LES CROYANCES DES IMÂMITES
Le Mudjtahid rénovateur
Cheikh Muhammad Ridhâ Al-Mużaffar
Version arabe actualisée par:
Abdu l-Karîm Al-Kermâni
Traduit par:
Ibrahim Muntu Betu
Centre Mondial d’Ahlu-ul-bayt (a.s)
Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux
:ﱃﺎﻌﺗ ﷲا لﺎﻗ
ﻞ ﻫَأ ﺲ ﺟ ﺮﻟا ﻢ ﻜ ﻨ ﻋ ﺐِﻫْﺬ ﯿِﻟ ﻪ ﻠﻟا ﺪﯾ ﺮ ﯾ ﺎ ﻤ ﻧ إ ﴿
﴾ ا ﲑ ﻬ ﻄ ﺗ ﻢ ﻛ ﺮ ﻬ ﻄ ﯾ و ِﺖ ﯿ ﺒ ﻟا
Dieu a dit dans le Coran: «En vérité, Dieu veut
seulement éloigner de vous la souillure, ô gens de la
Demeure [du Prophète], et vous purifier totalement.»
Sourate al-Ahzab (S: 33, V: 33)
Plusieurs hadiths rapportés tant par l’école sunnite que par
l’école chiite disent que ce verset a été révélé à propos d’Ahl-ulAu nom de Dieu Clément et Miséricordieux Bayt, c’est- à-dire le Prophète, Ali, Fatima, al-Hacène et al-
Hussein (que la paix de Dieu soit sur eux).
Pour plus de détails, le lecteur pourra consulter les ouvrages
suivants: mousnad Ahmed (v:1, p:331 / v:4, p:107 / v:6, p:292
et 304); sahih Mouslim (v:7,p:130); sounan at-Tirmidhi (v:5,
p:361); adh- dhourriyya at-tahira an-nabawiyya de Doulabi
(p:108); as-sounan al-koubra de Nisa’i (v:5, p:108 et 113); almoustadrak ‘ala as-sahihayn d’al-Hakem an-Neychabouri (v:2,
p:416 /v:3, p:133, 146 et 147); al-borhan de Zarkachi (p:197);
fath-ul-Bari fi charh sahih al-Boukhari de Ibn Hajar al‘Asqalani (v:7, p:104); osol al-Kafi d’al-Kouleyni (v:1, p:287);
al-imama wa at-tabsira de Ibn Babaweyh (p:47, hadith:29); alKhisal de cheikh as-Sadouq (p:403 et 550); al-amali de cheikh
at-Tosi ( hadiths 438, 482 et 783),…
:3 ِﷲﺍ ﹸﻝﻮﺳﺭ ﹶﻝﺎﻗَ
ﹾﻥﺇ ﺎﻣ ،ﻲﺘﻴﺑ ﹶﻞﻫﺃ ﻲﺗﺮﺘﻋﻭ ِﷲﺍ ﺏﺎﺘﻛ :ﹺﻦﻴﹶﻠﹶﻘﱠﺜﻟﺍ ﻢﹸﻜﻴﻓ ﻙﹺﺭﺎﺗ ﻲﻧﺇ»
ﻲﹶﻠﻋ ﺍﺩﹺﺮ ﻰﺘﺣ ﺎﹶﻗﹺﺮﺘﹾﻔﻳ ﻦﹶﻟ ﺎﻤﻬﻧﺇﻭ ،ﹰﺍﺪﺑﺃ ﻱﺪﻌﺑ ﺍﻮﱡﻠﻀﺗ ﻦﹶﻟ ﺎﻤﹺﻬﹺﺑ ﻢﺘﹾﻜﺴﻤﺗ
«.ﺽﻮﺤﹾﻟﺍ
ﺮﺗاﻮﺘﳌا ﻒﯾﺮﺸﻟا ﺚﯾﺪﳊا اﺬﻫ درو
ردﺎﺼﳌا ﻦﻣ ﲑﺜﻜﻟا ﰲ ةدﺪﻌﺘﻣ رﻮﺼﺑ
،٧ج ﻢﻠﺴﻣ ﺢﯿﺤﺻ :ﺎﻬﻨﻣ ﺔﯿﻣﻼﺳﻻا
،4٣٢ص ،٢ج ﻲﻣراﺪﻟا ﻦﻨﺳ ،١٢٢ص
،5٩ ،٢6 ،١٧ ،١4ص ،٣ج ،ﺪﲪا ﺪﻨﺴﻣ
،١٨٢ ص ،5ج ،٣٧١ ،٣66ص ،4ج
،١4٨ ،١٠٩ص ،٣ج ،ﻢﻛﺎﳊا کرﺪﺘﺴﻣ
.ردﺎﺼﳌا ﻦﻣ ﺎﻫﲑﻏو ،5٣٣
Le Prophète (a.s.s) a dit: «J’ai laissé parmi vous deux
trésors: le Livre de Dieu (le Coran) et les membres
[immaculés] de ma famille (Ahl-ul-Bayt); ils ne se
sépareront point jusqu’à ce qu’ils viennent me
rejoindre au Bassin paradisiaque. »
Ce hadith authentique est cité dans plusieurs ouvrages
islamiques, parmi lesquels on peut citer: sahih
Mouslim (v: 7, p: 122), sounan ad-Darami (v: 2, p:
 432), mousnad Ahmed (v:3, p:14,17,26 et 59 / v: 4,
p:366 et 371 / v:5, p:182), moustadrak al-Hakem (v: 3, p: 109, 148 et 533).
LES CROYANCES DES IMÂMITES
Auteur: Le Mudjtahid rénovateur Cheikh
Muhammad Ridhâ Al-Mużaffar
Projet superviséé par: Direction génerale
recherche, Service des traductions, le
département des affaires culturelles Centre
Mondial d’Ahl-ul-bayt ('a)
Traduit par: Ibrahim Muntu Betu
Correcteur: Abbas Ahmad Boustani
Contrôl final: Sumayyeh Ibrahim Khalili Tabrizi
Date de publication: 2011
Imprimerie: Mujab
Tirage: 5000
Publication: Centre Mondial d’Ahl-ul-Bayt (a.s)
Site internet: www.Ahl-ul-Bayt.org
Courriel: info@Ahl-ul-Bayt.org
Tous droits réservés pour tous pays.
ISBN:978-964-529-677-1
PRÉFACE
Le patrimoine légué par Ahl-ul-Bayt (le Prophète et les membres immaculés de sa famille) et conservé par leurs fidèles partisans, est à juste titre une école pluridisciplinaire. Source intarissable de savoir, cette école n’a cessé de former des savants érudits capables d’assimiler les opinions des différents courants idéologiques et de répondre aux questions soulevées, tant en terre d’Islam qu’ailleurs.
A l’instar d’Ahl-ul-Bayt (a.s) et de leurs fidèles partisans qui ont su relever tous les défis, le Centre Mondial d’Ahl-ul-Bayt s’est chargé d'éclairer et de défendre la vérité si longtemps occultée, tant par les maîtres des différentes écoles islamiques que par les ennemis de l’Islam.
Les ouvrages dont dispose l’école d’Ahl-ul-Bayt témoignent d’une expérience tout à fait particulière dans le débat et la critique. Ils recèlent un capital de connaissances exemptes de préjugés et appuyées par des arguments logiques. Ces ouvrages adressent aux savants et intellectuels concernés des messages rationnels que les gens de bon sens admettent de bon gré. A ce riche patrimoine, viennent s’ajouter des livres plus récents recélant de nouvelles recherches. Certains d'entre eux ont été compilés par des chercheurs issus de l’école d’Ahl-ul-Bayt et d’autres par des auteurs convertis à cette noble école. A une époque marquée par une ouverture d'esprit plus intense et un mélange croissant des populations, le Centre Mondial d’Ahlul-Bayt s’est engagé à répandre le message d’Ahl-ul-Bayt (a.s) à travers le monde en publiant tout ouvrage susceptible de guider les personnes en quête de vérité.
Nous tenons à remercier tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet ouvrage, et nous demandons à Dieu d’accorder sa miséricorde à Cheikh Muhammad Ridhâ Al-Mużaffar. En réalisant ce travail, nous espérons avoir accompli une partie de notre devoir envers Dieu «qui a envoyé son Messager avec la guidée et la religion de vérité pour la faire triompher sur toute autre religion. Dieu suffit comme témoin»1
Le Centre Mondial d’Ahl-ul-Bayt
1- «Sourate La Victoire», (s:48 / v:28)
AU NOM DE DIEU LE CLEMENT LE MISERICORDIEUX
Que la prière et la paix soient sur notre maître, prophète et guide, Muhammad et les gens pures et vertueux de sa famille; et que la malédiction soit sur tous leurs ennemis, et louange à Dieu le Maître des mondes.
AVANT-PROPOS
L'intérêt d'actualiser ce livre qui s'est manifesté en moi– s’il est correct d'employer dans ce sens le terme "actualiser" à l'époque présente– est dû, d’abord, au mérite du livre lui-même et, ensuite, au besoin pressant de le diffuser dans différents milieux, suite à l'attention que les savants, les traducteurs, les éditeurs dont Dâru l-Ghadîr, les centres scientifiques, culturels, etc., ont accordée à ce livre qui est petit par ses dimensions mais grand par son contenu. Les nombreuses rééditions, en différentes langues et en différentes couleurs, confirment la réalité de l'intérêt accordé à ce livre, dont voici une liste succincte:
A– En langue arabe:
1– Les croyances du Chiisme: Al-Mużaffar, Muhammad Ridhâ (1332-1384 H), préfacé par Dr Hâmid Hafnî Dâwûd en 1380 de l'hégire; Nadjaf, Dâru n-Nu'mân; 136 pages, format de poche.
2– Les Croyances du Chiisme: Al-Mużaffar, Muhammad Ridhâ (1332-1384 H), préfacé par Dr Hâmid Hafnî Dâwûd; imprimé au Caire dans les presses de l'imprimerie "An-Nadjâh", 1381 H.– 1961 S., 126 pages, format de poche.
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3– Les Croyances du Chiisme: Al-Mużaffar, Muhammad Ridhâ (1332-1384 H). Préface de Muhammad Mahdi Al-Aşifî et Hâmid Hafnî Dâwûd; Qûm, Dâru t-tablîghi l-islâmi, 1381de l'hégire, 176 pages, format de poche. La deuxième édition offset.
4– Les Croyances du Chiisme: Al-Mużaffar, Muhammad Ridhâ (1332-1384 H), préfacé par Dr Hâmid Hafnî Dâwûd. Cette présente édition se distingue de la première par d'importants ajouts. Imprimé au Caire imprimé dans les presses de l'imprimerie "An-Nadjâh", 1391 de l'hégire, 126 pages, format de poche.
5– Les Croyances du Chiisme: Al-Mużaffar, Muhammad Ridhâ. Préface de Muhammad Mahdi Al-Aşifî et Hâmid Hafnî Dâwûd (sans mention du nom de l'éditeur), 1393 de l'hégire, format de poche, 135 pages, offset.
6– Les Croyances du Chiisme: Le Mudjtahid Rénovateur, Cheikh Muhammad Ridhâ Al-Mużaffar, préfacé par le docteur Hâmid Hafnî Dâwûd; Qum, les éditions Sharîf Ridhâ. Deuxième édition, 1411 de l'hégire, 136 pages, format ministre.
7– Les Croyances du Chiisme: Al-Mużaffar, Muhammad Ridhâ (1332-1384 H). Préface de Muhammad Mahdi Al-Aşifî et Hâmid Hafnî Dâwûd; Qum, Shâkûrî, 1371 solo-hégirien– 1413 luno-hégirien. Deuxième édition par offset, 174 pages, format de poche.
8– Les Croyances du Chiisme: Le savantissime Cheikh Muhammad Ridhâ Al-Mużaffar (1904– 1964), recherches et annotations de Muhammad Djawâd Ţurayhî. Qum, la fondation Imam Ali (p), première édition, 1417 de l'hégire, 512 pages, format ministre.
9– Bidâyatu l-ma'ârifi l-ilâhiyyati fî sharhi 'aqâidi limâmiyya: commenté et annoté par Sayyid Muhsin Al-Kharâzî. Qum, centre de diffusion islamique, première édition (préfacé au courant de l'année 1366 solo-hégirienne– 1418 luno-
hégirienne), format ministre en deux tomes, dont le premier a 320 pages et le deuxième 281.
10– Les Croyances du Chiisme: Le savantissime Cheikh Muhammad Ridhâ Al-Mużaffar, Qum, le centre des recherches dogmatiques, 1422 de l'hégire, 176 pages, format de poche.
11– Les Croyances du Chiisme: Le Mudjtahid Rénovateur, Cheikh Muhammad Ridhâ Al-Mużaffar; préfacé par le docteur Hâmid Hafnî Dâwûd; Qum, la fondation Ansariyan, quatrième édition, 1422 de l'hégire, 135 pages.
12– Les Croyances du Chiisme: Al-Mużaffar Muhammad Ridhâ (décédé en 1384 de l'hégire). Préface de Hâmid Hafnî Dâwûd, Téhéran, Al-Maktabatu l-islâmiyyatu l-kubrâ, la fondation Al-Bi'tha (sans mention de date), 136 pages, format de poche.
13– Les Croyances du Chiisme: Al-Mużaffar Muhammad Ridhâ (sans mention de la date ni de l'éditeur), 136 pages, format de poche.
14– Les Croyances du Chiisme: Al-Mużaffar Muhammad Ridhâ. Préface de Hâmid Hafnî Dâwûd, Téhéran, Maktabatu Naynawa l-hadîtha (sans mention de date), 136 pages, format de poche.
15– Les Croyances du Chiisme dans sa nouvelle robe: Fâris Ali Al-'Amir; Qum, Sharîf Ridhâ, deuxième édition, 227 pages, format ministre.
16– Bidâyatu l-ma'ârifi l-ilâhiyyati fî sharhi 'aqâidi limâmiyya: commenté et annoté par: Sayyid Muhsin AlKharâzî. Qum: centre de diffusion islamique, septième édition en deux tomes dans un seul volume.
16 LES CROYANCES DES IMÂMITES
B– En d'autres langues
1– Les Croyances du Chiisme (en anglais): Al-Mużaffar Muhammad Ridhâ (1904– 1964). Qum: la fondation Ansariyan, 1409 de l'hégire– 1989 grégorien, 89 pages.
2– Les Croyances du Chiisme (en français): Al-Mużaffar Muhammad Ridhâ (1904– 1964). Traduit par Abbas Al-Bostani; révisé et annoté par Muhammad Djawâd Ţurayhî. Qûm: la fondation Imam Ali (p), sans date, 270 pages.
3– Les Croyances du Chiisme: (en russe): Al-Mużaffar Muhammad Ridhâ (1904– 1964). Traduit par le centre de traduction de l'Assemblée mondiale Ahl-ul-Bayt (p), 1998, 152 pages.
4– Les Croyances du Chiisme (en chinois): Al-Mużaffar Muhammad Ridhâ (1904– 1964). Traduit par Sulaymân Hi Khu; Téhéran, l'organisation pour la culture et les relations islamiques, 1997, 87 pages.
5– Les Croyances du Chiisme (en urdu): Al-Mużaffar Muhammad Ridhâ (1904– 1964). Traduit par Muhammad Naqawi Nadjafi; révision de Muhammad Djawâd Ţurayhî; Qûm: la fondation Imam Ali (p), première édition, 340 pages. 6– Les Croyances du Chiisme (en urdu): Al-Mużaffar Muhammad Ridhâ (1904– 1964). Corrigé par Amdjad Husayn Naqawi; Qûm: la fondation Imam Ali (p),1420 de l'hégire, 440 pages.
7– Les Croyances du Chiisme (en persan): Al-Mużaffar Muhammad Ridhâ (1904– 1964). Traduit par Ali Reza Masdjid Djâmi'; Téhéran, ministère de la culture et de l'orientation islamique, l'organisation de presse et de diffusion, 1380 de l'année solo-hégirienne, format ruq'i, 368 pages.
8– Les Croyances du Chiisme (en tadjik): Al-Mużaffar Muhammad Ridhâ (1904– 1964). Traduit par Eqbâl Estroshni;
Téhéran: l'organisation de la culture et des relations islamiques, 1997, 212 pages.
De même qu'il existe d'autres éditions des éditeurs cités et non cités que nous n'avons pas mentionnées ici par souci de concision.
C'est faire montre de reconnaissance que de mentionner tous ceux qui ont contribué à ce projet culturel en leur adressant nos sincères remerciements, plus particulièrement l'honorable et l'éminent docteur Muhammad Djawâd Ţurayhî ainsi que tous ceux qui, en sa compagnie, ont contribué à la préparation de l'édition distinguée de la fondation Imam Ali (p). Nous remercions également l'éminent professeur et le distingué érudit, l'ayatollah Sayyid Muhsin Al-Kharâzî pour les efforts combien appréciables qu’il a déployés dans le commentaire et l’annotation, certes ces efforts méritent notre estime et notre gratitude. Nous n’oublions pas non plus le diligent professeur Fâris Ali Al-‘Amir qui non seulement a revêtu " Les Croyances des Imâmites" d’une nouvelle robe, mais aussi a opéré de nombreux ajouts et suppressions dans ses expressions. Nous implorons Dieu le Tout-Puissant de nous prendre tous par la main pour nous guider vers ce qui est meilleur. Vu que les matières exposées dans ce livre sont riches et variées et concordent aux exigences et aux différents niveaux des gens, le besoin d’y recourir également varie selon les milieux:
A– Le milieu chiite qui est composé des enfants, des jeunes, des écoliers, des enseignants aussi bien des écoles (secondaires), des universités que des séminaires religieux où le chiite essaye de s’auto-cultiver par l’apprentissage des notions de base relatives aux croyances de son Ecole par une méthode facile et simple.
B– Le milieu sunnite qui, d’une façon générale, s’habitue à chercher à connaître les croyances fondamentales de leurs frères chiites. Tel que l’assoiffé désirant, suivant l’habitude, se
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désaltérer à la source, les sunnites aussi manifestent le désir de connaître les chiites à travers les chiites eux-mêmes, et non à travers des intermédiaires non chiites et des opposants à leur doctrine.
C– Les milieux non islamiques désirant s’informer sur les croyances islamiques du chiisme (des musulmans chiites) s’efforcent aussi d’acquérir des informations au sujet de leurs croyances à travers ce qu’ils ont dit et écrit eux-mêmes. L’une des raisons qui ont intensifié le besoin de s’intéresser à l’étude des croyances islamiques chiites c’est l’évolution des événements dont le monde actuel a été témoin, tels que la révolution islamique en Iran, la chute de l’Union Soviétique, ainsi que d’autres changements qui sont intervenus dans les sinuosités du mouvement salafite1 rigoriste, de l’expatriation des chiites d’Iraq et de leur dispersion dans différents coins du monde et des mutations vécues par les chiites du Liban, du Pakistan, de Bahreïn, d’Afghanistan, d’Iraq, d’Azerbaïdjan, etc. Nous étant rendus compte de la grande importance et du besoin ressenti pour ce livre, de la diversité de ses requérants et de l’évidence de leurs niveaux, tout en prenant en compte les exigences temporelles, les raisons d’en diversifier les méthodes de présentation deviennent évidentes. Nous voyons ce livre– tel que dans la liste susmentionnée– paraître simple, parfois accompagné d’un commentaire et des détails et parfois avec des ajouts et de différentes annotations. Il en est de même pour sa parution en d’autres langues, suivant le besoin et les circonstances ambiantes, tout autant que l’intérêt que l’éditeur manifeste aux questions scientifiques, culturelles et artistiques suivant son goût et ses moyens matériels
1. C’est un mouvement islamique qui prône le retour aux valeurs des anciens, c’est-à-dire des musulmans des premiers temps (NdT).
conditionne la qualité aussi bien de sa présentation que de son impression.
Encore faut-il remarquer qu’en dépit de leur abondance, les éditions de ce livre susmentionnées ne parviennent pas à atteindre complètement le but, et cela à cause de la variété et de l’ampleur du besoin. Certaines d’entre ces éditions n’ont pas pu accompagner l’évolution de l’imprimerie en se conformant aux critères de l’époque dans bien des points, d’autres ne sont pas arrivés à répondre au besoin scientifique actuel qui consiste à annexer et à répertorier les hadiths, les versets et les autres textes ; ou soit qu’elles n’ont pas cité une bibliographie complète ou n’ont pas observé la précision. De même qu’ayant été destinées d’abord à des fins didactiques, certaines d’entre elles comportèrent des commentaires et des détails théologiques, tandis que d’autres bénéficièrent des ajouts d’informations qui, bien que précieuses, dépassèrent le volume du livre même. A d’autres, enfin, il fut joint au texte initial une traduction complète en une langue étrangère. Malgré leurs innombrables profits, ces ajouts, commentaires et traductions ont dévié le livre de son objectif initial auquel Allamé Muhammad Ridhâ Al-Mużaffar, l’auteur, et M. Muhammad Kâzhim Al-Kutabî, le premier éditeur à suggérer l’idée de le publier en raison de son utilité générale tel que Cheikh AlMużaffar l’a confirmé dans sa première et sa deuxième introduction, c’est ainsi que sa diffusion fut limitée à quelques groupes. Outre ceci, le prix du livre augmente en fonction de son volume ce qui a pour effet d’en limiter la publication et la diffusion. En dépit de tout ceci, nous restons fermes à l’idée d’y apporter les changements nécessités par le besoin et l’époque car, dit-on, autres temps autres mœurs. Partant j’ai orienté mes humbles efforts autour d’un certain nombre d’axes, à savoir:
1- Demeurer fidèle à la situation médiane dans la mise en relief de certains points énoncés par l’auteur, que Dieu lui fasse
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miséricorde, ou de certains thèmes que j’ai pensé être important de mentionner tout en évitant de s’étendre dans l’exposition des croyances ou des notions ainsi que la redondance. 2- Mettre l’accent sur le principe du rapprochement entre les adeptes de la même religion tout en croyant à son importance et en restant fidèle à l’objectif vers lequel tendait l’auteur, que Dieu lui fasse miséricorde, et cela en se référant aux quelques sources sûres tant sunnites que chiites dans l’annexion et l’authentification des récits, des propos et des opinions dont on cite l’identité. Cette attitude vise à octroyer au lecteur son droit de se référer auxdites sources en vue de répondre à son besoin scientifique, et ensuite pour s’assurer de la portée du rapprochement du credo islamique qui réunit les adeptes de l’Ecole des Ahl-ul-Bayt, que la paix soit sur eux, avec les adeptes des autres Ecoles islamiques. Et de ce fait, les points de divergence s’évanouiront automatiquement dès lors que les vérités brilleront dans les sources du patrimoine islamique authentique.
3- Faire sentir au lecteur aspirant à connaître les vérités que les croyances des chiites imâmites ne sont pas fortuites ni intruses à l’islam, mais elles sont plutôt authentiques dans la mesure où elles se fondent sur conformité aux deux Trésors (Thaqalayn) qui sont le saint Coran et la sainte Famille pour obéir à la recommandation du messager de Dieu, le sceau des prophètes, Muhammad, que prière et paix soient sur lui et les siens. N’eût été l’intervention de certains facteurs et de certains éléments intrus ainsi que l’opportunisme qui animait certaines personnes voulant atteindre leurs buts secrets et satisfaire leurs ambitions personnelles par la mainmise sur les sources du pouvoir, les musulmans et familiales se seraient rassemblés tous autour des Ahl-ul-Bayt, que la paix soit sur eux, que Dieu a débarrassé de la souillure, les a purifiés complètement et leur a fait hériter le savoir de Son envoyé, que prière et paix soient sur lui et les siens. Ils (les musulmans) se rassembleront bientôt, s’il plaît à
Dieu, par leur Wilâya lors de l’avènement du Mahdi des nations, le réalisateur de l’unanimité et le propagateur de la justice en Orient et en Occident de la terre tel que nous l’avait annoncé son ancêtre le sceau des prophètes, que prière et paix soient sur lui et les siens.
4- Orienter le lecteur assidu vers certaines sources pouvant lui fournir l’occasion d’approfondir les thèmes de son choix. 5- S’efforcer d’établir la nécrologie des auteurs dans les notes marginales de l’ouvrage afin de permettre au chercheur de connaître l’enchaînement historique de la recherche effectuée. En outre, la répétition de cette nécrologie dans les notes marginales permettrait aux lecteurs de retenir les dates qu’elle comporte, et de contribuer par conséquent à faire connaître à la Umma ses personnages historiques et ses sommités. 6- Faire montre de précision et de probité dans la relation et l’authentification des informations. Et enfin, j’implore Dieu de vous et de nous raffermir dans ce qui est meilleur et de nous pardonner nos fautes, car IL est Celui qui pardonne toujours et Celui qui répond à l’appel.
Que la paix, la miséricorde et les bénédictions de Dieu soient sur vous.
Abdu l-Karîm Al-Kermâni
Le 15– Radjab- 1424 H.
APERÇU BIOGRAPHIQUE DE CHEIKH AL-MUŻAFFAR1
Sa famille
Les Mużaffar sont une famille savante de Nadjaf qui fut connue dans les milieux du 12ème siècle de l’hégire. Certains membres de cette noble famille habitèrent en al-Jazâ’ir qui dépendait de Başra à l’époque.
Le Mudjtahid faqîh, Cheikh Muhammad ibn ‘Abdullah, le père de Cheikh Muhammad Ridhâ Al-Mużaffar, était un des savants et des marâdji` (Source d’imitation) de Nadjaf où il grandit. Depuis sa jeunesse il s’était adonné à l’acquisition du savoir, à la dévotion et à l’enseignement, au point qu’il excella et passa maître en jurisprudence. Il composa une prestigieuse encyclopédie de la jurisprudence où il commenta "Sharâ-i’u lislâm"2 qu’il intitula "Tawdhîhu l-kalâm". Il y traita de la jurisprudence, du début à la fin.3
Sa naissance
Cheikh Muhammad Ridhâ est né le 5 Sha’bân 1322 de l’hégire cinq mois après la mort de son père; Dieu ne voulut pas que le
1. Chapitre tiré du livre (Ecole de Nadjaf) de son éminence Cheikh Muhammad Mahdi Al-Aşifî.
2. Sharâ-i’u l-islâm est le célèbre ouvrage de jurisprudence musulmane rédigé par l’illustre Al-Muhaqqiqu l-Hillî, né en 602 et mort en 672 de l’hégire. Cet ouvrage fut traduit en français par Amédée Querry sous le titre de "RECUEIL DE LOIS CONCERNANT LES MUSULMANS SCHYITES", dans la période comprise entre 1871 et 1872, alors qu’il était encore consul de France à Tabriz, en Iran (NdT).
3. Alu Mużaffar, Cheikh Mahmûd Al-Mużaffar.
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nouveau né voie son père ni que son père ne le voie, c’est ainsi qu’il fut élevé et entouré des soins presque paternels par son frère aîné, Cheikh ‘Abdu n-Nabî, qui décéda en 1337 de l’hégire.
Sa croissance intellectuelle
Cheikh Al-Mużaffar grandit dans l’ambiance de Nadjaf où il fréquenta les réunions, les cénacles, les cercles, les assemblées et les écoles de cette ville. Il y fréquenta les cycles d’enseignement supérieur sous la direction des grands enseignants et marâdji’ de l’époque. Il grandit dans cette noble maison qui figurait parmi les savantes maisons de Nadjaf et son éducation fut assurée par ses deux frères aînés, Cheikh ‘Abdu nNabî et Cheikh Muhammad Hasan. Il débuta sa formation par ce que tout étudiant de Nadjaf devait savoir; c’est-à-dire par l'étude de la littérature, de la jurisprudence, des principes de la jurisprudence et des sciences rationnelles. Il étudia la littérature et les principes de la jurisprudence auprès de Cheikh Muhammad Ţâhâ al-Hawayzi, il maîtrisa la poésie et excella dans toutes ces disciplines. Après avoir achevé le cycle préparatoire, il se consacra aux études supérieures de jurisprudence, des principes de la jurisprudence et de philosophie. Il assista aux cours de ses deux frères aînés, Cheikh Muhammad Hasan et Cheikh Muhammad Husayn, de même qu’il assista aux cours des principes de la jurisprudence de Cheikh Agha Dhiyâ d-Dîni l-‘Irâqî et aux cours de la jurisprudence et des principes de la jurisprudence de Cheikh Mirzâ Muhammad Husayn An-Naynî autant qu’il assista, d’une façon particulière, aux cours de la jurisprudence, des principes de la jurisprudence et de la théologie avancée de Cheikh Muhammad Husayn Al-Işfahânî, que Dieu lui fasse miséricorde. Dans le domaine de la jurisprudence, des principes de la jurisprudence et de la philosophie, Cheikh Al-Mużaffar fut grandement influencé par les opinions de son professeur, Cheikh Al-Işfahânî dont il adopta la méthode de classification
comme il l’indique dans la préface de son ouvrage "Uşûlu lfiqh", de même qu’il fut influencé par son style particulier comme cela est évident dans la performance de ce prestigieux ouvrage. Chaque fois qu’il avait l’occasion de parler de son professeur il lui vouait l’amour et le respect plus qu’aucun élève n’en voue à son professeur.
Le lecteur peut voir transparaître l’affection et le dévouement de Cheikh Al-Mużaffar pour son professeur dans les introductions de ses ouvrages de jurisprudence et de philosophie que dans la préface de "Al-Asfâr" ainsi que dans ses autres traités et articles. Il se spécialisa en jurisprudence, en principes de la jurisprudence et en philosophie et atteignit le grade de Mudjtahid, ce qui lui permit de s’adonner, en penseur libre, à la réflexion et à la recherche d’après le témoignage de ses professeurs.
Tout en poursuivant ses recherches, Al-Mużaffar enseignait la jurisprudence, les principes de la jurisprudence et la philosophie à la fois aux niveaux d’études préparatoires et supérieures. Mais outre ces activités, Allâmé Al-Mużaffar se consacra au développement de la très célèbre institution académique et religieuse de "Muntadâ n-Nashr". Ni la haute position dont il jouissait au sein du séminaire religieux, ni ses capacités intellectuelles extraordinaires ne l’empêchaient point d’y enseigner la littérature, la logique, la philosophie, la jurisprudence et les principes de la jurisprudence du niveau élémentaire au niveau supérieur. Combien de fois n’a-t-on pas vu Cheikh Muhammad Ridhâ AlMużaffar, dans les classes élémentaires de "Muntadâ n-Nashr", en train de dispenser le cours, accepter les questions des élèves avec magnanimité et les inciter à l’étude, à la recherche et la réflexion, se réunissant avec eux de manière à laisser penser qu’il s’adressait à ses camarades de classe et non pas à ses élèves.
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Outre ceci, il se distinguait par un esprit profond, une grande capacité d’observation ainsi qu’un goût particulier tel qu’on peut le constater dans ses traités de jurisprudence, des principes et de philosophie.
S’étant intéressé, dès sa première jeunesse, à la culture et aux sciences modernes, il apprit les mathématiques, l’astronomie, les sciences naturelles et la versification. Il s‘entendit avec ceux qui, comme lui, se sentirent attirer par la culture moderne pour correspondre avec certaines revues scientifiques comme "AlMuqtaţaf" ainsi que certaines périodiques afin qu’elles leur envoient leurs publications. Ainsi, le Cheikh eut l’opportunité de continuer dans cette lancée et d’accompagner le mouvement intellectuel naissant qui l’influença aussi grandement que les cours de jurisprudence, des principes de la jurisprudence et de philosophie que lui dispensaient ses professeurs.
Ses œuvres
Outre la rédaction et la recherche qui faisaient partie de ses activités scientifiques, Cheikh Al-Mużaffar avait, d’une façon générale, déployé de grands efforts en vue de réformer les méthodes d’enseignement qui prévalent dans les séminaires religieux. Ces tentatives transparaissent dans ses œuvres qui, alliant la beauté du style narratif à la rigueur scientifique, satisfait l’esprit et gagne la sympathie. Grâce à sa virtuosité, il savait comment accompagner le lecteur de manière à le faire arriver au but sans heurt. D’une part, étant donné que ses thèmes favoris relevaient des disciplines scientifiques telles que les principes de la jurisprudence, la logique et la philosophie, et d’autre part ne pouvant être présentés dans un langage purement littéraire, Cheikh AlMużaffar réussit à joindre à la rigueur scientifique la beauté du style littéraire tel qu’on peut le constater dans son ouvrage intitulé "AHLAMU L-YAQZHA", où s’adressant allégoriquement à Mollâ Şadra, l’interrogeant au sujet de ses théories relatives à
la philosophie transcendantale, il reçoit des réponses qu’il expose dans un beau style narratif. On n’aura pas exagéré si on affirme que l’ouvrage en question est une grande innovation dans la rédaction philosophique, entendu que celle-ci n’est pas aussi revendicative que la rédaction en soi du point de vue syntaxique. Il avait donc essayé d’adapter le style narratif à la philosophie ou vice-versa, réunissant ainsi les deux dans son ouvrage susmentionné. Les œuvres de Cheikh Al-Mużaffar se distinguent aussi bien par leur façon de présenter les matières que dans leur agencement, en ce sens que chaque question du thème abordé est placée dans son contexte naturel, de telle manière que le moindre changement qu’on y opérerait dérangerait toute la structure dans son ensemble. C’est dans son ouvrage de logique que l’auteur semble avoir réussi le plus, car la façon dont les thèmes y sont arrangés permet à l’étudiant de cheminer degré par degré, de passer d’un thème à un autre, de façon naturelle sans le troubler en l’introduisant dans un autre thème étranger à l’ouvrage. En sus dudit ouvrage de logique, les ouvrages traitant des principes de la jurisprudence et de la philosophie, Dieu n’ayant pas voulu qu’ils soient parachevés par leur auteur, sont considérés comme marquant le début de la réforme dans la rédaction d’ouvrages didactiques; il reste à souhaiter que quelqu’un d’autre suive la voie du Cheikh Al-Mużaffar en vue de parachever le travail qu’il avait commencé. Le chercheur trouvera chez Cheikh Al-Mużaffar de l’innovation de l’étude et de la réflexion dont l’empreinte se rencontre dans tous ses ouvrages, autant qu’il retrouvera les mêmes caractéristiques dans son livre "AS-SAQIFAH" où il entreprend d’analyser, d’une façon claire et systématique, l’attitude adoptée par les Muhâdjirûn et les Anşâr lors de la réunion de Saqîfah, par rapport à celle adoptée par l’Imam Ali (p).
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Cette innovation apparaît également dans son ouvrage de "La Logique", tel que le lecteur peut le constater, lorsque Cheikh AlMużaffar utilise les signes mathématiques pour illustrer les quatre relations qui existent entre les concepts, ou lorsqu’il expose les notions de la division ou dans d’autres parties de cette précieuse œuvre où se révèlent sans cesse le renouveau de la méthode de recherche, la beauté du style et la cohésion des idées.
La poésie
Etant en train de s’exercer à la versification de temps à autre durant sa jeunesse, Cheikh Al-Mużaffar avait composé quelques vers de style élégant qu’on trouvera publiés dans certains livres et journaux. Néanmoins, il ne put continuer dans cette voie parce qu’il s’était consacré, par la suite, à d’autres activités intellectuelles plus constructives. L’apport de Cheikh Al-Mużaffar dans la réforme et la promotion des méthodes didactiques Cheikh Al-Mużaffar occupa une place de choix dans le courant de réforme qui prit forme au sein du Hawza1 de la ville sainte de Nadjaf. Il participa à tous les mouvements de réforme de telle sorte qu’il fut un membre actif qu’on montrait du doigt. Toutefois, l’idée de la réforme si forte fut-elle, et si solide fut la foi de ses tenants en la nécessité de sa réalisation dans le Hawza, sa concrétisation manquait de clarté et de pensée méthodique. Suite à une expérience longuement acquise, l’idée se cristallisa chez Cheikh Al-Mużaffar de réformer le système d’enseignement du Hawza ainsi que les méthodes d’appel à l’islam plus qu’en tout autre temps. C’est ainsi que, grâce à son talent extraordinaire, il eut l’opportunité de découvrir le fond du problème et d’inviter ses collègues et ses disciples à en trouver la solution.
1. Le séminaire de formation des clercs. (Ndt)
D’après les analyses du Cheikh, le problème en question se résumait en deux points essentiels, savoir: l’enseignement et la prédication.
S’agissant de l’enseignement, il constata que dans le Hawza de Nadjaf il se déroulait en deux étapes:
1- l’étape préliminaire;
2- l’étape avancée.
L’étape préliminaire étant considérée comme le niveau préparatoire, l’étape avancée est donc celle de spécialisation. Aussi bien dans le fond que dans la forme, la seconde étape, dite de spécialisation, n’est susceptible d’accepter aucun changement de manière à la conformer à une quelconque méthode d’enseignement systématisé. C’est pourquoi, il est difficile de la considérer comme un cursus scolaire ou universitaire au sens propre du terme, car de par sa nature même elle ne peut être objet de limitation et de systématisation, de même que l’organisation des examens ne peut non plus, à ce niveau, servir d’émulation aux études et à la recherche. C’est plutôt le niveau préparatoire qui, souffrant d’insuffisance dans les matières et de l’inefficacité de la méthodologie, aurait besoin d’être organisé de manière systématique. Quant aux matières dispensées aux étudiants de ce niveau à Nadjaf, elles se limitent, le plus souvent, aux leçons de grammaire, de morphologie, de rhétorique, d’exégèse, de jurisprudence et de principes de la jurisprudence tout en mettant beaucoup l’accent sur ces deux dernières. En dépit du rôle important qu’elles jouent dans la formation de la mentalité de l’étudiant, ces matières ne suffisent pas pour autant à fournir à l’étudiant l’éducation et la culture nécessaires pouvant lui permettre d’accomplir sa mission de prédication. S’agissant de la méthodologie, Cheikh Al-Mużaffar avait constaté que, outre l’absence d’harmonie dans l’agencement des
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textes, les manuels utilisés jusqu’alors par les étudiants de ce niveau à Nadjaf comportaient encore des points obscurs et assez compliqués, ce qui exigeait un surcroît d’effort de leur part afin d’arriver à en comprendre le sens. En ce qui concerne la prédication, Cheikh avait constaté que bien que l’art oratoire et la rédaction en constituent les principaux éléments de réussite, ce sont ces deux éléments qui font défaut à la prédication islamique. Il avait constaté que, non seulement la qualité de la prédication qui se faisait à Nadjaf ne correspondait pas à son image de centre religieux, mais aussi le prédicateur n’était pas en mesure de s’acquitter de ses obligations islamiques dans un rayon assez large, à moins d’avoir exploré les horizons de la pensée moderne et de la connaissance empirique, en sus da sa parfaite maîtrise des sciences telles que la jurisprudence, l’exégèse, le hadîth, l’histoire, etc.
En ce qui concerne la rédaction islamique, Cheikh Al-Mużaffar pensait que la haute position religieuse du Hawza de Nadjaf exigeait qu’il contribue à la vulgarisation de la pensée islamique dans un rayon encore plus vaste, à travers la publication de livres, de journaux et de périodiques. Ce courant intellectuel véhiculant et l’esprit de réforme, en prenant son essor de ce grand centre religieux, devra circuler dans tous les coins de la terre.
Par ailleurs, étant donné que la plupart des livres écrits à Nadjaf étaient souvent le résultat des efforts individuels plutôt que collectifs, et qu’en ces temps là, il n’existait pas encore des imprimeries équipées à Nadjaf, même celles qui l’étaient n’étaient pas en mesure d’imprimer l’abondante littérature que produisait ce centre, tout ceci poussa donc Cheikh Al-Mużaffar à étudier, objectivement et globalement, la situation prévalant à Nadjaf afin de chercher les voies et moyens d’y remédier, sachant toutefois que connaître le fond du problème ne suffit à le résoudre tant que des efforts sincères ne sont pas déployés dans ce sens.
Il savait parfaitement que la critique et la destruction ne servaient à rien tant qu’aucune solution de rechange n’est proposée, de même que s’engager dans la voie de réforme n’était d’aucun profit dès lors qu’on n’a pas étudié, d’une façon globale et objective, la situation prévalant et tenté de trouver une solution de rechange.
Ayant réfléchi à tout cela, il prit la ferme décision de se mettre au travail, sachant parfaitement que d’innombrables obstacles ne manqueront pas sur le chemin qu’il doit parcourir. Ce faisant, il lui vint à l’esprit que la première chose à faire consistait à former, au sein du Hawza de Nadjaf, une élite avisée qui sera en mesure d’appréhender les particularités de la vie de Nadjaf, et consciente de l’énorme message idéologique dont est porteuse cette ville. C’est ainsi que le 4 Shawwâl 1353 de l’hégire correspondant au 10 janvier 1935 du calendrier grégorien, une délégation composée de jeunes clercs, dont Cheikh AlMużaffar, se présenta au ministère de l’intérieur irakien pour solliciter l’autorisation de créer une association religieuse dénommée "Muntada n-Nashr"1. Après la présentation de leur projet et de nombreuses tracasseries, le ministère finit par leur accorder l’autorisation sollicitée. On entreprit alors à élaborer le programme des cours, à simplifier les manuels, à réviser les méthodes d’enseignement voyant que la systématisation des études devrait être le premier pas à effectuer dans cette voie. Quel que soient le besoin et les avantages qu’offre le cursus individuel, il semblait impérieux de lui adjoindre une autre forme des études qui dépendraient d’un système privé. C’est ainsi qu’en 1355 de l’hégire, Cheikh Al-Mużaffar entreprit de fonder l’institut supérieur des sciences religieuses ou la faculté
1. L’organisation de Muntada n-Nashr, août 1370 H.
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de l’Idjtihâd, il en inaugura le premier niveau où l’on enseignait, sous forme des cours exposés dans un langage clair et simple, les disciplines ci-après: la jurisprudence discursive, l’exégèse, les principes de la jurisprudence et la philosophie. La jurisprudence discursive et l’exégèse étant dispensées par Cheikh ‘Abdu l-Husayn Al-Hilli, les principes de la jurisprudence et la philosophie étaient à la charge de Cheikh ‘Abdu l-Husayn Ar-Rashti. Outre ceci, ces deux illustres professeurs s’étaient rendus disponibles pour enseigner, méthodiquement, les plus importants évènements de l’histoire de la sainte ville de Nadjaf, ce qui représentait un sacrifice que peu de gens étaient prêts à consentir à ces époques. Lors des vacances d’été, ces cours furent suspendus avec l’espoir de reprendre après les vacances. Toutefois, pour des raisons que personne ni les deux illustres professeurs ne connurent, hormis les membres du corps administratif, Cheikh opposa son refus à leur reprise.1
En 1376 de l’hégire, après plusieurs tentatives et l’acquisition d’une longue expérience, Cheikh Al-Mużaffar parvint à mettre sur pied, dans la sainte ville de Nadjaf, la faculté de jurisprudence qui obtint l’agrément du ministère des sciences irakien en 1377 de l’hégire. Les principales matières dispensées dans cet institut étaient la jurisprudence imâmite2, la jurisprudence comparée, les principes de la jurisprudence, l’exégèse, les principes de l’exégèse, la science du hadîth, les principes de la science du hadîth, la science de l’éducation, la psychologie, la littérature, l’histoire de la littérature, la sociologie, l’histoire de l’islam, la philosophie islamique, la philosophie moderne, la logique, l’histoire du hadîth, la méthode d’enseignement, la grammaire, la morphologie ainsi qu’une langue étrangère.
1. Cheikh Al-Mużaffar, Muntada n-Nashr, a’mâluhu wa âmâluh, p. 8– 9. 2. Chiite duodécimain. (NdT)
Déployant de sincères efforts en vue de développer cet institut facultaire, l’illustre disparu, en plus de l’aide qu’il fournissait aux professeurs en dispensant leurs cours durant leur absence, enseignait la philosophie à côté d’autres matières, et s’occupait à rédiger les différents tomes de son imposant traité des principes de la jurisprudence destiné à être enseigné dans ladite faculté. Il assurait à la fois le rectorat et le doyenné de l’institut tout en s’occupant de la rédaction des manuels pédagogiques ainsi que d’autres documents liés directement aux étudiants. Ayant consacré sa vie à cet institut facultaire, Cheikh AlMużaffar avait dépensé toute son énergie et engagé tous ses moyens à son développement, tout en s’adonnant à d’autres activités culturelles qu’il avait initiées telles que la publication des deux périodiques "Al-Bażra" et "An-Nadjaf". Bien qu’il fût l’initiateur ainsi que l’acteur principal de ce grand mouvement intellectuel de réforme, jamais on ne soupçonna, à travers ses propos ou ses œuvres scientifiques, quelque chose qui fasse sentir qu’il en était le pivot central, excepté quand il s’agissait d’assumer la responsabilité d’un engagement quelconque avec foi et calme. Jamais on ne l’avait entendu user du pronom personnel "je" pour se mettre en valeur. N’ayant pas d’esprit antagoniste, Cheikh Al-Mużaffar trouvait souvent des excuses à ceux qui s’étaient opposés au projet de son équipe, affirmant que cette attitude de leur part ne relevait que de leurs bonnes intentions. Suivant ses propres déclarations, il a dit: « Je me vois obligé, plus que quiconque d’entre mes frères, d’excuser ceux qui s’étaient opposés à nos projets, notamment ceux dont nous sommes convaincus des bonnes intentions et qui sont aussi convaincus des nôtres». Il est rare de trouver, d’après le constat fait, des intellectuels ayant fait abnégation d’eux-mêmes afin de concrétiser une idée à laquelle personne ne croit. Il semble bon de terminer cet aperçu biographique par ces mots affables révélant la grandeur
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d’âme de son auteur: « Nous sommes prêts à consentir d’autres sacrifices, à nous mettre de côté pour céder la place à ceux qui pensent pouvoir faire mieux que nous, en donnant à ce projet une impulsion générale par leur présence. Qu’ils soient assurés que nous demeurerons au service de ce projet où que nous soyons affectés et quelle que soit la fonction que nous occuperons, néanmoins en disant cela nous n’avons pas l’idée de vouloir prouver nos bonnes intentions, le plus important pour nous étant de faire avancer ce projet de manière à rehausser la réputation du Hawza de Nadjaf et de lui permettre de s’acquitter de sa mission, même au prix de nos vies. Nous n’avons jamais cessé de répéter que nous n’avons encore effectué qu’un petit pas dans le chemin menant vers notre objectif ». Voici ce que fut l’histoire d’une grande âme.
Nadjaf
Muhammad Mahdi Al-Aşifi
PRÉFACE
Au nom de Dieu le Clément le Miséricordieux
Il se trompe lourdement quiconque prétend être à mesure de connaître, de façon correcte, les croyances des chiites imâmites, leurs sciences et leur littérature, à travers les écrits de leurs détracteurs, en dépit du niveau et de la probité scientifiques dont ils feraient preuve dans la transmission et le commentaire desdits écrits, dans un style dépouillé d’un fanatisme aveugle. Je dis cela, en mettant l’accent sur ce que j’affirme, après avoir passé beaucoup de temps à étudier les croyances des chiites duodécimains en particulier, et celles de tous les chiites en général. Durant cette longue recherche où j’ai fouillé dans les ouvrages d’historiens et des censeurs parmi les savants sunnites, je n’ai rien obtenu d’intéressant ni n’ai eu l’envie de poursuivre mes investigations pour savoir la vérité sur les croyances chiites. La raison en est que l’étude faite par ces savants sunnites était non seulement tronquée, mais aussi fondée sur les affirmations des détracteurs de cette école juridico-doctrinaire qui, pourtant, représente l’autre portion des musulmans vivant dans les parties orientales et occidentales de la planète. Ensuite, poussé par l’ardent désir que j’avais de connaître la vérité et d’apprendre la sagesse partout où elles se trouveraient, cette dernière étant l’objet perdu du croyant, je tournai ma recherche vers une autre direction, afin de poursuivre ma recherche sur la doctrine chiite duodécimaine. Je me tournai donc, pour connaître cette école doctrinaire, vers ses propres savants et chercheurs, à travers les écrits desquels je connaîtrais leurs croyances. Et il est évident que les savants de ladite école la connaissent mieux que leurs détracteurs, et ce quels que
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soient le niveau d'éloquence, de la rhétorique ainsi que des mérites dont ils peuvent jouir.
En outre, la probité scientifique, qui est l'une des premières règles fondamentales de la "méthode scientifique moderne" –tant celle que j'ai choisi d’appliquer aussi bien dans mes recherches que mes écrits quand j’essaye de découvrir les réalités matérielles et spirituelles– exige que l’exactitude la plus totale soit respectée dans la transmission des textes et des documents sur lesquels se fonde le chercheur. Or, comment un chercheur, en dépit de son habilité scientifique et de son intuition à connaître les vérités, pourrait s'assurer de l'authenticité et de l'exactitude des textes ayant trait aux chiites et au chiisme sans s’appuyer sur une base solide ! C’est la raison qui m’a poussé à étendre ma recherche sur le chiisme et les chiites, à partir de leurs propres ouvrages, de manière à connaître leurs croyances à travers ce qu’ils ont exactement écrit et dit eux-mêmes, et d’éviter de tomber dans la même erreur que d'autres historiens et critiques qui s'étaient crus à même de porter des jugements sur le chiisme et les chiites. En effet, le chercheur qui, en voulant étudier une série de réalités, se réfère à des sources non originelles, fait un faux pas et commet une absurdité qui n'a rien de scientifique.
C'est l’erreur dans laquelle fut tombé le Dr Ahmad Amîn lorsqu'il parla de la doctrine chiite dans ses livres. Voulant exposer aux intellectuels certains aspects du chiisme, cet érudit se crut autorisé à faire des supputations sur cette doctrine, telles que: "le judaïsme s'est manifesté dans le chiisme", "le Feu ne peut brûler le chiite qu’un tout petit peu", "les chiites sont les adeptes de ‘Abdullâh ibn Saba",
ainsi que d'autres insinuations dont la fausseté fut établie et que les savants chiites1 n’eurent aucune peine à réfuter. Je fus content cependant de rencontrer, pendant que je poursuivais mes recherches à travers les sources originelles des chiites imâmites, un ancien ami irakien repondant au nom de Sayyid Murtadhâ Ar-Ridhawi Al-Kashmiri. Cet ami était éditeur et avait avec lui quelques livres chiites qu’il venait de faire imprimer dans une maison d’édition du Caire. De ces livres, il m’offrit "Aşlu sh-shî’ati wa uşûluha", "’Abdullâh ibn Saba" "Wasâilu sh-shî’ah" ainsi que d’autres livres traitant des croyances et de la jurisprudence chiites. Et le même jour, Sayyid Murtadhâ Al-Kashmiri m’offrit un nouveau livre, écrit par le professeur Muhammad Ridhâ AlMużaffar, doyen de la faculté de jurisprudence de Nadjaf en Irak, sur les croyances des imâmites, et me demanda d'en écrire la préface où je devrais dire clairement ce que j’en pense. Dès que je me suis mis à le feuilleter, je fus saisi d'admiration pour un ouvrage qui allie la clarté et la précision à la franchise de l’intention de l’auteur dans l’exposé des croyances chiites. Ce livre ne cesse de procurer une immense joie dans la découverte des croyances des chiites, à travers une image clairement dessinée dont les différentes parties sont bien classées et bien détaillées. Il fascine en même temps par la beauté de ses expressions et l'éclat de son tissage. Outre ces deux aspects dignes d'éloges, ce livre réunit en lui la richesse du contenu que les chercheurs désirent trouver dans les livres chiites, et la brièveté et la concision de ce que l'auteur voudrait expliquer aux lecteurs. Fait ainsi, ce livre peut être considéré comme une étude exhaustive au contenu riche et concentré dans un tissu infiniment compact et clair.
1. Tel que Allamé Muhammad Al-Husayn Kâshifu l-ghiţâ, dans son livre intitulé "Aşlu sh-shî’ati wa uşûluha".
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En disant tout cela, je cherche moins à flatter ou à complimenter à l'excès l'auteur, qu'à dire, ce qui constitue, à mon avis, l'un des principes scientifiques élémentaires que les chercheurs visent lorsqu'ils s'efforcent de présenter les faits et de les mettre à la place qu'ils méritent. C'est pourquoi je voudrais présenter au lecteur quelques-unes des belles images que recèle ce traité minuscule en volume et en structure, mais riche en idées et en signification, traité que l'auteur a étoffé d'arguments et de preuves et brodé de témoignages et de citations tirés tantôt du Saint Coran et du Hadîth et tantôt des dires des douze Imâms, (p). Ces belles images que je vais vous exposer, capteront sans doute l'attention du lecteur averti tout comme elles ont capté la mienne, et susciteront son admiration tout comme elles ont suscité la mienne, même s'il n'a pas lu cette introduction que j'ai écrite, car très souvent il y a une symbiose entre les sentiments des chercheurs et des lecteurs et une conformité de vue dans les jugements qu'ils émettent sur ce qu'ils lisent, puisque la vérité est une et non multiple tant que ceux qui la disent et ceux qui la jugent émettent leurs jugements en se fondant plus sur la raison que sur le coeur, et plus sur leur conviction intime que sur leurs caprices, et qu'ils sont animés plus par l'équité que par le parti pris sectaire.
L'une de ces images susceptibles de capter l'attention du lecteur est la question de l'idjtihâd chez les Imâmites. En effet, selon l'idée générale transmise de génération en génération par les doctes sunnites, la porte de l'idjtihâd a été fermée avec la disparition des quatre dirigeants des écoles juridiques qui sont: Abû Hanîfah, Mâlik, As-Shâfi`î et ibn Hanbal. Il est question ici, évidemment, de l'idjtihâd absolu ou d’un idjtihâd partiel dans les branches de la religion, qui s’est arrêté, chez les sunnites, au plus tard au quatrième siècle de l'hégire. En ce qui concerne les tentatives de Ghazâlî au cinquième siècle, d'Abû
Ţâhir As-Salafî au sixième siècle, de ‘Izzu d-dîn ibn Abdu ş-
Şalâ et ibn Daqîq Al-`Id au septième siècle, de Taqîyyu d-Dîn As-Sabkî et de l'inventeur Ibn Taymiyyah au huitième siècle,
d'Allâmé Djalâlu d-dîn ‘Abdu r-Rahmân ibn Abî Bakr AsSuyûţî au neuvième siècle... elles s'inscrivent, du point de vue de la méthode scientifique moderne, dans le chapitre des fatwâ1 et n'ont rien à voir avec l'idjtihâd. En revanche, les doctes chiites imâmites s’autorisent à pratiquer l'idjtihâd sous toutes les formes que nous venons d'évoquer, et y insistent absolument. Ils n'ont jamais fermé la porte de l'idjtihâd jusqu'à nos jours. Bien mieux, on les voit exiger la présence du mudjtahid contemporain, et rendre obligatoire son imitation directe pour tout chiite sans qu’il ait plus besoin de se référer aux mudjtahids décédés, tant que le mudjtahid vivant aurait tiré les bases de son idjtihâd de ses prédécesseurs qui les ont hérité des Imams qui les transmettent de père en fils. Ce n'est pourtant pas tout ce qui me séduit dans leur idjtihâd. Ce qui me semble encore plus captivant à cet égard, c'est que l'idjtihâd qu'on leur connaît suit l'évolution de la vie et de ses lois, et rend les textes religieux vivants, mobiles, évolutifs et en développement constant, s'adaptant aux exigences du temps et du lieu, et échappant au figement qui éloigne le spirituel du temporel ou la religion de l'évolution scientifique, comme c’est le cas dans la plupart des écoles juridico-religieuses musulmanes. Il se peut sans doute que l’abondance de la production scientifico-littéraire des chiites ainsi que la richesse sans cesse grandissante de leur bibliothèque, s'expliquent-elles, à notre avis, par le fait qu'ils ont laissé largement ouverte la porte de l'idjtihâd.
La deuxième image qui attire l'attention des penseurs, les incite à s'intéresser aux croyances de cette doctrine et à approfondir l'étude de ses opinions, c'est la discussion menée par les savants chiites duodécimains sur la question du "beau" et du "laid" inhérents aux choses, voulant savoir si la beauté d’un acte
1. Opinion juridico-canonique énoncée par un jurisconsulte.
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relève-t-elle de son essence et de sa nature, ou bien cet acte estil beau parce que Dieu l'a ordonné et imposé. La même question est posée par eux à propos du laid, c'est-à-dire qu’un acte est-il laid par essence et par sa nature, ou bien l’est-il parce que Dieu l'a interdit à Ses serviteurs ?
Quand on aura lu ce sujet et ce que l'auteur des "Croyances des Imâmites" dit à ce propos, on constatera soi-même que les chiites optent pour la première solution à propos du beau et du laid. Selon les chiites en général, et les Imâmites en particulier, le beau et le laid sont essentiels et originels dans les actes, et ne relèvent pas de l'approbation ou de l'interdiction de Dieu à leur sujet. Une telle opinion peut surprendre beaucoup de chercheurs et les inciter à la réflexion et à la méditation. Quant à moi, je ne trouve rien d’étonnant ni d’équivoque en cela, d’autant plus que les chiites duodécimains faisaient recours aussi bien à la méthode rationnelle qu'à la méthode traditionnelle pour traiter de certaines questions religieuses. Leur opinion selon laquelle le beau et le laid sont inhérents aux actes est identique à celle qui est prônée par les mu’tazilites.
Il reste cependant une question qui requiert une réponse de notre part. Il s'agit notamment de savoir si ce sont les chiites qui ont subi l'influence des mu’tazilites quant à l’usage de la méthode rationnelle ou si ce sont les mu’tazilites qui ont subi l’influence des chiites ? La réponse est que, contrairement à une fausse idée largement répandue parmi les chercheurs, ce ne sont pas les chiites qui ont subi l'influence des mu’tazilites, mais ce fut plutôt l'inverse qui s’est produit. Nous affirmons cela sans risque d’être contredit, car le chiisme, en tant que doctrine, est antérieur au mu’tazilisme, en tant que doctrine, et les figures de proue du chiisme existaient bien avant les têtes pensantes du mu’tazilisme. Nous fondons notre affirmation sur des vérités historiques que personne ne songera à contester, à savoir que la première génération chiite commença à se former à l'époque des khalifes Bien-dirigés et se développa sous le khalifat de l'Imâm Ali. Et, à peine l'Imâm Ali était-il tombé en martyr, que les chiites étaient devenus un regroupement qui rivalisait avec tous les regroupements politiques et religieux au sein de l’islam. Partant, nous sommes à même de mettre en évidence, à l'intention du lecteur averti, que le chiisme, contrairement aux affirmations des radoteurs et des chercheurs partiaux, n'est pas une doctrine purement instrumentale ou une doctrine basée sur des traditions religieuses imprégnées de superstitions, de mythes et de glissements judaïques, ni découlant des enseignements de Abdullah ibn Saba' ou d'autres personnages légendaires. Le chiisme, selon la nouvelle méthode de recherche scientifique que nous avons adoptée, est tout à fait le contraire de ce qu'insinuent ses détracteurs. En effet, le chiisme est la première doctrine musulmane qui ait réuni à la fois le rationnel et le traditionnel et qui ait réussi, à la différence des autres doctrines musulmanes, à suivre une voie globale et de large horizon. Sans ce trait distinctif consistant à concilier le rationnel et le traditionnel qui les caractérise, les chiites n'auraient pas eu cet esprit rénovateur dans l'idjtihâd qui leur a permis de développer les questions liées à la jurisprudence, pouvant ainsi s'adapter aux exigences du lieu et de l'époque sans s'écarter de l'esprit de l'éternel système juridique islamique. Voyons maintenant une troisième image qui, de prime abord, pourrait paraître en contradiction avec la méthode rationnelle dont nous venons de parler tout à l’heure. Il s'agit de la visite effectuée par les chiites aux mausolées des saints et des Imâms des Ahl-ul-Bayt, de la vénération qu’ils leur manifestent en accomplissant toutes les prières obligatoires à leur proximité ainsi que des séances d’études qu’ils y tiennent pour perpétuer le souvenir des douze Imams (p) qui sont les leurs. Ces pratiques sont considérées comme des superstitions par les musulmans contemporains tant empiristes que rationalistes favorables à l’opinion personnelle. Et il existe même certaines sectes musulmanes, telles celles des partisans de Ahmad ibn
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‘Abdu l-Halîm ibn Taymiyyah et de son disciple Muhammad ibn ‘Abdu l-Wahhâb, le fondateur de la doctrine wahhâbite, qui n'hésitent pas à qualifier ces pratiques d'impiété de d'hérésie, ainsi que d’autres sectes contemporaines que nous ne daignons pas mentionner.
Évidemment, la majorité des musulmans sunnites, et tous ceux qui sont modérés parmi eux, s'accordent unanimement avec leurs frères chiites duodécimains sur l’ensemble des pratiques évoquées ci-dessus, car les deux parties les chiites aussi bien que les sunnites sont tous persuadés que les saints et les Imams, ainsi que tous les habitants de la terre ne peuvent profiter ou nuire à quelqu’un que dans ce que Dieu veut lui faire profiter ou lui nuire. Ils ne peuvent ni influencer ni favoriser quelqu’un ni nuire à quiconque que par la permission de Dieu. Ceci étant, la visite effectuée aux tombeaux de ces élus ne peut signifier rien d’autre que désir d’imiter leur bon exemple et leurs bonnes manières et d’en tirer des leçons et des conseils, chose qui est approuvée par les chiites et les sunnites. La quatrième image que nous avons fort appréciée pendant que nous lisions ce livre, c’est la capacité de l’auteur à exposer les croyances imâmites à travers un style uniforme qui manifeste clairement l’influence que les chiites ont subie de la méthode rationnelle. La raison en est que, nous l’avions dit, les chiites s’étaient adonnés aux sciences rationnelles avec la même fougue qu’ils rapportaient les propos de leurs Imams. Ceci nous prouve également et de façon certaine qu’il existait des relations étroites entre le chiisme et le mu’tazilisme d’une part, et entre les éléments chiites et les éléments mu’tazilites d’autre part. Quiconque consulte le livre intitulé "Aş-Şâhibu bnu ‘Ibâd" pourra se rendre compte jusqu’à quel point, hormis quelques cas isolés, les éléments chiites étaient des éléments mu’tazilites et vice versa. Ces relations aboutirent, au quatrième siècle de l’hégire, à l’influence réciproque entre les chiites et les mu’tazilites de telle sorte qu’elles permirent à Aş-Şâhibu bnu ‘Ibâd de prendre, à la deuxième moitié du même siècle, la direction tant du chiisme que du mu’tazilisme au moment où la civilisation musulmane arrivait au sommet de sa gloire. Et l’auteur a abordé la question de l’unicité des attributs en ce qui concerne Dieu le Transcendant, nous rappelant la croyance des mu’tazilites à ce sujet, ce qui a poussé aussi bien les chiites que les mu’tazilites à se dénommer "monothéistes" ou "gens de l’unicité", car les uns et les autres s’accordent pour dire que les attributs de Dieu ne sont autres que Son Essence-même. Cela veut dire que Dieu, par Son Essence, est Voyant, Entendant, etc., jusqu’à l’énumération de plusieurs autres attributs qui ne peuvent être distingués de l’Essence de Dieu, de manière à créer la confusion dans l’esprit des gens qui finissent par penser au polythéisme. Ceci est incontestablement une de leurs réflexions les plus remarquables sur le monothéisme. Ce genre de relations étroites, entre les chiites et les mu’tazilites, peut également être constaté là où l’auteur aborde les croyances touchant à la signification de la "justice divine", telles que la nécessité pour Dieu à faire un bel acte et la nécessité d’abandonner un vilain acte. Les adeptes de ces deux courants de pensée n’ont affirmé ceci que pour se garder d’attribuer l’injustice à Dieu, et c’est pourquoi d’ailleurs les chiites donnent leur propre interprétation au sens du verset auquel se réfèrent les sunnites, à savoir: « Ce n’est pas Lui qu’on interrogera sur ce qu’Il fait; mais c’est eux qu’on interrogera»1. Se cramponnant à la croyance de la justice divine, les chiites et les mu’tazilites n’approuvent pas l’avis de l’imam Ahmad Ad-Dardîr, une des figures de proue du sunnisme et du soufisme qui vécut au 12 ème siècle de l’hégire, lorsqu’il dit:
Il manque de respect quiconque attribue à Dieu la nécessité de n’avoir qu’un acte de beauté.
1. Coran, 21: 23.
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Cependant, moi aussi, je leur trouve des excuses pour cette opinion, en raison de leur bonne foi et leur belle intention d’éviter d’attribuer toute injustice à Dieu, lors même qu’ils se méprennent sur la possibilité d’une telle attribution. La vérité est que les chiites duodécimains et les mu’tazilites sont d’un coté tandis que les sunnites et les soufis sont de l’autre au sujet de la perfection divine. Les chiites et les mu’tazilites défendent l’aspect qui a trait à la justice divine tandis que les sunnites, les soufis et un groupe de nos prédécesseurs défendent l’aspect qui touche à la liberté absolue de Dieu, liberté qui n’est ni limitée ni dominée par aucune autre force et à laquelle fait allusion le verset ci-après: « Ce n’est pas Lui qu’on interrogera sur ce qu’Il fait ». Chacun de ces deux aspects contraires, suivant la nouvelle méthode de recherche scientifique, est un point de vue qui a ses tenants. On peut ajouter, à ce qui vient d’être dit, l’exposé de l’auteur sur l’arrêt1 et le destin2, et se poser la question de savoir si l’homme est prédestiné ou s’il a la liberté du choix ? Ou, suivant l’expression des imâmites, l’homme est-il soumis à la fatalité ou jouit-il de la délégation totale ? Bien que ce thème soit en étroite relation avec la philosophie de la justice divine dont les mu’tazilites parlent aussi, toutefois nous voyons les imâmites prendre, au sujet de la fatalité et de la délégation totale, une autre direction qui est celle du milieu. En effet, les imâmites ne croient ni au fatalisme absolu qui est le propre des "Al-Djabriyyîn" appelés "Al-Djahmiyyah", ni à la délégation absolue qui est le propre de certains mu’tazilites appelés "AlMufawwadhîn" ou "Al-Qadariyyah". Les imâmites ne croient pas au fatalisme pour la simple raison que non seulement il nie fondamentalement à l’homme la volonté et la liberté de choix, mais il le place également comme
1. "Al-Qadhâ".
2. "Al-Qadar".
un jouet à la merci du destin ou comme une plume (volant) au gré du vent. Si cela s’avère être vrai selon la croyance des Djabriyyah, il devient affreux que Dieu puisse demander des comptes à l’homme sur les mauvais actes qu’il commet, car celui-ci n’a ni le choix ni la volonté de s’empêcher de commettre lesdits actes. Les imâmites récusent ce fatalisme parce qu’il nie à Dieu la justice comme attribut. Ils ne croient pas à la délégation totale et au libre choix absolu parce que cette double croyance– qui n’est qu’une en réalité– considère l’homme, dans les actes qu’ils posent, comme totalement affranchi de la volonté et du pouvoir de Dieu. C’est la croyance adoptée par les Mufawwadhîn et les Qadariyyah qui pensent que l’homme est le propre créateur de ses actes à propos desquels le pouvoir n’a rien à voir. Certains censeurs ont rapporté des traditions qui les fustigent, à l’instar des propos suivants: «Les Qadariyyah sont les mazdéistes de cette Communauté». Ceci étant, nous en venons à comprendre que l’erreur commise par les Djabriyyah est celle de nier toute justice à Dieu, en ce sens qu’Il puisse demander des comptes à l’homme pour des actes que Lui Seul a créés, en dehors de la participation des créatures. Quant aux Qadariyyah, ils ont commis l’erreur de penser que Dieu n’aucun pouvoir ni aucune autorité sur les créatures. Par conséquent, toutes ces deux croyances sont fausses et loin de correspondre à la réalité. Si les imâmites adhèrent aux propos de l’Imam Dja’far Sadiq qui disent: «Ce n’est ni la contrainte ni la délégation, l’affaire est située entre ces deux extrêmes», ils sont en plein accord avec leurs frères sunnites qui prônent la même chose qu’eux dans ce domaine. En effet, ceux-ci affirment que l’homme a en partie la liberté de choisir, ce qui n’a rien à voir avec le fatalisme pur ni n’accorde à l’homme le pouvoir d’être le créateur (indépendant) de ses actes. L’imam Abu lHasan Al-Ash’ari étant la personne la plus attachée au fatalisme, l’imam Fakhru d-dîn Ar-Râzi essaya de
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philosopher et de concilier la doctrine du fatalisme et celle de la délégation au point qu’on rapporte de lui les propos suivants: « L’homme est implicitement contraint et explicitement libre ». Ces propos sont en soi précis et rien des détails des croyances musulmanes n’échappe à ceux qui sont bien enracinés dans la science. Le cinquième aspect, par lequel nous terminerons notre introduction, est la croyance au de Badâ1 prônée par les chiites imâmites, dont le sens apparent est de faire quelque chose puis de l'effacer. Les imâmites ont attribué le Badâ à Dieu au point d’affirmer que «Dieu n’a jamais été adoré autant que par la croyance telle que le Badâ». Etant donné que le Badâ', dans son sens apparent, fait partie des attributs propres aux êtres créés, puisque faire quelque chose puis l'effacer fait preuve d'une pensée précipitée, de rajustement et de la connaissance acquise après l'ignorance, beaucoup de penseurs ont décrié les chiites duodécimains pour avoir attribué le Badâ à Dieu, alors que ceux-ci sont à cent lieues de le Lui attribuer dans son sens courant et apparent. En effet, les savants chiites et les savants sunnites sont d'accord pour dire que la science de Dieu est éternelle et ne peut subir aucun changement, aucune altération ni être le résultat de la réflexion, contrairement à la science des êtres créés qui ont ces attributs. Ce qui est susceptible de changement et d'effacement après avoir été établi, c'est seulement ce qui se trouve sur "Tablette Préservée"2, puisque Dieu a dit: «Dieu efface ce qu'Il veut, Il confirme aussi»3. Donnons un exemple pour bien illustrer le Badâ' tel qu’il est compris par les chiites. Supposons qu’untel est, au début de sa vie, destiné à être malheureux, mais s’étant repenti à Dieu à l’âge de quarante ans, il se trouve inscrit, sur la "Tablette
1. Terme qui peut être traduit par volte-face. (NdT). 2. Lawhu l-mahfûż.
3. Coran, 13: 39.
préservée", parmi les bienheureux. Le Badâ' consiste ici en l'effacement du nom de cet homme de la liste des malheureux et dans son inscription sur la liste des bienheureux. Quant à la science de Dieu, elle couvre la totalité de cette affaire, depuis l'inscription, l'effacement, jusqu’à la nouvelle inscription après le repentir. C'est-à-dire que Dieu sait à l'avance que l'homme en question sera d'abord malheureux, puis heureux lorsqu'Il lui aura inspiré la repentance.
Le Badâ auquel croient les imâmites concerne l’aspect manifeste de l’acte divin relatif à Ses créatures, selon l’exigence de Sa sagesse, et il a trait seulement à ce qui apparaît à nous. Ainsi donc, ceux qui ont dénoncé la croyance du chiisme au Badâ' ont appliqué ce terme à la science éternelle de Dieu, alors que les chiites imâmites l'appliquent uniquement à ce qui écrit sur la "Table Préservée".
A mon avis, la croyance au Badâ' est la seule explication qui s'offre à nous, de l'abrogeant et de l'abrogé1 dans le Coran, et du secret de la révélation progressive des versets coraniques concernant l'interdiction du vin et des étapes de cette interdiction. Dieu a voulu, par cette progression, traiter la déviation de l'âme humaine et la débarrasser peu à peu des chaînes de l'habitude tenace, afin qu'elle ait le temps et les occasions de se réformer. S'Il avait imposé cette interdiction d'un seul coup, il aurait été difficile pour les victimes de cette habitude tenace de se réformer. Tel est le Badâ' auquel croit le chiisme.
Dr Hâmid Hafnî Dâwûd
Professeur de littérature arabe à la faculté des lettres et directeur des études islamiques à l’Université de "Alikarah" en Inde. Le Caire, 17/06/1381 H.– 25 /11/1961 S.
1. An-Nâsikhu wa l-mansûkh.
PREFACE DE LA DEUXIEME EDITION
Dix ans se sont écoulés depuis la publication de ce livre, temps durant lequel je ne ressenti pas le besoin d’y apporter quelque changement car, pensais-je, ce que j’avais écrit, dans le but d’expliquer les croyances des chiites imâmites, répondait parfaitement aux exigences de l’époque. Cependant, ayant trouvé, après ce temps, la motivation nécessaire, j’acceptai de faire sa réédition dans l'espoir de dissiper les nuages épais qui, pendant longtemps, ont empêché l’établissement de bonnes relations entre les adeptes de deux grandes familles de l’islam: les sunnites et les chiites, et de tenter d'enlever la poussière que le passé lointain a fait retomber sur les croyances islamiques authentiques. En effet, j’accorde que l'idée du rapprochement entre les écoles juridiques devienne aujourd'hui un besoin pressant et un idéal à atteindre par tout musulman soucieux de l’intégrité de l’islam, quelque soit sa doctrine ou son opinion sur les acquis doctrinaux. Or, le meilleur moyen de favoriser ce rapprochement est que les tenants de chaque école doctrino-juridique de l’islam se chargent euxmêmes de faire connaître et d'expliquer tous les aspects méconnus et incompris de leur doctrine.
Cette façon de procéder offre, à mon avis, toutes les garanties d'une compréhension correcte et juste des croyances d'une doctrine, puisque celle-ci est expliquée par ses propres adeptes et se trouve ainsi à l'abri de toute supputation, extrapolation conjecturelle ou argumentation fallacieuse. Que Dieu fasse se réaliser le but dans lequel ce livre a été écrit!
L'auteur
Le 21 Shawwâl 1380
INTRODUCTION
Louanges à Dieu, que la Paix et la Prière soient sur le Prophète Muhammad, le meilleur de l'humanité, ainsi que sur les membres de sa famille.
En rédigeant ce "Credo", je ne pensais qu’à faire un résumé succinct de ce que j'avais compris des croyances islamiques telles qu'elles sont présentées par l'école des Ahl-ul-Bayt (p). J'ai rédigé ces résumés dépouillés de preuves et de démonstration, et dépourvus, en grande partie, des traditions rapportées des Saints Imams, afin d’en faire profiter aussi bien au débutant qu’au lecteur instruit et au savant. Je les ai intitulés "Les Croyances des Imâmites" entendant par ce terme, les chiites imâmites ou duodécimains en particulier. Les ayant rédigés en 1363 du calendrier islamique, j’avais l’intention d’en faire des cours périodiques pour les étudiants de la faculté religieuse de Muntadâ n-Nashr, en espérant qu'ils serviraient de cours préparatoires pour des recherches théologique de haut niveau. A l'époque, je ne les avais pas écrits en auteur publié et lu. Aussi ces textes étaient restés négligés sur des feuilles dispersées, à l'instar de beaucoup d'autres cours et conférences- notamment dans le domaine des croyances et de la science théologique- que je dispensais ces jours-là. Mais cette année- huit ans après leur rédaction- un noble et éminent éditeur m'a encouragé à les réviser et à les compiler pour les publier sous forme d'un traité à cycles enchaînés, afin qu'il soit mis à la disposition des lecteurs et qu'il serve à réfuter beaucoup de fausses accusations collées au dos des chiites imâmites, surtout à un moment où certains écrivains contemporains en Egypte et ailleurs persistent à faire de leur plume l'instrument de campagnes injustes contre le chiisme et
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ses croyances, ignorant ou affectant d'ignorer la pureté islamique de la voie des Ahl-ul-Bayt, se rendant ainsi coupables d'être injustes envers la vérité et de répandre l'ignorance parmi leurs lecteurs d'une part, et d'appeler à la division des musulmans et à susciter la haine et la rancune dans leurs coeur, et pis, à les inciter les uns contre les autres. Pourtant tout homme averti ne saurait ignorer combien nous avons besoin, surtout de nos jours, du rapprochement entre les différents groupes musulmans et de l'apaisement de leur haine, faute de pouvoir unifier leurs rangs et les réunir derrière un seul étendard.
Je dis ceci tout en étant conscient que nous ne pourrions pas malheureusement amener à la raison, par nos efforts de rapprochement, des écrivains tels que le Dr Ahmad Amîn et ses semblables, portés à la division, car plus nous leur expliquons l'authenticité et la vérité de nos croyances islamiques, plus ils s'entêtent à vouloir les déformer, et plus nous attirons leur attention sur leurs erreurs, plus ils s'obstinent dans leur attitude hostile.
En fait, il nous importerait peu que ces individus et d'autres persistent dans leur hostilité, si nous ne craignions pas qu'ils n’induisent en erreur des lecteurs non avertis qui risqueraient de croire à leurs mensonges, et de s'imprégner de leur haine et de leur hostilité.
En tout état de cause, en acceptant de publier ce livre, j'espère qu'il présente un intérêt pour quiconque cherche la vérité, et ce faisant, j'aurai rendu un service islamique, ou même un service humain... Et c'est à Dieu Seul que je demande la réalisation de mon but.
Muhammad Ridhâ Al-Mużaffar
Nadjaf- Iraq
Le 27 Djumâda th-Thânî 1370 H.
DE L’IDJTIHAD ET DU TAQLID
I- NOTRE CROYANCE CONCERNANT LA
REFLEXION ET LA CONNAISSANCE
Nous croyons que dès lors que Dieu a octroyé à l'homme la raison et le pouvoir de réflexion, et Il nous a ordonné de méditer sur Sa création tout en contemplant les signes de Son oeuvre et en réfléchissant sur Sa Sagesse touchant à Ses signes qu’Il a placés dans les firmaments et dans nos propres personnes. Dieu le Transcendant a dit: «Nous leur montrerons Nos Signes dans l'univers et en eux-mêmes, jusqu'à ce qu'il devienne évident qu’Il est la vérité »1
Stigmatisant ceux qui imitent aveuglément leurs ancêtres, le Très Haut dit: «Ils disent: "Non, mais nous suivrons les coutumes de nos ancêtres".– Quoi ! même si leurs ancêtres ne comprenaient rien et n’étaient pas guidés ? »2. De même que le Très Haut stigmatise quiconque ne suit que ses conjectures: «Ils ne suivent que la conjecture».3 En vérité, notre croyance n'est que le résultat de ce que nous a dicté notre raison, qui nous a conduits à réfléchir sur la création de l’univers, et à connaître par conséquent le Créateur. De même notre raison nous a poussé à soumettre à l’examen la revendication de la Prophétie faite par quiconque et à prendre en considération ses miracles. Il n'est pas correct d’imiter, en ceci, une autre personne lors même qu’elle occuperait une position noble et élevée. En réalité le Saint Coran nous incite à chercher
1. Coran: Les Détaillés: 53.
2. Coran: La Vache: 170.
3. Coran: Les Bestiaux: 116; Yûnus: 66; l’Etoile: 23-28.
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le savoir et à atteindre à la perfection, tout comme nous y incite notre propre raison innée. Ce que le Coran stipule ici est la confirmation de la tendance naturelle de la libre pensée de tous les hommes sensés. Le Coran ne fait qu'attirer notre attention sur notre tendance naturelle au savoir et à la réflexion. Il éveille notre esprit et l'oriente vers les exigences naturelles de la sagesse.
Ceci dit, il n'est pas raisonnable que l'homme se contente de suivre les éducateurs ou toute autre personne, ou de dépendre d'eux quant aux questions relatives à la croyance. Cependant, il doit, selon son intellect inné, corroboré par les textes coraniques, examiner, étudier et réfléchir sur les fondements de ses croyances1, appelés "les fondements de la religion", dont les plus importants sont les suivants: 1- L’Unicité
2- La Prophétie
3- L'Imamat
4- La résurrection
Quiconque suit ses ancêtres, ou d'autres, en ce qui concerne ces principes, aura commis une grosse erreur et dévié du droit chemin, et sera impardonnable.
En un mot, l'essence de nos croyances se résume dans deux points principaux:
1. Les croyances mentionnées dans ce traité ne sont pas toutes de croyances fondamentales. La plupart d'entre elles, telles que l’Arrêt et le Destin (Al-Qadhâ' wa l-Qadar), le "Retour posthume" (Ar-Radj’a) etc., n’obligent pas d’en acquérir la conviction ni qu'on y réfléchisse. Il est permis, pour ce genre de croyances, de s'appuyer sur quelqu'un de crédible, tels les Prophètes et les Imams. Beaucoup de nos croyances de ce type sont fondées sur des propos authentiques rapportés de nos Imams (p).
1- L'obligation d'étudier et de connaître les fondements de la croyance et l'interdiction de suivre les autres dans ce domaine. 2- Cette obligation est une obligation rationnelle avant d'être une obligation légale, ce qui veut dire que notre compréhension de ces fondements ne doit pas découler des textes religieux, mais de notre bon sens commun, bien qu'on puisse s'appuyer sur les textes religieux après avoir établi la preuve rationnelle. La signification de l'obligation de reconnaître les principes fondamentaux de la croyance est que l'intelligence elle-même perçoit la nécessité de reconnaître les principes de la croyance et la nécessité de leur accorder une attention réfléchie.
II– NOTRE CROYANCE CONCERNANT LE TAQLÎD DANS LES BRANCHES DE LA RELIGION
En ce qui concerne les branches de la religion, il n'est pas nécessaire qu'un musulman essaye de les comprendre par le raisonnement et la preuve. Il a la possibilité de choisir l'une des trois voies suivantes pour les comprendre et les appliquer. 1- Acquérir la compétence dans l’idjtihâd et, de ce fait, tirer des conclusions fondées sur le Saint Coran et la Sunnah, et agir conformément à ces conclusions, ou: 2- Observer la "précaution" dans les branches de la religion en suivant, entre les différents avis concernant chacun de ses actes, celui qui lui semble le plus correct. Pour ce faire, il doit examiner et comparer les décrets (les Fatwâ) de différents mudjtahid sur le sujet, ou:
3- Suivre un mudjtahid qui remplisse toutes les conditions de l'Idjtihâd, c'est-à-dire quelqu'un qui soit prudent et sage, qui ait pris soin de ne pas commettre de péchés, qui ait défendu sa religion, et surtout quelqu'un qui obéisse aux commandements de Dieu1 et qui de plus possède la faculté de déduire des conclusions à partir de l'étude du Saint Coran et de la Sunnah.
1. Le saint Coran a reproché aux juifs ordinaires pour le fait d’imiter (aveuglément) leurs savants en disant dans les deux versets suivants:
“Et Il y a parmi eux des Illettrés qui ne savent du Livre que leurs désirs et ne font que conjectures. Malheur, donc, à ceux qui écrivent le Livre puis disent: " C’est de la part de Dieu"…” (La Vache: 78-79). S’adressant à l’Imam Şâdiq, que la paix soit sur lui, un homme dit: Si ces gens ordinaires parmi les juifs ne connaissent du Livre que ce qu'ils entendent de leurs savants, sans qu'ils n’aient
60 LES CROYANCES DES IMÂMITES
Donc, si une personne n'est pas mudjtahid, n'observe la "Précaution", ni ne suit un mudjtahid pleinement qualifié, tous ses actes religieux seront nuls et inacceptables par Dieu, même si elle a passé toute sa vie à prier et à faire le jeûne, sauf dans le cas où ses actes passés auraient été conformes aux décrets d'un mudjtahid qu'elle aura suivi vers la fin1 et où, en accomplissant
d’autre choix, comment alors on leur a reproché d’imiter et d’accepter ce qui vient de leurs savants? Ne sont-ils pas dans la même situation que nos musulmans ordinaires qui imitent leurs savants? S’il n’est pas permis à ceux-là d’imiter leurs savants, n’est-il pas permis non plus à ceux-ci d’imiter leurs savants? Après avoir expliqué les points de convergence et de divergence entre nos musulmans et nos savants d’une part, et entre les juifs ordinaires et leurs savants d’autre part, l’Imam, que la paix soit sur lui, ajouta: “Il en va de même pour les musulmans ordinaires qui, s’ils arrivent à constater chez leurs doctes la débauche manifeste, le fanatisme véreux, la poursuite des intérêts mondains et des péchés, la mise à mort de ceux qui prennent parti contre eux même s'ils ont raison, l’indulgence et le bienfait pour ceux qui prennent parti pour eux même s'ils ont tort. Ceux des musulmans ordinaires qui oseront imiter ce genre de doctes seront pareils à ces juifs qui furent objet des reproches divins à cause de leur imitation aveugle des doctes pervers. Par contre, il incombe aux musulmans ordinaires d'imiter celui qui parmi les doctes reste maître de soi, préserve sa religion, contredit ses passions et obéit à ce que Dieu a prescrit…». Voir l'exégèse attribuée à l'Imam 'Askarî (mort en 260 de l'hégire), 300. Malgré quelques différences légères, telles que "lutte contre ses passions" au lieu de "contredit ses passions", cette tradition a été rapportée dans les ouvrages ci-après: Aţ-Ţabrasî (mort en 560 de l'hégire), Al-Ihtidjâdj, 2: 263; Al-Hurru l-'Amilî (mort en 1104 de l'hégire), Wasâ-ilu sh-shî'a, 27: 131, H. 33401, tradition n 20 dans le chapitre de "défense d'imiter celui qui n'étant pas infaillible déduit les statuts juridiques suivant son opinion personnelle"; tiré de la séance (1111), Bihâru l-anwâr, 2: 88, tradition n 12, ch. 14. 1. En effet, son acte est valide dès lors qu'Il sait l'avoir accompli conformément à la réalité, ou en conformité avec le fatwa d'un Mudjtahid qualifié. Voir: Abu l-Qâsim Al-Mûsawî Al-Khû-î (Mardja' et responsable du séminaire de formation des clercs), Minhâdju ş-
ses actes religieux, elle aurait formulé mentalement l'intention de les accomplir pour s'approcher de Dieu.
şâlihîn, 1: 7, deuxième article sur l'imitation passive. Dans sa note au sujet de cette question, l'Illustre professeur, ayatollah Al-Khârâzî, dit: “Certes, même si, sans être conforme au fatwa du mudjtahid qualifié pour être imité, son acte est correct dès lors qu'il coïncide avec la réalité, car n'ayant aucune objectivité, l'opinion du Mudjtahid qualifié ne sert que de moyen susceptible de mener vers la réalité”, Bidâyatu lma'ârifi l-ilâhiyyati fî 'aqâ-idi l-imâmiyyati li-l-kharâzî (Mu'âşir), 1: 18, note n 1. De même son acte est valide dès lors qu'il sait ne pas désobéir à la règle formelle s'il l'accomplit ou non, et cela, grâce à la conscience ou à la quiétude issue des sources rationnelles tels que l'ébruitement et l'information donnée par un spécialiste avisé. Minhâdju ş-şâlihîn (les fatwa du grand ayatollah Sayyid Sistânî), 1: 9.
III– NOTRE CROYANCE CONCERNANT L'IDJTIHÂD
Nous croyons que l'idjtihâd à partir de la Sharia dans le cas des lois religieuses devient une "obligation de suffisance" pour tous les musulmans pendant l'occultation de l'Imam du Temps1, ce qui veut dire que si un grand nombre ou un nombre suffisant de musulmans se chargent de cette obligation, les autres musulmans ne sont plus tenus de l'accomplir, étant donné qu'ils peuvent dépendre des mudjtahidîn qui ont rempli les exigences de l'idjtihâd concernant les préceptes religieux. Il est obligatoire pour les musulmans de toutes les époques de faire attention à ce sujet. Chaque fois qu'un certain nombre de personnes se proposent de se perfectionner en matière d'idjtihâd, et qu'elles atteignent le niveau de mudjtahid, en remplissant toutes les conditions requises de compétence pour cette tâche, les gens devraient se conformer à leurs avis dans tous les actes cultuels, et si ces personnes (mudjtahidîn) ne sont pas accessibles, on doit recourir soi-même à l'idjtihâd. Au cas où il est impossible ou très difficile pour tous les musulmans d'entreprendre l'idjtihâd, ils devraient choisir quelques-uns d'entre eux pour accomplir cette tâche. En tout état de cause, il n'est pas permis qu'ils se contentent de suivre les décrets d'un mudjtahid déjà mort.
Pratiquer l'idjtihâd signifie, s'efforcer de déduire soi-même des règles à partir des lois islamiques que le Saint Prophète a
1. Sur base de la parole de Dieu disant: “Et les croyants n'ont pas à sortir tous en expédition. Pourquoi, donc, de chacune de leurs sections, un groupe ne s'en irait-il pas s'instruire la loi de la religion, afin d'avertir le peuple quand ils rentrent chez eux? Peut-être prendraientils garde?”, Coran: Le Repentir: 122.
64 LES CROYANCES DES IMÂMITES
apportées avec lui, et qui restent immuables à toutes les époques et dans toutes les sociétés. Ce qui a été déclaré licite (halâl) par lui, restera légal jusqu'au Jour du Jugement, et de la même façon, ce qui a été déclaré illicite (harâm) par lui, le restera jusqu'au Jour du Jugement.1
Les bases de l'idjtihâd sont les suivantes: 1- Le Saint Coran
2- La Sunnah2
3- L'Idjmâ'3
4- La Raison
La nature de la preuve de chacune de ces bases est traitée en détail dans les livres de Uşûlu l-fiqh4. Notons au passage que pour atteindre le niveau de mudjtahid, il est indispensable de faire des efforts soutenus considérables en la matière, et que l'accession à cette position n'est possible pour
1. Aş-Şaffâr (mort en 290 de l'hégire), Başâ-iru d- daradjâti l-kubrâ, 168, ch. 7, tradition n 13. Il a été rapporté de l'Imam Şâdiq, paix sur lui, les propos suivants: " Ce que Muhammad a déclaré licite le demeure jusqu'au jour du jugement dernier, ce qu'Il a déclaré illicite le demeure jusqu'au jour du jugement dernier; rien ne change ni ne devient quoi que ce soit", Al-Kulaynî (mort en 329 de l'hégire), al-Kâfî, 1: 58, ch. traitant de l'hérésie, de l'opinion personnelle et des analogies. Cette tradition a été également rapportée selon une autre version toujours dans al-Kâfî, 2: 17– 18, ch. traitant des lois, tradition n 2. Al-Barqî (mort en 274 ou 280 de l'hégire), alMahâsin, 1: 420, tradition n 365/963. Al-Arbalî (mort en 693 de l'hégire), Kashfu l-ghummati fî ma'rifati l-a-imma, 2: 414. 2. La Sunnah est, du point de vue technique, constituée par les propos, les actes et les approbations silencieuses du Saint Prophète (pbsl) et, par extension, des Imams infaillibles (p). 3. Le consensus ou l’unanimité.
4. Principes de la jurisprudence.
quiconque que s'il se consacre à cette tâche et fait tout ce qui est en son pouvoir pour acquérir de très larges connaissances et avoir la compétence de saisir la Vérité qui se trouve sousjacente dans les faits.
IV– NOTRE CROYANCE CON
CERNANT LE MUDJTAHID
Nous croyons que le mudjtahid remplissant toutes les conditions requises est le représentant de l'Imam1, paix sur lui, durant son occultation. Il est le gouvernant et l'autorité suprême de tous les Musulmans, et il accomplit ses fonctions pendant l'occultation de l'Imam en ce qui concerne les décrets (les Fatwâ) et l'administration de la justice. Quiconque fait fi de l'autorité du mudjtahid, aura fait fi par là même de l'autorité de l'Imam. Or, faire fi de l'autorité de l'Imam équivaut à faire fi de l'Autorité Divine, c'est être à la limite du polythéisme, comme l'a expliqué l'Imam Dja’far Sadiq2.
1. L'auteur fait allusion au douzième des Imams issus des gens de la Demeure, paix sur eux. Il s'agit de l'Imam Mahdi, que Dieu accélère son avènement, qui se voila de la vision des gens dans l'occultation majeure qui débuta en 329 de l'hégire, durant le règne des abbassides, suite à certaines circonstances particulières et conformément à la sagesse divine. Il attend l'ordre de Dieu pour réapparaître et établir un gouvernement mondial fondé sur la justice; l'auteur en parlera bientôt. 2. Al-Kulaynî (mort en 329 de l'hégire), al-Kâfî, 1: 67, tradition n 10, ch. traitant de la disparité dans la tradition; 7: 412, tradition n 5, ch. traitant de "la répugnance de se plaindre auprès des juges despotiques". Ţûsî (mort en 460 de l'hégire), Tahżîbu l-Ahkâm, 6: 218, tradition 514, ch. traitant des "mérites" ou "statuts"; tradition 6, ch. "man ilayhi l-hukmu wa aqsâmu l-qudhâti wa l-muftîn"; ch. 87, 6: 302, tradition 845; ch. 92 "min az-ziyâdâti fî l-qadhâyâ wa l-ahkâm", tradition 52; Aţ-Ţabrasî (mort en 560 de l'hégire), al-Ihtidjâdj, 2: 106; Al-Ihsâ-î (mort vers 880 de l'hégire), 'Awâli l-luâlî, 3: 192, tradition 37, ch. traitant de "Djihâd"; 4: 134, tradition 231, ch. traitant des traditions ayant trait au savoir et aux gens du savoir; Al-Hurru l-'Amilî (mort en 1104 de l'hégire), Wasâ-ilu sh-shî'a, 1: 34, tradition 51,
68 LES CROYANCES DES IMÂMITES
La tâche de mudjtahid remplissant toutes les conditions requises ne se limite pas à promulguer des décrets; il constitue une autorité générale sur tous les musulmans. Ainsi les gens doivent s'en remettre à lui pour ce qui concerne le jugement, l'arbitrage et les sentences, domaine qui lui appartient exclusivement et dont personne d'autre n'a le droit de se charger sans son autorisation. De même, il n'est permis à personne d'appliquer des sanctions pénales sans son ordre et son jugement. Le Mudjtahid doit également être consulté pour la distribution des biens revenant effectivement à l'Imam. Cette autorité exclusive a été accordée par l'Imam au Mudjtahid afin qu'il agisse en son nom (de l'Imam) pendant son absence. C'est pour cette raison que le Mudjtahid est appelé le député de l'Imam.
tradition 12, ch. "thubûtu l-kufri wa l-irtidâdi bi djuhûdi ba'dhi dhdharûriyâti wa ghayrihâ mi m-mâ taqûmu l-hujjatu fîhi bi naqli ththuqâti"; 27: 137, tradition 33416, tradition n 1, ch. "wudjûbu r-rudjû'i fi l-qadhâ-i wa l-fatwâ ilâ ruwâti l-hadîthi min ash-shî'a". Wilâyaté faqîh de l'imam Khomeiny.
CHAPITRE I
LA THEOLOGIE
Notre croyance concernant:
÷ Dieu le transcendant
÷ L'unicité de Dieu
÷ Les attributs divins
÷ La justice divine
÷ L'assujettissement
÷ L’arrêt et le destin
÷ Le badâ (la volte-face)
÷ Les statuts religieux
V– NOTRE CROYANCE CONCERNANT DIEU
Nous croyons aussi que Dieu est Un et Unique, et sans pareil. Il est Éternel, le Premier et le Dernier, ce qui veut dire qu'Il existait avant la création et qu'Il demeurera après la fin de la création. Il est Toujours Vivant, Sage, Puissant, Indépendant de toutes choses, Tout-Entendant, Tout-Voyant, Omniscient et Juste. On ne peut pas Le comparer avec Ses créatures. Il n'a ni corps, ni forme, ni substance, ni figure. Il n'est ni lourd, ni léger, ni mobile, ni immobile. Il est au-dessus du temps et du lieu puisqu'Il est le Créateur. Personne ne peut Le localiser, puisqu'Il n'est pas confiné dans un lieu. Personne ne Lui est similaire et personne ne peut être Son égal. Il n'a ni épouse, ni progéniture, ni partenaire, et personne n'est comparable à Lui. La vision ne peut Le percevoir alors qu'Il perçoit toutes les choses. Quiconque Le compare avec Ses créatures et suppose qu'Il ait un visage, des mains, des yeux, ou croit qu'Il descendra du ciel sur la terre ou qu'Il apparaîtra devant les gens au Paradis, comme une lune etc., est semblable à celui qui ne croit pas en Dieu, ou qui multiplie Dieu et devient ainsi coupable de polythéisme, ignorant que Dieu est au-dessus de tous ces défauts.
Similairement, ceux qui croient que le Jour du Jugement, Dieu se montrera devant Ses créatures, et que celles-ci LE verront ce jour-là, sont des incroyants, même s'ils continuent à affirmer verbalement que Dieu n'a pas de corps. Les tenants de cette vision de Dieu se sont arrêtés seulement au sens apparent du Saint Coran et des traditions sans se donner la peine d'utiliser leur intelligence pour comprendre la lettre et l'esprit des versets du Saint Coran. Ils ont renié leur intellect et l'ont figé. C'est pourquoi ils n'ont pas pu analyser le sens apparent des mots selon les exigences de l'analyse, de l'argumentation et des règles
72 LES CROYANCES DES IMÂMITES
des métaphores et du sens figuré, pour comprendre le sens réel du Coran, comme cela devrait être logiquement. Tout ce que nous pouvons imaginer et concevoir dans notre esprit à propos de n'importe quelle chose, c'est que cette chose est une créature comme nous et que son existence est semblable à la nôtre. Notre esprit ne saurait dépasser ces limites dans lesquelles il est consigné. Cette vérité a été explicitement évoquée par l'Imam Bâqir (p)1.
1. Al-Madjlisi (mort en 1111 de l'hégire), Bihâru l-anwâr, 66: 293. Aş-Şâlihî Al-Mâzandarânî (mort en 1081 de l'hégire), Uşûlu l-Kâfî, 3: 225, suivant les propos tenus par l'Imam, paix sur lui, quand Il dit: “Tout ce que vous pourrez discerner avec si grande précision n'est autre que le produit de vos pensées, créé comme vous”. Il est rapporté de l'Imam Şâdiq, paix sur lui, les propos suivants: “Quiconque a adoré Dieu en l'ayant imaginé a mécru, quiconque a adoré le nom (de Dieu) sans en avoir appréhendé le sens a mécru, quiconque a adoré le nom au même titre que le sens a fait une association, quiconque a adoré le sens en lui appliquant les noms portant les attributs par lesquels Dieu Lui-même s'est qualifié, en y étant convaincu et en l'attestant aussi bien ouvertement qu'au tréfonds de lui, ce sont eux, donc, les vrais croyants”. Al-Kulaynî (mort en 329 de l'hégire), Al-Kâfî, 1: 87, tradition n 1 du chapitre traitant de l'Adoré. Aş-Şadûq (mort en 381 de l'hégire), at-Tawhîd, 220, tradition n 12, ch. 29 qui traite de des noms de Dieu le Transcendant. Al-Hurru l-'Amilî (mort en 1104 de l'hégire),
Al-Fuşûlu l-muhimmatu fî uşûli l-aimmah, 1: 63, tradition n 1 et 2, ch. 15 avec les numéros 95 et 96.
VI– NOTRE CROYANCE CONCERNANT L'UNICITÉ DE DIEU
Nous croyons que Dieu est Un à tous les égards. Ainsi, de même qu'il faut penser qu'Il est Un dans Son Essence et dans la nécessité de Son Existence, de même nous devons croire qu'Il est Un dans ses Attributs en croyant que ceux-ci sont Son Essence même- comme nous le verrons plus loin- et qu'Il n'a pas de pareil dans Ses Attributs: ainsi en matière de Science et de Puissance, Il n'a pas de pareil; dans la création et la fourniture des moyens de subsistance, Il n'a pas d'associé; et dans la perfection, Il n'a pas de rival.
De même, après avoir cru en l'Unicité de Dieu dans Son Essence et Ses Attributs, nous croyons en l'Unicité de Dieu en matière d'adoration. Ainsi, en dehors de Lui, il est interdit d'adorer quiconque et quoi que ce soit et sous quelque forme que ce soit. Il est également interdit de Lui associer quoi que ce soit et qui que ce soit dans toutes les sortes d'adorations, obligatoires ou non obligatoires, telle la prière et les autres supplications.
Quiconque associe à Dieu dans son adoration toute autre personne ou chose est un polythéiste. Il a le même statut que celui qui prétend adorer Dieu, alors qu'il désire au fond de luimême la proximité de quelqu'un d'autre que Dieu. Une telle personne, selon les principes de l’islam, est polythéiste et idolâtre, et il n'y a pas grande différence entre les deux types d'adoration.
Quant à la visite des lieux sacrés (tels les tombeaux des Saints) ou à la participation à des rassemblements de deuils, elles ne constituent pas une sorte de recherche de la proximité de quelqu'un d'autre que Dieu, comme l'ont mal compris ceux qui
74 LES CROYANCES DES IMÂMITES
voudraient dénigrer la voie des Chiites imâmites, ignorant la vraie signification de ces pratiques qui sont, bien au contraire, une manière adéquate de demander la proximité de Dieu par l'accomplissement de bonnes actions, telles que la visite rendue à un malade, la participation à des funérailles, la consolation apportée à un pauvre. Lorsque nous rendons visite à un malade, nous accomplissons une bonne action dans la mesure où nous visons la proximité de Dieu en essayant par cette bonne action de Lui faire plaisir, et non pas de glorifier la personne malade, ni d'obtenir sa faveur, ni de lui faire plaisir à titre d'adoration. La même chose est vraie pour la visite des tombeaux ou la participation à des processions de deuil ou la visite rendue à des Frères de Foi.
Quant à notre croyance que la visite des tombes et la tenue de cérémonies de deuil sont des bonnes actions légales, elle est établie par la Jurisprudence musulmane, et la nature de notre recherche ne nous permet pas d'en faire la démonstration ici. Ce qui est certain, la visite des mausolées des Saints Imams n'est point une sorte d'association dans l'adoration de Dieu, comme certains le croient. Elle a pour seul but de rendre hommage à leur mémoire et de garder vivant dans notre esprit leur souvenir et leurs mérites, et en cela nous nous conformons à ce que dit le Saint Coran: «Et quiconque exalte les emblèmes de Dieu, oui, c'est un effet de la piété des coeurs».1 Il a été établi par le code religieux que les actes de ce genre sont, nobles et recommandés. C'est pourquoi, la personne qui les accomplit dans la seule intention de s'approcher de Dieu en sera justement récompensée.
1. Coran: Le Pèlerinage: 32.
VII– NOTRE CROYANCE CONCERNANT LES ATTRIBUTS DE DIEU
Nous croyons que les vrais Attributs positifs de Dieu, qu'on appelle les Attributs de Perfection1 et les Attributs d'Esthétique2, tels l'Omniscience, l'Omnipotence, l'Auto-suffisance, la Volonté Divine et l'Éternité sont l’Essence-même de Son Être. Leur existence est l'Existence même de l'Être Divin. C'est pourquoi, du point de vue de l'existence, par exemple le Pouvoir de Dieu est Son Être, et Son Être est Son Pouvoir. Dieu est Puissant parce qu'Il est Vivant et Il est Puissant. Il n'y a pas de dualité entre Dieu et Ses Attributs. Tous les Attributs de Perfection de Dieu sont ainsi.
Toutefois, ces Attributs diffèrent l'un de l'autre du point de vue du concept et de la signification. Par exemple, la Connaissance de Dieu signifie autre chose que Sa Puissance, mais du point de vue de Son Existence, ils sont tous une même Essence, car s'ils étaient différents du point de vue de Son Existence (et l'hypothèse est que les Attributs de Dieu sont pré-existants et auto-existants comme Son Être), cela supposerait obligatoirement qu'il y ait plusieurs Êtres Nécessaires3, ce qui contredit le véritable fondement du Monothéisme de l'Être Divin.
Quant aux Attributs positifs supplémentaires tels que le fait qu'Il est le Créateur, le Pourvoyeur des moyens de subsistance, l'Éternel, et la Cause Première, ils sont tous contenus dans un seul vrai Attribut qui consiste en le fait que Dieu est l'Auto-
1. Kamâl.
2. Djamâl.
3. Wâdjibu l-wudjûd.
76 LES CROYANCES DES IMÂMITES
Subsistant (Qayyûm). Et le fait d'être Qayyûm est le seul Attribut d'où sont dérivés différents Attributs tels que le fait d'être Créateur et Pourvoyeur de moyens de subsistance, selon les différentes manifestations.
Les Attributs négatifs de Dieu sont appelés les Attributs de Dignité1. Ils nient tous la possibilité qu'Il soit créé, c'est-à-dire qu'ils mettent en évidence le fait qu'Il n'a ni corps, ni forme, ni mouvement, ni immobilité, ni poids, ni légèreté. En un mot, Il n'a aucune imperfection. D'autre part, ces Attributs qui mettent en évidence le fait qu'Il n'est pas créé prouvent qu'Il est AutoExistant. Or, être Auto-Existant fait partie de Ses Attributs positifs de Perfection. Donc les Attributs négatifs reviennent en fin de compte à Ses Attributs de Perfection (positifs). Ainsi, Dieu est Un à tous les égards. Il n'y a pas de pluralité dans Son Existence Divine. Il est évidemment vrai que Dieu est, en réalité, Un et seulement Un, et qu'Il n'y a aucune composition dans Son Être.
Il est étrange de voir certains ramener les Attributs positifs de Dieu à Ses Attributs négatifs, n'ayant pas pu comprendre que les Attributs de Dieu sont inhérents à Son Être, c'est-à-dire qu'ils sont Son Être même. Les tenants de cette notion ont pensé que pour être sûr qu'on croit à l'Unicité de l'Être et à la négation de Sa Pluralité, on doit ramener les Attributs positifs aux Attributs négatifs. Mais ce faisant, ils sont tombés dans une erreur encore plus grave que ce qu'ils avaient craint, puisqu'ils ont fait de l'Être Sacré de Dieu Qui est Auto-Existant et Qui est exempt de tous défauts et de toutes ressemblances, le néant et la négation même.
Est aussi étrange la croyance de ceux qui disent que les Attributs de Dieu sont additionnels à Son Être, et qui croient, par conséquent, que les Attributs de Dieu sont Pré-existants,
1. Djalâl.
tout comme Son Être, et que Dieu est composé de Ses Attributs, ce qui les a conduit à attribuer des partenaires à Dieu. Mais Dieu est au-dessus de cela.
Le Commandeur des Croyants, l'Imam Ali (p), le premier des monothéistes a dit à ce propos: «La vraie croyance en Son Unicité est de réaliser qu'Il est si absolument pur et au-dessus de la nature, que rien ne peut s'ajouter à Lui, ni se soustraire de Lui, car on doit comprendre qu'il n'y a pas de différence entre Sa personne et Ses Attributs. Celui qui admettrait que Ses Attributs soient une addition à Son Être s'écarterait par là même du concept du monothéisme et croirait en la dualité, et celui qui croit en la dualité de Dieu croit en fait en Sa partition, et celui qui croit en Sa partition L'ignore. Il est ignorant et essaiera toujours de croire à une création de son imagination, comme étant sa déité. Et quiconque conçoit une telle croyance, admet une limitation à Son Être. Le confiner en un lieu ou à des attributs particuliers, et Le rabaisser au niveau de Ses créatures».1
1. Ash-Sharîfu r-Râdhi (mort en 406 de l'hégire), Nahdju l-balâgha (sermons de l'Imam Ali, paix sur lui), le premier sermon où l'Imam parle du commencement de la création des cieux, de la terre et d'Adam. Al-Ihtidjâdj, 1: 296. Ibnu l-Hadîd (mort en 656 de l'hégire),
Sharhu n-nahdju l-balâgha, 1: 72. Bihâru l-anwâr, 4: 247; 57: 176; 84: 300; 96: 263.
VIII– NOTRE CROYANCE CONCERNANT LA JUSTICE DIVINE
Nous croyons que l'un des Attributs positifs de Dieu est le fait qu'Il est Juste. Il n'est injuste envers personne. Il ne commet aucune oppression dans Ses décisions, Il récompense ceux qui obéissent à Ses commandements, Il punit ceux qui commettent des péchés, Il n'oblige pas Ses serviteurs à faire ce qui n'est pas en leur pouvoir, Il ne les punit pas pour plus que ce qu'ils auraient commis. Nous croyons que Dieu ne néglige aucune bonne action, sauf si celle-ci cède la place à une meilleure. Dieu ne commet aucun acte incorrect, parce qu'Il a le pouvoir de faire les bonnes choses et d'éviter les mauvaises choses. Il connaît parfaitement l'excellence des bonnes actions et les mauvais effets des mauvaises actions. Il ne peut être contraint d'abandonner les bonnes actions pour en commettre de mauvaises à leur place. L'accomplissement de bonnes actions ne Lui cause aucun mal pour qu'Il se voie forcé de les abandonner. Il n'a pas éprouvé non plus le besoin de faire une mauvaise chose pour qu'Il doive la faire. D'autre part, Dieu est Sage et tous Ses actes sont systématiquement conformes à Sa sagesse.
Si Dieu commettait une injustice ou une mauvaise chose- et Il est trop éloigné d'un tel défaut- ce serait pour l'une des raisons suivantes: 1- soit parce qu'Il ignorerait le mauvais aspect du mal; 2- soit parce que, tout en connaissant le mal, Il serait contraint de le faire et incapable de le détester (le mal); 3- soit parce que, tout en connaissant le mal, et sans être contraint de le faire, Il aurait quand même besoin de le faire; 4- soit parce que, tout en connaissant le mal, et sans être contraint ni avoir besoin de le faire, Il le ferait quand même, par plaisir et absurdité. Or, toutes ces suppositions qu'on attribuerait à Dieu
sont impossibles, car pour qu'elles soient possibles il faudrait supposer qu'il y ait une imperfection en Dieu, alors que Dieu est la perfection même. C'est pourquoi nous ne pouvons qu'en déduire qu'Il est dépouillé d'injustice et immunisé contre la possibilité de faire le mal.
Cependant quelques sectes musulmanes croient qu'il est possible que Dieu puisse faire le mal. Elles professent que Dieu peut aussi bien punir les gens obéissants qu'envoyer les pécheurs et même les infidèles au Paradis. Elles disent aussi que Dieu peut commander à Ses serviteurs de faire ce qui dépasse leur pouvoir et les punir pour ne l'avoir pas fait. Pis encore, les adeptes de ces sectes affirment que Dieu peut égarer, opprimer et tromper Ses serviteurs, qu'Il peut également faire des choses sans raison et sans sagesse. Pour appuyer ces croyances, elles citent le verset coranique suivant:
«Ce n'est pas Lui qu'on interrogera sur ce qu'Il fait; mais ce sont eux qu'on interrogera ».1 Selon la croyance de ces gens, Dieu serait "injuste", "sot", "bouffon", "menteur", "trompeur". Ils croient qu'Il est Celui qui fait de mauvais actes et qui néglige les bons actes. Mais nous croyons fermement que Dieu est très éloigné de telles aberrations inadmissibles, c'est la pire forme de blasphème pur et simple.
Dieu, le Tout-Puissant, dit dans des versets coraniques qui n'admettent aucune interprétation allégorique: «Dieu ne veut pas l'injustice pour Ses serviteurs».2 «Tandis que Dieu n'aime pas le désordre ».3
1. Coran: Les Prophètes: 23.
2. Coran: Le Pardonneur: 31.
3. Coran: La Vache: 205.
80 LES CROYANCES DES IMÂMITES
«Ce n'est pas en jouant que Nous avons créé le ciel, la terre et ce qu'il y a entre les deux ! »1
«Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils M'adorent».2
1. Coran: Les prophètes: 16.
2. Coran: Qui Eparpillent: 56.
IX– NOTRE CROYANCE CONCERNANT L'ASSUJETTISSEMENT
Nous croyons que le Tout-Puissant Dieu ne commande pas à Ses serviteurs de s'acquitter d'une obligation quelconque qui les dépasserait ou qu'ils ne pourraient pas comprendre, sans leur avoir au préalable fait connaître leurs responsabilités par la raison et la preuve, car ce serait une pure injustice que d'ordonner à quelqu'un de faire quelque chose qui dépasserait ses capacités, ou sans l'informer au préalable d'une chose qu'il ne saurait faire sans aucune faute de sa part. Toutefois, un musulman qui néglige d'apprendre ses obligations religieuses sera comptable devant Dieu de sa négligence, et puni en conséquence, car il incombe à tout musulman de chercher à connaître l'information requise sur les obligations et les Commandements religieux.
Nous croyons aussi que Dieu ordonne à Ses serviteurs de s'en tenir aux règlements et commandements religieux qui sont destinés à leur propre bien-être et à les conduire à la Paix et à la prospérité. Il leur impose d'obéir à ces commandements afin d'être guidés dans le droit chemin du bien, des bénédictions et de la bienveillance, et d'être protégés contre la malfaisance, la destruction, le chaos, et tous autres méfaits qui pourraient les conduire vers les malheurs dans les deux mondes, et contre lesquels Dieu les met en garde, bien qu'Il sache que la plupart d'entre eux ne vont pas Lui obéir. La guidance offerte par Dieu est Sa bienfaisance et Sa miséricorde envers Ses serviteurs, car ceux-ci ne connaissent pas, dans la plupart des cas, leurs vrais intérêts ni leurs moyens de bonheur, et ignorent beaucoup de choses qui leur sont nuisibles. Mais Dieu est Miséricordieux et Pardonneur. Ses bénédictions et Sa miséricorde sont inhérentes à son Être
82 LES CROYANCES DES IMÂMITES
Absolu. Il est impossible que ces attributs soient dissociés de Lui. Ses Bénédictions et Sa Miséricorde sont éternelles et ne peuvent être retirées de Ses serviteurs, même si ces derniers n'obéissent pas toujours à Ses commandements et qu'ils s'attirent eux-mêmes le malheur.
X– NOTRE CROYANCE CONCERNANT L’ARRÊT ET LE DESTIN1
Les fatalistes2 disent que Dieu est responsable des actes de Ses créatures et qu'Il contraint l'homme à commettre des péchés, pour lesquels Il le punit par la suite. En outre, toujours selon eux, Dieu forcerait l'homme à Lui obéir, en même temps qu'Il le récompense pour avoir été obéissant. Les fatalistes affirment encore qu'en réalité le véritable auteur des actes de l'homme est Dieu, et qu'on attribue à ce dernier la paternité de ces actes au sens figuré, parce que l'homme est le moyen de leur exécution. La raison de cette croyance réside dans le fait de nier la relation naturelle qui existe entre la cause et l'effet, et que Dieu est la Vraie Cause et qu'il n'y a aucune conception d'autre cause ou raison.
Si les tenants de ce point de vue nient la relation naturelle entre la cause et l'effet dans les choses existantes, c'est parce qu'ils pensent que la croyance en Un Créateur et en Un Dieu Unique, le justifie. Mais selon notre croyance, à nous Imâmites, quiconque conçoit Dieu de cette façon, Lui attribue en fait l'injustice alors que Dieu n'est jamais injuste. Les adeptes du libre arbitre3 croient que Dieu a conféré à l'homme un plein pouvoir et une totale liberté pour qu'il agisse
1. Shahîd Murtadhâ Muţahharî, L'homme, le destin et le décret, traduit du persan en arabe par Muhammad Ali Taskhîrî, Beyrouth, Dâru tta'ârufi li l-maţbû'ât, 2è édition, 1981. Traité rédigé par Sayyid Ali Allamé Al-Fânî, Al-mukhtâru fî l-djabri wa l-ikhtiyâr, Aş-Şâdiqî AlHusaynî, Muhammad Ali, Nadjaf, 1375 de l'hégire. 2. Al-Djabriyyah.
3. Al-Mufawwidha.
84 LES CROYANCES DES IMÂMITES
selon sa propre volonté, et qu'Il a retiré Son pouvoir et Son contrôle sur les actes de Ses serviteurs. L'argument qu'ils avancent à l'appui de cette croyance consiste en ceci qu'associer les actes de l'homme à Dieu équivaut à attribuer des défauts à Dieu, alors que la vraie cause de ces actes est l'homme et les autres êtres, même si toutes les causes reviennent à la Cause Première qui est Dieu. Mais pour nous, les tenants de ce point de vue séparent Dieu de Son Pouvoir Absolu et Lui associent d'autres dans la création.
La croyance des chiites, qui est la ligne tracée par les Saints Imams (p) professe que ni le premier courant, celui de la contrainte1, ni le second, celui du libre arbitre absolu2, ne représentent la ligne correcte, laquelle se trouve dans une position intermédiaire entre ces deux extrêmes, et ce sujet est tellement subtil et délicat qu'il n'a pas pu être compris par les controversistes, c'est-à-dire ceux qui croient à la fatalité, ceux qui croient au libre arbitre, et les adeptes de la théologie apologétique. C'est d'ailleurs ce qui les a conduis à tomber chacun dans un extrême. La connaissance et la philosophie n'ont pu planifier la vraie signification de ce délicat sujet qu'après plusieurs siècles de controverse, une fois qu'elles ont jeté une ample lumière sur cette voie médiane (amrun bayna amrayn). Il n'est pas étonnant que ceux qui ne connaissent pas la Sagesse des Imams (p) et leurs paroles, croient que cette formule "la voie médiane" est l'une des découvertes de quelques philosophes occidentaux modernes, alors que nos Imams nous l'ont apprise il y a dix siècles !
En effet, c'est notre Imam Sadiq (p) qui a expliqué la voie intermédiaire à travers son célèbre énoncé: "Ni contrainte ni
1. Djabr.
2. Tafwîdh.
libre arbitre total, la vérité se trouve entre les deux extrêmes".1
En réalité, la signification sous-jacente de cette expression est riche en splendeur. Elle peut être résumée ainsi: "D'une part, nos actes sont effectivement nos propres actes, nous en sommes la cause réelle, ils sont sous notre contrôle et ils découlent de notre choix, et d'autre part ils sont accomplis sous les auspices de la Souveraineté de Dieu, car Dieu est le Créateur et l'Octroyeur". En d'autres termes, Dieu ne nous oblige pas à faire ce que nous faisons, pour que nous ne puissions pas dire qu'Il est injuste en nous punissant pour nos mauvaises actions, car nous avons toute liberté et tout pouvoir de ne pas les accomplir. Mais, d'un autre côté, Il ne nous abandonne pas totalement dans l'accomplissement de ces actes, pour que nous ne puissions pas dire que ceux-ci sont en dehors de Son Pouvoir, car c'est à Lui qu'appartiennent la Création et la Souveraineté, et par conséquent, c'est Lui qui possède la Domination et l'Autorité sur toute chose, et c'est Lui Qui entoure toute les actions de Ses serviteurs.
Toutefois, selon notre croyance, l’arrêt et la prédestination sont parmi les secrets de Dieu. Quiconque se sent capable de les comprendre sans les altérer dans leur signification réelle peut
1. Al-Kâfî, 1: 160. Şadûq, At-Tawhîd, 362, ch. "nafyu l-djabri wa ttafwîdh", tradition n 8; ch. traitant des noms de Dieu, tradition n 9.
Şadûq, 'Uyûnu akhbâri r-Ridhâ (p), 2: 114. Cheikh Mufîd (mort en 413 de l'hégire), I'tiqâdât, 29, ch. "al-i'tiqâdu fî nafyi l-djabri wa ttafwîdh. An-Naysabûrî (mort en 508), Rawdhatu l-wâ'izhîn, 38. AlIhtidjâdj, 2: 198, 253. Al-Mahmûdî (Mu'âşir) a également cité cette tradition que l'on a rapportée de l'Imam Ali, paix sur lui, Nahdju ssa'âdah, 1: 483. Al-Muttaqiyyu l-Hindî (mort en 974 de l'hégire),
Kanzu l-'ummâl, 1: 349. 'Asqalânî (mort en 852 de l'hégire), Fathu lBârî (un commentaire de Şahîhu Bukhârî), 13: 410. Al-Manawî (mort en 1331 de l'hégire), Faydhu l-qadîr (commentaire de Djâmi'u ş-
şaghîr), 1: 540.
86 LES CROYANCES DES IMÂMITES
découvrir la vérité, mais si une personne n'arrive pas à les comprendre de cette façon, elle n'a pas à chercher à y parvenir, de crainte que par manque de lucidité elle ne s'égare et ne détruise sa croyance. La question de la voie médiane est un sujet philosophique extrêmement délicat et ne peut être comprise que par peu de gens bénis et doués de Sagesse. C'est pour cette raison que de nombreux théologiens se sont égarés. Vouloir forcer le commun des mortels à comprendre cette question et à agir en conséquence, c'est aller au-delà de leur capacité. C'est pourquoi, il suffit pour chacun de suivre les paroles des Saints Imams et de croire qu'il n'y a ni contrainte ni libre arbitre absolu, et que la réalité est entre deux. Toutefois cette question n'est pas l'un des principes de la Religion et il n'est pas nécessaire de l'approfondir ni de la comprendre pleinement.
XI– NOTRE CROYANCE
CONCERNANT LE BADÂ’1
Appliqué à l'homme, le mot Badâ, signifie que quelqu'un conçoit d'une chose une opinion qu'il n'avait pas auparavant, ou qu'il change d'avis concernant son intention de faire une chose déjà décidée, à la suite d'un changement dans son opinion sur cette chose ou dans sa connaissance de cette chose. Il décide donc de s'abstenir de faire quelque chose qu'il voulait faire par ignorance, et sa nouvelle opinion traduit son regret d'avoir voulu faire quelque chose qu'il ne veut plus faire. Ainsi, on dit que quelqu'un a le Badâ’ lorsqu'il abandonne sa décision de faire quelque chose. Ce changement et cette substitution d'opinion sont dus à l'incapacité de l'homme de savoir ce qui est bien pour lui, ou à son regret de ses actions passées. Le Badâ', dans ce sens, est impossible dans le cas de Dieu, car Dieu est dépouillé d'ignorance et de défauts, et les Chiites Imâmites n'attribuent point cette signification du mot à Dieu. L'Imam Dja'far Sadiq (p) dit: « Quiconque prétend que Dieu aurait changé d'avis et serait pris de remords à propos de quelque chose a, d'après notre croyance, mécru en Dieu le
1. Allamé Subhânî, Le badâ à la lumière du Coran et de la Sunnah, exposés de cours compilés par Dja'far Al-Hâdî, mise en page par la fondation "Al-Imâm Şâdiq" (p) et distribué par la fondation de "la publication islamique", sans date, Qûm. Murtadhâ Al-'Askarî, AlBadâ’, série "'Alâ l-mâidati l-kitâbi wa s-sunnah" n 8, Beyrouth, B.P. 24/124. 'Abdu l-Karîm Al-Bahbahânî, Al-Badâ fi l-qur-âni l-karîm (comité des recherches et des réponses aux équivoques), Assemblée Mondiale Ahlu l-Bayt (p), Qum. Muhammad Hâdî, Ahlu l-Bayt (p) et le Saint Coran, ch. 3 sur le badâ, p. 117– 178, Qum, l'Assemblée Mondiale Ahlu l-Bayt (p), 1ère éd., 1419 de l'hégire.
88 LES CROYANCES DES IMÂMITES
Magnifique ».1 Il dit, en outre: «Je désavoue quiconque prétend que Dieu a changé d'avis à propos d'une chose dont Il ignorait (la réalité) ».2
Certains propos des Imams infaillibles (p), mal interprétés et mal compris, ont laissé croire qu'ils attribuent à Dieu le Badâ' selon sa signification appliquée à l'homme. En effet les ennemis des Ahl-ul-Bayt citent les propos suivants de l'Imam Dja`far Sadiq (p), en mettant en avant son interprétation incorrecte et malveillante pour dénigrer les Musulmans imâmites: «Dieu n'avait jamais fait un "badâ'" sur une chose comme il l'a fait concernant mon fils Ismâ’îl».3 C'est ainsi que certains écrivains, s'accrochant à la signification erronée donnée à ladite remarque4 de l'Imam Sadiq (p), s'appliquèrent à dénigrer les chiites, pour les dénoncer injustement comme étant des égarés, ignorant tout simplement qu'en vérité la signification réelle de la remarque du Saint Imam n'est que la traduction fidèle du versets coranique suivant:
«Dieu efface ce qu'Il veut. Il confirme aussi. Et la prescription mère est auprès de Lui »5. Ce qui signifie que Dieu pourrait faire apparaître à travers une déclaration du Saint Prophète (pbsl) ou de son vicaire, ou par un quelconque autre moyen,
1. Cheikh Mufîd (mort en 413 de l'hégire), Al-I'tiqâdât, 41. 2. A la page 70 de son ouvrage "Kamâlu d-dîn wa tamâmu n-ni'mah",
Şadûq (mort en 381 de l'hégire) rapporte cette tradition comme ceci: “Désavouez quiconque prétendra que Dieu a changé d'avis, aujourd'hui, à propos d'une chose dont, hier, Il ignorait la réalité”.
3. Şadûq (mort en 381 de l'hégire), At-Tawhîd, 336; Kamâlu d-dîn, 69.
4. Cheikh Şadûq, un des grands et illustres savants chiites du 4ème siècle de l'hégire, a dit: "En vérité, le badâ’ qu'on attribue aux chiites duodécimains veut dire la manifestation d'une affaire. Les arabes disent: Quelqu'un m'a paru, c'est-à-dire quelqu'un m'a semblé, il ne s'agit donc pas des remords, Dieu est Très élevé d'une telle pensée",
Kamâlu d-dîn wa tamâmu n-ni'mah, 69. 5. Coran: Le Tonnerre: 39.
toute chose qu'il est opportun d'énoncer, mais qu'Il le change ou l'abolit par la suite, bien qu'Il ait une pleine connaissance de tous ses aspects.
Par conséquent, la signification correcte de la remarque de l'Imam Dja'far Sadiq (p) est la suivante: "Dieu ne s'était jamais manifesté à travers une affaire autant qu'Il s'est manifesté dans l'affaire d'Ismâ’îl (fils de l'Imam Dja'far Sadiq), car étant le fils aîné de l'Imam Sadiq (p) il apparaissait aux yeux des gens que c'est lui l'héritier présomptif de son père à l'Imâmat. Par conséquent, Dieu le fit périr1 afin avant son père pour faire savoir aux gens qu'il n'était pas destiné à succéder à l'Imam Dja'far Sadiq (p) comme Imam.2 Ce qui s'approche de cette signification de Badâ, c'est la question de l'abrogation des statuts des lois divines antérieures par celles révélées à notre Prophète (pbsl) ou même, l'abrogation de certains commandements apportés par notre Prophète lui-même.
1. Le verbe arabe employé ici est "ikhtarama" qui veut dire: être retranché de la vie par la mort ou être tué. En conséquence, les deux expressions arabes "Ikhtaramahum ou Yakhtarimuhumu d-dahru" et
"Ikhtaramat-hu l-maniyya" veulent dire: "Le temps (l'adversité) les a retranchés" et "La mort l'a emporté". Voir: Fakhru d-dîni ţ-Ţurayhî (mort en 1085 de l'hégire), Madjma'u l-bahrayn, racine kh-r-m, t. 1, p. 640, version révisée par Ahmad Al-Husaynî en quatre tomes, maktabu nashri th-thaqâfati l-islâmiyya, 2è édition. 2. “Dieu ne s'était jamais manifesté à travers une affaire autant qu'Il s'est manifesté dans l'affaire d'Ismâ’îl dès lors qu'Il le fit périr avant moi afin que l'on sache qu’il n'était pas destiné à me succéder en tant qu'Imam”. Ces propos de l'Imam Şâdiq, paix sur lui, ont été rapportés dans: At-Tawhîd de Cheikh Şadûq (mort en 381 de l'hégire), p. 336, ch. traitant de Badâ’, tradition n 10; Kamâlu d-dîn wa tamâmu nni'mah, p. 69; Madjma'u l-bahrayn de Fakhru d-dîni ţ-Ţurayhî (mort en 1085 de l'hégire), t. 1, p. 168.
XII– NOTRE CROYANCE CONCERNANT LES STATUTS LÉGAUX DE LA RELIGION
Nous croyons que Dieu Tout-Puissant a prescrit des commandements au bénéfice de Ses serviteurs. Les préceptes qui nous sont particulièrement bénéfiques sont aussi obligatoires pour nous. Il a interdit et déclaré illicites pour nous les choses qui nous sont nuisibles. Il a recommandé les choses qui nous sont utiles jusqu'à un certain point. Tout ceci constitue une justice et une grâce de la part de Dieu envers Ses serviteurs. Dieu a envoyé Ses commandements pour envelopper tous les événements et incidents, même si nous n'avons pas toujours accès à tous ces commandements. Mais rien n'est, en fait, audelà de la portée des commandements divins. En d'autres termes, nous devons savoir que Dieu ne nous ordonne pas de faire ce qui est mauvais, ni n'interdit pour nous ce qui est utile. Mais certaines écoles juridiques de l’islam affirment que, est mauvais ce que Dieu nous interdit de faire, et est bon ce que Dieu nous ordonne de faire, et qu'il n'y a rien qui soit bon ou mauvais intrinsèquement dans les actes eux-mêmes. Cette croyance est généralement considérée comme étant contraire à la raison et au bon sens commun, car les tenants de cette croyance pensent que Dieu peut ordonner ce qui est mauvais et interdire les choses qui sont bonnes. Mais nous avons déjà mentionné qu'une telle notion est absolument sans fondement, parce qu'elle implique que Dieu serait ignorant et incapable de faire certaines choses, ce qui est, à notre sens, tout à fait au-dessus de ce qu'ils avancent. En un mot, la croyance correcte est de dire que Dieu n'a aucun avantage à nous ordonner de faire les bonnes choses et à nous interdire de faire les mauvaises choses, bien au contraire, il est seulement de notre propre intérêt et à notre propre avantage de
suivre les commandements divins. Puisque certaines actions sont bonnes et certaines autres mauvaises, Dieu nous a commandé, pour notre bien, d'accomplir celles qui sont bonnes, et de nous abstenir de celles qui sont mauvaises. Ces commandements de Dieu qui nous obligent à faire certaines choses et nous interdisent à en faire d’autres choses ne sont pas sans finalité, car Dieu n’ordonne ni n’interdit à Ses serviteurs par simple jeu.
CHAPITRE II
LA PROPHETIE
Notre croyance concernant:
÷ La Prophétie
÷ La Prophétie en tant que grâce (divine)
÷ Les miracles des prophètes
÷ L'infaillibilité des prophètes
÷ Les attributs des Prophètes
÷ Les Prophètes et leurs livres
÷ L’islam
÷ Le législateur de l’islam
÷ Le Saint Coran
÷ La méthode de prouver l’islam et les législations
antérieures.
XIII– NOTRE CROYANCE CONCERNANT
LA PROPHETIE
Nous croyons que la Prophétie est une responsabilité divine
dont Dieu charge Ses serviteurs élus parmi ceux qui sont les
plus parfaits et qui jouissent d'une position exaltée. Dieu les
désigne pour qu'ils guident les gens vers la Paix, la prospérité et
la perfection.
Dieu envoie Ses prophètes avec une mission divine afin qu'ils
purifient les gens de l'immoralité, des actions pécheresses, des
mauvaises habitudes et des coutumes nuisibles, et pour qu'ils
leur enseignent la Sagesse et le Savoir ou, en un mot, afin de
permettre à l'homme d'atteindre à la faite de la perfection digne
de l'humanité dans les deux mondes.
Nous croyons que Dieu, le Miséricordieux, envoie, selon la loi
de la grâce divine, dont la signification sera expliquée plus loin,
Ses prophètes, afin qu'ils accomplissent la mission de la
Prophétie en guidant les gens et en opérant une réforme dans le
monde. Ils sont en fait les représentants de Dieu, agissant en
qualité d'intermédiaires entre Lui et les gens.
En outre, selon notre croyance, Dieu n'a pas donné à l'humanité
le droit de désigner, de choisir ou de nommer quiconque comme
prophète. Les gens n'ont pas leur mot à dire en la matière. Seul
Dieu a autorité pour choisir et désigner Ses prophètes, étant
donné qu'Il dit: «Dieu sait mieux où assigner la charge d'être
Son messager ! »1
C'est pourquoi, les gens doivent sans hésitation reconnaître les
prophètes et suivre leurs commandements et enseignements. Ils
1. Coran: Les dépouilles: 124.
ne doivent pas mettre en question l'autorité des prophètes. Ils
n'ont pas le droit de les contredire, car Dieu les a envoyés
comme guides, porteurs de la bonne nouvelle, et avertisseurs de
ce qui arrivera.
XIV– LA PROPHÉTIE EN TANT
QUE GRÂCE (DIVINE)
L'homme est un être étrange. Sa condition est surprenante, et sa création, sur les plans de son corps, de son âme et de son intellect, est très mystérieuse et déconcertante. En fait, chaque être humain a été créé sous une forme particulière et avec des caractéristiques spéciales. Il possède de telles tendances innées qu'elles le conduisent aussi bien vers le mal que vers le bien. Parfois l'homme devient l'esclave de ses passions, de son égoïsme, de son avidité, de sa vanité, et parfois, il se sent le besoin d'affirmer sa supériorité sur les autres, d'amasser des fortunes et de chercher la gloire dans ce monde. Dieu dit dans le Saint Coran: «Certes oui, l'homme est en perdition...».1 Dans une autre Sourate, Il dit: «Vraiment, l'homme se rebelle, dès qu'il se voit au large ».2 Il dit encore: «L'âme de l'homme l'incite au mal».3
Il y a d'autres versets qui indiquent que l'homme a été créé avec des sentiments et des inclinations réfractaires. Toutefois, Dieu a doté l'homme d'une faculté intellectuelle qui le guide vers le mieux-être et la prospérité. IL l'a également doté d'une conscience qui l'incite à éviter de commettre des mauvaises actions et des injustices, et qui le met en garde contre les mauvaises conséquences des agissements ignobles. Il y a toujours conflit entre les désirs temporels et la raison à l'intérieur de l'homme lui-même. Celui qui parvient à maintenir ses tentations sous le contrôle de son intellect se trouve au
1. Coran: Le Temps: 2.
2. Coran: Le Caillot de sang: 6– 7.
3. Coran: Yûsuf: 53.
98 LES CROYANCES DES IMÂMITES
nombre de ceux qui suivent la Voie de la Noblesse et de la Vertu et qui ont atteint à la lumière spirituelle. Et celui qui laisse ses tentations dominer son intellect et sa raison s'égare et dévie du droit chemin, il est semblable à un animal sauvage sous une forme humaine.1
Le conflit demeure entre ces deux forces opposées à l'intérieur de l'âme humaine. Celui dont la raison l'emporte sur la passion se trouve parmi les gens les plus élevés sur le plan de leur position, les mieux dirigés sur le plan de leur humanité, et les plus parfaits sur le plan de leur spiritualité; alors que celui dont la passion a raison de lui descend parmi ceux qui se trouvent à la plus basse position et qui sont dégradés, sur le plan humain, au niveau des bestiaux. Ainsi, le résultat de la soumission d'un homme à ses passions est l'égarement et l'abandon du droit chemin de la guidance. Il est tel que le décrit le Saint Coran dans l’islam suivant: « Et la plupart des gens n'en sont pas à se faire croyants, quand même tu en serais avide ».2 En outre, l'homme n'est pas en position de distinguer ce qui est bénéfique de ce qui est nuisible pour lui, ni de connaître les causes de sa prospérité ou de son infortune car, en raison de son ignorance des choses qui l'entourent de tous côtés, et des choses qu'il a lui-même inventées, il est ignorant des réalités. Il ne peut comprendre les choses qui le concernent directement, ni n'est au courant des choses qui ont des effets généraux sur l'humanité et la société. Plus il essaie d'approfondir une chose, plus il se rend compte de l'étendue de son ignorance. L'homme a donc un besoin impérieux de quelqu'un qui lui montre la voie de la prospérité et de la guidance afin de pouvoir, grâce à son
1. En effet, Dieu le Puissant et le Sage a dit: “Et par l'âme et comme Il l'a ordonnée, en sorte qu'Il lui a inspiré son libertinage de même que sa piété! A réussi, certes, celui qui la purifie. Et a perdu, certes, celui qui la corrompt!” Le Soleil: 7– 10.
2. Yûsuf: 103.
orientation éclairée, diriger son intellect et vaincre les mauvaises intentions qui l'habitent, lorsqu'il se trouve en proie au conflit entre sa raison et ses tentations. Le moment où l'homme a le plus intensément besoin de la guidance de quelqu’un, c'est lorsque les propensions et les inclinations charnelles le trompent en lui présentant une image inversée de l'ordre réel des choses, le laissant prendre ses mauvaises actions pour de bonnes actions et ses bonnes actions pour de mauvaises actions.
Lorsque les désirs temporels de l'homme lui font perdre sa faculté de distinguer le bien du mal dans le jugement, chacun de nous, qu'on l'admette ou non, devient la victime de sa stupidité, et seuls ceux que Dieu a destiné à être pieux et infaillibles parviennent à avoir raison de leurs émotions et de leurs tentations.
C'est pourquoi il est difficile, même pour l'homme instruit et civilisé- et que dire alors du commun des mortels et des gens simples d'esprit ou ignorants- de parvenir tout seul à toutes les voies du bien et du mieux-être, et de savoir ce qui lui est utile et ce qui est nuisible (dan la vie présente et dans celle à venir) concernant sa propre personne, son milieu et sa société, et ceci même s'il se livre à des concertations avec ses semblables, et organise des débats avec eux sur le sujet. Par conséquent, Dieu a dû envoyer aux hommes, par miséricorde et par bonté envers eux, des prophètes, afin que ceux-ci leur communiquent le Message Divin, les débarrassent des impuretés, leur enseignent le Livre et la Sagesse, les mettent en garde contre les conséquences de la corruption et de la destruction et leur annoncent la Bonne Nouvelle qui résultera des vertus et des bonnes actions accomplies pour le bien-être de l'humanité. En effet, Dieu dit: «C'est Lui Qui a envoyé chez
100 LES CROYANCES DES IMÂMITES
les Gentils un messager des leurs qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse».1 La grâce de Dieu et Sa bonté envers Ses serviteurs sont nécessaires, car elles constituent le signe de Sa Perfection Absolue, puisqu'Il est Bon, Généreux et Bienfaisant envers Ses serviteurs. Si les conditions sont réunies pour que la Générosité et la Grâce de Dieu soient accordées, Dieu le Très-Haut, accorde obligatoirement Sa Grâce, car il n'y a pas de place pour l'avarice au sein de Sa Miséricorde, ni de défaillance dans Sa Générosité et Sa Largesse.
Le sens d'obligation, ici, ne signifie pas que Dieu recevrait un ordre d'un quelconque être et qu'Il lui obéirait. Dieu est audessus d'une telle hypothèse absurde. L'obligation a le même sens, ici, que dans l’énoncé: "Il est Auto-Existant", c'est-à-dire que cette Existence est inhérente à Dieu, et qu'il est impossible qu'elle se sépare de Lui. De la même façon, la Miséricorde et la Grâce ne peuvent être séparées de Dieu.
1. Coran: Le Vendredi: 2.
XV– NOTRE CROYANCE CONCERNANT LES MIRACLES DES PROPHÈTES (P)
Nous croyons que Dieu Tout-Puissant, qui investit Ses prophètes pour la guidance de l'humanité, fournit obligatoirement à Ses serviteurs le moyen de reconnaître et d'identifier chaque messager qu'Il leur envoie. Le seul moyen de rendre les gens capables d'identifier leur Prophète est de leur fournir une preuve ainsi qu'un argument1 de sa Prophétie, et Dieu le fait nécessairement afin de compléter et parfaire pour eux Sa Grâce et Sa Miséricorde. Cette preuve est obligatoirement du genre de celles qui ne peuvent être établies que par le Créateur des êtres et le Régisseur des existences, et qui ne sont pas à la portée de quiconque n'est pas un Créateur Absolu, en un mot ladite preuve doit être nécessairement hors de la capacité des humains. C'est ce genre particulier de preuve qu'on appelle "miracle"2, c'est-à-dire quelque fait tel qu'il est impossible à l'homme de l'imiter ou de reproduire son pareil. De même qu'il est nécessaire que ce Prophète montre son miracle, et ce faisant, convainque les gens, de même, il est nécessaire que non seulement le commun des mortels, mais aussi les hommes du savoir et de sagesse, les savants et les experts, soient incapables de produire l'égal de ce miracle. En outre, il est nécessaire que le miracle soit concomitant à la proclamation du Prophète et serve d'argument pour lui. Une fois que des gens, comme les savants et les connaisseurs, se seront
1. Dieu le Très Haut a dit dans Son Livre Saint: “En tant que Messagers, annonciateurs et avertisseurs, afin qu'après les Messagers il n'y eût plus pour les gens d'argument contre Dieu. Et Dieu demeure Puissant et Sage”. Les Femmes: 165. 2. Mu’djizah.
102 LES CROYANCES DES IMÂMITES
montrés incapables d'accomplir quelque chose de semblable au miracle du prophète, la preuve aura été fournie que l'exploit de ce dernier dépasse la capacité de l'homme et qu'il est surnaturel, ce que l'auteur de cet exploit surnaturel est au-dessus du niveau des êtres humains, en raison de sa communication avec le Régisseur des existences.
Lorsqu'un tel miracle est produit par une personne qui se proclame prophète, les gens ont devant eux une preuve évidente de la vérité de sa prophétie, et doivent par conséquent l'accepter comme prophète et se soumettre à lui, en embrassant sa foi et en suivant ses commandements. Ils ne pourront pas invoquer le prétexte de n'avoir pas été informés de sa prophétie par Dieu. La preuve ayant été ainsi fournie, il appartient à chacun de croire ou de ne pas croire.
Il est à constater que le miracle de chaque prophète concordait avec les conditions des arts et des sciences de son époque. Ainsi le bâton du prophète Moïse (p) détruisit tout ce que les magiciens produisaient. Cela eut pour conséquence que ces habilités n’auraient plus aucun effet et qu'il était humainement impossible de contrecarrer ce miracle, étant donné que leurs arts et sciences ne pouvaient rien contre lui.1 Il en alla de même pour le miracle du prophète Isâ (Jésus). Il consista à rendre la vue aux aveugles, à guérir les lépreux et à
1. Dieu le Très Haut a dit: “Et les magiciens vinrent à Pharaon en disant: Y aura-t-il vraiment un salaire pour nous si nous avons le dessus? Il dit: Oui, en vérité vous serez certainement du nombre des rapprochés. Ils dirent: O Moïse, est-ce toi qui jettes, ou c'est à nous de jeter? Jetez, dit-il. Puis lorsqu'ils eurent jeté, ils ensorcelèrent les yeux des gens, et les épouvantèrent, et vinrent avec une énorme magie. Et Nous révélâmes à Moïse: Jette ton bâton. Et voilà qu'il happait ce qu'ils avaient fabriqué. Ainsi la vérité se posa, et ce qu'ils faisaient fut vain. Ainsi ils eurent le dessous et se firent petits. Et les magiciens furent jetés prosternés”. Les Limbes: 113: 120.
ressusciter le mort, car, à son époque, la science médicale était très populaire. Les gens instruits et les médecins, qui étaient tenus en haute estime par les gens, se trouvèrent désarmés devant les miracles du prophète ‘Isâ et ne purent que s'incliner devant lui.1
L'éternel miracle du Prophète de l’islam est le Saint Coran dont l’éloquence et le style incomparables constituèrent un défi à une époque où la rhétorique était l'art dominant dans la société et où les orateurs étaient tenus en très haute estime par le peuple. A l’époque de la révélation du Saint Coran, ceux qui se distinguaient par leur éloquence jouissaient de la priorité sur les autres dans la préséance. Mais l'avènement du Coran eut l'effet de la foudre sur eux. Le Saint Livre les humilia, les étonna et leur fit comprendre qu'ils ne pouvaient point se mesurer à lui. Aussi, constatant leur incapacité à se hisser à son niveau, ou même à essayer de l'imiter, s’inclinèrent-ils devant lui et obéirent-ils à ses commandements.2 La preuve de leur impuissance devant le Coran est qu'il les défia tout d'abord de reproduire seulement dix sourates semblables aux siennes3, et n'étant pas parvenus à relever ce premier défi, ils furent défiés
1. Et dans un autre endroit: “Et le voilà messager aux enfants d'Israël–: En vérité, si je viens à vous c'est avec un signe de la part de votre Seigneur. Oui, pour vous je pétris de glaise une figure d'oiseau, puis je souffle dedans: et, par la permission de Dieu, c'est un oiseau. Et je guéris l'aveugle-né et le lépreux, et je ressuscite les morts, par la permission de Dieu. Et je vous apprends ce que vous mangez et ce que vous amassez dans vos maisons. Voilà bien là un signe, pour vous, si vous êtes croyants!” La Famille d'Amram: 49. 2. “Dis: Quand même hommes et djinns s'uniraient pour apporter le semblable de ce Coran, ils n'en sauraient apporter le semblable, même s'ils se soutenaient les uns les autres”. Le Voyage Nocturne: 88. 3. “Diront-ils: Il a blasphémé ça?– Dis: Apportez donc, en blasphémant, une dizaine de sourates semblables à ceci: et invoquez qui vous pourrez, hormis Dieu, si vous êtes véridiques”. Hûd: 13.
104 LES CROYANCES DES IMÂMITES
alors de reproduire une seule sourate1, ce qu'ils ne purent faire non plus. Pour notre part, ayant appris qu'ils furent incapables de relever le défi qu'il leur avait lancé et qu'ils recoururent, pour lui résister, aux lances, au lieu de l'éloquence, nous ne pouvons que constater que le Coran relève du miracle, et que Muhammad ayant apporté ce miracle pour accompagner son message, est pour nous le Prophète de Dieu et son Message est vrai.
1. “Et si vous êtes en doute sur ce que Nous avons fait descendre sur Notre Esclave, venez donc avec une sourate semblable, et, si vous êtes véridiques, appelez, en dehors de Dieu, vos témoins!” La Vache: 23.
XVI– NOTRE CROYANCE CONCERNANT L'INFAILLIBILITÉ DES PROPHÈTES1
Nous croyons que tous les prophètes, ainsi que les douze Imâms de la Famille du Prophète Muhammad sont infaillibles, et donc immunisés contre les péchés et les erreurs. Certaines écoles juridiques musulmanes s'opposent toutefois à cette croyance et ne considèrent pas que les Prophètes de Dieu, et encore moins les Saints Imams, doivent être forcément infaillibles. L'infaillibilité des prophètes signifie leur dépouillement de tout péché, majeur ou mineur, de toute erreur et de tout oubli. Et bien que de tels défauts soient humainement possibles, il est nécessaire que les élus de Dieu en soient dépourvus. Bien plus, il est nécessaire également que les prophètes soient préservés de la possibilités de commettre tout acte contraire à la bonne conduite, et ne se permettent pas une quelconque vulgarité ou légèreté telles que, par exemple, rire à haute voix, manger dans la rue, ou se livrer à tout acte contraire à la discipline sociale. La preuve de la nécessité de l'infaillibilité2 du Prophète est que, s'il lui était possible de commettre un péché, une erreur ou un
1. Pour obtenir de plus amples détails et enlever les équivoques à ce sujet, consulter: Tanzîhu l-ambiyâ, Sayyid Murtadhâ Ali Husayn AlMûsawî (mort en 436 de l'hégire), Dâru l-adhwâ, 2è éd., Beyrouth, 1989.
2. Parmi les arguments utilisés par les savants pour prouver la nécessité de l'infaillibilité des Prophètes, on peut citer: “Oui, Je vais faire de toi un Imam pour les gens. Et ma descendance? demanda t-il. Mon alliance, dit Dieu, ne touche pas les prévaricateurs”. La Vache: 124. Ce verset montre clairement que Dieu le Très Haut ne permet pas à quiconque pratique l'injustice de s'élever à la dignité de la Prophétie et de l'Imâmat. “Par Ta puissance! dit Satan. Alors très certainement,
106 LES CROYANCES DES IMÂMITES
oubli, dans ce cas nous nous trouverions devant une dilemme: soit nous devrions le suivre dans son péché ou son erreur, soit nous ne devrions pas. Dans le premier cas, nous aurions été autorisés par Dieu à commettre les péchés, ou même nous aurions eu l'obligation de le faire, ce qui est inconcevable logiquement et du point de vue de la religion. Dans le second cas, la raison d'être même de la Prophétie aurait disparu, car l'obligation de l'obéissance au Prophète est toujours inhérente à la Prophétie.1
Et si nous admettions que ses actes ou ses paroles puissent avoir la possibilité du péché ou de l'erreur, nous devrions alors envisager de ne pas le suivre dans tel ou tel enseignement ou commandement, et il s'ensuivrait que la raison d'être même de la Prophétie disparaîtrait, et le prophète deviendrait un homme comme n'importe quel autre, et sa parole et sa conduite n'auraient plus cette haute valeur absolument crédible. De même, il s'ensuivrait qu'on n'aurait pas à obéir nécessairement à ses ordres, et qu'on n'aurait pas une confiance absolue dans ses paroles et ses actes. Cette preuve de l'infaillibilité du prophète s'applique exactement à l'Imâm, car celui-ci est censé être désigné par Dieu pour la guidance de l'humanité après le Prophète, comme nous allons le voir dans le chapitre de l'Imâmat.
je les ferai errer, tous, sauf, parmi eux, Tes esclaves choisis”. Şâd: 82– 83. Dans ces deux versets, Satan manifeste son incapacité de faire errer celui que Dieu a choisi et a protégé contre le péché et la souillure.
1. “Nous n'envoyons de messager que pour qu'on lui obéisse, par la permission de Dieu”. Les Femmes: 64.
XVII– NOTRE CROYANCE CONCERNANT LES ATTRIBUTS DU SAINT
PROPHÈTE (PBSL)
Nous croyons qu'au même titre que l'infaillibilité, le prophète doit jouir des meilleures et des plus perfectionnées des qualités morales et intellectuelles, telles que le courage, le sens de la direction avisée, l'endurance, la vivacité d'esprit, et l'intelligence, de sorte qu'aucun autre être humain ne lui soit égale dans celles-ci, autrement il n'aurait pas mérité d'avoir la responsabilité de la présidence générale de toute l'humanité ni le pouvoir de diriger le monde entier. De même, nous croyons qu'il doit être de noble naissance, honnête, véridique, dépouillé de vices même avant l'avènement de sa Prophétie, afin que les gens puissent avoir confiance en lui et éprouver de l'estime et de l'affection pour lui, ou plutôt pour qu'il mérite cette haute position Divine.
XVIII– NOTRE CROYANCE CONCERNANT LES PROPHÈTES ET LEURS LIVRES
Nous croyons qu'en général tous les Prophètes et les Messagers, de même qu'ils sont infaillibles et purs, sont dans le Droit Chemin1. Nous croyons que renier leur Prophétie, les injurier ou se moquer d'eux est un blasphème, car les renier revient à renier notre Prophète qui nous a indiqué leur Prophétie et leur véracité. Mais nous avons surtout l'obligation de croire aux Prophètes connus par leurs noms et leurs Lois, tels qu'Adam, Noé (Nûh), Abraham (Ibrâhîm), David (Dâwûd), Salomon (Sulaymân), Moïse (Mûsâ), Jésus (‘Isâ), et tous ceux qui sont mentionnés dans le Coran. Quiconque renie l'un d'eux aura renié tous les autres et aura renié surtout la Prophétie de notre Prophète (pbsl). De même, il est obligatoire de croire à leurs Livres et à ce qui leur a été révélé. Cependant, en ce qui concerne la Thora et les
Évangiles dans leur version actuelle, il a été établi qu'ils ont été dénaturés et qu'ils diffèrent de ce que Dieu a révélé, en raison des changements, des substitutions, des ajouts et des additions qu'ils ont subis depuis les époques de Moïse et de Jésus. Ce qu'il en reste a été, entièrement, ou pour la plus grande partie, inventé par leurs adeptes et partisans après leur disparition.
1. “Dites: Nous croyons en Dieu et en ce qu'on nous a fait descendre, et en ce qu'on fait descendre vers Abraham et Ismaël et Isaac et Jacob et les Tribus, et en ce qui a été donné à Moïse et à Jésus, et en ce qui a été donné aux prophètes de la part de leur Seigneur: nous ne faisons de différence entre aucun d'eux. Et à Lui nous sommes soumis”. La Vache: 136.
XIX– NOTRE CROYANCE CONCERNANT L’ISLAM
Nous croyons que la seule religion acceptable par Dieu est la religion divine de l’islam1. L’islam est la Vraie Loi Divine. Il est la dernière de toutes les religions, la plus parfaite d'entre elles et la plus apte à assurer la prospérité de l'humanité et l'ensemble de ses intérêts dans ce monde et dans la Vie future. Il est valable pour toutes les époques et le restera, et il n'est susceptible de subir aucun changement ni aucune modification. Il renferme tous les systèmes et règles individuel, sociaux et politiques. Et étant donné que l’islam est la dernière des législations divines et qu'il n'attend pas l'avènement d'une autre législation destinée à réformer cette humanité plongée dans l'injustice et la corruption, un jour viendra nécessairement où la religion musulmane deviendra assez forte pour étendre sa justice et ses préceptes au monde entier. Si les dispositions de la Loi musulmane étaient totalement et correctement appliquées sur la terre, la paix régnerait totalement parmi les hommes, ils seraient au comble du bonheur et de la prospérité, de la dignité, de la satisfaction et de la moralité auxquels ils aspirent. L’injustice disparaîtrait de la surface de la terre, l'amour et la fraternité régneraient entre tous les hommes et il n’y aurait plus de trace de la pauvreté et de l'indigence. Si nous constatons, aujourd'hui, que la situation de ceux qui se disent musulmans, est honteuse et misérable, c'est parce que la religion musulmane n'a pas été appliquée vraiment dans sa lettre
1. “Oui, la religion, auprès de Dieu, c'est la soumission. Ceux à qui le Livre a été apporté ne se sont disputés, rebelles qu'ils étaient, qu'après que science leur fut venue. Et quiconque mécroit aux signes de Dieu… Dieu est prompt à prendre compte!” La Famille d'Imrân: 19.
110 LES CROYANCES DES IMÂMITES
et son esprit depuis la première époque de son histoire, ce qui eut pour conséquence une dégradation constante de l’état de la Communauté Musulmane pour aboutir à la situation lamentable dans laquelle nous nous trouvons actuellement, nous qui prétendons être musulmans. Ce n'est nullement l'attachement à la religion musulmane qui a causé aux musulmans ce retard honteux. Au contraire, c'est leur rébellion contre ses enseignements, leur mépris de ses Lois, la pratique de l'injustice et de l'agression tant parmi leurs rois que parmi leurs mendiants, tant parmi leurs dignitaires que parmi leurs masses populaires qui ont paralysé le mouvement de leur progression, détruit leur moral, entraîné leur malheur. Et il s'en est suivi tout naturellement que Dieu les a écrasés sous le poids de leurs péchés, car: «C'est que Dieu, vraiment, n'en est pas à changer un bienfait fait à un peuple, tant que qu'ils ne changent pas ce qu'ils ont en eux-mêmes ».1 C'est là une Loi Divine irrévocable: « Vraiment, les criminels ne seront pas les gagnants ».2 Et «Et ton Seigneur n'en est point à détruire des cités alors que leurs habitants en sont à se réformer »3, et c'est pour cela que «Telle est la saisie de ton Seigneur quand Il saisit les cités lorsqu'elles sont prévaricatrices. Sa saisie est douloureuse, forte, vraiment ! »4 Comment peut-on donc attendre de l’islam qu'il sorte la Umma de l'abîme dans lequel elle est descendue, alors que les musulmans ne connaissent de leur religion et de ses nobles enseignements que le nom ? La Foi, l'honnêteté, la sincérité, la fidélité, la bonne conduite, l'amour du prochain sont les principes fondamentaux de l’islam, mais les musulmans ont abandonné ces principes depuis bien longtemps. Plus le temps
1. Coran: Les Dépouilles: 53.
2. Coran: Yûnus: 17.
3. Coran: Hûd: 117.
4. Hûd: 102.
s'écoule, plus ils s'enfoncent dans les divisions, la partition et la ramification, pour se transformer en une mosaïque de sectes et des courants avidement attachés aux attraits trompeurs de ce bas-monde, se disputant pour des illusions, se traitant réciproquement d'impies en s'appuyant sur des arguments fallacieux et à propos de questions qui ne les regardent pas. Oubliant l'essence de la religion, ainsi que leurs véritables intérêts et les vrais intérêts de leur société, ces sectes et courants religieux se sont évertués à se quereller à propos de la création du Coran, du sens de l'avertissement et de la résurrection, de la date de la création du paradis et de l'enfer etc., n'hésitant pas à s'accuser mutuellement d'apostasie à propos de tels différends insolubles et sans grand intérêt. Leur division à propos de tels faux problèmes n'est que le signe de leur déviation du chemin que l’islam leur avait tracé, et de leur cheminement vers la perte et le périssement. Avec le temps, la déviation s'est accentuée pour s'enfoncer dans l'ignorance et l'égarement, et ils ont fini par s'occuper de banalités, de problèmes superficiels, de questions illusoires, de guerres intestines, de disputes creuses, de vantardises, et ce jusqu'au jour où l'Occident, cet ennemi qui ne cessait de guetter l’islam, a colonisé le territoire musulman pour surprendre les musulmans plongés qu'ils étaient dans leur sommeil profond, et les précipiter dans un abîme d'une profondeur invisible et dont seul Dieu voit le bout: «Et Ton Seigneur n'en est point à détruire à tort des cités alors que leurs habitants en sont à se réformer ».1 Donc, ce sont les musulmans eux-mêmes qui se sont acheminés vers l'abîme en raison de leur mauvaise conduite et de leurs mauvaises actions. Pour se sortir de leur situation désastreuse, les musulmans doivent impérativement, aujourd'hui et demain, repenser leur conduite et s'autocritiquer pour leurs erreurs du passé et du présent, se rééduquer et éduquer les générations
1. Coran: Hûd: 117.
112 LES CROYANCES DES IMÂMITES
futures en s'en tenant aux enseignements précieux de leur religion, afin d'effacer l'injustice et la tyrannie qui sévissent dans leurs rangs. Ils pourront ensuite remplir le monde de justice et d'équité après qu'il aura été plein d'injustice et d'iniquité, comme le leur ont promis Dieu et Son Prophète, et comme cela est attendu de la part de leur religion qui est la dernière des religions, et sans laquelle le monde ne connaîtrait ni la prospérité ni la réforme. Et il faut absolument un guide1 pour débarrasser l’islam des illusions qui se sont accrochées à lui, et des innovations et des déviations qui se sont rattachées à lui, et pour sauver l'humanité de la corruption générale qui la souille, de l'injustice continue, qui l'assombrit, de l'agression permanente qu'elle subit et du non-respect des valeurs morales et de la vie humaine dont elle souffre. Que Dieu hâte donc sa venue, et qu'Il facilite son avènement.2
1. En la personne du Mahdi attendu. 2. L'Imam Mahdi, Dieu hâte son avènement, a dit: “Priez beaucoup pour hâter la délivrance, car il s'agit en fait de votre délivrance”, Ţûsî (mort en 460 de l'hégire), Al-Ghayba, 293, tradition 247. Aţ-Ţabrasî (mort en 560 de l'hégire), Al-Ihtidjâdj, t. 2, p. 284. Ar-Râwandî (mort en 573 de l'hégire), Al-kharâ-idju wa l-djarâ-ih, 3: 111, tradition 30.
XX– NOTRE CROYANCE CONCERNANT LE FONDATEUR DE L’ISLAM
Nous croyons que le fondateur de la religion musulmane est Muhammad (pbsl). Il est le Sceau et le maître de tous les prophètes. Il jouit d'une position de supériorité et de préséance sur eux tous. De même, il est le maître de toute l'humanité sans exception. Aucun homme vertueux ne l'égale en aucune vertu, personne n'atteint son niveau d'honneur, aucun sage n'approche de sa sagesse, et personne ne lui ressemble dans ses nobles moeurs, tout comme l'a dit Dieu l'Omniscient dans le Saint Coran: «Tu possèdes le plus haut caractère»1. Cette position distinguée et supérieure vis-à-vis de tous les autres êtres humains lui est impartie depuis le début de la création jusqu'au jour du jugement dernier.
1. Dieu le Très Haut a dit: “Et tu es, certes oui, d'un caractère éminent”. Le Calame: 4.
XXI– NOTRE CROYANCE CONCERNANT LE SAINT CORAN
Nous croyons que le Coran est révélé par Dieu à travers Son Prophète et qu'il traite de tout ce qui est nécessaire pour la guidance de l'humanité. Il est le miracle éternel du Prophète, qu'aucun esprit humain n'a jamais pu imiter, que ce soit au niveau de l’éloquence qu’au niveau des connaissances et des vérités qu'il présente. Ce Saint Livre n'a subi aucun changement, aucune modification, ni aucune altération.1 Le Coran que nous lisons aujourd'hui est exactement celui qui a été révélé au Saint Prophète. Quiconque prétend le contraire ou autre chose à ce propos, est pécheur, sophiste ou dans l'erreur, et dans tous les cas se trompe pleinement, car comme le dit le Coran: « A qui le Faux ne parvient ni de devant lui ni de derrière lui »2 L'une des innombrables preuves de son inimitabilité et de son caractère miraculeux est le fait que ni le temps, ni les progrès scientifiques et artistiques n'entament rien de sa fraîcheur, son actualité, ses objectifs et ses idées, ni ne font apparaître une erreur par rapport à une théorie scientifique établie, et ce contrairement aux écrits des savants et des grands philosophes dont une partie au moins s'avère banale, grossière ou erronée à mesure que la recherche scientifique et les théories scientifiques progressent. Cela vaut même pour les plus grands savants grecs, tels que Socrate, Platon et Aristote, dont les successeurs n'ont pas manqué de souligner les erreurs qu'ils avaient commises,
1. C'est parce que Dieu Lui-même a garanti d'en prendre soin: “Oui, c'est Nous qui avons fait descendre le Rappel. Certes oui, et c'est Nous qui en sommes gardiens”. Al-Hidjr: 9. 2. Les Détaillés: 42.
tout en les reconnaissant comme étant les pères de la science et tout en admettant leur supériorité intellectuelle. Nous croyons aussi à l'obligation de respecter et de vénérer le Saint Coran à la fois en actes et en paroles. Il est formellement interdit d’en souiller ne fût-ce qu’un seul mot ou une seule lettre en connaissance de cause. De même qu’il est formellement interdit à une personne qui n’est pas en état de pureté de le toucher: «Que seuls les purifiés touchent »1, peu importe que son manque de pureté soit dû à un incident majeur telle que la pollution séminale, les règles, les lochies, etc., ou à un incident mineur tel que le sommeil, à moins qu’on ait accompli l’ablution complète ou partielle conformément à ce qui est dit dans les traité de jurisprudence. Il est également interdit de brûler le Saint Coran et de le profaner de n'importe quelle façon considérée par les gens en général comme une profanation ou comme une forme de mépris, par exemple, le jeter, le salir, le piétiner, le mettre dans un endroit inconvenant. Si quelqu'un venait à l'avilir ou à le profaner délibérément, d'une façon ou d'une autre, il serait considéré comme un incroyant ou au nombre de ceux qui ne croient pas au caractère sacré du Saint Coran, et mériterait d'être traité en hérétique et en mécréant.
1. Coran: L'Echéant: 79.
XXII- NOTRE MÉTHODE DE DÉMONTRER LA VÉRACITÉ DE L’ISLAM ET DES
RELIGIONS PRÉCÉDENTES
Si quelqu'un nous demande de prouver la véracité de la religion musulmane, nous pouvons en donner comme preuve son éternel miracle, le Saint Coran, et son inimitabilité déjà établie. Exactement comme nous le ferions pour nous en convaincre, lorsqu'un début de doute et d'interrogation nous traverserait nous-mêmes, ce qui arrive forcément à tout homme libre dans sa pensée, quand il se trouve dans la phase de formation de sa Foi ou de son affermissement.
Quant aux précédentes religions divines, nous ne pouvons pas, avant de croire à la véracité du Saint Coran ou si nous ignorions la religion musulmane, nous convaincre de leur véracité, ni en convaincre un sceptique, puisque ces religions n'ont pas laissé un miracle vivant, tel que notre Saint Livre, et que les exploits extraordinaires et les miracles des précédents prophètes, tels qu'ils sont rapportés par leurs adeptes, font l'objet de doutes et sont contestés d'une façon ou d'une autre. En outre, il n'y a pas dans des livres disponibles actuellement et attribués aux prophètes en question, tels que la Torah et l'Évangile, quelque chose qui puisse sembler en elle-meme un miracle éternel, et nous servir par conséquent d'argument absolu et de preuve convaincante avant que l’islam témoigne de leur véracité. Toutefois, si nous, musulmans, nous admettons la Prophétie des fondateurs des précédentes religions et que nous y croyons, c'est seulement parce que, une fois que nous avons cru à la véracité de la Religion Musulmane, nous avons l'obligation de croire à tout ce qu'elle nous rapporte et à tout ce qu'elle a confirmé. Or, parmi ce qu'elle nous rapporté et confirmé, figure la Prophétie
118 LES CROYANCES DES IMÂMITES
d'un ensemble de Prophètes, comme nous l'avons mentionné précédemment.
C'est pourquoi le musulman est dispensé de rechercher et de vérifier l'authenticité de la religion chrétienne et des religions qui l'ont précédée, ayant déjà épousé l’islam, car croire à l’islam, c'est croire aux autres religions qu'il a admises et aux précédents messagers et prophètes, et le musulman ne doit pas faire de recherches sur l'authenticité desdites religions ni sur la véracité des miracles de leurs Prophètes puisque, en tant que musulman, il est censé y croire, ayant déjà cru à l’islam, et cela est suffisant.
Certes, si quelqu'un se met à vérifier la véracité de la religion musulmane sans parvenir à un résultat positif, il devrait logiquement- et selon l'exigence de la nécessité de la recherche et du savoir- rechercher la véracité de la religion chrétienne, car elle est la dernière des religions avant l’islam. Si ces recherches n'aboutissent pas non plus à une conclusion positive certaine, il doit alors passer à l'examen de la dernière religion avant le christianisme, c'est-à-dire la religion juive. Il doit procéder ainsi à l'examen des différentes religions, selon un ordre chronologique décroissant, jusqu'à ce qu'il parvienne à une certitude sur la véracité de l'une d'elles ou, à défaut, au refus de toutes, ensemble. Par contre, pour les adeptes du judaïsme et du christianisme, leur croyance en leurs religions respectives ne les dispense pas de vérifier l'authenticité des autres religions. Ainsi, le juif ne doit pas se contenter de croire à la véracité de sa religion sans se donner la peine d'examiner la véracité du christianisme et de l’islam. Il doit procéder à des recherches et juger d'après la raison. Il en va de même pour le chrétien, lequel n'a pas à s'en tenir à sa croyance en Jésus (P), et il doit étudier l’islam et vérifier son authenticité. Il n'aura pas d'excuse s’il se satisfait de sa religion sans recherche ni examen des religions suivantes. Car ni le judaïsme, ni le christianisme, ne nient l'existence d'une religion postérieure à elles et abrogeant leurs
Lois. Ni Moïse, ni Jésus (P) n'avaient dit qu'il n'y aurait pas de prophète après eux.
Comment, dès lors, serait-il possible que les juifs et les chrétiens puissent se cantonner dans leur religion et s'y fier totalement avant d'avoir examiné la véracité de la religion qui a suivi la leur, c'est-à-dire le christianisme pour les Juifs, et l’islam pour les chrétiens et les Juifs ? La raison naturelle veut qu'ils procèdent à l'examen de la véracité de cette doctrine postérieure: si sa véracité est établie, ils doivent abandonner leur religion pour l'épouser, dans le cas contraire seulement, ils pourraient en toute logique conserver leur religion avec une conscience tranquille.
Alors que le musulman, comme nous l'avons dit, s'il a déjà cru en l’islam, n'a pas à examiner les religions qui ont précédé la sienne, ni celles qui prétendent lui succéder. Car pour les précédentes, étant censé y croire, pourquoi devrait-il rechercher la preuve de leur véracité ? L’islam lui ayant indiqué qu'elles sont abrogées par la Loi islamique, le musulman ne doit se conformer ni à leurs Livres ni à leurs Lois. Quant aux prétendus religions postérieures1, pourquoi le musulman se fatiguerait-il à chercher la preuve de leur véracité, alors que son Prophète, le véridique, l'honnête, qui sait ce qu'il dit, comme l'affirme le Saint Coran: « Et il ne parle non plus d'impulsion: ce n'est là que Révélation révélée »2 a affirmé: « Il n'y aura pas de Prophète après moi ».3
1. Le Saint Coran a affirmé clairement que le cycle de la Prophétie a été clos par Muhammad (pbsl): “Muhammad n'est père d'aucun des vôtres, mais messager de Dieu, et sceau des prophètes. Et Dieu demeure Savant de tout”. Les Coalisés: 40. 2. L'Etoile: 3– 4.
3. Le Prophète (pbsl): “Ho, les gens! Il n'y aura pas de prophète après moi ni de tradition après ma Tradition. Quiconque y prétendra verra sa prétention ainsi que son hérésie le conduire en enfer. Quiconque y
120 LES CROYANCES DES IMÂMITES
prétendra (après moi) tuez-le avec ses disciples, car ils sont destinés à l'enfer…». Cheikh Mufîd (mort en 413 de l'hégire), Al-amâlî, 53. AlHurru l-'Amilî (mort en 1104 de l'hégire), Wasâ-ilu sh-shî'a, 28: 337, tradition 34900; tradition n 3, ch. traitant du "verdict à rendre contre quiconque a insulté le Prophète (pbsl) a prétendu indûment à la Prophétie. “Il y a, dans ma communauté, vingt-sept grands menteurs et imposteurs dont quatre d'entre eux sont des femmes. Certes, je suis le Sceau des Prophètes, il n'y aura pas de prophète après moi”. Ahmad (mort en 241 de l'hégire), Musnad, 5: 396. Al-Haythamî (mort en 807 de l'hégire), Madjama'u z-zawâ-id, 7: 332, ch. traitant "des imposteurs"
“Les enfants d'Israël divaguaient au sujet des prophètes à qui avaient succédé d’autres après leur mort. S'agissant de mon cas, il n'y aura pas de prophète après moi…», cette tradition est rapportée par Bukhârî (mort en 257 de l'hégire) dans son "Şahîh", t. 4, p. 144; Al-Bayhaqî (mort en 458 de l'hégire), Sunanu l-kubrâ, t. 8, p. 144; Muslim (mort en 261 de l'hégire), dans son "Şahîh", t. 6, p. 17. De même s'adressant au Commandeur des Croyants, Ali ibn Abi Ţâlib (p), le Prophète (pbsl) mit l'accent sur la tradition fréquente de "Manzilah" dans laquelle il dit: “Tu es par rapport à moi ce que Aaron était par rapport à Moïse, sauf qu'il n'y aura pas de prophète après moi”. Cette tradition est rapportée par Al-Barqî (mort en 274 ou 280 de l'hégire) dans Al-mahâsin, t. 1, p. 259, ch. de "şafwah", section de
"al-infirâd", tradition n 99; Ath-Thaqafiyyu l-Kûfî (mort en 283 de l'hégire), Al-ghârât, t. 1, p. 62; Al-Kulaynî (mort en 329 de l'hégire),
Al-Kâfî, t. 8, p. 107; Şadûq (mort en 381 de l'hégire), Ma'âni l-akhbâr, p. 74-79, ch. traitant les propos adressés à Ali (p) par le Prophète (pbsl): “Tu es par rapport à moi ce que Aaron était par rapport à Moïse, sauf qu'il n'y aura pas de prophète après moi”, tradition n 1 et 2; Ţûsî (mort en 465 de l'hégire), Al-Amâlî, 171, 253, 307, 342, 548, 555, 558, 566, 598 et 599; Abû Dâwûd Aţ-Ţayâlisî (mort en 204 de l'hégire), Musnad, 29; 'Abdu r-Razâq (mort en 211 de l'hégire) dans sa compilation, t. 11, p. 226, tradition n 20390; Ahmad (mort en 241 de l'hégire), Musnad, t. 1, p. 184, t. 3, p. 32; Muslim (mort en 261 de l'hégire), Şahîh, t. 7, p. 120; Ibnu Mâdjah (mort en 273 de l'hégire),
Sunan, t. 1, p. 45, tradition n 121; Tirmiżî (mort en 279 de l'hégire),
Sunan, t. 5, p. 304, tradition n 3814; An-Nasâ-î (mort en 303 de Certes, avec le recul et l'éloignement de l'époque du fondateur du message de l’islam, des écoles juridiques et des courants se sont constitués et ramifiés pour offrir aux musulmans des voies différentes et variées. Le musulman doit alors suivre la voie qu'il estime en mesure de le conduire à connaître les préceptes de l’islam, tels qu'ils ont été révélés au fondateur du message, le Prophète Muhammad (pbsl), car le musulman a l'obligation de se conformer à toutes les dispositions de la Loi, tels qu'elles ont été révélées. Mais comment peut-il connaître leur version originale exacte, alors que les musulmans sont divergents et que les écoles juridiques sont divisées à ce propos, puisque ni leur prière n'est exactement la même, ni leurs actes cultuels ne sont homogènes, ni leurs façons d'appliquer les statuts sociaux ne sont identiques? Que doit-il faire alors, face à ces divergences ? De quelle façon doit-il prier ? Quelle opinion doit-il suivre dans ses actes cultuels et ses rapports sociaux, tels que le mariage, le divorce, l'héritage, la vente, l'achat, l'application des peines, le rachat, etc...?
En outre, il n'a pas le droit de se contenter d'imiter la voie suivie par ses parents, ni de se fier à ce qui est adopté par sa famille et ses amis dans ce domaine. Il doit, au contraire, être convaincu dans son for intérieur et devant Dieu l'Omniscient de la rectitude des enseignements qu'il suit car, dans ce domaine, il ne saurait être question d'agir ni par courtoisie, ni par dissimulation, ni avec partialité, ni avec esprit de corps. Il faut qu'il s'assure qu'il suit la meilleure voie qu'il croit à même de l'acquitter vis-à-vis de Dieu des obligations qu'Il lui a imposées, et de le mettre à l'abri de toute punition et de tout reproche de la part du Seigneur. Une fois certain que la voie choisie est celle que Dieu veut qu'il suive, il ne doit craindre rien ni personne pour son
l'hégire), As-Sunanu l-kubrâ, t. 5, p. 44, 45, 108, 120, 121, 123, 124, 125, 144, 240, tradition n 8138, 8141, 8143, 8399, 8429, 8433, 8435, 8438, 8441, 8442, 8444, 8446, 8447, 8511 et 8780; Al-Bayhaqî (mort en 458 de l'hégire), Sunan, t. 9, p. 40.
122 LES CROYANCES DES IMÂMITES
choix. Dieu le Tout-Puissant a dit: «L'homme pense-t-il qu'on le laissera pour rien?»1, et «l'homme, plutôt, est clairvoyance pour lui-même»2. «Ceci est un rappel. Que qui veut prenne donc chemin vers son Seigneur».3 Ainsi, le musulman doit se demander, par exemple, tout d'abord si la voie qu'il faut suivre est celle des Ahl-ul-Bayt ou une autre voie. Et s'il choisit la voie des Ahl-ul-Bayt, il doit ensuite se demander laquelle des écoles suivant cette voie, celle des chiites duodécimains ou l'une des autres, constitue le chemin le plus juste. Et s'il choisit la voie du sunnisme, il doit se demander laquelle des quatre écoles sunnites, et des autres écoles classées dans cette voie, il vaut mieux suivre ? De telles interrogations naissent dans l'esprit de tout homme qui possède une pensée rationnelle et libre, et qui est déterminé à atteindre le droit chemin sans confusion. Partant de là, nous procéderons dans le chapitre suivant à l'étude de l'Imâmat, l'un des fondements de l’islam, selon l'école chiite imâmite.
1. Coran: La Résurrection: 36.
2. Coran: La Résurrection: 14.
3. Coran: Dans les Draps: 19; L'Homme: 29.
CHAPITRE III
L'IMAMAT
Notre croyance concernant:
÷ L'Imâmat
÷ L'infaillibilité de l'Imam
÷ Les attributs et le savoir de l'Imam
÷ L'obéissance aux Imams
÷ L'amour dû aux gens de la Demeure (p)
÷ L'Imâmat s'acquiert par stipulation
÷ Le nombre des Imams
÷ Al-Mahdi (p)
÷ Le Retour posthume
÷ La Dissimulation
XXIII– NOTRE CROYANCE
CONCERNANT L'IMÂMAT
Nous croyons que l'Imâmat est l'un des fondements de l’islam et que le musulman ne saurait compléter sa foi sans croire en ce fondement. A ce sujet, il n'est pas permis qu'un musulman se contente de suivre ses ancêtres, ses proches parents ou ses éducateurs, même s'ils jouissent d'une haute position de notoriété et d'honorabilité, car il est obligatoire pour le musulman d'établir sa croyance en l'Imâmat par des arguments et le raisonnement, exactement comme il le fait pour l’unicité de Dieu et la Prophétie.
Toutefois, croire que tout musulman ayant atteint l'âge de la majorité légale a le devoir de s'acquitter de ses obligations religieuses conduit nécessairement à croire, d’une manière ou d’une autre, à l'Imâmat, en ce sens que si celui-ci ne représente pas pour lui un fondement1 de la religion à propos duquel il n'a pas le droit d’imiter une autre personne, du moins doit-il croire en l'Imâmat sous son autre aspect ou pour une autre raison, à savoir que le bon sens lui impose le devoir de s'acquitter de ses obligations religieuses correctement, c'est-à-dire de la manière dont Dieu nous a demandé de les exécuter. Or, étant donné que nous n'avons pas de certitude absolue quant au mode exact et originel de l'exécution de beaucoup d'entre elles, comme nous l'avons expliqué à la fin du chapitre précédent, nous devons nécessairement suivre, par acquit de conscience, quelqu'un qui assume la responsabilité de leur exactitude, en l'occurrence, l'Imam infaillible selon l'école Imâmite, ou un autre, selon les autres écoles.
1. Aşl en arabe.
126 LES CROYANCES DES IMÂMITES
De même, nous croyons que l'Imâmat est, à l’instar de la Prophétie, une grâce accordée par Dieu. Par conséquent, il y a nécessairement, à toute époque, une personne (Imam) qui succède au Prophète dans les fonctions de guider et d'orienter les gens vers la bonne voie et la prospérité de la vie présente et dans l’au-delà. Nous croyons aussi que l'Imam exerce sur les gens la même autorité générale que le Prophète, et qu'il a la charge de diriger leurs affaires, d’instaurer la justice et d'éliminer l'injustice, l'oppression et la corruption qui séviraient dans les rangs des musulmans. C'est la raison pour laquelle l’Imâmat est considéré comme étant le prolongement et la continuation de la Prophétie, et la preuve de la nécessité de l'envoi de messagers et de prophètes est la même preuve de la nécessité de la désignation d’un Imam pour succéder au Prophète.
C’est pourquoi nous disons que l'Imam ne peut être désigné que par un décret de Dieu communiqué par le Prophète ou par l'Imam précédent. L'Imamat ne peut être le résultat d'une élection ou d'un choix fait par les gens, et ceux-ci ne peuvent pas nommer un Imam quand ils le désirent, et le destituer pour rester sans Imam quand ils le désirent car, comme l'a dit le Prophète (pbsl): « Quiconque meurt sans connaître l'Imam de son temps meurt en païen».1
1. Comportant quelques variantes, cette tradition a été rapportée aussi bien dans les sources chiites que sunnites par: Al-Barqî (mort en 274 ou 280 de l'hégire) dans Al-Mahâsin, Dâru l-kutubi l-islâmiyya, t. 1, p. 92, 154, 155; Aş-Şaffâr (mort en 290 de l'hégire), Başâ-iru dDaradjâti l-kubrâ, p. 279, 529, 530; Al-Humayri l-Baghdâdî (mort en 300 de l'hégire), Qurba l-asnâd, 351; Al-Kulaynî (mort en 329 de l'hégire), Al-Kâfî, t. 1, p. 377, 378, 397, t. 2, p. 20, 21, t. 8, p. 146; Ibnu Bâbaweh Al-Qûmî (mort en 329 de l'hégire), Al-Imâmatu wa ttabşiratu min al-hayrah, 152; An-Nu'mânî (mort en 381 de l'hégire),
Al-Ghayba, 127, 130, 134, 135; Şadûq (mort en 381 de l'hégire),
'Uyûnu Akhbâri r-Ridhâ, t. 1, p. 130; Abû Dâwûd Aţ-Ţayâlisî (mort en Par conséquent, il n'est pas possible qu'une époque de l'histoire demeure sans Imam à qui les gens ont l'obligation d'obéir et ce, peu importe qu'ils l'acceptent ou le refusent, qu'ils le soutiennent ou non, qu'ils lui obéissent ou non, qu'il soit physiquement présent ou en occultation, car de même qu'il est admis que le Saint Prophète Muhammad (pbsl) était demeuré hors de la vue des gens dans la grotte de Ţhawr ou dans le défilé de Abû Ţâlib, de même il est admissible que l'Imam disparaisse de la vue des gens1 peu importe, rationnellement, que son occultation soit longue ou brève.
204 de l'hégire), Musnad, 249; Ahmad (mort en 241 de l'hégire),
Musnad, t. 4, p. 96; Abû Ya'la l-Mûşulî (mort en 308 de l'hégire),
Musnad, t. 13, p. 366, tradition 7375; Aţ-Ţabrânî (mort en 360 de l'hégire), Al-Mu'djamu l-kabîr, 19: 388; Ibnu Abi l-Hadîd Al-Mu'tazalî (mort en 656 de l'hégire), Sharhu nahdji l-balâgha, 9: 155, 13: 242; Al-Haythamî (mort en 807 de l'hégire), Madjma'u z-zawâ-id, 5: 225, ch. parlant de "luzûmu l-djamâ'ti wa n-nahyu 'ani l-khurûdju 'ani lummati wa qitâlihim"; Al-Muttaqiyyu l-Hindî (mort en 974 de l'hégire), Kanzu l-'ummâl, 1: 103, 208, tradition 464 et 1038, 1: 65, tradition 14863; Al-Qandûzî Al-Hanafî (mort en 1294 de l'hégire),
Yanâbî'u l-mawaddah, 3: 372, ch. 91, tradition 3. 1. On a rapporté du commandeur des Croyants, Ali ibn Abû Ţâlib (p), les paroles suivantes: “La terre ne demeure jamais vide d'un vigile manifeste ou caché qui, répondant pour Dieu, maintient Ses arguments et Ses preuves”. Muhammad 'Abduh, Sharhu nahdji l-balâgha, 4: 37, ch. consacré à la sélection des maximes de l'Imam Ali (p) ainsi que de son entretien avec Kumayl ibn Ziyâd An-Nakh'î n 147; Şadûq (mort en 381 de l'hégire), Kamâlu d-dîn wa tamâmu n-ni'mah, 294; Al-Harrânî (mort au 7è siècle de l'hégire), Tuhafu l-'uqûl, 170; Ash-Sharîfu lMurtadhâ (mort en 406 de l'hégire), Khaşâ-işu l a-immah, 106; AthThaqafiyyu l-Kûfî ( mort en 283 de l'hégire), Al-Ghârât, 1: 153; AlKûfî (Il était encore en vie en l'an 300 de l'hégire), Manâqibu Amîri lmu'munîn (p), 2: 96; Al-Khaşîbî (mort en 334 de l'hégire), AlHidâyatu l-kubrâ, 362; Ibnu Salâmah (mort en 454 de l'hégire),
Dastûru ma'âlimi l-hukmi wa ma'thûri makârimi sh-shaym, 84; AlHalwânî (mort en mort au 5è siècle de l'hégire), Nuz-hatu n-nâzhiri wa
128 LES CROYANCES DES IMÂMITES
Dieu Tout-Puissant a dit dans le Saint Coran: «A chaque peuple un Guide »1 et «Il n'y a pas de communauté où un avertisseur n'ait passé ».2
tambîhi l-khâţir, 57; Ibnu 'Asâkir (mort en 571 de l'hégire), Târîkhu madînati dimashq, 14: 18, 5: 253– 254; Al-Qandûzî Al-Hanafî (mort en 1294 de l'hégire), Yanâbî'u l-mawaddah, 1: 89, tradition 34, etc. Par ailleurs, Ibnu Hadjar 'Asqalânî (mort en 852 de l'hégire) a affirmé que ce cette tradition figure parmi les propos authentiques, Fat-hu l-Bârî, 6: 359.
1. Le Tonnerre: 7.
2. Le Créateur (Fâţir): 24.
XXIV– NOTRE CROYANCE
CONCERNANT L'INFAILLIBILITÉ
DE L'IMÂM
Nous croyons que l'Imâm doit être, tout comme le Prophète, immunisé contre tous les vices et turpitudes, manifestes ou cachés, depuis l’enfance jusqu’à la mort. Il doit être aussi dépouillé de toute impureté, incapable de commettre une erreur ou de faire l'objet de perte de mémoire, car les Imâms, à l'instar des prophètes, sont les protecteurs et les défenseurs de la Foi, et l'argument qui nous conduit à croire à l'infaillibilité des Prophètes doit nous conduire également à croire à l'infaillibilité des Imâms.
Il n'est pas impossible à Dieu de réunir le monde en un1
1. Vers composés par Abû Nu-âs, consulter: Mukhtaşaru l-ma'ânî, p. 306, At-Taftâzânî (mort en 792 de l'hégire).
XXV– NOTRE CROYANCE CONCERNANT LES QUALITÉS ET LE SAVOIR
DE L'IMÂM
Nous croyons que l'Imâm, tout comme le Prophète, est supérieur à tout le monde en matière de qualités morales, telles que le courage, la générosité, la piété, la véracité, la justice, la prudence, la sagesse et la bonne moralité. L'argument qui appuie cette affirmation est le même que nous avons invoqué pour justifier la nécessité de possession de telles qualités par les prophètes.
L'Imâm tire son savoir, sa Sagesse et les commandements divins du Saint Prophète ou du précédent Imâm lequel les tire luimême du Prophète. L'Imâm comprend chaque vérité par une inspiration divine et grâce à une force intérieure dont Dieu l'a doté. Chaque fois qu'il se penche sur quelque chose pour en connaître la vérité, il y parvient sans risque de se tromper, et sans avoir besoin de preuves rationnelles ni d'explications d'instructeurs, et ce bien que son Savoir soit susceptible de s'élargir et de s'approfondir. La preuve en est cette "Prière de demande" du Prophète: «O mon Seigneur, fais-moi croître en science ».1
Il est à noter que les recherches psychologiques ont démontré que durant une ou plusieurs heures dans sa vie, tout homme est capable d’apprendre certaines choses par intuition, laquelle constitue une partie de l’inspiration, et ce grâce à une force que Dieu a déposée en lui. Toutefois, cette force varie en puissance et en faiblesse d'un individu à l'autre. Dans pareil moment, l'esprit humain vole vers une connaissance qu'il acquiert sans
1. Ţâhâ: 114.
avoir besoin de réfléchir ni d'ordonner les prémisses de manière à arriver à une conclusion probante ni de recevoir un enseignement quelconque; l'homme constate lui-même cette réalité dans plusieurs circonstances de sa vie. Ceci étant, il lui est donc possible, grâce à sa force intuitionnelle, d'atteindre les plus hauts voire les plus parfaits degrés de cette force, c'est ce qu'ont affirmé les philosophes du passé et de l'époque présente. C'est la raison pour laquelle nous disons, ce qui est possible en soi, que la force intuitive chez l'Imâm, appelée la force spirituelle, atteint son haut de perfection. Grâce à la pureté de son âme, l'Imâm a la capacité de recevoir des informations sur des choses chaque fois qu'il le voudra, de quelque façon que ce soit et sans aucune interruption ni préambules ni aide d'aucun instructeur. Ces informations se révèlent dans son âme de la même façon que les images se révèlent clairement dans un miroir bien poli. Cette réalité qui devient évidente lorsqu'on étudie la biographie des Saints Imams tout comme l'étude de la biographie du Saint Prophète permet de se rendre compte de la supériorité de son savoir et de sa perfection spirituelle. L'histoire projette une ample lumière sur le fait que les Saints Imams n'ont reçu aucune instruction de personne et qu'ils n'ont rien appris d'aucun instituteur ni d'aucun éducateur. Depuis leur plus tendre enfance jusqu'à leur maturité, ils n'ont appris la lecture et l'écriture de personne. L'histoire ne nous dit point qu'ils fussent allés à l'école ou qu'ils eussent eu des professeurs à aucun moment de leur vie.1 Malgré cette absence de processus
1. Il est notablement connu que les Imams issus des gens de la Demeure Prophétique, paix sur eux, ont avalé le savoir. C'est ce que Yazîd, qui fut tyran durant son règne, reconnut personnellement (que Dieu le maudisse) après avoir assassiné le petit-fils de l'envoyé de Dieu, prière et paix sur lui et les siens, l'Imam Husayn, paix sur lui, quand l'Imam Zaynu l-'Abidîn (p)– que l'on avait fait captif lors de la tragédie de Karbalâ et transféré à Damas– lui demanda de monter sur la chair en disant: "Ho, Yazîd!
132 LES CROYANCES DES IMÂMITES
normal de l'apprentissage, nous savons que personne n'a pu atteindre leur haut niveau de connaissance et d'érudition. Lorsqu'on leur posait n'importe quelle question, ils répondaient promptement. Ils n'ont jamais eu à prononcer la phrase: "Je ne sais pas"1, ni à demander à quelqu'un qui leur posait une
Permet-moi de monter sur cette chair pour dire quelques mots qui attireront l'agrément de Dieu et la récompense à l'assistance". Yazîd ayant refusé d'accéder à sa demande, les gens insistèrent auprès de lui en disant: "Ho commandeur des croyants, laisse-le monter sur la chair pour que nous écoutions quelques mots de lui! S'il monte sur la chair, dit Yazîd, il n'en descendra qu'après m'avoir ridiculisé et ridiculisé la famille d'Abû Sufyân. Ho commandeur des croyants, lui répondirent les gens, comment pourra t-il y parvenir? Il dit: Il fait partie des gens de la Demeure Prophétique qui ont abreuvé pleinement la connaissance…Toutefois, les gens insistèrent si bien qu'il finit par céder et autorisa l'Imam à monter sur la chair. Ce dernier rendit grâce à Dieu et Le loua, puis prononça un discours qui fit couler les larmes aux yeux et émouvoir les cœurs. Ce récit a été rapporté par Madjlisi (mort en 1111 de l'hégire) dans "Bihâru l-anwâr", 45: 138; Muhsinu l-Amîn (mort en 1371 de l'hégire), Lawâ'idju l-ashdjânni fî maqtali lHusayn (p), 233. Il y a, en outre, d'autres narrateurs qui ont rapporté presque la même chose tels que: A'tham Al-Kûfî (mort en 314 de l'hégire) dans "Al-Futûh", 5: 132– 133 et Al-Khawârazmî (mort en 568 de l'hégire) dans "Maqtalu l-Husayn (p), 2: 69– 71. 1. On a rapporté de l'Imam Dja'far Şâdiq, paix sur lui, les propos suivants: «Dieu n'établit pas sur la terre un Argument qui puisse dire "je ne sais pas" lorsqu’on lui pose une question”. Cette tradition est rapportée par: Al-Kulaynî (mort en 329 de l'hégire) dans "Al-Kâfî", 1: 227, dans le chapitre affirmant que les Imams, paix sur eux, sont en possession de tous les livres révélés par Dieu, tradition 1; Ibnu Bâbaweh Al-Qûmî (mort en 329 de l'hégire), Al-Imâmatu wa ttabşiratu min al-hayrah, 139, tradition 159; Şadûq (mort en 381 de l'hégire), At-Tawhîd, 275, tradition 1; chapitre traitant de la réponse donnée à ceux qui prétendent que Dieu est l'une des trois personnes de la trinité; Al-Hurru l-'Amilî (mort en 1104 de l'hégire), Al-Fuşûlu lmuhimmatu fî uşûli l-a-immah, 1: 490, ch. 7, tradition 19/69. On a
question, d'attendre jusqu'à ce qu'ils en trouvent la réponse dans des livres ou après un délai de réflexion. Hormis les Prophètes et les Imams, on ne peut citer personne dans l'histoire parmi les gens instruits qui, sans avoir fait d'études ni reçu d'éducation auprès d'un autre savant, n'ait aucun doute ou aucune difficulté à propos d'un problème ou une question qui lui est soumis, car ainsi est faite la nature humaine depuis toujours.
encore rapporté de l'Imam Dja'far Şâdiq, paix sur lui, les propos suivants: "La terre ne subsiste que grâce à la présence d'un Savant qui connaît le licite et l'illicite et dont les gens ont besoin, tandis que lui n'a besoin de personne". Cette tradition est rapportée par: Al-Barqî (mort en 274 de l'hégire) dans Al-mahâsin, édition publiée par l'Assemblée Mondiale Ahlu l-Bayt (p), 1: 366/794, tradition 196, ch. "Maşâ'ibu zh-zhulm, section "Lâ takhlu l-ardhu min 'âlim"; Aş-Şaffâr (mort en 290 de l'hégire), Başâ-iru d-Daradjâti l-kubrâ, 157, tradition 4, ch. consacré à "Mâ 'înda l-a-immah min kutubi l-awwalîn". Une autre tradition proche de celle-ci se trouve dans la page 347, tradition 4, ch. affirmant que les Imams (p) ont hérité le savoir de l'envoyé de Dieu (pbsl); p. 505, tradition 8, ch. affirmant que la terre n'est jamais vide de l'Argument qui est l'ensemble des Imams. Şadûq (mort en 381 de l'hégire), Kamâlu d-dîn wa tamâmu n-ni'mah, p. 223, tradition 15, ch. affirmant la discontinuité de la succession depuis Adam (p) en ce sens que la terre ne reste jamais vide de l'Argument de Dieu…
XXVI– NOTRE CROYANCE
CONCERNANT L'OBÉISSANCE DUE
AUX IMÂMS
Nous croyons que les Imâms sont les "Gens d'autorité"1 à qui Dieu a ordonné d'obéir. Ce sont eux qui sont les témoins de ce
1. Commentant le 59ème verset du chapitre "Les Femmes" (Ho, les croyants! Obéissez à Dieu, et obéissez au messager et à ceux d'entre vous qui détiennent le commandement), l'Imam Muhammad Bâqir (p) dit: "Les Imams seront de la lignée de Fâţima et Ali (p) jusqu'à la fin des temps". Cette tradition a été rapportée par Ibnu Bâbaweh Al-Qûmî (mort en 329 de l'hégire), Al-Imâmatu wa ttabşiratu min al-hayrah, p. 133, tradition 145; Al-Kulaynî (mort en 329 de l'hégire), Al-Kâfî, t. 1, p. 276, tradition 1, ch. affirmant que l'Imam connaît celui qui lui succèdera; Şadûq (mort en 381 de l'hégire), 'Uyûnu Akhbâri r-Ridhâ, t. 1, p. 139, ch. consacré au texte traitant de l'islam et des lois de la religion que l'Imam Ridhâ (p) adressa à Ma'mûn, tradition 14. Lorsque Abû Başîra l'interrogea au sujet de ce verset, l'Imam Şâdiq (p) répondit: "Il fut révélé à propos de Ali ibn Abi Ţâlib, Hasan et Husayn (p)". Abû Başîra lui dit: "Les gens demandent pourquoi alors le nom de Ali et des gens de sa demeure (p) n'est pas mentionné dans le Livre de Dieu?" "Dis-leur, lui répondit l'Imam, la prière sur l'envoyé de Dieu (pbsl) fut rendue obligatoire sans que Dieu ne mentionne leurs noms, ce fut plutôt l'envoyé de Dieu (pbsl) lui-même qui se chargea de l'expliquer aux gens. L'obligation de payer le zakat lui fut révélée sans préciser que l'on doit payer un dirham quand on en a totalisé quarante". Cette tradition a été rapportée par Al-Kulaynî (mort en 329 de l'hégire), Al-Kâfî, t. 1, p. 286, ch. consacré à la stipulation faite par Dieu et par Son envoyé (pbsl) au sujet des Imams (p) qui viendront l'un après l'autre, tradition 1. Commentant le 83ème verset de la sourate "Les Femmes" (S'ils la reportaient sur le messager de Dieu et sur ceux parmi eux qui détiennent le commandement, comprendraient ceux d'entre eux qui sont capables de raisonner), l'Imam Bâqir (p) dit: "Ce sont les
que font les gens. Ils sont les portes, la cause et les guides menant vers Dieu. Ils sont le Trésor de la connaissance divine, les Interprètes de la Révélation Divine, les piliers du monothéisme et les réceptacles du Savoir Divin. D’après la Tradition du Saint Prophète, les Imams sont la source de paix et de tranquillité pour l'humanité et les protecteurs des gens contre l'influence de Satan.1 Leur position parmi les
Imams issus des gens de la Demeure de l'envoya de Dieu (pbsl) auxquels Dieu a donné la capacité de disséquer le savoir et a rendu obligatoire leur obéissance en disant: "Obéissez à Dieu, et obéissez au messager et à ceux d'entre vous qui détiennent le commandement". Cette tradition a été rapportée par Al-Qâdhi nNu'mânî Al-Maghribî (mort en 363 de l'hégire), Da'âimu l-islâm, 1: 24. De nombreuses autres traditions allant dans le même sens ont été rapportées dans les sources islamiques que le lecteur pourra trouver lui-même en cherchant.
1. L'envoyé de Dieu (pbsl) a dit: " Les étoiles sont une sécurité pour les habitants du ciel, et les gens de ma Demeure sont une sécurité pour ma communauté". Ces propos ont été rapportés dans 'Uyûnu Akhbâri r-Ridhâ (p), 1: 30, ch. consacré à l'ensemble des récits rapportés de l'Imam Ridhâ (p), tradition 14. Rapportant les propos de l'envoyé de Dieu (pbsl), l'Imam Bâqir (p) dit: " Les étoiles sont une sécurité pour les habitants du ciel, et les gens de ma Demeure sont une sécurité pour les habitants de la terre. Si les étoiles disparaissent, il survient aux habitants du ciel ce qu'ils redoutent, et si les gens de ma Demeure disparaissent, il arrive aux habitants de la terre ce qu'ils redoutent". Cette tradition a été rapportée par
Şadûq (mort en 381 de l'hégire) dans 'Ilalu sh-sharâ-i', 1: 123. Le lecteur trouvera cette tradition telle quelle, ou une version approximative, dans la plupart des sources islamiques aussi bien chiites que sunnites dont:
- Şadûq (mort en 381 de l'hégire), Al-Amâlî, 253, 738; Al-khazâzî lQûmî Ar-Râzî (mort en 400 de l'hégire), Kifayâtu l-athari fi n-naşşi 'ala l-aimmati l-ithanayi 'ashar, 29, 210. Ibnu l-Fattâli n-Naysâbûrî (mort en 508 de l'hégire), Rawdhatu l-wâ'izhîn, 199. Al-Kûfî Al-Qâdhî (il vivait vers l'an 300 de l'hégire), Manâqibu amîri l-mu'minîn, t. 2, p.
136 LES CROYANCES DES IMÂMITES
habitants de la terre est similaire à celle des étoiles pour les habitants de cieux. Le Saint Prophète (pbsl) a dit: «Ils (les gens de ma Demeure) sont, au sein de cette Communauté, pareil à l'Arche de Noé, quiconque y monte est sauvé et quiconque s'en détourne périt en se noyant »1, ce qui veut dire que quiconque suit les Saints Imams sera béni et quiconque se détourne d'eux sera ruiné. Le verset coranique ci-après a été révélé par Dieu à leur propos:
133, 142, 144, 174 et 175. Al-Hâkimu n-Naysâbûrî (mort en 405 de l'hégire), Al-Mustadraku 'ala ş-şahîhayn, t. 2, p. 448, t. 2, p. 149 et 457; Ţabarî (mort en 694 de l'hégire), Zhakhâiru l-'uqbâ, 17. Zarandî Al-Hanafî Al-Madanî (mort en 750 de l'hégire), Nazhmu durari sSamţîn, 234. As-Suyûţî (mort en 911 de l'hégire), Al-Djâmi'u ş-şaghîr, t. 2, p. 680, hadîth 9313. Al-Muttaqi Al-Hindi (mort en 974 de l'hégire), Kanzu l-'ummâl, t. 12, p. 96, 101 et 102, ahadîth 34155, 34188, 34189 et 34190. Ibnu Hadjar Al-Haythamî (mort en 974 de l'hégire), Aş-Şawâiqu l-muhriqa, 152. Al-'Adjalûnî Al-Djarâhî (mort en 1162 de l'hégire), Kashfu l-khifâ, t. 2, p. 327. 1. Al-Qâdhî An-Nu'mân Al-Maghribî (mort en 363 de l'hégire),
Da'âimu l-islâm, t. 1, p. 28 et 80. Şadûq (mort en 381 de l'hégire), 'Uyûnu Akhbâri r-Ridhâ, t. 1, p. 139. Şadûq (mort en 381 de l'hégire),
Al-Amâlî, p. 342. Şadûq (mort en 381 de l'hégire), Kamâlu d-dîni wa tamâmu n-ni'mah, p. 241. Al-Harrânî (mort au 4è siècle de l'hégire),
Tuhafu l-'uqûl, p. 113. Ash-Sharîfu r-Râdhi (mort en 406 de l'hégire),
Khaşâişu l-aimmah, p. 77. Ţabarânî (mort en 360 de l'hégire), Almu'djamu ş-şaghîr, t. 1, p. 139– 140. Al-Hâkimu n-Naysâbûrî (mort en 405 de l'hégire), Al-Mustadraku 'ala ş-şahîhayn, t. 2, p. 343; t. 3, p. 151. Ibnu Abi l-Hadîd Al-Mu'tazili (mort en 656 de l'hégire), Sharhu Nahdji l-balâgha, t. 1, p. 218. Al-Haythamî (mort en 807 de l'hégire),
Madjma'u z-zawâ-id, t. 9, p. 168. As-Suyûţî (mort en 911 de l'hégire),
Al-Djâmi'u ş-şaghîr, t. 1, p. 373; t. 2, p. 533, hadîth 2442 et 8162. AlMuttaqi Al-Hindi (mort en 974 de l'hégire), Kanzu l-'ummâl, t. 12, p. 94, 95 et 98, ahadîth 34144, 34151, 34169 et 34 170. Ibnu Hadjar AlHaythamî (mort en 974 de l'hégire), Aş-Şawâiqu l-muhriqa, 152. On trouvera cette tradition dans plusieurs autres sources islamiques.
« Non mais ceux-là sont de nobles esclaves qui ne Le (Dieu) devancent pas en parole, tandis qu'ils agissent à Son commandement »1
Ils sont des personnes que Dieu a pleinement purifiées et débarrassées de toute souillure ", et c'est à leur propos que le verset de la purification a été révélé.2
1. Les Prophètes: 26- 27.
2. Ibn Shazân Al-Azdi An-Naysâbûri (mort en 260 de l’hégire), AlIdhâh, p. 170; Ath-Thaqafi Al-Kûfi (mort en 283 de l’hégire), AlGhârât, v. 1, p. 199; Al-Kûfi Al-Qâdhi (Il vécut vers l’an 300 de l’hégire), Manâqibu amîru l-mu’minîn, v. 1, p. 157, v. 2, p. 132, 152, 161, 505; Aţ-Ţabari Al-Imâmi (vers les débuts du 4è siècle de l’hégire), Al-Mustarshidu fî imâmati amîri l-mu’minîn, p. 598, 685;
Ţûsi, Al-Amâli (mort en 460 de l’hégire), p. 264; Al-Hâdi Az-Zaydi Al-Yamani (mort en 298), Tathbîtu l-imâmah, p. 34; Ahmad Ibn Hambal (mort en 241 de l’hégire), Musnad, v. 3, p. 259; v. 4, p. 107, 285; v. 6, p. 292, 298, 304; At-Tirmizi (mort en 279 de l’hégire),
Sunan, v. 5, p. 31, 328, 361, hadîth: 3258, 3875, 3966; ‘Amru ibn Abi ‘Aşimi dh-Dhahhâk (mort en 287 de l’hégire), kitâbu s-sunnah, p. 589; An-Nasâ-i (mort en 303 de l’hégire), Sunanu l-kubra, v. 5, p. 113, hadith 8409; Al-Işfahâni (mort en 357 de l’hégire), Maqâtilu ţ-ţâlibîn, p. 33; Al-Hâkim An-Naysâbûri (mort en 405 de l’hégire), AlMustadraku ‘anla ş-şahîhayn, v. 3, p. 172; Al-Hâkim Al-Haskâni (il vécut au 5è siècle de l’hégire), Shawâhidu t-tanzîl li qawâ’idu ttafdhîl, v. 2, p. 103; Al-Haythami (mort en 974 de l’hégire), Aş-
Şawâ’iqu l-muhriqa, p. 143.
Pour une recherche approfondie, consulter: - Le verset de la purification, Muhammad Mahdi Al-Aşifi (auteur contemporain), Qûm, l’Assemblée Mondiale Ahlu l-Bayt (p), 1 ère éd., 1417 H– 1996 S.
- Ayatu t-taţhîr ru’yatun mubtakara, Al-Fâdhilu l-Lankarâni et Shahâbu d-dîni l-Ishrâqi, 1 ère éd., 1416 H– 1995 S. - Muhammad ‘Uthmân Abdu z-Zahrâ, Ayatu t-taţhîr dirâsatu fi lmadâlîl wa l-ahdâf, 1 ère éd., 1414 H. - Ali Al-Mîlâni Al-Husayni (auteur contemporain), Ma’a d-doctor s-
138 LES CROYANCES DES IMÂMITES
Nous croyons que les ordres donnés par les Imams sont ceux-là mêmes donnés par Dieu, de même que leurs prohibitions sont celles de Dieu. Leur obéir ou leur désobéir, c'est obéir ou désobéir à Dieu. Les aimer et avoir de la déférence pour eux, c'est aimer et avoir de la déférence pour Dieu. Éprouver de l'animosité à leur égard, c'est éprouver de l'animosité envers Dieu. Désobéir à leurs ordres équivaut à désobéir aux ordres du Saint Prophète, et désobéir au Prophète c’est désobéir à Dieu.1 C'est pourquoi il incombe à tout le monde de se soumettre aux Saints Imams, d'obéir à leurs ordres et de suivre leurs enseignements. Pour cela nous croyons que tous les préceptes de la religion puisent leur force dans les enseignements sacrés des Imams et qu’ils doivent être appris d’eux seuls. Nous ne pouvons pas bien nous acquitter de nos obligations si nous ne recevons les préceptes religieux de quelqu’un d’autre. Le musulman doit se contenter des commandements qui lui parviennent authentiquement des Saints Imams, car ceux-ci sont semblables à l'Arche de Noé: quiconque s'y embarque est sauvé,
Sâlûs fî âyatu t-taţhîr, (série sur l’esplanade de la Croyance– 16). - Les plus importants commentaires ayant été faits au sujet de l’appendice du verset susmentionné, ainsi que d’autres sources de référence publiées par les éditions «At-Turâthu l-islâmi».
1. Dans l’appendice d’une tradition valable rapportée par Ibn Hanzhalah, l’Imam Şâdiq (p) dit: «...Quiconque nous rejette c’est Dieu qu’il rejette, et il est identifié comme un polythéiste”, cfr: Al-Kulayni (mort en 329 de l’hégire), Al-Kâfi, v. 1, p. 67, hadîth 10, ch. la disparité de la tradition; v. 7, p. 412, hadîth 5, ch. il est détestable de se plaindre auprès des juges iniques; Al-Halabi (mort en 447 de l’hégire),
Al-Kâfi fi l-fiqh, p. 425; Ţûsi (mort en 460 de l’hégire), Tahzîbu lahkâm, v. 6, p. 218, hadîth 6, ch. traitant de la qualité et des sortes des juges et des jurisconsultes, kitâbu l-qadhâyâ wa l-ahkâm; Al-Hurru l‘Amili (mort en 1104 de l’hégire), Al-Fuşûlu l-muhimmati fî uşûli laimma, v. 1, p. 538, hadîth 1, ch. 20 parlant de l’obligation de se référer aux rapporteurs des traditions touchant aux les principes juridiques, etc.
et quiconque s'en écarte est noyé et emporté par les vagues de la pollution et de la dégradation matérialiste et satanique. Il n'importe pas maintenant de montrer que les Saints Imams sont les véritables successeurs du Saint Prophète et qu'ils détiennent les rênes du Gouvernement Divin, car leur époque est déjà bien lointaine. Même en démontrant ce fait nous ne pourrons pas les rétablir dans leurs droits ni faire revenir leur époque. Ce qui est important maintenant, c'est de savoir que, comme nous l'avons dit auparavant, il nous faut nous référer aux Saints Imams pour bénéficier de la guidance divine et pour comprendre avec exactitude les propos du Saint Prophète, car se contenter de se référer à des narrateurs et des savants qui n'avaient pas été éclairés par la connaissance des Saints Imams équivaudrait à dévier du droit chemin de l’islam, et ne permet pas au musulman d'être sûr de bien s'acquitter de ses obligations religieuses.
Etant donné l'existence de divergences de vues irréconciliables entre les différentes écoles juridico-religieuses, concernant les statuts légaux de l’islam, le musulman ne peut donc que choisir l'une d'entre elles, et ce choix ne doit se faire qu'après un examen approfondi de ces différentes écoles et après avoir acquis en son âme et conscience la conviction intime que l'école choisie lui permettra de connaître les vrais préceptes de Dieu et de s'acquitter correctement de ses obligations religieuses telles qu'elles ont été promulguées par Dieu. Car de même que le musulman a le devoir de connaître avec certitude les obligations religieuses qui lui sont imposées par Dieu, de même il doit acquérir la certitude de bien s'en acquitter puisque, selon les juristes, "La certitude de l'existence d'une obligation religieuse exige logiquement la certitude de son accomplissement". Or, la preuve absolue, ou la certitude exigée, nous impose l'obligation de nous référer aux Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt comme étant, après le Saint Prophète, la référence originelle des préceptes de Dieu. Cette preuve, nous l'avons au moins dans la
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tradition suivante sur l'authenticité de laquelle les chaînes de transmetteurs sunnites et chiites concordent: "J’ai laissé parmi vous ce qui vous empêchera à jamais de vous égarer après moi si vous vous y cramponnez: ath-Thaqalayn1 dont l’un est plus grand que l’autre. Le Livre de Dieu qui est une corde descendue du ciel vers la terre, et (de) ma famille2, les gens de
1. Ath-Thiql désigne la charge que porte une bête de somme. Les djinns et les hommes sont appelés «ath-thaqalayn” parce qu’étant les deux races peuplant la terre, c’est comme s’ils en représentaient le plus gros poids. Comparant le Coran et la Sainte Famille à deux poids, Le Saint Prophète (pbsl) dit que de la même manière que le monde est bâti par la race des djinns et des hommes, la religion aussi est bâtie par le Coran et la Sainte Famille. Consulter: Az-Zamakhshari (mort en 538 de l’hégire), Al-Fâ-iqu fî gharîbi l-hadîth, p. 150: "Il les a appelés thaqalayn parce que les admettre et agir suivant leur ordre est difficile. Tout objet précieux est appelé "thaql", ces deux (le Coran et la Sainte Famille) sont désignés comme deux parties d’un objet précieux à cause de la valeur immense qu’ils comportent". Cfr. Ibnu lAthîr Al-Djuzuri (mort en 606 de l’hégire), An-Nihâyyatu fî gharîbi lhadîth, v. 1, p. 216.
2. La famille (Al-‘Itra) a été appelée (...). Cfr: Al-Fâ-iqu fî gharîbi lhadîth, p.150. Commentant le discours de l’Imam Ali ibn Abi Ţâlib (p), Ibn Abi l-Hadîd dit: «Comment vous égarerez-vous dès lors que la famille de votre Prophète est parmi vous? Ils sont les proclamateurs de la vérité, les repères de la religion et la langue disant la vérité. A l’instar du Coran, appréciez-les de la meilleur façon qui soit et venez à eux à la manière d’un assoiffé cherchant de l’eau». Al-‘Itra du messager de Dieu (pbsl) est donc sa famille restreinte et sa descendance. C’est donc une erreur que de définir "Al‘Itra" comme étant l’ensemble des membres de sa famille élargie, même les plus éloignés. En vérité, c’est plutôt au sens figuré que pendant ou après les pourparlers de Saqîfa que Abû Bakar dit «Nous sommes la famille ainsi que les plus proches du messager de Dieu (pbsl)”, parce qu’ils représentaient, par rapport aux autres gens, sa famille au sens figuré et non dans la réalité. Ceci est vrai dans la mesure où l’on voyait un ‘Adnânite se vanter auprès d’un Quhţâni en disant qu’il est le cousin du messager de Dieu (pbsl) au sens figuré, en ma demeure. Ces deux (legs) ne se sépareront point jusqu'à ce qu'ils me rejoignent au Bassin [Paradisiaque]".1
faisant remonter son ascendance à Quhţâni. C’est en supprimant un certain nombre d’intermédiaires, c'est-à-dire des cousins et des oncles, que l’on arrive à dire et à affirmer qu’un ‘Adnâni est le cousin du Prophète (pbsl). C’est dans ce sens que Abû Bakar avait affirmé constituer, lui et ses autres compagnons, sa famille. Toutefois, le messager de Dieu (pbsl) avait clairement expliqué ceci lorsqu’il dit:
«je laisse parmi vous deux poids” il affirma «ma famille: les gens de ma demeure”. Les ayant désignés en les couvrant du manteau, le verset de la purification (En vérité, Dieu ne veut autre que débarrasser de vous la souillure...) fut révélé, c’est alors qu’il adressa la prière suivante: “O mon Dieu! Ceux-ci sont les gens de ma demeure, débarrasse-les de la souillure”. A la question de savoir à quelle famille l’Imam Ali (p) faisait allusion dans son discours cité au début de cette note, on dira qu’il s’agit de lui-même et de ses deux fils. Il est lui la source et ses deux fils prennent position après lui parce que provenant de lui. Par conséquent, sa position par rapport à ses deux fils peut être comparée à la position qu’occupe le soleil éclatant par rapport aux étoiles luisantes. En outre, le Saint Prophète (pbsl) avait déjà indiqué ceci en disant: “Votre père est meilleur que vous deux”. Cfr: Commentaire de Nahdju l-balâgha rédigé par ibn Abi lHadîd Al-Mu’tazili (mort en 656 de l’hégire), t. 2, p. 373– 376. Interrogé au sujet de la ‘Itra qui constitue l’un des deux poids, l’Imam Ali (p) répondit: «C’est moi, Al-Hasan, Al-Husayn ainsi que les neuf Imams de la descendance de Al-Husayn et le Mahdi qui fait parti d’eux. Ils ne se sépareront point du Livre de Dieu ni le Livre de Dieu ne se séparera d’eux jusqu’à ce qu’ils rejoignent le messager de Dieu (pbsl) au bassin [paradisiaque]”, Şadûq (mort en 381 de l’hégire), ‘Uyûnu akhbârî r-Ridhâ, t. 2, p. 60, hadîth 25. 1. Le hadîth "Thaqalayn" est l’une des traditions les plus fréquemment citées. A l’instar des savants chiites, les traditionnistes sunnites l’ont rapportée avec une grande fréquence et lui ont consacré des chapitres entiers dans leurs ouvrages pour en discuter, tout autant que d’autres auteurs, dont:
- Hadîthu th-thaqalayn, Muhammad Qiwâmu d-dîn Al-Qûmi AlWashnawi, Dâru t-taqrîbi bayna l-mażâhibi islâmiyya.
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- Hadîthu th-thaqalayn, tuwâturuhu wa fiqhihu, Ali Al-Husayni AlMilâni, édité à Qûm par l’auteur, 1ère éd., 1413 H. - Muhammad wa hadîthu th-thaqalayn, Nadjmu d-dîn Ash-Sharîf Al‘Askari (mort en 1390 de l’hégire), Nadjaf, imprimerie al-Adâb, 4ème éd.
Il vaut mieux, en vue de tirer un maximum de profit, de citer certaines sources qui ont rapporté le hadîthu th-thaqalayn: - Aş-Şaffâr (mort en 290 de l’hégire), Başâ-iru d-daradjâti l-kubra, p. 432, 433, 434, ch. 17 au sujet des propos prophétiques: "J’ai laissé parmi vous deux poids: le Livre de Dieu et les gens de ma demeure".- Al-Kulayni (mort en 329 de l’hégire), Al-Kâfi, v. 1, p. 294; v. 2, p. 415.- Ibn Bâbaweh Al-Qûmi (mort en 329 de l’hégire), Al-Imâmatu wa t-tabşira, p. 149– 150.- Al-Qâdhi An-Nu’mân Al-Maghrabi (mort en 363 de l’hégire), Da’âimu l-islâm, v. 1, p. 28.- An-Nu’mâni (mort en 380 de l’hégire), Al-Ghayba, 43, 73.- Şadûq (mort en 381 de l’hégire), Al-Amâli, p. 500, hadîth 686/16; séance 64 et 616, hadîth 843/1; séance 79; Al-Khişâl, p. 65 et 67.- Al-Mufîd (mort en 413 de l’hégire), Al-Irshâd, v. 1, p. 176.- Ţûsi (mort 460 de l’hégire), AlAmâli, p. 255, 548.- Al-Fatâl An-Naysabûri (mort en 508 de l’hégire),
Rawdhatu l-wâ’izhîn, p. 273.- Aţ-Ţabarasi (mort en 560 de l’hégire),
Al-Ihtidjâdj, v. 1, p. 75, 191, 221, 391, 407; v. 2, p. 47 et 252.- Aţ-
Ţabari (mort en 694 de l’hégire), Żakhâ-iru l-‘uqba, p. 16.- Ibn Dja’d (mort en 230 de l’hégire), Al-Musnad, p. 397.- Ibn Abi Shayba AlKûfi (mort en 235 de l’hégire), Al-Muşannaf, v. 7, p. 176, ch. 27, hadîth 5; v. 7, p. 418.- Ahmad ibn Hambal (mort en 241 de l’hégire),
Al-Musnad, v. 3, p. 14, 17, 26 et 59; v. 4, p. 367, 371; v. 5, 182, 190.- Abdu ibn Hamîd (mort en 249 de l’hégire), Al-Muntakhab min almusnad, p. 114, hadîth 265.– Ad-Darami (mort en 255 de l’hégire),
Sunan, v: 2, p. 432.– Ibn Mukhlad Al-Qurţubi (mort en 276 de l’hégire), Mâ ruwiya fi l-hawdhi wa l-kawthar, p. 88.– Umar ibn Abi ‘Aşim Ad-Dhahhâk (mort en 287 de l’hégire), Kitâbu s-sunnah, p. 336– 337, hadîth (754); 629, les traditions (1551), (1552), (1553); 630: les traditions (1554), (1555). An-Nasâ-i (mort en 303 de l’hégire), AsSunanu l-kubra, v. 5, p. 45, hadîth (8148), p. 51, hadîth (8175), p. 130, hadîth (8464); Khasâisu amîri l-mu’minîn, p. 93. Abû Ya’la Al-Mûşuli (mort en 307 de l’hégire), Al-Musnad, v. 2, p. 297, hadîth (1021), p. 303, (1027), p. 376, hadîth (1140). Ibn Khuzayma (mort en 311 de
Si on réfléchit bien à cette tradition authentique, on ne peut qu'être convaincu de sa grande et profonde signification. Le Prophète (pbsl) nous y dit clairement qu'il nous a laissé un legs et que "tant que nous nous y accrochons, nous ne nous
égarerons jamais". Et ce qu'il nous a laissé, ce sont les deux
poids, qui sont inséparables, comme s'ils formaient une seule
chose. Il ne suffit donc pas de s'attacher à l'un d'eux seulement,
et c'est seulement en s'attachant à tous les deux que nous
pourrons ne pas nous égarer après lui. Et lorsqu'il dit: «Ils ne se
sépareront pas l'un de l'autre jusqu'à ce qu'ils me rencontrent au
Bassin», il nous indique que quiconque les sépare et ne
s'accroche pas à tous les deux ensemble ne sera jamais bien
guidé. C'est pourquoi ils sont "l'arche de Noé" (le Sauveur) et un
refuge sûr pour les habitants de la Terre. Celui qui ne s'y
accroche pas se noie dans les labyrinthes de la déviation, et ne
saurait échapper au périssement. Cela signifie que se contenter
de les aimer sans appliquer leurs paroles et sans suivre leur voie
n'est qu'une fuite devant la vérité et une attitude propre à celui
l’hégire), Şahîh, p. 63. Aţ-Ţabarâni (mort en 360 de l’hégire), AlMu’djamu ş-şaghîr, v. 1, p. 131 et 135, v. 3, p. 374; Al-Mu’djamu lawsaţ, v. 4, p. 33; Al-Mu’djamu l-kabîr, v. 3, p. 65, 66, 67 et 180, les
traditions: 2678, 2679, 2680, 2681, 2683 et 3052; v. 5, p. 153, 154,
166, 167, 170, 182, 183 et 186, les traditions: 4921, 4922, 4923, 4969
et 4970. Al-Hâkim An-Naysabûri (mort en 405 de l’hégire), AlMustadraku ‘ala ş-şahîhayn, v. 3, p. 109 et 148. Al-Bayhaqi (mort en
458 de l’hégire), As-Sunanu l-kubra, v. 7, p. 30; v. 10, p. 114. Ibnu
Abi l-Hadîd (mort en 656 de l’hégire), Sharhu Nahdji l-balâgha, v. 9,
p. 133. Az-Zarandi Al-Hanafi (mort en 750 de l’hégire), Nazhmu
durari s-samţîn, p. 233. Al-Haythami (mort en 807 de l’hégire),
Madjma’u z-zawâid, v. 9, p. 163– 164; v. 10, p. 363. Al-Muttaqi AlHindi (mort en 975 de l’hégire), Kanzu l-‘ummâl, v. 1, p. 185, 186,
187, 188 et 189, les traditions: 943, 944, 945, 946, 947, 948, 949, 950,
951, 952, 953, 957 et 958; v. 5, p. 289– 290, hadîth (12911); v. 13, p.
104, hadîth (36340); v. 13, p. 641, hadîth (37620); v. 14, p. 435, hadîth
(39192).
qui est aveuglé par le fanatisme, l'esprit de corps et le sectarisme, et qui ignore la méthode correcte d'explication d'une parole arabe claire et simple.