L'ECOLE D'AHL - UL - BAYT:
PREMIERE DES CINQ ECOLESJURIDIQUES MUSULMANES Mo'assasat al-Balâgh
Titre original (en arabe) : Ahl-ul-Bayt
Traduit de l'arabe et édité par
Abbas AHMAD al-Bostani
PUBLICATION DE LA CITÉ DU SAVOIR
Éditeur:
La Cité du Savoir
Abbas AHMAD al-Bostani
C.P. 712 Succ. (B) Montréal, Qc., H3B 3K3
Canada
Tous droits de traduction, de reproduction et
d'adaptation réservés pour tous pays
© Tous droits réservés à
Abbas Ahmad al-Bostani
ISBN : 2-9505157-3-8
QUI SONT LES AHL-UL-BAYT ?
«O vous les Ahl-ul-Bayt [les Gens de la Maison du Prophète] ! Allah veut seulement éloigner de vous la souillure, et vous purifier totalement.» Le Coran, Sourate al-Ahzâb, 33 : 33
Le Saint Prophète a dit :
«Je suis sur le point d'être rappelé [par Allah] et de répondre [à ce Rappel]. Je vous laisse les Deux Poids [al-Thaqalayn] : le Livre d'Allah, et ma Famille, les Gens de ma Maison. Celui Qui est Doux [Allah] m'a informé qu'ils ne se sépareront pas jusqu'à ce qu'ils reviennent vers moi près du Bassin [le Jour du Jugement]. Regardez donc bien comment vous les traiterez après moi.» Cité par Ahmad ibn Hanbal Qui sont donc ces Ahl-ul-Bayt, que le Saint Prophète lie indissociablement au Noble Coran, et laisse comme legs aux Musulmans jusqu'au Jour du Jugement ? Pourquoi Allah les a-t-IL purifiés, à l'exclusion de tout autre ? Les Musulmans ont-ils bien saisi le sens du Message ou du Testament de leur Prophète, et de la Volonté d'Allah concernant les Ahl-ul-Bayt ? Ont-ils réservé dans leur pratique de l'Islam la place que leur avaient réservée le Noble Coran et le Saint Prophète ?
Tant que l'on n'aura pas compris quel est le rôle que les Ahl-ul-Bayt avaient à jouer dans la Direction de l'Appel Islamique après la disparition du Prophète, on ne comprendra pas la situation actuelle dans laquelle se trouvent les Musulmans
Table des Matières
Introduction 5
Ahl-ul-Bayt dans le Saint Coran 43
-Le Verset de Tat-hîr (la Purification) 44
-Le Verset de Mawaddah 49
-Le Verset de Mubâhalah 56
-Le Verset de Çalât 62
-La Sourate al-Insân 65
-Quelques-uns des Versets coraniques concernant Amîr al-Mu'minîn 'Alî ibn Abî Tâlib 69
-Le Verset de la Wilâyah 70
-Autres Versets 72
Ahl-ul-Bayt dans la Sunnah du Saint Prophète 76
-Hadith al-Thaqalayn 80
-Hadith al-Safînah 86
-Hadith al-Amân min al-Ikhtilâf 89
-Hadith al-Kisâ' 90
-Hadith al-Mawaddah 92
-Quelques-uns des autres hadith concernant les Ahl-ul-Bayt 93
Le Saint Coran vu par les uléma de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt 99
Le Saint Coran dans les récits des Ahl-ul-Bayt 111
Les bases de la compréhension et du Tafsîr du Saint Coran 117
-La Méthode du Tafsîr du Saint Coran 119
La Sunnah du Saint Prophète dans l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt 125
-Les différentes parties de la Sunnah du Prophète 132
-La méthode de vérification et de preuve 133
Les Imams d'Ahl-ul-Bayt, rapporteurs du Hadith du Prophète 137
L'Unicité - "Tawhîd" dans l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt 155
La Justice Divine et l'explication de la conduite humaine 165
Les Ahl-ul-Bayt et les groupuscules égarés 175
Les principes de l'éducation des Ahl-ul-Bayt 185
Le rôle politique des Ahl-ul-Bayt 189
La méthode d'action politique des Ahl-ul-Bayt 191
-Eduquer la Ummah 191
Le boycoottage des ggouvernantss qui s'écarttent de la Liigne de l'Islaam 195
Le soulèvement, le ssoutien aux révoltés et l'usage de laa force 198
La résisttance politiqque 203
Regard ssur les Ecoles Juridiquues Musulmaanes 213
Les Mussulmans : unne Communnauté uniquue 225
Annexess 241
Annexe 1 : Ayat Tatt-hîr (Verseet de la Puriification) 2443
Annexe 22 : Ayat Maawaddah (VVerset de l'AAmour) 257
Annexe 33 : A propos de ceux quui ont nourrri l'indigentt, l'orphelinn et le captiff 261
Annexe 44 : Verset dde la Wilâyaah 264
*******************************************************************
************************************************
******************************
INTRODDUCTION
L'Islam ssignifie "souumission" [à Allah], et lee Musulman est celui qui se soumet àà la Loi Diviine et qui s'yy conforme ddans tous sess actes et danns tous les asspects de sa vie individuuelle et sociaale, cultuellle et matérieelle.
La Loi DDivine est connstituée du SSaint Coran et des Tradittions du Proophète (Ç). AAprès la disparitioon du Messaager d'Allah, ses Successseurs, ses Coompagnons ppuis les Jurissconsultes see sont chargés dd'expliquer, de préciser, de détailler et d'interpréter la Chari'aah (la Loi islamique) et de définir sees applications. Des diveergences appparurent, pouur diverses raaisons, dans l'interprétattion de la Loii islamique, qqui donnèrennt naissance à des Ecoles juridico-reeligieuses ouu rites (en araabe "Math-haab", pl. "Matthâhib") donnt chacune a ses adeptes qui suivent ses interpréttations de la Loi et qui s'yy conformentt.
De nos joours, on peutt dire que, à l'échelle uniiverselle, less Musulmanss des quatre coins du moonde sont partaagés entre ciinq principalles Ecoles juuridico-religiieuses. Il exiiste d'autres Ecoles juridiquees musulmannes, mais ellees ont plutôt un caractèree local ou réégional. 1- L'Ecolle d'Ahl-ul-BBayt, c'est-à--dire les Ja'fafarites, ou Chhi'ites Imamiites (Duodéccimains) donnt le précurseuur est l'Imamm 'Alî ibn Abbî Tâlib (S) --décédé en l''an 40 de l'HHégire- et le ffondateur esst l'Imam Jaa'far al-Çâdiiq (S) -décéddé en 148 H.
2- L'Ecolle Hanafite, dont le fonddateur est Noo'mân ibn Thhâbit, dit Abûû Hanîfah -ddécédé en 1550 H. 3- L'Ecolle Mâlikite, dont le fonddateur est Mââlik ibn Anas -décédé enn 179 H. 4- L'Ecolle Châfi'îte, dont le fonddateur est al-CChâfi'î (Muhhammad ibnn Idrîs) -décéédé en 204 HH. 5- L'Ecolle Hanbalite, dont le fonndateur est AAhmad ibn HHanbal -décéddé en 241 HH.
Ainsi, chaque Musulman suit, selon son appartenance, les règles de l'une de ces cinq Ecoles, pour s'acquitter de ses devoirs religieux individuels et sociaux et pratiquer ses actes cultuels ('Ibâdât).
Et au gré des événements et des circonstances historiques, chacune de ces Ecoles se trouve aujourd'hui dominante dans des zones géographiques plus ou moins déterminées. Mais de nos jours, lorsqu'on parle des Musulmans et de leur appartenance, on constate qu'au lieu de se référer à ces cinq Ecoles juridiques -qui cherchent toutes, et chacune selon la méthodologie et la voie qui lui sont propres, à conduire leurs adeptes respectifs vers le même but, les Sources de la Loi islamique- on évoque de plus en plus deux "Islams", l'"islam sunnite" (qui regroupe les quatre dernières des cinq Ecoles précitées, et l'"islam chi'ite", comme s'il y avait deux Communautés musulmanes (Ummah) distinctes qui s'opposeraient et se rejetteraient et dont chacune se voudrait le représentant de l'Islam authentique, à l'exclusion de l'autre. Pourtant tous les Musulmans avertis, sans distinction de rite, croient pertinemment et unanimement que l'Islam ne peut constituer qu'une "Communauté unique" (Ummah), conformément à l'affirmation du Noble Coran, auquel ils sont tous solidement attachés, et qui dit : «Cette Communauté qui est la vôtre est une Communauté unique, et JE suis votre Seigneur.» (Sourate al-Anbiyâ', 21 : 92)
En outre, cette division de la "Communauté unique" qui prend parfois la forme d'une rupture et d'une cassure au sein de la Ummah est d'autant plus injustifiable, infondée et artificielle que tous les Musulmans, Chi'ites et Sunnites confondus, ont pour l'essentiel les mêmes Croyances et les mêmes pratiques.
Ils croient tous :
- en Allah L'Unique et sans associé ;
- en l'Islam comme leur Religion ;
- au Saint Prophète Muhammad ibn 'Abdullâh (Ç) comme étant le Sceau des Prophètes ; - au Noble Coran (dans sa version unique et inchangée depuis sa Révélation) et aux Traditions du Prophète (sa Sunnah), comme étant les deux Sources de la Loi islamique (la Chari'ah) ; - ils accomplissent, tous, les cinq Prières quotidiennes obligatoires; - ils observent, tous, le Jeûne du mois de Ramadhân, comme une obligation; - ils font, tous, le Pèlerinage à La Mecque, dès qu'ils en ont la possibilité et les moyens ; - ils s'acquittent tous de la Zakât (impôt islamique) ;
- ils croient, tous, que ce que le Prophète a interdit est illicite pour eux, et que ce qu'il a autorisé est licite pour eux, et ce jusqu'au Jour de la Résurrection ; - ils considèrent, tous, les serviteurs pieux qui se sont distingués par leurs hautes vertus et leur dévouement à Allah et à Son Prophète comme des Maîtres qui méritent respect et vénération, et que ceux qui ont fait montre de leur hostilité envers Allah et Son Prophète sont leurs ennemis; - ils croient enfin, tous, que le Jour du Jugement viendra immanquablement. Certes, en dehors et en marge de ces Croyances et pratiques fondamentales, il y a des divergences entre Chi'isme et Sunnisme sur de nombreux points, concernant notamment les branches de la Religion, c'est-à-dire des questions secondaires, et d'autres fondamentales, mais ces divergences ne sauraient estomper l'essentiel qui les unit, et elles ne peuvent ni expliquer ni justifier une telle cassure entre eux, car ces divergences existent au même degré, au sein du Sunnisme, entre ses quatre Ecoles juridiques.
Prenons quelques exemples, choisis au hasard parmi des milliers d'autres, pour illustrer ces divergences entre les quatre Ecoles dites "sunnites" (Hanafite, Mâlikite, Châfi'îte, Hanbalite). En ce qui concerne le fait de parler pendant la Prière: - Pour les Châfi'îtes et les Mâlikites, si l'on parle par inadvertance, et que cette parole est si brève que la forme de la Prière reste intacte, celle-ci est valable ; - Les Hanafites et les Hanbalites disent, par contre, que toute parole étrangère à la Prière et prononcée pendant celle-ci, que ce soit volontairement ou involontairement, invalide ladite Prière(1).
Autre exemple : que doit faire le Musulman si, au moment de la Prière, il ne dispose que d'un seul vêtement pour couvrir a nudité, et que ce vêtement soit impur (najîs)? - Les Hanbalites disent qu'il doit accomplir la Prière avec le vêtement impur, mais devra la refaire lorsqu'il disposera d'un vêtement pur.
- Les Mâlikites disent qu'il accomplit la Prière avec ce vêtement impur et n'aura pas à la refaire. - Les Hanafites et les Châfi'îtes disent : il doit accomplir la Prière tout nu, et il est interdit de porter un vêtement impur pendant la Prière, quelles que soient les circonstances(2). Un autre exemple : le lieu de la Prière.
- Les Hanafites disent que le lieu de la Prière doit être immobile, et que l'on ne peut pas accomplir la Prière sur une monture ni sur une balançoire, sauf cas de force majeure.
- Les Châfi'îtes, les Mâlikites et les Hanbalites affirment que la Prière est correcte dans un lieu qui n'est pas immobile si l'on parvient à l'accomplir complètement et en remplissant toutes les conditions requises(3).
D'autres exemples encore :
- Mâlik (les Mâlikites) autorise la consommation de la viande de chien, les Hanbalites, les
Châfi'îtes et les Hanafites non.
- Les Châfi'îtes autorisent la consommation de la viande de loup et de renard, alors que les Hanafites l'interdisent.
- Les Hanafites, les Châfi'îtes et les Mâlikites disent qu'il n'est pas obligatoire (mais seulement recommandé) de réciter le "Tasbîh" (Invocation d'Allah) pendant le Rukû' (l'Inclination, une des positions de la Prière), alors que les Hanbalites affirment que le "Tasbîh"est obligatoire(4). Et ainsi de suite...
Si l'on examine maintenant de la même façon n'importe quelle question religieuse selon les points de vue respectifs des cinq Ecoles juridiques de l'Islam (Sunnisme et Chi'isme confondus), on voit apparaître entre elles les mêmes rapports de divergence et de convergence qui séparent ou rapprochent les quatre Ecoles sunnites, ce qui confirme le caractère totalement artificiel de la division entre Sunnisme et Chi'isme. Prenons quelques exemples à titre d'illustration. - Les Chi'ites (ou du moins un grand nombre d'entre eux), les Hanbalites et les Châfi'îtes disent que la 'Omrah (Pèlerinage mineur) est obligatoire pour quiconque a les moyens et la possibilité de l'accomplir.
- Les Hanafites et les Mâlikites la considèrent comme recommandée seulement(5). - Les Chi'ites et les Mâlikites définissent les lochies (Dam al-Nifâs) comme étant le sang qui s'écoule de la matrice en même temps que l'expulsion du nouveau-né, ou après, mais pas avant. - Les Hanbalites définissent les lochies comme étant le sang qui sort de la matrice en même temps, après ou avant (jusqu'à deux à trois jours) l'expulsion du nouveau-né. - Les Châfi'ites les considèrent comme étant le sang qui sort après la naissance seulement, mais ni avant, ni en même temps.
- Les Hanafites définissent les lochies comme le sang qui sort après la naissance, ou lors de l'expulsion de la partie majeure du nouveau-né, mais qu'en ce qui concerne celui qui sort avant l'expulsion de l'enfant ou pendant celle de la partie mineure, il ne s'agit pas de lochies(6). Un autre exemple encore, concernant la forme obligatoire de l'Inclination (pendant la Prière) : - Les Hanafites affirment que l'on peut s'incliner n'importe comment, et à n'importe quel degré.
- Les Chi'ites, les Hanbalites, les Mâlikites et les Châfi'îtes disent qu'il faut s'incliner jusqu'à ce que les paumes des mains atteignent le niveau des genoux, et que l'on doit marquer un temps de stabilité dans cette position(7).
Par ailleurs, les différends et les divergences entre les Ecoles "sunnites" touchent parfois des questions plus fondamentales et dépassent les divergences entre "Sunnisme" et "Chi'isme". Ainsi, certaines de ces Ecoles considèrent l'Analogie (Qiyâs) comme l'une des Sources de la Chari'ah, et qualifient d'impie quiconque la renie, alors que d'autres Ecoles, toujours au sein même du "Sunnisme", assimilent cette même Analogie à une forme d'impiété. Et lorsqu'on se réfère à l'histoire des conflits entre ces Ecoles "sunnites", on rencontre des périodes où les différends entre elles atteignirent un tel degré de gravité et de tension que les Savants religieux (uléma) de certaines d'entre elles sont allés jusqu'à décréter l'interdiction du mariage avec les adeptes d'autres Ecoles "sunnites".
Mais, fait significatif, ces divergences et ces différends entre les Ecoles sunnites, malgré leur gravité, n'ont jamais pris la forme d'une rupture constante comparable à celle qui semble marquer la division entre le "Sunnisme" et le "Chi'isme". Pourquoi ? Il faut chercher les motifs de la division de la "Communauté unique" dans des facteurs non pas religieux ou doctrinaux, mais plutôt politiques et relatifs à l'exercice du pouvoir, si l'on veut comprendre cette rupture -anormale- entre "Sunnisme" et "Chi'isme". Ces facteurs sont au nombre de deux :
1- La Succession du Prophète à la tête de l'Etat islamique. On sait, d'après de nombreux hadith authentiques (comme on va le voir dans ce livre) que le Prophète, après avoir éduqué l'Imam 'Alî et après lui avoir assuré une formation spécifique concernant la Chari'ah, l'a désigné pour lui succéder, afin qu'il poursuive son oeuvre d'éducation des Musulmans et d'explication de la Loi islamique, et afin qu'il transmette cette tâche à leurs Descendants successifs communs(8), jusqu'au douzième Imam d'Ahl-ul-Bayt. Mais la revendication par les Ahl-ul-Bayt de la Succession légitime du Prophète leur a valu d'être systématiquement écartés du pouvoir, persécutés, combattus, dénigrés et mis au ban de la société par les différentes dynasties califales, qui les considéraient comme une menace pour leur pouvoir et leur autorité, et qui n'hésitèrent pas à tout mettre en oeuvre pour empêcher la diffusion de leurs Enseignements et des hadith du Prophète qu'ils transmettaient directement de père en fils. 2- L'exigence de la Justice comme qualité requise pour le gouvernant. Le deuxième facteur politique relatif au pouvoir, et qui explique la séparation artificielle entre l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt (les Chi'ites) et les quatre Ecoles juridiques sunnites, est le fait que les Chi'ites se distinguent par leur position tranchée et leur intransigeance en ce qui concerne la qualité de "Justice" chez tout gouvernant. Bien plus, ils exigent de tout dirigeant musulman, qu'il soit gouvernant, imam de Prière, Compagnon ou "mujtahid" (Jurisconsulte), d'être intègre et juste. Or personne n'ignore que les gouvernants qui se sont succédés à la tête de l'Etat islamique depuis les Omayyades jusqu'aux Ottomans, en passant par les Abbassides, et qui ont accédé au pouvoir beaucoup plus par voie héréditaire ou appartenance clanique, ou par la force de l'épée, qu'en raison de leurs qualités religieuses, étaient loin de remplir, tous, cette exigence de justice, de piété, et d'intégrité.
En outre, ils étaient moins soucieux d'appliquer ce principe de Justice que de se maintenir au pouvoir. Aucun de ces gouvernants ne pouvait oublier comment l'Imam al-Hussayn, le "Maître de la Jeunesse du Paradis" (selon un hadith que l'on verra dans ce livre) et petit-fils du Prophète, n'avait pas hésité à sacrifier sa vie et celle des siens en rappelant aux Musulmans ce célèbre
hadith du Messager d'Allah en guise d'appel au Soulèvement contre l'injustice, la corruption et la débauche de Yazîd :
«O Musulmans ! s'était écrié l'Imam al-Hussain. Le Messager d'Allah a dit : "Quiconque voit un gouvernant injuste qui rend licite ce qu'Allah a interdit, qui dévie de la Sunnah du Messager d'Allah, qui agresse les Musulmans et qui commet des péchés contre eux, sans s'opposer à ce gouvernant ni en paroles, ni en actes, Allah lui réserve obligatoirement le même traitement qu'il réserve audit gouvernant !".»
Aucun de ces gouvernants ne pouvait non plus oublier les nombreux soulèvements, tels celui de Zayd ibn 'Alî(9) et celui d'al-Nafs "al-Zakiyyah"(10), parmi bien d'autres qui suivirent la Révolution d'al-Hussayn et qui mirent à rude épreuve les autorités califales. Les différentes dynasties califales voyaient donc, et à juste raison, dans la Doctrine chi'ite dont l'Imam al-Hussayn constituait l'un des principaux symboles, une menace potentielle permanente pour leur règne, étant donné que la Justice ne rimait pas toujours avec les impératifs d'un pouvoir auquel elles n'avaient pas accédé forcément par des moyens légaux et selon des critères islamiques authentiques. Ne pouvant pas combattre la Doctrine chi'ite sur ce point -la Justice comme qualité requise pour un gouvernant- qui était, et qui est toujours malgré tout souhaité par tous les courants de l'Islam, même si elle n'est pas considérée comme obligatoire par tous, les autorités califales -qui maintenaient sous leur surveillance et leur contrôle les activités jurisprudentielles des courants et Ecoles juridiques- ont tout fait pour que soit dénigrée la Doctrine chi'ite dans son ensemble, en lui attribuant perfidement des croyances hérétiques professées par des sectes extrémistes et dissidentes que les Chi'ites et leurs Dirigeants étaient pourtant les premiers à dénoncer comme impies. Ils voulaient ainsi mettre l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt au ban de la Communauté et l'écarter des autres Ecoles juridiques qui ne représentaient pas un danger réel pour le régime en place, car elles n'avaient pas les mêmes positions politiques que les Chi'ites.
Cette campagne de dénigrement menée sans relâche par le pouvoir et certaines "autorités religieuses" complices ou dociles fut constante tout au long du règne des différentes dynasties califales, car même lorsqu'il se trouvait parmi les califes certains, comme al-Ma'mûn, qui n'étaient pas hostiles à la Doctrine chi'ite en général, ils encourageaient malgré tout, ou du moins laissaient faire, la campagne de dénigrement dont faisait l'objet l'Ecole chi'ite, car la position particulière du Chi'isme en ce qui concerne la Succession du Prophète d'une part, et d'autre part la qualité de Justice exigée du gouvernant, constituait quand même une menace en puissance contre leur propre pouvoir. Ainsi écartés du pouvoir, réprimés, combattus sévèrement par lui, et victimes d'une campagne systématique de diffamation et de désinformation menée des siècles durant, sans jamais disposer des mêmes moyens que les autorités califales pour faire connaître aux masses musulmanes leurs points de vue et leurs thèses, les Chi'ites se trouvèrent peu à peu mis à l'écart des autres courants islamiques, alors que leur Doctrine dans son ensemble et pour l'essentiel ne justifiait pas, comme nous avons pu nous en apercevoir, une telle séparation. Il s'en est suivi que de nombreux Musulmans, éloignés des adeptes du Chi'isme et de leurs Enseignements, étaient, et sont toujours d'ailleurs, réduits à dire tout et n'importe quoi à l'appui des rumeurs propagées à propos de cette Doctrine qui, pourtant, depuis ses manifestations embryonnaires (11) à l'époque du Prophète et dans les milliers de livres que ses représentants ont publié à travers les siècles, n'a cessé de prêcher la nécessité de s'en tenir strictement aux Commandements de la Loi islamique, dont les deux seules Sources incontestables sont le Saint Coran et la Noble Sunnah du Prophète.
Le Sunnisme et le Chi'isme : deux termes pour une même signification. L'une des conséquences de cette campagne séculaire de désinformation contre le Chi'isme et de cette opposition artificielle et exagérée entre les deux ailes de la "Communauté unique", la Ummah, est la dénaturation de la signification de l'appellation même du couple opposé : "Sunnisme - Chi'isme", qui constitue en fait une aberration et qui crée la confusion dans les esprits. En effet, un grand nombre de Musulmans non avertis ont tendance à croire que le Chi'isme est la doctrine des Partisans (Chi'ites) de l'Imam 'Alî, par opposition au "Sunnisme", qui désignerait les adeptes de la Sunnah (Tradition du Saint Prophète), ce qui pourrait laisser entendre qu'il y aurait une opposition entre l'Imam 'Alî ou ses Partisans et la Sunnah du Prophète... Or, si l'on se réfère à la réalité historique de la naissance du Chi'isme et du Sunnisme et de leur développement, on constate sans l'ombre d'un doute que la vérité est tout autre et que l'opposition ainsi comprise entre les deux termes est une contre-vérité et un non-sens. Car, comme l'a bien démontré Son Eminence Sayyed Mohammad Bâqir al-Çadr dans sa recherche(12) objective et fondée sur des références qui font autorité parmi tous les courants juridiques de l'Islam, il y avait du vivant du Prophète et autour de lui deux tendances parmi les Compagnons : 1- Une tendance qui croyait au culte(13) et à l'arbitrage de la Religion, et à l'acceptation absolue du Texte(14) religieux dans tous les aspects de la vie. 2- Une tendance qui croyait que la foi en la Religion n'exige du Musulman qu'un culte limité à certains actes de piété et à certains aspects de l'Islam - relevant du Mystère (Ghayb). En dehors de ce cadre limité, cette tendance croyait à la possibilité de "l'opinion personnelle" dans les autres domaines de la vie et, par conséquent, à la légitimité de changer ou de modifier le Texte religieux selon l'intérêt du moment et des circonstances de la situation(15). «Bien que les Compagnons -en leur qualité d'avant-garde pieuse et éclairée- aient constitué la meilleure et la plus saine des graines pour l'engendrement d'une Nation missionnaire (...) il faut reconnaître qu'il y avait dans leurs rangs un large courant -du vivant du Messager- qui tendait à préférer le jugement personnel [ijtihâd] dans l'appréciation de l'intérêt [de la Ummah]... opposé à un autre courant qui croyait à l'arbitrage de la Religion, à la nécessité de se soumettre à elle et d'observer d'une façon scrupuleuse et absolue tous ses Textes, dans tous les domaines de la vie. «Sans doute, l'un des facteurs de l'adhésion de la majorité des Musulmans au courant de "l'opinion personnelle" réside-t-il dans la tendance naturelle de l'homme à agir selon l'intérêt qu'il pressent et apprécie lui-même, et non pas conformément à une décision dont il ne comprend pas le sens.»(16)
Le Compagnon qui incarnait la tendance de l'observance absolue de tout le Texte (le Saint Coran et la Sunnah du Saint Prophète) était l'Imam 'Alî, alors que le Compagnon le plus représentatif de la tendance qui admettait "l'opinion personnelle" et qui «se permettait de discuter les décisions du Saint Prophète et de donner un avis personnel qui n'allait pas toujours dans le sens du Texte, étant convaincu qu'il pouvait s'arroger ce droit»(17) était 'Omar ibn al-Khattâb. L'incident qui illustre le mieux cette opposition entre les deux tendances est celui que rapporte
al-Bokhârî, entre bien d'autres, et selon lequel un jour, alors que le Prophète était allongé sur son lit d'agonie en présence d'un bon nombre de Compagnons, il demanda qu'on lui apporte de quoi écrire son testament : «Laissez-moi vous écrire une lettre de conduite qui vous évitera de vous égarer.» 'Omar ibn al-Khattâb dit alors aux gens présents : «Le Prophète est emporté par la souffrance(18). Vous avez le Coran. Nous pouvons nous contenter du Livre d'Allah !» A ce moment-là, un différend et une dispute éclatèrent entre les Compagnons. Les uns disaient:
«Laissez le Messager d'Allah vous écrire une lettre qui vous évitera de vous égarer», les autres se rangeaient à l'avis d''Omar. Lorsque la dispute s'intensifia, le Prophète, excédé, leur dit: «Allez-vous en !»(19)
Mohammad Bâqir al-Çadr cite plusieurs exemples où les représentants de la tendance de "l'opinion personnelle", et notamment 'Omar ibn al-Khattâb, ont contesté certaines décisions du Prophète, comme lors de la conclusion du Traité de Hudaybiyyah(20), ou de la nomination du jeune Osâmah ibn Zayd(21) au commandement de l'armée musulmane à la veille du décès du Prophète, etc.
Cette attitude tendant à prendre une certaine liberté avec les stipulations explicites ou implicites du Texte, adoptée par les tenants de la tendance de "l'opinion personnelle" se poursuivra après le décès du Prophète et lorsque les représentants de cette tendance accéderont au califat. Les exemples en sont trop nombreux pour être cités ici. Citons seulement, à titre d'illustration, la déclaration publique que le "Calife Bien-Dirigé" 'Omar ibn al-Khattâb fera un jour, pendant son califat, du haut de sa chaire:
«Deux mut'ah étaient en cours à l'époque du Prophète, et moi je les prohibe et je punis quiconque les pratique : le "Mut'at al-Hajj" et le "Mut'at al-Nisâ'".»(22) L'opposition et le différend entre les deux tendances prirent corps et éclatèrent au grand jour après le décès du Prophète et à propos de sa Succession à la tête de l'Etat islamique. Alors que la tendance de "l'observance stricte du Texte" estimait que cette question était déjà tranchée par le Texte, puisque le Messager d'Allah en avait confié le soin à l'Imam 'Alî à travers de nombreux hadith, notamment dans "Hadith al-Thaqalayn"(23) et dans le sermon de "Ghadîr Khom"(24), et que de ce fait les Musulmans devaient s'en tenir au Texte ou au Testament du Prophète, les tenants de la tendance de "l'opinion personnelle" se réunirent à la "Saqîfah" pour porter au califat Abû Bakr, au nom de "l'intérêt général" et en invoquant le principe de "Chûrâ".
Abû Bakr et d'autres représentants de la tendance de "l'opinion personnelle" étant devenus officiellement les chefs de l'Etat islamique et, par conséquent, l'autorité suprême islamique, leurs faits et dires sont devenus par voie de conséquence une sunnah (tradition à suivre), tout au moins pour les adeptes de cette tendance, qui seront désignés peu à peu sous l'appellation de"Sunnites", par référence à leur loyauté envers la sunnah des chefs officiels de l'Etat islamique. Tandis que l'autre tendance, celle de "l'observance scrupuleuse du Texte" resta attachée à l'intégralité des stipulations du Texte, qui désigne (comme nous allons le voir dans les différents chapitres de ce livre) dans les deux Sources qui le représentent, à savoir la Sunnah du Prophète - explicitement- et le Noble Coran -implicitement - l'Imam 'Alî et onze de ses descendants d'Ahlul-Bayt (les Gens de la Maison du Prophète) comme seuls Successeurs légitimes du Prophète, ayant compétence pour expliquer et interpréter le Texte et ses applications. Les adeptes de cette tendance furent appelés les "Chi'ites (Partisans) de 'Alî", et par la suite tout simplement "Chi'ites".
Ainsi, contrairement à l'idée reçue chez de nombreux Musulmans, les "Chi'ites" ne sont les Partisans (Chi'ites) de 'Alî que parce qu'ils sont les fidèles inconditionnels de toutes les stipulations de la Sunnah du Prophète - qu'ils considèrent comme étant intouchable et sacrée- car, faut-il le rappeler, les Chi'ites sont les seuls -et à la différence des adeptes des autres Ecoles juridiques (dites sunnites) - à croire que le Prophète était infaillible (et ne pouvait donc pas avoir tort ni se tromper) non seulement depuis le début de sa Mission prophétique, mais depuis sa naissance jusqu'à sa mort.
Si donc ils se sont attachés à l'Imam 'Alî plus qu'à tout autre Compagnon, ce n'est ni par culte de sa personnalité, ni en raison d'une admiration passionnelle, qui seraient dus à ses nombreuses qualités élevées et à ses vertus, mais essentiellement parce qu'ils croient d'une part qu'il incarnait la fidélité absolue aux Traditions du Prophète, la représentation fidèle de la tendance de "l'observance absolue du Texte", et d'autre part parce qu'il avait été désigné par le Prophète pour lui succéder et pour poursuivre son oeuvre d'explication et d'interprétation de la Chari'ah. Et, de la même façon, s'ils récusent la légitimité des représentants de la tendance de "l'opinion personnelle", c'est seulement parce qu'ils croient à l'obligation d'observer - pour tout Musulman, y compris les Compagnons - et de suivre à la lettre les stipulations de la Sunnah du Prophète, qu'ils placent au-dessus des impératifs du moment et de "l'intérêt général" conjoncturel, tels que les perçoit et les estime la tendance de "l'opinion personnelle". Car, selon une croyance des Chi'ites -fondée sur le Texte - seule l'infaillibilité du Prophète est à même de concevoir, de bien apprécier et de garantir l'intérêt général véritable de la Religion éternelle (l'Islam), et de la Ummah, à court et à long termes.
Ainsi donc, pour éviter l'aberration suscitée par les termes "Sunnites" et "Chi'ites", par lesquels on désigne les adeptes respectifs des deux courants de l'Islam qui se sont développés après la disparition du Prophète, l'un sous l'égide du pouvoir, l'autre à l'écart du pouvoir, il vaudrait mieux employer le couple "loyalistes" - "légitimistes", les loyalistes (Sunnites) étant ceux qui ont accepté l'autorité religieuse du pouvoir califal, et les légitimistes (Chi'ites) ceux qui ont considéré que la seule Autorité religieuse légitime est celle qui avait été désignée par le Prophète et représentée par les Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt (l'Imam 'Alî, suivi de onze de ses descendants). Cette mise au point étant faite, si le "Sunnisme" veut se définir vraiment comme l'attachement à l'intégralité de la Sunnah du Prophète, l'opposition entre "Sunnisme" et "Chi'isme" n'aurait plus de raison d'être car, comme nous l'avons aperçu, la naissance et le développement de cette opposition étaient axés sur la question de l'observance absolue du Texte (le Coran et la Sunnah du Prophète) en général, et de la Sunnah du Prophète en particulier, laquelle est essentielle pour la compréhension correcte du Saint Coran et de la détermination des applications des Commandements d'Allah qui y figurent. * * * *
Ce livre a été écrit afin de permettre aux nombreux Musulmans à qui l'occasion n'a pas été offerte de connaître la vérité de l'Ecole juridique d'Ahl-ul-Bayt, et dont la seule connaissance - souvent fragmentaire et fausse- provient de vagues "on-dit", d'avoir une idée juste et correcte de cette Ecole, et de savoir qui sont les Ahl-ul-Bayt, quelles sont leurs références dans le Saint Coran et dans la Sunnah, quels sont leurs rapporteurs de hadith, et comment est née et s'est développée cette Ecole, depuis l'époque du Prophète jusqu'à nos jours. Dans un premier chapitre, intitulé "Ahl-ul-Bayt dans le Saint Coran", ce livre s'efforce d'énumérer quelques Versets coraniques révélés à propos des Ahl-ul-Bayt, et de préciser -à l'appui des interprétations de mufassirîn (exégètes) de différentes Ecoles juridiques musulmanes, tels que al-Zamakh-Charî, al-Râzî, al-Tabarî, al-Tha'âlibî, etc.- quels sont, nommément, à part le Prophète, les personnages compris ou désignés par le terme "Ahl-ul-Bayt". Il s'applique également à montrer comment ces Versets coraniques soulignent l'infaillibilité des Ahl-ul-Bayt et commandent aux Musulmans de s'attacher à eux et de suivre leur exemple. Dans un deuxième chapitre, "Ahl-ul-Bayt dans la Sunnah du Prophète", on découvrira -ou l'on redécouvrira- ce que le Prophète a dit à propos des "Gens de sa Famille", ainsi qu'un certain nombre de hadith célèbres concernant les "Ahl-ul-Bayt", notamment Hadith al-Thaqalayn (les deux Poids) dans lequel il associe les Ahl-ul-Bayt au Saint Coran et en fait les deux références inséparables de tout Musulman. On peut connaître dans ce chapitre surtout, les noms de tous les recueils de hadith sains (Çahîh) sunnites et chi'ites -de "Musnad Ahmad" à "Çahîh Muslim", en passant par al-Çiyûtî et al-Tirmithî- qui citent ce hadith, et ceux de tous les Compagnons du Prophète, tels qu'Abû Tharr al-Ghifârî, 'Abdullâh ibn 'Omar, Abû Hurayrah, Umm Salma, etc. qui attestent l'avoir entendu.
Dans le troisième chapitre, "Le Saint Coran vu par les uléma de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt", le livre montre, en citant les plus grands uléma de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt, que contrairement à ce que prétendent d'aucuns, ces uléma sont unanimes pour affirmer que le Saint Coran, dans sa version actuelle que lisent tous les Musulmans, est intact et n'a pu subir aucune déformation depuis sa Révélation, et ce conformément à cette Parole d'Allah :
«Nous avons fait descendre le Rappel ; Nous en sommes les Gardiens.» (Sourate al-Hijr, 15 : 9)
Dans le quatrième chapitre, "Le Saint Coran dans les récits des Ahl-ul-Bayt", le livre cite différents récits rapportés des Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt, dans lesquels ceux-ci décrivent la grandeur du Livre d'Allah et la nécessité pour tous les serviteurs d'Allah de suivre à la lettre tous ses Commandements.
Dans un autre chapitre, "Les bases de la compréhension et du Tafsîr du Saint Coran", il nous est proposé de nous arrêter sur l'analyse des différentes significations -étymologique, courante, technique - du terme "Tafsîr" (interprétation), avant d'expliquer la méthodologie de l'interprétation du Coran suivie par les Ahl-ul-Bayt, interprétation fondée sur deux règles : - l'interprétation du Coran par le Coran, l'explication des Versets par d'autres Versets ; - l'interprétation du Coran par des hadith authentiques. Dans le chapitre intitulé "La Sunnah du Saint Prophète dans l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt", le livre montre le rôle prépondérant des Imams d'Ahl-ul-Bayt dans la mémorisation, la diffusion et la sauvegarde des Traditions de leur grand-père, le Saint Prophète Traditions qui, avec le Saint Coran, constituaient les seules Sources de leur Doctrine, de leurs Enseignements et de leurs explications des stipulations de la Chari'ah. Ce chapitre s'applique également à expliquer ce qu'est la Sunnah, et quelle est la méthode originale et rigoureuse suivie par les uléma de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt pour vérifier et établir l'authenticité des hadith, méthode fondée sur l'examen de la chaîne des rapporteurs d'un hadith (sanad) d'une part, et la vérification du "matn" (le texte ou le contenu du hadith), en vue de s'assurer qu'il n'y a rien dans ce hadith qui serait contraire aux stipulations du Livre d'Allah, d'une Sunnah établie authentique, ou d'une vérité admise par le législateur, telle que toute vérité rationnelle absolue et incontestable. Dans le chapitre intitulé "Les Imams d'Ahl-ul-Bayt, rapporteurs du Hadith du Saint Prophète", le lecteur apprendra que les Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt -qui avaient la charge de diffuser et de sauvegarder les Traditions du Prophète- constituaient la chaîne la plus sûre de la transmission de père en fils des hadith de leur grand-père. Il pourra vérifier également comment cette transmission s'opérait, et quelle était la crédibilité de chacun de ces Imams auprès de l'ensemble des uléma de son époque, et savoir qui sont les douze Imams d'Ahl-ul-Bayt, à quelle époque et dans quelles circonstances a vécu chacun d'eux.
Dans le chapitre "L'Unicité (Tawhîd) dans l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt", les auteurs du livre s'emploient à souligner tout d'abord l'importance de la compréhension correcte de la notion d'Unicité en Islam. Ils expliquent ensuite que selon l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt, la meilleure façon d'avoir une compréhension correcte de la conception de l'Unicité en Islam est de s'en tenir uniquement aux différentes parties du Saint Coran et de la Sunnah, qui sont après tout la seule Source de la pensée doctrinale. Et, après avoir souligné les diverses influences -chrétienne, juive, grecque, etc.- qui ont pu glisser dans la conception de l'Unicité adoptée par un grand nombre de tendances ou d'Ecoles musulmanes à l'époque de la propagation et de l'expansion de l'Islam et à la suite de la conversion à cette Religion de gens d'origines et de civilisations diverses, les auteurs rappellent le rôle prépondérant que les Imams d'Ahl-ul-Bayt ont pu jouer, grâce à leur maîtrise des tenants et des aboutissants du Saint Coran et de la Sunnah, pour conserver à la conception islamique de l'Unicité sa pureté et sa clarté, et pour dénoncer comme hérétiques et déviationnistes certains groupuscules et certains individus qui se réclamaient des Ahl-ul-Bayt tout en professant des idées et des doctrines contraires à leur conception pure de l'Unicité -fondée sur ce principe : «Allah est La Perfection absolue. IL est exempt de tout défaut. IL n'a pas d'associé, ni de pareil ni de semblable ni de contraire.» A une autre question, à propos de laquelle différentes théories "islamiques" ont été élaborées à l'époque de la formation des Ecoles juridiques, et qui a trait à la Justice d'Allah et au point de savoir si l'homme a la maîtrise de ses actes ou si c'est Allah Qui lui fait commettre des péchés et accomplir de bonnes actions, les auteurs de ce livre consacrent le chapitre "La Justice Divine et l'explication de la conduite humaine». Ils exposent d'abord les deux théories principales qui avaient traité de ce sujet pendant les premiers siècles de l'Hégire : le "Jabr" (la contrainte : l'homme est contraint, il n'a pas le choix de sa conduite qui, selon cette théorie, lui serait dictée par Allah) et le "Tafwîdh" (la délégation : Allah aurait délégué à l'homme la totalité du contrôle de ses actes, sa volonté serait séparée de Celle d'Allah). Et ils montrent ensuite comment les Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt ont réfuté ces deux théories qui mettent en cause la Justice d'Allah et Sa Toute-Puissance, pour expliquer que l'homme ni n'est tout à fait libre de ses actes, ni totalement contraint, mais entre les deux.
Dans le chapitre intitulé "Les Ahl-ul-Bayt et les groupuscules égarés", les auteurs expliquent: 1- Comment et pourquoi des éléments subversifs profitèrent de l'époque de confusion, de déferlement et prolifération de courants de pensée et de théories pour se réclamer de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt et diffuser des Paroles qu'ils attribuaient faussement aux Saints Imams (S) - conférant à ceux-ci des Qualités Divines, etc. dans l'intention de les discréditer. 2- Comment les uléma et les Jurisconsultes de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt se sont appliqués à démontrer la fausseté de ces prétendus hadith et à démasquer le vrai visage de ceux qui les diffusaient, empêchant ainsi l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt d'être entachée par les doctrines étrangères à la pureté islamique des Enseignements des Ahl-ul-Bayt. 3- Comment les détracteurs de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt et les différents pouvoirs ou autorités -dont la position s'accommodait mal de l'application des Traditions authentiques du Prophète que cette Ecole ne cessait d'exiger- profitèrent de cette situation et s'appliquèrent à propager largement les faux hadith attribués aux Ahl-ul-Bayt, tout en essayant d'empêcher les véritables Enseignements de cette Ecole et leurs livres de parvenir aux masses musulmanes. Et c'est à cause de ces manoeuvres perfides qu'on trouve, même de nos jours, de nombreux Musulmans qui confondent les Chi'ites (les adeptes de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt) avec les doctrines de certains groupuscules égarés et intrus que les Imams d'Ahl-ul-Bayt et les uléma chi'ites étaient les premiers à dénoncer et à démasquer.
Dans un chapitre intitulé "Les principes de l'éducation des Ahl-ul-Bayt", on peut apprendre comment les Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt se sont employés à former et à éduquer islamiquement leurs disciples. L'idée-clé de leur éducation était la suivante : il ne suffit pas d'aimer les Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt pour être un bon Musulman ou un disciple d'Ahl-ul-Bayt. Un bon Musulman est celui dont les actes reflètent la fidélité aux Commandements d'Allah et aux Traditions de Son Messager. Seul celui qui obéit aux Commandements de la Chari'ah dans tous ses actes peut valablement se réclamer de la Doctrine d'Ahl-ul-Bayt. Quelques citations des Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt, et notamment de l'Imam al-Çâdiq sont à cet égard très instructives. Dans le chapitre "La méthode d'action politique des Ahl-ul-Bayt", on peut apprendre que les Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt se sont appliqués :
1- à appeler les gens à dénoncer l'injustice et à lutter contre elle; 2 - à boycotter les gouvernants injustes et à refuser toute coopération avec eux ; 3- à se soulever contre les dirigeants injustes et à soutenir ceux qui les combattent ; 4- à résister politiquement au pouvoir injuste.
Dans ce chapitre, on peut apprendre en détail le rôle politique de chacun des Imams d'Ahl-ulBayt, sous les différents pouvoirs Omayyades et Abbassides, la répression et les persécutions qu'ils ont dû subir pour rester fidèles à leurs principes. On peut apprendre également comment l'unité et la continuité de l'action politique des douze Imams d'Ahl-ul-Bayt, malgré ses formes différentes, traduisait la cohérence de leur Doctrine et incarnait ce que la Chari'ah exige de tout dirigeant islamique.
Dans le chapitre "Regards sur les Ecoles Juridiques Musulmanes", on peut se faire une idée de la raison de la formation des différentes Ecoles juridiques islamiques, ainsi que des raisons de leurs divergences.
Ces raisons résident dans deux faits :
- il y a divergence en ce qui concerne les Sources de la Chari'ah, après le Coran et la Sunnah, adoptées par chacune des Ecoles juridiques;
- il y a divergence aussi sur les critères de l'authenticité de certains hadith. Les auteurs du livre montrent que ces divergences sont de caractère légal, scientifique et objectif, et résultent de l'ijtihâd (opinion personnelle déduite de la Loi islamique) de jurisconsultes compétents et dignes de foi, et ne devraient en aucun cas déboucher sur la division des Musulmans, ni jeter le discrédit ou la suspicion sur la Foi des uns ou des autres. Car chacune de ces Ecoles a été formée en principe uniquement pour permettre aux Musulmans de s'acquitter en toute légalité de leurs obligations religieuses en se conformant aux décrets des Jurisconsultes - qui assument seuls la responsabilité de toute erreur de jugement- qui se sont regroupés autour de cinq méthodologies de recherche différentes, mais visant toutes un même but: la compréhension correcte et l'application juste de la Loi islamique. Elles ne sont donc pas des institutions sociales ou politiques rivales ou concurrentes, cherchant chacune à s'attirer des adeptes ou des "clients". Chaque Musulman devrait être donc libre de choisir légalement et sans a priori ni préjugés l'Ecole juridique qu'il croit être la mieux à même de lui permettre de s'acquitter de ses obligations envers son Créateur. C'est du moins ce que le défunt Chaykh al-Azhar du Caire, le Docteur Mahmûd Chaltût et son successeur Muhammad Muhammad al-Fahhâm ont eu le courage de décréter, en écoutant la voix de laa Noble Chaari'ah et en fafaisant fi des considérations politiquees séculair s qui tendaieent à mettre au ban et tennir à l'écart ddes Ecoles juuridiques offfficielles toutte Ecole dont la doctrinne refuse de ss'accommodder des raisonns d'Etat du pouvoir. Tell est le thèmme principall du dernier cchapitre, intiitulé "Les MMusulmans : uune Commuunauté uniquue", qui monttre que tout Musulman ssincère et bieen instruit nee peut que coonstater que ceux qui essaient de jeter le discrédit sur certaines Ecoles juriidiques ou dd'insinuer quee les divergeences entre lles Ecoles juridiques ont trait auux fondemennts de la Foi sont ou bienn des ignorannts, ou bien agissent avec des intenntions douteuuses.
Notons eenfin que les auteurs de cce livre ont ttenu, par souuci d'objectivvité et afin dde permettre au lecteur ett au chercheuur de vérifieer le bien-fonndé des faits présentés daans cet ouvrrage, à faire figurer à la fin du livre une annexxe contenantt des centainnes de référennces sunnitees qui font autorité et qui attesteent que les VVersets coranniques cités ppar les auteuurs concernennt bien les AAhlul-Bayt, et que le termme "Ahl-ul-BBayt" désignne bien, à paart le Prophèète, l'Imam 'AAlî, Fâtimahh alZahrâ', et leurs Desceendants.
ABBAS AA. AL-BOSTAANI
AHL-UUL-BAYT DDANS LE SAAINT CORRAN
Le Saint Coran est laa Source de lla Pensée et l'Origine de la Législatioon et des Vaaleurs islamiques. Ce qui y est dit est RRévélation et Parole Divine Sacrée, qqui formule lle mode de laa vie et préccise ses lois.
Tout Musulman le saait : ce que lee Saint Coraan a apporté cconstitue sa Législation et son Messsage dans la vvie, et il est teenu de l'applliquer et de mmarcher à saa Lumière. LLe Saint Coraan a évoqué les Ahl-ul-BBayt (S)(25) dee la façon suuivante.
1) L'évoccation de leuur nom couraant. En effet,, le Saint Cooran les appeelle tantôt "AAhl-ul-Bayt", comme ddans le Verseet de Tat-hîrr(26), tantôt "aal-Qorbâ" (lees proches pparents), commme dans le Verset d'al-Mawaddaah(27). De nombreux autrres Versets oont été révéléés à leur propos, Versetss que la Tradition du Prophhète (Ç)(28) aavait expliquués à l'intentiion de la Ummmah, et quee de nombreuux exégètes et rapporteuurs de hadithh ont mentionnnés dans leuurs livres et encyclopédies. 2) La mention d'événnements et de faits relatiffs aux Ahl-uul-Bayt, et laa Révélation de nombreux Versets ffaisant état dde leurs vertuus et de leur rang, les louuant et appellant la Ummmah à eux danns leur enseemble, commme dans le Verset de Mubbâhalah(29) eet le Verset dde It'âm(30) ddans la Souraate al-Dahr(331), etc. ou inndividuellemment, comme dans le Verrset d'al-Wilââyah : «Vous n'aavez pas de MMaître en deehors d'Allah, de Son Prrophète et dee ceux qui foont l'aumônee tout en s'incliinant humbleement.» (Souurate al-Mâ'iidah, 5 : 55)..
Nous allons maintenant aborder avec plus de détails quelques-uns de ces Versets - très nombreux - qui évoquent les Ahl-ul-Bayt, pour mettre en évidence leurs vertus.
Le Verset de Tat-hîr (la Purification)
«O vous, les Gens de la Maison! Allah veut seulement éloigner de vous la souillure, et vous purifier totalement.» (Sourate al-Ahzâb, 33 : 33) Les interprétations et les récits concordent pour affirmer que les personnes visées par le terme "Ahl-ul-Bayt" sont les Membres de la Famille du Prophète, à savoir 'Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn.
Ainsi, il est rapporté, dans "al-Dur al-Manthûr", d'al-Çiyûtî : «Selon al-Tabarânî, citant Umm Salma, le Messager d'Allah a dit à Fâtimah : "Amène-moi ton mari et tes deux fils." Lorsqu'elle l'eut fait, le Prophète les recouvrit d'un voile de Fadak puis, posant la main sur eux, il dit : "O Allah ! Ils sont la Famille de Muhammad ! Prie donc sur la Famille de Muhammad et bénis-la comme Tu l'as fait pour la Famille d'Ibrâhîm. Tu es en effet Digne de Louanges et de Gloire."»
Umm Salma ajoute : «J'ai alors levé le voile pour entrer avec eux, mais le Prophète l'a retiré de ma main en me disant : '"Tu es bien, là où tu es."»(32) Selon Umm Salma, l'épouse du Prophète, un jour, alors que le Saint prophète se trouvait chez elle, sur un lit lui appartenant, recouvert d'un voile khaybarite(33), Fâtimah apporta un récipient contenant un mets. Le Prophète lui dit: «Appelle ton mari et tes deux enfants al-Hassan et alHussayn.» Elle s'exécuta. Pendant qu'ils mangeaient, il fut révélé au Prophète : «O vous les Ahl-ul-Bayt ! Allah veut seulement éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement.»
Le Prophète les couvrit alors de son voile, dont il sortit la main pour la lever vers le ciel en disant : «O Allah ! Ce sont les Gens de ma maison et les miens ! Eloigne donc d'eux la souillure et purifie-les totalement.» Il répéta ces paroles trois fois. Et Umm Salma d'ajouter : «J'ai alors fait entrer ma tête sous le voile en disant : O Messager d'Allah ! Suis-je aussi avec vous? - Tu vas bien deux fois, me répondit-il.»(34) Le Messager d'Allah continua d'expliquer à la Ummah le sens de ce noble Verset et à le lui faire assimiler afin qu'elle marche à sa Lumière. Il dit notamment : «Ce Verset a été révélé à propos de cinq personnes : moi-même, 'Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn. O vous les Ahl-ul-Bayt ! Allah veut seulement éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement.»(35) De même, l'interprétation de ce Verset et la confirmation des noms qu'il désigne sont attribués à 'Ayechah : «Un jour, le Prophète est sorti, revêtu d'un drap à poils noirs. Lorsqu'al-Hassan est venu, il l'a placé sous le drap ; puis al-Hussayn est venu, et il l'a placé sous le drap ; ensuite Fâtimah est venue, et il l'a placée sous le drap ; enfin 'Alî est venu, et il l'a placé sous le drap. Puis il a dit : "O Ahl-ul-Bayt ! Allah veut éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement."»(36)
Selon un autre récit, le Messager d'Allah avait l'habitude de passer à la porte de la maison de Fâtimah chaque fois qu'il sortait pour la Prière de l'aube, et de dire: «A la Prière ! O Ahl-ul-Bayt ! A la Prière!.. Allah veut seulement éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement.» Ainsi, le Saint Coran met en évidence le rang élevé des Ahl-ul-Bayt, et insiste sur leur Pureté et leur éloignement de la souillure, des péchés et des caprices de l'âme. Leur conduite est donc un exemple à suivre. Le Saint Coran ne les a présentés de la sorte que pour attirer l'attention de la Ummah sur l'importance de leur rang et leur position exaltée, et pour lui recommander de les vre et de se référer à eux afin de bien comprendre la Chari'ah, de déterminer ses statuts à travers leurs explications, et de recourir à eux en tant que critère lorsque des litiges apparaissent et que les avis divergent.
Plusieurs Versets du Saint Coran désignent clairement les Ahl-ul-Bayt comme des Imams, des exemples à suivre par les Musulmans après le Prophète. Lorsque le Prophète s'appliqua pendant plusieurs mois à s'arrêter, à l'aube, devant la porte de la maison de 'Alî et de Fâtimah pour les appeler à la Prière, en les désignant sous l'appellation de "Ahl-ul-Bayt", il voulait à l'évidence faire connaître l'identité de ces Ahl-ul-Bayt, expliquer la signification exacte du Verset d'al-Tat-hîr, attirer l'attention de la Ummah sur la place de choix qu'ils occupent, et lui signifier l'obligation de les aimer, de les soutenir et de leur obéir. En effet, Abû-l-Hamrâ', cité par al-Tabarî, témoigne: «Pendant six mois, le Messager d'Allah s'arrêta au niveau de la porte de 'Alî et de Fâtimah, pour dire: "O Ahl-ul-Bayt ! Allah veut éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement."»(37) Selon al-Fakhr al-Râzî, dans "al-Tafsîr al-Kabîr", après la Descente du Verset coranique : «Ordonne la Prière à ta Famille, et persévère toi-même dans la Prière.» (Sourate Tâhâ, 20 : 132), le Prophète allait chaque matin chez 'Alî et Fâtimah, et disait: "A la Prière !" Il le fit pendant plusieurs mois.
Selon un récit rapporté par Hammâd ibn Salma, citant 'Alî ibn Zayd, citant Anas : «Le Prophète passa dant six mois devant la porte de Fâtimah chaque fois qu'il sortait pour prier, et il disait : "A la Prière ! O Ahl-ul-Bayt ! Allah veut éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement."»(38)
Ceci montre clairement l'attention soutenue du Prophète pour cette Maison bénie et sa volonté d'amener les Musulmans à bien comprendre que les occupants de cette Maison sont les siens, de qui Allah a éloigné la souillure et qu'Il a purifiés totalement, après qu'Il lui a intimé cet Ordre : «Ordonne la Prière à ta Famille, et persévère toi-même dans la Prière.» (Sourate Tâhâ, 20 : 132)
Il ressort clairement de ce Verset : «O Ahl-ul-Bayt ! Allah veut éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement.», qui s'adresse aux Ahl-ul-Bayt à la deuxième personne du pluriel, au masculin et non pas au féminin ('ankum = de vous) et Yotahirrukum = vous purifier), que les personnes visées par ce Verset sont les cinq dont les noms ont été cités plus haut, et non pas les épouses du Prophète -comme l'ont cru certains exégètes. Car s'il s'agissait effectivement des épouses du Prophète, la Parole d'Allah se serait adressée à elles en employant le féminin: 'ankunna = de vous [épouses du Prophète], et Yotahirkun-na = vous purifier [vous, les épouses du Prophète].
Ce Verset trace une voie au contenu et à la signification larges, et attire notre attention sur des vérités essentielles dans la vie islamique, afin de nous éviter de tomber dans un problème de compréhension et de manquer les desseins véritables du Livre d'Allah, Qui a voulu fonder la Ummah sur la Pureté et l'éloignement de la souillure et du vice, et Qui a fait des Ahl-ul-Bayt l'axe et le phare de cette fondation. Car aucun autre Musulman n'a eu droit à une telle description dans le Saint Coran, et Prophète ne s'est adressé à aucun autre Musulman avec ce qualificatif, le qualificatif de la Pureté absolue et de l'éloignement des péchés et des fautes.
Le Verset de Mawaddah
«Dis : "Je ne vous demande aucun salaire pour cela, si ce n'est votre amour envers les Proches."»
(Sourate al-Chûrâ, 42 : 23)
Le Messager d'Allah a bien spécifié qui est désigné par ce Verset béni, et qui sont ceux envers qui l'amour, l'obéissance et l'imitation sont obligatoires. Selon les exégètes, les rapporteurs de hadith et les biographes, les ''proches'' visés dans ce Verset sont 'Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn.
Ainsi, selon al-Zamakh-charî, dans son "Tafsîr al-Kach-châf": «... On raconte qu'une fois, les polythéistes s'étaient réunis et s'étaient dit les uns aux autres : "croyez-vous que Muhammad soit interrogé sur le salaire qu'il touche...?" Et alors fut révélé le Verset:
«Dis : "Je ne vous demande aucun salaire pour cela, si ce n'est votre amour envers les proches."»(39)
Et al-Zamakh-charî d'ajouter:
«Et on relate que lorsque ce Verset a été révélé, on demanda au Prophète: O Messager d'Allah ! Qui sont tes proches que nous avons l'obligation d'aimer? - 'Alî, Fâtimah, et leurs fils, répondit le Prophète.»
Selon al-'Allâmah(40) al-Bahrânî, citant "Al-Musnad" d'Ahmad ibn Hanbal, citant Sa'îd ibn Jubayr, Ibn 'Abbâs a dit :
«Lorsque cette Parole : "Dis : "Je ne vous demande aucun salaire pour cela, si ce n'est votre amour envers les proches" a été révélée, on demanda : O Messager d'Allah ! Qui sont tes proches que nous avons l'obligation d'aimer? - 'Alî, Fâtimah, et leurs fils, répondit le Prophète.»(41) Al-Fakhr al-Râzî a confirmé ce qui suit dans le ''Tafsîr al-Kabîr'', après avoir mentionné la parole d'al-Zamakh-charî (l'auteur d'"Al-Kach-châf"), concernant la Famille de Muhammad: «Et moi je dis : la Famille [Âle] de Muhammad sont ceux dont le sort lui revient. Car plus le sort de quelqu'un lui est totalement et solidement lié, plus on est de sa famille. Or il ne fait pas de doute que les liens entre le Messager d'Allah et Fâtimah, 'Alî, al-Hassan et al-Hussayn sont des plus solides, et cela est prouvé par des témoignages concordants. C'est donc eux qui sont obligatoirement la Famille du Prophète.» De même, il y a eu controverse concernant le mot "Âle". Les uns ont dit que "Âle" désigne les proches, les autres disent qu'il signifie la Ummah du Prophète. Or, si nous considérons la première hypothèse(42), il s'applique aux quatre personnes déjà citées, soient 'Alî, Fâtimah, alHassan et al-Hussayn ; et si nous retenons la seconde hypothèse, il s'applique également à eux. Ainsi, dans tous les cas, les personnes précitées font partie des "Âle". Mais y en a-t-il d'autres, qui soient désignées par ce terme? Cela est controversé, et la controverse est alimentée aussi bien sur le plan des témoignages rapportés que sur celui du rationnel, comme nous l'avons Toujours est-il que, selon l'auteur d'"Al-Kach-châf", lorsque ce Verset fut révélé, on a demandé au Prophète: «O Messager d'Allah ! Qui sont tes proches que nous avons le devoir d'aimer ?» Et le Prophète a répondu : «'Alî, Fâtimah et leurs deux fils.» Il en ressort donc que ces quatre personnes sont les "proches" du Prophète. Ce lien étant établi, les quatre personnes en question ont droit à plus de révérence. La preuve en est : 1) La Parole d'Allah précitée : «... si ce n'est l'amour envers les proches.» "Les proches" signifie ici, comme nous l'avons vu à travers des témoignages concordants, les quatre personnes déjà citées.
2) Il ne fait pas de doute que le Prophète aimait Fâtimah, puisqu'il a dit : «Fâtimah est une partie de moi. Celui qui lui fait du mal m'aura fait du mal.» De même, des témoignages concordants prouvent que Muhammad aimait 'Alî, al-Hassan et alHussayn. Et cela étant établi, toute la Ummah a l'obligation de lui emboîter le pas et de les aimer, puisqu'Allah dit :
«O Prophète ! Dis : "Suivez-moi, si vous aimez Allah ; Allah vous aimera."» (Sourate Âl 'Imrân, 3 : 31)
«... suivez-le [le Prophète] ! Peut-être alors serez-vous dirigés.» (Sourate al-A'râf, 7 : 158)
«... ceux qui s'opposent à son ordre [du Prophète] doivent prendre garde...» (Sourate al-Nûr, 24 : 63)
«... vous avez, dans le Messager d'Allah, un bel exemple...» (Sourate al-Ahzâb, 33 : 21) 3) La Prière pour les "Âle" a une importance de premier plan, c'est pourquoi une telle Prière a été placée à la fin de la Prière rituelle prescrite, laquelle se termine par les mots : «Allâhumma Çalli 'alâ Muhammadin wa Âle Muhammad» (O Allah ! Prie sur Muhammad et sur la Famille (Âle) de Muhammad). Personne d'autre que les "Âle" n'a eu droit à une telle glorification. Ainsi, l'amour our les "Âle" de Muhammad s'affirme comme une obligation. Il est utile de rappeler ici ce qu'a professé l'imam al-Châfi'î (R)(43) :
«Si l'amour pour les Âle Muhammad est un "refus", «Que les Thaqalayn(44)attestent que je suis un "refusard"(45).»(46) Selon al-Tabarî, citant Ibn 'Abbâs :
«Lorsque le Verset : "Dis : "Je ne vous demande pour cela aucun salaire, si ce n'est votre amour pour les proches" a été révélé, on a demandé au Prophète: "O Messager d'Allah ! Qui sont tes proches qu'il nous est obligatoire d'aimer ?", et le Prophète a répondu: "'Alî, Fâtimah, et leurs deux fils."» (Rapporté par Ahmad dans "Al-Manâqib"(47). Ibn al-Monthir, Ibn Abî Hâtam, Ibn Marduwayh et al-Tabarânî ont rapporté, dans "Al-Mu'jam alKabîr", en citant Ibn 'Abbâs, exactement la même affirmation concernant les personnes visées par le Verset.(48)(24)
Selon un récit sain (Hadith Çahîh) sur al-Hassan ibn 'Alî, celui-ci fit un jour un prône dans lequel il déclara :
«Je suis un des membres des Ahl-ul-Bayt, de qui l'amour est rendu obligatoire par Allah à tout Musulman, puisqu'Allah a dit : "Dis : "Je ne vous demande aucun salaire pour cela, si ce n'est votre amour envers les proches."»
Dans le Verset d'al-Tat-hîr (la Purification), Allah a établi la Purification des Ahl-ul-Bayt, et les a dépouillés de toute souillure. Il a fait comprendre à la Ummah, par l'établissement de cette Purification, leur valeur et leur rôle missionnaire dans sa vie (de la Ummah), et c'est pourquoi ils ont mérité l'amour et la fidélité qu'ordonne le Saint Coran dans ce Verset. Le Saint Coran n'entend pas, par cet amour, seulement le lien affectif et l'amour cordial -car l'amour et l'affection qui vivraient dans l'âme et la conscience, sans se traduire par des actes qui les incarneraient, c'est-à-dire sans suivre l'exemple des Ahl-ul-Bayt, marcher sur leurs traces, et se conformer à leur Ecole et à leurs actes et paroles, n'auraient pas de valeur. Lorsque le Saint Coran prête la parole au Prophète dans ce Verset, en lui ordonnant d'informer sa Communauté et tout le monde qu'il ne leur demande, en contrepartie du fait de lancer l'Appel et de les orienter vers Allah, que d'aimer ses proches, de leur rester fidèles et de suivre leur Voie, il veut seulement sauvegarder la Marche originelle de la Ummah, et garantir sa ligne doctrinale et législative en s'orientant vers les Ahl-Bayt, conformément aux Préceptes du Coran. Sans la garantie de l'intégrité des Ahl-ul-Bayt, et de leur compétence pour guider la Ummah vers le Droit Chemin, le Saint Coran n'aurait pas parlé d'eux en ces termes spécifiques, et il n'aurait pas ordonné au Prophète de demander à la Communauté musulmane l'amour envers les Ahl-ulBayt, comme compensation de sa Mission.
Ce texte coranique nous fait connaître la nécessité d'observer les Enseignements des Ahl-ul-Bayt et de suivre leur exemple, en raison de leur Pureté et de leur intégrité. Le Saint Coran veut nous suggérer, par ce moyen, d'être rassurés lorsque nous nous attachons aux Ahl-ul-Bayt, que nous observons leur Voie, et comprenons l'Islam à leur façon, étant donné qu'ils constituent une Voie dont la rectitude est garantie.
La masse de témoignages des "mufassir"(49), des conteurs et des rapporteurs de hadith, mettant en évidence l'interprétation par le Prophète de ce Verset béni, interprétation que nous avons citée, n'a pu que susciter dans les coeurs des Musulmans l'amour envers les Ahl-ul-Bayt, et l'a érigé en une Vérité qui vit dans le for intérieur de tout Musulman, s'incarne dans sa conduite, apparaît dans ses sentiments, et se détermine dans son attitude vis-à-vis des Ahl-ul-Bayt, de leurs amis et de leurs ennemis, de leur Voie, de leur Jurisprudence, de leur exégèse, de leur orientation, de leur explication de la Doctrine et de la Chari'ah, de leur programme d'action politique et de leur Direction.
L'honneur particulier auquel ont eu droit les Ahl-ul-Bayt a donc une signification particulière, et constitue une indication précieuse sur laquelle les Musulmans doivent méditer profondément afin d'être pleinement conscients de leurs devoirs envers eux.
Le Verset de Mubâhalah
«Si quelqu'un te contredit après ce que tu as reçu en fait de Science, dis : "Venez ! Appelons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes, nous-mêmes et vous-mêmes: nous ferons alors une exécration réciproque en appelant la Malédiction d'Allah sur les menteurs."» (Sourate Âle 'Imrân, 3 : 61)
Il s'agit d'un événement historique immortel, que les historiens et les mufassir ont relaté, et qui a mis en évidence l'immunité de la Famille du Prophète ('Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn) aux yeux d'Allah, et sa place sublime dans la Ummah. Cet événement, comme nous le rapportent les historiens et les exégètes, est la "Mubâhalah". Il a eu lieu lorsqu'une délégation(50)(26) de Chrétiens de Najrân crut pouvoir discuter avec le Prophète et tenter de le contredire.
Alors, Allah ordonna à Son Messager, dans ce Verset, d'appeler 'Alî, Fâtimah, al-Hassan et alHussayn, et de se diriger avec eux vers la vallée, et de demander aux Chrétiens de convoquer leurs fils et leurs femmes pour venir avec eux, afin de prier Allah de faire descendre Sa Malédiction sur les menteurs d'entre les deux parties. Selon al-Zamakh-charî, dans "Al-Kach-châf":
«Lorsque le Prophète les [les Chrétiens] appela à l'invocation de l'exécration(51), ils dirent : "Attendez, que nous nous concertions."
Puis, lorsqu'ils entreprirent leur concertation, ils demandèrent à leur vicaire : "O 'Abdul Maçih ! Qu'en penses-tu ?" Celui-ci répondit: "O assemblée des Chrétiens ! Muhammad est un Prophète Envoyé (...). Par Allah ! Aucun peuple n'a jamais affronté un Prophète dans une invocation d'exécration sans que périssent ses vieillards, et sans qu'il ne soit privé de ses enfants ! Si vous le faites, vous périrez tous (...). Préservez donc la paix avec cet homme, et rentrez chez vous." Lorsque le Prophète revint, en étreignant al-Hussayn et en tenant la main d'al-Hassan, laissant Fâtimah marcher derrière lui, et 'Alî derrière elle, et qu'il dit à ces derniers : "Si j'invoque Allah, dites : Amîn !", l'archevêque de Najrân s'écria : "O assemblée des Chrétiens ! Je vois des visages par lesquels si Allah voulait déplacer une montagne, Il le pourrait ! N'invoquez pas l'exécration d'Allah, sinon vous périrez et aucun Chrétien ne restera à la surface de la terre jusqu'au Jour du Jugement !" Sur ce, les Chrétiens dirent au Prophète : "O Abû-l-Qâsim(52)(28) ! Nous avons décidé de ne pas te provoquer en invocation d'exécration, de t'approuver pour ta Religion, et de rester fidèles à la nôtre." Le Prophète leur dit : "Si vous refusez l'invocation de l'exécration, convertissez-vous donc à l'Islam, et vous aurez les devoirs et les droits des Musulmans." Comme ils
refusaient son offre, il leur dit : "Je vous combats donc !" Ils répondirent : "Nous ne pouvons pas combattre les Arabes. Mais nous concluons avec toi un traité de réconciliation en vertu duquel tu t'abstiendras de nous attaquer, de nous menacer et de nous détourner de notre religion, et nous t'offrons en contrepartie deux mille dalmatiques, mille au mois de Çafar, et mille autres au mois de Rajab, ainsi que trente cuirasses ordinaires en fer." Le Prophète accepta l'offre de réconciliation et dit: "Par Celui Qui tient mon âme entre Ses mains! Le dépérissement planait sur les gens de Najrân. S'ils avaient invoqué l'anathème, ils auraient été transformés en singes et en porcs, et la vallée aurait éclaté en feu autour d'eux. Allah aurait déraciné Najrân ses habitants, et même les oiseaux juchés sur la cime des arbres.Avant l'écoulement d'une année, tous les Chrétiens auraient péri."»
Poursuivant son interprétation du Verset de Mubâhalah, et l'exaltation de la position sublime des Ahl-ul-Bayt, en prenant le hadith de 'Ayechah pour témoin, il écrit : «Si le Prophète a fait passer leur invocation avant lui-même, c'est pour attirer l'attention sur leur position sublime, leur place proche [d'Allah], et pour montrer qu'ils ont la primauté sur soimême, et qu'on a le devoir de se sacrifier pour eux. Il y a dans tout cela une preuve des plus solides de la Vertu des Gens du manteau (Ahl al-Kisâ')(53). et une indication évidente de la véracité de la prédication du Prophète, car personne parmi les amis de l'Islam ou parmi ses détracteurs n'a prétendu qu'ils [les Chrétiens de Najrân] ont répondu positivement à l'invitation du Prophète.»(54)
L'événement met face à face le camp de la Foi et celui du polythéisme. Ceux qui représentaient le camp de la Foi représentaient naturellement l'avant-garde de la Bonne Direction, le sommet de la Ummah, le meilleur d'elle-même, et dont lque le Coran a défié les ennemis de l'Islam, et que ce sont leurs adversaires qu'il a traités de menteurs passibles de l'Anathème et de la Torture : «... en appelant la Malédiction d'Allah sur les menteurs.» Sans la garantie de leur intégrité et de leur véracité, Allah ne leur aurait pas conféré un tel honneur, et le Saint Coran ne les aurait pas considérés comme tels. Al-Fakhr al-Râzî a noté, dans son "Tafsîr al-Kabîr" le même récit qu'avait relaté al-Zamakhcharî. La concordance totale de leurs exégèses en ce qui concerne ce point est à cet égard significative. Après avoir rapporté ce que al-Zamakh-charî avait relaté, al-Râzî commente : «Sachez que l'authenticité de ce récit fait l'unanimité des exégètes [mufassir] et des rapporteurs de hadith.»(55)
Al-'Allâmah al-Tabâtabâ'î, parlant de la signification de ce Verset et affirmant que les personnes qu'il désigne -celles par lesquelles Allah a défié Ses ennemis- sont le Messager d'Allah, 'Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn, a écrit :
«Les rapporteurs de hadith l'ont transmis et admis [ce fait] unanimement. Les auteurs des recueils (Jâmi') l'ont établi dans leurs recueils; parmi eux, citons Muslim, dans son "Çahîh", alTirmithî, etc. De même, les historiens l'ont confirmé. Puis les exégètes ont tenu unanimement à le citer et à le faire figurer dans leurs exégèses, sans aucune réserve ni objection. Parmi eux, il y a de nombreux rapporteurs de hadith et d'historiens, comme al-Tabarî, Abû-l-Fidâ', Ibn Kathîr, al-Çiyûtî et bien d'autres.» Il y a donc unanimité chez les exégètes pour préciser l'identité des Ahl-ul-Bayt, affirmer l'obligation de les aimer et souligner leur position sublime dans la Ummah. Lorsque les deux Versets précités confèrent la qualité de Pureté aux Ahl-ul-Bayt -'Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn- nous devons comprendre que cette Pureté s'applique à la totalité de leur être, la Pureté de la pensée, de l'âme, de la conscience et de la conduite. Une Pureté qui exclut toute souillure, tout élément contaminé et étranger à l'esprit de l'Islam. Leur Pureté s'identifie à celle de l'Islam dans toute son originalité et s'incarne dans leur pensée, leur conduite, leurs sentiments. Par conséquent, l'Islam qu'ils prêchent est à l'abri de toute contamination, de toute intrusion, de toute erreur et de toute déviation, Allah les ayant purifiés et dépouillés de tout péché, et ayant établi leur Droiture et leur Intégrité. C'est pour préserver la Pureté de l'Islam et permettre aux Musulmans de ne pas s'écarter de ses Enseignements, que le Saint Coran a rendu obligatoire l'amour et l'obéissance envers eux.
Dans le Verset de Mubâhalah, Allah défie, par les Ahl-ul-Bayt, les détracteurs de l'Islam. Et c'est parce qu'ils occupent une position privilégiée auprès de Lui qu'Il ordonne au Saint Prophète de se mettre à la tête de cette constellation pure pour lancer un défi aux ennemis d'Allah, un défi que personne ne saurait oser relever, puisque lancé par une élite de gens pieux dont la Prière de
demande (Du'â') est à coup sûr exaucé et entendu par Allah. Car Allah ne refuse pas la demande de ceux qu'Il a tant privilégiés, purifiés et rapprochés de Lui. Dans ce Verset, il y a des détails linguistiques auxquels il est impératif de s'arrêter et qu'il est indispensable d'expliquer dans leur contexte précis si l'on veut éviter toute confusion et tout malentendu. Le Verset parle de "nous-mêmes", de "nos femmes" et de "nos fils", et le Prophète a amené 'Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn. Si le Prophète n'était pas sorti précisément avec ces quatre personnes, on aurait pu penser que "nos femmes" désigne les épouses du Prophète en général, "nos enfants", Fâtimah et les autres filles du Prophète, et "nous-mêmes", le Prophète tout seul. Mais, en sortant avec ces quatre personnes, à l'exclusion de toute autre, le Prophète a écarté toute ambiguïté et nous a fait savoir que l'élite et l'avant-garde des femmes de la Ummah, c'est Fâtimah, que l'élite des fils des Musulmans sont bien al-Hassan et al-Hussayn -que le Saint Coran a établis comme étant les fils du Prophète. Enfin, le Saint Coran a considéré 'Alî comme faisant partie du Prophète lui-même ("nous-mêmes").
Le Verset de Çalât
«Oui, Allah et Ses Anges prient sur le Prophète. O vous les Croyants ! Priez sur lui et appelez sur lui le Salut.» (Sourate al-Ahzâb, 33: 56)
Dans les Versets précédents, le Saint Coran a parlé de la Pureté des Ahl-ul-Bayt et de l'obligation de les aimer, tout en les désignant.
Les exégètes ont précisé leur identité et leurs noms. Dans le Verset dont nous traitons ici, Allah annonce comme un Ordre obligatoire la Prière sur le Prophète et sur sa Famille. Une telle obligation réaffirme et rehausse la position des Ahl-ul-Bayt, et ne laisse aucun doute sur l'obligation faite à la Ummah de les révérer.
Al-Fakhr al-Râzî a mentionné, dans son "Tafsîr al-Kabîr", l'explication de ce Verset faite par le Prophète. Il écrit à ce propos :
«Lorsque l'on a demandé au Prophète : "O Messager d'Allah ! Comment prier sur toi ?", il a répondu : «Dites: "O Allah ! Prie sur Muhammad et sur les Âle Muhammad, comme Tu a prié sur Ibrâhîm et sur les Âle Ibrâhîm ; et bénis Muhammad et les Âle Muhammad comme Tu as béni Ibrâhîm et les Âle Ibrâhîm ; en effet, Tu es Digne de Louanges et de Gloire."»
Et avant d'introduire ce hadith, il a exposé l'exégèse, l'interprétation, de ce Verset en faisant ce commentaire:
«C'est la preuve, chez les Châfi'ites, que cet Ordre [de prier sur Muhammad] est une obligation(56). Ainsi, la Prière sur le Prophète devient obligatoire ; tout en n'étant pas obligatoire en dehors du Tachah-hud, elle est obligatoire dans le Tachah-hud.»(57) Et al-Râzî de s'interroger:
«Si Allah et Ses Anges prient sur lui [le Prophète], en quoi aurait-il besoin de notre Prière ?» A cette interrogation, nous répondons que la Prière sur lui ne soulève pas la question de savoir s'il a besoin ou non de notre Prière ; autrement il n'aurait pas besoin non plus de la Prière des Anges, une fois qu'il a la Prière d'Allah !
L'Ordre nous est intimé de prier sur lui, par compassion pour nous, car notre Prière sur lui nous donne l'occasion de le glorifier afin qu'Allah nous en récompense. C'est pourquoi le Prophète a dit:
«Quiconque prie sur moi une fois, Allah prie sur lui dix fois.» Dans "al-Dur al-Manthûr", d'al-Çiyûtî, 'Abdur Razzâq, Ibn Abî Chîbah, Ahmad, 'Abd ibn Hamîd, al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, al-Tirmithî, al-Nasâ'î, Ibn Mâjah et Ibn Marduwayh ont rapporté de Ka'ab ibn 'Ajrah:
«Un homme a dit: "O Messager d'Allah ! Pour ce qui est du Salut sur toi, nous l'avons compris. Mais comment prier sur toi ?" Le Prophète répondit : "Dites: O Allah ! Prie sur Muhammad et sur les Âle Muhammad [la Famille de Muhammad], comme Tu as prié sur Ibrâhîm et sur les Âle Ibrâhîm; en effet, Tu es Digne de Louanges et de Gloire."» Il y a, en dehors de ce récit, dix-huit hadith qui établissent que les Âle du Prophète lui sont associés dans la Prière, et ces hadith sont rapportés par les auteurs de Sunan et de recueils, en citant plusieurs Compagnons dont : Ibn 'Abbâs, Talhah, Abû Sa'îd al-Khidrî, Abû Hurayrah, Abû Mas'ûd al-Ançârî, Buraydah, Ibn Mas'ûd, Ka'ad ibn 'Umrah et 'Alî. A ce propos, Ahmad et al-Tirmithî ont rapporté de l'Imam al-Hassan ibn 'Alî que le Prophète avait dit :
«L'avare est celui qui ne prie pas sur moi lorsque je suis évoqué chez lui.»(58) Ainsi, les jurisconsultes s'accordent-ils pour affirmer l'obligation de la Prière sur Muhammad et sur les Âle Muhammad pendant le Tachah-hud de la Prière rituelle(59) et l'obligation d'évoquer les Âle Muhammad dans la Prière.
Lorsqu'on observe bien ce Verset, on comprend clairement la raison d'être de cette Législation et de son caractère d'obligation, à savoir la glorification des Âle Muhammad, qu'Allah a purifiés totalement en les dépouillant de toute souillure, afin que la Ummah suive leur exemple, emprunte leur Voie, et résolve ses différends en se référant à eux. Ainsi, si la Prière rituelle est considérée comme nulle et non avenue lorsqu'on omet de prier sur les Âle Muhammad, c'est parce que ceux-ci sont l'avant-garde de la Ummah et doivent être reconnus comme l'exemple à suivre. Si leur Droiture n'était pas garantie, et si la justesse de tout ce qu'ils ont fait n'était pas incontestable, Allah n'aurait pas ordonné aux Musulmans de toutes les époques de s'attacher à eux et de prier sur eux dans chaque Prière rituelle. Cette répétition de la Prière sur Muhammad et les Âle Muhammad, et l'obligation de la faire dans la Prière rituelle, visent à attirer l'attention des Musulmans, pendant chaque Prière, sur leur importance, leur position et la nécessité de les suivre, de marcher sur leurs traces et de s'attacher à eux.
La Sourate al-Insân
«Les hommes purs boiront à une coupe dont le mélange sera de camphre. Les serviteurs d'Allah boiront à des sources que Nous ferons jaillir en abondance. Ils tenaient fidèlement leurs promesses, ils redoutaient un Jour dont le mal sera universel. Ils nourrissaient le pauvre, l'orphelin et le captif, pour l'amour d'Allah. "Nous vous nourrissons pour plaire à Allah Seul ; nous n'attendons de vous ni récompense, ni gratitude. Oui, nous redoutons, de la part de notre Seigneur, un Jour menaçant et catastrophique." Mais Allah les a protégés du malheur de ce Jour. Il leur fera rencontrer la fraîcheur et la joie. Ils les récompensera pour leur patience, en leur donnant un Jardin et des vêtements de soie. Là, accoudés sur des lits d'apparat, ils n'auront à subir ni soleil ardent, ni froid glacial. Ses ombrages seront cueillis. On fera circuler parmi eux des vases d'argent et des coupes de cristal, de cristal d'argent, et remplies jusqu'au bord. Ils boiront à une coupe dont le mélange sera de gingembre, puisé à une source nommée là-bas: "Salsabil". Des éphèbes immortels circuleront autour d'eux. Tu les compareras, quand tu les verras, à des perles détachées. Quand tu regarderas là-bas, tu verras un délice et un faste royal. Ils porteront des vêtements verts, de satin et de brocart. Ils seront parés de bracelets d'argent. Leur Seigneur les abreuvera d'une boisson très pure. "Cela vous est accordé comme récompense. Votre zèle a été reconnu."» (Sourate al-Insân, 76 : 5-22) Dans ces Versets bénis, le Saint Coran parle des Ahl-ul-Bayt, et les place au sommet de la crainte révérencielle. Il les présente comme des modèles et des exemples à suivre par l'humanité, afin que les générations leur emboîtent le pas et marchent sur leurs traces. L'événement historique à l'occasion duquel ces Versets bénis sont descendus met en évidence la position élevée des Ahl-ul-Bayt, leur sublimité dans l'application et l'observance de la Chari'ah, leur dévouement aux Préceptes d'Allah, et indique qu'ils sont des gens pieux qui guident vers le Paradis quiconque les suit et suit leur Voie.
En effet, al-Zamakh-charî écrit, dans son tafsîr (exégèse) de ces Versets: «Selon Ibn 'Abbâs, al-Hassan et al-Hussayn sont tombés malades un jour, et le Messager d'Allah est venu, avec d'autres personnes, leur rendre visite. Il dit [à l'Imam 'Alî]: "O Abû-l-Hassan ! Pourquoi ne fais-tu pas une promesse à Allah pour [la guérison de] tes fils ?". 'Alî, Fâtimah et Fidh-dhah, la servante, promirent de jeûner pendant trois jours s'ils guérissaient. Il s'ensuivit qu'ils guérirent. [Pour le repas de l'Iftâr] 'Alî emprunta trois Çâ' [mesure de grains] d'orge, dont Fâtimah moulut un pour cuire cinq pains, un pain chacun. Alors que chacun d'eux avait pris son pain pour rompre le Jeûne, n quémandeur se présenta, et leur dit : "Que la Salut soit sur vous, ô Gens de la Maison de Muhammad ! Je suis un Musulman pauvre. Nourrissez-moi, Allah vous nourrira des tables du Paradis !" Ils lui offrirent alors généreusement leurs pains, et passèrent la nuit sans avaler autre chose que de l'eau. Ils passèrent la journée du lendemain en Jeûne. Le soir, lorsqu'ils voulurent rompre le Jeûne, et alors qu'ils s'apprêtaient à manger leur nourriture, un orphelin se présenta, et ils le nourrirent. Le surlendemain, un prisonnier de guerre se présenta au même moment, et ils agirent de la même manière [que les soirs précédents]. Le matin du quatrième jour, 'Alî amena al-Hassan et al-Hussayn chez le Prophète qui, les voyant trembler de faim comme des poussins, dit : "Que cela me fait mal, l'état dans lequel vous vous trouvez !" Sur ce, il les ramena chez Fâtimah, et il vit celle-ci dans son mihrâb(60), le ventre collé au dos et les yeux creux. Cela le chagrina. L'Ange Jibrîl descendit alors et dit : "Tiens, ô Muhammad ! Allah te bénit par les Gens de ta maison!" Puis il récita la Sourate.(61)» Al-Tabarsî a relaté le même récit dans son tafsîr "Majma' al-Bayân". Il a aussi rapporté le récit suivant :
«'Alî ibn Ibrâhîm a mentionné que son père lui avait raconté, en citant 'Abdullâh ibn Maymûn, qui citait Abî 'Abdullâh [Ja'far al-Çâdiq], lequel avait dit : "Il y avait de l'orge chez Fâtimah. On en fit un peu de bouillie qu'ils(62) s'apprêtaient à manger. A ce moment-là, un pauvre se présenta et dit : "Qu'Allah vous entoure de Sa Miséricorde !" Alors, 'Alî lui donna le tiers de la bouillie. Tout de suite après, un orphelin se présenta et dit : "Qu'Allah vous entoure de Sa Miséricorde !" Et 'Alî lui offrit un tiers de la bouillie. Puis un captif se présenta et dit: "Qu'Allah vous entoure de Sa Miséricorde !" 'Alî lui donna le troisième tiers [de la bouillie d'orge] sans qu'ils en aient pris même une goutte pour eux. Allah fit descendre à leur propos, et à cette occasion, des Versets qui s'appliquent à tout Croyant qui fait de même pour l'amour d'Allah. C'est là une indication que la Sourate en question(63) était "madanite" [médinoise = révélée à Médine](64). Selon Abû Hamzah al-Thamalî, dans son tafsîr : "Al-Hassan ibn al-Hassan, Abû 'Abdullâh ibn al-Hassan, m'a informé que toute la Sourate a été révélée à propos de 'Alî et de Fâtimah."»(65) Parlant des motifs de la Révélation de cette Parole d'Allah : «Ils nourrissent le pauvre, l'orphelin et le captif pour l'amour d'Allah...», al-Wâhidî a écrit: «Selon 'Atâ', citant ibn 'Abbâs : "Le motif en est que 'Alî ibn Abî Tâlib a offert un jour ses services pour arroser des dattiers pendant toute une nuit, contre un peu d'orge. Lorsqu'il reçut l'orge, le lendemain matin, il en moulut le tiers et on en fit un mets appelé al-khazîrah. Quand le mets fut prêt, un pauvre se présenta, et on le lui donna. Puis on fit cuire le reste de l'orge. Lorsque ce fut prêt, un captif polythéiste se présenta, et on lui donna le mets. Et ils restèrent à jeun ce jour-là. Ce Verset fut alors révélé, à cette occasion." Ainsi, les exégètes s'accordent-ils pour affirmer que ce Verset a été révélé à propos de 'Alî et de sa Famille [Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn], bien que les récits divergent quant à la narration de l'événement.»(66)(42) On peut donc voir, dans ce Verset, un témoignage indiquant que les Ahl-ul-Bayt sont des gens pieux, qui dent vers le Paradis ceux qui les suivent.
Quelques-uns des Versets coraniques concernant Amîr al-Mu'minîn 'Alî ibn Abî Tâlib De nombreux Versets coraniques ont été révélés à propos du "Frère" du Messager d'Allah et Doyen de sa Famille, l'Imam 'Alî ibn Abî Tâlib, qui a été élevé dans la maison du Prophète depuis sa première enfance(67).
Il a grandi auprès de lui, y a acquis son caractère, a cru en lui dès l'âge de dix ans, et l'a suivi. Puis il est devenu son porte-étendard, son soldat courageux dans toutes les batailles : Badr, Ohod, Hunayn, al-Ahzâb, Khaybar, Thât-al-Salâçil et dans bien d'autres combats au terme desquels l'Islam a remporté la victoire. Le Prophète lui-même a témoigné du courage et du rôle de l'Imam 'Alî dans ces batailles victorieuses, et son témoignage constitue une décoration éternelle qui orne à jamais les pages de l'Histoire et qui matérialise, à l'intention de l'humanité, l'idée suprême du Sacrifice et du Jihâd.
Nous verrons, après la lecture des motifs de la Révélation, que les Versets révélés à propos du Commandeur des Croyants et l'Imam des Musulmans, 'Alî ibn Abî Tâlib -mis à part ceux que nous avons mentionnés à propos de l'ensemble des Ahl-ul-Bayt- parlent: a) du courage de l'Imam 'Alî et de son Sacrifice sur le Chemin d'Allah ; b) de son endurance face aux ennemis et aux moqueries qu'on lui faisait subir ; c) de sa piété, de sa Crainte révérencielle, de son action, de son offrande, et de sa Direction des Croyants.
Mentionnons-en quelques exemples:
Le Verset de la Wilâyah
«Vous n'avez pas de Maître en dehors d'Allah et de Son Prophète, et de ceux qui croient: ceux qui s'acquittent de la Prière, ceux qui font l'aumône tout en s'inclinant humblement. Ceux qui prennent pour Maîtres Allah, Son Prophète et les Croyants : voilà ceux qui forment le parti d'Allah, et qui seront les vainqueurs!» (Sourate al-Mâ'idah, 5 : 55-56) Selon al-Zamakh-charî, dans "Al-Kach-châf":
«Il [ce Verset] a été révélé à propos de 'Alî (qu'Allah ennoblisse son visage) lorsqu'un mendiant l'a sollicité pendant qu'il était en position d'Inclination dans sa Prière, et qu'il a laissé tomber pour lui sa bague -qui flottait à son petit doigt- sans interrompre sa Prière. Si vous vous demandez comment il [ce Verset] peut être relatif à 'Alî (qu'Allah ennoblisse son visage), alors que le terme désigne un pluriel, je vous répondrai : si le terme désigne un pluriel, bien qu'il s'agisse d'un seul homme, c'est pour inciter les gens à faire comme lui -dans le but d'obtenir la récompense qu'il a obtenue - et pour rappeler que la nature des Croyants devrait être tellement soucieuse de la piété, de la bienfaisance et du secours envers les pauvres, que même quand ils sont en train de faire la Prière, ils ne devraient pas ajourner l'accomplissement d'une action de bienfaisance - qui ne supporte aucun retard- jusqu'à la fin de leur Prière.»(68) Citant al-Kalbî, et parlant des circonstances de la Révélation de ce Verset : «Vous n'avez pas de Maître en dehors d'Allah et de Son Prophète, et de ceux qui croient : ceux qui s'acquittent de la Prière, ceux qui font l'aumône tout en s'inclinant humblement», al-Wâhidî a écrit: «La fin de ce Verset concerne 'Alî (que la Satisfaction d'Allah lui soit acquise), car il a donné sa bague à un mendiant pendant qu'il se trouvait dans la phase d'Inclination de sa Prière.»(69)
Un grand nombre d'ouvrages de tafsîr et de hadith ont affirmé que ce Verset a été révélé à propos de 'Alî. Pour plus de détails concernant ces livres, le lecteur peut consulter l'Annexe n° 4, à la fin de cet ouvrage.
Autres Versets
Il y a de nombreux Versets - dont le texte et l'explication ne sauraient être contenus dans le cadre de notre présente recherche- qui parlent de la position des Ahl-ul-Bayt, de leur honorabilité, et de la grandeur de leur personnalité. Quelques-uns d'entre eux concernent le père de cet arbre béni, l'Imam 'Alî. Le lecteur peut les trouver dans les livres de tafsîr, de hadith et les biographies, dans les chapitres relatifs aux "circonstances de la Révélation". Nous mentionnons ci-après quelquesuns de ces Versets:
1) «Tu n'es qu'un Avertisseur. Un Guide est donné à chaque peuple.» (Sourate al-Ra'd, 13 : 7) Il est dit à ce propos que le Prophète a posé sa main sur sa poitrine et a dit : «Je suis un Avertisseur, et le Guide de tout peuple.» Puis, pointant sa main vers l'Imam 'Alî, il a ajouté : «Tu es celui qui guide, ô 'Alî ! C'est par toi que seront guidés les Croyants après moi.»(70) 2) «Le Croyant serait-il semblable au pervers? Ils ne sont pas égaux!» (Sourate al-Sajdah, 32 : 16)
Dans ce Verset, 'Alî est désigné comme le Croyant, et al-Walid ibn 'Oqbah comme le pervers.(71) 3) «Celui auquel une Preuve de son Seigneur a été donnée peut-il rester dans le doute ? D'autant plus qu'un Témoin venu de la part de son Seigneur lui communique ceci.» (Sourate Hûd,11 : 17) C'est au Prophète qu'une Preuve de son Seigneur a été donnée, et c'est l'Imam 'Alî qui est le Témoin(72).
4) «... Sachez qu'Allah est son Maître, et qu'il a pour soutien Jibrîl et tout homme juste parmi les Croyants...» (Sourate al-Tahrîm, 66 : 4)
Le Juste parmi les Croyants, c'est 'Alî ibn Abî Tâlib(73) 5) «... et qu'une oreille attentive le retienne.» (Sourate al-Hâqqah, 69 : 12) Selon de nombreux témoignages, lorsque le Prophète a récité ce Verset, en se tournant vers 'Alî pour lui dire : «J'ai demandé à Allah que ce soit ton oreille» 'Alî répondit : «Je n'ai jamais oublié quelque chose que j'avais entendu du Messager d'Allah.»(74) Selon al-Wâhidî, parlant des circonstances de la Révélation de ce Verset, on rapporte ce hadith, qui remonte à Buraydah: «Le Messager d'Allah a dit à 'Alîî: "Allah m'aa ordonné dee te rapprochher de moi ett de ne pas t''en éloigner, de t'apprendre et de te ffaire retenir, et Allah a vvoulu que tu retiennes. CC'est pourquooi ce Verset a été révélé : ""... et qu'unee oreille attenntive le retieenne."» 6) «... Le Miséricorddieux accordeera Son Amoour à ceux qqui auront crru et qui auroont accomplli des oeuvres bbonnes.» (Soourate Maryaam, 19: 96)
Selon less hadith, le MMessager d'AAllah a dit à ll'Imam 'Alî : «O 'Alî ! Dis : "O Allah ! Garde ppour moi unn Pacte chez Toi, et suscite dans les ppoitrines dess Croyantss un amour ppour moi."» CC'est dans cees circonstannces qu'Allahh a révélé cee Verset relaatif à 'Alî.»(75)
7) «Quannt à ceux quii croient et qqui accompliissent des oeeuvres bonnees, voilà le mmeilleur de l'humanité.» (Souratee al-Bayyenaah, 98 : 7)
Selon des hadith concordants, le Prophète dit à l'Imam 'AAlî, à ce proppos : «Ceux--là sont toi-mmême et tes Chi'ites.»(76)
8) «Placeerez-vous ceelui qui donnne à boire auux Pèlerins eet qui est chaargé du servvice de la Mosquéee Sacrée, au même rang que celui quui croit en Alllah et au Joour Dernier ??...» (Souratte alTawbah, 9 : 19)
Selon less hadith, sontt visés dans ce Verset, dd'une part Taalhah et al-'AAbbâs -désignnés par le premier tterme de la ccomparaisonn-, et d'autre part l'Imam 'Alî -commee celui qui ccroit.(77)
AHL--UL-BAYT DANS LA SUNNAH DDU SAINT PROPHETTE
Quiconquue lit attentivvement la Suunnah du Proophète et sa biographie pratique, et oobserve ses rapports avec les Genns de sa Maiison ('Alî, Fââtimah et leuurs deux fils))(78), compreend que ces "Gens dee la Maison" ont un rôle et une respoonsabilité miissionnaires et civilisateuurs uniques ddans l'histoire de cette Ummmah, rôle ett responsabilité que, sur Ordre d'Allaah, le Prophhète planifiait, et à l'accepttation desquels il préparaait la Commmunauté musuulmane. Cette plaanification à long terme aa commencéé lorsque Alllah a donné ll'Ordre à Sonn Messager de marier saa fille Fâtimaah à l'Imam 'Alî ibn Abî Tâlib, pour former un liignage béni dont les ramificattions s'étendrraient aux hoorizons de laa Ummah, ett côtoieraiennt son cheminnement historiquue.
En effet, le Prophète a dit à l'Imaam 'Alî, lorsqqu'il lui a annnnoncé son inntention de llui accorder la main de Fâtimah : «AAllah m'a orddonné de te mmarier à Fâttimah pour uun "mahr"(79)de quatre ceents "Mithqâll"(80)d'argent, si tu y conssens.» 'Alî réépondit : «J'yy consens, ôô Messager dd'Allah !» Seelon Ibn Anass, le Prophètee dit alors: ««Qu'Allah voous unisse, qqu'Il rende heeureuse votrre destinée, qqu'Il vous bénisse et fasse sortir de vous une Descendance nombreuse et bonne.» Et Anas de commenter : «Par Allah ! Il a effectivement fait sortir d'eux une Descendance nombreuse et bonne !»(81)
Selon un autre hadith, lorsque le Prophète a marié Fâtimah à 'Alî, il est entré chez elle et l'a appelée. Umm Ayman(82) a alors apporté un récipient dans lequel il y avait de l'eau. Le Prophète a pris un peu d'eau dans sa bouche, et il l'a soufflée sur la tête de Fâtimah et entre ses deux seins, en prononçant cette Imploration : «O Allah! Je la place, ainsi que sa Descendance, sous Ta Protection contre Satan le Réprouvé.» Puis, s'adressant à 'Alî, il lui dit : «Apporte-moi de l'eau.» Lorsque 'Alî lui en eut apporté, il lui en jeta un peu sur la tête et entre les deux épaules, en prononçant cette Imploration : «O Allah ! Je le place, ainsi que sa Descendance, sous Ta Protection contre Satan le Réprouvé.»
Selon un autre récit «Il demanda de l'eau, avec laquelle il fit ses ablutions, puis il versa un peu d'eau sur 'Alî et Fâtimah en disant : "Félicite-les pour leur Postérité."»(83) Il est établi que le Prophète repoussait systématiquement les requêtes de tous ceux qui se présentaient pour demander la main de Fâtimah, en leur disant : «Le Décret Divin n'est pas encore descendu.»(84)
Cette Volonté d'Allah et de Son Prophète de marier Fâtimah à 'Alî sur Ordre Divin montre clairement la position particulière des Ahl-ul-Bayt, et laisse à penser comment le Prophète s'occupait déjà de l'avenirde la Ummah, à travers cette relation entre lui et les Ahl-ul-Bayt. En examinant les hadith du Prophète concernant Ahl-ul-Bayt, nous pourrons peut-être percevoir la profondeur et le but de cette Volonté Divine et Prophétique visant à fonder cette Maison bénie, à la rendre aimée et vénérée, afin que la Ummah y voie un phare dans les moments difficiles et un axe de réunification lors des dissensions. C'est du moins ce que nous suggèrent les nombreux récits et hadith concernant ce sujet.
Le Prophète a fait sienne la Descendance de 'Alî et de Fâtimah en disant qu'elle constitue sa propre Descendance et sa propre Progéniture,comme cela est indiqué dans ce Verset coranique que nous avons déjà cité:
«Si quelqu'un te contredit après ce que tu as reçu en fait de Science, dit : "Venez ! Appelons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes, nous-mêmes et vous-mêmes..."» (Sourate Âl 'Imrân, 3 : 61)
Comme nous l'avons constaté, d'après les exégètes (mufassir) et les biographes, ceux qui sont désignés par le terme "nos fils" dans ce Verset, sont al-Hassan et al-Hussayn. Le Prophète a confirmé à l'intention de la Ummah, à plusieurs reprises, cette vérité. Ainsi, il a dit : «Allah a placé la descendance de tout Prophète dans sa progéniture, mais Il a placé ma Descendance dans la progéniture de celui-ci [de l'Imam `Alî](85).
Le Prophète avait l'habitude de couver al-Hassan et al-Hussayn, en disant : «Tout fils appartient à son père, car ils [les fils] prennent parti pour leur père ; excepté les fils de Fâtimah : car c'est moi qui suis leur père et leur parti pris.» (rapporté par Ahmad ibn Hanbal dans "Al-Manâqib"(86) Tout laisse à penser que si le Prophète saisissait toute occasion pour mettre en évidence la position particulière des Ahl-ul-Bayt, c'est pour que la Ummah s'y réfère, suive leur Voie et s'attache à eux.
Selon plusieurs hadith attribués au Prophète, le Salut de la Ummah ce sont les Ahl-ul-Bayt, et le Messager d'Allah les associait au Livre d'Allah et rendait leur rôle doctrinal et missionnaire dans la Communauté musulmane inhérent au Saint Coran, inséparable de lui, et ce afin qu'elle fasse appel à eux pour bien comprendre la Parole d'Allah et pour déduire les significations et les statuts qu'elle renferme.
Les recueils de hadith et les biographies font tous mention du célèbre hadith dénommé "Hadith al-Thaqalayn", que les Musulmans de tous dogmes politiques et jurisprudentiels ont rapporté, ainsi que d'autres hadith concernant ce sujet. Nous les mentionnons ci-après, en précisant aussi quelques-unes de leurs références (Sanad) telles qu'elles ont été transmises par les rapporteurs de
hadith et les historiens.
Hadith al-Thaqalayn
«Je suis sur le point d'être rappelé [par Allah] et de répondre [à ce rappel]. Je vous laisse les Thaqalayn [les deux Poids] : le Livre d'Allah et ma Famille, les Gens de ma Maison. Celui Qui est Doux [Allah] m'a informé qu'ils ne se sépareront pas jusqu'à ce qu'ils reviennent vers moi près du Bassin [jusqu'au Jour du Jugement]. Regardez donc bien comment vous les traiterez après moi.»(87)
Selon al-Chibrâwî al-Châfi'î, dans son livre "Al-At-hâf bi-Hobb al-Achrâf": «Muslim, alTirmithî... et al-Hâkim... ont rapporté ce témoignage de Zayd ibn al-Arqam : "Un jour, le Messager d'Allah a prononcé un discours au milieu de nous. Après avoir loué et remercié Allah, il a dit : "O gens ! Je suis un être humain. Bientôt, un Messager de mon Seigneur viendra, et je répondrai. Je vous laisse les [deux] Thaqalayn : le premier est le Livre d'Allah, dans lequel il y a la Bonne Orientation et la Lumière. Prenez donc le Livre d'Allah et attachez-vous y fermement !" Et il ajouta : "Et les Gens de ma Maison. Je vous rappelle Allah par les Gens de ma Maison !"»(88)(64)
Toujours selon al-Chibrâwî :
«Et selon une autre version "Je vous laisse deux choses: si vous les suivez, vous ne serez jamais égarés. Ce sont le Livre d'Allah et les Gens de ma Maison [selon un autre récit : "ils ne se sépareront pas jusqu'à ce qu'ils viennent vers moi près du Bassin. Regardez donc bien comment vous les traiterez après moi"]."»(89)
Al-Chibrâwî a écrit également:
«Ibn Hajar a dit, dans "al-Çawâ'iq" : "Le Prophète a dénommé "Thaqalayn" le Coran et sa Famille, car le "Thaqal" est toute chose de première importance et envers laquelle on a beaucoup de gratitude. Or, ces deux-là le sont aussi, car chacun d'eux est le "métal" [la substance même, l'essence] des Sciences religieuses et des Secrets rationnels légaux. C'est pourquoi il a incité à suivre leur exemple. On dit aussi qu'ils ont été appelés "al-Thaqalayn" à cause de l'obligation de respecter leurs droits. Et puis, celui des deux sur lequel l'accent a été mis représente ceux qui connaissent le Livre d'Allah et qui sont très attachés à la Sunnah de Son Messager, car ce sont eux qui ne se séparent pas du Livre jusqu'au Bassin"»(90) Al-'Allâmah al-Chaykh Muhammad Jawâd al-Balâghî a écrit, dans son tafsîr "Alâ' al-Rahmân fî Tafsîr al-Qur'ân":
«... ainsi que ce hadith al-Thaqalayn, qui est un hadith concordant et absolument sain, rapporté par nos Frères de rites sunnites dans leurs recueils en attribuant sa source aux Compagnons qui l'avaient entendu de la bouche de Prophète : "Je vous laisse les Thaqalayn, ou les Khalifatayn [les deux Successeurs] : le Livre d'Allah et ma Famille, les Gens de ma Maison. Tant que vous vous y attacherez, vous ne serez jamais égarés. Car ils ne se sépareront pas jusqu'à ce qu'ils viennent vers moi auprès du Bassin."»(91)
Voici les noms des Compagnons qui entendirent ce hadith de la bouche du Messager d'Allah: 1- 'Alî, Amîr al-Mu'minîn
2- 'Abdullâh ibn 'Abbâs
3- Abû Tharr al-Ghifârî
4- Jâbir al-Ançârî
5- 'Abdullâh ibn 'Umar
6- Huthayfah ibn 'Usayd
7- Zayd ibn al-Arqam
8- 'Abdur-Rahmân ibn 'Awf
9- Dhomayrah al-Aslamî
10- 'Açim ibn Laylî
11- Abû Râfi'
12- Abû Hurayrah
13- 'Abdullâh ibn Hantab
14- Zayd ibn Thâbit
15- Umm Salma
16- Umm Hânî [la soeur d'Amîr al-Mu'minîn 'Alî] 17- Khozaymah ibn Thâbit
18- Sahl ibn Sa'd
19- 'Adî ibn Hâtam
20- 'Uqbah ibn 'Amer
21- Abû Ayyûb al-Ançârî
22- Abû Sa'îd al-Khidrî
23- Abû Charîh al-Khizâ'î
24- Abû Qodâmah al-Ançârî
25- Abû Laylâ
26- Abû Haytham ibn al-Tayhân
Chacun des dix derniers personnages mentionnés ci-dessus (à partir du n° 17) a, individuellement et comme les précédents, rapporté ce hadith, avant de se réunir sur la grandplace de Kûfâ, avec sept personnes de Quraych, pour témoigner ensemble qu'ils avaient tous entendu ce hadith de la bouche du Prophète ; ce qui porte donc à trente-trois (vingt-six plus sept) le nombre de personnes ayant déclaré avoir entendu prononcer ce hadith. Ce hadith est également mentionné par Abû No'aym al-Içfahânî, dans "Manqabat al-Mutahharîn", d'après la chaîne de Jubayr ibn Mat'am et celle d'al-Barâ' ibn 'Azib. Il est aussi relaté par Mawaffaq ibn Ahmad (le plus célèbre tribun de Khawârizm, citant 'Amr ibn al-'Aç. Il est rare qu'un Musnad(92) ou un Jâmi'(93) ou un livre d'hagiographie sunnite ne mentionne pas ce hadith, et ce depuis qu'il a été transmis de la mémoire des mémorisateurs aux Çuhûf (journaux) des traditionnistes, dans lesquels il est rapporté d'un Compagnon ou plus, et parfois de plus de vingt Compagnons, soit brièvement -comme dans "al-Çawâ'iq", ou accompagné des chaînes détaillées de transmetteurs, comme dans les oeuvres d'al-Sakhâwî, d'al-Çiyûtî, d'al-Samhûdî et de bien d'autres.
Toujours selon al-Balâghî :
«Les Imamites [les Chi'ites] l'ont aussi relaté dans leurs livres, en mentionnant leurs chaînes de transmetteurs concordantes, remontant à al-Bâqir(94), al-Redhâ(95), al-Kâdhim(96)et al-Çâdiq(97), qui citaient leurs pères citant le Messager d'Allah, ainsi que d'autres chaînes remontant à Amîr al-Mu'minîn ['Alî ibn Abî Tâlib], 'Umar, Ubay ibn Jâbir, Abû Sa'îd, Zayd ibn al-Arqam, Zayd ibn Thâbit, Huthayfah ibn 'Usayd, Abû Hurayrah et bien d'autres, citant le Messager d'Allah(98) .
D'après al-'Allâmah al-Fairûzabâdî, le hadith de Thaqalayn a été relaté par : Muslim dans son "Çahîh", Ahmad ibn Hanbal dans son "Çahîh" (tome IV, p. 366), al-Bahayqî dans ses "Sunan" (tome II, p. 148 et tome VII, p.30) al-Darâmî dans ses "Sunan" (tome II, p. 45 et tome VII p. 102), al-Tahâwî dans "Muchkil al-Athâr" (tome IV, p. 368), al-Tirmithî dans son "Çahîh"tome II, p. 308), Ibn al-Athîr al-Jazarî dans "Asad al-Ghâbah" (tomeII, p. 12), al-Çiyûtî dans "al-Dur alManthûr" en marge du tafsîr (exégèse) du Verset d'al-Mawaddah (Sourate al-Chûrâ). Il est égalementrelaté dans "Mustadrak al-Çahîhayn" (tome III, p. 109). L'a relatéégalement al-Nisâ'î (ou Nasâ'î) dans ses "Khaçâ'iç" (p. 21), et dans"Mustadrak al-Çahîhayn" (tome III, p. 148), ainsi que dans "MusnadAhmad ibn Hanbal" (tome III, p. 17) où il est rapporté du Prophète par Abû Sa'îd al-Khidrî :
«Je suis sur le point d'être rappelé et de répondre [à ce rappel]; je vous laisse les Thaqalayn : le Livre d'Allah - Il est Puissant et Glorifié- et ma Famille. Le Livre d'Allah, une corde tendue du Ciel à la terre, et ma Famille, les Gens de ma Maison. Celui Qui est Doux m'a informé qu'ils ne se sépareront pas jusqu'à ce qu'ils reviennent vers moi auprès du Bassin. Regardez donc bien comment vous vous comporterez avec eux après moi.» Ce hadith est relaté aussi par Ahmad ibn Hanbal dans son "Musnad" (tome IV, p. 371 et tome V, p. 181), Abû No'aym dans "Hulyat al-Awliyâ'" (tome I, p. 355), et "Kanz al-'Ummâl" (tome I, p. 96), al-Haythamî dans son "Majma'" (tome IX, p. 64 et tome IX, p. 163) et dans "al-Çawâ'iq alMuhriqah" d'Ibn Hajar (p. 75).(99)
Il y a donc concordance des sources concernant aussi bien la signification que les termes de ce hadith qui associe les Ahl-ul-Bayt au Livre d'Allah. Cela constitue, également, une preuve incontestable pour les Musulmans de l'obligation de considérer les Ahl-ul-Bayt comme leur Référence après le Saint Coran, et comme les Gardiens du Livre d'Allah, jusqu'au Jour du Jugement.
Hadith al-Safînah(100)
Si le hadith al-Thaqalayn place les Ahl-ul-Bayt aux côtés du Saint Coran, en raison de leur Charge de le protéger, de l'expliquer et d'éclairer ses équivoques, ses secrets et son contenu, le hadith al-Safînah indique à la Ummah qu'ils sont, après le Prophète, le Bateau de sa Délivrance et la source de son Salut. Par conséquent, ne pas monter à bord de ce Bateau conduirait les retardataires et les manquants au naufrage et au dépérissement; manquer de les suivre (les Ahlul-Bayt) équivaut à manquer le Bateau de sauvetage conduisant aux rivages de la Guidance et du Salut.
Selon Râfi', le serviteur d'Abû Tharr, cité par al-Chibrâwî al-Châfi'î: «Un jour, Abû Tharr est monté sur le seuil de la Ka'bah et a tenu l'anneau de la porte, en s'écriant: "O gens ! Celui qui me reconnaît, tant mieux. Et celui qui ignore qui je suis, qu'il sache que je suis Abû Tharr ! J'ai entendu le Messager d'Allah dire: "Les Gens de ma Maison sont comme le Bateau de Nûh [Noé]. Celui qui y monta fut sauvé, et celui qui le manqua fut jeté dans le Feu." J'ai également entendu le Messager d'Allah dire: "Considérez que les Ahl-ul-Bayt sont par rapport à vous ce que la tête est au corps, et ce que les yeux sont à la tête, car le corps ne peut trouver le bon chemin que grâce à la tête, et la tête ne peut trouver son chemin que grâce aux yeux."»(101)
Selon Abû No'aym, citant Sa'îd ibn Jubayr, citant Ibn 'Abbâs, le Messager d'Allah a dit: «Les Gens de ma Maison sont auprès de vous comme le Bateau de Nûh : celui qui est monté a été sauvé, et celui qui l'a manqué s'est noyé.»(102) Toujours selon Abû No'aym:
«Ce hadith est relaté par al-Hâkim dans "Mustadrak al-Çahîhayn" (tome II, p. 343) en disant que ce hadith est sain (Çahîh) selon la condition de Muslim, et il est raconté par al-Muttaqî dans "Kanz al-'Ummâl" (tome VI, p. 216) et par al-Haythamî dans son "Majma'" (tome IX, p.168). Il est aussi relaté par Muhib al-Dîn al-Tabarî dans ses "Thakhâ'ir" (P. 20). Il est relaté par al-Khatîb al-Baghdâdî dans son "Ta'rîkh" (tome XII, p. 19).»(103) Selon Abû No'aym encore, citant une chaîne remontant à Anas ibn Mâlik, qui a témoigné: «Le Messager d'Allah a dit : "Moi et les Gens de ma Maison sommes comme le Bateau de Nûh : celui qui y est monté a été sauvé, et celui qui l'a manqué s'est noyé."»(104) Abû No'aym écrit aussi, à propos de ce hadith :
«Il est également relaté par al-Çiyûtî dans "al-Dur al-Manthûr", à l'Appendice du tafsîr de cette Parole d'Allah: "Nous avons dit : "Entrez dans cette cité; mangez de ses produits à satiété, partout où vous voudrez; franchissez-en la porte en vous prosternant et dites: "Pardon !" Nous vous pardonnerons vos péchés..."»(105) avec ce commentaire: «Selon Ibn Chaybah, 'Alî ibn Abî Tâlib a dit: "Nous sommes pour cette Ummah comme le Bateau de Nûh et comme la porte du Pardon."»(106)
Encore et toujours selon Abû No'aym, rapporteur de ce hadith: «Il est relaté par al-Muttaqî dans "Kanz al-'Ummâl" (tome VI, p. 216) dans la version suivante : "Les Gens de ma Maison sont pour vous comme le Bateau de Nûh: celui qui y est monté a été sauvé, et celui qui l'a manqué a péri; et comme la porte du pardon chez les Banî Isrâ'îl", et avec ce commentaire : "rapporté par al-Tabarânî, citant Abî Tharr."»(107)
Hadith al-Amân min al-Ikhtilâf(108)
Dans ce hadith, le Prophète explique le rôle doctrinal et politique des Ahl-ul-Bayt. En effet, le danger le plus grave qui menace la Ummah est toujours la division et le désaccord dans l'opinion et la tendance politique. Le Prophète craignait pour sa Ummah un tel malheur. Aussi travailla-t-il en vue de son unité et de sa cohésion idéologique et politique. Pour ce faire, il incita la Ummah à s'attacher aux Gens de sa Maison et à se référer à eux en cas de différend. C'est pour cela qu'il présentait les Ahl-ul-Bayt comme étant liés au Saint Coran, dont ils ne se sépareraient pas jusqu'au Jour du Jugement, et comme "l'arche de Nûh" et "la porte du Pardon". Et, dans le présent hadith, il les décrit comme étant le cadre rassembleur et l'axe unificateur de la Ummah, et indique que l'attachement à eux et la maeche sur leurs traces constituent une garantie contre les dissensions et les différends.
«De même que les étoiles sont une garantie pour les habitants de la terre contre la noyade, de même les Gens de ma Maison sont une garantie pour eux contre les désaccords.»(109) Selon l'Imam 'Alî, cité par Muhib al-Dîn al-Tabarî: «Le Prophète a dit: "Les étoiles sont une assurance pour les habitants des cieux : si elles venaient à disparaître, ceux-ci disparaîtraient également. De même, les Gens de ma Maison sont une assurance pour les habitants de la terre : s'ils venaient à disparaître, les habitants de la terre disparaîtraient aussi."»
Al-Tabarânî note que ce hadith a été rapporté par Ahmad ibn Hanbal dans "Al-Manâqib".(110)
Hadith al-Kisâ'
C'est le hadith que le Messager d'Allah a prononcé à propos de 'Alî, Fâtimah, al-Hassan et alHussayn lors de la descente du Verset de la Purification. Nous avons déjà parlé de ce sujet, des opinions de certains exégètes, et de quelques récits relatifs à ces Etres Purifiés, dans le chapitre précédent "Ahl-ul-Bayt dans le Saint Coran". Nous reviendrons ici sur cette question pour citer d'autres récits, qui nous permettront de mieux saisir la portée de ce hadith, et le but recherché par le Prophète lorsqu'il a mis en évidence de la sorte les Membres des Ahl-ul-Bayt. Les "voies" et les "chaînes de transmetteurs" de ce hadith sont nombreuses, et se trouvent dans de nombreux livres de hadith et de tafsîr. Nous en citerons ci-après deux, mentionnées par Ibn alÇabbâgh al-Mâlikî,et remontant à Umm Salma.
En ce qui concerne le récit rapporté d'Umm Salma, l'épouse du Prophète, l'imam Ahmad ibn Hanbal cite d'elle ce témoignage :
«Un jour, alors que le Messager d'Allah était dans ma maison, le serviteur a annoncé que 'Alî et Fâtimah étaient à la porte. Le Prophète m'a dit : "Lève-toi ! Ecarte-toi des Gens de ma Maison !" Je me suis levée et écartée vers un coin de la maison, tout proche. 'Alî et Fâtimah étaient accompagnés d'al-Hassan et d'al-Hussayn, qui étaient alors de petits garçons. Il a pris al-Hassan et al-Hussayn, les a mis dans son giron, et les a embrassés. Il a étreint 'Alî d'une main, Fâtimah de l'autre, et les a couverts d'un voile noir, en disant : "O Allah, avec Toi, et non pas en Enfer, moi et les Gens de ma Maison !" Umm Salma dit alors : "Et moi, ô Messager d'Allah ?" Il répondit "Et toi aussi [non plus]!"(111).»
Et selon al-Wâjidî, dans son livre "Asbâb al-Nuzûl", citant une chaîne de transmetteurs qui remonte à Umm Salma :
«Le Prophète était un jour chez elle [chez Umm Salma]. Fâtimah est venue, avec une marmite contenant du riz cuit avec de l'huile. Lorsqu'elle est venue vers lui, il lui a dit : "Appelle ton mari et les deux enfants !" 'Alî, al-Hassan et al-Hussayn sont entrés et se sont assis, et ils ont commencé à manger, alors que le Prophète était assis sur un banc en pierre, avec sous lui un voile khaybarite [de Khaybar] (...) Le Prophète a enlevé le voile et les en a couverts, et il a dit : "O Allah ! Ce sont les Gens de ma Maison et mes Proches. Eloigne donc d'eux la souillure et purifie-les totalement."» Umm Salma ajoute : «J'ai fait pénétrer ma tête [sous le voile] et j'ai dit : "Et moi avec vous, ô Messager d'Allah ?" Le Messager d'Allah a répondu : "Tu es bien [là où tu es]." Alors, Allah a révélé: "O vous, les Gens de la Maison ! Allah veut seulement éloigner de vous la souillure, et vous purifier totalement."»(112)
Hadith al-Mawaddah
Nous avons déjà parlé de ce hadith aussi, lorsque nous avons abordé le tafsîr du Verset d'alMawaddah, et nous avons mentionné certains de ses rapporteurs et quelques-unes de ses chaînes de transmetteurs.
Toutefois, il n'est pas inutile d'en reparler pour citer d'autres hadith qui s'y rattachent et qui confirment l'obligation d'aimer les Gens de la Maison du Prophète. Selon al-Chaykh al-Chibrâwî al-Châfi'î:
«L'imam Ahmad, al-Tabarânî et al-Hâkim ont rapporté d'Ibn 'Abbâs ce témoignage : "Lorsque ce Verset : "Dis : "Je ne vous demande aucun salaire pour cela, si ce n'est votre amour envers les Proches"» a été révélé, on a demandé : "O Messager d'Allah ! Qui sont tes Proches envers qui l'amour nous est obligatoire ?" Le Messager d'Allah répondit: "'Alî, Fâtimah et leurs deux enfants."»
Selon al-Bazzâr et al-Tabarânî, un jour al-Hassan ibn 'Alî dit, dans un discours: «Ceux qui me connaissent n'ont pas besoin que je me présente. Mais pour ceux qui ne me connaissent pas [je leur dis que] je suis al-Hassan ibn Muhammad(113)(89) Je suis le fils de l'Annonciateur de Bonnes Nouvelles ! Je suis le fils de l'Avertisseur ! Je suis le fils des Ahl-ulBayt envers qui l'amour a été rendu obligatoire par Allah à tout Musulman, et à propos desquels Il a révélé le Verset : "Dis: "Je ne vous demande aucun salaire pour cela, si ce n'est votre amour envers les Proches." A celui qui accomplit une belle action, Nous répondrons par quelque chose de plus beau encore."(114) L'accomplissement de belles actions, c'est l'amour envers nous, les Ahlul-Bayt."»(115)
Selon l'imam Abû-l-Hassan al-Baghwî, dans son ''Tafsîr'', et citant Ibn 'Abbâs:
«Lorsque cette Parole d'Allah: "Dis : "Je ne vous demande aucun salaire pour cela, si ce n'est votre amour envers les Proches" a été révélée, on a demandé au Prophète: "O Messager d'Allah! Qui sont ceux qu'Allah nous a ordonné d'aimer ?" Le Prophète répondit: "'Alî, Fâtimah et leurs deux fils."»
Selon al-Sady, citant Abû Mâlik, Ibn 'Abbâs, expliquant le sens cette Parole d'Allah: "A celui qui accomplit une belle action, Nous répondrons par quelque chose de plus beau encore" a dit: «C'est [une belle action] l'amour envers les Âle Muhammad [la Famille du Prophète]»(116)
Quelques-uns des autres hadith concernant les Ahl-ul-Bayt On ne le répète jamais trop: les hadith relatifs à l'affection et à l'amour dus aux Ahl-ul-Bayt, à l'obligation de leur obéir et de s'attacher à eux, sont trop nombreux pour être tous contenus dans cet ouvrage. Nous n'avons choisi ici qu'une partie de ceux qui figurent à une place de choix dans les recueils de hadith et de riwâyah(117).
Nous citerons ci-après quelques autres hadith relatifs à ce sujet, afin d'enrichir la connaissance du lecteur à propos des Ahl-ul-Bayt, de renforcer sa conviction quant à la nécessité de consolider son attachement envers eux, d'exalter son désir de suivre leurs traces, ce qui lui permettra d'avoir davantage de certitude de marcher sur le Bon Chemin. 1) - Selon al-Tabarânî, dans "Al-Awsat", Ibn Hajar a dit: «La dernière chose que le Prophète a dite est ceci : "Trouvez, dans les Gens de ma Famille, ma Succession."»(118)
2) - Selon Jâbir ibn 'Abdullâh, cité par al-Tabarânî, dans "Al-Awsat": «J'ai entendu le Messager d'Allah dire, dans un discours : "Celui qui nous déteste, nous Ahl-ulBayt, Allah le traitera en Juif le Jour du Jugement."»(119) 3) - Selon Zayd ibn al-Arqam, cité par Muslim, al-Tirmithî et al-Nasâ'î, le Prophète a dit: «Je vous rappelle Allah par les Gens de ma Famille.»(120) 4) - Selon l'Imam 'Alî, cité par al-Khatîb dans son "Ta'rîkh", le Prophète dit: «Mon intercession en faveur de ma Ummah dépend de l'amour [qu'elle éprouve] envers les Gens de ma Maison.»(121)
5) - Comme on peut le constater, chaque fois que le Prophète évoquait les Ahl-ul-Bayt, il nous permettait d'apprendre une nouvelle qualité de leur Vertu. Le hadith suivant du Prophète est, à cet égard, très significatif et révélateur de la position incomparable et inégalable des Ahl-ul-Bayt: «Personne ne peut se mesurer à nous, Ahl-ul-Bayt.»(122)
6) - Dans un autre hadith, le Prophète ne se contente pas de recommander à ses contemporains de prendre conscience de la position élevée des Ahl-ul-Bayt de la première génération, mais il appelle ses adeptes à s'attacher aux générations suivantes des Gens de sa Famille: «Nous sommes les Gens d'une Famille [Maison] pour lesquels Allah a préféré l'Autre Monde à ce bas-monde. Les Gens de ma Famille connaîtront après moi... des difficultés et le bannissement, jusqu'au jour où des gens viendront de là-bas [en pointant le doigt vers l'Orient]portant des drapeaux noirs. Ils réclameront le Bon Droit, mais on le leur refusera. Ils se battront alors, et triompheront. On leur offrira ce qu'ils auront voulu, mais ils le refuseront et ce, jusqu'à ce qu'ils la [la Direction du Soulèvement] confient à un homme des Gens de ma Famille, lequel la [la terre] remplira de Justice, comme elle aura été remplie d'injustice. Que ceux qui auront connaissance de leur Soulèvement les rejoignent, même s'ils devaient se traîner sur la neige.»(123)
7) - Ailleurs, le Prophète prévient la Ummah du Châtiment terrible qui attend quiconque ferait du mal aux Ahl-ul-Bayt, et montre par là leur position incommensurable: «La Colère d'Allah sera plus grande contre quiconque me fera du mal à travers ma Famille.»(124) 8) - Selon l'Imam 'Alî, l'Envoyé d'Allah a dit:
«Inculquez à vos enfants trois qualités : l'amour de votre Prophète, l'amour des Gens de sa Famille et la lecture du Coran, car les porteurs [mémorisateurs] du Coran seront à l'ombre d'Allah -le Jour où il n'y aura pas d'autre ombre que la Sienne- aux côtés de Ses Prophètes et de Ses Serviteurs Purs.»(125)
9) - Selon Ibn 'Abbâs, cité par al-Tabarânî, le Messager d'Allah a dit: «Aucun serviteur n'aura fini de rendre ses comptes avant que quatre questions lui aient été posées: comment il a passé sa vie, comment il a occupé son corps, comment il a gagné et dépensé son argent, quelle affection il éprouve envers nous Ahl-ul-Bayt.»(126) 10) - Enfin, dans le hadith suivant, le Prophète tient une fois de plus à suggérer aux Musulmans d'établir dans leur esprit un lien inséparable entre le Saint Coran et les Gens de sa Famille, afin qu'ils comprennent clairement que ces derniers détiennent le contenu du Livre d'Allah, sa Vérité et sa Signification: selon al-Tabarânî, citant al-Muttalib ibn 'Abdullâh ibn Hantab, citant son père, le Prophète a dit, dans un discours prononcé à Jahfah: «Ne suis-je pas plus responsable de vous que vous-mêmes ? -Si, ô Messager d'Allah» répondirent les présents. - Je vous demande donc - dit-il alors - deux choses: [de vous attacher au] le Coran et [aux]les Gens de ma Famille.»(127)
LE SAINT COORAN VU PPAR LES ULLEMA(128) DDE L'ECOLLE D'AHL--UL-BAYT
«Nous avvons fait descendre le Raappel; Nous en sommes les Gardienss.» (Sourate al-Hijr, 15 :: 9) Le Saint Coran, ce Livre d'Allah et Sa Révélation descenndue sur Sonn Noble Propphète, Muhammad ibn 'Abddullâh, et prootégé par Luui contre toutte altération et toute défoormation, ceette Révélatioon Divine et Sacrée restéée toujours intacte, et daans laquelle ««l'erreur n'a pu se glisserr de nulle parrt», demeure encore aujoourd'hui exacctement commme il a été rrévélé au Meessager d'Alllah, sans ajouut ni retranchhement.
Le Saint Coran est laa Source de lla Législationn, et sa Matiière. Il est laa Balance de la Sunnah, et le Critère dde la compréhhension et dee la pensée. Il est l'Origiine de la Civvilisation et ddu Savoir islamiquees, ainsi quee la Mère du Bienfait et du Bonheur de l'humanitté. Les Musuulmans ont ttransmis de ggénération een générationn cette Révéllation Divinne, exactemennt comme eelle avait été communiquuée au Prophhète par l'Annge Jibrîl (Gaabriel), et avvec une fidélité qui ne soouffre aucunee contestatioon. C'est du mmoins l'avis unanime de tous les Muusulmans, touutes Ecoles coonfondues. LLes Musulmans sont égaalement tous d'accord poour rejeter et démentir les récits douuteux et intruus qui s'écarrtent de cettee unanimité. Le grandd mufassir (exégète), auteeur de "Majmma' al-Bayânn fî Tafsîr all-Qur'ân", le Savant alChaykh AAbû 'Alî al-FFadhl ibn al--Hassan al-TTabarsî(129), ddont le tafsîrr susmentionnné est considéré comme uune source ett une référennce pour les uuléma et les exégètes, a écrit à ce prropos: «Quant àà insinuer quue le Coran ccomporte dess rajouts et ddes suppressiions, cela nee mérite mêmme pas d'êtree pris en connsidération. CCar pour ce qqui concernee un rajout ddans le Corann, c'est unanimemment écarté. Quant aux cchoses qui yy manqueraieent, certains de nos adepptes, et d'autrres parmi less "Hachwiyyyah"(130)ont ddit qu'il y a ddans le Corann une modifification ou unne omission. Or, en réalitéé, notre Ecolle juridico-reeligieuse(131)s'oppose à cela [à cette aallégation]. CC'est ce qu'aa soutenu aal-Murtadhââ(132) (Qu'Allaah sanctifie son âme). Il a traité de cce sujet d'unee façon commplète et détailléée dans "Jawwâb al-Masâ'il al-Tarabuulsiyyât". Il aa affirmé à cce propos que la certitudee de l'exactituude de la trannsmission duu Coran est ccomme la ceertitude quannt à la connaiissance des ppays, des événeements impoortants, des ffaits notables, des livres et des poèmmes célèbres des Arabes... En effet, la ttransmissionn fidèle du Coran a été faite avec unee motivation et avec un soin extrêmees, qui n'ont été atteints dans aucun ddes autres doomaines quee nous venonns de citer, ccar le Coran était le Miraclle de la Propphétie, la Souurce des scieences législaatives et des statuts religiieux. Les Saavants Musulmaans l'ont mémmorisé et prootégé à un teel degré qu'ills ont appris le moindre détail controverrsé concernaant son analyyse grammatticale et logiique, sa lectuure, ses lettrees et ses Verrsets. Dès lors, comment seerait-il possiible qu'il y aiit changemeent ou omissiion dans ce CCoran malgrré tous ces ssoins minutiieux et tout cce souci méticuleux d'exxactitude... «Notre coonnaissance du tafsîr duu Coran et dee ses détails, et de l'exacttitude de sa ttransmissionn, est pareille àà notre connaaissance de ssa globalité.Ce qui s'est passé avec lle Coran sur ce plan est identique à ce qu'on a appris nécessairement sur les livres classiques célèbres, comme les livres de Sibawayh et d'al-Moznî. En effet, les spécialistes de ces livres les connaissent si bien, globalement et aussi dans les détails, que si un élément étranger au livre de Sibawayh était introduit dans une section de la grammaire, cela se saurait, serait mis à l'écart, et on saurait que ce détail a été ajouté et ne fait pas partie du texte originel. Il en va de même pour le livre d'alMoznî. Or, on sait que le soin avec lequel on a transmis dans l'exactitude le Coran est bien plus grand que le soin mis pour assurer l'exactitude du contenu du livre de Sibawayh et des recueils des poètes classiques... Le Coran a été compilé et transcrit à l'époque du Prophète sous la même forme que nous avons de nos jours entre nos mains. La preuve en est qu'à cette époque-là, on étudiait le Coran et on l'apprenait par coeur dans sa totalité. Il y avait même un groupe de Compagnons qui avaient la charge de le mémoriser, et le Prophète veillait lui-même au contrôle et à l'exactitude de la mémorisation. Des Compagnons tels qu''Abdullâh ibn Mas'ûd, Obay ibn Ka'b, et d'autres ont soumis au Prophète, à plusieurs reprises, leur mémorisation de l'intégralité du Livre Saint. Tout ceci donne la preuve irréfutable que le Saint Coran était déjà, du vivant du Prophète, compilé et mis en ordre, et qu'il n'a été ni amputé ni éparpillé. «Et si quelques Imamites et rapporteurs de hadith parmi les Hachwiyyah ne sont pas d'accord sur ce point, leur opinion ne compte pas, car ils font reposer leur point de vue sur des "informations" peu fondées qu'ils ont prises pour des hadith sains. C'est pourquoi on ne saurait prendre en considération de telles "informations", au détriment de hadith bien connus comme tout à fait sains.»(133)
Et al-Murtadhâ de conclure:
«Ce qui est connu, et même établi parmi les Savants et les vérificateurs Chi'ites, c'est qu'il n'y a pas d'altération dans le Coran.»(134)
Chaykh al-Muhaddithîn, Muhammad ibn 'Alî ibn al-Hussayn ibn Bâbawayh al-Qummî, surnommé Chaykh al-Çadûq, (décédé en 381 H.), auteur de "Man lâ Yahdharoho-l-Faqîh", et de dizaines d'autres ouvrages de grande valeur, a écrit dans son célèbre traité "I'tiqâdât al-Çadûq": «Notre croyance à propos du Coran qu'Allah -Il est Très Haut- a révélé à Son Prophète Muhammad est qu'il est tel qu'il se trouve entre les deux couvertures, et qu'il est ce qu'on voit entre les mains des gens, et rien de plus. Quiconque prétend que nous disons qu'il en comporte davantage [que le Coran courant] est un menteur.» Aç-Çadûq, après avoir énoncé ces affirmations, s'est appliqué à les démontrer(135).
Dans son tafsîr "al-Tibyân", Chaykh al-Tâ'ifah Abû Ja'far Muhammad ibn al-Hassan al-Tûsî (décédé en 460 h.), auteur de "Al-Khilâf wal-Mabsût", d'"At-Tahthîb", d'"Al-Istibçâr", et de bien d'autres livres, a écrit:
«Quant à dire que le Coran comporte des rajouts et des omissions, cela n'a pas de fondement. Car en ce qui concerne l'existence de rajouts, elle est démentie unanimement. Quant à l'existence d'omissions, il ressort de la doctrine des Musulmans, ou plutôt de notre doctrine, qu'elle est sans fondement. C'est ce qu'a soutenu al-Murtadhâ, et c'est ce qui ressort des récits (...). En effet, nos récits concordants incitent à le [le Saint Coran] lire, à s'attacher à ce qu'il contient, et à s'y référer pour trancher les différends qui surgissent dans les "Akhbâr"(136). On attribue au Prophète ce hadith que personne ne conteste: "Je vous laisse en héritage les Thaqalayn ; tant que vous y resterez attachés, vous ne serez pas égarés. Ce sont le Livre d'Allah et ma Famille, les Gens de ma Maison. Ils ne se sépareront pas jusqu'à ce qu'ils reviennent à moi auprès du Bassin ." Ceci montre que le Coran existe à toute époque, autrement le Prophète n'aurait pas pu nous ordonner de nous attacher à ce à quoi nous ne pourrions pas nous attacher... Et étant donné que les Ahl-ulBayt ou leurs Représentants [les mujtahid] sont toujours là, et que le Coran disponible est admis unanimement comme intact, nous devons donc nous occuper de son interprétation et de l'explication de ses significations, et négliger le reste.»(137) Dans son tafsîr "Âlâ' al-Rahmân fî Tafsîr al-Qur'ân", le Savant Chaykh Muhammad Jawâd alBalâghî a commenté cette vérité de l'immortalité du Coran et de son intégrité à l'abri de toute altération, dans les termes suivants:
«Le Coran a continué à attirer le grand intérêt des Musulmans, de génération en génération. A toutes les époques, on trouve disponibles des milliers et des milliers de copies du Coran et de mémorisateurs du Coran. On voit encore et toujours de nouvelles éditions du Coran copiées sur les précédentes, et les Musulmans continuent à se lire le Coran les uns aux autres et à en entendre la récitation les uns chez les autres. Des milliers de copies du Coran constituent toujours les surveillants des mémorisateurs, et des milliers de mémorisateurs de meurent toujours les surveillants de l'intégrité des copies. Ainsi, il y a toujours des milliers de copies qui garantissent la bonne mémorisation des nouveaux mémorisateurs, et des milliers de ceux-ci qui s'assurent de l'intégrité des nouvelles copies. Nous disons des milliers, mais en fait il faudrait dire des centaines de milliers et des millions. Car aucun fait historique n'a pu être appuyé sur une aussi forte concordance de preuves, et jouir d'une aussi évidente pérennité que le Coran, et c'est conformément à la Promesse d'Allah - Que Ses Bienfaits se montrent évidents - exprimée dans la Sourate al-Hijr:
"Nous avons fait descendre le Rappel; Nous en sommes les Gardiens." (Sourate al-Hijr, 15 : 9) et dans la Sourate al-Qiyâmah:
"Il Nous appartient de le rassembler et de le lire." (Sourate al-Qiyâmah, 75 : 17) «Si vous lisez des "informations" étranges faisant état de l'altération du Coran, ou de la perte d'une partie de lui, n'y prêtez pas attention, mais faites valoir ce que la science dit sur leur incertitude, leur faiblesse, le manque de confiance en leurs rapporteurs, et enfin sur le désaccord avec l'unanimité de l'opinion des Musulmans, et ce sans parler de l'inconsistance de leur contenu imaginaire.»(138)
Al-Chaykh al-Balâghî a écrit également dans son tafsîr, sous le titre : "Les Imamites disent qu'il n'y a pas d'omissions dans le Coran" :
«Personne n'ignore que Chaykh al-Muhaddithîn al-Çadûq (...), connu pour son souci de peser ses mots dans tout ce qu'il dit, a écrit dans "Kitâb al-I'tiqâdât" : "Nous croyons que le Coran qu'Allah a révélé à Son Prophète est ce qui est contenu entre les deux couvertures [du Coran disponible], et rien de plus. Quiconque dit que nous croyons qu'il en comporte plus est un menteur."» A la fin du chapitre "Al-Khitâb", al-Chaykh al-Mufîd écrit -dans son livre "Kitâb al-Maqâlât"- qu'un groupe d'Imamites ont dit qu'il ne manque au Coran aucun mot, aucun Verset, aucune Sourate, et que seulement l'exégèse du Coran et l'interprétation de ses significations qu'Amîr alMu'minîn (l'Imam 'Alî) avait faites à la Lumière de la Révélation -et qu'il avait notées en marge de sa copie- ont été supprimées.
Dans "Kachf-ul-Ghatâ'" (Chapitre "Kitâb al-Qur'ân", Sect. VIII), il est écrit, concernant l'allégation selon laquelle il manquerait quelque chose dans le Coran actuel : «Il ne fait pas de doute qu'il [le Coran] est à l'abri de toute omission grâce à la Protection d'Allah, et ce conformément à l'affirmation explicite du Coran et de l'unanimité des uléma.» Selon al-Chaykh al-Bahâ'î :
«... des différends ont aussi surgi à propos d'omissions ou de rajouts [dont souffrirait le Coran actuel]. Mais la vérité est que le Coran...est à l'abri de tout cela. Il n'y a ni omission, ni rajout. La preuve en est cette Parole d'Allah : - "Nous en sommes les Gardiens."(139)» Selon al-Muqaddas al-Baghdâdî (dans "Chahr al-Wâfiyah") : «On a discuté, dans nos rangs, de la question des omissions [dans le Coran actuel]. Mais on est parvenu unanimement à rejeter la possibilité de l'omission.»(140) Le Savant contemporain, feu le Mujtâhid Chaykh Muhammad Hussayn al-Kâchif al-Ghatâ' a écrit dans "Açl al-Chî'ah wa Uçûlahâ" :
«Le Livre qui se trouve entre les mains des Musulmans est Celui qu'Allah a révélé à Son Prophète pour servir de Miracle et de Défi. Il ne comporte ni omission, ni altération, ni rajout. Les Musulmans sont unanimes sur ce point.»
Al-Charîf al-Muçlih al-Sayyed 'Abdul Hussayn Charaf al-Dîn a écrit dans "Al-Fuçûl Muhîmah fî Ta'lif al-Ummah" :
«Le Coran... est tel que "l'erreur ne s'y glisse de nulle part". Il est ce qu'il y a entre les deux couvertures et ce qu'on trouve entre les mains des Musulmans, sans une lettre de plus ou de moins, sans aucun changement d'un mot par un autre, ou d'une lettre par une autre. Chacune de ses lettres est admise avec une concordance absolue, comme intacte, par chaque génération, et ce jusqu'à l'époque de la Révélation et de la Prophétie. Il a été colligé à cette époque bénie, et ordonné exactement comme maintenant par Jibrîl [l'Archange Gabriel]. (...) Tout cela est de notoriété publique chez les Muhaqqiqîn parmi les uléma [Chi'ites] imamites. Il ne faut donc pas tenir compte de ce que disent les Hachwiyyah, lesquels ne savent pas...» Le Savant Sayyed Muhsin al-Amînî al-Hussaynî al-'Amilî écrit, dans "A'yân al-Chî'ah" : «Personne parmi les [Chi'ites] Imamites, anciens ou contemporains, n'a dit que le Coran comporte peu ou beaucoup de rajouts... Au contraire, tous sont d'accord pour refuser l'insinuation de rajouts. Leurs vérificateurs crédibles s'accordent aussi pour dire qu'il n'y manque rien non plus.»
Tel est donc l'avis de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt sur le Saint Coran : le Coran que l'on trouve aujourd'hui entre les mains des Musulmans est la copie exacte de celui que le Prophète a apporté. Il restera tel quel sur la terre tant que l'humanité y restera, et il éclairera toujours pour celle-ci la Voie de la vie et la guidera vers le Bon Chemin et la Sagesse. Les uléma, les chercheurs et les vérificateurs pensent que les quelques "informations" - de sources Sunnites ou Chi'ites- alléguant que le Saint Coran tel qu'il est de nos jours serait incomplet, ne sont que des insinuations tendancieuses, glissées par des menteurs, et rejetées par les Savants et les connaisseurs.
Il y a également d'autres "informations" (akhbâr) qui pourraient laisser croire que le Coran actuel comporterait des omissions, ou qu'il y aurait un autre Coran, si l'on s'en tient à l'apparence de leur texte, sans examiner en profondeur leur contenu et leur signification réelle. La mauvaise interprétation de ces "informations", faite involontairement par des Musulmans de bonne foi, a été parfois exploitée par des gens mal intentionnés et tendancieux pour porter atteinte à l'Islam et pêcher dans des eaux troubles. L'exemple suivant illustre ce cas de figure. En effet, selon certaines "informations" attribuées à l'Imam Ja'far al-Çâdiq, et abstraction faite de l'authenticité ou du caractère mensonger de ces "informations", celui-ci aurait dit : «... Mais, par Allah ! -et posant sa main sur sa poitrine- nous avons les armes du Messager d'Allah, son épée et sa cuirasse. Par Allah ! Nous avons aussi le "Maç-haf" de Fâtimah, lequel ne contient aucun Verset du Livre d'Allah. Il a été dicté par le Messager d'Allah et écrit de la main de 'Alî...»(141)
D'aucuns ont compris de ces propos que l'Imam al-Çâdiq aurait fait état -loin de lui une telle pensée - de l'existence d'un autre "Maç-haf" (Coran), différent du Coran disponible. Dès lors, les gens malveillants et les détracteurs de l'Islam se sont appuyés sur les termes de ces propos pour se livrer à toutes sortes de déformations et d'insinuations tendancieuses, sans se donner la peine de vérifier le sens réel des propos de l'Imam. Or, le sens réel du contenu de cette ''information'' est très clair pour quiconque maîtrise la linguistique. Il est contenu dans cet énoncé de ''l'information'': «Par Allah ! Nous avons le "Maç-haf" de Fâtimah, ou plus précisément dans le terme "Maç-haf".
Pour comprendre la véritable signification des propos de l'Imam al-Çâdiq, il suffit de se référer à la langue des Arabes, en vue de savoir ce que signifie exactement le mot "Maç-haf". En effet, selon al-Râghib al-Içfahânî :
«"al-Çahhîfah" est ce qui est étenddu, tel que laa partie étenddue du visagge et la feuillle sur laquellle on écrit, et ddont le plurieel est "Çahâ'if" ou "Çuhûûf". Ainsi, loorsqu'Allah --Il est exaltéé- dit : "... les Çuuhûf d'Ibrâhîîm et de Mûûsâ"(142), "...qqui récite dess Çuhûf purifiés, contenaant des Ecrittures immuablles"(143), on aa dit que "Çuuhûf" dans cees Versets siignifie "le Coran", et quee si Allah enn a fait des ffeuillets danss lesquels il yy a des Livrees, c'est parcce qu'il contiient plus quee ce que renfermeent les Livress d'Allah...»
Le "Maç-haf" est donnc ce qui rasssemble les ""Çuhûf" (feuuillets) écritss ; son plurieel est "Maçâhiff"»(144)
Donc, le mot "Maç-hhaf" signifie dans la langgue courante : "livre" ; cee n'est pas unn nom spécial du Livre d'Allah. Il est ddonc le termee générique de tout livre colligeant ddes feuillets "Çuhûf" (en papier ouu en peau). AAinsi, le Sainnt Coran est appelé "Maçç-haf" parcee qu'il est commposé de "Çuhûf" (feuillets).
Car, comme on le saiit, les noms ddu Livre d'AAllah sont : al-Qur'ân, all-Furqân, all-Kitâb(145). LLa Révélatioon ne le désiigne pas sous le nom de "Maç-haf"(146). C'est seuulement lorsqque les Musulmaans l'ont collligé qu'ils luii ont donné lle nom de "MMaç-haf", caar il est deveenu, après avvoir été rassemmblé, un reccueil de "Çuhhûf" (feuilletts).
Ainsi, la source de laa confusion oou du malenttendu est unne question liinguistique ppropre à cettte époque-là, quand cette nuance n'aapparaissait pas encore ddans l'esprit du communn des mortelss. Et, comme s'il voulaiit éviter toute méprise daans l'interpréétation de sees propos, l'Immam al-Çâddiq a ajouté : ««... il ne conttient aucun VVerset du Livre d'Allah.»» Cela veut dire que ce ddont il parle n'est pas le Saaint Coran, ni une Révélaation Divine, mais des prropos «dictéés par le Messsager d'Allaah et écrits de la main de 'AAlî.»
Certains Savants ont rapporté que ce dont paarlait l'Imam al-Çâdiq coonsistait en uun recueil de Dû'â' (Implorations) et de conseils que le Meessager d'Alllah avait laisssés à sa fillee Fâtimah al-- Zahrâ', enn vue de l'édduquer et de l'instruire.
C'est donnc de cette faaçon qu'il fauut comprenddre l'origine dde l'erreur, dde la confusiion ou de la falsification qui ont cconduit parfoois certains MMusulmans de toutes Eccoles et de tooutes tendances à une méprise et parfoiis même à laa malveillancce en ce qui concerne l'inntégrité et lee contenu duu Saint Corran que nouss lisons aujoourd'hui, et qqui est la coppie exacte dee la Parole d''Allah révéléée au Messagerr d'Allah.
LE SAINNT CORANN DANS LEES RECITS DES AHL--UL-BAYT
Lorsqu'on examiine les récitss et les hadithh rapportés ppar les Ahl-uul-bayt, et quu'on étudie la biogrraphie et les rapports de ces derniers avec le Livrre d'Allah, oon constate qque rien ne lees intéressaait ni ne polaarisait leur aattention autaant que le Saaint Coran. EEt cela est reemarquable aaussi bien dans leurs biographies que dans leurs récits, dans les recommandations qu'ils ont faites, dans leur façon d'éduquer et d'orienter leurs adeptes, leurs disciples et tous les Musulmans. Selon Ja'far ibn Muhammad al-Çâdiq :
«Le Prophète a dit un jour : "O gens ! Vous êtes dans une demeure de trêve et à bord d'un bateau qui navigue vite. Vous avez la nuit et le jour, le soleil et la lune, pour rendre ancien tout ce qui est nouveau, faire approcher tout ce qui est au loin, et apporter tout ce qui est promis. Préparez donc les provisions pour ce qui est au-delà de ce qui est passager." «Lorsqu'al-Muqdâd ibn al-Aswad lui a demandé : "O Messager d'Allah ! Et qu'est-ce que la demeure de trêve ?" le Prophète a répondu : "C'est une demeure d'assignation et de rupture. Si les épreuves vous accablent comme la nuit noire, recourez au Coran, car il est un intercesseur dont l'intercession est admise. (...) Celui qui le place devant lui, il [le Saint Coran] le conduit au Paradis, et celui qui le laisse derrière lui, il [le Saint Coran] le pousse vers l'Enfer. Il est le Guide. Il guide vers la meilleure Voie. C'est le Livre dans lequel il y a détails, clarté et apprentissage. C'est une Parole décisive, et non une frivolité. Il a une apparence et un intérieur. Son apparence est Justesse, son intérieur est Science. Son apparence est élégante, son intérieur profond. Il a des étoiles, et dans ses étoiles il y a encore des étoiles. Ses prodiges sont innombrables, et ce qu'il contient d'incroyable ne tombe jamais en désuétude. Il contient les phares de la bonne conduite, et la Lumière de la Sagesse..."»(147)(123) Selon l'Imam al-Çâdiq aussi :
«Celui qui mémorise le Coran, qui se conforme à ses Préceptes, est placé aux côtés des scribes nobles et purs.»(148)(124)
Selon l'Imam 'Alî ibn al-Hussayn, le Saint Prophète a dit : «Celui à qui Allah donne le Coran et qui estime qu'un autre homme a obtenu mieux que ce qui lui a été donné, aura vu grand un petit, et petit un grand.»(149) Selon l'Imam Muhammad ibn 'Alî al-Bâqir, le Messager d'Allah a dit : «O masses des lecteurs du Coran ! Craignez Allah -Il est Puissant et Glorifié- pour votre responsabilité de ce qu'Il vous a apporté dans Son Livre ; car je suis responsable et vous êtes responsables. Je suis responsable de la communication du Message, et vous on vous interrogera sur la responsabilité dont vous ont chargé le Livre d'Allah et ma Sunnah."»(150) Selon l'Imam al-Çâdiq :
«Un Croyant ne doit pas mourir avant d'avoir appris le Coran ou d'être en train de l'apprendre.»(151)
Selon l'Imam al-Çâdiq :
«Le Coran est le Pacte d'Allah avec Sa Création. Le Musulman doit donc regarder Son Pacte et en lire chaque jour cinquante Versets.»(152)
Selon l'Imam al-Çâdiq :
«Trois se plaignent auprès d'Allah -Il est Puissant et Glorifié- : une Mosquée en ruine dans laquelle ne prient pas ses propriétaires, un Savant qui se trouve parmi des ignorants, et un Livre d'Allah, juché, poussiéreux, et qu'on ne lit pas.(153) »
Selon l'Imam al-Çâdiq :
«Le Coran est vivant, il n'est pas mort. Il s'écoule comme s'écoulent la nuit et le jour. Il s'écoulera devant le dernier d'entre nous comme il s'écoule devant le premier d'entre nous.» Amîr al-Mu'minîn 'Alî ibn Abî Tâlib a dit :
«... Puis Allah a fait descendre sur lui le Livre ; c'est une Lumière dont les feux ne s'éteindront jamais, un flambeau dont la combustion ne s'arrête pas, une mer dont le fond est inaccessible, une Voie dont on ne perd pas la direction, un rayon dont la lumière ne s'assombrit pas, une Loi dont la preuve ne s'étouffe pas, un éclaircissement dont les piliers sont indestructibles, un remède dont on ne craint pas les effets, une force dont les adeptes sont invincibles, un bon droit dont les partisans ne seront pas laissés sans secours. Il est le métal [la substance même] et le centre de la Croyance, les sources et les mers de la Science, les étangs et les ruisseaux de la Justice, les points d'appui et la structure de l'Islam, les vallées et les plaines du bon droit, une mer que ne pourront épuiser les "puiseurs" des sources, que ne pourront réduire les arracheurs, des abreuvoirs que leurs solliciteurs ne dérangent pas, un phare dont les voies d'accès ne seront pas perdues par les voyageurs, des drapeaux que les marcheurs ne manqueront pas de voir, des hauteurs que ne peuvent dépasser ceux qui s'y rendent. Allah en a fait un assouvissement de la soif des Savants, un printemps pour les coeurs des jurisconsultes, le meilleur des Chemins des pieux, un Remède qui prime tout autre remède, une Lumière au-delà de laquelle il n'y a pas de ténèbres, une corde dont l'anse est bien solide, une forteresse dont la cime est imprenable. Il est une Force pour celui qui en fait son Tuteur, une Paix pour celui qui y entre, une Guidance pour celui qui fait appel à lui, une excuse valable pour celui qui l'invoque, une Preuve pour celui qui le cite, un Témoin pour celui qui en fait un arbitre, un Triomphe pour celui qui en tire argumentation, le porteur de celui qui le porte, une monture pour celui qui l'applique, un Signe pour celui qui le place devant lui, une Protection pour celui qui en fait sa cuirasse, une Science pour celui qui prend conscience, un hadith pour celui qui le relate, un Jugement pour celui qui juge.»(154) Telle est donc la valeur incomparable du Saint Coran selon l'Ecole des Ahl-ul-Bayt. Elle n'est autre que sa vraie valeur, telle que la décrit la Révélation : «Oui, ce Coran conduit sur une Voie très droite...» (Sourate Banî Isrâ'il, 17 : 9)
Selon cettte Ecole, il eest la constittution de la UUmmah, la ssource de la Science et de la Guidannce, la référencee du Savoir eet de la Cultuure, la voie dde l'Entendemment et de la Pensée, le Critère de laa civilisatioon et de la conduite, la LLoi scientifiqque qui régitt la vie de l'hhomme, le réécipient qui renfermee les Lois et lles Règles de la vie de l'humanité.
LES BASES DEE LA COMPPREHENSIION ET DUU TAFSIR DU SAINT CCORAN Nous avvons déjà exppliqué commment l'Ecole des Ahl-ul-BBayt a démoontré que le LLivre d'Allahh est éternel, qu'il est le RRegistre de laa Loi Divinee immuable, la Source dee la Législattion, le Critèère et l'Arbitree de la véraciité des "récitts" et des haddith, et la Rééférence perrmettant de ddistinguer le faux duu Vrai. En efffet, selon le Prophète :
«Si on mm'attribue devvant vous unn hadith, commparez-le au u Livre d'Allaah. Acceptezz-en ce qui ss'y conformee, et rejetez-en ce qui s'yy oppose.»(1555)
Ceci étannt établi, et lees fausses alllégations et assertions cconcernant soon intégrité étant dénonccées comme teelles, l'Ecolee des Ahl-ul--Bayt a propposé une métthode originnale qui déterrmine la mannière dont on ddoit comprenndre et traiteer le Texte cooranique. Cee problème dde la comprééhension du Saint Coran, dee son explicaation et de soon interprétaation constituue un point essentiel donnt dépend l'exactituude de la pennsée et la justesse de la CCroyance, dee la Législatiion et du Savvoir islamiquues. La raisonn en est que ttoute déviatiion, toute errreur dans la compréhenssion du Coraan, dans la découverrte de son coontenu législatif et doctriinal et dans lla déductionn de ses Jugeements, de sees concepts et de ses Loois sociales, politiques, ééconomiquess, éducativess et juridiquees, conduit àà la déviationn et à la divission des Musulmans, à la perte de l'aauthenticité et de la pureeté islamiquees. Commennçons notre éétude de ce ssujet fondammental par l'inndispensablee distinctionn qu'il faut faaire entre le ""tafsîr" et le "ta'wîl".
Le "tafsîrr" est, selon les linguistes, "le dévoillement et la mise en éviddence du senns des termes"(1156), alors quee le "ta'wîl" est défini coomme "le rennvoi de l'unee des deux possibilités [du sens d'unn terme] à cee qui se confoforme à l'apparence."(157) Ahmad RRedhâ, définissant le tafssîr, écrit :
«Le tafsîîr vient du mmot "fassar", lequel est ddérivé, par la a grande dériivation, du mmot "fasr", leequel signifie ""le dévoilemment et appariition".
Ainsi, lorrsque le mattin apparaît, on dit : "asfara al-çubh", c'est-à-diree : "le matinn se dévoile". Et on dit aussi : "asfarat al-mar'ah 'an wajhihâ", c'est-à-diree : "la femmme dévoile soon visage", lorsqu'elle le découvrre. Ou bien, il vient du vverbe "fassarra, yofassiroo" (cf.dharabba, yadhriboo, ou naçara, yyançoro), et "fasran" ; "al-fasr" étannt le fait de mmontrer et dee découvrir cce qui est couvert. AAinsi, vous dites : "fassaarto al-chayy'a" : "j'ai exppliqué cette chose", si voous l'expliqueez.»(158)
Le Chaykh al-Tabarsî a ainsi défini le mot "tafsîr" dans son "Majma' al-Bayân fî Tafsîr alQur'ân" :
«"Al-tafsîr" est le dévoilement de la signification du terme équivoque, tandis que "al-ta'wîl" c'est renvoyer l'un des deux sens possibles à ce qui correspond à l'apparence. Al-tafsîr, c'est l'explication.»
Selon Abû-l-'Abbâs al-Mobarrid :
«Le ta'wîl, le tafsîr et les "ma'nâ" [sens] sont une même chose. On dit que "fasr" est la découverte de ce qui est couvert, et que ta'wîl est la fin et l'aboutissement d'une chose, ce sur quoi elle débouche... Quant au "ma'nâ", il vient de cet énoncé : "'anayto fulânan" : "j'ai entendu par là Untel", qui signifie "qaçadtahu" : "mon intention visait Untel", comme ce que vise l'énoncé : "'aniya bihi kathâ" : "il a entendu par là telle chose..." ; "qaçada bil-kalâm kathâ" : "par sa parole, il entendait telle chose...".
Et on dit aussi que l'énoncé "'anayto bi-hathâ-l-amr" : "j'ai pris la charge de cette question", c'est-à-dire : "takallaftuhu": "j'en ai pris la charge"»(159)
La Méthode du Tafsîr du Saint Coran
Si le tafsîr est l'explication des sens des mots et des phrases du Saint Coran et leur dévoilement, et étant donné que les mots et les phrases du Saint Coran supportent plus d'une intention visée (signification), le ta'wîl est une opération de dévoilement de la signification visée au moyen du renvoi du sens contenu dans le Verset -après hésitation entre deux possibilités(160), ou davantage- à ce sur quoi il débouche, et le résultat auquel nous parvenons est que le ta'wîl ne doit pas contredire le tafsîr apparent, et de ce fait les deux -tafsîr et ta'wîl-s'égalent dans le résultat final, à savoir : l'éclaircissement des sens du Saint Coran et l'explication de ce qu'Allah a voulu montrer à Ses serviteurs.
Or, lorsqu'on lit attentivement les livres de tafsîr et les méthodes des mufassir, on trouve des lacunes évidentes et des erreurs graves dans lesquelles sont tombés certains mufassir, qui ont dévié ainsi le but du tafsîr à cause des méthodes de tafsîr qu'ils ont suivies et de leur façon de traiter les Versets coraniques en adoptant tantôt des récits (hadith) faibles ou intrus, et tantôt les sentiments personnels, soumettant ainsi le Saint Coran à leurs préjugés et à leurs caprices propres, et appliquant le sens des Versets à des événements, des personnages et des faits que le Noble Coran ne visait pas, application qui avait pour but de corroborer leurs opinions et tendances personnelles.
L'un des exemples de cette déviation dans le ta'wîl est le sens que certains "philosophes" et "théologiens" ont attribué aux Versets coraniques en soumettant ceux-ci à des pensées et des doctrines philosophiques et théologiques auxquelles ils croyaient. Un autre exemple en est la tendance de certains écrivains et mufassir à expliquer les Versets coraniques en se conformant aux théories scientifiques et aux idées économiques, sociales et politiques qu'ils trouvent chez les penseurs et les tenants des théories courantes de leur époque, et ce uniquement en se fiant à leur opinion personnelle, et sans qu'il y ait un vrai rapport et une application juste entre ces Versets et ces théories et idées. Ainsi, il n'est pas rare de voir de nombreux cas, dans le passé et à l'époque contemporaine, dans lesquels les mufassir plient les Versets au gré de leurs désirs ou, acceptant des vérités préconçues, tentent d'expliquer le Saint Coran à leur lumière.
Un grand nombre de mufassir de toutes les Ecoles juridiques musulmanes, Sunnites et Chi'ites, ont commis cette erreur et échafaudé des arguments et des justifications fallacieux pour tenter de montrer le bien-fondé de leurs méthodes.
Or, lorsqu'on se réfère à la méthode islamique originale de tafsîr, on remarque qu'elle récuse cette tendance et fixe les bases correctes du tafsîr. En effet, le tafsîr, tel que l'a défini le Prophète et que l'a expliqué la méthode des Ahl-ul-Bayt qu'ont suivie les mufassir engagés, a des règles et des bases qui conduisent l'exégète et le chercheur en Sciences coraniques à tirer des conclusions correctes et des résultats fertiles. Passons donc en revue ce que le Prophète, les Imams d'Ahl-ul-Bayt et les uléma ont dit à propos des règles justes du tafsîr et des moyens de dégager objectivement les Jugements coraniques. Al-Tabarsî rapporte ce hadith du Prophète, transmis par la chaîne d'Ahl-ul-Bayt, et dont il dit qu'il est sain :
«Le tafsîr du Coran ne peut être fait que d'après le hadith sain et le Texte clair.»(161) Il affirme que les Ahl-ul-Bayt suivaient ces directives et refusaient le tafsîr du Coran autrement que sur les deux bases suivantes :
1- Le tafsîr du Coran par le Coran, c'est-à-dire que les Versets s'expliquent les uns par les autres. 2- Le tafsîr du Coran par les récits et les hadith sains. Donc, il est clair que le tafsîr doit observer scrupuleusement ces deux règles. Toutefois, il ne faut pas oublier que la raison a un rôle essentiel et d'avant-garde dans la compréhension du Saint Coran, dans l'explication de ses significations et dans la direction de ses phénomènes, mais à condition qu'elle s'en tienne aux limites du Livre et de la Sunnah, et qu'elle ne s'écarte pas des aspects de leur ligne générale. Rappelons à cet égard que c'est le Prophète qui a assigné à la raison un rôle crucial dans le tafsîr du Coran : «Le Coran est accessible et comporte plusieurs facettes; apprenez-le donc selon ses meilleures facettes.»(162)
Selon un autre hadith, le Prophète a dit :
«Analysez le Coran, et informez-vous sur ses équivoques.»(163) Le Saint Coran lui-mmême a expliqué le rôle dde la raison ddans le tafsîrr et a loué lees esprits capables de raisonnerr :
«... l'auraaient su ceuxx qui savent raisonner.» (Sourate al--Nisâ', 4 : 833) Et il a blââmé ceux quui manquent de réfléchir et de méditeer sur les Veersets du Nobble Coran enn vue de découuvrir ses signnifications ett son contenuu :
«Ne vontt-ils pas médditer le Coran ? Ou bien les coeurs dde certains dd'entre eux soont-ils verrouillés?» (Souratte Muhammmad, 47 : 24)
Donc, selon la méthoode des Ahl-ul-Bayt, le tafsîr se fondde sur trois rrègles : 1- Le tafsfsîr du Corann par le Coraan.
2- Le tafsfsîr du Corann par la Sunnnah.
3- Le tafsfsîr du Corann par la raison respectueuse du Livre et de la Sunnnah. Ainsi, à ppart cette mééthode précisse de tafsîr, fondée sur des règles inccontestabless et immuablles, tous autrees tafâsîr (plluriel de tafssîr) imprégnéés d'opinionss personnelles, de tracess de théories scientifiqques contempporaines du mufassir, ouu d'idées philosophiquess et théologiqques, ou bienn encore foondés sur des récits peu aaccrédités ouu sans chaînne de transmeetteurs bien établie, ou fondés suur des hadithh qui contreddisent ce qui est évident dans le Sainnt Coran et inncontestablee dans la Sunnahh, ou que le mufassir appplique d'unee façon inadééquate et subbjective sur lles Versets, ttous ces genrees de tafsîr sont rejetés ppar la méthodde des Ahl-uul-Bayt et dees Savants ett des mufassiir qui ont marché sur leurs traces. Il estt donc nécessaire d'éviteer de tels tafssîr, qui sont ccourants ausssi bien chezz les Sunnitees que chez lles Chi'ites, eet qui s'écarttent de la liggne islamiquue que nous venons dde définir, et qui ne traduuisent généraalement pas ll'esprit du Saaint Coran. EEn tout cas, quelle quue soit la crédibilitéde cees mufassir, nnous ne sommmes pas tennus de suivree leur avis, car le mufassir ne constitue jamais un aargument facce au Coran,, alors que lee Saint Corann l'est face àà lui. Donc, il ne pourrait cconstituer unn argument ppour les Mussulmans que dans la messure où il attteint la Vérité. Or, selon lees Saints Imams des Ahll-ul-Bayt, il est interdit d'affirmer quuelque chosee sans connaissance dee cause et sanns preuve. AAinsi, l'Imamm al-Bâqir a ddit : «Ce que vous savez, vous pouvezz le dire. Maais lorsque vvous ne savezz pas avec certitude, ditees : "Allah esst Celui Qui sait le mieuxx"»(164)
Et l'Imamm al-Çâdiq aa dit :
«Toute chose doit êtrre renvoyée au Coran et à la Sunnahh.»(165)
LA SUNNAAH DU PROOPHETE DANS L'ECCOLE D'AHHL-UL-BAYYT
«Qu'Allah embellisse un serviteur qui, ayant entendu une parole de moi, l'a apprise par coeur, l'a assimilée, et l'a transmise telle qu'il l'avait entendue. Car un porteur de Jurisprudence pourrait n'être pas faqîh(166), et on pourrait apporter le Fiqh à quelqu'un qui serait plus faqîh que soi.»(167) La Sunnah est, après le Coran, la deuxième source de la Législation, que les Musulmans adoptent pour déduire les Statuts, les Lois et les Valeurs islamiques. C'est à elle qu'incombe la charge "d'expliquer et d'éclairer le Livre d'Allah, de formuler ses sous-entendus et son contenu législatif, idéologique et éducatif."
En effet, le Texte coranique recèle une richesse idéologique et législative considérable et immortelle que la Sunnah s'est chargée de dévoiler et de mettre en évidence. Car la raison n'est pas en mesure de comprendre du Livre d'Allah autant que la Sunnah en peut comprendre et dévoiler, étant donné que c'est au Messager d'Allah que s'adresse la Révélation, et que c'est lui qui connaît tous les statuts et concepts du Saint Coran, ainsi que ses buts et ses desseins. C'est pourquoi la Sunnah constitue un secours inépuisable pour la compréhension du Saint Coran, et une explication fidèle des lois de la vie. Elle est aussi immortelle que le Coran, car elle lui est liée intimement. Allah a dit en effet :
«... Prenez ce que le Prophète vous apporte, et abstenez-vous de ce qu'il vous interdit...» (Sourate al-Hachr, 59 : 7)
Et :
«Vous avez, dans le Prophète d'Allah, un bel exemple pour celui qui espère en Allah et au Jour dernier...» (Sourate al-Ahzâb, 33 : 21).
Et :
«Si un différend surgit entre vous, portez-le devant Allah et devant le Messager...» (Sourate alNisâ', 4 : 59)
Les Ahl-ul-Bayt et les tenants de leur Ligne ou de leur méthode de traiter du tafsîr, du hadith, du Fiqh et de la Croyance, ont observé scrupuleusement ces directives et ont enduré la prison, l'assassinat, la torture et l'exil pour préserver la Sunnah et l'appliquer à côté du Saint Coran. La Sunnah a été exposée à toutes sortes de tentatives de déformation : allégations mensongères, falsifications, déviations opérées par des menteurs, de faux Musulmans et des détracteurs de l'Islam, dans le but évident de défigurer ce Message Divin éternel et de dévier la voie de la Ummah.
Les Ahl-ul-Bayt ont toujours joué un rôle d'avant-garde dans la sauvegarde de la Sunnah. Ils l'ont portée et transmise fidèlement et intégralement, et ils ont expliqué son contenu profondément et avec une précision scrupuleuse. Ils ont en outre combattu les hérésies et les égarements et appelé à l'observation du Livre et de la Sunnah et à l'adoption du Livre comme critère de la Sunnah du
Prophète, étant donné qu'il est incontestablement reconnu comme étant resté intact, exactement comme l'avait transmis l'Ange Jibrîl au Prophète, et ce conformément à l'affirmation d'Allah : «Nous avons fait descendre le Rappel ; Nous en sommes les Gardiens.» (Sourate al-Hijr, 15 : 9) Dans le passage suivant, l'Imam 'Alî ibn Abî Tâlib met en garde les Musulmans contre les tentations d'attribuer à la Sunnah des avis et des interprétations personnelles qui vont à l'encontre du Livre d'Allah :
«O gens ! Les troubles commencent par des caprices qu'on suit et des statuts qu'on invente et dans lesquels le Livre d'Allah est contredit et des hommes deviennent les maîtres d'autres hommes... Si le faux reste purement faux, il ne peut pas être dissimulé à un homme intelligent, et si le vrai reste pur, il ne suscite pas de différend. Mais lorsqu'on prend une poignée de celui-ci et une poignée de celui-là et qu'on les mélange, alors Satan peut s'emparer des serviteurs d'Allah et seuls "ceux qui ont déjà reçu la très belle Récompense en seront écartés"(168).»(169) Abû Baçîr, l'un des Compagnons de l'Imam al-Çâdiq témoigne : «Un jour, lorsque j'ai demandé à l'Imam al-Çâdiq : "On nous rapporte parfois des choses que nous ne retrouvons ni dans le Livre d'Allah, ni dans la Sunnah. Pouvons-nous les examiner ?" l'Imam a répondu :
"Non ! Car si tu parvenais à en tirer une conclusion juste tu ne serais pas pour autant récompensé, mais si tu aboutissais à une conclusion erronée, tu aurais menti à Allah -Il est Puissant et Glorifié."(170)
Et d'ajouter : "Le Prophète a dit : "Toute hérésie est un égarement, et tout égarement conduit à l'Enfer"»
Selon 'Abdullâh ibn Abî Ya'fûr :
«J'ai demandé à l'Imam al-Çâdiq : "Comment devons-nous nous comporter devant des hadith rapportés parfois par une personne en qui nous avons confiance et parfois par une autre en qui nous n'avons pas confiance ?" L'Imam al-Çâdiq a répondu : "Lorsqu'on vous rapporte un hadith et que vous en trouvez une confirmation dans le Livre d'Allah ou dans la Sunnah, croyez-y. Autrement il faudrait l'attribuer plutôt à celui qui le rapporte."»(171) Selon Ayyûb ibn al-Hor :
«J'ai entendu Abû 'Abdullâh al-Çâdiq dire : ''Tout doit être renvoyé au Livre d'Allah et à la Sunnah. Tout hadith qui ne concorde pas avec le Livre d'Allah n'est que fausseté."»(172) Selon Ayyûb ibn Rachîd, Abû 'Abdullâh Ja'far ibn Muhammad al-Çâdiq a dit : «Tout hadith qui ne concorde pas avec le Coran est faux.»(173)
Selon l'Imam al-Çâdiq, le Messager d'Allah a dit : «Quiconque s'attache à ma Sunnah lorsqu'un différend surgit, aura la récompense de cent Martyrs.»(174)
On a demandé un jour à l'Imam 'Alî :
«Dis-moi ce que sont la Sunnah, l'hérésie, l'unanimité et la division.» L'Imam 'Alî a répondu : «La Sunnah c'est ce que le Prophète avait promulgué, et l'hérésie c'est ce qu'on a apporté après lui. L'unanimité ce sont les tenants du Bon Droit même s'ils sont peu nombreux, et la division ce sont les tenants du faux même s'ils sont nombreux.»(175) Selon l'Imam 'Alî :
«La Sunnah est en vérité deux Sunnah : une Sunnah obligatoire, dont l'observance s'impose, et une Sunnah non obligatoire, dont l'observance est vertu et l'abandon n'est pas péché.»(176) Selon l'Imam al-Bâqir :
«Quiconque dépasse la Sunnah doit être renvoyé à la Sunnah.»(177). Et :
«La Sunnah ne saurait être l'objet d'Analogie(178). Comment pourrait-elle l'être lorsqu'on sait que la femme qui a ses règles doit accomplir ultérieurement le Jeûne manqué alors qu'elle n'a pas à le faire pour la Prière manquée !»(179)
Selon l'Imam al-Çâdiq, citant la chaîne de ses ascendants paternels, l'Imam 'Alî a dit : «Il y a derrière tout bon droit une Vérité, et derrière toute chose juste une Lumière. Donc tenezvous-en à ce qui concorde avec le Livre d'Allah, et négligez ce qui s'oppose à la Sunnah du Messager d'Allah.».
Et :
«Que la Miséricorde d'Allah soit sur un homme qui rapporte les hadith du Messager d'Allah sans mentir, même si cela conduit les gens à s'écarter de lui.»(180) Selon l'Imam 'Alî :
«J'ai entendu le Prophète d'Allah dire : "Si on vous rapporte de moi des hadith dont les parties sont parfois concordantes et parfois contradictoires, sachez que leurs parties contradictoires ne sont pas de moi, je ne les ai pas prononcées, même si on vous affirme que je les ai bien dites. Mais si le hadith qui m'est attribué est cohérent dans ses différentes parties, il est de moi, je l'ai prononcé. Celui qui m'a vu après ma mort [en rêve] est pareil à celui qui m'avait vu vivant.
Celui qui rend visite à ma tombe, je serai pour lui un témoin, et je témoignerai pour lui le Jour du Jugement."»(181)
L'Imam 'Alî dit un jour à Muhammad ibn Muslim: «O Muhammad ! Lorsqu'un homme, qu'il soit pieux ou pervers, te relate un récit [hadith] qui concorde avec ce que dit le Coran, crois-y. Et lorsqu'un homme, qu'il soit pieux ou pervers, te relate un récit qui s'oppose à ce que dit le Coran, n'y crois pas.»(182) Ces affirmations des Ahl-ul-Bayt nous permettent ainsi de comprendre sans ambiguïté quelle est leur conception de la Sunnah du Prophète, quelle est leur méthode d'en traiter, quelle relation ils établissent entre la Sunnah bénie et le Livre d'Allah, quel rôle il lui assignent dans la Législation, la promulgation des Lois, l'édification de la vie sociale et cultuelle de la Ummah. De cette méthode normative, nous pouvons tirer les conclusions suivantes : 1- Toute parole, toute attitude et tout rapport attribués au Messager d'Allah doivent être comparés avec le Livre d'Allah, afin d'en vérifier le bien-fondé. Ce faisant, on considère comme faisant partie de la Sunnah tout ce qui se conforme au Livre d'Allah, et on rejette tout ce qui s'y oppose.
2- Le Coran et la Sunnah sont les deux sources de la Législation et de la promulgation des Lois, le critère des statuts, de la conduite et du système de la vie. Nous devons donc examiner tous les jugements jurisprudentiels et tous les concepts doctrinaux à la Lumière du Livre et de la Sunnah : ceux d'entre eux qui s'avèrent être fondés sur le Livre et la Sunnah feront partie de la Char'iah et de la Loi Divine, et nous nous devons de les appliquer et de les vénérer ; et ceux d'entre eux qui s'opposent au Livre et à la Sunnah doivent être considérés comme hérésie, égarement et faux. 3- Il y a une Sunnah prouvée, et il est catégoriquement établi qu'elle est effectivement le fait du Prophète, et qu'elle concorde parfaitement avec le Livre d'Allah. Cette Sunnah-là, nous devons la considérer comme le critère et l'instrument d'examen et de purification des récits et des hadith douteux ou incertains. C'est à la Lumière du Saint Coran et de cette Sunnah que nous pouvons accréditer ou discréditer des hadith à propos desquels nous n'avons pas de certitude.
Les différentes parties de la Sunnah du Prophète Les Savants divisent la Sunnah en trois catégories : 1- Les dires : qui comprennent tout ce que le Prophète a dit, sous forme de hadith, de sermons, de testaments, correspondances, etc.
2- Les actes : c'est-à-dire tout ce que le Prophète a fait lorsqu'il traitait avec les gens ou accomplissait les actes d'adoration. Ainsi, tout acte accompli par le Prophète doit constituer pour nous un signe essentiel d'autorisation légale, étant donné que le Messager d'Allah ne peut en aucun cas commettre un interdit.
Mais la notion "d'autorisation" permet de diviser les actes du Prophète en deux catégories : a) Al-Wujûb (obligation), c'est-à-dire les actes du Prophète que nous devons appliquer obligatoirement, tels que la Prière, le Pèlerinage, une attitude de Justice, etc. Ce genre d'actes équivaut pour nous à un acte exécutoire et à une obligation d'appliquer les statuts. b) Des actes qui ne comportent pas un caractère obligatoire, mais indiquent la permission et l'autorisation.
Ce genre d'actes entre dans le cadre de l'acte "licite" et "autorisé". Donc, les actes du Prophète nécessitent une interprétation qui nous permette d'en distinguer ce qui est obligatoire, ce qui est recommandé, et ce qui est autorisé. Il y a des uléma spécialisés qui se chargent de comprendre et d'interpréter l'"acte" dans la Sunnah, en recourant à des preuves, des présomptions et d'autres méthodes de fondements (uçûl). 3- L'approbation tacite (al-taqrîr) : qui consiste dans le silence du Prophète devant des actes que ses contemporains ont faits et dont il a pris connaissance sans les interdire. Par ces actes, il faut entendre les relations sociales et certaines conduites individuelles. Le fait que le Prophète ne les ait pas réprouvés constitue donc une approbation et une acceptation qui permet d'incorporer ces actes dans la Sunnah. Ces trois points nous permettent ainsi de voir quelle est la méthode des Ahl-ul-Bayt de traiter avec la Sunnah, de l'interpréter et d'en assurer la vérité.
La méthode de vérification et de preuve de la Sunnah Les Savants de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt ont une méthode spéciale pour vérifier et démontrer l'authenticité de la Sunnah. Cette méthode a été définie par les Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt, qui ont posé ses fondements et mis au point ses aspects. Partant de ces fondements, les faqîh de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt ont défini une méthode de recherche scientifique (la méthode critique).
Pour eux, il n'y a pas une Sunnah dont ils devraient admettre l'authenticité à priori. Pour établir l'authenticité d'un hadith, ils mettent toujours le doute comme point de départ. C'est après avoir fait des recherches, des investigations et des examens qu'ils se permettent de se prononcer. Ils étudient les hadith et les récits un par un, et lorsqu'ils se sont assurés de l'authenticité d'un hadith, ils l'adoptent comme moyen de déduction et de découverte de Lois, de statuts légaux et de concepts.
Et lorsqu'ils établissent qu'un hadith n'est pas authentique, ils le rejettent et refusent de l'appliquer.
C'est pour cela que les Savants de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt (les Imamites) ne reconnaissent pas l'existence de recueils de hadith absolument sains. Pour eux, tout recueil de hadith est sujet à la critique, à la vérification et à l'examen.
L'Ecole d'Ahl-ul-Bayt compte de nombreux recueils célèbres de "riwâyah" (récits) rapportés par les chaînes de transmetteurs des Ahl-ul-Bayt.
Citons, parmi les plus célèbres de ces recueils :
1- "Al-Kâfî", d'al-Kulaynî,
2- "Al-Istibçâr", d'al-Tûsî,
3- "al-Tah-thîb", d'al-Tûsî,
4- "Man lâ Yah-dharoho-l-Faqîh", d' al-Çadûq
5- "Wasâ'il al-Chî'ah", d'al-Hor al-'Amilî,
6- "Bihâr al-Anwâr", d'al-Majliçî.
Les uléma de l'Ecole imamite d'Ahl-ul-Bayt, et tous les Savants qui suivent la méthode des Saints Imams d'Ahl-ul-bayt dans les études de Législation et de connaissances islamiques, soumettent tous les hadith figurant dans ces recueils à vérification. Ils ont invalidé nombre d'entre eux après les avoir soumis à un examen critique, objectif et scientifique. D'une façon similaire, ils soumettent les autres recueils de hadith appartenant à d'autres Ecoles juridiques musulmanes, tels que "Çahîhal-Bukhârî", "Çahîh Muslim", "Sunan Abî Dâwûd", "Kanz al-'Ummâl", etc. à l'examen critique et à leur méthode de vérification. Ces uléma examinent les hadith et les récits selon les critères suivants: 1- L'examen du "sanad" (chaîne): Par "sanad" on entend la chaîne de rapporteurs d'un hadith ou d'un récit. Ils font un effort considérable pour vérifier l'honnêteté des rapporteurs en s'appuyant sur la "science des hommes", laquelle leur permet de connaître la personnalité de chaque rapporteur et de savoir s'il est, ou non, digne de confiance, et ce abstraction faite de son appartenance à telle ou telle autre Ecole juridique musulmane. Ce qui les intéresse dans leurs investigations, c'est avant tout l'intégrité morale et la véracité du rapporteur. Et ils établissent cette intégrité et cette véracité en s'appuyant sur des détails et des règles déterminés dans les recherches des fondements du Fiqh.
2- La vérification du "matn" : par "matn", on entend le texte ou le contenu du hadith. Les uléma examinent donc le texte du hadith, pour s'assurer que son contenu ne contredit ni le Livre d'Allah, ni une Sunnah prouvée, ni une vérité établie par la Législation sacrée, telle que la Vérité rationnelle absolue.
Une fois la justesse ddu "sanad" eet du "matn" établie par les uléma, ceeux-ci admettent et reconnaissent la véraacité du haditth, sans se sooucier du reccueil de haddith dans lequuel il est citéé. Ainsi, daans la méthodde des faqîh et des ulémma imamites dde l'Ecole d'AAhl-ul-Baytt : 1- Il n'estt pas questioon d'adopter ou de refuseer globalemeent un recueiil de hadith ssains. 2- Le haddith relaté paar un rapportteur est admmis à conditioon que ce derrnier soit vérridique et diigne de confiaance, et abstrraction faite de l'Ecole juuridique donnt il est issu oou adepte. Cette vérrité apparaît dans toute son évidencee et toute sa cclarté pour qquiconque éttudie les livrres des fondeements du Fiqh, les "livres des hommmes" et les liivres de la "Jurisprudencce de raisonnemment"(183) dees Chi'ites immamites.
La méthoode scientifiqque et critiquue en questioon contribuee ainsi à la saauvegarde dde l'authenticcité et de la pureté de la Léggislation, et à l'unité des Musulmanss en les incitaant à s'éloignner du fanatiisme, de l'ignorrance et du ssectarisme, éétant donné qque dans unee méthode sccientifique ccritique - quii se caractérisse par l'objecctivité et l'inntégrité - il nn'y a de placee ni pour le ffanatisme, nii pour le sectarismme.
LESS IMAMS DD'AHL-UL-BAYT RAPPPORTEURRS DU HADDITH DU PPROPHETEE
Les Imams d'Ahl-ul-Bayt n'étaiennt pas des mmujtahid, ou dde simples ssavants capabbles de déduuire des statutts à partir duu Saint Corann et de la Suunnah. Ils rapportaient eux-mmêmes la Suunnah. C'est pourquoi cee qu'ils ont faait et dit est ssunnah. La Sunnah qu'ils rapporttaient, ils la tenaient du Prophète et se la transmmettaient de ppère en fils. Ecoutonss ce que dit ll'Imam al-Çââdiq à ce proopos : «Je rappoorte de mon père, lequel l'a rapporté de mon grand-père, lequuel le rapporrtait de son ppère, lequel le rapportait dde 'Alî ibn Abbî Tâlib, donnt la parole eest celle du MMessager d'AAllah, dont lla parole est la Parole dd'Allah -Il est Puissant ett Exalté.»(1844) Selon Quutaybah, un jjour un hommme a posé à l'Imam al-ÇÇâdiq une quuestion. Lorsque ce dernier euut répondu, ll'homme lui dit : «A ton n avis, si la qquestion commportait ceci et cela, commment serait sa solution ?»
L'Imam aal-Çâdiq lui répondit : «Tout ce que je te dirais à ce propos émane du Messager d'Allah. Nous ne sommes pas de ceux à qui l'on demande : "Quel est votre avis personnel sur telle chose?"»(185) Selon al-Chaykh al-Bahâ'î :
«Tous les hadith que nous citons, à quelques rares exceptions près, remontent à nos douze Imams, lesquels rapportent les faits et dires du Prophète, car leur Science est puisée à cette Lumière.»(186)
Ainsi, les Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt sont-ils devenus une source de hadith et de riwâyah, ainsi qu'une source d'explication des statuts de la Chari'ah et d'éclaircissement de ce qui pourrait être ambigu dans ces statuts.
Etant donné que leur vie bénie est un enchaînement de maillons homogènes et ininterrompus qui remontent jusqu'au Prophète sans qu'aucun élément intrus ou étranger ait pu entamer leur cohérence, elle constitue une école et une expérience vivante dans laquelle l'Islam est incarné, ses statuts sont appliqués et ses Principes sauvegardés. Ceci nous permet de nous assurer de la pureté de cette source et de l'authenticité de ce qu'elle nous fournit. Voici, ci-après, la liste des douze Imams d'Ahl-ul-Bayt, qui constituent les maillons solides de cette chaîne de rapporteurs des hadith du Prophète, chaîne qui s'étend sur onze générations successives de descendants directs :
1- L'Imam 'Alî ibn Abî Tâlib. Il est né en l'an 30 après l'Année de l'éléphant, et il est mort en Martyr en l'an 40 de l'hégire.
2- L'Imam al-Hassan ibn 'Alî. Il est né en l'an 3 de l'hégire, et il est mort en Martyr en l'an 50 de l'hégire.
3- L'Imam al-Hussayn ibn 'Alî. Il est né en l'an 4 de l'hégire, et il est mort en Martyr en l'an 61 de l'hégire.
Nous avons déjà fait connaissance avec cette constellation de trois Imams, et appris en quelle haute estime les tiennent le Saint Coran et la Sunnah. Une position incomparable, qui en dit assez sur la pertinence de se fier à eux, de croire en eux et à ce qu'ils rapportent, puisque ce sont le Saint Coran et la Sunnah qui nous le recommandent. 4- L'Imam 'Alî ibn al-Hussayn (dit Zayn al-'Abidîn: l'Ornement des adorateurs). Né en 38 H. et mort en Martyr en 95 H.
5- L'Imam Muhammad ibn 'Alî al-Bâqir. Né en 57 H. et mort en Martyr en 114 H. 6- L'Imam Ja'far ibn Muhammad al-Çâdiq. On lui attribue la paternité de l'Ecole juridique "Jâ'farite". Il est né en 83 H. et mort en Martyr en 148 H.
Ecoutons maintenant quelques témoignages de uléma à propos de ces trois Imams d'Ahl-ul-Bayt, pour avoir une idée de leur Savoir, de leur intégrité, et de la révérence dont ils faisaient l'objet. Selon al-Chaykh al-Mufîd, dans "Al-Irchâd", citant al-Zohrî : «Je n'ai pas connu quelqu'un de cette famille -les Ahl-ul-Bayt- qui soit plus vertueux que l'Imam 'Alî ibn al-Hussayn.»(187)
Selon Sa'îd ibn al-Musayyab, parlant de l'Imam 'Alî ibn al-Hussayn : «Celui-ci est 'Alî ibn al-Hussayn ibn 'Alî ibn Abî Tâlib. Il est le Maître des serviteurs.»(188) Dans son livre "al-Çawâ'iq al-Muhriqah", Ibn Hajar a décrit l'Imam 'Alî ibn al-Hussayn de la façon suivante:
«C'est Zayn al-'Abidîn, qui est l'héritier de son père par son Savoir, son ascétisme et son adoration.»(189)
Abû Hâzim et Sufyân ibn 'Oyaynah disaient, chacun de son côté : «Je n'ai jamais vu un Hâchimite(190) qui soit meilleur que 'Alî ibn al-Hussayn ou plus faqîh que lui.»(191)
Il est superflu de multiplier ces témoignages, qui attestent tous la personnalité hors pair et rayonnante de ce Saint Imam, dont le Savoir et la Piété captivaient l'attention de tous ses contemporains, et qui attirait les Savants et les uléma désireux d'apprendre sous sa direction le
Hadith, le Fiqh, le Tafsîr, la Doctrine et toutes les Sciences de la Chari'ah. En tout état de cause, au-delà des témoignages des uléma, la meilleure preuve, pour les Musulmans, des mérites et des vertus de cet Imam est le fait que son père, le Martyr et le "Maître de la Jeunesse du Paradis" -selon les propres termes du Prophète- l'Imam al-Hussayn ibn 'Alî, lui avait transmis l'Imamat et la direction religieuse de la Ummah, et confié la charge de rapporter fidèlement aux Musulmans les Enseignements de la Chari'ah. L'Imam Ja'far al-Çâdiq nous apprend comment s'est déroulée cette transmission de l'Imamat, de l'Imam al-Hussayn ibn 'Alî à son fils, l'Imam 'Alî ibn al-Hussayn: «Lorsqu'al-Hussayn s'est apprêté à marcher sur l'Iraq, il a confié à Umm Salma les lettres et le testament, et celle-ci, Umm Salma, les a présentés à 'Alî ibn al-Hussayn après son retour [à Médine].»(192)
Quant à son fils, Muhammad ibn 'Alî, surnommé "al-Bâqir" en raison de l'étendue de son érudition, il était comme lui très célèbre parmi les Musulmans pour sa Piété, son ascétisme, sa Science et son Savoir. Mieux, l'Imam Muhammad al-Bâqir était prédestiné à l'érudition, puisque le Prophète lui avait prédit une telle destinée quelques décennies avant sa naissance. En effet, le Compagnon auguste, Jâbir ibn 'Abdullâh al-Ançârî rapporte ce témoignage :
«Le Messager d'Allah m'a dit : "Tu vivras jusqu'à ce que tu rencontres un de mes descendants, de la branche d'al-Hussayn. Il s'appellera Muhammad, et il pénétrera les Sciences. Lorsque tu le rencontreras, transmets-lui mes salutations."»(193)(169) La prédiction du Messager d'Allah ne se démentira pas. Ce Compagnon pieux rencontrera l'Imam al-Bâqir et lui transmettra les salutations du Prophète. Ce témoignage prophétique suffit donc à nous faire connaître la position élevée de cet Imam et à l'adopter comme une référence incontestable pour la Connaissance du Saint Coran et de la Sunnah, et une source sûre de transmission des hadith. En outre, on peut dire que la période de son Imamat et de celui de son fils, Ja'far al-Çâdiq, constitue la période la plus riche de l'histoire musulmane pour les Sciences du Hadith et des riwâyah, et en d'autres Connaissances islamiques. Les Savants, rapporteurs de hadith, mufassir et chercheurs en Sciences islamiques de l'époque considéraient l'Imam al-Bâqir comme le sommet inégalable et une célébrité incomparable en la matière.
Selon Ibn al-'Imâd al-Hanbalî :
«Abû Ja'far Muhammad al-Bâqir était un des faqîh des Médinois. On l'a surnommé "al-Bâqir" (celui qui perce) car il a percé la Science, c'est-à-dire qu'il y a opéré une ouverture profonde pour en connaître l'origine et y acquérir une érudition.»(194) 'Atâ', l'une des célébrités des "Suivants"(195), cité par Ibn al-Jawzî, disait : «Je n'ai jamais vu les uléma sembler aussi limités dans leur Savoir que lorsqu'ils se trouvaient devant Abî Ja'far al-Bâqir.»(196)
Quant à son fils, l'Imam Ja'far al-Çâdiq, il a laissé tellement de traces et compté tant d'adeptes parmi les grands uléma musulmans de sa génération et des générations suivantes, qu'il est difficile de brosser en quelques pages un portrait juste qui puisse refléter son immense Savoir, et le crédit inestimable dont il jouissait auprès des chercheurs et des faqîh. Selon al-'Allâmah al-Mohaqqiq al-Sayyed Muhsin al-Amîn : «Le mémorisateur Ibn 'Aqd al-Zaydî a réuni dans son "Livre des Hommes" les noms de quatre mille rapporteurs de hadith dignes de foi qui ont cité Ja'far ibn Muhammad comme source de leur riwâyah. Il a également donné les titres de leurs ouvrages.»(197) Citant "Kitâb al-Hulyah" d'Abî No'aym, Ibn Chahr Achûb a rapporté le témoignage suivant : «Parmi les imams et les uléma célèbres qui avaient adopté comme source de hadith Ja'far alÇâdiq, figurent : Mâlik ibn Anas, Chi'bah ibn al-Hajjâj, Sufyân al-Thûrî, Ibn Jarîh, 'Abdullâh ibn 'Amr, Rûh ibn al-Qâçim, Sufyân ibn 'Oyaynah, Sulayman ibn Bilâl, Ismâ'îl ibn Ja'far, Hâtam ibn Ismâ'îl, 'Abdul-'Aziz ibn al-Mukhtâr, Wahâb ibn Khâlid, Ibrâhîm ibn Tahân, etc. Quant à Muslim, il a rapporté de lui dans son "Çahîh", et a cité ses hadith comme arguments. L'ont également cité comme source de riwâyah : Mâlik, al-Châfi'î, al-Hassan ibn Çâlih, Abû Ayyûb alSijistânî, 'Umar ibn Dinâr, Ahmad ibn Hanbal. Quant à Anas ibn Mâlik, il a dit de lui : - "Aucun oeil n'a vu, ni aucune oreille n'a entendu, ni aucun coeur n'a senti une personne qui soit meilleure que Ja'far al-Çâdiq dans la Vertu, le Savoir, la Piété et la Dévotion."» Al-Chaykh al-Chaltût, le Chaykh d'al-Azhar, a évoqué les mérites de l'Imam al-Çâdiq dans son livre du même titre ("L'Imam al-Çâdiq"), dans les termes suivants: «Nous avons enfin décidé, en comptant sur l'aide d'Allah et sur Son Bon Vouloir, d'écrire un livre sur l'Imam Ja'far al-Çâdiq. Nous avons déjà écrit sur sept autres imams. Nous n'avons pas retardé d'écrire sur cet Imam parce qu'il serait inférieur au sept autres. Au contraire, il a la priorité de devancier sur la plupart d'entre eux, et il a la vertu d'avoir rendu un grand service aux plus grands d'entre eux.
En effet, Abû Hanîfah se référait à lui lorsqu'il relatait des hadith, et le considérait comme étant le plus savant de tout le monde - toutes tendances confondues- et le plus érudit des faqîh. L'imam Mâlik se rendait chez lui pour étudier et relater des hadith sous sa direction. Il a donc eu le mérite d'être le professeur d'Abî Hanîfah et de Mâlik. Un tel mérite est en soi suffisant. Donc, on ne pourrait le reculer pour une infériorité, ni donner la priorité de mérite à un autre sur lui. En plus de tout cela, il était le petit-fils de Zayn al-'Abidîn, lequel avait été le maître des gens de Médine à son époque, par sa Vertu, son Honneur, sa Religiosité et sa Science, et comptait comme adeptes Ibn Chihâb al-Zohrî et beaucoup d'autres Suivants. Il était aussi le fils de Muhammad al-Bâqir, lequel avait opéré une ouverture dans la Science pour en atteindre le coeur. Il fut ainsi un homme en qui Allah -Il est Très Haut- avait réuni l'honneur personnel et l'honneur ajouté par une noble ascendance, l'appartenance au clan Hâchimite et à la descendance du Prophète.»(198)
'Umar ibn al-Miqdâd avait l'habitude de dire :
«Il suffit de regarder Ja'far ibn Muhammad pour savoir qu'il a pour ascendance la dynastie des Prophètes.»(199)
Le célèbre historien al-Ya'qûbî l'a décrit ainsi :
«Il était meilleur que tout le monde, et connaissait mieux que quiconque la Religion d'Allah. Les hommes de science qui l'écoutaient, rapportaient ses dires en prenant soin de le citer dans ces termes : "Le Savant... nous a appris que..."»(200)
Après avoir cité les témoignages de quelques uléma et rapporteurs de hadith, attestant de la solidité et du crédit moral intouchable des trois Imams précités, continuons à présenter les autres maillons de la chaîne bénie des Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt. 7- L'Imam Mûsâ ibn Ja'far al-Kâdhim. Il est né en 128 H. et est mort en Martyr en 183 H. 8- L'Imam 'Alî ibn Mûsâ al-Redhâ. Né en 148 H. et mort en Martyr en 203 H.
9- L'Imam Muhammad ibn 'Alî al-Jawâd. Né en 195 H. et mort en Martyr en 220 H. Le premier de cette série de trois Imams, Mûsâ ibn Ja'far, est le fils de l'Imam Ja'far al-Çâdiq. Il a grandi dans le giron de son père, dont il a acquis le Savoir, la Piété et le noble caractère. Son père lui-même a attesté, de son vivant, de sa Grandeur, de sa position sublime et de son Savoir digne de constituer une source inépuisable pour les uléma. En effet, l'Imam Ja'far al-Çâdiq a dit à l'un de ses compagnons, à propos de son fils :
«Si tu demandais à mon fils que voici ce qu'il y a entre les deux couvertures du Livre, il te répondrait exactement.»(201)
Les biographes musulmans l'ont décrit comme étant le véridique, l'adorateur appliqué, célèbre pour sa dévotion et sa piété, pour sa grandeur et son caractère sublime. Le mémorisateur al-Râzî nous le présente dans son "Encyclopédie des Hommes", de la façon suivante :
«Mûsâ(202) fils de Ja'far fils de Muhammad fils de 'Alî fils d'al-Hussayn fils de 'Alî fils d'Abî Tâlib a relaté des hadith qu'il tenait de son père ; et d'autre part son fils, 'Alî(203)fils de Mûsâ, ainsi que son frère 'Alî(204) fils de Ja'far ont relaté des hadith qu'ils tenaient de lui. 'AbdurRahmân a dit à son propos : "Lorsqu'on a interrogé mon père à son sujet [de cet Imam], je l'ai entendu répondre : "C'est un homme digne de confiance et véridique. Il est l'un des Imams des Musulmans."»(205)
Muhammad ibn Ahmad al-Dhahabî a dit de lui : «Mûsâ était le plus généreux des Sages, et l'un des serviteurs pieux d'Allah.»(206) Kamâl al-Dîn Muhammad ibn Talhah al-Châfi'î a écrit à propos de cet Imam : «C'est un Imam de grande compétence et de grande importance. C'est un grand mujtahid versé sérieusement dans l'Ijtihâd, célèbre pour sa Piété, assidu dans l'Obéissance [à Allah], connu pour sa Générosité. Il passe la nuit en se prosternant et en se levant, et la journée en jeûnant et en offrant l'aumône. Et c'est en raison de l'excès de son indulgence et de l'absence de réaction contre ceux qui l'agressaient qu'on l'a surnommé "al-Kâdhim" [celui qui contient ses sentiments].»(207) Selon Mu'min al-Chablanjî :
«Mûsâ al-Kâdhim, le meilleur adorateur et le plus Savant de son temps.»(208) Quant au fils de l'Imam Mûsâ, l'Imam 'Alî ibn Mûsâ al-Redhâ, il était l'égal de ses prédécesseurs et ascendants, dans la Science, la Piété et la Perfection de caractère. Il a succédé à son père à la Direction religieuse et à la charge de l'Imamat. Il avait atteint un tel degré de gloire et une telle position auprès des Musulmans que le calife abbasside, al-Ma'mûn, l'a nommé héritier présomptif, en dépit de l'hostilité et du conflit qui prévalaient entre les 'Alawites et les Abbassides. Comme ses prédécesseurs, l'Imam 'Alî al-Redhâ a fait l'objet des éloges des uléma, des faqîh et des philosophes dans leurs ouvrages.
Selon al-Wâqidî :
«Il était digne de confiance. Il promulguait des "Fatwâ" [décrets juridico-religieux] dans la Mosquée du Messager d'Allah alors qu'il avait à peine un peu plus de vingt ans. Il faisait partie de la huitième génération de Suivants(209) médinois.»(210) Al-Hâfidh al-Râzî a évoqué, dans son livre "Al-Jorh wal-Ta'dîl", l'Imam 'Alî al-Redhâ lorsqu'il parlait de son père l'Imam Mûsâ ibn Ja'far :
«Son fils 'Alî ibn Mûsâ se référait à lui lorsqu'il rapportait des hadith...» Mais le meilleur témoignage à son égard -et il est de loin le plus digne de foi, puisque venant d'une source des plus crédibles- émane de son père Mûsâ ibn Ja'far dont nous venons de découvrir les mérites scientifiques, la Piété et la Dévotion, et qui rappelait à ses autres fils les compétences de leur frère et les incitait à se référer à lui : «Votre frère 'Alî ibn Mûsâ est un Savant des Ahl Muhammad. Questionnez-le donc sur votre Religion, et apprenez par coeur ce qu'il vous dit.»(211) Le troisième Imam de ce groupe des Ahl-ul-Bayt, l'Imam al-Jawâd, ne diffère pas de ses prédécesseurs bénis et purifiés quant à son Savoir, sa Piété et sa Crainte révérencielle. Ecoutons à ce propos le témoignage de Sibt ibn al-Jawzî : «Muhammad al-Jawâd, c'est Muhammad ibn 'Alî ibn Mûsâ ibn Ja'far ibn Muhammad ibn 'Alî ibn al-Hussayn ibn 'Alî ibn Abî Tâlib. Son surnom est Abû 'Abdullâh, et il en a un autre, Abû Ja'far. Il est né en l'an 195 H. et décédé en 220. Il était sur la même Voie que son père en ce qui concerne la Crainte révérencielle, la Piété et la Générosité.» Muhammad ibn 'Ammar rapporte le témoignage suivant sur l'Imam al-Jawâd : «J'étais assis chez 'Alî ibn Ja'far ibn Muhammad(212) à Médine, où j'habitais depuis deux ans, pour enregistrer ce qu'il avait entendu de son frère -c'est-à-dire Mûsâ ibn Ja'far al-Kâdhim-, lorsqu'Abû Ja'far Muhammad ibn 'Alî al-Redhâ est entré dans la Mosquée du Messager d'Allah et que 'Alî ibn Ja'far s'est levé précipitamment et sans chaussures pour baiser sa main et le glorifier. Abû Ja'far lui a dit alors :
"O oncle ! Assieds-toi ! Qu'Allah t'entoure de Sa Miséricorde. - O mon Maître ! Comment pourrais-je me permettre de m'asseoir alors que tu es debout ?" répondit 'Alî ibn Ja'far. Lorsque 'Alî ibn Ja'far eut regagné sa place, ses amis le blâmèrent et lui dirent : "Comment ! Tu es l'oncle de son père, et tu te conduis ainsi avec lui !" 'Alî ibn Ja'far leur dit : "Taisez-vous ! Si Allah n'a pas voulu qualifier ce vieillard que je suis [à la dignité de l'Imamat] et qu'Il a choisi ce jeune homme et l'a désigné là où il se trouve, comment voulez-vous que je renie sa supériorité ? Je me protège auprès d'Allah contre ce que vous dites... Je suis son serviteur."»(213) Mahmûd ibn Wâheb al-Baghdâdî al-Hanafî a écrit, le décrivant : «Muhammad al-Jawâd ibn 'Alî al-Redhâ, surnommé Abû Ja'far (...) Il était l'héritier de son père par son Savoir et sa Vertu, et il était le meilleur de ses frères en compétence et en perfection...»(214)
Les trois derniers membres de la chaîne de transmission d'Ahl-ul-Bayt sont : 10- L'Imam 'Alî ibn Muhammad al-Hâdî. Il est né en 212 H. et est mort en Martyr en 254 H. 11- L'Imam al-Hassan ibn 'Alî al-'Askarî. Né en 232 H. et mort en Martyr en 260 H. 12- L'Imam Muhammad ibn al-Hassan al-Mahdî. Né en 255 H., et il est occulté selon les récits. Le premier de ces trois Imams, l'Imam 'Alî al-Hâdî, fils de l'Imam Muhammad al-Jawâd, fait lui aussi, comme ses grands-pères, l'unanimité quant à ses grandes Vertus, son Savoir et sa Piété. Il avait pour surnom Abû-l-Hassan al-'Askarî.
Selon Mu'min al-Chablanjî :
«Abû-l-Hassan al-'Askarî était l'héritier de son père en Science et en Générosité.»(215) Selon 'Abdul-Hayy ibn al-'Imâd al-Hanbalî :
«Abû-l-Hassan 'Alî fils de Muhammad fils de 'Alî al-Redhâ fils d'al-Kâdhim [Mûsâ], fils de Ja'far al-Çâdiq était un 'Alawite(216), Hussaynite(217), connu sous le surnom d'al-Hâdî (...) C'était un faqîh, un Imam et un Adorateur appliqué.»(218) Selon al-Hâfidh 'Imâd al-Dîn Abû-l-Fidâ' Ismâ'îl ibn 'Umar ibn Kathîr : «Quant à Abû-l-Hassan 'Alî al-Hâdî, il est le fils de Muhammad al-Jawâd, fils de 'Alî al-Redhâ, fils de Mûsâ al-Kâdhim, fils de Ja'far al-Çâdiq, fils de Muhammad al-Bâqir, fils de 'Alî Zayn al'Abidîn, fils du Martyr al-Hussayn, fils de 'Alî ibn Abî Tâlib. Il est l'un des douze Imams, et le père d'al-Hassan ibn 'Alî al-'Askarî. C'était un adorateur ascète. Al-Mutawakkil(219) l'avait transféré à Samarrâ' où il a résidé pendant vingt ans et quelques mois et où il est mort cette année-là [254 H.].»(220)
Yahyâ ibn Harthamah, que le calife abbasside, al-Mutawakkil, avait envoyé à Médine pour amener l'Imam à la ville de Samarrâ', témoigne : «Je suis allé à Médine. Lorsque je suis entré, les gens de cette ville se sont agités d'une façon sans précédent et ont provoqué un grand remue-ménage car ils craignaient pour la vie de 'Alî [al- Hâdî], qui était leur bienfaiteur et qui ne quittait pas la Mosquée et n'avait pas de penchant pour ce bas-monde. Je me suis mis à les calmer en leur jurant que je n'avais pas pour mission de lui faire du mal et qu'il n'y avait rien à craindre pour lui. Lorsque j'ai perquisitionné dans sa maison, je n'y ai trouvé que des copies du Coran, des livres de Supplications et des livres de Sciences. Ma considération pour lui n'a pu donc que grandir.»(221) Le deuxième de ce groupe, le onzième Imam d'Ahl-ul-Bayt, l'Imam al-Hassan al-'Askarî, fils de l'Imam 'Alî al-Hâdî, ne fait pas exception à la règle et jouit d'un crédit et d'une crédibilité aussi solides que ses prédécesseurs - en ce qui concerne son Savoir, sa Connaissance, sa Piété et son Combat sur le Chemin d'Allah- auprès des Savants et des hagiographes. Selon Chams al-Dîn Abû-l- Mudhaffar Yûsif ibn Farâghly -petit-fils d'Ibn al-Jawziyyah : «C'était un Savant digne de confiance, et il rapportait des hadith en citant son père qui citait son grand-père.»(222)
'Alî ibn al-Çabbâgh al-Mâlikî a dit de lui :
«Les Vertus léguées par notre Maître Abî Muhammad al-'Askarî montrent qu'il est le Noble généreux et le fils du Noble généreux. Personne ne doute de son Imamat, et personne ne le conteste. Sachez que s'il y a un acte généreux à vendre, c'est toujours quelqu'un d'autre qui le vend, et c'est lui qui l'achète. Il était incontestablement sans pareil en son temps, et avait des mérites qu'aucun autre ne pouvait lui disputer. Il était le Maître de son époque, et l'Imam de ses contemporains. Ses paroles sont judicieuses et ses actions louables...»(223) L'Imam al-Mahdî est le dernier des Imams d'Ahl-ul-Bayt. Aussi le Prophète a-t-il mis un soin particulier à l'annoncer, de son vivant, à le mettre en évidence, à souligner ses qualités et le rôle de première importance qu'il devra jouer dans la vie de l'humanité. En effet, le Messager d'Allah a dit :
«Les jours et les nuits ne prendront pas fin avant qu'Allah n'envoie un homme de ma Famille, dont le nom correspond au mien. Il remplira la terre de Justice et d'Equité autant qu'elle aura été remplie d'injustice et d'iniquité.»(224)
Le Prophète a dit également, d'après l'Imam 'Alî ibn Abî Tâlib : «Même s'il ne reste du Temps qu'un seul jour, Allah enverra un homme de ma Famille qui la [la terre] remplira de Justice autant qu'elle aura été remplie d'iniquité.» Ce dernier hadith est rapporté par Abû Dâwûd dans son "Musnad". Le même Abû Dâwûd, ainsi qu'al-Tirmithî, l'ont relaté selon la version suivante, qu'ils ont attribuée à Abî Sa'îd al-Khidrî, lequel a témoigné :
«J'ai entendu le Messager d'Allah dire :"Al-Mahdî est de moi. Il aura le front dégagé, le nez aquilin. Il plira la terre d'Equité et de Justice, comme elle aura été remplie d'iniquité et d'injustice."»
Et Abû DDâwûd d'ajouuter :
«Il régneera pendant ssept ans.»
Et, commmentant ce téémoignage, iil en a dit : ««C'est un haddith établi et sain.»(225) Les haditth rapportés par les tradiitionnistes dees différentees Ecoles jurridiques mussulmanes sonnt très nombbreux. Ils afffirment touss que le nom d'al-Mahdî est"Muhammmad", et qu'il est de la Famille ddu Prophète.
Ils ont diivergé seulemment sur la ddéterminationn de son ideentité. En touut état de cauuse, pour unee partie des Musulmanns, il est étabbli qu'il s'agitt bien de l'Immam Muhammmad fils d'aal-Hassan al-- 'Askarî, ffils de 'Alî all-Hâdî, fils dde Muhammmad al-Jawâdd, fils de 'Alî al-Redhâ, fifils de Mûsâ alKâdhim, fils de Ja'farr al-Çâdiq, ffils de Muhammmad al-Bââqir, fils de 'AAlî Zayn al--'Abidîn, fils du Martyr all-Hussayn, ffils de 'Alî ibbn Abî Tâlib, et qu'il est né à la mi-CCha'bân de l'aan 255 H. à Sarra Maan Ra'â, qu'ill est encore vvivant par laa Décision d''Allah, mais occulté, qu'il réapparaîttra - conforméément au haddith précité- à un momennt où la terree aura été remmplie d'injusstice et d'iniquitéé, afin d'y insstaurer la Juustice et l'Equuité, et que, enfin, 'Isâ (JJésus fils de Marie) priera derrière llui.
Comme oon a pu le reemarquer à trravers ce breef exposé surr la position élevée des IImams d'Ahll-ulBayt, ceuux-ci sont à ll'origine du FFiqh, du Haddith, du Tafsfsîr et des Sciiences de la Doctrine et de la
Chari'ah.
Puiser daans leur Ecolle et se référrer à eux, c'est avoir la ceertitude de nne pas s'écartter des vrais Enseigneements du Cooran et de laa Sunnah, doont ils sont lees Gardiens lles plus scruupuleux et les interprètees les plus coompétents.