamental dans la vie des prophètes. Tous les traits distinctifs de leur vie, ou la plupart d'entre eux, tels que l'infaillibilité, la direction sincère la fermeté incomparable et les efforts en vue du bien-être de tous, sont fondes sur la Révélation.
Nous avons vu comment la Révélation opère une révolution fructueuse et efficace dans la vie des prophètes. Maintenant, voyons quel est son rôle dans notre propre vie. La révélation ne peut avoir automatiquement un rôle direct dans notre vie, à moins que nous ne reconnaissions les prophètes et que nous ne soyons avertis de cette source extraordinaire de connaissance et de croyance. Si nous ne croyons pas aux prophètes, la seule source de notre connaissance sera notre propre expérience et nos propres idéaux. Mais après avoir reconnu les prophètes et été convaincus qu'ils ont accès à une nouvelle source de connaissance, et que les enseignements qu'ils affirment avoir reçus à travers un contact direct avec la Source de l'Existence ne sont ni leurs idées personnelles, ni le produit de leur expérience personnelle, mais un Message clair du Créateur, la Révélation peut, alors, assurer un rôle déterminant dans notre vie. Nous avons accès, à travers les prophètes, à une nouvelle Source de connaissance sur le Commencement et la Fin de ce Monde, et le moyen de mener une vie droite. Un homme coupé des prophètes a accès à une seule source de connaissance, à savoir, sa propre pensée et sa propre expérience. Mais un homme lié aux prophètes en possède deux: sa propre pensée et son expérience, ainsi que la Révélation.
La relation entre la connaissance, la raison et la Révélation La relation mutuelle entre la connaissance, la raison et la Révélation peut être facilement déduite des sources que nous venons d'énumérer, car elles ont toutes le même but, à savoir, la découverte de la Vérité et son utilisation dans la vie de l'homme. Mais en ce qui concerne leur crédibilité, elles n'entrent pas dans la même catégorie. La Révélation est a cent pour cent crédible et sans ambiguïté. Elle est immunisée contre toute erreur. Mais la crédibilité de la connaissance et de la raison n'est pas de cent pour cent, car elles comportent une possibilité d'erreur. Une étude comparée des faits appris à travers la connaissance et la raison, et de ceux appris à travers la Révélation, montre qu'il n'existe pas la moindre incompatibilité entre eux. Là où une contradiction paraît exister, c'est ou bien lorsque le cas n'est pas fondé sur une Révélation authentique, ou bien lorsque le verdict de la connaissance et de la raison est une pure approximation, et en dépit du fait qu'il revête la forme d'une loi scientifique et qu'il ait une valeur pratique suffisante, sa signification reste seulement relative. C'est pourquoi, le Coran, cette pure Révélation divine, encourage sans cesse la pensée, la réflexion et l'apprentissage. Il veut que tout le monde exerce pleinement ses facultés mentales et essaie d'apprendre toujours plus. En même temps, nous trouvons que la science pratique objective et le raisonnement réaliste, non seulement ne sont pas en conflit avec le Coran et son système, mais qu'ils soulignent la nécessite pour l'homme d'être dévoué à Allah, aux prophètes et au système qu'ils ont approuvé. Ils veulent que l'homme travaille sérieusement pour reformer et améliorer son environnement, et profite, pour ce faire, de toutes les deux sources de connaissance qu'Allah a mises à sa disposition.
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L'ISLAM DÉFEND LA JUSTICE
Selon le point de vue islamique, le monde entier est une réalité fondée sur l'équité et la justice. Les Cieux et la Terre ont été créés sur cette même base. Toutes choses dans le monde sont calculées et planifiées.
«IL a élevé le Ciel et établi une balance pour toute chose». (Sourate al-Rahmân, 55: 7) Toute chose dans le Cosmos s'achemine vers son but. Rien n'est désordonne ni fortuit. Depuis l'ordre qu'on trouve dans la cellule vivante et au coeur d'un atome, jusqu'au système précis du corps d'un être vivant, en passant par l'équilibre minutieux existent entre les planètes du système solaire ainsi que les galaxies, et par les lois merveilleuses qui gouvernent le monde entier et qui ont été découvertes et mises a profit par la science, tout cela indique qu'il existe un système calcule et une organisation parfaite.
C'est sur la base de cette vérité que l'Imam Ali (P) a dit: «La justice signifie mettre chaque chose a sa place, alors que l'injustice signifie, mettre chaque chose là où n'est pas sa place».
Toute déviation des règles générales et des relations gouvernant le monde entraînera la confusion et le désordre, et perturbera l'équilibre maintenu par les lois rigoureuses de la nature. Chaque chose doit se mouvoir sur sa propre orbite et avancer vers son évolution. L'équilibre et l'ordre sont les lois inévitables régissant la nature. Les phénomènes naturels ne sont pas libres de décider quelle sorte de relation mutuelle ils devraient avoir, ou s'ils devraient oui ou non maintenir l'équilibre. Même la réaction provoquée par n'importe quelle perturbation dans la nature est destinée à la restauration de l'équilibre et au déplacement des obstacles se dressant sur la voie de l'évolution. Cette réaction aussi suit un cours inéluctable, déjà prescrit. En vérité, même toute perturbation dans l'ordre naturel a sa propre méthode spécifique et sa propre procédure: lorsque l'ordre, dans un sens plus large, est perturbé, la nature produit elle-même quelques correctifs de l'intérieur ou de l'extérieur. La pénétration des germes ou des virus d'une maladie dans le corps humain provoque des crampes et des douleurs, mais la réaction suscitée par les globules blancs ou des médicaments extérieurs, combat les germes et les virus et parvient à rétablir la santé et l'équilibre général du corps. C'est là l'exemple de la loi coercitive du combat contre le mal.
La justice de volonté ou une justice voulue
En exerçant sa volonté, l'homme est tenu particulièrement d'être juste. De tous les facteurs qui gouvernent les actions de l'homme, celui de sa volonté et de son pouvoir de choisir joue un rôle fondamental. La comparaison de ce rôle avec celui des autres facteurs et normes coercitives a soulevé l'une des plus grandes questions philosophiques, qui, on peut le dire sans risque de se tromper, a trait à l'une des idées humaines les plus vieilles et les plus sensibles. Ce qui est intéressant, c'est que les vues de quelqu'un ont à cet égard un effet direct sur ses efforts, sur ses actions et sur ses réalisations en vue d'améliorer son propre sort et le sort de la société. La question de la prédestination et de la libre volonté a soulevé beaucoup de controverses parmi les Musulmans, comme chez les autres peuples, et a donne lieu a un large débat philosophique et scolastique.
Certaines personnel, s'appuyant sur les versets qui déclarent que l'honneur, le déshonneur, la guidance et l'égarement sont entre les Mains d'Allah, en sont venues a la conclusion que l'homme n'a pas de volition et qu'il n'est qu'un instrument, sans aucune volonté, dans la Main d'Allah. Elles ont fondé un autre principe sur cette théorie, selon lequel, leur croyance en l'Unicité d'Allah et en Son Autorité Absolue, exige d'elles qu'elles croient que tous les phénomènes du monde, y compris les actes et la conduite de l'homme, sont du ressort d'Allah Seul et qu'il n'existe d'autre volonté que Celle d'Allah. Dire que tout autre peut faire quoi que ce soit d'une façon indépendante serait incompatible avec la concentration de la volonté dans la personne d'Allah Cette opinion était encouragée par les gouvernements opportunistes de l'époque, car elle permettait de faire taire toute critique de leurs actions. Les gens ne pouvaient donc pas élever la voix contre leurs gouvernants même en voyant l'abondance des richesses, la pompe et le faste de la cour qui contrastaient singulièrement avec leur misère et pauvreté absolues, car ils étaient formés de façon à croire que toute chose est dans la Main d'Allah qui accorde honneur et fortune à qui IL veut, et attribue misère et humiliation à qui IL veut. Les gens avaient à supporter toute injustice et toute iniquité, car telle était, pensaient-ils, la Volonté d'Allah. Cette situation était similaire à celle qui prévalait dans l'Empire Sassanide où le commun des mortels devait vivre dans les privations propres a la classe au sein de laquelle il était né, car il ne lui était pas possible de passer d'une classe à une autre. De là, le peuple ne pouvait que supporter la misère de sa classe, alors que les classes supérieures menaient une vie luxueuse. De la même façon, chez les Hindous, les Intouchables souffraient de handicaps insurmontables sur les plans légal et social. Ils ne pouvaient même pas penser à se défaire de leur condition méprisable. En Islam, le problème des classes, des groupes sociaux, raciaux ou tribaux n'existe pas. Tous les hommes ont été créés égaux et, indépendamment de leur origine, ils sont sur le même rang, En s'attachant à l'affirmation selon laquelle le sorte des gens et leurs conditions sociales seraient prédestinés, et en lui donnant une interprétation particulière, les gouvernant de ces pays purent exploiter le peuple et étouffer sa voix. C'est pourquoi la doctrine Ach'arite qui défendait la thèse de la prédestination devint virtuellement la doctrine officielle. Les Mu'tazilites qui croyaient en une sorte de libre volonté perdirent la faveur de la cour et firent l'objet de pressions et de menaces.
Un autre groupe de Musulmans, se référant aux versets du Coran, qui indiquent que l'homme est un agent libre, en vinrent à croire que l'homme a une volition complète et qu'il décide lui-même de son sort. Ces gens citaient l'avènement de la vie future, ainsi que les questions du Paradis et de l'Enfer, comme preuves de la vérité, de leur doctrine. Ils affirment que si les actions de l'homme étaient considérées comme l'oeuvre d'Allah, alors, les péchés, les atrocités et la corruption devraient être considérés à leur tour comme des actes divins, bien que nous sachions qu'Allah est loin de tout mal. Pour contredire cet argument, les Ach'arites mirent en avance leur doctrine de "tanszîh", selon laquelle, Allah étant dépouillé de tout défaut, aucun mal ne pourrait Lui être attribué.
La doctrine de la justice
C'est la vraie doctrine chiite, fondée sur les vues modérées de l'Islam. L'Imam Ja'far al-Çâdiq (P) a dit:
«Il n'y a pas de prédestination ni un pouvoir absolu du jugement humain. La Vérité se trouve entre les deux extrême».
Pour bien comprendre ce point de vue, il faut prêter une attention particulière aux points suivants:
1. Nous croyons en l'Unicité d'Allah, dans toutes Ses dimensions, et reconnaissons Son Autorité Absolue. Toute chose dans le monde est sujette à Sa Volonté. Sa Domination s'impose aux Cieux et à la Terre.
2. Son Ordre gouverne, sous forme de normes établies, la nature ainsi que toutes les causes, les facteurs et les relations naturelles dans le monde. 3. La conduite de l'homme est un phénomène causé par plusieurs facteurs comprenant la volonté de l'homme, qui est, elle aussi, une norme établie par Allah. En d'autres termes, c'est par la Volonté d'Allah que l'homme doit prendre ses propres décisions. Et comme la libre volonté de l'homme est, elle aussi, le résultat de l'Ordre d'Allah, Allah Seul est donc le Seigneur Souverain de tout l'Univers, y compris l'homme. 4. Il est évident que la libre volonté de l'homme n'atteint pas a une liberté absolue. Elle a plusieurs restrictions: la nature, l'environnement, l'hérédité, l'innéité, etc... Par conséquent, l'homme ne jouit pas d'une faculté de jugement absolue, notamment en ce qui concerne ce qui suit:
5. L'existence de la Révélation et du Message divin, les lois et enfin, la croyance en l'Au-delà et en la récompense et la sanction des actes, tout cela impose des limitations à l'homme. En effet les restrictions juridiques et doctrinales affectent le libre choix de l'homme. 6. C'est l'homme lui-même qui apporte le mal et les vices par une mauvaise utilisation de son choix. S'il y a dans la société des injustices et des corruptions, elles sont consécutives aux actions de l'homme, et ne sont pas une création de la Volonté d'Allah, car IL est au-dessus de tout vice et de tout mal.
On peut se demander pourquoi Allah a créé de tels hommes, portés au mal? Ne valait-il pas mieux qu'IL créât seulement des hommes qui ne fassent pas le mal et qui soient bons et vertueux?
La réponse est que s'IL avait créé de tels hommes, ceux-ci n'auraient eu ni volonté ni pouvoir. Or, l'homme est un être libre. Il fait parfois ce qui est bien et parfois ce qui est mal. Certains individus vont vers la bonne direction, d'autres s'égarent. Telle est la caractéristique de la liberté. De là, la question devrait être posé de la façon suivante: Valait-il mieux créer l'homme comme un être sans volonté ni libre arbitre, ou comme un être libre, doté du pouvoir de choisir et de décider, comme il l'est effectivement? La réponse est évidente: il vaut mieux qu'il soit un être conscient et libre. Maintenant que nous avons choisi cette réponse, nous aurons à accepter aussi ses conséquences qui constituent un monde mélangé de vice et de vertu, de justice et d'injustice, de vérité et de mensonge, de liberté et de servitude, de conflits et de chocs, et dans lequel l'homme est prêt à jouer un rôle conscient et libre.
7. Mais là une question se pose: le Coran dit: «Dis: O Allah, Détenteur de la Souveraineté! TU donnes la souveraineté à qui TU veux. TU honores qui TU veux et TU abaisses qui TU veux. Tout ce qui est bien se trouve dans Ta Main». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 26)
Le Coran dit aussi: «C'est TOI qui diriges qui TU veux, et c'est TOI qui égares qui TU veux». Il y a plusieurs autres versets similaires dans le Coran. Maintenant, si les gens sont libres et maîtres de leur propre destinée, comment l'honneur et le déshonneur ne sont-ils pas dans leurs propres mains? La réponse est que tous les phénomènes du monde suivent certaines normes et règles. Ces normes, elles aussi, ont été conçues et établies par Allah. L'honneur et le déshonneur, la fortune et la pauvreté, le succès et l'échec, la guidance et l'égarement, la vie et la mort, le pouvoir et son absence, ainsi toutes autres choses sont des phénomènes, et comme tels, ils ne peuvent pas être fortuits et accidentels. Ils sont tous gouvernés par certaines lots, règles et normes. Aucun individu ni aucune nation, ne sont exaltes sans raison. Le progrès économique n'arrive pas sans cause. La défaite dans un conflit, ainsi que la victoire, doivent avoir quelque raison. Comme nous l'avons dit précédemment, ces normes doivent être découvertes, et on doit suivre la bonne direction en utilisant convenablement la connaissance qu'on a d'elles. Il n'y a pas de doute que c'est Allah qui exalte, mais IL exalte ceux qui savent comment améliorer leur position et se débattre pour y parvenir. Allah a donné aux Musulmans pouvoir de conquérir la Mecque et leur a garanti la victoire. Mais cela n'est arrivé que la huitième année de l'Hegire, après une longue lutte et des années d'effusions de sang, pendant lesquelles les Musulmans subirent beaucoup d'épreuves et eurent à employer toutes leurs forces et à prendre toutes sortes de mesures appropriées. En d'autres termes, ils luttèrent pour obtenir la victoire, jusqu'à ce qu'Allah la leur accordât.
Il ne fait pas de doute que c'est Allah qui produit l'épi de blé. Mais cela n'empêche que le blé ne pousse que dans la ferme d'un cultivateur industrieux qui accomplit tous les travaux nécessaires pour son développement et le protège contre les insectes.
La Justice et l'Au-delà
La Justice Divine se révélera particulièrement dans l'Au-delà. Justice dans la rétribution et la récompense, justice dans la classification des actions, et dans la détermination du rang et de la position des hommes et la démonstration de leurs qualités et caractères. Tout cela peut se déduire de ce que dit le Coran à propos de l'Au-delà, ce qui montre que la justice a un rapport particulier avec l'Au-delà.
Les actions de l'homme sont le produit de sa propre libre volonté, et il est tenu pour responsable de ses actions ainsi que de son avenir bon ou mauvais. On peut attendre de lui qu'il en connaisse, à travers les prêches des Prophètes ainsi qu'à travers ses propres facultés intellectuelles, leurs effets, positifs ou négatifs.
Ainsi, lorsque l'homme accomplit une action consciemment et délibérément, qu'il fait des efforts pour donner une bonne ou une mauvaise direction à ses qualités intérieures, ou qu'il fait quoi que ce soit susceptible d'entraîner un avantage ou un désavantage pour lui ou pour la société, la Justice Parfaite exige qu'il reçoive une rétribution précise et proportionnée à ses actions, qu'il soit classé exactement selon son action afin qu'il ne soit pas lésé (cf. Sourate al-Ahqâf, 46: 19), qu'il soit payé bien correctement pour tous les efforts qu'il a faits (cf. Sourate Ale 'Imrân, 3: 25), et qu'un enregistrement complet soit fait de toutes ses actions et de tous ses actes afin que même ce qu'il a oublie ne soit pas négligé. Le Coran dit:
«Allah leur fera savoir leurs oeuvres. IL en a fait le compte, alors qu'ils les ont oubliées». (Sourate al-Mujâdilah; 56: 6)
Cet enregistrement comprend même la plus insignifiante chose faite sous quelque forme que ce soit et dans quelque circonstance que ce soit.
Evoquant les exhortations de Luqmân adressées à son fils, le Coran dit:
«O mon fils! Même si c'était l'équivalent du poids d'un grain de moutarde, et que cela fit caché dans un rocher ou dans les Cieux, ou sur la Terre, Allah le présentera en pleine lumière. Allah est Subtil et bien informe». (Sourate Luqmân, 31: 17) Il y a une telle proportion et harmonie entre une action et sa rétribution qu'on peut dire que cette même action se présentera dans l'Au-delà: «Ce jour-là chacun se verra confronté à tout ce qu'il aura fait de bien et de mal». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 30) Chacun est responsable de ses propres oeuvres. Cette responsabilité n'incombera pas à quelqu'un qui n'y aurait pas joué un rôle: «Nul homme ne portera le fardeau d'un autre» (Sourate al-Fâtir, 35: 18). «Quiconque fait le bien le fait pour soi, et quiconque agit mal le fait à son propre détriment». (Sourate. Fuççilat, 41: 46)
Au Palais de Justice, ni la position familiale ni l'influence sociale, ni la richesse, ni aucune pression d'un parti ou d'un groupe, n'auront aucun effet: «Le Jour où ni les richesses, ni les enfants ne seront utiles» (Sourate al-Cho'arâ', 26: 88). «Les injustes ne trouveront aucun ami ni aucun intercesseur susceptible d'être écouté» (Sourate al- Mu'min, 40:18). «O les croyants! Dépensez en aumône une partie de ce que Nous vous avons accordé avant la venue d'un Jour où ni marchandage, ni amitié, ni intercession ne subsisteront» (Sourate al-Baqarah 2: 254). «Quand on soufflera dans la trompette, ce Jour-là, il ne sera plus question, pour eux, de généalogies...» (Sourate al- Mo'minûn, 23: 101).
En vérité, dans l'Au-delà, seules la foi, les bonnes actions et la spiritualité seront utiles à l'homme, lequel devra répondre à propos de chaque point de détail de son compte, et sera jugé correctement et justement sur la base de sa feuille, d'actes qui contient le détail de ce qu'il aura fait. Le Juge sera Allah qui est Juste, Omniscient, absolument Indépendant et au dessus de toute partialité ou d'opportunisme. IL n'est enclin à aucune menace ni à aucune tentation (cf. Sourate al-Nûr, 24: 24 et Sourate Yassine, 36: 65)
L'Au-delà
L'Au-delà est un monde dans lequel l'homme jouit de fruits de ses efforts d'ici-bas, à une très large échelle, et où se qualités et sa conduite seront absolument claires.
Dans ce monde-là, les plaisirs et le succès, de même que les misères et les afflictions, sont purs et absolus, contrairement à ce qui se passe ici-bas où toute chose est relative et mélangée. Le succès complet et pur de l'homme dans toutes les dimensions de sa vie se présente au Paradis où tous ses désirs, espoirs et aspirations sont réalisés et où il prospère physiquement, spirituellement, matériellement et mentalement. De la même façon, son échec dans tous les domaines se révèle en Enfer.
Les quelques versets suivants projettent une grande lumière sur l'immensité de la jouissance dans le Paradis: «Hâtez-vous vers le pardon de votre Seigneur et vers le Paradis, vaste comme le ciel et la terre» (Sourate al-Hadîd, 57: 21). «Les bien-heureux seront au Paradis où ils demeureront immortels, aussi longtemps que dureront les Cieux et la Terre, à moins que ton Seigneur n'en décide autrement. Ce sera un don inaltérable» (Sourate Houd, 11: 108). «Là-bas, vous trouverez ce que vous désirez, et vous obtiendrez ce que vous demanderez» (Sourate Fuççilat, 41: 31). «Làdedans ils trouveront tout ce qui satisfait le coeur et tout ce dont se délectent les yeux» (Sourate al-Zukhruf, 43: 71).
Ces versets montrent que le Paradis dépasse l'imagination. Sur le plan du temps, il est éternel. Et tout ce qu'on peut désirer y est disponible, sans aucune restriction ou limitation. C'est plus qu'idéal. Ses bénédictions et plaisirs sont aussi bien matériels et physiques que spirituals et mentaux. Dans la Sourate al-Câffât, versets 41 et suivants, il est question de fruits, de jardins, de lits de repos et de coupes délicieuses. Dans le verset 49 de la même Sourate, ainsi que dans celle d'al-Rahmân, versets 64-71, et dans celle d'al-Wâqi'ah, verset 36, il y a une description de l'existence de houris, de beauté, de vivacité, de fraîcheur, de joie et d'ambiance musicale, au Paradis. Dans quelques autres versets, le climat plaisant du Paradis, ses rivières, ses arbres verts et fleuris, ses places magnifiques et charmantes, son air parfumé et agréable, sont évoqués. En somme, le Paradis offre un si haut degré de plaisirs et de réalisations matériels, qu'il est audessus de toute imagination.
D'un autre côté, il y a d'autres versets qui mettent en évidence les dimensions spirituelle et morale de l'homme a décrivent les tendances humaines élevées: «Voilà ceux qui seront honorés au Paradis» (Sourate al-Ma'ârij, 70: 35). «Ils sont dirigés vers la bonne parole» (Sourate al-Hajj, 22: 24). «Ils y demeureront immortels. Quel excellent lieu de séjour» (Sourate al-Furqân, 25: 76).
«Nous avons arraché ce qui se trouvait de haine dans leur coeur. Ils seront comme des frères sur des lits de repos qui se font face» (Sourate al-Hijr, 15: 47). «Allah les recevra alors qu'ils seront rayonnants de joie» (Sourate al-Dahr, 76: 11).
De tels versets montrent qu'il y a dans le Paradis, joie, bonheur, confort et contentement. Ses habitants sont à l'abri de la peur, de l'inquiétude, de la rancoeur, du langage grossier, et ils ne sont confrontés à aucun malaise ni à aucune anxiété. Il est évident qu'il y a au Paradis une félicité éternelle, que chacun peut y avoir tout ce qu'il désire, qu'il ne peut s'y produire de conflits d'intérêts, et que par conséquent il n'y peut avoir ni sentiment de jalousie, ni menace d'un danger, ni désir de se venger.
Dans chaque cas, tous les besoins sont satisfaits et tous les désirs exaucés. Il en résulte que l'homme qui jouit de cette vie dans toutes ses dimensions sent pleinement la vérité de la vie humaine.
En même temps, le progrès et l'avancement vers la perfection continuent. Allah Lui-Même dit qu'IL multiplie les choses pour qui IL veut. Ceux qui développent leur pensée et leurs facultés intellectuelles d'une manière fructueuse, surtout, réaliseront plus de progrès dans leur vie au Paradis.
Par dessus tout ce que nous avons mentionné, le plus grand acquis de l'habitant du Paradis est l'obtention de la satisfaction d'Allah, laquelle constitue le succès suprême pour une âme sublime.
«Quoi de mieux! Allah sera satisfait d'eux. Voilà le triomphe suprême!» (Sourate al-Tawbah, 9: 72)
Un habitant du Paradis trouve Allah, l'essence de toute perfection et vertu, la vérité absolue en laquelle se terminent le mouvement et l'évolution du monde entier, satisfait de lui. Il sent qu'il a obtenu là, tout ce qu'il pourrait espérer, et trouve qu'il n'y a pas de distance entre lui-même et Allah, Qui est la Source de tout ce qui est bien et bénéfique, et sur Lequel sont centrés tous les espoirs, et pour la demande de la satisfaction Duquel tout effort doit être fait. Il a le sentiment qu'il a réussi à obtenir la proximité d'Allah.
L'effet de la croyance en l'Au-delà sur l'équilibre de la vie Suite à l'exposé exhaustif que nous avons fait sur le futur de l'homme, sur les résultats inévitables de ses actions et efforts, et sur sa réapparition dans l'Au-delà dans toutes les dimensions de son existence, nous arrivons à la conclusion que la vraie croyance en l'Au-delà doit rendre l'homme plus attentif et plus vigilant en se formant et en déployant ses efforts. Lorsque l'homme est convaincu que toute forme de perversion dans la satisfaction de ses désirs, et tout excès qu'il commet, détermineront ses intérêts et ne seront préjudiciables qu'à lui-même, et qu'il sait que sa réapparition dans l'Au-delà sous forme d'une personnalité déséquilibrée et vicieuse n'aboutira qu'à sa ruine et son cheminement vers l'Enfer, il fera, alors, les plus grands efforts pour développer son existence dans toutes ses dimensions. Nous avons vu que le Paradis est la manifestation d''une vie humaine parfaite dans tous les domaines. L'Islam vise à ce que l'homme mène une telle vie idéale dans ce monde aussi, à l'intérieur de ses limitations. Il veut que l'homme ait un corps sain et une âme saine. Il vise aussi bien à fournir la nourriture, les vêtements, l'abri et tous les autres conforts physiques, qu'à un développement spirituel saint.
Un homme qui croit en l'Au-delà, essaie d'améliorer la vie d'ici-bas à tous les égards et fait attention à son éducation, à sa recherche et sa santé, à son travail, à l'assiduité au travail et à son progrès intégral. En même temps, il croit à la justice, à la fraternité, à la liberté, aux droits de l'homme, à la sincérité, à la loi, à l'ordre, à la pensée claire, à la raison, à l'amour du prochain, à la bonne volonté et à la spiritualité. La croyance correcte en l'Au-delà rend l'homme équilibré, large d'esprit et travailleur.
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L'HOMME ET L'EVOLUTION
De tous les phénomènes naturels qui nous sont familiers, les êtres vivants ont un mécanisme plus complexe et plus merveilleux. On peut dire que la vie est le sommet de la perfection à l'échelle du mouvement naturel.
LA VIE
Aucun penseur, à quelque école de pensée qu'il se rattache, ne doute du fait que les êtres vivants ont des caractéristiques qu'on ne trouve pas chez les êtres non doués de vie. Les principales caractéristiques d'un être vivant sont l'autodéfense, l'adaptation à l'environnement, la croissance et la procréation. Les êtres vivants des hautes catégories se meuvent d'un endroit vers un autre, et ceux d'une catégorie encore plus haute sont doués de sentiment et de conscience. C'est la raison pour laquelle les lois de la chimie organique sont différentes de celles de la chimie inorganique, ou, pour cette question, de la géologie. Pour autant que l'observation et les expérimentations scientifiques l'aient montré, un être vivant naît seulement d'un autre être vivant, et non d'une matière inanimée. De la même façon, aucun être vivant ne naît subitement et automatiquement. En même temps, il ne fait pas de doute qu'un être vivant est apparu seulement à un stade particulier de l'évolution de la nature: le stade qui était naturellement celui du commencement de la vie. De là une question se pose: quelle est l'origine de la vie?
A cet égard, différentes théories ont été formulées: - Tout au début, la vie serait venue sur la Terre de quelqu'autre planète, sous forme de cellules vivantes.
- La matière nécessaire à la formation d'une cellule vivante, après réception de l'énergie requise dans certaines conditions, aurait été accidentellement transformée en un être vivant, se serait répandue, à partir de cette première vie, sur toute la terre. - Le premier être vivant serait apparu subitement par la Volonté de Dieu. Maintenant tous les êtres vivants développés seraient sa progéniture. - Chaque espèce des êtres vivants apparaîtrait sur terre d'une façon indépendante. Dieu aurait garanti la vie à chacun d'eux.
Il y a quelques autres théories aussi. Mais nous ne voulons pas nous impliquer dans la discussion de la question de savoir laquelle de ces théories est correcte, car pour aboutir à une conclusion bien définie à cet égard, une investigation scientifique approfondie est nécessaire.
Ce que nous voulons mettre en évidence, c'est que la vie de chaque être vivant, qu'elle soit le résultat d'un processus évolutif ou non, est un signe d'Allah. C'est ce qui a été souligné par le Coran.
«Il y a des signes évidents en vous-mêmes. Ne les voyez-vous pas?» (Sourate al-Thâriyiât, 51: 21)
«Allah a fait descendre du Ciel une eau par laquelle IL fait revivre la Terre après sa mort. II y a vraiment là un signe pour ceux qui entendent». (Sourate al-Nihal, 16: 65)
La fabrication de cellule vivante
Si un jour les scientifiques réussissent à fabriquer une cellule vivante, la doctrine de ceux qui croient en Allah ne sera pas affectée, de la même façon que le vol de l'homme vers d'autres planètes, la fabrication de reins artificiels, la greffe du membre d'un homme sur un autre, la fabrication d'un cerveau électronique, ainsi que bien d'autres petites ou grandes inventions, ne constituent en rien un conflit ou une rivalité avec Allah. De telles inventions signifient seulement la fructification de la force créative de l'homme et l'exploitation de la matière naturelle et de ses forces cachées. Le Coran lui-même nous incite à faire usage de nos idées et compétences et à utiliser les dons de la nature.
Comme nous l'avons dit souvent, le progrès scientifique est un mouvement dans la direction de la Guidance divine et n'est nullement en conflit avec elle. En tout cas, on ne doit pas oublier que la créativité humaine ne signifie pas l'invention d'un phénomène ou d'une norme totalement nouveaux. Elle signifie seulement l'exploitation de la matière et de l'énergie disponibles dans la nature et la création des conditions nécessaires à l'utilisation des lois et des normes qui leur sont relatives. S'il y a vraiment une possibilité de produire la vie par la combinaison de matériaux naturels sous certaines conditions encore inconnues de l'homme, alors celui-ci pourra découvrir dans le futur la loi de l'origine de la vie et les conditions et normes la concernant. Si cela arrive, cette découverte ne sera pas différente de la découverte et de l'utilisation de tant d'autres lots, déjà intervenues dans des domaines autres que celui de la vie.
Evidemment la découverte d'une loi et son utilisation n'abaisse en aucune façon la position du Créateur de la Loi.
A un niveau plus bas, nous voyons un couple, homme et femme, préparant la voie à la naissance d'un enfant. Mais ce couple affecte-t-il pour autant la position d'Allah en tant que créateur? Un fermier cultive sa terre. Mais ce faisant, remplace-t-il vraiment Allah en tant que créateur de la récolte ?
Si l'on découvre que la vie peut être produite à partir de la matière, dans certaines conditions, cela signifiera que la matière peut aller dans son mouvement évolutif jusqu'au point où elle reçoit la vie, et puis continuer plus loin et jusqu'à un stade plus élevé.
Il est intéressant de noter que le Coran, décrivant la naissance de l'homme, dit notamment:
«Parmi Ses signes: IL vous a créés d'argile». (Sourate al-Roum, 30: 20) En réalité, l'argile devient homme - l'être vivant le plus élevé - après être passé par de très nombreux développements.
Le Coran parle aussi de la naissance de l'homme à partir d' "argile noire" et d' "argile malléable". (cf. Sourate al-Hijr, 15: 28 et Sourate al-Çâffât, 37: 11) Il dit aussi: «Nous avons créé à partir de l'eau, toute chose vivante». (Sourate al-Anbiyâ', 21: 30) Lorsque le Coran a un horizon si large, il n'y a aucune raison que le Musulman - qui le suit - ait un esprit étroit.
La vie, un phénomène divin
On peut souligne r que le Coran attribue formellement la vie à Allah: «C'est Lui qui a créé la mort et la vie» (Sourate al-Mulk, 67: 2). «C'est Lui qui vous a créés pour mourir» (Sourate alHajj, 22: 66)
De tels versets signifient-ils que personne d'autre ne peut faire un être vivant? Comme réponse à cette question, on peut dire que:
Tout d'abord, le Coran attribue à Allah tous les changements naturels, depuis la descente de la pluie et la domestication des rivières et des montagnes jusqu'à la naissance de l'homme. Dans d'autres occasions, le Coran attribue ces changements aux facteurs naturels aussi. Ces deux groupes de versets ne sont toutefois pas contradictoires; ils se corroborent réciproquement, car les lois scientifiques qui gouvernent les changements naturels sont tout simplement des normes prescrites par Allah. Sa Volonté ne signifie pas qu'IL suscite directement tous les changements et les événements naturels. En fait, il a créé un système de changements naturels. Telle est Sa volonté.
Ensuite, si nous trouvons que le Coran a accordé une attention particulière à la vie, c'est seulement en raison de son importance et de sa haute valeur. Allah décrit la vie comme l'infusion de l'Esprit Divin. Nous expliquerons ce que cela signifie lors de notre discussion sur l'homme. Troisièmement, chaque mouvement évolutif est une manifestation de la Volonté d'Allah et de Son Dessein Créatif, spécialement si le changement est tel que l'organisme matériel arrive à un stade où il peut recevoir la vie, devenir un être vivant et aboutir finalement à la vie humaine.
L'HOMME ET L'EVOLUTION
La théorie de l'évolution a dans son ensemble une longue histoire. Lamarck avait énoncé certains principes à ce propos. Mais c'est Charles Darwin qui a effectué des études approfondies sur les organismes vivants et leur façon de naître, et qui a rassemblé suffisamment de preuves scientifiques pour montrer que l'évolution a eu lieu réellement. Il a soutenu que: a) Chaque être vivant, où qu'il puisse être, s'adapte graduellement à son environnement et pourvoit à ses besoins naturels, tels que l'obtention de nourriture, l'auto-défense selon les conditions prévalant dans cet environnement. Cet effort provoque parfois des changements dans son corps, comme l'apparition de la membrane réunissant les orteils du canard lorsqu'il fut forcé par son environnement de nager pour chercher sa nourriture dans les lacs, ou comme l'allongement de la nuque de la girafe lorsqu'elle fut obligée de se servir sur des arbres élevés. b) Bien que ces changements organiques aient lieu progressivement, à travers plusieurs générations, ils sont transmis finalement des parents à la progéniture. c) Il y a parmi les êtres vivants une lutte sévère pour la survie, pour l'obtention de nourriture, et pour le choix d'un conjoint agréable. Cette lutte pour l'existence, qui est un conflit avec les facteurs de l'environnement de la vie et une rivalité avec les autres êtres vivants, est un principe constant dans la vie des animaux et des plantes, et un des facteurs qui mènent au changement de leur forme.
d) Le résultat de cette lutte est que les seuls organismes qui survivent sont ceux qui peuvent s'adapter le mieux à leur environnement et obtenir les conditions nécessaires pour vivre dans leur demeure naturelle. Les organismes les plus faibles et les moins adaptés s'éteignent peu à peu. De cette façon les diverges espèces sont transformées graduellement, et seules les meilleures d'entre elles survivent. C'est de cette manière que l'évolution des espèces a lieu. La propagation de la théorie du développement des organismes vivants - dont l'homme - sur la base de ces principes a suscité beaucoup de controverses à l'époque de Darwin et après. Des opinions appuyant ou contestant cette théorie ont été exprimées ouvertement. Parfois le ton du débat concernant ce sujet était scientifique, mais parfois il était enraciné dans des préjugés religieux et anti-religieux, car on a dit que les affirmations de Darwin étaient en désaccord avec le récit biblique du commencement du monde et de la naissance de l'homme, tel qu'il est exposé dans le livre de la Genèse.
En tout cas, avec les nouvelles découvertes en archéologie et l'élargissement du domaine des expérimentations, la théorie de l'évolution a été considérablement modifiée depuis l'époque de Darwin, spécialement en ce qui concerne les questions relatives à l'anthropologie. Beaucoup de questions relatives à presque chaque principe mentionné par Darwin ont été soulevées. Par exemple, on se demande si l'apparition d'un nouvel organe ou tout autre changement organique, résulte toujours de l'utilisation de cet organe et de sa tentative de s'adapter à son environnement, ou si elle peut être due à une mutation ou à toute autre cause? Les qualités acquises sont-elles héréditaires en principe? Ou bien les investigations génétiques ontelles rejeté cette théorie?
Les changements organiques, quelles que soient leurs causes, visent-ils la survie et l'évolution, ou bien peuvent-ils être parfois dus à la contradiction avec les conditions de l'environnement et aboutir à la mort et à l'extinction?
La sélection naturelle est-elle ou non comme la sélection artificielle qui conduit la génération existante à l'évolution? Nous trouvons que les animaux sauvages et les plantes sont pareils et de type moyen, alors que la sélection artificielle donne aux animaux et aux plantes plus de variétés et les conduit à une évolution meilleure.
Il y a beaucoup d'autres questions du même genre. En tout cas, malgré toutes les objections soulevées pour la discréditer, la théorie de l'évolution a été acceptée par les scientifiques comme un objectif principal des sciences naturelles. En même temps, il est certain également que des naturalistes éminents et impartiaux ne considèrent pas cette théorie comme définitive et incontestable. La voit n'est pas fermée à davantage d'investigation scientifique. Tout ce qu'ils disent est que la recherche n'a pas découvert jusqu'ici de nouveaux principes qui puissent prendre la place du principe de l'évolution. Maintenant, on peut dire que si un observateur impartial examine attentivement les résultats des investigations concernant la genèse des organismes vivants, il aboutira aux conclusions suivantes:
Les principes qui peuvent être découverts
1. Les organismes vivants ont, suivant leur degré d'évolution, une succession historique. En d'autres termes, les espèces les plus développées sont apparues habituellement, au cours de l'histoire, après les espèces les moins développées. 2. Cette succession historique est similaire à celle qu'on trouve pour toutes les autres choses dans le monde. Le cosmos s'est développé entièrement à partir d'un état simple pour constituer graduellement des galaxies et des systèmes solaires dans un environnement dépourvu de toutes traces de vie. Les conditions conduisant à l'apparition de la vie se sont développées progressivement. D'une façon similaire, un développement a eu lieu successivement depuis les plantes jusqu'aux animaux développées. En somme; les organismes les plus complexes ont suivi les plus simples.
3. Une similitude organique totale existe entre le premier organisme vivant et l'organisme vivant le plus développé qui nous soit connu.
4. Les stades à travers lesquels passe un embryon humain pendant le développement embryonnaire ressemblent tout à fait aux stades par lesquels sont passés les organismes vivants à travers l'histoire.
Lorsque nous juxtaposons tous ces indices, nous pouvons présumer scientifiquement que les différentes espèces des organismes vivants sont des progénitures les unes des autres (transformisme) et qu'elles ne sont pas venues à l'existence d'une façon indépendante (fixisme).
Une présomption scientifique et non un principe incontestable De toute façon, il serait équitable de dire que les conclusions auxquelles nous sommes arrivés ne sont rien de plus qu'une estimation corroborée par quelques preuves. Elles ne peuvent pas être considérées comme décisives et définitives, car si un chercheur impartial examine attentivement l'histoire de l'origine du mécanisme, il trouvera que le développement des différentes machines n'est pas sans rapport avec les quatre conclusions mentionnées ci-dessus, bien que l'origine des machines n'ait pas été à la base du transformisme dans son sens moderne, et que les différentes sortes de machines ne soient pas nées les unes des autres. En fait, l'étude scientifique de l'origine du mécanisme nous conduit aussi aux conclusions suivantes:
1. Les machines, suivant leur évolution, ont une succession historique, car les plus perfectionnées d'entre elles sont apparues après les moins modernes. 2. La succession historique est sans rapport avec la naissance de toutes les autres choses du cosmos.
3. Il y a une ressemblance totale entre la première machine et la machine la plus perfectionnée. 4. Les stades de la fabrication de la dernière machine la plus perfectionnée ressemblent, dans l'ensemble, à ceux du développement des autres machines, bien que ce soit sous une forme condensée.
Malgré tous ces quatre points, tout le monde sait que l'origine des machines les plus perfectionnées sur les traces des machines les plus simples ne s'est pas produite sur la base de transformisme. En d'autres termes, les machines les plus perfectionnées ne sont pas la progéniture des plus simples.
L'évolution des machines est le résultat des initiatives de l'homme, de son efficacité et de l'évolution de sa pensée. Elle est le produit de l'expérience qu'il a acquise. Mais les machines de type supérieur ne sont pas nées de celles qui existaient avant elles. Il est vrai que dans le cas des machines, à la base, il n'est pas possible que les plus perfectionnées d'entre elles soient nées des plus simples, mais dans le cas des êtres vivants, une telle possibilité existe. Mais cette possibilité peut se présenter seulement comme une estimation scientifique. Elle n'est pas la preuve qu'une telle chose est arrivée vraiment, car la simple possibilité d'une chose n'est pas la preuve de son occurrence affective.
Nous rencontrons quelques autres cas de l'évolution, dans lesquels la succession historique de leurs étapes est relative à la pensée du constructeur et résulte d'une croissance graduelle dans une capacité déjà existante.
L'exemple d'une telle évolution est l'obtention de la connaissance depuis l'enfance jusqu'aux années tardives.
Par contre, l'évolution de la faculté d'apprendre une langue étrangère est. liées au développement de la capacité de celui qui l'apprend, et non de celui qui la lui enseigne.
Conclusion
Un chercheur impartial, qu'il soit partisan ou détracteur de la théorie de l'évolution doit admettre que:
1. Nous connaissons beaucoup de cas dans lesquels un organisme plus développé est la progéniture d'un autre, moins développé.
2. Il y a des indications sur la base desquelles on peut présumer que c'est une règle générale applicable à toutes les choses existantes.
3. Mais là encore, ce n'est qu'une simple estimation scientifique, et la voie menant à plus d'investigations sur la base d'une preuve contraire, est, comme nous l'avons dit, encore ouverte. 4. D'après la doctrine qui affirme que le monde a un Tout-Puissant Créateur, qui a donné existence à l'Univers et qui le dirige, il est tout à fait possible que certaines espèces aient pu venir à l'existence d'une façon indépendante, de la même manière que celle que nous avons décrite dans le cas des machines. Bien entendu, dans ce cas, la création des espèces développées n'est pas le produit d'un développement mental du Créateur, ni de son acquisition d'une expérience. C'est à la base que le mouvement évolutif existe dans le dessein créatif du monde. En d'autres termes, c'est par la Volonté d'Allah que les espèces de plus en plus développées viennent à l'existence, de la même manière qu'il existe un mouvement évolutif dans le développement d'un embryon.
L'émergence de l'homme
En conformité avec leur ligne générale de pensée, les scientifiques affirment que l'homme a évolué à partir des primates qui avaient existé avant lui. Nous laissons aux anthropologues le soin d'écouter et d'apprécier cette preuve et les autres indications concernant ce sujet, pour nous borner à faire des remarques générales relatives à l'origine de l'homme. 1. Ce que nous avons dit sur la théorie de l'évolution est applicable aussi à ce qui a été dit ou se dit sur la base de cette théorie sur les ancêtres du premier homme, mais comme nous l'avons déjà souligné, cette théorie n'est qu'une estimation scientifique. Elle est encore sujette à davantage d'investigations et ne doit pas être considérée comme définitive à cent pour cent. 2. En tout cas, il est important de noter que l'émergence de l'homme, sur la base son évolution à partir des autres primates n'entre pas en conflit avec les enseignements des religions révélées, notamment avec la croyance en un Tout-Puissant Créateur du monde. Nous avons déjà mentionné à plusieurs reprises dans les "Enseignements Islamiques" qu'Allah est, comme décrit par le Coran, le Créateur de la nature et Celui qui en dispose. C'est pourquoi, le système parfait de la nature est l'un de Ses Signes, et ne Lui est pas parallèle, ni ne Le nie. Tous les efforts et discussions scientifiques visent seulement à découvrir ce système de la nature, comme il existe réellement.
3. Le seul point qui ait donné naissance à la thèse selon laquelle, il y aurait une contradiction entre la religion et les principes généraux de l'évolution réside dans le fait que le livre de la Genèse de l'Ancien Testament, et certains versets du Coran, indiquent apparemment que tous les hommes qui se trouvent sur la terre sont la progéniture d'Adam, lequel a été créé d'une façon indépendante, et n'est pas un produit développé à partir d'êtres vivants préexistants. A ce propos les points suivants méritent d'être pris en considération: a) Ce qui est mentionné, à cet égard, dans le livre de la Genèse, ne peut pas être pris au sérieux, du point de vue religieux, car l'authenticité de nombreuses parties de l'Ancien Testament est historiquement sujette à caution.
b) Les versets coraniques relatifs à la naissance d'Adam soulignent généralement le fait que cette naissance a été un événement important et que l'Esprit Divin avait été insufflé dans le corps matériel et fait d'argile, d'Adam. Cette sorte de naissance peut être décrite seulement comme une mutation.
Donc, il s'agit d'un être fait d'argile qui vint à l'existence et qui fut destiné à être le maître de la Terre, et aucun autre être visible ou invisible ne put mettre une restriction totale à son inclination vers Allah ou envers ses bas désirs.
c) Il y a dans tout le Coran un seul verses qui décrit la naissance d'Adam comme quelque chose de miraculeux. Ce verses dit: «Oui, au regard d'Allah, 'Issâ est comme Adam. IL le créa d'argile, puis IL lui dit "Sois", et il fut». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 59) Ce verses est venu à la suite d'autres versets relatifs au Prophète 'Issâ (P). Le Coran insiste invariablement sur le fait que 'Issâ fut créé par Allah et qu'il n'était pas Son fils. Le fait qu'il fut né de la Vierge Marie, et qu'il n'eut pas de père, ne prouve pas qu'il soit le fils d'Allah. Sa naissance fut un événement surnaturel qui se produisit par la Volonté d'Allah, à l'instar d'un autre événement surnaturel, celui de la naissance d'Adam, l'être vivant à l'Esprit Divin, survenu antérieurement.
On peut remarquer que ce même verses montre que la naissance d'Adam et celle de 'Issâ sont semblables.
Peut-on prétendre que ce que le Coran a dit à propos de la naissance de 'Issâ rejette la procédure générale de la naissance des hommes à travers toute l'histoire? Nie-t-il que les hommes naissent normalement d'un père et une mère? Absolument pas. Le Coran déclare dans des douzaines de versets que le système de la reproduction et de la procréation sont un signe du Pouvoir et de la Sagesse du Créateur du Cosmos.
Ainsi, du point de vue coranique, la naissance miraculeuse d'Adam, le premier être vivant doté d'un Esprit Divin, ne doit pas être interprétée comme une opposition du Coran à la théorie de l'émergence des choses existantes dans le monde, ou de la naissance des organismes vivants sur la base de l'évolution. Ce point de vue coranique signifie seulement que l'émergence de l'homme d'une façon extraordinaire fut une faveur spéciale accordée par Allah.
Des organismes exceptionnels
Indépendamment de tout ce qui a trait à la naissance de 'Issâ ou d'Adam, on peut demander à un naturaliste s'il est possible ou non qu'au cours de l'émergence des organismes ordinaires, certains organismes exceptionnels voient aussi le jour?
Nous savons tous qu'en règle générale chaque main et chaque pied d'homme ont cinq doigts; mais nous savons aussi que certains enfants naissent avec six doigts. D'une façon similaire, nous savons que chaque enfant naît avec une tête, mais vous avez dû lire dans certains journaux qu'il y avait des cas exceptionnels dans lesquels des enfants sont nés avec deux têtes.
Lorsque vous soumettez de tels cas exceptionnels aux naturalistes, ils n'en nient pas l'existence, mais les expliquent tout simplement comme étant des caprices de la nature. Les gens crédules acceptent facilement cette explication, mais ceux qui ont un esprit critique demandent, s'il est vrai que l'émergence évolutive du monde et de l'homme est le résultat de la domination des lois de la nature sur toutes les particules de ce monde et, si ces lois tiennent bon partout, quel est ce facteur qui les perturbe ?
Est-ce qu'il y a un facteur qui perturbe le travail de la nature et le système de ses lois, ou bien les lois de la nature perturbent-elles, elles-mêmes, leur propre travail? Dans le premier cas nous devons reconnaître qu'il existe quelque "surpouvoir" qui dépasse. Dans le second cas, la question qui se pose est celle de savoir pourquoi la possibilité de la survenance de quelques événements exceptionnels, appelés parfois "miracles", est repoussée avec tant de véhémence et considérée comme étant contraire au système de la nature?
Cette discussion montre qu'il n'y a pas la moindre contradiction entre le principe général de l'évolution concernant le monde et l'homme, et les enseignements des religions révélées, et notamment ce que le Coran dit à propos de la naissance d'Adam. Disons au passage que les principes de l'évolution sont encore sujets à davantage d'investigations scientifiques, car ils sont confrontés à beaucoup de critiques, notamment sous leur forme énoncée par Darwin. Comme nous avons maintenant terminé la discussion sur l'origine de l'homme, nous abordons une question plus fondamentale. En effet, la question importante qui se pose le plus de nos jour est: Quelle est la vrai nature de l'homme? Quelle est sa valeur et quelle voie doit-il suivre? Tout d'abord, nous nous référerons brièvement à la position de l'homme en Occident, et en suite, nous nous proposons d'étudier l'homme du Coran, afin que, tout en gardant présentes à l'esprit les opinions des écoles contemporaines, nous puissions connaître l'approche islamique sur cette question.
* * *
L'HOMME
La philosophie scolastique soumit la position de l'homme à un Dieu conçu par l'Eglise médiévale qui s'était inspirée du point de vue de l'ancienne Grèce sur ses dieux, et mélangea cette conception avec quelques mythes religieux. Or les dieux grecs avaient une relation hostile avec l'homme, et on considérait qu'ils appréhendaient l'accession de l'homme au Feu Sacré, et son acquisition par lui de la connaissance et de la force. Ils voyaient en l'homme un rival qui devait être contrôlé par tous les moyens possibles.
Les seigneurs des espèces, dont on croyait qu'ils contrôlaient les forces de la nature, avaient peur que l'homme ne maîtrisât ces forces et qu'il ne soumît la nature. L'histoire du Paradis d'Adam fut présentée comme une tentative faite par Dieu pour cantonner l'homme dans l'ignorance. On représentait l'Arbre Interdit dont l'homme était censé ne pas manger, comme un arbre du Savoir, dont l'homme ne devait pas s'approcher de crainte qu'il ne s'érigeât en Dieu.
Bien plus, on croyait que la désobéissance d'Adam était un péché éternel et le signe de la perversité complète de la nature humaine. Finalement, pour sauver l'homme et le délivrer son péché originel, Dieu avait dû apparaître Lui-Même dans corps de Jésus-Christ à travers le Saint Esprit. La spiritualité devint donc la spécialité des successeurs de Jésus et des hommes de l'Eglise.
De ce point de vue, l'homme est un pécheur méprisable. Et seuls les ecclésiastiques méritent la bénédiction divine. La clé des trésors cachés étant entre leurs mains, on doit s'approcher d'eux pour son salut.
La connaissance fut confinée aux doctrines chrétiennes et toutes les facultés intellectuelles furent vouées à la discussion et à l'interprétation des textes religieux. La vertu résidait donc dans l'attachement à l'organisation de l'Église établie. L'homme croyait être privé de la Grâce divine, parce qu'il était captif entre les mains des gardiens du sanctuaire du fils de Dieu. Comme il avait tout perdu, l'homme fut obligé de se rendre avec résignation. Ce qui disparut totalement dans ce processus, ce fut le respect de soi. Telle fut la position de l'homme dans l'Occident d'avant la Renaissance.
L'apparition du nouvel humanisme
Cette situation a suscité naturellement une réaction. La Renaissance débuta comme une révolte contre la conception de Dieu qui prévalait à l'époque, et elle suscita la renaissance de l'homme. L'humanisme prit racine sous une nouvelle forme et essaya d'affranchir l'homme de la servitude du Dieu, qui lui avait été imposée. Mais hélas! L'homme ainsi émancipé fut remis entre les griffes de nouveaux dieux humains, et placé sous une nouvelle servitude, à savoir le mécanisme, l'expansion et la diversification de la consommation, ainsi qu'une course à l'exploitation et aux profits.
Le mode de penser fut libéré de toutes les entraves des doctrines médiévales. Les sciences fleurirent, mais furent toutes mobilisées au service de la cause de l'augmentation de la production et de l'exploitation.
Etant donné que toutes les contraintes avaient été enlevées, et que la pression avait conduit à la liberté, l'homme s'adonna au libertinage et à la permissivité, et sa vie devint insensée (comme dans le cas du libéralisme occidental).
Une fois de plus "l'homme" fut donc oublié, et la question qui continua à se poser était: Qu'est-ce que l'homme? Que devrait-il être? Que devrait-il faire pour rester homme et atteindre la perfection humaine?
L'homme du point de vue coranique
L'histoire d'Adam, telle qu'elle est décrite dans le Coran, montre qu'au cours de son développement matériel et de ses changements physiologiques,(3) l'homme atteignit un stade où il obtint une nouvelle naissance(4) avec l'infusion de l'Esprit Divin(5). Puis au cours de son développement normal, il a soudainement connu un nouveau changement à la suite duquel il s'est transformé en un être(6) d'autant plus superbe qu'il a été exigé, même des anges, de lui obéir(7), et que les forces du monde lui ont été subordonnées. L'Arbre Interdit n'est pas l'arbre de la connaissance dont on ne devait pas s'approcher, mais un arbre de désir qui devait être contrôlé. Il est un moyen par lequel l'homme teste sa force de volonté et sa force d'auto-contrôle. Même la désobéissance de l'homme est un symbole de la liberté qu'Allah lui a garantie.
Allah a choisi l'homme comme Son lieutenant sur la Terre,(8) c'est dire qu'IL lui a donné autorité et pouvoir. Bien plus, tout ce que l'homme peut utiliser et contrôler dans les cieux lui a été asservi également.(9)
Allah ne craint pas l'homme. IL l'encourage à s'établir sur la Terre(10) et à utiliser toutes les forces cachées dans les montagnes et dans les plaines.(11) La domination et le contrôle de l'homme sur la Terre et la mer constituent l'une des exigences de sa dignité.(12)
Selon le Coran, l'homme n'est pas un être prédestiné(13) ni n'a toute liberté de mener une vie sans finalité.(14)
Il a été pourvu de beaucoup de capacités, de dispositions, et de motivations, accompagnés d'une sorte de direction intérieure(15) et de guidance innée(16) qui, si elles ne sont pas corrompues, le conduisent à la vérité, à la connaissance(17) et à tous les stades d'habilité créative, y compris les stades des découvertes fondées sur l'expérience antérieure, ceux de l'invention de nouveaux outils et équipements lui donnent la possibilité de contrôler la nature, et ceux de l'accroissement de ses capacités à dépasser toutes les difficultés qu'il peut rencontrer. En outre, l'homme est aussi le porteur du "Dépôt Divin"(18) qui représente la conscience, la volonté et la faculté de choisir lesquelles symbolisent son humanité et font de lui un homme responsable. Le "Dépôt Divin" est le don magnifique d'Allah, que ni les Cieux, ni la Terre, ni les montagnes n'étaient suffisamment compétents pour accepter. Seul l'homme a pu assumer cette responsabilité d'avoir le pouvoir d'un choix conscient et d'une volonté libre.
L'ÉTENDUE DU CHOIX ET DE LA VOLONTÉ DE L'HOMME Afin de connaître les conditions, les limites, et le domaine du choix de l'homme, de constater les effets de ce pouvoir en lui, et de découvrir quels sont les facteurs qui influencent sa façon de penser, nous devons prendre en considération les points suivants:
1. La nature innée de l'homme et sa disposition L'homme a beaucoup de motivations et d'instincts qui l'attirent. Certains de ces instincts dérivent d'une source matérielle, certains autres, de l'Esprit Divin. Vous pouvez appeler ces instincts: propension, disposition, besoin naturel, tendance ou inclination. Ci-après quelques-uns des plus importants de ces instincts: - Le besoin de nourriture, de vêtement et d'abri
- L'instinct d'auto-défense
- Le désir sexuel
- Le sens esthétique
- L'instinct d'accession à une position et au respect - L'instinct de la recherche et de l'amour de la Vérité - L'amour de la connaissance
- L'amour de la justice
- La sympathie
- L'amour de la perfection et le désir de la recherche
De tels instincts et besoins sont entremêlés avec la nature innée de l'homme(19) et, de là, ils ne sont ni passagers ni acquis. Ces instincts provoquent seulement une sorte de pulsion et d'attraction. Ils travaillent comme force motrice, mais ils ne liens pas les mains de l'homme. L'homme a le pouvoir de les suivre ou de ne pas les suivre. Il est en son pouvoir de satisfaire ses désirs instinctifs aussi bien que de les refréner, de les contrôler, de les orienter, ou de changer leur objet.
Ces instincts sont réellement contrôlés par la volonté de l'homme, qui est fondée sur sa façon de penser.
2. La modification des propensions
La modification des propensions et des instincts est fondamentale, mais elle est très difficile et requiert beaucoup d'efforts, une grande conscience, et un travail acharné. On peut facilement comprendre que chacun des instincts mentionnés précédemment est en luimême un besoin de la vie.
S'il n'y avait pas de pulsion sexuelle il n'y aurait pas de motivation pour la procréation et pour la formation de familles.
S'il n'y avait pas désir de nourriture, l'homme ne prendrait pas de mesures pour satisfaire ses besoins nutritionnels et en conséquence, il périrait. Si l'homme ne souhaitait pas accéder aux honneurs et à la position sociale, il sombrerait dans la disgrâce et l'humiliation.
Le désir d'acquérir une position sociale et d'être respectable peut pousser l'homme à faire des efforts fructueux dans une action sociale. Mais si ce même désir devient excessif, il peut avoir raison de toutes les autres motivations et tourner en soif de pouvoir et course aux honneurs. Auquel cas, l'homme commence à adorer cette idole qu'est le pouvoir, et devient un tyran. Il peut aller aussi loin que possible et recourir à tous les moyens, y compris, l'argent, la flatterie, et toute action méprisable. Dans certains cas, on peut même supporter la faim et toutes autres épreuves pour aboutir à ses fins égoïstes.
Même après avoir obtenu le pouvoir, une telle personne peut, pour le conserver et l'étendre, commettre n'importe quel crime et recourir au mensonge, à l'intimidation et à l'assassinat(20). En d'autres termes, il peut piétiner les hautes valeurs de justice, de réalisme et de bienveillance.(21) Nous remarquons comment un instinct peut dominer un homme, s'il n'est pas convenablement contrôlé et si on lui permet de dépasser des limites appropriées; mais nous ne devons pas oublier que dans ce cas l'instinct devient une idole que l'homme crée pour lui-même(22) par une mauvaise utilisation de sa faculté de choisir, et que c'est lui-même qui peut briser cette idole et cultiver ses tendances sublimes. Il peut contrôler et réformer les instincts qui dépassent les limites convenables afin d'éviter de s'adonner au péché. «Quant à celui qui se sera repenti, qui aura cru et qui aura été droit, peut-être sera-t-il prospère». (Sourate al-Qaçaç, 28: 67). «Mais celui qui aura craint la position de son Seigneur et freiné ses bas désirs, aura sûrement le Paradis pour demeure». (Sourate al-Nâzi'ât, 79: 4-41). «Ceux qui sont sauvés de leur propre avidité, seront sûrement prospères». (Sourate al-Hachr, 59: 9)
Il y a beaucoup de versets qui réprouvent les tendance. déséquilibrées chez l'homme et déclarent que celui-ci doit les corriger en faisant des efforts en vue de cultiver les tendances positives. Le Coran considère l'homme comme étant toujours tenu de déployer ses efforts pour se réformer et d'orienter ses tendances de sorte qu'aucune d'elles ne puisse excéder ses limites, ni diminuer la vigueur de la nature humaine.
3. Le rôle de l'environnement naturel et géographique Il n'est pas possible que l'environnement naturel et géographique d'un homme soit sans effet sur sa vie spirituelle et émotive. Tout comme les traits de caractère ont la puissance musculaire, la force morale des hommes ne peut pas être la même. De la même façon, la spiritualité d'un homme qui a grandi dans la chaleur torride d'un désert au milieu des dunes, ne saurait être pareille à celle d'un autre homme qui vit dans une région littorale, au climat humide et aux forêts denses. Il n'y a pas de doute que le climat chaud, l'eau salée ou la région montagneuse ne peuvent pas avoir les mêmes effets sur les tendances de l'homme que le climat froid, l'eau douce ou une terre marécageuse, par exemple. Donc, de même que le physique des gens de toutes les régions ne peut être le même, de même leurs tendances ne sauraient être les mêmes. Toutefois, ces conditions naturelles et physiques ne peuvent aller jusqu'à contraindre l'homme à s'engager dans une direction particulière, bien qu'elles poissent contribuer, dans une certaine mesure, à la création d'une atmosphère tendant à inciter l'homme à adopter un certain mode de vie. Aucune région ne peut contraindre l'homme à maintenir ou à perdre sa respectabilité, à défendre sa liberté ou à succomber à la tentation, à être vertueux ou malfaisant, laxiste ou industrieux.
C'est l'homme lui-même qui, en dépit de toutes les difficultés et conditions défavorables, peut trouver sa voie et utiliser sa force de volonté pour consolider sa spiritualité constructive.
4. Le rôle des facteurs historiques sociaux et économiques Les facteurs historiques, l'atmosphère sociale, les relations économiques, l'atmosphère sociale, les relations économiques et les conditions sociales jouent aussi un rôle fondamental dans l'orientation des tendances de l'homme, de ses motivations, de sa vision et de son mode de vie. Parfois, ils dressent des barrières sur la voie de la liberté de l'homme et devant son pouvoir de choisir.
Mais nous ne devons pas oublier que les cites conditions ont été provoquées graduellement par certains individus, et que d'autres individus peuvent combattre les mauvais facteurs existants, sous la bannière de la liberté et de la connaissance, et parvenir par la force de leur maturité intellectuelle et, par l'utilisation de ce qui reste de leur volonté et de leur pouvoir de décision,
lutter contre la corruption. Ce sujet sera discuté plus en détails lorsque nous traiterons de la vision islamique de l'histoire.
5. Le rôle des règles et des réglementations dans le domaine du choix Nous venons de voir que l'homme a certains instincts et tendances qui doivent être orientés et modifiés. Et comme les facteurs naturels et les conditions de l'environnement affectent son choix et son mode de vie, il doit agir en vue d'améliorer son milieu ambiant. Les principes et les règles sur la base desquels doivent s'opérer, cette amélioration et cette modification, constituent l'un des plus importants thèmes ayant trait aux choix de l'homme et à sa volonté. Comment doit-il façonner sa vie, et vers quelle direction doit-il se tourner? Que doit-il choisir, et sur quelle base? Doit-il permettre aux autres de lui imposer certains principes pour "choisir" par la suite, de son propre chef, ces mêmes principes et s'engager dans la voie vers laquelle on l'a guidé sans qu'il s'en rende compte, comme c'est le cas normalement dans la démocratie moderne? Ou bien, doit-il s'impliquer dans un conflit idéologique, sur la base de la théorie de la contrainte matérielle et de la dialectique historique (comme l'affirment certaines écoles de pensée), et renforcer ainsi le mouvement et le développement de l'histoire en provoquant davantage de contradictions dans ce processus?
Ou bien encore, l'homme doit-il, en théorie, se libérer de tous principes déjà énoncés et se défaire de ses propres idéaux préconçus, pour faire, par la suite, son choix avec une liberté totale et créer ses propres principes et règles, étant supposé qu'il n'existe d'autre principe que celui qu'on choisit soi-même?
Ou bien y a-t-il une tout autre issue? Et si oui, laquelle? Du point de vue islamique, l'homme a été créé libre de telles contraintes, et aucun principe préconçu ne peut lui être imposé pour le priver de sa libre volonté et de son pouvoir de choisir. L'homme doit choisir lui-même les règles et les principes pour se former correctement et servir sa société à la lumière de ses connaissances étendues. L'insistance avec laquelle le Coran met l'accent sur la pensée, la compréhension et le bon sens, ainsi que sur la pensée libre de toutes les fantaisies, de tous les mythes et de toutes les notions incorrectes qui prévalent dans l'environnement ou qui sont hérités des ancêtres, a pour but de tracer la voie à la recherche de la Vérité.
6. La Révélation divine
La Révélation divine est l'une des plus importantes sources de la connaissance, et l'un des plus importants domaines de la pensée.
Le monde n'est ni noir, ni vice. En plus des facultés intérieures dont Allah a gratifié l'homme pour l'aider à trouver la Vérité, IL a envoyé des prophètes pour le guider vers le Droit Chemin. La guidance ne signifie ni la soumission forcée à la Volonté d'Allah, ni la suppression de la volonté créative, mais constitue plutôt une forme d'exhortation et une aide divine. Elle montre la Bonté et la Grâce d'Allah. La guidance est une lumière qui s'ajoute à la perspicacité de l'homme, et elle ne restreint pas sa libre volonté.
L'homme doit tirer avantage de cette guidance avec des yeux grands ouverts et, pour cela, il doit utiliser sa connaissance et sa perspicacité. Il doit tout d'abord penser et apprécier, et choisir ensuite. Si, même après l'identification de la Vérité, il persiste dans son incroyance, il sera déclaré coupable.
Il y a beaucoup de preuves dans le Coran qui corroborent ces points. Nous avons déjà cité quelques versets en ce sens.
7. Ce sont les propres actes d'un homme qui font sa destinée Une autre question qui donne une direction à la volonté et aux choix de l'homme est l'attention qu'il accorde au fait que ses actes font sa destinée, et que chacune de ses actions suscitera, tôt ou tard, une réaction. Le futur de l'homme dépend vraiment de ses propres actes. Le Coran dit à cet égard:
«L'homme n'aura que le résultat de ses efforts». (Sourate al-Najm, 53: 39)
«La corruption est apparue sur la Terre et sur la mer par suite des mauvaises actions des gens». (Sourate al-Roum, 30: 41)
C'est la résistance des gens qui prévient la corruption:
«Si Allah n'avait pas repoussé les gens les uns par les autres, la Terre aurait été corrompue». (Sourate al-Baqarah, 2: 251)
Le Paradis et l'Enfer sont le résultat et le reflet des actes des gens: «Tel est le Paradis qui vous sera donné en héritage, en contrepartie de vos bonnes actions» (Sourate al-Zukhruf, 43: 72).
«Ceux qui ont commis un péché, et qui sont enveloppés par leur transgression, se sont consignés dans le Feu où ils demeureront éternellement». (Sourate al-Baqarah, 2: 81) En réalité, les actes des gens sont enregistrés exactement et soigneusement: «Ceux-là auront une partie de ce qu'ils se sont acquis. Allah est prompt dans Ses calculs». (Sourate al-Baqarah, 2: 202)
Etant donné que dans ce monde toute chose est bien planifiée et bien dirigée, et que rien n'y est futile ni fortuit, tous les actes humains ont un rôle et un effet constructif. Ce point de vue indique clairement que l'homme doit être très attentif en faisant un choix. Il ne lui est pas permis d'entreprendre quoi que ce soit fortuitement et avec négligence.
Il est essentiel aussi qu'il choisisse seulement ce qui est bien. Il ne faut pas qu'il prenne une décision à la légère. C'est la raison pour laquelle il est anxieux et craintif. Peut-être est-ce cette peur d'Allah qui le conduit à pratiquer la piété.(23)
8. Le but des efforts de l'homme
Maintenant, voyons ce que doit être le but des efforts de l'homme. Nous savons que l'Islam propose certains objectifs et principes, et appelle l'homme à les adopter. C'est, en soi, une bénédiction d'Allah. Mais c'est l'homme lui-même qui doit choisir sa voie d'une manière réfléchie.
La prospérité et le salut
Selon le Coran, l'un des buts des efforts de l'homme consiste à obtenir le "falâh", qui signifie le salut et la prospérité.
"Falâh", signifie "cultivateur", celui qui fend la terre et la prépare à la culture, lui confère toutes les conditions nécessaires à la croissance et au développement des graines qui, dans les conditions favorables du sol et de l'eau, germeront et croîtront en hauteur et en volume avec l'aide des forces naturelles.
D'une façon similaire, si l'homme s'assure les conditions conduisant à sa croissance humaine spirituelle et à la perfection dans chaque domaine et dans toutes les dimensions de sa nature, il se libérera des entraves de son égoïsme et de ses bas désirs. Il sera capable de tirer grand avantage de ses talents et potentialités, et ses instincts sublimes s'enracineront solidement. On dit d'un tel homme qu'il a obtenu le falâh et qu'il a prospéré. Le Coran déclare que cette prospérité résulte de l'auto-formation(24), de la modification des besoins naturels(25), des bonnes actions(26), des efforts positifs et constructifs(27), de la résistance au mal, de la coopération en vue du bien et de la piété(28), de l'amélioration de l'environnement, de la propagation de la vertu, de la prévention de la corruption(29) et ainsi de suite.
9. Les idéaux et les valeurs
Dans un bond évolutif, l'homme commence à cultiver un idéal pour lequel il s'oublie lui-même et concentre son attention sur la foi et sur les services à rendre à l'humanité. Un stade arrive où, pour la réalisation de son idéal, il abandonne non seulement ses plaisirs, son confort, sa position et sa fortune, mais il sacrifie même sa vie.
Un scientifique qui déploie des efforts sincères en vue d'une découverte, ne le fait ni pour servir un tyran, ni pour devenir célèbre, ni pour obtenir une récompense, mais pour enrichir la connaissance et servir l'humanité.
Un travailleur social sincère fait des efforts en vue de soulager le malade, aider une personne affligée ou qui a faim, et défendre l'opprimé, et non par une récompense quelconque, ni pour se faire de la publicité, et il ne le fait pas d'une façon formelle ou professionnelle, mais pour l'amour de l'humanité et pour rendre service.
Un travailleur idéologique rencontre toutes sortes de difficultés et de dangers et rend des services pour la délivrance d'une nation. Quel nom donnerez-vous à un tel homme et comment interprétez-vous sont travail pour un idéal?
Il n'y a pas de mal à le qualifier d'idéaliste car ce pour quoi il se débat n'existe pas déjà comme une réalité, ni dans la nature, ni dans la société. Il le perçoit seulement comme un idéal dans son esprit et en fait une partie de sa vie. Cet idéal devient une force conductrice qui le pousse à continuer ses efforts jusqu'à ce que, ce qui n'était qu'une simple idée, se réalise et devienne un fait historique.
Chaque école idéologique doit avoir un idéal qui, sans être déjà existent comme une réalité, exige des sacrifices pour se réaliser. C'est quelque chose qu'aucune théorie d'inspiration matérialiste ne peut expliquer. Il ne peut être ni jugé d'après un critère scientifique, ni interprété par aucune loi matérielle ou naturelle.
Ces mêmes idéaux sont les hautes valeurs auxquelles on doit se consacrer et pour lesquelles on doit se sacrifier. Si vous voulez trouver une personne qui possède vraiment des qualités "humaines", vous devez chercher quelqu'un qui se voue à ces idéaux et valeurs qui dépassent la portée des lois physiologiques et biologiques.
10. La recherche d'Allah et de la Vérité
L'Islam affirme que ces valeurs, sous leur forme la plus sublime, sont concentrées en Allah, et que l'homme de l'Islam est féru de cette perfection absolue. Il brûle d'envie de s'acheminer vers elle et de l'atteindre. Un homme ayant une foi parfaite se meut réellement vers ce but. Cette perfection absolue est une pure réalité et l'essence de l'existence qui a créé les valeurs et la force. Cette vérité ne peut être perçue par une pensée matérielle, laquelle est incapable d'aller au-delà de la matière et de l'énergie et de penser à la réalité et à la valeur, ou à la source de la force et du mouvement.
En ce qui concerne l'homme, c'est lui-même qui prend l'initiative de son mouvement vers la perfection, bien que ce soit Allah qui l'appelle et l'attire vers elle, mais pas au point de la lui imposer ou de l'y contraindre, autrement, son initiative serait sans valeur. Il lui appartient personnellement d'effectuer le voyage avec des efforts inlassables pour arriver à son but. Quelle promesse encourageante! «O l'homme! Tu fais des efforts pour t'approcher de ton Seigneur, et tu seras récompensé (de tes actes)». (Sourate al-Inchiqâq, 84: 6)
L'HOMME DU POINT DE VUE EXISTENTIALISTE Etant donné que l'existentialisme, qui est l'une des plus célèbres écoles contemporaines de pensée, a concentré le plus son attention sur l'homme, nous devons étudier ses doctrines pour nous faire une idée claire des théories qui prévalent sur l'homme. Pour ce faire, nous nous proposons de reproduire tout d'abord les opinions de quelques penseurs représentatifs de cette école, et de les commenter ensuite:
«L'existence de l'homme précède son essence; par conséquent, premièrement, il n'y a pas de but, de plan ou de destin le concernant, qui soient antérieurs à l'émergence de sa personnalité, de son existence; deuxièmement, en tant qu'agents libres, nous pouvons choisir et changer notre essence à volonté». (Jean-Paul Sartre)
«J'émerge seul, et confronté aux troubles et aux anxiétés, j'avance et je recule. C'est ce qui donne forme à mon existence. C'est moi qui peux surpasser toutes les difficultés et donner une valeur à mon existence. Nul autre que moi ne peut me donner satisfaction. J'ai coupé mes relations avec le monde. Je combats mon propre fondement, lequel est la non-existence que je suis moi-même. Il est de mon devoir de conférer une réalité à la signification du monde et de moi-même». (Principes de la Philosophie de l'Existentialisme) «Dans la mesure où il est question de "désappointement", cela signifie que nous nous confinons dans la dépendance de ce qui est dans notre volonté ou dans les responsabilités totales qui rendent notre action possible. Nous coupons nos relations avec toutes autres choses et nous ne caressons aucun espoir. Lorsque René Descartes dit: "Subjugue toi-même, et non le monde", il voulait dire, en réalité, que nous devons travailler sans chercher à caresser un espoir». (Jean-Paul Sartre)
«La conception de l'homme est synonyme d'un mélange d'anxiété et d'encouragement. Lorsque l'homme prend un engagement, il détermine que, par son action, non seulement il décide pour lui-même et choisit ce qu'il fera, mais il donne également une loi pour toute l'humanité, il ne peut pas éviter d'avoir un sentiment d'une responsabilité totale et profonde». (Jean-Paul Sartre) «Ceux qui ont une responsabilité, telle celle d'un commandant militaire qui projette de lancer une attaque, savent bien à quelle anxiété nous sommes confrontés». (Jean-Paul Sartre) A propos de "la mauvaise intention" et de "l'auto-déception", qui doivent être évitées, Sartre dit: «Comme les êtres humains sont des êtres libres et indépendants, et qu'ils inventent eux-mêmes leurs critères moraux, la seule chose qu'on peut leur demander de faire est d'être loyaux envers leurs propres critères et valeurs».
L'assertion selon laquelle un homme est un agent libre signifie nécessairement que les êtres humains ne sont pas des jouets dans les mains des dieux ou de n'importe quelle force extérieure à eux-mêmes. En un mot, "ils sont ce qu'ils sont". Citant Dostoïevski, qui a écrit: "Si Dieu n'avait pas existé, toutes les choses auraient été permises", Sartre dit:
«C'est le point de départ de cette école. En effet, si Dieu n'existe pas, tout est permis. Par conséquent, l'homme se sent déprimé, car il ne trouve rien dont il dépende, ni en lui-même, ni à l'extérieur de lui-même».
«L'homme est condamné à être libre. Je dis "condamné", car il ne s'est pas créé. Cependant il est libre, et du moment où il est entré dans ce monde, il est responsable de toutes ses actions».
A propos des idées de cette école concernant l'homme, les points suivants peuvent être déduits de ce qui vient d'être cité:
1. Contrairement aux autres êtres naturels qui ont une essence définie et toute faite, l'homme n'a pas une essence particulière. Son essence est celle qu'il détermine lui-même. 2. L'homme est un agent libre et a le pouvoir de choisir. 3. Aucune volonté, ni aucun principe, ni aucune loi, ne peut restreindre le champ de la liberté de l'homme.
4. C'est l'homme lui-même qui est responsable de ce qu'il fait. Son destin repose exclusivement sur son choix personnel. Il est aussi responsable de l'environnement social qu'il crée et des changements qu'il suscite dans son milieu naturel, et cela aussi sur la base des principes qu'il formule lui-même. 5. Pour cette même raison il est toujours agité et se sent mal à l'aise, parce qu'il ne peut avoir une guidance ni un soutien de l'extérieur, et que le choix qu'il fait n'est pas facile. 6. Le malaise et le "désappointement constructif" qui poussent l'homme à "l'action" sont comme toute autre chose, le résultat de sa propre "action". En ce qui concerne la croyance en Dieu, on peut dire que cette philosophie ne ramène pas nécessairement à l'athéisme:
Sartre dit:
«Il y a deux types d'existentialistes: il y a d'une part les existentialistes chrétiens, parmi lesquels je cite Karl Jasper et Gabriel Marcel qui, tous deux, avouent être catholiques, et d'autre part les existentialistes athées, tels que Martin Heidegger et moi-même. Le seul point commun entre ces deux types d'individus est qu'ils croient généralement que l'existence de l'homme précède son essence».
Sartre dit ailleurs:
«Dans la philosophie de l'existentialisme, la conception de l'athéisme n'implique pas la négation du Créateur. Elle signifie seulement que rien ne serait radicalement changé, même si le Créateur n'existait pas. L'homme doit découvrir et savoir lui-même qu'il ne trouve le moyen de son salut nulle part».
Il dit aussi:
«Si l'existentialiste est très perturbé à l'idée de la non-existence de Dieu, c'est parce que dans un tel cas la possibilité de trouver des valeurs dans un Paradis perceptible disparaît totalement. En outre, aucune vertu n'existerait plus, car aucune conscience n'est si parfaite et illimitée qu'elle peut penser à chaque vertu. Il n'est écrit nulle part que la vertu a une existence définie et qu'elle est toujours jugée justement».
Nous remarquons que les existentialistes qui présentent des vues athéismes, le font parce qu'ils s'imaginent que l'homme ne peut avoir de liberté absolue que s'il n'y a pas, derrière lui une "volonté extérieure qui détermine son action".
Ils disent parfois expressément: s'il y a un Dieu qui destine toute chose ou, tout au moins, Qui sait toute chose, tous les événements future auront lieu nécessairement tels qu'ils ont été prévus par Lui. Pour cette raison, la négation du Tout-Puissant Créateur est une condition préalable de la liberté absolue de l'homme.
Nous nous proposons d'analyser ce point lorsque nous établirons une étude comparative entre les points de vue islamique et existentialiste.
L'HOMME DU POINT DE VUE DE L'ISLAM En prenant en considération ce que nous avons déjà dit concernant l'homme et la portée de sa volonté et de son choix, nous pouvons tirer quelques conclusions. Ici nous nous référons brièvement à quelques principes seulement. Ce faisant, nous essaierons de réconcilier les points de vue fondamentaux de l'Ecole Existentialiste afin d'éclairer les questions prises en considération.
1. L'essence de l'homme (ce qu'il a et ce qu'il doit faire lui-même) L'homme a une essence illimitée. Il a une nature à la fois terrestre et céleste. Il a des tendances variées et des capacités et des désirs divers. Mais il doit développer son essence individuelle, à travers ses efforts et sa volonté. Ses tendances et talents fournissent le terrain sur lequel il doit construire son essence et décider ce qu'il doit être.
2. La liberté humaine et le destin divin
L'homme est un agent libre, mais cette liberté lui a été conférée par Allah. Selon la terminologie de quelques écrivains contemporains, l'homme est destiné à être libre. Aucune école de pensée n'affirme que c'est l'homme lui-même qui s'est donné la liberté. Elles s'accordent toutes pour admettre que la liberté lui a été donnée et imposée de l'extérieur. Si tel est le cas, pourquoi ne devrions-nous pas admettre qu'elle lui a été accordée par Allah(30) et qu'elle est un don divin?
On peut objecter qu'une telle croyance conduit à la prédétermination et qu'elle équivaut à la négation de la liberté de l'homme et de sa libre volonté. Nous savons que selon la vision religieuse, s'il existe une contrainte divine concernant l'homme, cette contrainte va dans un sens positif, c'est-à-dire la contrainte de jouir d'une volition et de la liberté, et que s'il y a une prédétermination de la part d'Allah, elle signifie que l'homme doit exercer son choix avec conscience et liberté. De là, la volonté divine implique nécessairement - la liberté de l'homme et non sa prédestination.
3. Le domaine du choix et le rôle de la guidance Nous savons que les besoins naturels, la Guidance divine et même les conditions de l'environnement affectent le choix de l'homme et sa liberté. Mais leur rôle n'est pas déterminant. Il consiste seulement en la création d'une tendance et en la préparation de la voie à l'action. C'est toujours la propre volonté libre de l'homme qui donne une forme déterminée à ces tendances et les modifie. Il lui appartient d'identifier la vérité et de tirer avantage de la Guidance avec sa perspicacité. Nous avons déjà dit que la Révélation divine est une Guidance qui éclaire, instruit et aide. C'est une Bénédiction d'Allah qui guide l'homme vers le droit chemin.
4. L'homme a un but
Nous avons déjà déclaré que l'Univers n'a pas été créé sans but, ni en vain. L'homme et la vie ne peuvent, non plus, être sans but. L'homme a été créé pour réaliser un progrès évolutif dans toutes les dimensions de son existence et en dernier lieu, pour effectuer un voyage vers la Perfection Absolue (comme nous l'avons indiqué plus haut).
5. L'homme est responsable
C'est l'homme qui a la responsabilité de se former lui-même et de constituer son environnement. Mais responsable devant qui?
Certaines écoles de pensée ne donnent pas de réponse à cette question, car elles soutiennent qu'il n'y a, au-delà de l'homme, aucune autorité consciente pour lui demander des comptes. Mais en Islam il a bien une responsabilité, et cette responsabilité est vis-à-vis du Tout-Puissant, du Sage, de l'Omniscient, qui appellera chacun pour lui demander des comptes et le rétribuer. Le Saint Coran dit:
«Vous serez interrogés sur ce que vous faisiez». (Sourate al-Nihal, 16: 93)
«Par Allah! Vous serez appelés à rendre des comptes pour ce que vous avez inventé». (Sourate al-Nihal, 16: 56)
«Arrêtez-les! Ils doivent être interrogés». (Sourate al-Çâffât, 37: 24)
«Allah ne peut pas être interrogé sur ce qu'IL fait, mais ils (les hommes) seront interrogés». (Sourate al-Anbiyâ', 21: 23)
Une telle responsabilité peut produire un grand effet, et servir de stimulant.
6. La vigilance et l'ardeur
Un homme ayant reçu une formation islamique est vigilant. En d'autres termes, il se sent impatient et préoccupé, parce qu'il est responsable de faire un bon choix. Il est responsable de son salut, de son bien-être et de celui de sa société. De même, il a à répondre de son éventuelle déchéance et de sa décadence. Chacune de ses actions est durable et produit un résultat. C'est pourquoi, cette préoccupation et cette vigilance sont constructives, accroissent sa responsabilité et affectent son choix.
7. L'homme n'est pas sans refuge
En Islam, la libre volonté de l'homme ne signifie pas que celui-ci soit sans refuge ni qu'il doive compter totalement et uniquement sur lui-même. Il est gratifié de la Protection et de la Faveur Divine. S'il fait un effort et se meut dans la bonne direction, il reçoit l'aide d'Allah(31). Il n'est pas seul; Allah est avec lui.(32) Vous pouvez dire que toute chose est entre les mains d'Allah. Si l'homme établit des relations avec Allah, les portes d'une pensée claire, de la connaissance et du pouvoir lui sont ouvertes.(33) Il se sent encouragé et un esprit d'un nouvel élan est infusé en lui.
8. Indépendance , crainte et espoir
L'Islam reconnaît une sorte particulière de "désappointement". On ne doit pas dépendre des actions des autres.(34) La famille, la position, les enfants et la fortune ne peuvent sauver personne.(35) Chacun est son propre formateur et doit compter sur ses propres actes. Donc l'homme est un mélange de crainte et d'espoir,(36) de désir et d'appréhension. Sa crainte est telle qu'elle l'empêche de faire des fautes et de sombrer dans le péché. Elle n'est pas cette sorte de crainte qui peut le frustrer et le conduire à l'inertie. Son espoir lui inspire les bonnes actions et fait de lui un être qui n'est ni hautain, ni égoïste, ni paresseux, ni mou.
L'HOMME DU POINT DE VU MATÉRIALISME DIALECTIQUE Selon cette théorie philosophique, c'est la société qui a l'importance principale. L'homme est étudié seulement comme une partie de la société dont les lois de développement découlent de la loi dialectique qui est supposée gouverner la nature. Ainsi, pour pouvoir connaître les idées de cette école philosophique concernant l'homme, nous devons étudier les principes fondamentaux du matérialisme dialectique, relatifs à la nature et à la société. Là encore, nous devons tout d'abord reproduire les idées des interprètes de cette école. Après quoi, nous décrirons le point de vue de l'Islam sur ce qu'ils professent.
1. La nature ne consiste pas en des choses rassemblées, ni en des événements détachés les uns des autres. C'est un ensemble de choses et d'événements qui sont corrélatifs. Aucun phénomène de la nature ne peut être compris ou étudié séparément des autres événements naturels et de leur environnement.
2. La nature n'est ni statique ni en repos. Elle est en état de mouvement et de changement continu. A chaque moment quelque chose apparaît, change et évolue, et une autre chose est annihilée.
3. Le mouvement de développement des choses n'est pas un simple mouvement de croissance. Il est un développement dans lequel des changements mineurs et rapides vont se transformer subitement et rapidement en des changements qualitatifs ouverts et fondamentaux de caractère inévitable et imprévisible. Le mouvement de développement n'est ni un mouvement circulaire, ni une simple répétition d'une chose. C'est un mouvement en avant et une transformation d'un ancien état qualitatif à un nouvel état qualitatif. Ce mouvement s'effectue de bas en haut.
4. Toutes choses et tous événements naturels contiennent une contradiction interne. La précédente thèse existante entre en conflit avec une antithèse produite par elle. Leur conflit produit une nouvelle thèse, laquelle entre à son tour en conflit avec une autre antithèse qui émerge de son intérieur. Donc, la voie de cette évolution est déblayée. Selon cette théorie, tous les développements sont nés de cette même contradiction intérieure. Maintenant, voyons ce que dit cette école à propos de l'homme et comment elle interprète l'histoire?
5. L'homme est un être matériel et naturel dont le cerveau et le système nerveux sont plus développés que ceux de tous les autres animaux, et à cause de cette évolution, il jouit d'une meilleure faculté de compréhension et de perception. C'est la société qui a l'importance réelle. L'homme individuel est un être faible dont les efforts sont voués à l'échec. C'est la société qui lui octroie la volonté. L'homme sans la société est porté à commettre trop de fautes et il est toujours en danger de destruction totale.
6. Etant donné que le monde matériel existe indépendamment de la perception et de la pensée humaine, l'existence matérielle de l'homme et la vie matérielle de la société sont plus importantes que leur vie intellectuelle, laquelle n'est qu'un élément secondaire, dérivé de la vie matérielle. Même la perception et la pensée du peuple ne sont que le reflet du monde matériel.
7. Le moyen et les méthodes de production constituent la vie de la société. A différents stades du développement de la société, les méthodes de production et les instruments utilisés à ce propos sont différents. Dans le système social primitif, les gens avaient une méthode de production différente de celle du système de l'esclavagisme. De même, dans le système féodal, la méthode et les instruments utilisés sont eux aussi différents de ceux des époques précédentes. Et ainsi de suite. Et puisque les méthodes de production changent, le système social des gens, leur vie intellectuelle, leurs idées et leur organisation politique aussi subissent des changements.
8. La principale force motrice de l'histoire est le changement dans les moyens et les méthodes de production, lequel provoque une contradiction avec les anciennes relations de production. A la suite de ce conflit et de cette contradiction, les relations de production subissent un changement.
A chaque période de l'histoire, le système économique et social qui avait subi un tel changement a constitué l'histoire politique et intellectuelle de cette période. Par conséquent, depuis que la propriété terrienne a remplacé le système social primitif, l'histoire est devenue principalement un registre de la guerre de classes entre les oppresseurs et les opprimés, les gouvernants et les gouvernés. C'est cette contradiction et ce conflit qui suscitent les différents stades de l'évolution de la société.
9. Selon les idées de cette école, l'histoire comporte cinq périodes qui se sont succédé. Ce sont: 1) Le socialisme primitif; 2) L'esclavage; 3) La féodalité; 4) Le capitalisme, et en dernier lieu, 5) Le socialisme conduisant au communisme.
10. Concernant le rôle des nouvelles idées dans la provocation d'un changement dans la société, cette école dit:
Les nouvelles idées sociales et les nouvelles théories sociales apparaissent seulement lorsqu'un changement dans la vie matérielle de la société crée de nouveaux devoirs envers la société. Etant donné que les nouvelles idées se développent, elles se transforment en une force qui facilite l'acquittement des nouveaux devoirs et rend la société capable de progresser. Et puisque chaque changement est provoqué par une contradiction, celle-ci doit être intensifiée à l'intérieur de la société, afin que la solution des problèmes que connaît la société puisse être trouvée. C'est seulement la contradiction qui introduit les nouvelles idées et les nouvelles théories qui aident à résoudre les problèmes existants.
L'approche de l'Islam de ces questions
En ce qui concerne les thèmes évoqués dans les quatre premiers points énumérés, nous les avons abordés en détail dans les chapitres précédents de ce livre. Toutefois, pour maintenir la continuité, nous nous y référons encore ici, mais brièvement.
1. Il n'y a pas de doute qu'il existe une cohérence et une harmonie bien déterminées dans l'Univers, et que tous les éléments et phénomènes de la nature sont minutieusement corrélatifs. C'est pourquoi, il n'est pas possible d'avoir une connaissance juste et complète de n'importe quel phénomène naturel sans connaître tous les éléments qui le forment, et tous les facteurs et causes qui l'affectent, ainsi que ses relations et sa tendance évolutive.
2. Tous les phénomènes naturels sont sans cesse et d'une façon ininterrompue en état de mouvement. Aucun élément matériel, ni aucun phénomène naturel, n'est statique ni en repos. Le changement et l'évolution, la croissance et la décadence, la vie et la mort, la transformation et la transfiguration sont les lois par lesquelles la matière est gouvernée.
3. En somme, tout ce mouvement est évolutif et progressif. Il a une finalité, il est bien calculé et bien organisé. D'une manière générale, le résultat final de ce mouvement du monde et de ces phénomènes est la croissance, le développement, la résistance contre les facteurs anti-évolutifs, l'utilisation des facteurs positifs pour le progrès et l'amélioration.
4. Ce mouvement et cette transformation ont certaines caractéristiques et produisent certains effets selon les lois relatives à la matière et à la nature. Ces lois affectent toute chose matérielle de l'intérieur et de l'extérieur, et influencent sa relation avec les autres phénomènes. Cette influence peut s'exercer soit sous forme de contradictions et de conflits, soit sous forme d'harmonie et d'accord, soit tout simplement sous forme de préservation de l'existence et de la croissance de la chose en question.
La somme globale de ces lois et relations constitue les Voies Divines, le dessein créatif et la volonté judicieuse d'Allah. Comme nous le verrons, ces Voies Divines opèrent sans cesse et sans interruption dans la nature et dans la société.
Maintenant nous arrivons au point principal de notre discussion relative à l'home et à la société. Le point de vue islamique sur ce sujet peut être résumé comme suit:
5. L'homme est une partie de la nature et il a des caractéristiques matérielles et naturelles. Mais il est parvenu à un tel stade d'évolution qu'il est devenu propre à être gratifié de l'Esprit Divin et des valeurs surnaturelles. Par conséquent, il a acquis les facultés de libre volonté, de connaissance et de responsabilité. A cause de ces dons, il n'est pas subordonné aux phénomènes naturels, ni prisonnier des relations génétiques. Au contraire, il est capable de dominer la nature et de provoquer des changements dans les relations matérielles et les phénomènes naturels.
6. Bien qu'il fasse partie intégrante de la société, l'homme est, comme nous le savons, un être indépendant. II n'est pas si subordonné à la société qu'il ne puisse avoir une volonté personnelle, la liberté personnelle et le droit de choisir. Sa conduite n'est pas déterminée seulement par la société et l'histoire, bien qu'on ne puisse le considérer comme un être séparé de la société.
7. Etant donné que l'existence tout entière de l'homme n'est pas le résultat direct de l'évolution de la matière, sa vie intellectuelle et mentale ne peut être inspirée et dérivée uniquement de la matière, des relations matérielles et génétiques de la société. Néanmoins, puisqu'il est enfoncé dans la matière et qu'il en a émergé, les conditions naturelles, géographiques et physiques et les relations matérielles dans la société ne manquent pas de l'affecter.
8. La contradiction qui existe à l'intérieur de l'homme est le produit du conflit entre ses désirs matériels (les désirs humains) et ses impulsions célestes (des inspirations venant d'Au-delà de ce Monde). Etant donné que l'homme est doué de connaissance, il doit faire le meilleur usage de cette contradiction et faire des efforts en vue de modifier toutes ses impulsions et de les guider vers sa propre évolution, vers l'amélioration de son milieu, vers la formation et le progrès de l'humanité.
Lorsque nous discutions du matérialisme dialectique, nous avons reproduit certaines idées ayant un rapport direct avec la conception historique de cette école. De là, il sera tout à fait naturel d'étudier aussi la conception islamique de l'histoire et des facteurs qui la font évoluer. Aussi, nous proposons-nous de traiter cette question dans le détail.
* * *
LA CONCEPTION ISLAMIQUE
DE L'HISTOIRE
Pour faire connaissance avec la conception islamique des changements historiques et des facteurs qui font l'histoire, il est nécessaire de prendre en considération les points suivants:
Le Coran fait attention au cours normal de l'histoire Nous avons déjà appris que les changements dans les phénomènes naturels sont gouvernés par des lois bien déterminées et qu'ils sont provoqués par certains facteurs et causes. En un mot, nous pouvons dire que la nature a des voies bien définies et que l'Islam met fortement l'accent sur leur existence.
Selon l'optique islamique, il y a, dans la société aussi, des lois spécifiques qui constituent les modèles sur la base desquels les changements sociaux ont lieu. La montée et la chute des nations, leur force et leur faiblesse, l'accession au pouvoir de tout groupe particulier, la solidité ou la fragilité d'une société, tous ces faits sont soumis aux lois qui gouvernent la société et ses relations avec les autres sociétés. Donc, les événements historiques ne sont pas accidentels. Ils ne sont pas sujets à un destin capricieux. Toute chose dans la société et dans la nature est soumise à une loi.
Les lois et les modèles sociaux ne viennent pas à l'existence automatiquement, ni comme conséquence d'une contrainte interne.
En fait, ils font tous partie du dessein créatif et des "Voies Divines". Ci-après quelques exemples des voies auxquelles s'est référé le Coran (Voyons quel rôle joue la volonté humaine dans ce domaine).
«Nous avons fait périr avant vous plusieurs générations, lorsqu'elles se montrèrent injustes» (car leurs relations sociales étaient fondées sur un système injuste). (Sourate Yûnis, 10: 13)
«Si les habitants de ces cités avaient cru et avaient pratiqué la piété, Nous leur aurions accordé les bénédictions du Ciel et de la Terre». (Sourate al-A'râf, 7: 96) Dans sourate al-Fajr, versets 43 et suivants, le Coran parle de ceux qui, à cause de leur égoïsme et de leur arrogance, s'opposent à la mission des prophètes et aux efforts de ceux qui plaident en faveur de la Vérité. De telles gens emploient toutes sortes de moyens illégaux pour étendre leur pouvoir et parvenir à leurs fins égoïstes. Ci-après le Coran dit:
«La ruse méchante n'enveloppe que ses auteurs. S'attendent-ils donc à autre chose qu'au sort réservé aux gens qui les ont précédés? Tu ne trouveras pas un changement dans les voies d'Allah et tu ne trouveras pas que les voies d'Allah aient à être modifiées. N'ont-ils pas parcouru la terre? N'ont-ils pas vu de sort de ceux qui vécurent avant eux et qui possédaient un pouvoir plus redoutable que le leur?» (Sourate Fâtir, 35: 44)
Dans la sourate Ale 'Imrân, verses 137, le Coran dit également: «Différentes traditions ont existé dans le passé. Parcourez donc la Terre et voyez le sort de ceux qui rejetèrent la Vérité». Un verses suivant dit: «Ne vous découragez pas, ni ne vous affligez, car vous aurez une vraie dignité si vous êtes de vrais croyants». (Id. ibid. verses 139) Le verses suivant dit: «Si une blessure vous atteint, une même blessure avait atteint les incrédules. Ce sont seulement des vicissitudes que Nous provoquons afin qu'elles se suivent pour l'humanité, pour qu'Allah reconnaisse ceux qui croient et choisisse ceux qui font le sacrifice suprême». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 140)
Dans leur ensemble, ces versets indiquent que ce qui provoque un changement dans l'histoire d'une nation, ce sont les qualités de persévérance, de sacrifice pour une bonne cause, de refus de l'égoïsme et des actions indignes. C'est là l'une des normes qui ont toujours prévalu parmi les gens.
On peut déduire de la sourate Banî Isrâ'îl, versets 70-77, les principes suivants: Les nations et les communautés se distinguent les unes des autres par leurs dirigeants et par la guidance qu'elles en reçoivent. L'adhésion à un but idéologique est nécessaire. Si une communauté attachée à la continuation de ses activités égoïstes et malfaisantes se fâche contre ses dirigeants sincères et désintéressés qui l'obligent à travailler dur, et qu'elle décide de les chasser, une telle communauté n'aura pas beaucoup de répit. Ci-après le Coran dit: «Telle avait été Notre voie dans le cas de Nos messagers que Nous avons envoyés avant vous». (Sourate Banî Isrâ'îl, 17: 77)
Le verses 16 de la même sourate nous informe que lorsqu'une région était soumise à la destruction, ceux de ses habitants qui vivaient dans l'aisance s'étaient livrés à la débauche et à la malfaisance. Puis un commandement d'Allah était donné, concernant ces gens corrompus et méprisables, enfoncés dans la thésaurisation de l'argent et la recherche des plaisirs. Cette région était détruite et ses habitants anéantis.
Dans la sourate al-Fajr, versets 6-14, le Coran dit: «N'as-tu pas vu comment ton Seigneur a traité les 'Ad, qui avaient des bâtiments à colonnes à Eram, dont la pareille ne fut jamais construite dans aucun autre pays, et (comment Nous avons traité) les Thamoud qui taillaient les rocs dans la vallée, et Pharaon, avec ses épieux? Tous ces gens furent hautains dans leurs régions et ils y firent beaucoup de mal. C'est pourquoi, ton Seigneur abattit sur eux le fouet du châtiment. Certes oui, ton Seigneur est toujours aux aguets». Ce sont là seulement quelques exemples parmi bien d'autres que l'histoire a connus et auxquels le Coran s'est référé.
Le violent déchaînement des désirs et des émotions Nous avons déjà appris que l'homme a une nature à la fois terrestre et céleste. Il a plusieurs sortes d'inclinations et d'émotions, et il est responsable de l'orientation et de la modification de ses désirs. Nous savons aussi, plus ou moins, que les sentiments d'égoïsme, de mégalomanie, de libertinage et d'amour du pouvoir se déchaînent parfois avec une telle violence qu'ils peuvent ruiner l'individu et la société. Le Coran décrit les individus et les factions qui ne contrôlent pas leurs passions comme extravagants, méchants, malfaiteurs, pervers, hautains, diaboliques et agressifs. A travers toute l'histoire, et dans toutes sortes de conditions économiques, de telles gens ont travaillé pour atteindre leurs fins égoïstes, pour étendre leur pouvoir et leur autorité, et pour subjuguer et exploiter les autres. Pour réaliser leurs objectifs vicieux, ils n'hésitent pas à recourir à la force, aux moyens frauduleux, aux menaces, aux tentations et à la persécution. Ils divisent les gens et les intoxiquent. Ils créent ces conditions afin de pouvoir imposer aux masses des idées et un mode de vie qui peut faciliter la continuité de leur propre autorité offensive. Les mythes, les idées fausses, l'idolâtrie, les mauvaises habitudes, les anciens et nouveaux dieux, sont introduits et remis à l'ordre du jour pour empêcher les gens de penser correctement et de progresser dans la bonne direction, et donc pour préparer la à leur exploitation. Il y eut tellement de guerres déclenchées par les flammes de l'avarice, de la convoitise et des intérêts égoïstes des tyrans. Combien de destructions, de malheurs, d'effusions de sang et de répressions ne furent-ils pas causés par leur soif du pouvoir et de position! Le Coran considère la corruption et les agissements tyranniques et oppressifs de telles gens comme la cause des changements destructifs de l'histoire. Nous pouvons déduire de la sourate al-Baqarah, verses 205 que: chaque fois qu'un homme égoïste accède au pouvoir, il fait le mal, essaie de ruiner l'agriculture et commet un massacre. Dans la sourate al-Mâ'idah, versets 62 et suivants, le Coran parle de ceux qui, à cause de leur orgueil et de leur négation de la vérité, sont toujours prêts à commettre des péchés et des transgressions, à déclencher les flammes de la guerre, et à répandre la corruption. Dans les versets 4 et suivants, le Coran dit: «Pharaon était devenu puissant sur la terre. Il avait divisé les gens en castes. Il opprimait un groupe d'entre eux: il tuait leurs fils et épargnait leurs filles. Certes oui, il était l'un des mécréants».
Dans la sourate al-Zukhruf, verses 54, Pharaon est décrit ainsi: «Il a opprimé son peuple jusqu'à ce qu'il lui ait obéi. Certes oui, c'était un peuple pervers». Dans la sourate al-Nisâ', verset 27, Allah dit: «Ceux qui suivent leurs désirs lascifs veulent vous entraîner sur une voie terriblement dévoyée».
Ce sont là quelques exemples de versets qui montrent qu'il y a des hommes qui, parce qu'ils suivent aveuglément leurs désirs, et qu'ils n'essaient pas de les modifier, ni de les orienter vers la bonne direction, causent un grand mal et engendrent les événements malheureux de l'histoire.
La question de la contradiction
Selon la conception islamique, la contradiction joue un rôle important dans la provocation des changements de l'histoire, mais elle n'est pas le seul facteur qui les provoque. De plus, la contradiction ne signifie pas simplement une contradiction entre les relations de production et les instruments de production.
Il existe, à l'intérieur de l'homme lui-même, deux forces contradictoires: l'insinuation diabolique et la guidance de la raison. En d'autres termes, à l'intérieur de l'homme, ses propensions animales et ses instincts sublimes sont en conflit. Côte à côte, dans l'homme, il y a son aspect divin, et il y a Satan qui est la manifestation de tous les facteurs d'égarement et d'insinuation. Dans la société, il existe une lutte incessante entre la vérité et le faux. Dès l'aube de l'histoire, deux fils d'Adam, représentant les deux côtés des hommes de l'histoire, se sont battus entre eux. L'un d'eux se battait pour satisfaire ses vains désirs et parvenir à ses fins. A cause de sa jalousie et son égoïsme, il a détruit l'autre. Son égoïsme aboutit tout d'abord au meurtre, et à la transgression, et établit la tradition d'hostilité des individus et des factions égoïstes, lascifs et transgresseurs, (qualifiés par le Coran d'extravagants, de diaboliques et de méchants) à l'encontre des réformateurs et des défenseurs de l'intégrité et de la justice. Ce conflit a continué, sous diverges formes, tout au long de l'histoire.
Les racines de ce conflit et de cette lutte qui se déroule entre les deux côtés des oppresseurs et des opprimés, des exploiteurs et des exploités, des tyrans et des suppliciés, existe à l'intérieur de l'homme lui-même. C'est l'explosion de ses passions et émotions interne qui provoque ce ravage. Bien sûr, les conditions sociales et l'environnement ont leur effet sur le déclenchement ou la modération de cette explosion.
En tout cas, le résultat de cette contradiction et de ce conflit, qu'ils soient à l'intérieur d'un individu ou entre différentes classes de la société, n'est pas toujours la destruction de l'une des parties en lutte. Dans beaucoup de cas le résultat est la modification, la guidance et même l'harmonisation des deux forces opposées.
Par exemple, s'il y a un conflit entre la raison et la passion, son résultat ne sera pas l'extinction de la dernière. De la même façon, s'il y a un conflit entre les désirs matériels et les tendances humaines sublimes, son résultat ne sera pas l'extermination des désirs matériels et naturels au point que l'homme ne puisse faire un effort pour obtenir de la nourriture, des vêtements et un conjoint. L'objet de ce conflit est l'auto-formation, en vue de pouvoir contrôler et discipliner ces désirs et exprimer ses instincts avec modération et sans excès. Dans la société aussi, le conflit vise souvent à guider et à entraîner les gens d'une façon pacifique en les exhortant au bien et en leur interdisant le mal, et ce dans le but d'améliorer l'environnement et de réformer les gens pervers et coupables. Cela n'empêche qu'il vise parfois à exterminer les oppresseurs aussi, comme c'est le cas pour la punition de l'homicide volontaire ainsi que dans le cas de la guerre sainte. De là, le rôle des facteurs constructifs ne doit pas être négligé.
La nécessité de l'augmentation de la force positive de la contradiction et de la résistance à la corruption
Dans chaque conflit la partie la plus forte obtient le plus grand succès. De là, si les tyrans et les oppresseurs sont plus forts, l'oppression et la corruption prévalent et les gens sont privés de leurs droits.
Mais lorsque le parti de l'intégrité et de la justice devient plus fort, la justice sociale devient dominante et l'oppresseur est éliminé de la scène. Naturellement il faut des efforts persistants et un travail acharné pour renforcer le parti de la droiture.
«Si seulement il y avait eu parmi les générations qui vous ont précédés des hommes de bon sens qui eussent pu avertir leur peuple et l'empêcher de répandre la corruption sur la terre». (Sourate Houd, 11: 116)
«Si Allah ne repoussait pas certains hommes par d'autres, la Terre serait corrompue». (Sourate al-Baqarah, 2: 251)
Des dizaines d'autres versets, qui mettent l'accent sur la nécessité de combattre les mécréants, les agresseurs, les tyrans et les égoïstes, et qui promettent le succès à ceux qui travaillent fermement et résistent aux malfaiteurs avec persévérance, corroborent le bien-fondé de ce point de vue. C'est pourquoi la simple intensification de la contradiction et l'augmentation des causes du conflit ne peuvent pas rendre plus proche le changement requis. Seul le réveil et la guidance correcte des opprimés, le renforcement de la partie qui cherche la justice, et la promotion des inclinations et des sentiments positifs, peuvent aider au triomphe de la vérité: - La connaissance du cours de l'histoire
- L'identification des opportunités, et
- La saisie de ces opportunités pour en tirer avantage. Il est évident qu'une simple personne, quel que soit le niveau de sa conscience sociale et sa capacité de direction, ne peut faire à elle seule l'histoire. Une connaissance solide du cours de l'histoire, la pénétration de la structure des diverges sociétés, une interprétation correcte des événements historiques, la connaissance de ce qui est arrivé aux gens du passé et une pensée claire sur les coutumes, les traditions, les inclinations et le génie de la société sont nécessaires pour que l'on puisse entreprendre une action convenable, opportune et fructueuse. Outre la connaissance, la capacité de former, de guider et d'organiser la pensée des gens et de vaincre les forces de l'opposition est nécessaire. Il est également fondamental d'avoir une conviction ferme, un but déterminé et la force de résistance et de persévérance. C'est pourquoi nous remarquons que l'histoire a produit un nombre très limité d'individus et de groupes qui ont pu se charger de cette mission sociale et qui, avec leurs idées créatives et constructives, leur hardiesse, leur ouverture d'esprit, et leur aptitude extraordinaire à la direction, sont parvenus à trouver le moyen de changer l'esprit des gens et d'opérer de grands changements dans l'histoire d'une nation. Il ne fait pas de doute que l'histoire humaine est l'histoire des hommes grandioses et remarquables qui y ont joué un rôle décisif.
LE GRAND RÔLE DES PROPHÈTES DANS LA FORMATION DE L'HISTOIRE Une étude du mouvement des prophètes nous montre que ceux-ci étaient la plus grande source de révolution intellectuelle et de réforme de la société. Ce sont eux qui ont prêché la justice, l'humanité, l'amour du prochain, la fraternité, l'égalité, le service de l'humanité, l'amour, la liberté humaine, la paix, la pureté, la piété et bien d'autres vertus sociales et humaines. Par ailleurs, ce sont eux qui ont, plus que tous autres, démasqué les oppresseurs, les tyrans, les hypocrites et les égoïstes, et appris aux gens à leur résister courageusement et à se sacrifier dans ce but. Le principal trait de leur programme était le combat contre la tyrannie et l'humiliation, et la lutte pour la liberté et pour l'émancipation. Méditez à ce propos les versets suivants:
«Oui, nous avons envoyé à chaque communauté un prophète, (proclamant): Adorez Allah et fuyez les tyrans!» (Sourate al-Nihal, 16: 36)
«Nous avons envoyé Nos prophètes avec des preuves claires et Nous avons révélé avec eux le Livre et la balance afin que les gens observent l'équité. Nous avons fait descendre le fer dans lequel il y a une force vitale et des avantages pour les gens, afin qu'Allah connaisse celui qui LE secourt, à travers le mystère, et aide Ses prophètes. Allah est Fort et Puissant».(Sourate alHadîd, 57: 25)
Le Prophète Ibrâhîm (P)
Dès l'aube de l'histoire enregistrée, Ibrâhîm a été reconnu comme le champion du monothéisme et de la lutte contre l'idolâtrie, et comme le dénonciateur des superstitions. C'est lui qui enseigna comment on sacrifie sa vie, ses biens et ses enfants pour la cause qu'on chérit, et c'est lui qui combattit la transgression et l'égoïsme que Nimrûd incarnait. C'est ainsi qu'il fut jeté dans le feu pour avoir continué sa lutte contre les idoles et les fausses divinités. Il donna l'exemple de la résistance et du sacrifice, et reprit sa lutte dès qu'il eut traversé cette épreuve terrible. Il édifia le plus ancien centre du monothéisme, appelé la Ka'bah. Il fut l'inspirateur de toutes les religions sémitiques, croyant en Un seul Dieu, dans une vaste région du monde.
Le Prophète Moussâ (P)
Les efforts de Moussâ en vue de l'émancipation de son peuple, sa lutte contre la tyrannie et l'humiliation, et son soulèvement audacieux contre ceux qui possédaient le lucre et le pouvoir et qui incarnaient l'oppression et la soif du pouvoir, couronnèrent de succès l'histoire de la lutte populaire et des mouvements humains.
«Allez, tous deux, chez pharaon. II a transgressé les limites». (Sourate Tâhâ, 20: 43)
«Allez donc tous deux chez lui et dites-lui: Nous sommes deux messagers de ton Seigneur. Laisse donc les enfants d'lsrâ'îl partir avec nous et ne les tourmente pas». (Sourate Tâhâ, 20: 47)
«Nous avons envoyé Moussâ et Hâroun avec Nos signes et un pouvoir manifeste, à Pharaon et aux chefs de son peuple. Mais ils les méprisèrent, car ils étaient des gens despotiques. Ils dirent: "Allons-nous croire des mortels comme nous, alors que leur peuple nous sert d'esclaves."» (Sourate al-Mo'minoun, 23: 45-47)
Pour contrarier les demandes de Moussâ, Pharaon et son entourage recoururent à la calomnie, à l'intimidation et au lavage de cerveau.
«Mais seulement quelques-uns parmi le peuple de Moussâ crurent en lui, de crainte d'être mis à l'épreuve par Pharaon et leurs chefs, car Pharaon était un tyran sur la Terre, et coupable de transgression». (Sourate Yûnis, 10: 83)
«Mais quand il leur apporta la Vérité venant de Notre Part, ils dirent: "Tuez les fils de ceux qui croient comme lui, et laissez vivre leurs filles." Mais le plan des incrédules fut voué à l'échec. Pharaon dit: "Laissez-moi tuer Moussâ. Laissez Moussâ appeler son Seigneur (s'il peut). Je crains qu'il n'altère votre religion et qu'il ne sème le désordre sur la terre." Moussâ dit: "J'implore la protection de mon Seigneur et de votre Seigneur contre tout orgueilleux qui ne croît pas au Jour du Jugement."». (Sourate al-Mo'min, 40: 25-27)
«Pharaon fit une proclamation à son peuple et dit: "O mon peuple! Le royaume d'Egypte ne m'appartient-il pas avec les fleuves qui coulent à mes pieds? Ne voyez-vous pas. Je suis certainement meilleur que cet homme misérable et incapable de s'exprimer clairement. (Si ce qu'il dit est vrai), pourquoi donc n'a-t-il pas sur lui des bracelets d'or, et pourquoi les anges ne sont-ils pas venus en sa compagnie?"» (Sourate al-Zukhruf, 43: 51-53)
«Pharaon dit (à Moussâ): "Si tu adoptes un autre seigneur que moi, je te ferai mettre en prison."» (Sourate al-Chu'arâ', 26: 28). «Mais Moussâ était ferme. II n'a pas renoncé à la lutte. II dit à ses compagnons: "Demandez le secours d'Allah et soyez patients. La Terre appartient à Allah et IL en fait hériter qui IL veut parmi Ses serviteurs; La fin sera heureuse pour les pieux."»
(Sourate al-A'râf, 7: 128)
Moussâ encouragea son peuple et lui apporta de bonnes nouvelles: «Peut-être votre Seigneur fera-t-IL périr votre ennemi et, après la disparition de celui-ci, vous fera-t-il succéder à lui sur la Terre pour voir comment vous vous comporterez?"» (Sourate al-A'râf, 7: 129) Comme nous le savons, Moussâ réussit finalement à délivrer son peuple. L'ennemi, malgré tout son pouvoir et son importance, fut annihilé. Donc un nouveau chapitre de l'histoire fut ouvert et mit en mouvement une série d'événements.
Le Prophète 'Issâ (P)
Il y a environ deux mille ans 'Issâ fut reconnu dans l'histoire comme étant un Sauveur et un Messager de la paix et de la justice. Il se tint intègre au milieu de l'égoïsme, du commerce de guerre, de la thésaurisation, des rivalités et de l'effusion de sang. A l'époque, l'avidité et les affaires frauduleuses étaient à leur zénith. Des hommes d'église indignes, qui étaient supposés être des dirigeants religieux et les porteurs des Commandements Divins, se trouvaient impliqués dans des rivalités intestines et commettaient des crimes abjects tels que la falsification, la tromperie, l'usure et l'hypocrisie. Dans de telles circonstances, 'Issâ se souleva et combattit tous les maux de son époque. Il réforma et réintroduit la religion de Moussâ, qui avait été dénaturée et mal interprétée, et prêcha la droiture, la pureté, l'amour du prochain et le service de l'humanité. Il mena sa vie dans la plus grande simplicité, et poursuivit sa mission avec ferveur, même au péril de sa vie.
Ses enseignements ont soulevé au cours de l'histoire une énorme vague de nouvelles idées de morale et de sympathie dans une grande partie du monde. Ils furent la source de nombreux mouvements et révolutions mémorables.
L'histoire du Christianisme et de l'Eglise est riche en événements et mouvements bons et mauvais. Evidemment ce qui était mauvais découlait du mauvais usage et de la mauvaise interprétation de ces enseignements, ainsi que de la dénaturation de son message. Enfin vint le tour du plus grand et du plus fructueux Mouvement Divin, en l'occurrence, le Message de l'Islam. Nous nous proposons de nous appesantir un peu sur ce sujet à la fin de notre discussion.
La révélation fut la force motrice des mouvements prophétiques Il ne fait pas de doute que, chaque prophète commença sa mission au moment le plus opportun, où l'injustice, les conceptions erronées, la discrimination injuste, les dissensions et la négligence des devoirs étaient répandues et où la situation exigeait le déclenchement d'un mouvement réformateur en vue de dissiper les ténèbres et d'illuminer l'atmosphère par la lumière de la vertu et de la vérité. Mais dans tous les cas, la vraie campagne pour changer les conditions intellectuelles et sociales débuta seulement sur ordre de la Révélation divine. Il est vrai que Moussâ se sentit dès sa jeunesse, extrêmement perturbé et bouleversé par l'humiliation et l'asservissement de son peuple. Il était conscient que le pouvoir et la richesse se concentraient dans les mains d'une partie de la société alors que l'autre partie souffrait la pauvreté, l'esclavage, la peine et la torture. Mais il n'avait pas encore de plan pour entreprendre une action ou faire des réformes. Même lorsqu'il tua une personne du camp ennemi au cours d'un accrochage, il s'enfuit de la ville, dans un état de grande confusion, sentant que sa vie était en danger. Mais quelques années plus tard, lorsqu'il accéda à la prophétie et que la Révélation divine lui ordonna d'agir, il retourna dans la même ville, se dirigea tout droit vers Pharaon, l'ennemi puissant et dangereux de lui-même et de son peuple, et lui demanda de libérer les enfants d'Isrâ'îl et de cesser de les tourmenter. C'est là seulement que les choses commencèrent à bouger. Jusqu'à l'âge de quarante ans, le Prophète de l'Islam avait vécu avec des gens analphabètes, dont le mode de vie était indigne d'un homme et très déraisonnable. Son esprit pur et clair perçut la perversion morale de la société et il en fut affligé. De temps en temps il faisait des efforts même pour prévenir une agression ou aplanir un différend.(37)
Mais il ne prenait pas de mesures pour prêcher la réforme sociale ou lancer une campagne à cet égard.
Sa lancée ne commença que lorsqu'il reçut la première révélation dans une grotte située sur la colline de Harâ'. Et ce fut l'événement qui annonça la naissance du Mouvement Islamique. C'est pourquoi on peut dire que la Révélation est le principal pilier et la pierre fondamentale de la mission des prophètes. Mais qu'est-ce que la révélation et quels sont les effets qu'elle produit?
La Révélation
La Révélation est une sorte de connaissance sublime des réalités du monde, de leurs valeurs et des buts élevés de la vie humaine. Cette connaissance est sans ambiguïté, directe et claire. C'est un Don divin spécial accordé à un homme pur et saint. La Révélation n'est pas une sorte de conscience ou de perception ordinaire, obtenue par les sens, l'observation ou l'expérience. Elle n'est pas, non plus, une sorte de prise de conscience mentale fondée sur un événement antérieur ou sur une connaissance acquise antérieurement et se manifestant à la suite des efforts créatifs de l'esprit humain. Elle est également différente de l'intuition et de l'illumination mystique. C'est une connaissance pure et décisive, une conception transcendante et un Don divin.
Quelques effets de la Révélation
a) Le Réveil intérieur: la Révélation crée un réveil dans l'âme du prophète et remue toute son existence. Elle éveille ses facultés et ses forces dormantes et les dirige vers l'accomplissement de sa mission. Grâce à son contact avec la source éternelle de la Révélation, il est pénétré d'un nouvel esprit et d'un nouveau zèle.
b) Une perspicacité claire: l'esprit du prophète est doté, à la suite de la Révélation, d'une perspicacité claire et d'une vision large, comme s'il avait été relié à une Source pure et jaillissante le connaissance. Son esprit est plein d'idées pures et fructueuses. Le Coran décrit la révélation comme une lumière, une perspicacité, une illustration, une sagesse, un remède, une miséricorde, une preuve et une source de vie et de connaissance. Evidemment, cette lumière et cette perspicacité doivent avant tout éclairer le coeur même du Prophète sur lequel la Révélation est descendue.
Etant donné que les idées du prophète sont inspirées par la Révélation divine, elles ne sont polluées ni par les mythes et les conceptions erronées, ni par ses propres intérêts ou ses caprices personnels. Et comme l'a dit le Coran: «Il ne parle pas sous l'empire de la passion. (Ce qu'il dit) c'est seulement une Révélation qui lui a été inspirée». (Sourate al-Najm, 53: 3) En raison de sa perspicacité et de la pureté de sa pensée, un prophète atteint l'infaillibilité. Ses idées missionnaires sont immunisées contre toute sorte d'erreur ou de faux pas.
c) Une orientation fructueuse de la pensée des gens: la Révélation guide les gens et leur montre le Droit Chemin. Elle conduit leurs talents intérieurs vers une floraison complète, et développe leurs sentiments et leurs inclinations sublimes. Elle donne une orientation utile à leur mode de penser, et les conduit, grâce au nouveau réveil, vers tout ce qui est bien et plaisant. Après avoir traité des fausses idées, des fausses croyances, des mauvaises pratiques et de bien d'autres pièges susceptibles de se développer dans la société, et après avoir souligné la nécessité des prophètes, l'Imam Ali (P) explique de la façon suivante, dans le premier sermon de son "Nahj al-Balâghah", le but dans lequel les prophètes sont envoyés: «Allah a envoyé Ses prophètes aux gens. IL les a envoyés les uns après les autres afin que les gens puissent se conformer à leur nature. (C'est-à-dire afin qu'ils ne laissent pas s'éteindre la lumière de leur disposition innée à adorer Allah et à suivre ce qui est bien. IL a envoyé les prophètes afin de rappeler aux gens les faveurs qu'IL leur a accordées et de les inviter à la Vérité afin qu'il ne leur reste aucune excuse d'ignorance. »IL a envoyé les prophètes aux gens pour mettre en évidence le trésor caché de leur âme et pour les prévenir de leurs énormes et très utiles potentialités». d) La dernière Révélation porte le grand message des prophètes concernant le changement de la société. En réalité, la révélation a une mission sociale, à savoir: la reconstruction de la société, l'établissement d'un système juste et la réorganisation d'une nation. Les Messages divine, historiquement reconnus ont joué un rôle immense dans ce domaine. Maintenant nous étudions le Message universel de l'Islam, qui est le plus important de tous ces messages.
LE MOUVEMENT ISLAMIQUE: UNE MANIFES-TATION DES LOIS DE L'HISTOIRE Nous nous proposons de poursuivre cette étude à plusieurs stades:
La domination de l'injustice ne saurait durer long-temps Nous savons déjà que l'une des plus importantes lois de l'histoire veut que lorsque l'injustice et la corruption envahissent un environnement, une révolution s'ensuit obligatoirement. La débâcle des éléments qui soutiennent la discrimination indue et la tyrannie est inévitable.(38) Ayant cette règle ferme de l'histoire bien présente à l'esprit, nous observons que pendant les six siècles de l'Ère Chrétienne, l'Arabie et les Empires Iranien et Romain, ainsi que tous les autres pays célèbres de cette époque-là, étaient prêts à exploser. A l'époque, ce n'était pas seulement en Arabie que la discrimination, la croyance aux mythes, l'idolâtrie, les dissensions tribales, la pauvreté, la tyrannie et beaucoup d'autres iniquités et vices prévalaient, mais même les grands et puissants (bien que décadents) pays dits civilisés de l'époque étaient victimes de ce genre de conceptions erronées, de croyances fausses, de conflits fratricides entre les gouvernants, lois cruelles, de préjudices, de coutumes barbares, et d'attaques contre la connaissance. L'atmosphère sociale générale était suffocante. Les masses grognaient sous de lourdes charges financières, alors que quelques groupes et individus privilégiés vivaient dans le luxe. Il y avait des milliers d'autres maux. Le Coran décrit cette condition comme une erreur manifeste.(39) L'Imam Ali (P) dépeint comme suit la situation qui prévalait en ces jours-là: «Allah a envoyé le Prophète de l'Islam à un moment où il n'y avait pas eu de prophète depuis longtemps. Les gens étaient plongés dans un sommeil profond. Une confusion totale régnait partout. Les guerres se répandaient. Les feuilles de l'arbre de la vie étaient devenues jaunes et il n'y avait pas d'espoir que cet arbre portât un jour des fruits. Les eaux avaient séché. La lumière de la vraie religion avait été éteinte. La misère avait étendu sa face hideuse et s'était abattue sur l'humanité. Le résultat de cette situation malheureuse ne pouvait être que le chaos et le trouble. La peur avait envahi les coeurs des gens, lesquels n'avaient d'autre refuge que l'épée, assoiffés de sang». (Nahj al-Balâghah)
Cette situation du monde laissa présager un grand événement qui allait renverser les systèmes cruels et surannés.
Le réveil des gens
L'injustice n'aurait pas pu prendre fin sans l'intervention de facteurs humains et d'un mouvement idéologique. Il était nécessaire que les gens aient eu une meilleure connaissance et qu'il y ait eu une école pour éclairer leurs pensées et établir un programme pour eux afin que leurs forces dormantes puissent se réveiller.
«Il en est ainsi; car il ne convient pas que ton Seigneur détruise arbitrairement une cité dont les habitants étaient inconscients (de la faute qu'ils commettaient)». (Sourate al-An'âm, 6: 131)
«Nous n'avons jamais détruit une cité dont le sort n'avait pas déjà fixé». (Sourate al-Hijr, 15: 4)
«Nous n'avons jamais détruit une cité sans qu'elle fût avertie». (Sourate al-Chu'arâ', 26: 208) Comme nous le savons, un réveil intellectuel et humain suit habituellement l'arrivée des prophètes.
«Si Nous les avions fait périr dans un châtiment antérieur à sa venue (la venue du Saint Prophète), ils auraient certainement dit: "Notre Seigneur! Pourquoi ne nous as-TU pas envoyé un messager afin que nous ayons pu suivre Tes révélations avant d'être humiliés et disgraciés."» (Sourate Tâhâ, 20: 135)
Pour ces raisons Allah envoya Mohammad, le Prophète de l'Islam, comme une nécessité historique et mondiale.
L'Arabie, pourvue d'une atmosphère favorable
Si la corruption, l'injustice et la croyance aux mythes demandent un tel mouvement, l'Arabie présentait naturellement l'atmosphère la plus favorable à cet égard, car elle jouissait de moins de qualités humaines que ses voisins, et était submergée dans un marécage profond. Le Commandeur des Croyants, l'Imam Ali (P) a dit: «Allah envoya Mohammad (Que la Paix soit sur lui et sur ses descendants) pour prévenir les peuples du monde contre les coutumes et les manières qu'ils avaient adoptées. Il a nommé Mohammad (Que la Paix soit sur lui et sur ses descendants) le dépositaire de Ses Commandements célestes. A cette époque-là, vous les Arabes, professiez la pire religion et viviez dans la pire demeure. Vous dormiez parmi des pierres dures et des serpents venimeux. Vous buviez de l'eau trouble. Vous mangiez une nourriture grossière. Vous répandiez le sang les uns des autres. Vous rompiez les liens avec vos proches et vous vous battiez contre eux. Les idoles étaient dressées parmi vous et vos péchés liaient vos mains et vos pieds». (Nahj alBalâghah, sermon 26)
Telles étaient les circonstances lorsque cette société dégradée et cette terre inhospitalière furent choisies pour être le berceau de l'Islam.
Les pionniers: les compagnons élus
Pour que ce mouvement divinement populaire puisse réussir à changer le système corrompu et à faire l'histoire, il fallait absolument que les pionniers fussent éduqués sur la base de son idéologie et que, par la suite, les masses aient reçu, dans un réveil général, un entraînement révolutionnaire et qu'elles fussent préparées à poursuivre leur mouvement. Le Saint Prophète, dès qu'il a accédé à la prophétie, a commencé à prêcher l'Islam parmi des individus bien choisis, et il s'est mis à les élever et à les éduquer. Au début, le prêche se faisait secrètement et en privé. Les gens furent choisis individuellement. Les enseignements étaient fondamentaux: on devait adorer seulement Un Dieu et renoncer à toute forme de polythéisme. Une soumission totale à ce qui avait été révélé était nécessaire. Tous les hommes, étant les esclaves d'Allah, avaient l'obligation de se purifier et de s'accoutumer aux bonnes actions et à la résistance au mal.
«Je jure par le temps (celui de la naissance du vrai homme)! Oui, l'homme est en perdition. A l'exception de ceux qui croient, de ceux qui accomplissent des oeuvres bonnes; de ceux qui s'encouragent mutuellement à rechercher la Vérité, de ceux qui s'encouragent mutuellement à la patience». (Sourate al-'Açr, 103: 1-3)
Peu de gens, mais parmi l'élite, acceptèrent de tout coeur les principes de la nouvelle école et devinrent ainsi fermes dans leur foi. Avec la croyance en Un Dieu, le rejet de toutes les fausses divinités, la formation du caractère, la piété, la connaissance, la largeur d'horizon et la soumission à la Vérité, le terrain passe au stade du prêche ouvert. A la fin de cette période, des attaques persistantes et puissantes avaient été lancées contre le système qui prévalait. L'idolâtrie , principale cause de la pensée erronée et principale arme de l'aristocratie, fut condamnée. Une nouvelle vague se forma. Un bon nombre de gens parmi les esclaves, les déshérités, les sans- logis, les opprimés, ainsi que quelques aristocrates, joignirent le nouveau mouvement. Mais simultanément, la résistance de l'ennemi, ses menaces, la torture, la calomnie et la médisance atteignirent leur paroxysme.
Les versets divine furent révélés sous forme de maximes ardentes. Ils contenaient des critères constructifs de la foi. Les hommes nouveaux-nés continuèrent à avancer avec fermeté sans fléchir sur la voie de la formation de 1'histoire future.
Le rôle de l'émigration
Du point de vue islamique, l'émigration est l'un des éléments qui font l'histoire. Réfléchissez aux versets suivants: «Lorsque les anges ôtent la vie de ceux qui se sont fait tort à eux-mêmes, ils leur demandent: "Dans quelle situation étiez-vous?" Ils répondent: "Nous étions opprimés sur la Terre." Les anges disent: "La Terre d'Allah n'était-elle pas assez vaste pour vous permettre d'émigrer?" Voilà ceux qui auront la Géhenne pour refuge: Quel détestable sort! A l'exception de ceux qui sont faibles et incapables parmi les hommes, les femmes et les enfants; car ils ne sont pas dirigés sur le Chemin Droit. Tels sont ceux qu'Allah absoudra peut-être. Allah est Celui qui absout et qui pardonne. Celui qui émigre sur le chemin d'Allah trouvera sur la Terre de nombreux refuges et de l'espace. Celui qui sort de sa maison pour émigrer pour Allah et pour Son Prophète, et qui, en cours de route est frappé par la mort, sera rétribué par Allah. Allah est Celui qui absout, IL est Miséricordieux». (Sourate al-Nisâ', 4: 97-100) Si l'environnement suffocant d'un lieu n'est pas propice à faire admettre la vérité, si la pression est si forte que toutes les valeurs sont supprimées, et s'il n'y a pas de possibilité d'influer sur le milieu et de réformer la société, on doit rechercher un lieu plus convenable où la foi, l'indépendance et la vérité pourraient fleurir, pour s'y établir. Selon l'Islam, c'est l'émigration, dans son sens le plus large, qui aide à résoudre les problèmes et à ouvrir de nouvelles voies. L'Islam nous enjoint d'émigrer d'un milieu fermé et aveugle vers des terres ouvertes et prêtes à accepter la Vérité, et des montagnes rugueuses vers des lieux peuplés. Il prescrit l'émigration en vue de l'étude de la nature et de l'histoire des hommes, l'émigration de l'égocentrisme vers Allah, de l'étroitesse de l'égoïsme et de la mégalomanie vers l'atmosphère, plus large, de l'honneur et de l'humanité. Quand le Prophète de l'Islam constata que ses compagnons vivaient sous pression, il ordonna tout d'abord à un nombre limité d'entre eux d'émigrer en Ethiopie. Et finalement, ayant pris des contacts avec les habitants de Médine et obtenu de leur part des engagements fermes, et s'étant assuré secrètement que l'atmosphère de cette ville lui était favorable, il s'apprêta à y émigrer. Toute sa fortune et toutes ses relations familiales furent sacrifiées pour la cause de la foi, pour la promotion de son but et pour la continuation de la lutte. Avec l'émigration, une nouvelles époque de l'histoire des Musulmans a commencé pour le Saint Prophète et ses loyaux compagnons. Nous savons combien cette grande étape de l''émigration à Médine fut efficace pour l'expansion du mouvement islamique.
Une des conditions fondamentales du progrès d'un mouvement est la formation d'une équipe ou d'une société disciplinée et exemplaire, familiarisée avec son idéologie, et loyale envers elle. A Médine, une nation fut formée. Certes il s'agissait d'une toute petite nation, mais conforme aux critères requis. Dans cette petite société, il n'y avait pas de discrimination raciale, tribale ou de classe. Personne n'était plus noble qu'un autre. Toute forme de discrimination et de distinction fut
écartée. Chaque individu, qu'il fût Mohâjir (émigré) ou Ançârî (partisan médinois) avait l'obligation de mettre réellement en pratique les principes de la fraternité et de l'égalité. Un Mohâjir et un Ançârî étaient déclarés frères l'un de l'autre, et avaient le devoir de partager maison et biens et de vivre ensemble.
Le Saint Prophète promulgua la charte de Médine, qui était la vraie constitution sur laquelle le système social de cet Etat avait été fondée. Les droits, les obligations et les relations mutuelles furent fixés avec précision sur la base de l'unité, de la justice et de l'équité. De nouveaux membres joignirent le mouvement qui continua à se répandre lentement.
La guidance des masses
Les masses sont généralement maintenues dans l'ignorance, et exploitées politiquement et économiquement par ceux qui détiennent le pouvoir. Tel fut leur sort habitue! tout au long de l'histoire. Que ce soit ouvertement ou subrepticement, elles sont asservies pour nourrir la guerre des gens de pouvoir et pour servir les intérêts des égoïstes. L'Islam connaît cette situation et décrie(40) l'ignorance de la majorité, mais il veut que les masses organisent leurs forces éparpillées et qu'elles oeuvrent en vue d'opérer des changements sociaux fondamentaux pour améliorer leur sort.
Le message de l'Islam est universel. Il veut amener tout le monde vers lui, et transformer tout le monde en des gens vertueux et pieux.
Le Coran dit: «O vous les hommes! Je suis envoyé vers vous tous par Allah». (Sourate al-A'râf, 7: 158)
Il y a des centaines d'autres versets qui exhortent toute l'humanité à la piété, aux bonnes actions, à la connaissance, à l'adoration d'Allah, à la pureté, à la serviabilité et à la dépense de la richesse pour une bonne cause. Contrairement à d'autres systèmes qui exploitent les masses, l'Islam veut les guider vers le Droit Chemin et améliorer leur sort. Chaque Musulman ordinaire peut obtenir la distinction et joindre le groupe des gens éminents. Accessoirement, beaucoup de personnalités éminentes de l'Islam sortirent des rangs des masses des déshérités et des anonymes. Etant donné qu'elles se sont forgées sur les orientations prescrites par l'Islam et qu'elles ont acquis des vertus humaines, elles ont pu atteindre une position éminente dans les cercles islamiques. Médine connut un réveil général. Les familles vivant dans tous ses quartiers montrèrent un grand enthousiasme à joindre le nouveau mouvement. Ils furent peu à peu préparés à accomplir le devoir collectif du "Jihâd".
L'élément du "Jihâd"
Le jihâd et les conflits violents sont parmi les plus importants facteurs des changements intervenus dans l'histoire. Lorsqu'un combat contre l'injustice et l'oppression commence, il donne au mouvement évolutif de la société une nouvelle impulsion et il débouche sur un succès décrit par le Coran comme un grand accomplissement(41), une grande récompense(42) et une délivrance(43).
«O vous les croyants! Vous indiquerai-JE un marché qui vous sauvera d'un châtiment douloureux? Ayez foi en Allah et en Son Messager et combattez pour Sa cause avec vos biens et vos personnes. C'est mieux pour vous, si seulement vous le saviez! IL pardonnera vos péchés et vous admettra dans les Jardins au-dessous desquels coulent les ruisseaux. IL vous logera dans des demeures agréables dans les Jardins d'Eden. C'est, en vérité, un grand accomplissement. Et IL vous accordera une autre faveur que vous aimez énormément, (à savoir) un secours venant d'Allah et une prompte victoire. Annonce cette bonne nouvelle aux croyants». (Sourate al-Çaf, 61: 1-13)
Dès que le Saint Prophète s'est assuré de la préparation de ses compagnons et de la disponibilité d'une force offensive, il entreprit la tâche d'une marche générale sur les bases de l'idolâtrie et de l'oppression. Les batailles de Badr, d'Ohod, d'al-Khandaq, etc. étendirent rapidement la zone du conflit et affaiblirent la position de l'ennemi. Elles firent remonter le moral des Musulmans et attirèrent l'attention des tribus avoisinantes. Ainsi, la voie était désormais aplanie devant la propagation rapide du nouveau système et la destruction de l'ennemi.
L'universalité du mouvement
En adressant un avertissement aux pays voisins et aux grands empires, le Saint Prophète déclara que l'Islam est un mouvement mondial. Après avoir réalisé des victoires notables et conclu une course trêve avec Quraych, l'incroyant, le Saint Prophète eut la possibilité de répandre le message de l'Islam parmi les territoires étrangers. Il écrivit des lettres aux dirigeants du monde et leur demanda d'accepter l'Islam. Ces lettres montrèrent à l'évidence que le message de l'Islam était celui de la croyance en Un Dieu Unique et du rejet de tous dieux terrestres. Bien qu'il y eût des réactions variées à ces lettres, elles constituèrent un ferme avertissement qui ouvrit un nouveau chapitre dans l'histoire de ces pays, comme en témoignèrent les années suivantes. On peut dire ici que de nombreux mouvements historiques furent seulement de caractère local ou régional. Leurs buts, leurs principes et leurs programmes s'adaptaient à un environnement particulier, et de là, ils furent confinés à des peuples spécifiques. En conséquence, les appels de beaucoup de prophètes antérieurs avaient été, eux aussi, limités et régionaux. Mais si le programme d'un mouvement est de niveau mondial et qu'il bénéficie d'autres conditions, telles que des conditions sociales favorables, une direction puissante, un corps fort et large de partisans, il peut sûrement pénétrer dans d'autres régions, et une vague internationale peut voir le jour.
LA DIRECTION
A l'approche de la mort du Saint Prophète la question délicate de la direction de la Ummah devint d'actualité. Pendant les vingt-trois premières années du Mouvement islamique, la raison principale de son progrès était l'extraordinaire capacité du Saint Prophète à la direction, à la guidance et à l'organisation. Dans l'analyse historique, cette capacité apparaît comme le plus merveilleux des principaux facteurs qui contribuèrent au succès de l'Islam. Mais après le décès du Prophète?
Le nouveau système avait porté ses fruits alors que le Prophète était encore vivant. Le Coran avait été révélé, les fondements du système social et intellectuel islamique fixés. Cependant, les enseignements islamiques exigeaient la présence d'un Superviseur et d'un Interprète digne de foi. Autrement ils pourraient être exposé à l'altération et à un mauvais usage. Le Saint Prophète avait donné lui-même la solution de ce problème. Il avait en effet choisi Ali et l'avait présenté aux Musulmans comme étant leur " Walî " (maître). Ali avait reçu le meilleur entraînement. Il était à la tête des pionniers qui avaient lutté pour le succès du mouvement et fait des sacrifices pour lui (ce mouvement). Il était, plus que tout autre, imprégné des enseignements islamiques et familiarisé avec eux.
Mais l'histoire ne se termine pas là. Immédiatement après le décès du Prophète, la situation prit un nouveau tour.
Le Califat fut accaparé lors d'une réunion d'un nombre limité de personnel qui se hâtèrent de nommer un calife parmi elles. Ainsi, la question de direction prit un cours différent. Les troubles ne tardèrent pas à commencer et le progrès du mouvement en pâtit. Dans certains domaines, notamment dans celui de la justice social et de l'idéologie, le mouvement souffrit énormément. En tout cas, le nouvel arrangement avait beaucoup de partisans.
Trois principes de l'efficacité des mouvements historiques L'efficacité de tout grand mouvement historique dépend largement de trois éléments essentiels: le système idéologique, la direction, et l'existence d'une solide équipe de partisans et d'autres potentialités. Avant la disparition du Saint Prophète, un système mondial vivant avait été mis en place et un groupe relativement solide de Musulmans entraînés avait été formé. C'est pourquoi, malgré l'absence d'une direction convenable par la suite, le poids de ce système et la présence de ses partisans bien organisés constituèrent des facteurs assez viables pour pousser le mouvement en avant. Le progrès rapide de l'Islam au cours du premier siècle et le grand mouvement scientifique et académique des siècles suivants, ainsi que le grand rôle joué par l'Islam dans la culture et la civilisation humaines, furent tous dus à l'efficacité du système et aux efforts des vrais et vaillants Musulmans.
Les êtres humains comme agents de la rétribution divine Comme nous l'avons déjà dit, l'effondrement de l'injustice et de la corruption est inévitable. Dans le passé lointain, pour vaincre les gens injustes et ceux qui niaient la Vérité, l'intervention de facteurs surnaturels et la rétribution céleste étaient habituels, mais cela n'arrivait qu'après l'envoi d'un message et d'un avertissement clair. (44)
A notre époque, l'homme a intellectuellement mûri et il a atteint un degré de perfection relative. II peut maintenant réaliser que les privations sociales, la discrimination indue et bien d'autres calamités sont aussi une sorte de punition. En s'aidant de son sens commun et de son intuition, il
peut sentir les conséquences de ses mauvaises actions et anticiper son avenir. Il peut maintenant utiliser sa volonté et sa détermination pour combattre l'injustice et la corruption; il n'a pas à répéter ce que dirent les Israélites: «Allez toi et ton Seigneur, et combattez tous deux; nous, nous restons ici».(45) Car maintenant la rétribution naturelle est imposée à travers les êtres humains.(46) Cette position aussi est conforme à l'ancienne Tradition divine consistant à éliminer les difficultés qui se dressent sur la voie de l'évolution. C'st la raison pour laquelle le Mouvement Islamique ne fut accompagné d'aucune punition divine durant l'époque du Prophète,(47) et seul le
jihâd et l'effort humain jouèrent un rôle décisif dans l'éradication du système corrompu. C'est ce qui explique pourquoi nous trouvons que l'histoire de l'Islam est riche en guerres d'émancipation. Les larges masses des peuples des pays envahis par les Musulmans accueillirent les envahisseurs à bras ouverts parce que tout d'abord l'atmosphère de leurs pays était suffocante, et qu'elles vivaient dans la contrainte, et ensuite parce qu'elles étaient sûres de la justice et de l'esprit émancipé de l'Islam. Ces peuples savaient bien que le compagnon musulman leur avait apporté justice et liberté. C'est pourquoi, dans certains cas, les portes des cités avaient été volontairement ouvertes devant l'avance de l'Armée musulmane, et les soldats musulmans avaient été heureusement surpris de constater que les déserteur des rangs de l'ennemi se joignaient à eux et se battaient côte à côte avec eux contre le système injuste et inhumain qui prévalait dans leur propre pays.
Le respect de la culture et des valeurs humaines d'autrui L'avance humaine vers les autres pays ne signifiait pas la destruction de tout dans ces pays. Certes, le système social injuste fut remplacé, les fausses divinités et la croyance aux mythes et aux fables religieuses cédèrent la place à la croyance en Un Dieu et à une pensée réaliste, mais les fruits de la culture et de la pensée philosophique, ainsi que les organisations sociales utiles et avancées ne furent pas perturbés. Le mouvement de l'Islam avait pour but d'aider l'évolution de l'histoire et non de la stopper ou d'en inverser le cours. L'Islam est venu pour construire et améliorer et non pour détruire et dégrader.
Il est intéressant de noter que l'Islam a joué un grand rôle dans la préservation et la renaissance des anciennes cultures de l'Inde, de la Grèce, de l'Iran et de la Mésopotamie. En encourageant la connaissance des pensées des autres et l'investigation dans ce domaine, et en incitant les Musulmans à étudier l'histoire et les mouvements historiques des peuples antérieure, à voyager à travers les régions lointaines et à y ramasser tout ce qui était positif, l'Islam suscita une activité de traduction, d'écrits, de compilation et d'investigation sans précédent, dans la dernière partie du premier siècle, activité qui s'épanouit encore davantage pendant le deuxième siècle et les suivants, pour devenir un événement marquant dans l'histoire de la culture. Tout cela était le résultat de la formation islamique.
En réalité, la tradition évolutive de l'histoire requiert que les réalisations des nations antérieures soit plus développées. Bien que l'histoire humaine soit pleine de hauts et de bas, de déviations, de pauses et de rétrogradation, la réaction du mouvement réformateur et révolutionnaire conduisait toujours, en général, à de bons résultats. Il existe beaucoup d'exemples illustrant ce point, spécialement dans l'histoire islamique. En somme, on peut dire que l'histoire s'acheminait vers l'avant.
La corruption de la direction
Nous ne devons pas oublier que les porteurs du Message de l'Islam (les gouvernants) étaient des hommes qui avaient acquis, d'une façon ou d'une autre, de l'influence dans les cercles islamiques. Et en tant qu'hommes, ils avaient diverges émotions et passions, et pouvaient même parfois être disposés à devenir oppressifs et déloyaux envers le système. C'est le système idéologique lui-même qui guide et modifie l'action des individus et la conserve au cours de l'évolution.
Mais il est nécessaire, pour conserver son pouvoir constructif, que le système soit conduit, administré et interprété par des dirigeants dignes de foi, au courant de ses fondements, et disposés à tenir leurs engagements.
Si la direction elle-même a une disposition à la corruption, et que malgré les instructions du système, elle s'implique dans la thésaurisation de la fortune, la discrimination de classe, la vie luxueuse et dans d'autres vices, le système cesse d'être efficace par manque d'adeptes sincères. Dans un tel cas, progressivement, les principales instructions du système sont déformées, car les gouvernants essaient de garder tout sous leur contrôle pour servir leurs propres intérêts, faute de pouvoir oser s'opposer directement et ouvertement au système, étant donné que, tout en étant usurpateurs, ils doivent leur position et leur pouvoir au système lui-même. En outre, ils doivent tenir compte des sentiments du public et du soutien populaire au système. De là, ils prétendent publiquement être les champions de la défense du système, mais ils enfoncent un poignard dans son dos secrètement.
Cette tragédie survint vraiment dans l'histoire de l'Islam. Les gouvernants corrompus des Omayyades et des Abbassides n'étaient pas des produits authentiques de l'Islam. Ils se sont emparés de la direction de la société musulmane contre tous les critères islamiques. Puis, pour édifier le haut palais de leur propre pouvoir, ils se mirent à dénaturer l'Islam avec l'aide de leurs agents stipendiés qu'ils avaient choisis parmi les historiens, les prêcheurs, les "traditionnistes" et les exégètes. Dans ce processus, ils ébranlèrent l'entité islamique éducatrice de l'homme. En fait, tel fut le sort de tous les grands mouvements de l'histoire. Il arrive souvent qu'après s'être installés, les pionniers tombent en proie à l'égoïsme et aux dissensions, et que pour obtenir le pouvoir ils commencent à se battre entre eux. Progressivement, les buts et les objectifs du mouvement sont sacrifiés aux individus. Le système est utilisé au service des dirigeants, alors que ceux-ci ne rendent aucun service valable au système.
La résistance interne
Cette situation demande une action de l'intérieur de la société. Face à cette tragédie, l'Islam détient un brillant record de soulèvements internes. L'agitation contre 'Othman, le troisième Calife, la grande épuration interne sous le Califat de l'Imam Ali (P), la résistance héroïque de l'Imam al-Hussayn (P), puis son martyre, les mouvements académiques de l'Imam al-Bâqir (P) et de l'Imam al-Çâdiq (P) en vue de la renaissance du système, les soulèvements sanglants des Alawites et des descendants de l'Imam al-Hassan (P), ainsi que d'autres événements qui eurent lieu en Iran, en Egypte et dans d'autres pays musulmans durant les règnes des Omayyades et des Abbassides, tous ces mouvements survinrent en réaction contre la situation odieuse créée parles gouvernants et le système corrompu imposé de force par eux (les détails de ces mouvements intérieurs doivent être abordés dans un livre à part). En tout cas, pour remédier à une telle situation, l'Islam a prescrit les principes de vigilance, de sacrifice de soi, de jihâd intérieur (auto-réforme) ainsi que l'exhortation au bien et l'interdiction du mal.
Les envahisseurs influencés
Les guerres et les conflits internationaux cristallisent les événements marquants de l'histoire.(48) L'objectif des croisades était inhumain. Elles furent lancées contre les Musulmans par ceux qui souffraient de rigidité mentale, de préjudice, de conceptions erronées, de discrimination de classe, de stagnation intellectuelle, de retard éducationnel, et de fossilisation médiévale. Ces guerres furent déclenchées dans le but de s'opposer à une nouvelle religion et à un système mondial qui croyaient aux valeurs humaines et qui avaient remplacé la discrimination et l'inégalité par la justice et l'égalité, et mis à la place du paganisme la femme croyance en Un Dieu. Le résultat fut une terrible effusion de sang, une destruction à grande échelle et beaucoup d'incidents ignobles qui se poursuivirent pendant plus d'un siècle. Même dans cette situation, l'Islam joua son rôle constructif. Les croisés se mélangèrent aux Musulmans et découvrirent la grande et riche culture de l'Islam de leurs propres yeux. Ils furent les témoins oculaires du système social avancé des Musulmans, de leurs bibliothèques, leurs centres éducatifs, leurs lois sociales, leurs organisations sociales, leurs centres civiques et toutes les autres réalisations sociales et intellectuelles. Il s'ensuivit que les yeux et les oreilles des croisés furent ouverts. Ils sortirent donc de leur environnement fermé et de l'étroitesse suffocante de leurs systèmes intellectuel et social. Leur plus grande réalisation, au-delà de toute cette effusion de sang et de ce combat, fut leur contact avec la culture et les principes idéologiques de l'Islam. L'Europe se réveilla après un sommeil de mille ans. La pénétration de la culture de l'Islam en Espagne et sur les côtes françaises, ouvrit les portes d'une nouvelle culture et d'une nouvelle pensée aux Européens.
Les travaux et les livres islamiques furent traduits de plus en plus en langues européennes. On peut dire justement qu'au début, le progrès industriel et scientifique, et les changements sociaux dans la nouvelle Europe et pendant la période qui suivit la Renaissance, furent inspirés de la culture musulmane.
Un triple effort
Pour assurer l'évolution historique, l'homme doit se battre sur trois fronts. a) Il doit faire des efforts pour découvrir les lois de la nature, soumettre les forces naturelles et les utiliser.
b) Il doit combattre les rapports sociaux injustes et assurer la justice, la liberté et les droits humains.
c) Il doit contrôler ses passions, combattre l'égoïsme, les vils désirs et les maux intérieurs. L'Islam a incité ses adeptes à entreprendre une action sur tous les trois fronts. Il a mis en avant, à cet égard, ses enseignements et ses plans, les a expérimentés et les a mis en pratique jusqu'à un certain point.
L'Islam a également fait l'expérience de la formation d'une société juste et libre et mis en avant les vraies grandes lignes des droits humains. Ce que l'homme a pu apprendre dans ce domaine, après avoir subi des guerres prolongées et des tribulations terribles, l'Islam l'avait déjà enseigné. Ce qui est plus important que toute autre chose, c'est que les instructions que l'Islam a données dans le "grand jihâd" consistent en la formation du caractère et l'auto-contrôle. Ces instructions sont pratiques et détaillées, et encadrées dans un vaste programme. L'Islam a produit également des hommes modèles qui peuvent être un exemple idéal pour les autres. Le fait que l'histoire de l'Islam soit riche en ce genre de modèles, peut être considéré comme le plus grand miracle de ladite histoire.
Le monde contemporain obtient des succès rapides sur le premier front. Beaucoup de grandes réalisations scientifiques et industrielles ont permis à l'homme de contrôler la nature. Et étant donné que l'homme utilise ses réalisations scientifiques pour son succès matériel et pour la satisfaction de ses désirs, il est probable que le progrès dans ce domaine se poursuivra sans arrêt. Pour ce qui concerne le second front, on ne peut pas nier que quelques grands changements sociaux aient eu lieu et que la lutte pour opérer d'autres changements radicaux se poursuive. Tout au long de l'histoire, on a assisté à certains succès sur ce front aussi. Mais le problème demeure encore irrésolu. On peut dire que ce qui a été accompli, n'est que le début d'un long voyage. En tout cas, la grande question est de savoir si la lutte contre les bases d'un pouvoir acharné à déployer son autorité dans le but d'exploiter les gens et de piller leurs ressources naturelles et humaines peut déboucher facilement sur un succès final? Est-ce que les acteurs internationaux empreints de malveillance, qui ont tant d'astuces dans leurs bagages et qui inventent même de nouvelles méthodes pour dévorer les nations, laissent faire l'homme opprimé et réprimé? Le voyage est long. Des sacrifices, des mesures adéquates, d'autres efforts sont nécessaires pour s'assurer ce succès.
Le succès sur ce front ne peut pas être atteint sans obtenir de succès sur le troisième front. L'histoire a soif de vrais hommes, et aujourd'hui, cette soif devient intense. Il y a un vice spiritual. On a l'impression que l'humanité a été oubliée. Les sentiments humains sont piétinés. L'endurance, le sacrifice de soi, l'humanisme, la liberté spirituelle, la pureté, la renonciation à l'égoïsme et l'égoïsme étroit sont des besoins universels. L'acquisition de ces qualités est essentielle pour que des hommes purs puissent être capables d'utiliser les réalisations du premier front au profit de l'homme, et non au service du mal, ni pour la satisfaction de leurs propres désirs, et pour qu'ils puissent trouver, sur le second front, une atmosphère libre et humaine dans laquelle la terre pourra être remise à des hommes droits. Le Coran dit: «Mes serviteurs intègres hériteront de la terre».
Le triomphe final de la vérité
L'Islam annonce une bonne nouvelle selon laquelle le plus haut et le dernier stade du cours de l'histoire est nettement heureux. Il affirme que l'apogée de l'histoire et la fin des efforts humains enregistreront le triomphe total et logique de la vérité et de la justice. Mais ce stade n'arrivera qu'après que:
a) Le monde sera devenu plein d'oppression, de tyrannie, de contradictions extrêmes, et prêt à exploser;
b) Les guerres étendues et prolongées, régionales et mondiales, auront débouché sur une destruction et une effusion de sang à grande échelle; c) Les partisans d'une authentique révolution mondiale finale de l'histoire auront été prêts à la déclencher.
Cette révolution finale (prédite par le Prophète de l'Islam) aura lieu sous la direction du plus grand Réformateur divin et révolutionnaire, le Madhi Promis, et aboutira à la purification permanente, à l'amélioration de l'environnement, au développement ininterrompu de la personnalité et à une vigilance totale et bien déterminée. Le résultat sera l'émergence d'un homme équilibré et pleinement développé, doté de tous les talents et valeurs, dans une société mondiale unique.
«Nous voulions favoriser ceux qui avaient été opprimés sur la Terre, et Nous voulions en faire des chefs et des héritiers; Nous voulions leur donner le pouvoir sur la Terre et montrer à Pharaon, à Hâmân et leurs armées ce dont ils avaient peur». (Sourate al-Qaçaç, 28: 5-6) * * *
LA VICTOIRE FINALE
L'Islam explique l'histoire comme étant une lutte constante entre le bien et le mal. Cette lutte se déroule, aux différents niveaux de la société, entre les forces du bien, de la vertu et de l'amour d'Allah, de la justice, de la foi, de l'égalité, du sacrifice, de la pensée correcte, de la pureté et de la vérité d'une part, et d'autre part celles du faux, de l'égoïsme, du matérialisme, du pragmatisme, de la tyrannie, de l'injustice, de l'incroyance, de la discrimination, de la corruption, de la violation des droits des autres. La vraie source de la lutte entre le bon droit et le faux existe à l'intérieur de l'homme lui-même (voir: Sourate al-Chams, 91:7). Elle se manifeste tantôt sous la forme des flammes de l'égoïsme, de la vénalité et de la lascivité, tantôt sous la force des sentiments les plus nobles, de la recherche d'Allah, de la droiture et de l'amour de l'humanité. L'impact de ces sentiments sur la société crée des vagues puissantes qui provoquent parfois un conflit débouchant sur la corruption et la misère, et qui entraînent parfois des changements tendant au bonheur et à la prospérité de la société. Il n'y a pas de doute que les changements vers le mieux sont suscités par l'Assistance divine, mais le rôle de l'effort humain et de la lutte ne peut pas être nié.
Un Prophète se soulève. Il réveille les coeurs qui sont potentiellement prêts à accepter la vérité. La foi d'un groupe de convertis est mûre. Ceux-ci combattent avec lui contre la corruption et le mal. Ils continuent de progresser graduellement et ne vacillent à aucun stade, jusqu'à ce que la société connaisse un changement fondamental.
Le polythéisme, les mythes, l'injustice et la corruption s'effondrent. La croyance en Allah, la Vérité et la Justice prennent racine. Avant longtemps, l'égoïsme, la lascivité et les tendances aristocratiques surgissent de l'intérieur de la même société et se mettent rapidement en avant. Occasionnellement, la même société, bien qu'elle maintienne la forme traditionnelle, dévie tellement de la voie introduite par le réformateur qu'elle commence à pourrir de l'intérieur, et une fois de plus, elle revient vers les voies de l'anté-réforme, bien entendu, dans un nouvel habit d'hypocrisie et sous de nouvelles formes d'injustice et de corruption. Parfois, des éléments extérieurs oeuvrent efficacement, avec l'aide de leurs agents intérieurs, en vue de répandre la corruption et la dislocation. Pour atteindre leurs buts égoïstes, ces agents coopèrent volontairement avec l'ennemi extérieur. Cet état d'injustice, de corruption, de mythe et de fraude incite les gens intelligents et les opprimés à lancer un nouveau mouvement. Ainsi le processus de lutte contre le bon droit et le faux continue.
L'Islam croit que cette pompe, cette démonstration et ce pouvoir du mal étaient éphémères tout au long de l'histoire. Il considère toutes les sortes d'intrigues, de fraudes, d'hypocrisies et de faussetés comme l'écume de l'eau. Elles n'ont pas de racines et sont condamnées à disparaître finalement (cf. Sourate al-Ra'd, 13: 17; Sourate al-Asrâ', 17: 81; Sourate al-Anbiyâ', 21: 18; Sourate al-Chourâ, 42: 24, et beaucoup d'autres versets). La Vérité maintient toujours son effet positif soit dans une action individuelle, soit dans un mouvement social même lorsqu'elle est menacée par la fausseté, et elle a toujours besoin de partisans pour la défendre.
L'Islam reconnaît la nécessité des efforts humains, de la persévérance et de la foi dans la mise en oeuvre d'un changement social, et considère la faiblesse, le manque de foi et le dévergondage comme les causes de la domination du faux.
En tout cas, c'est cette lutte qui fait l'histoire. Pour ce qui concerne l'avenir, il est brillant. A la fin, le bon droit sera victorieux et la justice prévaudra. Toutes les formes du faux seront annihilées, l'oppression et la tyrannie disparaîtront définitivement.
L'AVÈNEMENT D'AL-MAHDI
Une suprématie complète et définitive du bon droit, et une victoire universelle de la justice, se matérialiseront durant la période de l'apparition de Mohammad al-Mahdi, le douzième Imam. A cette époque-là une société islamique idéale sera établie sous l'égide d'un gouvernement idéal (Pour plus de détails, voir: "The Awaiter Saviour", ISP, 1979, et en français: "Al-Mahdi", trad., Abbas Ahmad al-BOSTANI, 1983).
Dans les pages suivantes, nous esquissons une perspective de la société et du système de cette époque-là, dépeinte d'après des centaines de hadith décrivant les caractéristiques de cette période. Il est à rappeler que cette société sera une vraie société et que son système ne sera en aucune manière différente de celle prescrite par l'Islam.
Nous nous proposons de diviser cette étude en plusieurs rubriques:
Au seuil de l'apparition
Le Saint Prophète (P) a dit:
«Il se soulèvera à un moment où le chaos prévaudra dans le monde. Différents pays seront engagés dans des attaques de nuit que les uns lanceront contre les autres. Ni l'aîné n'aura de compassion pour le cadet, ni le fort ne fera preuve de bonté envers le faible». L'Imam Mohammad al-Bâqir (P) a dit:
«Al-Mahdi se soulèvera à une époque de grande anxiété, où les gens seront plongés profondément dans des crises, des perturbations, des désastres et des malaises, et où de vastes massacres, de violentes dissensions et des discordes religieuses seront des signes des temps. A cette époque-là les gens se sentiront affligés et déprimés et seront à couteaux tirés les uns avec les autres. Ils éprouveront, jour et nuit, le désir de se voir morts. Il apparaîtra à un moment de manque total d'espoir».
«Il se lèvera pour établir la justice à une époque où le monde sera plein d'injustice et de tyrannie».
Il n'y a pas de doute qu'il se soulèvera à une époque où le monde entier sera plongé dans l'injustice et la tyrannie, et pour combattre tous ces maux, il aura à engager une lutte terrible. Il aura besoin de partisans fidèles, prêts au sacrifice et possédant toutes les qualités d'un vrai héros.
Le Dirigeant révolutionnaire et ses partisans
Le Saint Prophète a décrit l'Imam de l'Époque dans les termes suivants:
«C'est un homme pieux, pur et ravissant. C'est un admirable dirigeant qui est bien guidé et qui impose la justice. Allah le reconnaît et il reconnaît Allah». En ce qui concerne la foi et la persévérance de ses compagnons, l'Imam Ja'far al-Çâdiq (P) a dit: «Chacun de ses compagnons sera si fort qu'on dirait qu'il possède la force de quarante hommes. Leurs coeurs seront aussi forts qu'un morceau d'acier. S'ils passaient sur une colline de fer, ils la perceraient. Ils ne déposeront leurs armes que lorsqu'ils auront plu à Allah». D'autres rapports nous apprennent qu'à cette époque-là il y aura certaines gens qui seront sincères, vertueux, fidèles, religieux, pieux, consciencieux, tolérants, fermes, constants et attachés à Dieu. Ils seront reconnaissants envers Allah qui les aura rendus héritiers du pouvoir et de la richesse sur la terre et qui aura établi leur foi choisie. Ils n'adoreront qu'Allah, ils feront leurs prières à l'heure prescrite et paieront la zakât à l'échéance. Ils appelleront au bien et interdiront le mal».
On attribue à l'Imam al-Çâdiq (P), les propos suivants, relatifs aux adeptes d'al-Mahdi: «La peur aura été éliminée de leurs coeurs et placée dans celui de l'ennemi. Chacun d'eux sera plus rapide que la flèche et plus hardi que le lion».
Subir les difficultés pour réaliser le succès
On doit comprendre que le succès ne s'obtiendra pas facilement. Il ne se réalisera qu'après de longues périodes de troubles et d'inconfort.
Al-Mufadh-dhal, un compagnon de l'Imam Ja'far al-Çâdiq (P) dit: «Une fois nous parlions d'alMahdi en présence de l'Imam (al-Çâdiq). J'ai dit que je souhaitais qu'il réussisse facilement. L'Imam a répondu: "Non, ce ne sera pas ainsi. Le succès ne sera atteint que par la sueur et le sang"».
En d'autres termes, le succès ne se réalisera qu'à la suite de grands efforts et qu'après qu'on aura subi de lourdes pertes.
Un compagnon de l'Imam Mohammad al-Bâqir (P) dit: «J'ai informé l'Imam qu'on avait dit qu'al-Mahdi aurait une marche calme, et qu'il n'aurait à répandre aucune goutte de sang. L'Imam m'a répondu: "Non, ce ne sera pas ainsi. Si les choses pouvaient se dérouler si calmement, (je jure) par Celui qui dispose de ma vie, que le Prophète de l'Islam n'aurait pas été blessé et ses dents n'auraient pas été cassées dans une bataille. Non, ce n'est pas possible. Par Allah, il n'y a pas d'autre voie que celle dans laquelle nous sommes submergés, vous et nous, dans notre propre sueur et dans notre sang"». Cela signifie qu'aussi bien les dirigeants que leurs parti sans devront faire des sacrifices avant de parvenir au succès.
L'Imam Ja'far al-Çâdiq (P) a dit également: «Je vois al-Mahdi et ses compagnons comme s'ils étaient menacés par un danger venant de toutes parts: leurs vivres sont épuisés, leurs vêtements usés, leurs fronts portent la marque de leurs prosternations; pendant la journée, ils sont aussi courageux qu'un lion et durant la nuit, ils sont occupés à l'adoration d'Allah, et leurs coeurs sont aussi solides qu'un morceau d'acier».
En tout cas, tous ces sacrifices et toutes ces difficultés auront une fin heureuse. L'Imam Ja'far al-Çâdiq (P) a dit:
«Il est vrai que l'homme droit mène toujours une vie dure. Mais la fin de ses difficultés n'est pas loin».
Néanmoins, le succès d'al-Mahdi sera largement dû à l'Assistance divine invisible. Beaucoup de hadiths en témoignent.
A la suite de ces sacrifices et de cette Assistance divine, un vrai gouvernement islamique sera établi.
Ci-après quelques rapports qui projettent un peu de lumière sur le système doctrinal et social qui sera établi par al-Mahdi.
Expliquant le verses coranique, «C'est Allah qui a envoyé Son Messager avec la Guidance et la Religion vraie pour la faire prévaloir sur toutes autres religions, en dépit de l'opposition des polythéistes.» (Sourate al-Tawbah, 9: 33), l'Imam al-Çâdiq (P) a dit: «Ce verses se réalisera à l'époque d'al-Mahdi, où les incroyants n'existeront plus longtemps». A présent, l'Islam est entouré de certaines gens qui sont imprégnés de tellement de mythes et de doutes qu'il apparaît comme une religion différente (de ce qu'il est réellement). Cette situation durera jusqu'à l'apparition d'al-Mahdi.
L'Imam Ja'far al-Çâdiq (P) a dit:
«Dès qu'al-Mahdi apparaîtra, il établira un nouveau système, identique à celui que le Prophète avait établi au début de l'Islam».
L'Imam Ja'far-Çâdiq (P) a dit encore:
«Al-Mahdi fera ce que le Saint Prophète avait fait. Il renversera le système existent de la même manière que le Prophète avait brisé le système païen de l'anté-Islam pour le remplacer par le système islamique».
Le nouveau système qu'introduira al-Mahdi semblera tellement bizarre à certains de ceux qui se diront être les défenseurs de la religion et en avoir une parfaite connaissance, qu'ils s'opposeront à lui, mais ils ne seront pas capables de résister au mouvement divin mondial et périront.
Au terme d'un discours détaillé, l'Imam al-Bâqir (P) dit: «En une certaine occasion, alors qu'alMahdi sera occupé à relater les Commandements divine et à parler des traditions du Saint Prophète et des Imams, une attaque contre lui sera lancée à partir des lieux de culte. L'Imam ordonnera à ses partisans d'arrêter les insurgés et de les mettre à mort. Ce sera la dernière action hostile contre al-Mahdi».
Lorsque les pécheurs auront été écrasés et que l'attitude islamique correcte aura été généralisée, l'atmosphère conduira à la croissance et à l'expansion de la connaissance. On rapporte de l'Imam Ali (P) les propos suivants: «Je vois un grand nombre de tentes dressées sous lesquelles des gens sont en train d'apprendre le Coran selon l'ordre dans lequel il a été révélé».
Au cours d'un discours sur cette époque-là, l'Imam Muhammad al-Bâqir (P) a dit: «La connaissance sera si communément répandue que même les femmes prendront leurs décisions sur la base du Coran et de la Sunnah du Saint Prophète». La connaissance dans les divers domaines se développera. La somme des découvertes du passé sera très insignifiante par rapport à celles qui seront faites pendant cette période-là. Selon un rapport, l'Imam Ja'far al-Çâdiq (P) a expliqué cette situation d'une façon allégorique: «Si la totalité de la connaissance humaine possible, a-t-il dit, est supposée être de soixante-douze lettres, deux lettres seulement auront fait partie du passé et les soixante dix restantes seront découvertes graduellement pendant cette époque-là». A propos du développement intellectuel et moral des gens, l'Imam Mohammad al-Bâqir (P) dit: «Lorsque notre Imam Qâ'im apparaîtra et que les gens seront sous sa protection, leurs facultés intellectuelles s'épanouiront et leurs qualités humaines seront perfectionnées et porteront leurs fruits».
Durant cette période, les masses des dépossédés seront les maîtres du pouvoir et de la richesse du monde. De nombreux hadiths disent que le verset suivant relate ladite période: «Nous voulions favoriser ceux qui avaient été persécutés sur la Terre et Nous voulions en faire des gouvernants de la Terre». (Sourate al-Qaçaç; 28: 5)
Ainsi, le pouvoir et l'autorité des tyrans et des égoïstes prendront fin et la justice sera restaurée partout sous le nouveau système. Il remplira la Terre de justice après qu'elle aura été pleine d'injustice et de tyrannie.
«L'Imam al-Qâ'im enjoindra la justice. Durant son époque, l'injustice sera défaite. Les chemins seront sûrs. Les droits seront restaurés. L'égalité prévaudra totalement». L'Imam Mohammad al-Bâqir (P) a dit: «Immédiatement après son apparition, l'Imam al-Qâ'im distribuera la richesse avec égalité, et il restaura les droits des masses».
Lorsque le bon travail aura été confié à l'homme droit et que la justice aura complètement prévalu, tout le monde sera naturellement heureux à tous les égards. «Les bénédictions tomberont en abondance du Ciel sur la Terre. La Terre fera pousser le meilleur produit. Les arbres porteront des fruits juteux. L'atmosphère de la Terre sera verdoyante et parfumée».
Il est également évident que dans une telle atmosphère les minéraux et les ressources naturelles seront exploités au maximum. Selon un hadith: "Allah lui révélera les trésors de la Terre". A la fin, toutes les forces naturelles seront contrôlées par les gens, lesquels auront obtenu les moyens de les utiliser à leur propre avantage. Il y aura progressivement tellement de richesses que personne ne restera pauvre ou nécessiteux.
«On paiera un double salaire aux travailleurs. L'égalité entre les gens sera observée. Personne n'aura le droit de recevoir la Zakât. L'argent sera offert aux gens, mais ils déclineront cette offre, parce qu'ils n'en auront pas besoin. Toutes les ressources naturelles du sous-sol et de la surface de la terre seront à la disposition de l'Imam. S'adressant aux gens, celui-ci leur dira: "Voilà la richesse pour laquelle vous vous battiez, vous coupiez vos liens avec vos proches et vos parents, et vous répandiez le sang des autres". Puis il leur donnera de l'argent en quantités inouïes». Dans ces circonstances, la paix totale, la loi et l'ordre prévaudront. «A cette époque-là, une paix totale régnera sur le monde. Personne ne nuira à personne. La peur et l'anxiété n'auront pas d'existence. Même les animaux sauvages se déplaceront parmi les gens sans faire de mal à personne. Les gens éprouveront de l'amour et de la sympathie , les uns pour les autres. Ils distribueront la richesse entre eux d'une façon égalitaire. Il n'existera plus aucun pauvre ni aucun nécessiteux. Aucun groupe de gens ne cherchera à dominer un autre groupe. Les aînés se montreront bons envers les cadets, et ceux-ci respecteront ceux-là. Tous les gens seront consciencieux dans leurs actions et leurs décisions». L'amour, la bonté, l'intégrité et la fraternité prévaudront. Il ne sera pas question de tromper ou de traiter mal quiconque; une sincérité et une cordialité totales domineront. «Lorsqu'al-Qâ'im apparaîtra, on connaîtra une telle sincérité bienveillante et une telle cordialité que lorsque quelqu'un prendra dans la poche d'un autre ce dont il aura besoin ce dernier ne s'en fera guère».
Toutes les formes de faiblesse, de malaise et d'invalidité disparaîtront. «Concernant ceux qui vivront à l'époque d'al-Qâ'im, leurs malades recouvreront la santé, et leurs faibles se renforceront».
«Tous les aveugles et les estropiés seront guéris, et tous les gens souffrants se débarrasseront de leurs souffrances».
«Un gouvernement mondial caractérisé par la justice et la droiture sera instauré. Il s'étendra de l'Est à l'Ouest. Tous les gens vivront sous ce gouvernement dans un climat de paix, de justice et de prospérité».
«Des relations cordiales régneront entre les croyants dans le monde entier. On dirait que les gens, d'un bout à l'autre de la Terre, se voient les uns les autres, parlent les uns aux autres et coopèrent les uns avec les autres».
Ces relations seront différentes des relations et des accords de paix de nos jours, qui sont conclus uniquement dans le but de sauvegarder les intérêts des puissances concernées et qui, de ce fait, ne sont pas stables. Tous les accords de ce type seront annulés avec l'apparition d'al-Qâ'im et seront remplacés par un système universel juste». A cette époque-là, il n'y aura pas d'hypocrisie, ni d'intrigues, de démonstrations de courtoisie, ou de méthodes sournoises. Chacun devra se soumettre de bon coeur au gouvernement légitime. Tous les réfractaires seront annihilés.
Ce gouvernement marqué par la restauration finale et complète de la justice et du plein développement sera le dernier stade de l'histoire de l'humanité. Le Gouvernement Divin sera établi après la chute des autres systèmes, pour réaliser les objectifs désirés. Bien qu'il soit d'une durée limitée, il sera le dernier mot dans la justice et la droiture. Il sera la fin de l'histoire.(49)
Fin du Livre 1
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Notes
1. L'année-lumière est l'unité de mesure de l'espace, et consiste en la distance que la lumière parcourt en une année. La lumière se propage à la vitesse de trois cent mille kilomètre/seconde. 2. Ou en français: "Le Révélateur, le Messager, le Message", Traduit par Abbas Ahmad alBostani, 1983.
3. «... Nous vous avons créés d'argile, puis d'une goutte de sperme, puis d'un caillot de sang, puis d'un morceau de chair... » (Sourate al-Hajj, 22: 5) 4. «... puis de cela Nous avons produit un nouvel être...» (Sourate al-Mo'min, 23: 14) 5. «IL l'a parachevé et insufflé en lui de Son Esprit». (Sourate al-Sajdah, 32: 9) 6. «Nous avons ennobli les fils d'Adam... et Nous leur avons conféré une supériorité sur beaucoup de Nos créatures». (Sourate al-Asrâ', 17: 70)
7. «Lorsque JE l'ai parachevé et que J'ai insufflé en lui Mon Esprit: Tombez prosternés devant lui». (Sourate Çâd, 38: 72)
8. «Lorsque ton Seigneur dit aux anges: "JE vais établir un lieutenant sur la Terre». Sourate alBaqarah, 2: 30)
9. «Ne voyez-vous pas qu'Allah a mis à votre service ce qui est dans les Cieux et ce qui est sur la Terre?» (Sourate Luqmân, 31: 20)
10. «IL vous a créés de la Terre et IL vous y a établis». (Sourate Houd, 11: 61) 11. «C'est Lui qui a fait pour vous la Terre très soumise. Parcourez donc ses vastes étendues et mangez ce qu'Allah a produit». (Sourate al-Molk, 67: 15) 12. «Nous avons ennobli les fils d'Adam. Nous les avons portés sur la terre ferme et sur la mer». (Sourate al-Isrâ', 17: 70)
13. «L'homme pensera-t-il que nous allons le laisser libre». (Sourate al-Qiyâmah, 75: 36) 14. «Pensiez-vous que Nous vous avions créés sans but et que vous ne seriez pas ramenés vers Nous?» (Sourate al-Mo'min, 23: 115)
15. «Nous avons créé l'homme, pour l'éprouver, de l'union d'un sperme et d'un oeuf. Nous lui avons donné l'ouïe et la vue». (Sourate al-Dahr, 76: 2) 16. «Par l'âme et Son Créateur qui lui a inspiré ce qui est bon et ce qui est mauvais pour elle». (Sourate al-Chams, 91: 7-8)
17. «Suis les commandements de la (vraie) nature humaine telle qu'elle a été créée par Allah. La création d'Allah ne change pas. Voici la religion droite». (Sourate al-Roum, 30: 30) 18. «... Nous avions proposé le "Dépôt" de la Foi aux Cieux, à la Terre et aux montagnes. Ceuxci ont refusé de s'en charger, ils en ont été effrayés. Seul, l'homme s'en est chargé, ... » (Sourate al-'Ahzâb, 6: 72)
19. - «Suis les commandements de la (vraie) nature humaine, telle qu'elle a été créée par Allah». (Sourate al-Roum, 30: 30)
- «L'homme a été créé sans repos». (Sourate al-Ma'ârij, 70: 19)
- «L'amour des joies que procurent les femmes, les enfants, les lourds amoncellements d'or et d'argent, les chevaux racés, le bétail et les plantations, est enjolivé aux gens». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 14)
- «Il est passionné dans son amour des richesses». (Sourate al-'Adiyât, 100: 8)
20. «L'homme se rebelle, dès qu'il se considère comme étant indépendant et auto-suffisant». (Sourate al-'Alaq, 96: 6-7)
21. «Juge les hommes selon la justice et ne suds pas tes propres caprices qui te feraient dévier du Chemin d'Allah». (Sourate Çâd, 38: 26)
22. «Si Nous lui faisons goûter un bienfait, après que le malheur l'a touché, il dit: "Les maux se sont éloignés de moi" et il devient fier et insolent; sauf ceux qui sont fermes et qui font des oeuvres bonnes». (Sourate Houd, 11: 10-11)
23. «Voilà la punition dont Allah menace Ses serviteurs. Mes serviteurs! Craignez-Moi donc!» (Sourate al-Zumar, 39: 16)
24. «Prospère est celui qui se purifie». (Sourate al-Ghâchiyah, 87: 14) 25. «Ceux qui se gardent de leur propre avidité seront prospères». (Sourate al-Hachr, 59: 9) 26. «Adorez Allah et faites le bien afin que vous soyez prospères». (Sourate al-Hajj, 22: 77) 27. «Prospères sont les croyants qui sont humbles dans leurs prières, qui évitent ce qui est absurde...». (Sourate al-Mo'minoun, 23: 1-11)
28. «O les croyants! Soyez patients! Encouragez-vous mutuellement à la patience! Etablissez de bonnes relations entre vous et craignez Allah, afin que vous puissiez être prospères». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 200)
29. «... Ils appellent à la vertu, exhortent à ce qui est bien et interdisent ce qui est mal. Voilà ceux qui seront prospères». (Sourate Âle 'Imrân, 3: 104) 30. «Nous avions proposé le Dépôt...» (Sourate al-Ahzâb, 33: 72) 31. «Nous dirigeons sur Nos Chemins ceux qui font des efforts pour Notre cause». (Sourate al'Ankabout, 29: 69)
32. «Nous sommes plus près de l'homme que sa veine jugulaire». (Sourate Qâf, 50: 16) 33. «Ne perdez pas courage; ne vous affligez pas, car vous aurez une vraie dignité, si vous êtes croyants». (Sourate Âle 'Imrân, 3: 139)
34. «Personne ne portera le fardeau de quelqu'un d'autre». (Sourate Fâtir, 35: 18) 35. «Le Jour où ni la richesse, ni les enfants ne seront utiles, sauf pour ceux qui iront à Allah avec un coeur pur». (Sourate al-Chu'arâ', 26: 88-89) 36. - «O Mes serviteurs! Vous n'avez rien à craindre ni à regretter aujourd'hui». (Sourate alZukhruf, 43: 68)
- «Ils s'arrachent de leur lit pour invoquer leur Seigneur avec crainte et espoir». (Sourate alSajdah, 32: 16)
- «Ils craignent leur Seigneur et redoutent les mauvais résultats de leur compte». (Sourate alRa'd, 13: 21)
37. Sa participation au pacte connu sous le nom de "Hilf al-Fudhûl" et l'histoire de la remise de la Pierre Noire à sa place en sont deux exemples. 38. «Leur Seigneur leur révéla: "Nous allons faire périr les injustes".» (Sourate Ibrâhim, 14: 13)
«Nous n'avons jamais détruit de cités, à moins que leurs habitants ne soient des injustes». Sourate al-Qaçaç, 28: 59)
39. Sourate al-Jum'ah; verset 2
40. «Mais la plupart des hommes ne savent pas» (Sourate al-Jâthiyah, 45: 26), et beaucoup d'autres versets. «La plupart d'entre eux ne suivent qu'une conjecture» (Sourate Yûnis, 10: 36).
«Mais la plupart d'entre eux sont insensés» (Sourate al-'Ankabout, 29: 63). «Mais la plupart d'entre eux détestent la Vérité» (Sourate al-Mo'minoun, 23: 70). «Mais la plupart des hommes ne croient pas» (Sourate al-Ra'd, 13: 1)
41. Sourate al-Tawbah; verset 113.
42. Sourate al-Nisâ'; verset 98.
43. Sourate al-Çaf; verset 10.
44. «Nous n'avons jamais puni un peuple avant de lui avoir envoyé un messager». (Sourate alAsrâ', 17: 15)
45. Sourate al-Mâ'idah, 6: 24
46. «Combattez-les: Allah les châtiera par vos mains». (Sourate al-Tawbâh, 9: 14) 47. «Allah ne veut pas les châtier, tant que tu es parmi eux, pas plus qu'IL ne les châtie tant qu'ils demandent pardon». (Sourate al-Anfâl, 8: 33) 48. «L'écume s'en va au rebut, mais ce qui est utile aux hommes reste sur la Terre». (Sourate alRa'd, 13: 17)
49. Toutes les citations et narrations de ce chapitre sont tirées de: "Bihâr al-Anwâr", d'alAllâmah Mohammad Bâqir al-Majlisi, Livre II, vol. 52