Les Chiites et les sciences islamiques
Chapter1
Les Chiites
et
les sciences islamiques
Par
Le grand Marja‘ Ayatollah as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr L'auteur de «Ta’sîs ach-chi‘a li ‘ulûm al-islâm» Traduit par
La Fondation Amkanahullah
Dhul Qa‘ada Naṣrullah Amkanahullah
&
As-Sayyed Moncef Hamdi
Centre Mondiale d'Ahl-ul-Bayt (a.s.)
PREFACE
Le patrimoine légué par Ahl–ul–bayt (le Prophète et les membres immaculés de sa famille) et conservé par leurs fidèles partisans, est à juste titre une école pluridisciplinaire. Source intarissable de savoir, cette école n’a cessé de former des savants érudits capables d’assimiler les opinions des différents courants idéologiques et de répondre aux questions soulevées, tant en terre d’Islam qu’ailleurs. A l’instar d’Ahl–ul–bayt (a.s) et de leurs fidèles partisans qui ont su relever tous les défis, le Centre Mondial d’Ahl–ul–bayt s’est chargé d'éclairer et de défendre la vérité si longtemps occultée, tant par les maîtres des différentes écoles islamiques que par les ennemis de l’Islam.
Les ouvrages dont dispose l’école d’Ahl–ul–bayt témoignent d’une expérience tout à fait particulière dans le débat et la critique. Ils recèlent un capital de connaissances exemptes de préjugés et appuyées par des arguments logiques. Ces ouvrages adressent aux savants et intellectuels concernés des messages rationnels que les gens de bon sens admettent de bon gré. A ce riche patrimoine, viennent s’ajouter des livres plus récents recélant de nouvelles recherches. Certains d'entre eux ont été compilés par des chercheurs issus de l’école d’Ahl–ul–bayt et d’autres par des auteurs convertis à cette noble école. A une époque marquée par une ouverture d'esprit plus intense et un mélange croissant des populations, le Centre Mondial d’Ahl–ul–bayt s’est engagé à répandre le message d’Ahl–ul– bayt (a.s) à travers le monde en publiant tout ouvrage susceptible de guider les personnes en quête de vérité. Nous tenons à remercier tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet ouvrage, et nous demandons à Dieu
16 Les Chiites et les sciences islamiques
d’accorder sa miséricorde à Ayatollah as-Sayyed Ḥassan aṣ-
Ṣadr.
En réalisant ce travail, nous espérons avoir accompli une partie de notre devoir envers Dieu «qui a envoyé son Messager avec la guidée et la religion de vérité pour la faire triompher sur toute autre religion. Dieu suffit comme témoin»1
Le Centre Mondial d’Ahl–ul–bayt
1– «Sourate La Victoire», (s:48 / v:28)
NOTE DU TRADUCTEUR
Louanges à Allah le Seigneur de l'univers qui a créé l'homme et qui lui a enseigné ce qu'il ne connaissait pas. Que le salut et la paix d'Allah soient sur la meilleure des créatures, son Prophète Moḥammad, ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille ; et que la malédiction soit sur leurs ennemis ainsi que sur les ennemis de l'Islam, aussi bien humains que démons, jusqu'au jour dernier.
Le Saint Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur sa sainte et noble famille) a dit:
« ِﻦﯿﱢﺼﻟﺎِﺑ ْﻮَﻟ َو َﻢْﻠِﻌْﻟا اﻮُﺒُﻠْﻃ »
"Allez acquérir la science même jusqu'en Chine."1
Si la Chine représentait à l'époque la difficulté liée à la distance en plus de la durée du voyage, elle représentait également la difficulté liée à la langue chinoise elle-même réputée comme étant difficile à maîtriser.
Nous pouvons ainsi conclure que la distance et la barrière linguistique constituent deux facteurs majeurs à prendre en considération dans l'enseignement et dans l'apprentissage. Des milliers de personnes sont privées de connaissances, et par conséquent en proie à ce grand ennemi de l'humanité que constitue l'ignorance, parce qu'elles sont tout simplement incapables de surmonter ces deux énormes difficultés. Nous sommes convaincus que la traduction et la publication des ouvrages dans diverses langues constituent des moyens de choix pour surmonter les difficultés posées par la barrière linguistique et le déplacement.
Puisque la langue française se présente comme étant la langue la plus parlée dans le monde après la langue anglaise, et que l'espace francophone souffre d'une carence en manuels traduits
1. Al-‘Allâma al-Majlisi, biḥâr-ul-anwâr, Tome 1, page 177, Bâb 1: Farḍ-ul-‘Ilm wa wujûbu Ṭalabih…H.55.
18 Les Chiites et les sciences islamiques
en langue française, nous nous sommes résolus à rédiger, à sélectionner, à traduire et à publier une série d'ouvrages en version française, tout en espérant l'aide, la grâce ainsi que la satisfaction d'Allah.
Toutes nos œuvres sont dédiées exclusivement aux Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous) auprès de qui nous sollicitons l'intercession en faveur des nôtres. Nous profitons de cette occasion pour remercier profondément tous ceux qui auraient contribué à notre formation ou qui nous auraient autrement soutenus, et leur demandons sincèrement de pardonner notre médiocrité et de ne pas cesser de nous soutenir. Nous prions tous nos lecteurs d'excuser toute imperfection qui se serait glissée dans cette œuvre et leur demandons de daigner nous faire parvenir leurs remarques et suggestions afin de nous faire profiter de leur expérience: O Seigneur, accepte cette œuvre de notre part! Car c'est Toi qui écoutes, l'Omniscient.
O Seigneur, nous te demandons de nous pardonner pour toute imperfection! Car c'est toi qui connais le plus. O Seigneur, accrois-nous en savoir ainsi qu'en sagesse. Car notre réussite ne dépend que de Toi. C'est en Toi que nous plaçons toute notre confiance.
Au nom de Fâṭima, de son père, de son mari et de ses enfants (Que la paix soit sur eux tous).
Louanges à Allah, Seigneur de l'univers! C'est Lui qui connaît le plus!
Humblement vôtre
Fondation
Amkanahullah
Kmdnasr@yahoo.fr
Kmdnasr@hotmail.com
PREFACE DU DR. SULEYMAN DUNYA
Professeur de philosophie à la faculté des dogmes religieux de l'Université d'al-Azhar en Egypte
Louanges à Allah, Seigneur des mondes. Que le salut et la paix soient sur le messager d'Allah, la plus noble de toutes les créatures, sur les membres de sa famille les bons et les purs ainsi que sur la totalité de ses compagnons. Il y a quelques années nous avons eu l'honneur de publier une petite brochure intitulée «bayna ach-chi‘a wa ahl-is-sunna» sur laquelle nous avions beaucoup misé pour le rapprochement entre les fidèles musulmans de la tendance Chiite et ceux de la tendance Sunnite pour un début de fraternisation et d'amour afin de parer à la division et aux discordes créées par les ennemis qui voulaient à tout prix les séparer les uns des autres. Nous y avions également invité aussi bien les fidèles chiites que sunnite à faire chacun un effort pour tolérer l'opinion de l'autre et de le considérer comme étant un savant à la quête de la vérité, un savant vraiment convaincu que seule la voie de la vérité mérite d'être suivie.
Et nous avions dit: Etant donné que nous avons hérité de notre bon ascendant du principe qui insiste sur la nécessité de rechercher la vérité où qu'elle se trouve, un principe qui souligne également le fait que l'acquisition de la sagesse est l'objectif même du croyant, ce dernier doit fatalement l'adopter ; et cela même si elle sort de la bouche d'un incrédule. Ce principe prouve aussi que l'homme intelligent ne reconnaît pas la vérité en fonction de son auteur, mais plutôt en fonction des preuves et des arguments. Une fois que la vérité devient évidente, elle nous permettra d'évaluer les gens afin de reconnaître ses partisans, ceux qui sont des véridiques. Il est vraiment indispensable pour notre génération de se cramponner fermement à la vérité, de s'y conformer, de s'engager à y inciter
20 Les Chiites et les sciences islamiques
les gens et s'accorder sur d'elle sans tenir compte de la personne qui nous y aurait invités et qui nous l'aurait communiquée. Il est évident pour tout homme sensé que n'importe quelle matière ambiguë sur laquelle on n'a pas de connaissance sûre et précise sera toujours sujet de divergence d'avis et d'opinion. Tout comme il est également évident que chaque chercheur doit nécessairement respecter l'avis ainsi que l'opinion des autres lorsqu'il s'agit des sujets ambigus et équivoques qui font l'objet d'une controverse. Ils peuvent d'ailleurs se contredirent tout en étant amis, camarades ou autrement liés intimement. Que la grâce d'Allah soit sur celui qui avait déclaré: «La divergence d'opinion ne peut en aucun cas causer la rupture des liens affectifs.»
L'Islam propage toujours le message d'indulgence et de douceur. Allah -Gloire à Lui- a dit: (Appelle les hommes dans le chemin de ton Seigneur, par la sagesse ainsi que par une 1
bonne exhortation et discute avec eux de la meilleure manière.) Si tout être humain veut à tout prix jouir de sa liberté d'opinion et d'expression, il n'est pas du tout commode ni logique d'en priver les autres.
Les fidèles musulmans doivent être fiers du fait qu'ils se soient tous mis d'accord au sujet des dogmes de leur religion, et l'unicité d'Allah est vraiment plus sacrée et plus importante pour eux.
Il en est de même pour la croyance à la résurrection ainsi que l'admission de la prophétie, son importance et son accomplissement par le plus honorable et le plus noble des descendants d'Adam qui n'est d'autre que le Saint Prophète Moḥammad Ibn ‘Abdullâh (Que le salut et la paix d'Allah soient sur lui ainsi que sur sa sainte et noble famille).
1. Le saint Coran, Sourate an-Naḥl (Les abeilles), verset 125.
Les fidèles musulmans se sont également tous accordés sur l'authenticité du saint Coran en plus de la vraie tradition prophétique.
Tous ces fondements occupent vraiment une place de choix tout au fond des cœurs des fidèles musulmans à la différence de n'importe quelle autre religion.
Nous avions dit tout cela en plus d'autres choses dans notre petite brochure intitulée «bayna ach-chi‘a wa ahl-is-sunna» bien que nous n'eussions pas pu dire tout ce que nous aurions vraiment aimé exprimer, et cela à cause des conditions relatives à l'édition et à la publication des livres à l'époque. Nous sommes vraiment heureux d'avoir eu l'honneur de présenter aux honorables lecteurs le présent livre intitulé «achchi‘a wa funûn-ul-islâm» (les chiites et les sciences islamiques) dans lequel l'auteur, l'Honorable as-Sayyed Ḥassan Abû Moḥammad, a pris curieusement une position qui peut sembler on ne peut plus bizarre aux yeux des fidèles sunnites. Nous aurions vraiment souhaité étudier personnellement ce livre en toute objectivité afin de relever les preuves et les arguments sur lesquels s'appuie le jugement émis par l'auteur. Nous nous sommes cependant rendu vite compte combien cette affaire nous dépasse largement étant donné que le vénérable auteur (Qu'Allah soit satisfait de lui) était si hautement compétent et tellement bien informé vu qu'il possédait une quantité assez importante et suffisante de connaissances islamiques en plus d'une certaine connaissance de la littérature arabe qu'il avait d'ailleurs largement et suffisamment exploitées avec beaucoup de maîtrise. Il en connaissait apparemment les moindres détails et secrets, l'origine ainsi que l'évolution. Cette affaire nécessite ainsi de regrouper à la fois plusieurs spécialistes dans ces différents domaines afin de voir chacun entamer uniquement les recherches ayant trait à sa propre spécialité pour pouvoir approuver ou contredire avec toute objectivité cet illustre auteur.
22 Les Chiites et les sciences islamiques
Si nous n'avons pas pu présenter correctement les sujets abordés par l'auteur dans ce livre, c'est tout simplement parce que nous préférons laisser cette tâche aux spécialistes à qui nous demandons d'analyser ce livre avec le maximum de respect. Nous ne manquerons pas cependant de dire un mot qui n'est autre que la suite de ce que nous avons déjà dit dans notre propre livre intitulé «bayna ach-chi‘a wa ahl-is-Sunna» à propos du rapprochement entre les fidèles musulmans de la tendance Chiite et ceux de la tendance Sunnite, à savoir que l'auteur déclare que ce sont les Chiites qui étaient les premiers à fonder les disciplines islamiques et arabes. Il présente des preuves tangibles et avance des arguments convaincants pour soutenir et justifier sa déclaration. Ce livre essaie en tout cas d'expliciter cette déclaration tout en développant les preuves ainsi que les arguments de son auteur. Les gens se sont divisés en deux groupes par rapport à cette déclaration:
D'une part les étudiants: Ceux-ci ne donnent pas du tout de l'importance au fondateur d'une discipline quelconque, mais considèrent plutôt la discipline elle-même. Ils sont ainsi carrément indifférents quant aux fondateurs desdites disciplines, œuvres des chiites ou des sunnites voire des deux à la fois soient-elles. Et d'autre part, nous avons les éminents savants: Ceux-ci, au contraire, s'intéressent à la fois aux disciplines elles-mêmes et à leurs fondateurs en plus de leur développement. Les sciences ont, autant que les illustres personnages, une origine ainsi qu'une histoire, et, comme les humains, une naissance et un développement. Ce qui leur offre aussi la nécessité d'avoir une histoire, autrement dit, une biographie.
Nous nous adressons à ce deuxième groupe en disant: Ce livre intitulé «les chiites et les sciences islamiques» constitue un effort digne d'éloges dans l'accomplissement d'une tranche de la lourde responsabilité assumée par les Savants de l'Islam, à
savoir: L'histoire des disciplines islamiques ainsi que celle de toutes les autres disciplines auxiliaires. Ce grand effort mérite en tout cas d'être loué sans aucune forme de mépris ni de dédain. Il n'est pas du tout commode de dire par exemple que ce livre a été écrit sur base de fanatisme ou de rivalité voire de n'importe quel autre prétexte avancé par certaines gens afin de s'épargner la peine causée par la recherche et l'étude. En effet, il n'est pas du tout correct de faire de telles déclarations, car il n'y a absolument rien à voir avec le fanatisme ni avec la rivalité puisque les fidèles Chiites aussi bien que les fidèles Sunnites sont indiscutablement tous des musulmans. La divergence entre eux se situe tout juste dans des sujets secondaires et pas du tout fondamentaux. Ainsi, Ils sont tous des frères musulmans. Et le devancement des savants chiites dans certaines disciplines n'est qu'une simple avance d'un fidèle musulman sur son frère musulman. Si cet aspect des choses engendre une certaine concurrence, elle ne peut en aucun cas finir par une querelle ni par une inimitié.
D'où, il n'y a plus que l'une des deux alternatives suivantes: Soit nous saluons carrément avec révérence l'effort fournit par l'honorable auteur ainsi que les résultats obtenus, ou alors, nous fournissons un effort comparable au sien à titre de concurrence afin de présenter des résultats valables fondés sur des preuves tangibles et acceptables.
Quant à nous, nous invoquons de notre part Allah (Gloire à Lui) afin qu'il purifie les âmes des fidèles musulmans de toute forme de haine et les remplisse d'amour, de bienveillance et d'esprit de fraternité. Qu'Allah rende aux fidèles musulmans leur unité perdue, qu'il leur fasse comprendre leur religion, qu'il leur montre l'aboutissement de leur entreprise, qu'il leur fasse suivre le vrai chemin de l'Islam aussi bien dans leur vie intime que dans toutes leurs affaires afin qu'ils propagent leur religion à l'humanité toute entière en s'appuyant sur sa beauté, sur sa perfection et sur sa nécessité pour l'humanité.
24 Les Chiites et les sciences islamiques
Nous profitons de cette occasion pour parler d'un exploit glorieux dont chacun de nous a le droit d'être fier. Il s'agit en l'occurrence des livres écrits par l'honorable asSayyed Moḥammad Bâqir aṣ-Ṣadr intitulés respectivement «falsafatuna» (Notre philosophie) et «iqtiṣâduna» (Notre économie). Nous ne croyons pas que nous soyons capables de produire à notre époque des livres ayant la même valeur. Ces livres représentent en tout cas la foi islamique ainsi que son système des relations sociales d'une façon tellement extraordinaire en supplantant toutes les théories dont s'enorgueillissent les mécréants occidentaux ainsi que leurs adeptes vis-à-vis de l'Islam.
Nous invitons tous ceux qui sont influencés par des avis étrangers à lire ces livres. Ils purifieront sûrement leur esprit de toute idée fausse jusqu'à le disposer à adopter la vérité. Ces livres vont certainement les aider à discerner la lumière de l'existence après avoir été égarés dans l'abîme du néant. Ils recouvreront ainsi leur identité après l'avoir totalement perdue. Nous lançons un vif appel à tous les jeunes musulmans dupés par la civilisation mensongère matérialiste de lire spécialement ces deux livres de haute valeur. Et d'ailleurs, auront-ils vraiment l'occasion de les lire étant donné qu'ils s'occupent beaucoup plus des plaisanteries au lieu des choses sérieuses, et du faux au lieu du vrai ; tout simplement parce que la plaisanterie et le faux se sont très profondément ancrés dans leurs esprits ainsi que dans leurs cœurs et les ont carrément précipités dans la distraction au détriment du sérieux et du vrai. Que les honorables enseignants prennent connaissance de ce genre de livres et s'y réfèrent à tout prix afin de redresser les comportements indécents et les sentiments obscurs des personnes encore récupérables nécessitant une renaissance. Nous ne pourrons terminer sans avoir à remercier notre honorable frère as-Sayyed al-Mortaḍâ Raḍaoui, le propriétaire de la bibliothèque «an-Najâḥ» à Nadjaf al-Ashraf en république d'Iraq pour ses énormes efforts dans la propagation de la science et la présentation des trésors scientifiques ainsi que pour cette occasion qu'il m'a offert en nous faisant découvrir ce livre intitulé «ach-chi‘atu wa funûn-ul-islâm» (Les Chiites et les disciplines islamiques). Et nous croyons que ce document sera sûrement objet d'études vraiment intéressantes de la part des savants et chercheurs lorsque l'occasion leur en sera offerte.
Suleyman Dunya
Professeur de philosophie
Faculté des fondements religieux
Université d'al-Azhar, Caire, Egypte
Le 20 ramaḍan 1386/ le 01-01-196
BIOGRAPHIE DE L'AUTEUR
Par
Son excellence Ayatollah le combattant
as-Sayyed ‘Abdul-Ḥussein Charaf-ud-dîn
(Qu'Allah le sanctifie)
1. Sa naissance et son enfance
As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Qu'Allah le sanctifie) est né le vendredi 29 du mois sacré de Ramadan de l'an 1272 de l'Hégire à midi dans la ville sainte de Kâẓimayn1 (Que la paix soit sur eux tous). Il eut de la chance de naître au sein d'une famille aussi bénie que sage et considérée parmi les meilleures. Son père s'était investi pour lui offrir une éducation parfaite. Il lui enseigna la littérature dès son enfance et, à l'âge de quinze ans, il maîtrisait parfaitement la grammaire, la morphologie arabe, l'élocution, la rhétorique et il se débrouillait brillamment en logique.
Il apprit toutes ces sciences auprès d'illustres et éminents maîtres de la ville de Kâẓimayn2 choisis soigneusement par son propre père qui l'aida d'ailleurs énormément pour les maîtriser convenablement. Son Excellence tentait déjà dès son enfance de se perfectionner. Il se distingua nettement de ses collègues par ses qualités scientifiques superbes. A l'âge de dix huit ans, il avait déjà fini avec succès les études de Fiqh (Fiqh) et des Oṣûl-ul-fiqh (fondements du Fiqh) auprès de son propre père. Il était devenu tellement célèbre que tout le monde parlait de ses compétences extraordinaires. Il était connu pour sa haute sagesse, pour sa grande capacité de raisonnement, pour sa conduite irréprochable ainsi que pour sa beauté en plus
1. Il s'agit de la sainte ville qui abrite le mausolée de l'Imam al-Kâẓim et l'Imam an-Naqi, respectivement le septième Imam et le neuvième Imam des Chiites (Que la paix soit sur eux tous). 2. De grands savants à l'instar de Cheikh al-‘Allâma Bâqir Ibn Ḥujjat al-Islam Moḥammad Ḥassan Âl-Yacîne et ach-Charîf al-‘Allâma asSayyed Bâqir Ibn al-Muqaddas as-Sayyed Ḥaydar comme maître de
Ṣarf (la morphologie arabe) et de Naḥw (la grammaire arabe). Le Cheikh al-‘Allâma Aḥmad al-‘Aṭṭâr comme maître d'élocution et de rhétorique. Le Cheikh Moḥammad Ibn al-Hâjj Kâẓim ainsi que Mirzâ Bâqir as-Salmâssi comme maître de logique.
de sa droiture. Il incarnait le modèle même de la jeunesse quant à son éthique et ses mœurs.
2. Son voyage à Nadjaf al-Ashraf
Nadjaf al-Ashraf était devenu une cité de savoir ainsi que la passion des savants depuis que son éminence le chef de l'école chiite, le Cheikh l'imam Abû Ja‘far Moḥammad Ibn Ḥassan aṭ-
Ṭûsi y avait immigré en l'an 448 de l'Hégire. Et jusqu'à nos jours, Nadjaf ne cesse d'être reconnue comme étant une mine de connaissances divines et même comme étant la cité de toutes les sciences ainsi que tous les arts. Aujourd'hui, Nadjaf est devenue la capitale de la religion islamique, et plus particulièrement celle de la tendance chiite, ainsi que la grande université vers laquelle accourent les éminents savants. C'est aussi un grand centre commercial de livres aux échanges intellectuels très intenses d'où sont sortis des milliers d'écrivains parmi les savants et les hautes personnalités qui ont inondé le monde de la science et de la guidance, et qui se sont éparpillés sur toute l'étendue de la terre comme des astres célestes en tant que annonciateurs et avertisseurs au même rang que les prophètes israélites. Et Son Excellence, as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Qu'Allah le sanctifie) était l'un de ces astres rayonnants et l'une de ces lampes brillantes. Il s'était rendu à Nadjaf sous l'ordre de son honorable père en l'an 1290 de l'Hégire afin de développer ses connaissances. Il s'était totalement consacré à l'apprentissage de Fiqh (la jurisprudence) et des Oṣûl-ul-fiqh (Fondements du Fiqh) chiites auprès de grands savants musulmans de l'époque. Il a étudié la philosophie et la théologie auprès de Mawlâ Cheikh Moḥammad Bâqir Chaki jusqu'à la mort de ce dernier. Après la mort de son maître, il put parachever ces deux sciences auprès des Cheikhs Moḥammad-Taqi Golpâygani et ‘Abdun-Nabi aṭ-Ṭabarsi. Il est resté longtemps à Nadjaf afin de
30 Les Chiites et les sciences islamiques
compléter l'apprentissage de différentes sciences auprès de grands savants pour pouvoir à son tour les enseigner aux autres. Durant son séjour à Nadjaf, il avait reparti son temps entre les conférences, l'enseignement, la rédaction des livres et les débats avec les autres savants jusqu'à ce qu'il quittât la ville de Nadjaf pour la ville de Samarra. Ses maîtres l'avaient loué et félicité pour sa compétence tout en confirmant son titre de Mujtahid1. Ce qui prouva qu'il avait alors atteint le degré d'Ijtihâd.
3. Son voyage à Samarra
Lorsque l'imam ach-Chirâzi, le chef des Chiites de l'époque et le rénovateur de la loi divine, avait quitté la ville de Nadjaf alAshraf pour la ville de Samarra en l'an 1291 de l'Hégire, l'élite de son école l'avait suivi de toute diligemment. Ils se sont regroupés tout autour de lui à la manière d'un amas de pléiades ou celle d'un anneau d'un éventail incapable de distinguer ses propres extrémités. Ils s'adonnèrent corps et âme et persistèrent minutieusement dans les recherches matin et soir, et nuit et jour sans se lasser. Et d'ailleurs comment auraient –ils pu relâcher ou se lasser pendant que Dieu avait déjà soufflé en eux son saint esprit afin d'affiner leur caractère, aiguiser leur intellect et disposer leurs cœurs à l'acquisition de la science renforcée par sa mise en pratique. Leurs oreilles ainsi que leurs cœurs étaient très attentifs, assimilant toute la sagesse et la science. La science s'était tellement développée à Samarra qu'elle était devenue plus célèbre que tous les autres milieux scientifiques. Sa célébrité était due au fait d'avoir produit toute une multitude de hautes personnalités et de savants dans le domaine religieux. Et as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr était l'un de ceux qui avaient forgé cette renommée.
Son excellence, as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Qu'Allah le sanctifie) était arrivé dans la ville de Samarra en l'an 1297 de
1. Quelqu'un qui déduit les principes juridiques à partir de leurs preuves détaillées.
l'Hégire après avoir quitté la ville de Nadjaf afin de profiter de la science ainsi que des connaissances de ce grand imam rénovateur de l'Islam. Il s'était concentré sur ses études ainsi que tous ses autres collègues en s'investissant totalement dans la recherche en profitant largement de tout leur temps. Imam ach-Chirâzi de son coté misait beaucoup sur as-Sayyed aṣ-Ṣadr dans l'espoir d'en faire un grand savant. Ce dernier put d'ailleurs largement prouver qu'il était à la hauteur de ses espérances.
As-Sayyed aṣ-Ṣadr avait tissé avec tous les autres étudiants des relations fraternelles fondées sur l'amour, la loyauté et la solidarité. Ils se présentaient dès le matin chez leur maître et s'adonnaient entièrement aux études, aux analyses ainsi qu'aux recherches afin de maîtriser les fondements ainsi que les différentes branches de la science. Ils étaient toujours soit occupés par les cours auprès de leur maître soit en train de discuter entre eux pour l'assimilation. Ces débats scientifiques étaient sous la forme d'un concours entre les étudiants d'une même promotion. Cependant, il arrivait que ces débats s'effectuent, comme c'était le cas d'asSayyed aṣ-Ṣadr, entre les étudiants des niveaux différents. Son excellence, as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Qu'Allah le sanctifie) avait passé dix sept ans à Samarra au cours desquels il put beaucoup profiter de son maître sans jamais gaspiller son temps. Il put ainsi profiter de l'expérience de grands savants de la tendance imâmite dans le but de parfaire ses méthodes de recherche. Car il était à la recherche de la meilleure méthode pour déduire les principes juridiques conformément à ce qu'a dit le saint Coran:
32 Les Chiites et les sciences islamiques
«Ceux qui écoutent la parole et qui obéissent à ce qu'elle contient de meilleur. Voilà ceux qu'Allah a guidés! Voilà ceux qui sont doués d'intelligence!»1
As-Sayyed aṣ-Ṣadr avait reparti son temps entre les conférences de son maître, les débats avec ses collègues, les conférences devant ses étudiants, la rédaction de ses livres et l'adoration de son seigneur. Il discutait et révisait régulièrement avec l'imam et chercheur Muqaddas, Mirzâ Moḥammad-Taqi ach-Chirâzi en toute particularité, et cela pendant douze ans.2 As-Sayyed est resté dans la ville de Samarra et s'est investi corps et âme dans les études et le travail jusqu'à ce qu'il retournât à Kâẓimayn, sa ville natale, deux ans après la mort de son maître.
4. Un petit mot sur son maître3
Son maître était l'imam rénovateur4 Ḥujjat-ul-Islam1 as-Sayyed Chérif Mirzâ Moḥammad Ḥassan Ibn Mirzâ Maḥmûd Ibn
1. Le saint Coran, Sourate az-Zumar (Les groupes), verset 18. 2. Dans la biographie de Qa’âni, le vénéré Cheikh ‘Abbâs Qumi a écrit à la page 36 du Tome 3 de son livre intitulé «al-kunâ walalqâb»: En l'an 1310 de l'Hégire, pendant que je poursuivais mes études dans la ville de Samarra, je voyais quotidiennement Muqaddas Mirzâ Moḥammad-Taqi ach-Chirâzi venir très tôt le matin à la maison d'as-Sayyed aṣ-Ṣadr pour discuter et revoir les cours avec lui avant d'aller enseigner tous ses étudiants qui étaient d'ailleurs tous déjà de grands savants.
3. Son maître, Mirzâ (Qu'Allah l'élève) était aussi éblouissant que le soleil du matin. En effet, le soleil est connu par sa propre quiddité ainsi que pour son effet sur les êtres vivants. Cheikh était alors tellement connu qu'il n'avait plus besoin d'une quelconque présentation. Nous serions incapables de donner toutes ses qualités autant que pour le soleil. Ce petit mot sur lui est juste un honneur pour nous et une quête de bénédiction, pas plus. 4. Les Musulmans s'accordent qu'Allah le Très-Haut prévoit un rénovateur au début de chaque siècle avec comme mission de rénover leur religion et de la protéger. Ceci est rapporté par Abû Dâwûd dans
Mirzâ Ismâ‘îl al-Ḥusseini ach-Chirâzi. Il appartenait à une noble et honorable famille de Chiraz. Il est né le 15 du mois Joumada al-awwal 1230 de l'Hégire dans la ville de Chiraz où il a commencé ses études primaires avant d'aller dans la ville de Ispahan à l'époque des deux Chérifs alMûsawi, à savoir as-Sayyed Moḥammad Bâqir ar-Rachti et asSayyed aṣ-Ṣadr al-‘Amili. Il eut la chance d'y poursuivre ses études auprès d'éminents maîtres avec assiduité avant d'aller à Nadjaf en l'an 1259 de l'Hégire2. Il s'était entièrement consacré aux études jusqu'à atteindre le degré de l'Ijtihâd 3 absolu
son Ṣaḥîḥ. Selon ce hadith, le Prophète Moḥammad (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) a dit : « Allah le Très-Haut enverra à cette communauté un rénovateur au début de chaque siècle pour rénover sa religion ». Ibn Athîr a également mentionné ce même hadith dans son livre intitulé «Jâmi‘ al-uṣûl fi aḥâdîth-ir-rasûl » et plus précisément dans la partie réservée à la prophétie. Et en guise de commentaire, il a énuméré un certain nombre de rénovateurs parmi lesquels nous retrouvons curieusement des rénovateurs chiites. Et en tête des rénovateurs chiites, il a cité : Moḥammad Ibn ‘Ali al-Bâqir (Que la paix soit sur lui) pour le premier siècle, ‘Ali Ibn Mûssâ ar-Réḍâ (Que la paix soit sur lui) pour le deuxième siècle, Abû Ja‘far Moḥammad Ibn Ya‘qûb al-Kuleyni pour le troisième siècle et Murtaḍâ al-Mûsawi pour le quatrième siècle. Je me suis dit : Apparemment le phénomène « Rénovateur » est une réalité tout à fait évidente. Voilà pourquoi on peut considérer également ce grand guide et Imam comme étant le rénovateur de ce début du quatorzième siècle étant donné sa capacité. 1. Ḥujjat al-Islam c'est la preuve vivante de l'Islam. as-Sayyed achCharîf Mirzâ Moḥammad Ḥassan Ibn Mirzâ Maḥmûd Ibn Mirzâ Ismâ‘îl al-Ḥusseini ach-Chirâzi est le premier à avoir accédé à ce titre en Iraq et il le méritait largement, et mieux que cela d'ailleurs. 2. Tels que le chercheur al-‘Allâma as-Sayyed ach-Charîf Ḥassan alMudarris, le chercheur al-‘Allâma Cheikh Moḥammad Ibrâhim Ibn Moḥammad Ḥassan al-Kalbâsi et tant d'autres encore. 3. Le terme « Ijtihâd » en terminologie islamique désigne la capacité de déduire les principes légaux directement à partir de différentes sources de références.
34 Les Chiites et les sciences islamiques
confirmé 1 par son maître, l'auteur du livre intitulé «aljawâhir».
A Nadjaf, il travailla aux côtés de l'imam des chercheurs, le Cheikh al-Mortaḍâ al-Anṣâri jusqu'à la mort de ce dernier. Après la mort du Cheikh al-Mortaḍâ al-Anṣâri, les gens s'étaient retrouvés dans l'incapacité de se choisir un nouveau Marja‘ jusqu'à ce que de grands savants2 de l'époque optassent à l'unanimité pour la personne d'as-Sayyed Chérif Mirzâ Moḥammad Ḥassan Ibn Mirzâ Maḥmûd Ibn Mirzâ Ismâ‘îl alḤusseini ach-Chirâzi de tous les élèves du défunt maître. En l'an 1288 de l'Hégire, as-Sayyed ach-Chirâzi accomplit le pèlerinage de la ville sainte de la Mecque et eut également l'honneur de visiter la ville sainte de Médine, la ville du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille). En l'an 1291 de l'Hégire, il a immigré pour la ville de Samarra où il décida de passer le reste de ses jours ainsi qu'un grand nombre de ses compagnons. Ce qui ouvrit les portes de la ville de Samarra à toute personne qui voulait étudier les sciences religieuses. Un très grand nombre de savants3 eurent la chance
1. L'auteur de « al-jawâhir » avait envoyé un message à un certain nombre d'autorités en Iran pour confirmer l'Ijtihâd d'as-Sayyed achCharîf Mirzâ Moḥammad Ḥassan Ibn Mirzâ Maḥmûd Ibn Mirzâ Ismâ‘îl al-Ḥusseini.
2. Nous pouvons citer d'illustres personnages à l'instar de Mirzâ
Ḥassan Achtiani, Mirzâ Habibullah Rachti, Cheikh ‘Abdallah Ibn ‘Ali Ni‘mat al-‘Amili Jab‘i, Cheikh Ja‘far Chuchtari, Aqâ Ḥassan Tehrani, Mirzâ ‘Abdur-Raḥim Nahâwandi et tant d'autres encore qu'Allah le Très-Haut soit satisfait d'eux tous.
3. Nous pouvons citer le cas de son propre cousin as-Sayyed Mirzâ Ismâ‘îl al-Ḥusseini ach-Chirâzi, as-Sayyed Ismâ‘îl aṣ-Ṣadr al-Mûsawi al-‘Amili, as-Sayyed Moḥammad al-Ḥusseini al-Ficharaki al-Isfahâni, as-Sayyed Kâẓim al-Ḥusseini aṭ-Ṭabâtabâyî al-Yazdi, as-Sayyed
Ḥassan Ibn as-Sayyed Hâdi aṣ-Ṣadr al-Mûsawi al-‘Âmili al-Kâẓimi
d'étudier dans son école jusqu'à être rconnus «Eminents savants».
Ces étudiants à leur tour ont pu propager la science de leur maître du haut des chaires ou en écrivant des livres de haute qualité. Qu'Allah (Très-Haut) les récompense eux tous ainsi que leur maître pour nous avoir tant rendu service. Le titre de «Marja‘» fut accordé à ce grand imam Hachémite étant donné qu'il disposait d'un bagage intellectuel assez fourni, de la sagesse en plus de la confiance de toute sa communauté. Cette dernière l'avait entièrement accepté comme Marja‘ tout en l'adoptant également comme un père aussi clément. Quant à lui, il fut le sage maître de la religion islamique et de l'école Chiite qui émet son avis pour les servir et investit tout son cœur pour leur protection. Il était doté d'une grande intelligence, de bonnes mœurs et d'un grand cœur. Il était généreux, ascète visà-vis de la vie terrestre et vraiment attaché à la vie de l'au-delà. Il fut un guide suprême digne de respect, et même de la part des tyrans.
Il suffit pour cela de citer l'incident du tabac, lorsque la Grande Bretagne avait exigé au gouvernement Iranien de produire du
l'auteur de ce livre, as-Sayyed ‘Abdul-Majîd al-Ḥusseini Karûsi, asSayyed Ibrâhim ad-Dâmaghâni ad-Durûdi, Aqâ Mir as-Sayyed alḤussein al-Qumi, Mirzâ Moḥammad-Taqi ach-Chirâzi, Akhond Cheikh Molla Kâẓim al-Khorâsani, Cheikh Aqâ Riẓa al-Hamadâni, Cheikh Mirzâ Ḥussein an-Nûri, Cheikh Faḍlullah Chahîd an-Nûri aṭ-
Ṭehrâni, Cheikh Mollâ Fatḥ ‘Ali as-Sulṭân Abâdi, Cheikh Ḥassan ‘Ali aṭ-Ṭehrâni, Cheikh Mirzâ Ibrâhim ach-Chirâzi, Mawlâ ‘Ali anNahâwandi, Cheikh Ismâ‘îl at-Tarchizi, Cheikh Mirzâ Abul-Faḍl aṭ-
Ṭehrâni, Cheikh Mirzâ Ḥussein as-Sabzawâri, Mawlâ Cheikh Moḥammad-Taqi al-Qumi, Cheikh Ḥassan Karbalâi, Mirzâ alḤussein Nâîni ainsi que tant d'autres savants de la même trempe dont les œuvres, et les élèves prouvent largement la valeur et les mérites. Leur maître a pu les éduquer avec le plus de soin possible. Qu'Allah le Très-Haut l'en récompense grandement autant que pour les services rendus à l'Islam et à tous les musulmans.
36 Les Chiites et les sciences islamiques
tabac à l'époque du Sulṭân Naṣiriddîn Châh Qâjâr. Craignant pour l'indépendance de l'Iran, l'imam ach-Chirâzi avait émis une fatwâ interdisant la consommation du tabac tout en manifestant sa colère contre les deux gouvernements, iranien et britannique, pour un tel accord. Cette fatwâ avait alors soulevé le peuple iranien contre l'autorité et l'avait décidé de ne plus consommer du tabac de la même manière que les hommes pieux évitent le vin, comme s'il s'agissait d'un vin illicite. Les deux gouvernements étaient alors obligés d'annuler ledit accord malgré la lourdeur des conséquences. Allah a renvoyé les incrédules avec leur rage ; ils n'acquerront jamais aucun bien. Allah a épargné aux croyants le combat ; Allah est fort et puissant1.
Cet exploit s'était répandu partout dans le monde, ce qui ouvrit la porte des richesses à ce grand Imam. Toutefois, son ascétisme l'empêchait de garder toutes ces richesses pour lui, il privilégiait plutôt l'intérêt de la communauté2. As-Sayyed ach-Chirâzi (Qu'Allah le Très-Haut soit satisfait de lui) ne donnait beaucoup plus la priorité à deux types de personne lors de la distribution des biens en sa possession: D'une part, il y avait les savants, afin de les mettre à l'abri des besoins et leur permettre ainsi de propager tranquillement leur
1. Après l'annulation de l'accord entre les deux gouvernements pour la production du tabac, L'Imam ach-Chirâzi avait déclaré que son interdiction du tabac était seulement circonstancielle et non absolue et qu'étant donné que la cause avait été écartée, le tabac redevenait par conséquent carrément licite. Ce qui offrit aux gens la possibilité d'utiliser le tabac comme d'habitude. 2. Il y a entre autre la construction des écoles et des mosquées. En effet, il avait dépensé une somme colossale pour la construction de deux grandes écoles dans la ville de Samarra. Il avait également dépensé plus de dix mille pièces d'or Ottomane pour la construction d'un pont sur le fleuve Tigre. Cependant, lorsque le gouvernement Ottomane en avait la charge, il l'avait détruit complètement. De nos jours il n'en reste plus aucune trace ni vestige.
science, d'inciter à la vérité et d'appeler les gens au droit chemin.
En d'autre part, il y avait les pauvres, les nécessiteux ainsi que les orphelins et les endettés en plus des voyageurs chiites qu'il pouvait atteindre à travers le monde. Les membres des deux groupes précités qui résidaient dans la ville de Samarra étaient tous sous sa protection. Quant à ceux qui se trouvaient en dehors de Samarra, ils avaient un salaire mensuel perçu sur les richesses provenant de différentes contrées qu'il leur faisait parvenir partout où ils se trouvaient. Ceux qui avaient l'honneur de débarquer chez lui recevaient des dons et étaient comblés de ses bienfaits, ce qui engendrait encore plus de gratitude de la part des gens. Nous avons eu la chance de vivre auprès de l'imam ach-Chirâzi (Qu'Allah élève son rang) au cours de notre voyage d'études dans la ville de Samarra en l'an 1310 de l'Hégire. A cette époque, l'imam jouissait déjà de beaucoup d'estime et la vie lui souriait. Son degré de savoir ainsi que sa piété témoignaient largement que c'était l'homme tant attendu. Son domicile était toujours peuplé et inondé par ses proches compagnons, et ils étaient tous vraiment attachés à leur communauté. Nous étions personnellement témoin des qualités de ce grand imam que nous venons tant bien que mal de décrire. Quant au reste de ses qualités, nous les avions entendues de la bouche d'honorablesgens, des poètes et de différents autres personnages. Ses qualités ont été tant louées par des poètes que l'on pourrait constituer des tomes et des tomes de poèmes. Allah a beaucoup comblé ce grand imam en l'entourant d'honorables gens issus de son école. Des gens dotés d'une forte intelligence ainsi que de la haute sagesse et sur qui reposait de l'espoir à l'instar d'Abû Moḥammad Ḥassan aṣ-Ṣadr, l'auteur de ce livre. Après les avoir éprouvés, leur maître s'était rendu compte qu'ils étaient tous des conseillers dignes de foi. Il leur
38 Les Chiites et les sciences islamiques
avait alors confié de différentes responsabilités dans l'administration. Ces derniers, à leur tour, avaient mis à sa disposition tout ce qu'ils avaient comme potentialité. L'auteur de ce livre était l'étudiant préféré et le plus proche de cet illustre imam. Il bénéficiait ainsi d'un amour particulier de la part de son maître et occupait une place de choix au fond de son cœur. Ce qui explique pourquoi l'imam lui exposait en toute priorité ses stratégies avant d'en parler aux autres membres du conseil. Ceci constitue une preuve de haute sagesse et du degré de confiance que l'imam avait à son égard jusqu'à privilégier son avis par rapport à celui du conseil. Ce grand imam et ses compagnons constituaient pratiquement le vrai modèle du verset coranique suivant: «Ceux qui répondent à leur Seigneur, qui s'acquittent de la prière, qui délibèrent après entre eux au sujet de leurs affaires et qui donnent en aumônes une partie des biens que nous leur avons accordés.»1
C'est ainsi qu'était ce grand imam et ses compagnons tout au long de son mandat à la tête de la communauté. Ils étaient tous dévoués à leur Seigneur -Gloire à Lui- dans leurs œuvres jusqu'à ce qu'ils quittèrent cette vie pour retourner auprès de Lui.
Ce grand imam (Qu'Allah le sanctifie) est décédé à Samarra au cours de l'année 1321 de l'Hégire. Les habitants de Samarra portèrent sa dépouille en se la passant de main en main jusqu'à Nadjaf après avoir parcouru des centaines de kilomètres et traversé plusieurs villes d'où des foules de gens accouraient d'une manière sans précédent. Ils firent passer son cortège funèbre dans des quartiers, dans des cités ainsi que dans des villes afin de profiter de cet honneur et de cette bénédiction. La prière funéraire fut célébrée dans toutes les quatre villes sacrées. Les habitants de Bagdad ainsi que ceux des quatre
1. Le saint Coran, Sourate ach-Chûrâ (La Consultation), verset 38.
villes, et plus particulièrement ceux de Nadjaf, accoururent en masse pour accompagner sa dépouille mortuaire. Son excellence, as-Sayyed ach-Chirâzi (Qu'Allah le sanctifie) fut enterré le deuxième jour du mois sacré de Ramadan au sein de sa propre école près du mausolée sacré de ‘Ali Ibn Abî
Ṭâleb (Que la paix soit sur lui). C'était un jeudi. Lors de son enterrement, c'est son meilleur étudiant, à savoir l'imam Abû Moḥammad Ḥassan aṣ-Ṣadr, l'auteur de ce livre, qui coordonnait les cérémonies d'adieu qui fit descendre sa dépouille dans la tombe avec l'assistance du père de l'auteur de l'introduction du présent livre qui était venu visiter ses aïeux infaillibles (Que la paix soit sur eux tous).1.
5. Le retour à la ville de Kâẓimayn
En l'an 13412 de l'Hégire, Son Excellence, as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Qu'Allah le sanctifie) revint à Kâẓimayn, sa ville natale et il habita à coté du mausolée de l'Imam al-Kâẓim (Que la paix soit sur lui). Son temps était partagé entre la mosquée, la bibliothèque, les cours, la rédaction des livres, les recherches et l'administration.
A la mosquée, lorsqu'il se tenait débout devant son Seigneur, on aurait dit que s'était l'Imam Zayn-ul-‘Abidîn et Sayyed-usSâjidîn (Que la paix soit sur lui) en personne en pleine adoration, tellement il était entièrement humble de tout son esprit et de tout son corps.
1. Celle-ci est un résumé de la biographie de ce grand maître. Nous invitons toute personne désireuse d'avoir plus d'information sur cette illustre personne de consulter le chef-d'œuvre écrit par ach-Charîf al‘Allâma as-Sayyed Moḥammad-Réḍâ Âl Faḍlullah al-Ḥassani al‘Âmili à ce propos.
2. Son cousin, l'honorable imam as-Sayyed Ismâ‘îl était sorti cette année-là même de Samarra accompagné d'un très grand nombre de savants et chercheurs, y compris l'auteur de ce livre comme nous l'avions décrit dans la biographie d'as-Sayyed Ismâ‘îl (Qu'Allah soit satisfait de lui).
40 Les Chiites et les sciences islamiques
Quand il se rendait dans sa bibliothèque qui était d'ailleurs si fournie, il se plongeait profondément dans l'étude des œuvres des érudits et analysait avec attention les différentes argumentations et s'arrêtait encore plus sur les moins claires, les moins explicites.
Et lorsqu'il donnait cours, on s'écrierait sûrement: «Celui-ci n'est pas du tout un être humain. Ce ne peut être qu'un ange plein de noblesse». Et lorsque l'on examine ses composition et ses rédactions, on dira sûrement: «Ça c'est vraiment le sommet.»
Lorsqu'il se plongeait dans des recherches, il finissait toujours par découvrir tous les secrets et prouver la vérité. A son retour à Kâẓimayn alors que son sacré père était encore en vie, ils s'étaient plongés tous deux dans la recherche scientifique selon une coutume qu'ils avaient déjà acquise chaque fois qu'ils se retrouvaient ensemble ; et ce depuis l'enfance d'Abû Moḥammad jusqu'à sa vieillesse. A chaque fois qu'ils pouvaient se réunir, ils s'adonnaient tous les deux à la recherche et tiraient ainsi au maximum profit de leur rencontre. Ils ne laissaient échapper aucune occasion et ne gaspillaient jamais inutilement leur temps. Et lorsqu'il faisait des sermons ou quand il tenait des conseils, Allah faisait couler de sa bouche des sources de sagesse. Ce qui attirait tellement les cœurs des gens qu'ils s'éloignaient de la passion ainsi que des bestialités. Ils détournaient ainsi leurs yeux des interdits et leurs cœurs se remplissaient alors de la crainte d'Allah (Très-Haut) et de la tendresse. Moins de deux ans après son retour à Kâẓimayn, son vénérable père décéda. Ce qui l'affecta profondément. Après la mort de son maître, il avait catégoriquement refusé d'être imité comme Marja‘ et avait recommandé aux gens de suivre son propre cousin as-Sayyed Ismâ‘îl aṣ-Ṣadr. Toutefois,
après la mort de ce dernier au cours de l'an 1338 de l'Hégire, il fut alors obligé d'accepter cette lourde responsabilité. Il publia ainsi sa Risâla (Guide pratique) sous le nom de «ro’ûs almasâ’il al-muhimma» en plus des annotations dans des livres tels que «tabṣirat al-‘allâma», «najât-ul-‘ibâd» et «‘urwat alwuthqâ». Des annotations qui firent de tous ces livres des références supplémentaires et des guides pratiques pour ses adeptes qui les imitaient par Taqlîd. Tout au long de son mandat, et même avant cela d'ailleurs, Son Excellence, as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Qu'Allah le sanctifie) était compté parmi les meilleurs amis de la famille du Prophète Moḥammad (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) étant donné le sérieux qu'ils avaient dans l'accomplissement de leurs obligations ainsi que leurs compassions envers leurs orphelins1. As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Qu'Allah le sanctifie) et ses compagnons consacrèrent la quasi-totalité de leur vie à la revivification de la tradition des Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous). Ils ne pensaient nullement au repos et ne manquaient aucune occasion pour s'attirer leurs égards.
6. Ses assemblées
Quant à ses assemblées, elles consistaient en des écoles ambulantes qui l'accompagnaient partout où il se rendait. On y trouvait la science ainsi que la sagesse nécessaire pour la perfection de l'homme en plus des exhortations qui incitaient à privilégier le royaume des cieux et à s'associer aux religieux. On dit d'ailleurs à ce propos:
«Son corps périssable est sur la terre pendant que son esprit est dans les cieux.»
1. Tous les Chiites sont considérés comme les orphelins des Ahl-ulBayt (Que la paix soit sur eux tous)
42 Les Chiites et les sciences islamiques
As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Qu'Allah le sanctifie) était vraiment très éloquent et employait un langage clair et précis. Ce qui facilitait la compréhension à son auditoire en lui permettant ainsi de profiter de sa sagesse et de toute la richesse contenue dans ses enseignements.
7. Son bagage intellectuel
Le degré de savoir d'as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Qu'Allah le sanctifie) autant que son titre de Marja‘ en Fiqh faisaient que le gens accourent vers lui. C'était un jurisconsulte par lequel Allah (Très-Haut) avait parachevé sa grâce sur les serviteurs ainsi que sa guidance vers lui. Il constituait une vraie preuve d'Allah à la charge des serviteurs vu qu'il représentait un secours et une référence pour Taqlîd. Il était la preuve tangible pour la tradition et un véritable génie quant aux Oṣûl-ul-fiqh. Il était expert dans le Commentaire du saint Coran ainsi que dans d'autres sciences coraniques, un spécialiste dans le rapportage de hadiths, à savoir le ‘Ilm-ur-rijâl et ad-Dirâya. Il maîtrisait parfaitement la généalogie des Quraychites ainsi que celle des autres arabes, et plus particulièrement les Hachémites, en plus de tant d'autres disciplines de la littérature arabes telles que le Naḥw (la grammaire arabe) le Ṣarf (la morphologie), l'élocution et la rhétorique. Il était également compté parmi les sommités de la logique, de la philosophie, de la théologie, de l'astronomie, des mathématiques et de l'éthique.
8. Ses débats d'éclaircissement
Nous n'avions jamais vu quelqu'un d'aussi résistant qu'asSayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Qu' Allah le sanctifie) dans la défense de la religion islamique et de l'école chiite. Il ne laissait vraiment aucun répit à son adversaire en se servant des arguments convaincants et irréfutables. Nous n'avions jamais non plus vu quelqu'un d'aussi captivant dans ce domaine.
9. La littérature
Quant à la littérature arabe, elle pouvait aussi bien être considérée comme sa passion que comme sa spécialité vu qu'il avait le sens critique, un raisonnement logique ainsi que de la sagacité. Néanmoins, ses occupations et ses activités scientifiques l'en avaient détourné depuis sa jeune enfance jusqu'à la mort. La facilité qu'il avait dans le domaine ne le grisait pas du tout et il n'était pas non plus satisfait de luimême. Quand il en avait l'occasion, il récitait des vers sans jamais être tenté de participer à un quelconque concours. Il ressemblait vraiment à Khalil Ibn Aḥmad qui était la personne la plus compétente dans la poésie mais qui n'avait à aucun moment récité ne fut-ce qu'une strophe. Et lorsqu'on lui avait demandé:
- Ô Khalil Ibn Aḥmad, Pourquoi ne fais-tu pas de la poésie ? - C'est tout simplement parce que je ne trouve pas ce que je veux et je ne veux pas ce que je trouve, avait-il répondu tout bonnement.
Il en était de même avec Aṣma‘î à qui, lorsqu'on lui avait demandé ce qui l'empêchait de réciter des poèmes, il répondit, malgré sa grande capacité littéraire: «Je tiens tellement à la qualité que cela m'empêche de réciter quoi que ce soit».1
10. Ses œuvres
As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Qu'Allah le sanctifie) était de ceux qui avaient le privilège de rédiger beaucoup de livres avec la finesse des thèmes dans différents domaines du savoir. Ces livres se distinguaient par la qualité des thèmes, la profondeur de la recherche, la justesse de la méthodologie ainsi que par de bonnes annotations. Nous y retrouvons:
1. Ibn ‘Abd Rabbih a rapporté ces deux déclarations de Khalil Ibn Aḥmad et de Aṣma‘î dans la partie consacrée aux rapporteurs de la poésie de son livre intitulé «‘iqd-ul-farîd » Tome 3.
44 Les Chiites et les sciences islamiques
1). Les Oṣûl-ud-Dine (les dogmes religieux)
1. Ad-durar al-mûsawiyya fi charḥ al-‘agâ’id al-Ja‘fariyya: Il s'agit d'un livre qui commente les dogmes islamiques de la tendance imâmite duodécimale autrement dit Ja‘farite: Ce livre parle des dogmes évoqués par le grand Cheikh Kâchif alGhiṭâ’. Ce dernier prouve l'unicité et la justice divines à partir des merveilles de Dieu ainsi que ses signes dans la nature à l'instar de la création des cieux et de la terre, le changement du jour et de la nuit en plus de tant d'autres qu'il n'a commentés que brièvement en laissant les détails à la charge des autres savants. Ce livre est venu donc compléter les commentaires du Cheikh par des détails sur les merveilles évoquées en dévoilant leurs secrets ainsi que leur sagesse dans un style propre aux spécialistes. Ce livre prouve clairement l'unicité de Dieu autant que la présence d'un soleil éclatant prouve que l'on est en pleine journée. Et dans le chapitre de l'imamat, il a pu confirmer son avis sur les Imams (Que la paix soit sur eux tous) à partir des arguments mêmes de ses dissidents. 2. Sabîl-uṣ-ṣâliḥîn1 qui parle de l'éthique et des voies de la vraie servitude: Il a cité sept différentes voies. 3. Iḥyâ’-un-nufûs bi âdâb Ibn Ṭâwûs: Il s'agit d'un livre qui parle de la revivification des âmes par les pratiques d'Ibn
Ṭâwûs. Ce sont des instructions que as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Qu'Allah le sanctifie) a extraites des œuvres du as-Sayyed Jamâl-ud-dîn ‘Ali Ibn Ṭâwûs al-Ḥassani et qu'il a regroupées en trois cursus: Le premier traite du comportement d'un serviteur vis-à-vis de son Seigneur, le deuxième parle de l'attitude de ce serviteur à l'égard de ses maîtres qui constituent les arguments d'Allah (Très-Haut) tandis que le troisième parle de l'attitude de ce même serviteur à l'égard des anges et des hommes.
1. Ce livre a été édité à Tabriz en Iran.
2) Le Fiqh (La jurisprudence)
4. Sabîl-ur-rachâd: Ce livre constitue un commentaire du livre intitulé najât-ul-‘Ibâd avec des preuves. Il s'agit d'un tome unique traitant des eaux et des jugements relatifs à l'usage des toilettes.
5. Tabyînu madârik as-sidâd lil-matni wal-ḥawâchî min najât-il-‘ibâd: Un commentaire des preuves et de différents autres arguments contenus dans l'abrégé de nahj-ul-‘ibâd ainsi que son commentaire. Ce livre contient la plupart des thèmes ayant trait à la purification et à la prière. Quant à son commentaire, il s'agit des remarques en rapport avec les éléments évoqués par Cheikh Murtaḍâ al-Anṣâri et le maître de l'écrivain même, as-Sayyed Mirzâ al-Ḥusseini ach-Chirâzi. 6. Taḥṣîl al-furû‘ ad-diniyya fi fiqh al-imâmiyya: Il s'agit d'un livre à la fois utile pour les Muḥtâṭ (Personnes en état de précaution) et pour le Muqallid (Personne qui se réfère à un Marja‘ par Taqlîd). Ce livre traite de la purification et de la prière en plus de tant d'autres détails sur le Taqlîd ou l'imitation pure et simple d'un Marja‘ dans l'introduction. 7. Al-masâ’il al-muhimma 1 : Cette épître constitue un excellent guide quant aux pratiques d'adoration pour tout celui qui imite un Marja‘ par Taqlîd.
8. Al-masâ’il an-nafîsa: Il s'agit d'une épître qui traite des sujets jurisprudentiels et des sujets insolites. 9. Les annotations d'un certain nombre de livres parmi lesquels: ‘urwat al-wuthqâ, al-ghâyat al-quṣwâ, najât-ul‘ibâd, at-tabṣîra et al-fuṣûl al-fârisiyya.
1. Ce livre et le suivant ont été à la fois édités à Bagdad, à Sayda et aux Etats-Unis d'Amérique à New York.
46 Les Chiites et les sciences islamiques
10. Al-ghâliya li ahl-il-anẓâr-il-‘âliya: Il s'agit d'une brochure écrite en arabe et en persan et qui traite de l'interdiction de raser la barbe.
11. Tabyîn-ur-rachâd fî labs-is-sawâd ‘alal-a’immat-ilamjâd: Il s'agit d'une épître en persan au sujet des habits noirs de glorieux Imams (Que la paix de Dieu soit sur eux tous). 12. Nahj-us-sadâd fî ḥukmi arâḍi-is-sawâd: Ce document parle des jugements légaux des terres arables. 13. Ad-durr-un-naẓîm fî mas’alat-it-tatmîm: Il s'agit d'un document qui parle d'obtenir une quantité d'eau équivalent à un «Kurr» par ajout d'une eau impure. 14. Luzûmu qaḍâ’i mâ fâta (min-aṣ-ṣawm) fî sanat-il-fawât: Cette œuvre parle de l'obligeance de rattraper le jeûne manqué au cours de la même année avant le mois de Ramadan suivant. 15. Tabyîn-ul-ibâḥa: Il s'agit d'une épître qui parle de la permission de prier avec un habit provenant d'un animal dont on doute si la viande est licite ou non. 16. Ibânat-uṣ-ṣudûr: Il s'agit d'une épître qui parle de l'avis d'Ibn Udhayna quant à l'héritage de l'esclave qui aurait eu un enfant avec son propre maître (Umm-ul-walad). 17. Kachf-ul-’iltibâs ‘an qâ‘idat-in-nâs: Cette œuvre lève l'équivoque sur le droit de se servir librement de ses propres biens.
18. Al-ghurar fî nafy-iḍ-ḍirâr waḍ-ḍarar: Il s'agit d'une épître de grande valeur qui parle de l'acquittement et qui contient un bon nombre de recherches en plus de la définition des termes «Al-Ḥukûma» et «Al-Wurûd». 19. Aḥkâm-uch-chukûk al-ghayru manṣûṣa: Cette épître parle des jugements légaux lors des doutes. On y trouve des arguments basés sur des hadiths qui prouvent la considération
du nombre le plus grand en cas de doute sur le nombre de Raka‘at effectués lors d'une prière. 20. Risâlatun fî ḥukm-iẓ-ẓanni bil af‘âl wa ach-chakki fîhâ: Il s'agit d'une épître sur le jugement légal du doute au moment de l'accomplissement des actes.
21. Rasâ’il fî ajwibat-il-masâ’il: Il s'agit d'une épître jurisprudentielle contenant une série de réponses aux questions posées par ses Muqallid.
22. Sabîl-un-najât fîl-mu‘âmilât: La voie de la réussite dans les affaires.
23. Annotations de l'épître intitulée at-taqiyya, rédigée par Cheikh al-Anṣâri.
24. Annotations sur les sujets ayant trait aux eaux du livre intitulé kitâb-uṭ-ṭahâra, rédigé par Cheikh al-Ansâri. 25. Une épître sur l'ordre de l'eau déjà utilisée lors de la purification.
26. Une épître sur la purification des eaux impures. 27. Une épître portant sur la purification d'une eau s'écoulant d'en haut lorsqu'elle entre en contact avec une autre eau en bas. 28. Annotations détaillées de ce que le Cheikh al-Anṣâri a écrit à propos de la prière collective. 29. Une épître portant sur les conditions de témoignage sur l'allaitement.
30. Une épître portant sur un certain nombre de sujets en rapport avec les Waqf (legs).
31. Une épître portant sur l'ordre de l'eau utilisée aux toilettes. 32. Une épître portant sur l'eau mélangée.
48 Les Chiites et les sciences islamiques
33. Une petite épître portant sur le hadith parlant de la récitation à basse voix des «Tasbîḥs» dans les deux dernières Raka‘at des prières à quatre Raka‘at. 34. Munâ an-nâsik fil-manâsik: Une épître de valeur portant sur les rites du grand pèlerinage (Ḥajj) et du petit pèlerinage (‘Umra), sur la conduite à tenir lors de la visite des deux lieux saints: La sainte mosquée de la Ka‘ba ainsi que la sainte mosquée du Prophète Moḥammad (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) située dans la ville sainte de Médine. Ce document a été édité à Bagdad en Iraq au cours de l'année 1341 de l'Hégire.
3) Les hadiths
35. Le commentaire de wasâ’il-uch-chi‘a ilâ aḥkâm-ichchi‘a: Il s'agit d'un livre sans pareil dans lequel il cite des hadiths en guise de référence tout en citant leurs différentes versions ainsi que la différence des termes utilisés. Il accorde un titre à chaque hadith en fonction du thème abordé, du vocabulaire et de sa chaîne de rapporteurs. Dans la signification du hadith, il étudie la possibilité d'en déduire des jugements légaux tout en signalant les versions apparemment contradictoires qu'il concilie par la suite d'une manière exceptionnelle et sans précédent. Il s'agit donc d'un ensemble regroupant à la fois les études de Fiqh, des hadiths, des Oṣûl-ulfiqh (Fondements du Fiqh) ainsi que le ‘Ilm-ur-Rijâl (La science qui étudie l'authenticité des rapporteurs de hadiths). Ce livre était édité en plusieurs volumes. 36. Taḥiyyatu ahl-il-qubûr bil-ma’thûr: Il s'agit d'un livre qui parle de la salutation des morts selon la tradition transmise. Il contient dix chapitres en plus d'une conclusion. 37. Majâlis-ul-mu’minîn fî wafayât al-a’immat alma‘ṣumîn: Il s'agit d'un livre qui parle des rassemblements des croyants en commémoration du décès des Imams infaillibles (Que la paix de Dieu soit sur eux tous). Il prévoit pour chacun d'eux un sermon qui rappelle ses vertus, sa générosité ainsi que les circonstances de sa mort sans citer les rapporteurs afin d'en faire une allocution ordonnée que l'on peut lire du haut de la chair lors de l'anniversaire de leur martyre (Que la paix de Dieu soit sur eux tous). A la fin de ce genre de sermon, on retrouve des citations des enfants et celles des femmes mêmes de l'Imam infaillible.
38. Miftâḥ-us-sa‘âda wa malâdh al-‘ibâda: Il s'agit d'un livre qui contient les pratiques d'adoration quotidiennes du jour et de la nuit en plus des pratiques hebdomadaires, mensuelles et annuelles les plus importantes ainsi que les invocations et les Ziyârât1.
39. Ta‘rîf al-janân fî ḥuqûq al-ikhwân: Ce livre est un chefd'œuvre qui comporte en toute exclusivité des sujets, des conseils et des vertus très rares que l'on ne trouve pas dans des livres ordinaires.
40. Risâlatun fîl-manâqib: Il s'agit d'une épître constituée selon l'ordre alphabétique. Elle est extraite du livre intitulé aljâmi‘-uṣ-ṣaghîr écrit par le cheikh Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi. 41. An-nuṣûṣ al-ma’thûra: Il s'agit d'un livre qui contient une série des hadiths authentiques sur le Ḥujjat2 al-Mahdi (qu'Allah hâte sa réapparition) selon la voie de la majorité. Cependant, il n'est pas du tout achevé. Il se peut que ce livre soit le même que celui qui a été mentionné à la page 38 du Tome 5 du livre intitulé Adh-dharî‘a sous le nom d'akhbâr al-ghayba. 42. Ṣaḥîḥ al-khabar fil-jam‘i bayn aṣ-ṣalâtayn fil-ḥaḍar: Il s'agit d'un livre qui rassemble des hadiths authentiques au sujet
1. Il s'agit des oraisons que l'on récite pendant les visites des infaillibles (Que la paix soit sur eux tous). 2. al-Ḥujjat : La preuve. Il s'agit de l'un des surnoms de l'Imam alMahdi qui signifie la preuve d'Allah vis-à-vis des serviteurs.
50 Les Chiites et les sciences islamiques
du cumul des deux prières pour un résident1. As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr cite dans ce livre de hadiths qu'il a tirés des six livres dits Ṣaḥîḥ (Authentiques) portant sur le cumul des deux prières obligatoires par le Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) alors qu'il était à domicile en l'absence de la pluie et de toute autre intempérie. Il a cité également les avis de grands savants sunnites envisageant comme nous la possibilité de cumuler deux prières.
43. Ḥaqâ’iqu fî faḍâ’ili Ahl-ul-Bayt (‘alayhim-us-salâm): Il s'agit d'un livre qui traite des vertus des Ahl-ul-Bayt du Prophète Moḥammad (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) selon les sources sunnites.
44. Aḥâdîth-ur-raj‘a: Il s'agit d'un livre rassemblant des hadiths qui parlent de la résurrection après la mort, autrement dit, le retour.
45. Hidâyat-un-najdayn wa tafṣîl al-jundayn: Il s'agit d'une épître commentant le hadith rapporté dans le livre intitulé «alkâfi» sur les Junûd al-‘Aql (l'armée de la sagesse et de la raison) et les Junûd al-Jahl (l'armée de l'ignorance).
4) ad-Dirâya2
46. Nihâyat-ud-dirâya: Il s'agit du commentaire de l'abrégé du Cheikh Bahâï. L'auteur a explicité cette science en utilisant des termes simples tout en entrant dans toute profondeur en abordant de différents thèmes, les différents types de hadiths et
1. Le terme «résident» signifie ici quiconque n'est pas en voyage. Les principes jurisprudentiels changent généralement pendant le voyage. Ceci a pour objectif d'alléger les souffrances du voyageur qui est déjà tracassé par les difficultés du voyage et le changement de milieu. 2. «Le Dirâya» est la science qui étudie la totalité des rapporteurs de hadiths afin de juger si un hadith quelconque est authentique ou non.
les recherches concernant l'authenticité des rapporteurs de hadiths (Jarḥ et Ta‘dîl). C'est vraiment un livre de grande valeur1.
5) Les voies et moyens de rapportage de hadiths
47. Bughyat-ul-Wi‘ât: Il s'agit d'un livre qui parle des dix catégories de gens habilités à octroyer des certificats de rapportage de hadiths en plus d'une introduction de grande importance dans laquelle as-Sayyed a octroyé un certificat à asSayyed Moḥammad al-Mortaḍâ Jahânpûri al-Hindi pour qui al‘Allâma an-Nûri a écrit le livre intitulé «Al-lu’lu’ wal-marjân». L'auteur du livre a également décerné plusieurs autres certificats généraux ou restreints en faveur d'un groupe d'honorables savants de son époque.
6) Le ‘Ilm-ur-rijâl ou la science de l'évaluation des rapporteurs de hadiths
48. Mukhtalaf-ur-rijâl: Il s'agit d'un livre parlant de la diversité des rapporteurs. As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) y a défini le ‘Ilm-ur-rijâl, son objet, ses principes de base, sa véracité ainsi que les différentes opinions dans le domaine.
49. Uyûn-ur-rijâl: Il s'agit d'un livre rapportant la liste des rapporteurs de hadiths dont plus d'une personne avait confirmé l'authenticité ainsi que les différentes catégories de rapporteurs sous forme d'un arbre généalogique tout en mentionnant pour chaque rapporteur ses certificats détaillés reçus de la part
1. Ce livre fut édité en Inde dans une mauvaise édition pleine de fautes graves qui falsifient le sens et surchargent le lecteur. Lorsque nous avions lu ce livre, nous nous sommes dit que l'auteur n'était sûrement pas la cause de ces fautes. Et d'ailleurs, quand l'auteur luimême avait entendu notre opinion, il l'a confirmée à notre grand étonnement.
52 Les Chiites et les sciences islamiques
d'honorables maîtres. A la fin de ce livre, l'auteur a cité la plupart de ses œuvres1.
50. Nukât-ur-rijâl: Il s'agit d'un livre compilé sur base des annotations de son oncle as-Sayyed aṣ-Ṣadr sur les différents rapporteurs de hadiths cités par Cheikh Abu ‘Ali. En réalité ce livre est l'œuvre de son oncle.
51. Intikhâb al-qarîb min at-taqrîb: Il s'agit d'un livre consacré aux rapporteurs de Hadiths dont Ibn Ḥajar avait confirmé la tendance chiite dans son livre intitulé «at-taqrîb». 52. Zikr al-muḥsinîn: Il s'agit d'une épître consacrée exclusivement à la biographie du chercheur al-Moḥsen alḤusseini al-A‘raji, l'auteur du livre intitulé al-maqṣûd. 53. Bahjat-un-nâdi fi aḥwâli Abi Ḥassan al-Hâdi: Il s'agit d'un livre qui parle de la situation d'Abû Ḥassan Hedi, son propre père.
54. Takmilatu ’amal al-’âmil appelé également A‘yân-uchchi‘a. C'est un livre unique en trois tomes hors du commun considéré comme le complément de son livre intitulé ’amal al’âmil. As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) y a cité les rapporteurs antérieurs et contemporains. Le premier tome est consacré aux savants ayant des œuvres tandis que le deuxième et le troisième regroupent tous les savants à travers le monde selon l'ordre du livre de base. 55. Al-bayâne al-badi‘: Il s'agit d'un livre prouvant que Moḥammad Ibn Ismâ‘îl que l'on retrouve en tête des chaînes de rapporteurs de hadiths du livre intitulé al-kâfi ne pouvait être qu'un homme éveillé et intelligent. 56. Les annotations sur le livre intitulé Muntaha al-Maqâl.
1. Ce livre fut achevé en l'an 1331 de l'Hégire et édité pendant qu'il séjournait dans la ville Lekenow en Inde.
7) Le ‘Ilm-ul-fahâris ou la science de la bibliographie et de la rédaction des livres
57. Ta’sîs-uch-chi‘at-il-kirâm li ‘ulûm-il-islam: Il s'agit d'un livre unique en son genre dans lequel l'auteur a cité et décrit la totalité des disciplines islamiques jusqu'à en évoquer les fondateurs. L'auteur a en toute exclusivité étudié les différentes catégories d'écrivains afin de prouver le devancement des savants Chiites sur leurs frères Sunnites dans la fondation de toutes les disciplines islamiques. C'est un livre sans précédent dans le domaine.
58. Ach-chi‘a wa funûn al-islâm (Les chiites et les disciplines islamiques): C'est un superbe livre qui n'est autre que le résumé de son livre intitulé Ta’sîs uch-chi‘at-il-kirâm li ‘uulûm-il-islam.
59. Faṣl-ul-qaḍâ’ fi-l-kitâb al-machhûr bi fiqh-ur-Réḍâ: L'auteur a explicité le livre intitulé Fiqh-ur-Réḍâ de la manière la plus claire. As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) a pu prouver que ce livre constitue le kitâb-ut-taklîf (La responsabilité) d'Ibn Abî al-‘Azâqir ach-Chalmaghâni. Il y a également souligné les causes des controverses autour de ce livre d'une manière sans précédent. 60. Une épître prouvant que l'auteur du livre intitulé miṣbâḥ- uch-chari‘a n'est autre que Soliman Sahraui, l'étudiant d'asSayyed al-Mortaḍâ, et que ceci constituait en fait un résumé du livre de Chaqîq al-Balkhi.
61. Al-ibâna ‘an kutub-il-khazâna: Il s'agit de ses livres disponibles dans sa propre bibliothèque. C'est une épître de grande valeur dans laquelle il a cité une liste complète de ses propres œuvres. Cette liste était constituée en fonction de différentes disciplines. As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) y a même mentionné quelques sciences étranges ou non usitées en les décrivant avec soin afin de les exposer à la masse. Ce livre commence par une
54 Les Chiites et les sciences islamiques
introduction formidable encourageant les gens à rédiger des livres. Le contenu se concentre principalement sur la jeunesse.
8) L'éthique
Dans ce domaine, as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) a rédigé deux livres que nous avons déjà cités à savoir iḥyâ’-un-nufûs et sabîl uṣ-ṣâliḥîn en plus des épîtres suivantes:
62. Une brève épître et une missive sur al-Murâqiba ou le contrôle de soi.
63. L'épître au sujet da as-Sulûk ou le comportement.
9) La discussion
64. Qâṭi‘at al-lujâj fi tazyîfi ahl al-i‘wijâj: Il s'agit des avis adoptés par ceux qu'on appelle les al-akhbâriyya qui ne sont que les gens qui sont contre l'Ijtihâd1 et le Taqlîd2 sous prétexte que les hadiths rapportés des Imams sont suffisamment clairs et explicites à tel point qu'on n'a plus besoin d'autre chose en plus. 65. Al-barâhin al-jâliyya fi ḍalâli Ibn Taymiyya: C'est un gros livre renfermant les preuves de l'égarement d'Ibn Taymiyya basées de ses paroles et gestes ainsi que sur les avis des savants Sunnites. Par ce fait, as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) avait regroupé les méfaits d'Ibn Taymiyya et ses manquements en les étalant aux yeux de la communauté. Il avait aussi décrit la médiocrité de la personne d'Ibn al-Qayyim et tant d'autres Wahhabites afin de prouver leur égarement de la voie de la vérité. 66. Al-Firqat-un-nâjiya: C'est une épître qui prouve que cette fameuse troupe n'est autre que les Imâmites en personne.
1. La déduction des lois islamiques à partir de leurs sources. 2. L'imitation d'une Référence religieuse.
67. ‘Omar wa qawluhu «Hajara»: Il s'agit d'une épître dans laquelle l'auteur rapporte les hadiths authentiques portant sur la calamité du jeudi. En évoquant cet événement, Ibn ‘Abbâs s'était écrié: Le jeudi et quel jeudi! Puis il avait fondu en larmes avant de poursuivre: Ce jeudi-là, alors que la maladie du saint Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) devenait de plus en plus grave, il dit: Apportez-moi quelque chose sur lequel je vous écrirai une épître dont le respect vous éviterait à jamais de vous égarer. Mais, les gens se disputèrent et se divisèrent en deux groupes pendant qu'ils ne doivent pas du tout se disputer devant le Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille). Ils déclarèrent: Le prophète d'Allah est en train de délirer. Très choqué, ce dernier chassa alors tout le monde en disant: «Allezvous en d'ici…»1
68. Ar-rad ‘alâ fatâwâ al-wahhâbiyyine: Il s'agit d'une épître de valeur sous forme de réplique aux fatwâs des Wahhabites.2 Les savants wahhabites émettent des fatwâs interdisant la construction des mausolées sur les tombeaux sacrés avec obligation de détruire ce qui y est déjà construit. Cette épître est vraiment unique en son genre, et après lecture, on n'aura qu'à déclarer: La vérité est venue et le mensonge a disparu. En vérité, le mensonge est appelé à disparaître.
10) Oṣûl-ul-fiqh ou principes de base de Fiqh
69. Al-lawâmi‘: Il s'agit d'un livre des sources du Fiqh regroupant les avis des deux jurisconsultes: Cheikh al-Anṣâri et
1. Ce hadith est rapporté par Bokhari dans son Ṣaḥîḥ (authentique) dans le chapitre consacré aux cadeaux des visiteurs dans la partie portant sur la lutte et la tradition page 118, tome 2. 2. En se référant aux Hadiths cités par Bokhari dans le chapitre consacré aux cadeaux des visiteurs ».
56 Les Chiites et les sciences islamiques
as-Sayyed ach-Chirâzi ainsi que ceux de leurs honorables étudiants.
70. Des annotations relatives à rasâ’il, aux messages du Cheikh al-Mortaḍâ al-Anṣâri.
71. Al-lubâb fi charḥi risâlat-ul-istiṣḥâb: Le commentaire de l'épître intitulé «al-istiṣḥâb»: Il s'agit d'un livre de grand volume.
72. Une épître contredisant les deux Istiṣḥâb. 73. Ḥadâ’iq-ul-uṣûl: Cette œuvre renferme plusieurs sujets ambigus des fondements du Fiqh. 74. At-ta‘âdul wat-ta‘âruḍ wat-tarjîḥ: Il s'agit d'une épître spécifique sans aucun rapport avec ses annotations sur rasâ’il (les épîtres) de Cheikh al-Anṣâri.
11) Le Naḥw ou la grammaire arabe
75. Khulâṣat-un-naḥw: Il s'agit d'un livre dans lequel l'auteur a résumé la grammaire arabe selon l'ordre du livre alfiyya [deux mille vers] d'Ibn Malek.
12) L'histoire
76. Nuzhatu ahl-ul-ḥaramayn fi ‘imârat-il-machhadayn machhadu Amîr al-mu’minîn wa machhadu Abî ‘Abdullâh al-Ḥussein ‘alayhim as-salâm: Il s'agit d'une épître mentionnant les noms des premiers peuples qui s'installèrent dans ces endroits et l'histoire de la construction et la reconstruction de ces deux mausolées sacrés, à savoir le mausolée du Commandeur des croyants, ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb et Abî ‘Abdullâh al-Ḥussein (Que la paix soit sur eux tous).1
1. Cette missive fut éditée en Inde, la ville de Lekenow en l'an 1354 de l'Hégire grâce à la direction du magazine «ar-riḍwân» en plus de
77. Wafayât al-a‘lâm min ach-chi‘at-il-kirâm: Il s'agit d'un livre, comme l'exprime son nom, qui cite les honorables savants chiites décédés selon l'ordre chronologique. As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) y cite les différents personnages de quatre premiers siècles de l'Hégire. 78. Muḥâribu-llâh wa rasûlihi yawm aṭ-ṭufûf 1 : Il s'agit d'une épître décrivant les soldats qui avaient participé à la bataille contre l'Imam al-Ḥussein (Que la paix soit sur lui) le jour d'Achûra à Karbala. As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) a pu prouver que le nombre de ces hommes avait atteint trente mille voire plus. 79. Al-maṭâ‘ine: Il s'agit d'un livre renfermant les dénonciations des savants sunnites eux-mêmes les uns contre les autres.
80. An-nasî’: Il s'agit d'une épître relatant la situation de l'époque de Jâhiliyya (l'époque d'avant l'Islam) au cours de laquelle les gens intercalaient le mois sacré. Ce qu'Allah le Très-Haut qualifia de surcroît d'infidélité2. As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) y a fortement dénoncé l'avis selon lequel la naissance du noble Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) eut lieu pendant le mois de Rabî‘-ul-Awwal étant donné qu'il avait été conçu pendant les nuits de Tachrîq3.
la biographie même de l'auteur rédigée par al-‘Allâma as-Sayyed ‘Ali an-Naqi an-Naqawi.
1. Le jour de Aṭ-Ṭufûf : Il s'agit du Jour du martyre de l'Imam alḤussein (Que la paix soit sur lui).
2. Il s'agit du verset 38 de la Sourate at-Tawba (le Repentir) du saint Coran.
3. Les nuits de Tachriq : Il s'agit des trois nuits après la fête de sacrifice pendant le mois de Dhu-l Ḥijja, le dernier mois du calendrier islamique.
58 Les Chiites et les sciences islamiques
Kachf-uẓ-ẓunûn ‘an khiyânat al-ma’mûn: Il s'agit d'une épître prouvant la malhonnêteté de Ma’mûn Ibn Hâroun ar-Rachîd, le Calife ‘Abbaside, vis-à-vis de l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur lui).
81. Maḥâsin-ur-rasâ’il fi ma‘rifat al-awâ’il: Il s'agit d'une œuvre subdivisée en quinze chapitres.
11. Sa bibliothèque
Depuis sa toute jeune enfance, as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) avait toujours été un grand passionné des livres qu'il conservait d'ailleurs avec un grand soin. Il avait eu la chance de disposer des livres les plus précieux dans les différents domaines des sciences rationnelles et déductives. Etant donné que l'achat des livres constituait pour lui une priorité, il y consacrait la grande partie de sa fortune. Et d'ailleurs, il n'hésitait pas du tout à mettre carrément en vente ses propres meubles pour s'en procurer. Ce qui explique pourquoi il disposait d'un aussi grand trésor de livres édités et manuscrits.
La bibliothèque d'as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) renfermait des livres rares que l'on ne pouvait retrouver dans la plupart des bibliothèques de l'époque. Ce qui fit que cette bibliothèque soit connue un peu partout. Le chercheur Georgien Zidân l'avait d'ailleurs désignée comme étant la meilleure bibliothèque de l'Iraq dans son livre intitulé «târîkhu âdâb al-lugha al-‘arabiyya», sur l'histoire de la littérature arabe dans lequel il avait cité les différentes bibliothèques de la région 1.
As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) tenait tellement beaucoup à sa bibliothèque qu'il lui consacra
1. «târîkh âdâb al-lugha al-‘arabiyya», tome 4, page 120.
tout un livre intitulé al-’Ibâna qui n'était autre que l'index de la totalité des livres contenus dans sa riche bibliothèque. Le célèbre savant, Cheikh Mortaḍa Âl-Yâsîn, qui était en même temps l'élève et le neveu d'as-Sayyed aṣ-Ṣadr, avait écrit dans la biographie de son maître et oncle: J'avais entendu dire que pendant sa jeunesse, as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) était tellement plein d'énergie qu'il ne pouvait dormir que très peu pendant la nuit pour se consacrer davantage aux recherches. Et il ne dormait pas non plus pendant la journée. Cependant, j'ai eu personnellement l'occasion de voir tout cela de mes propres yeux pendant sa vieillesse. Cette importante bibliothèque constituait ainsi pour lui l'endroit le plus approprié où il pouvait rester aussi bien la journée que la nuit avec un stylo dans sa main droite et un bout de papier dans sa main gauche. Il pouvait rester ainsi toute la nuit les yeux ouverts sans se fatiguer le moins du monde ni être abattu par le sommeil. Il pouvait veiller ainsi toute la nuit et rester encore éveillé durant la journée. Et lorsqu'il somnolait, il se reposait à peine pendant un tout petit bout de temps avant de revenir à ses recherches.
12. Les personnes de qui il rapportait les hadiths1
Ses sources de Hadiths pouvaient être subdivisées en deux groupes distincts:
La première catégorie regroupait les Cheikhs de qui il rapportait les hadiths par Simâ‘ (une simple audition) et par Qirâ’ât (lire le hadith pour le Cheikh) sans aucun certificat. Quant à la deuxième catégorie, elle regroupait les Cheikhs de qui il avait obtenu un certificat général de rapporteur de hadiths.
1. Le présent paragraphe ainsi que le suivant sont intégralement extraits de la biographie de l'auteur écrite par son neveu, al-‘Allâma Cheikh Mortaḍâ Âl-Yâsîn.
60 Les Chiites et les sciences islamiques
Dans la première catégorie, on retrouve de hautes personnalités à l'instar du Ḥujjat-ul-Islam Mirzâ Moḥammad ach-Chirâzi alGharawi al-‘Askari (Décédé en 1312 de l'Hégire), le Cheikh chercheur Hâjj Mirzâ Ḥabîbullah ar-Rachti al-Gharawiauteur du livre intitulé badâi‘-ul-uṣûl (Décédé en l'an 1313 de l'Hégire), le Cheikh Jurisconsulte Moḥammad Ḥassan Ibn Cheikh Hachîm al-Kâẓimi an-Nadjafi, le commentateur du livre intitulé ach-charâ’i‘ (Décédé en l'an 1308 de l'Hégire), le Mawlâ Moḥammad al-Irawâni an-Nadjafi (décédé après l'an 1300 de l'Hégire), le Cheikh-ul-Islam le Cheikh Moḥammad
Ḥassan Âl-Yâsîn al-Kâẓimi l'auteur du livre intitulé asrâr-ulfaqâha (Décédé en l'an 1308 de l'Hégire) ainsi que son père, le Chérif as-Sayyed Hâdi (Décédé en l'an 1313 de l'Hégire) en plus de tant d'autres.
Quant à la deuxième catégorie, on retrouve d'illustres savants tels que le Mawlâ jurisconsulte, le Cheikh Mawlâ ‘Ali Ibn Mirzâ Khalîl ar-Râzi al-Gharawi (Décédé en l'an 1297 de l'Hégire), le as-Sayyed Mahdi al-Qazwini al-Ḥilli al-Gharawi (Décédé après le treizième siècle de l'Hégire) qui avait eu à rédiger un nombre considérable de livres, le Mawlâ et chercheur Mirzâ Moḥammad Hachîm Ibn Zayn-ul-‘Abidîn alIsfahâni (Décédé à Nadjaf en l'an 1318 de l'Hégire) et tant d'autres encore.
L'Allâmeh Cheikh al-Mortaḍâ Âl-Yâsîn, auteur de la biographie d'as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) avait décrit la biographie de chacune de ces honorables personnalités dans la liste complète de ces Cheikhs qui lui avaient décerné un certificat de rapporteur de hadiths.
13. Son comportement et sa physionomie
Allah le Très-Haut avait façonné as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) en le créant de toute beauté. Il était aussi élégant que beau. Allah l'avait doté d'une jolie physionomie ainsi que d'une parfaite stature. Il était somptueux,
robuste et costaux ; il avait de fortes articulations et des bras musclés, de larges épaules, des joues allongées, un nez et des sourcils minces, des yeux ronds, un visage éblouissant et rose et une peau douce. Il était attentif, vertueux et toujours souriant ; ce qui lui attirait le maximum de respect: Béni soit Allah, le meilleur des créateurs.
14. Ses mœurs
Allah le Très-Haut avait créé as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) d'une matière sacrée riche et aussi noble qu'honorable. Il était à la fois doté d'une si haute intelligence de telle sorte que tout le monde l'admirait après avoir distinctement remarqué de la gloire sur son visage et la noblesse dans ses actes et ses paroles. Je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi bien doté que lui. Et il était en plus courageux et patient.
Il était magnanime et ne pouvait en aucun cas être soumis aux contraintes ni tolérer n'importe quelle forme d'humiliation. Mieux encore, il était à l'abri de toute forme d'orgueil. Il était très généreux, bienveillant et sympathique étant donné qu'il était issu d'une famille noble considérée comme la source même de la générosité.
Il était très intelligent, attentif, chaleureux et doté de fortes intuitions. Et s'il était clément et indulgent envers les croyants, il était également de toute dureté vis-à-vis des incrédules ennemis d'Allah le Très-Haut. Et il ne craignait rien dans la voie d'Allah étant donné qu'il avait une haute détermination, une grande ardeur et beaucoup d'amour pur envers Allah. Ce qui l'avait aidé à s'élever très haut.
62 Les Chiites et les sciences islamiques
15. Les différentes personnes ayant écrit la biographie d'asSayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr
Toute une multitude d'écrivains avaient écrit la biographie d'asSayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) de son vivant même. C'est le cas de son propre neveu, al-‘Allâma Cheikh al-Mortaḍâ Âl-Yâsîn qui avait écrit une biographie exceptionnelle du fait qu'il avait pu présenter cette illustre personne de la manière la plus intéressante qui avait incité les savants à viser leur perfection en toute priorité. En outre, asSayyed aṣ-Ṣadr disposait d'une biographie au sein de son livre
a‘yân-uch-chi‘a dans lequel l'on avait évoqué ses grandes qualités scientifiques figurant dans ses livres ainsi que sa présence parmi ceux qui avaient le droit de décerner un certificat de rapportage de hadiths à son époque. As-Sayyed
Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) avait également été mentionné par le chercheur Cheikh ‘Abbâs Ibn Cheikh Réḍâ al-Qumi dans la bibliographie de son grand-père, Charaf-ud-dîn ’Amili1.
As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) avait aussi été cité par certains étrangers intègres à l'instar du philosophe libanais, Amin Rayḥâni, 2 et tant d'autres Orientalistes3.
Après la mort d'as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr, qu'Allah le TrèsHaut le sanctifie, l'honorable al-‘Allâma as-Sayyed ‘Ali anNaqi an-Naqawi lui avait écrit une biographie détaillée dans les annotations de sa poème ayant une rime de la lettre «R» en
1. C'est dans son propre livre intitulé « al-kunâ wal-alqâb», tome 2, page 322 ainsi que dans « muntahal-âmâl » dans le chapitre des descendants de l'Imam Mûssâ (Que la paix soit sur lui). 2. Revoir sa description dans son livre intitulé «mulûk al-‘arab» première édition tome 2 p. 273.
3. Il s'agit de ceux qui lui avaient rendu visite. Un bon nombre d'entre eux, dont nous ne nous rappelons pas les noms, avaient pu profiter de sa sagesse.
guise d'éloge à cette illustre personne. Cette biographie n'était ainsi donc qu'un commentaire de ce superbe poème. C'est un poème assez détaillé qui décrivait toutes les étapes de la vie scientifique et active du défunt, de la naissance jusqu'à la mort. Le poète y avait cité les ancêtres d'as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) en commençant par son père Zayn-ul-‘Abidîn, son grand-père ‘Ali Nûr-ud-dîn, l'arrière grand-père Nûr-ud-dîn, Ali, l'arrière arrière grand-père alḤussein Ibn ‘Ali Ibn Moḥammad Ibn Abil-Ḥassan Tâj-ud-dîn al-Mûsawi jusqu'à as-Sayyed Charaf-ud-dîn de Djabal ‘Amil ou de Iraq. Cette biographie avait pu très clairement démontrer la place de choix qu'occupait as-Sayyed aṣ-Ṣadr dans sa communauté tout en citant ses maîtres, ses étudiants ainsi que ses œuvres traitant de différents sujets. Le poète n'a pas du tout oublié d'y décrire la cérémonie de son enterrement et ses panégyriques accomplies en Iraq, à Djabal ‘Amil, en Iran, en Inde ainsi que dans tant d'autres coins du monde. Nous allons ainsi reproduire un extrait de ladite biographie dans les deux sous-titres suivants:
16. Les personnes ayant obtenu de lui un certificat de rapportage de hadiths
Al-Allâma as-Sayyed ‘Ali an-Naqi an-Naqawi dit1: "Quant au rapportage de hadiths, as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce d'Allah le Très-Haut soit sur lui) était l'homme le plus doué de son époque. Il y avait à l'époque un grand nombre de savants y compris quelques Ḥujjat-ul-islam sortis tout droit de cette école qui avaient obtenu d'as-Sayyed aṣ-Ṣadr un certificat de rapportage de hadiths. C'est le cas de l'Ayatollah al-‘Uẓmâ, le as-Sayyed Abul-Ḥassan al-Iṣfahâni an-Nadjafi (Que Dieu soit satisfait de lui), et des Ayatollah, Ḥujjat-ul-
1. Cette biographie rédigé dans l'un des livres de Son Excellence asSayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr intitulé nuzhatu ahl-il-ḥaramayn fi ‘imârat-ilmachhadayn a été éditée en Inde. (Cfr page 12)
64 Les Chiites et les sciences islamiques
islam et honorables savants de Nadjaf: le Ḥâj Cheikh Moḥammad al-Ḥussein al-Iṣfahâni l'auteur du commentaire intitulé al-ḥâchiya ‘alal-kifâyah, le Cheikh Moḥammad-Kâẓim ach-Chirâzi, le Cheikh Hâdi Âl-Kâchif al-Ghiṭâ’, le Cheikh Moḥammad-Réḍâ Âl-Yâcîne, le Ḥâj Cheikh ‘Ali al-Qumi, le
Ḥâj as-Sayyed Réḍâ al-Hindi et Mirzâ Moḥammad-‘Ali alOrdabadi de Nadjaf. De Karbala, il y avait le as-Sayyed Mirzâ Hâdi al-Khurassani. De Samarra, il y avait le Cheikh Moḥsin connu sous le nom de Agha Bozorg aṭ-Ṭehrâni, l'auteur de toute une multitude de livres dont adh-dharî‘a ilâ taṣânîf-ich-chi‘a
et tant d'autres encore de Samarra. De Djabal ‘Amil, on avait le as-Sayyed ‘Abdul-Ḥussein Âl-Charaf-ud-dîn. D'Isfahan, il y avait le Cheikh Agha Réḍâ al-Iṣfahâni l'auteur du livre intitulé
naqdu falsafati Darwin. De Machhad, on avait as-Sayyed
Ṣadruddin aṣ-Ṣadr. De l'Inde, il y avait mon propre père al‘Allâma Abul-Ḥassan an-Naqawi. De fayḍ-Abad, il y avait asSayyed Chobeir Ḥassan et tant d'autres encore. Et moi-même d'ailleurs, je rapporte des hadiths de sa part selon le certificat qu'il m'avait décerné depuis le 11 chawwâl de l'ân 1346 de l'Hégire. C'est lui mon premier maître qui m'aurait décerné un certificat de rapportage de hadiths. C'était un certificat global valable pour tous les livres traitant de différentes sciences religieuses y compris les hadiths, le Commentaire du saint Coran et autres sciences."
17. Sa mort, son enterrement et son éloge
Allâmeh as-Sayyed ‘Ali an-Naqi an-Naqawi dit 1: "As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) est mort en plein 2 du mois de Rabî‘ al-Awwal de l'an 1354 à
1. Page 11 de cette même biographie éditée ensemble avec le livre intitulé « nuzhatu ’ahl-il-ḥaramayn fi ‘imârat-il-machhadayn ». 2. Il est mort plutôt l'après-midi du Jeudi 11 Rabi‘ al-awwal de l'an 1354 de l'Hégire qui avait coïncidé avec le jeudi 12 Juin 1935 de l'ère chrétienne.
Bagdad après y avoir résidé un laps de temps pour des raisons médicales1. Sa mort fut un coup fatal pour tout le monde. Plus ou moins cent mille personnes, y compris l'envoyé spécial de Son Excellence le roi Ghazi lui-même,2 avait accompagné sa dépouille mortuaire jusqu'à Kâẓimayn sa ville natale où il sera enterré à côté du mausolée de son ancêtre, l'Imam Mûssâ Ibn Ja‘far (Que la paix soit sur lui)3. La nouvelle de sa mort s'était répendue sur tout le territoire iraquien et plus particulièrement à Nadjaf. On organisa alors de différentes cérémonies et séances d'invocation en sa mémoire. Et la plus importante de ces cérémonies furent celles organisées trois jours durant par le chef de la communauté Chiite l'Ayatollah as-Sayyed Abul-Ḥassan al-Iṣfahâni (Que Dieu soit satisfait de lui)."
Allâmeh as-Sayyed ‘Ali an-Naqi an-Naqawi rapporte: "La nouvelle de la mort d'as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) avait retenti très durement dans le monde islamique en général et surtout en Syrie et à Djabal ‘Amil où il avait eu à planter l'arbre de sa connaissance pendant un bon bout de temps et où vivaient d'honorables gens à l'instar de la famille Charaf-ud-dîn ainsi que leur chef, le Ḥujjat-ulIslam le as-Sayyed ‘Abdul-Ḥussein Charaf-ud-dîn (Que Dieu
1. Quelques jours avant la mort de Son Excellence as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr, son fils aîné l'avait invité à venir résider chez lui à Dar-usSalam à Bagdad aussi longtemps qu'il aurait besoin des soins médicaux et il avait accepté cette invitation après avoir fait une Istikhara (Consultation divine). Toutefois, il n'y est resté que très peu de jours avant de quitter ce monde. 2. En outre, parmi ceux qui participaient à cette cérémonie nous citons : le Vizir, les nobles, les députés et les responsables de l'Etat et les savants chiites et sunnites qui étaient devant la grande foule. 3. Il a été enterré à coté de son vénéré père dans une chambre spécifique dans la cour du mausolée sacré de l'Imam al-Kâẓim (Que la paix soit sur lui).
66 Les Chiites et les sciences islamiques
soit satisfait de lui), qui était le neveu même de l'auteur de cette biographie. On y avait également organisé une grandiose cérémonie qui avait duré jusqu'à sept jours comme l'avait exprimé la carte d'invitation qui m'avait été envoyée et dans laquelle il était mentionné que la cérémonie devrait avoir lieu dans la nouvelle mosquée de Jami‘ à quatorze heures le dimanche 12 Rabî‘ al-Awwal 1354 de l'Hégire correspondant à 13 Juin 1935 de l'ère chrétienne. L'invitation contenait tout le programme du déroulement de la cérémonie en plus de la liste des noms des orateurs. Il s'agissait, entre autres, des gens tels que le grand al-‘Allâma, le Ḥujjat-ul-Islam le Cheikh ‘AbdulḤussein Ṣâdiq, le Ḥujjat-ul-Islam as-Sayyed ‘Abdul-Ḥussein Nûr-ud-dîn, le maître Khayr-ud-dîn Beck al-Aḥdab, al-‘Allâma Cheikh Aḥmad Réḍâ et autres grands hommes de lettres. C'était également le cas des Indes où l'on avait pu organiser une grande cérémonie tout en annoncant sa mort dans les journaux. Ce fut la même situation dans plusieurs autres endroits partout dans le monde islamique. Certes, lorsqu'un savant meurt, il se produit une brèche dans l'Islam que rien ne pourra à jamais remplacer."
18. As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr dans la presse 1) La presse iraquienne
Pour donner une idée de l'éloge qu'avait faite la presse iraquienne à as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui), il suffit de lire l'article écrit dans la dépêche numéro 312 du lundi 30 Rabbî‘ al-Awwal de l'an 1354 de l'Hégire, correspondant au 01 juin de l'an 1935 de l'ère chrétienne, du journal dénommé «al-karkh» au cours de sa septième année de publication. On peut lire l'extrait que nous reproduisons dans le sous-titre suivant:
La personnalité exceptionnelle de l'imam as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr
Le journal iraquien avait écrit:
"Un homme honorable de la ville de Nadjaf nous a envoyé un résumé de la biographie du grand défunt le Ḥujjat-ul-Islam asSayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) que nous reproduisons en toute intégralité: Il est tout à fait absurde de concevoir qu'un quelconque écrivain soit vraiment capable d'exprimer la profondeur de la peine et de la douleur qui touchent la communauté islamique suite à la disparition de son grand chef l'imam Son Excellence l'Ayatollah as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui). Cette perte est si énorme et si lourde qu'aucun d'entre eux ne peut le supporter. Ses douleurs sont exorbitantes et la communauté vient de perdre son grand imam, son honorable al-‘Allâma et son plus grand Marja‘ à qui tout le monde se référait aussi bien pour ses affaires privées que religieuses. C'était ce genre de personne à qui l'on fait recours dans les situations critiques.
Son Excellence l'Ayatollah as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) était une personnalité hors du commun dotée d'un savoir tout à fait exceptionnel. C'était un grand modèle en ce qui concerne la science et la vertu dans toutes les trois étapes de sa vie, à savoir, son enfance, sa maturité et à sa vieillesse. Pendant son enfance, il était très doué par son courage et son intelligence. Homme mûr, il était le savant exceptionnel parmi tant d'autres honorables savants. Et pendant sa vieillesse, il était la référence religieuse de la communauté qui lui avait confié cette lourde responsabilité afin de recourir à lui dans toutes les circonstances. As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) était toujours souriant avec un visage éblouissant. Il était vraiment éloquent sans le moindre balbutiement et était doté
68 Les Chiites et les sciences islamiques
d'une forte argumentation. Il appuyait son argument par un autre encore plus convaincant et simplifiait son langage lors des sujets compliqués de telle manière qu'on croie qu'il s'agit d'un sujet ordinaire et très simple alors qu'il ne l'est pas en réalité. Mais son éloquence, la force de son argumentation et ses paroles séduisantes attiraient jusqu'à faire croire à la simplicité des sujets qu'il abordait. Ses assemblées constituaient une école élégante, une vraie mine de science, de littérature et de toutes sortes d'expressions. Son langage dépendait de son auditeur en tenant compte de ses aptitudes et prédispositions personnelles afin de faciliter ainsi la compréhension, et par la même occasion la conversation. Lorsque vous vous mettez devant lui pour écouter un sujet ayant trait à l'histoire, vous aurez l'impression de vivre cette époque même. Il vous parle parfois du Gabriel (Jibrîl) (Que la paix soit sur lui) lors de la descente de la révélation de telle manière que vous avez l'impression de le voir en personne et d'entendre directement sa voix. Quand il vous parle du Noble Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille), vous aurez l'impression d'être personnellement témoin de ses miracles, de vivre à son époque et d'entendre ses hadiths et ses sages paroles de sa propre bouche. A chaque fois qu'il aborde un sujet quelconque, il vous renvoie directement à l'époque en question. Et de même lorsqu'il passe d'un sujet à l'autre, il fait tellement attention à lui et à son assemblée de telle sorte que lorsque vous voulez le quitter, et pour la plupart à contrecœur d'ailleurs, vous sentez votre esprit plus épanoui et vos idées plus claires."
Et voici as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) tel que décrit par le philosophe Rayḥâni à la page 273 du deuxième tome dans son livre intitulé «mulûk al‘arab»:
Lorsque j'ai visité as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) chez lui dans la ville de Kaẓimayn, j'avais remarqué que c'était un homme aux superbes mœurs et à la physionomie parfaite. Il avait des sourcils minces, une barbe blanche abondante et il était doté d'un langage propre aux prophètes. Ses yeux ressemblaient à deux brandons sur deux joues roses. Il avait des épaules larges, une haute taille et des membres musclés. Il portait un grand turban noir ainsi qu'une chemise à manches courtes ouverte au niveau de la poitrine et qui montrait ses avant-bras lorsqu'il tenait un discours. Durant tout mon voyage dans le monde arabe, cette grande personnalité chiite qui vivait dans la simplicité et l'ascétisme était la seule personne qui m'avait décrit les prophètes (Que la paix soit sur eux tous) de la même manière que les historiens, les poètes et les artistes. Il vivait tellement dans l'ascétisme que lorsqu'il me fit visiter sa propre maison, j'avais cru que c'était celle de l'un de ses domestiques. Et lorsque je l'avais vu s'asseoir dans une chambre qui n'avait qu'une simple natte en guise de mobilier, j'avais eu la peine à réaliser que c'était vraiment lui ce grand Marja‘ ayant plus de deux millions de fidèles qui l'imitaient par Taqlîd et qui lui envoyaient des millions de roupies de l'Inde et de l'Iran afin qu'il les dépense dans la voie d'Allah. Il vivait lui-même dans tout cet ascétisme et il ne dépense une seul roupie dans une autre voie que celle d'Allah. Ses conditions de vie avaient fait que je respectasse beaucoup cette illustre personne tout en souhaitant voir quelques uns comme lui parmi nos chefs religieux qui vivaient pleinement dans l'abondance et le confort et qui faisaient tout sauf la pitié et la charité.
C'est de cette manière que le maître «Amin» nous a parlé d'asSayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) en nous décrivant sa personnalité hors du commun d'une façon on ne peut plus objective et intègre. Rayḥâni n'était pas du tout le seul à avoir rendu visite cet illustre imam pour pouvoir bénéficier de son grand savoir. Il y avait plutôt toute une multitude d'Orientalistes et de chercheurs qui lui posaient des questions sur des problèmes ambiguës encore irrésolus. Son Excellence as-Sayyed aṣ-Ṣadr leur
70 Les Chiites et les sciences islamiques
répondait immédiatement en recourant à des preuves claires et tangibles ainsi qu'à des arguments convaincants. Ceux-ci repartaient alors chez eux en lui remerciant avec le maximum de vénération. Ils s'étonnaient parfois lorsqu'ils l'entendaient évoquer en toute simplicité des exemples du passé pour aplanir un problème assez complexe et leur donner ainsi une solution aux problèmes qui les préoccupaient depuis toujours sans pouvoir trouver une issue quelconque. Pour conclure, as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) était un grand Marja‘ religieux que les musulmans et les non musulmans de l'Orient aussi bien que de l'Occident consultaient en tant que haute autorité. Il dépassait la totalité des savants de son époque dans le domaine du Fiqh, des Oṣûlul-fiqh, du Commentaire du Coran, des hadiths, de la science de l'évaluation des rapporteurs de Hadiths (‘Ilm-ur-Rijâl) ainsi que tant d'autres disciplines islamiques. Du vivant même de son maître l'imam as-Sayyed Moḥammad
Ḥassan ach-Chirâzi (Que la grâce de Dieu soit sur lui), il était l'étudiant modèle doté d'un degré de connaissances vraiment élevé.
Une fois, l'imam ach-Chirâzi lui avait demandé d'effectuer une certaine recherche portant sur divers sujets scientifiques à controverse. Et lorsqu'il lui en avait présenté le résultat, le maître l'avait lu attentivement avant de lever les mains au ciel pour prier Allah pour lui. Il avait ensuite déclaré: Si je mourais aujourd'hui, je m'en irais en toute quiétude car j'ai enfin parmi mes propres étudiants quelqu'un de valable aussi doué que le chercheur al-Bihbahâni. Or ce dernier n'était autre que le maître de l'Ayatollah Baḥr-ul-‘Ulûm en personne, Son Excellence asSayyed Mahdi qui s'était forgé une forte renommée dans le domaine des recherches.
Cette déclaration de la part de l'imam ach-Chirazi peut être considérée comme un grand témoignage du maître en faveur de son étudiant qui prouve la hauteur de ses qualités ainsi que sa capacité scientifique. Il
ﻢﮐﺎﺣ ﺮﯿﺧ ﻦﻣ ﻢﮑﺤﻟا ﯽﻘﻠﺗ ﯽﺒﻧ ﮫـّﻧﺄـﺑ ﺎـﻨﻠﻘﻟ ﻻ ﻻ ﻮﻟو مﺎـﻣإ
Sans aucun doute, ce grand imam demeure encore et toujours vivant étant donné qu'il nous a légué de vrais chefs-d'œuvre de hautes qualités dont le nombre dépasse la centaine.1 Il s'agit là en effet de meilleurs livres écrits dans le domaine de la science. As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) demeure encore vivant de nos jours grâce à la présence de ses deux fils, à savoir, les honorables as-Sayyed Moḥammad aṣ-
Ṣadr, le président du conseil des nobles et as-Sayyed ‘Ali aṣ-
Ṣadr. As-Sayyed Moḥammad aṣ-Ṣadr, ce leader à forte personnalité politique et scientifique tant adoré en Iraq.
ﺎﮭﻟﺎﯾذأ ﺮـﺟﺮـﺠﺗ ﮫﯿﻟإ
ﺎﮭﻟ ّﻻإ ﺢﻠﺼﯾ ﮏﯾ ﻢﻟو
ةدﺎﻘـﻨﻣ ﺔﻣﺎﻋﺰﻟا ﮫـﺘﺗأ
ﮫﻟ ّﻻإ ﺢﻠﺼﺗ ﮏﺗ ﻢﻠﻓ
Quant à son frère Ali, il constituait l'incarnation même de leur honorable défunt père de par son rôle combien important dans le domaine religieux. Il attirait les regards ainsi que les âmes qui retrouvaient par là leur guidance vers Allah tout en s'abreuvant à sa science.
Qu'Allah leur accorde une longue vie pleine de patience et qu'il leur octroie une forte récompense. Je me suis dis:
C'est ainsi donc qu'était le monde de la presse iraquienne pendant le deuil organisé aussi bien en Iraq qu'en Iran, en Afghanistan, en Inde, en Syrie, en Egypte que dans d'autre pays où as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) était considéré avec beaucoup de respect.
1. Nous vous avons déjà présenté environ 82 de ses œuvres.
72 Les Chiites et les sciences islamiques
2) La presse libanaise
Quant à la presse libanaise, elle avait publié la photo d'asSayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) en plus de son éloge préparé par la commission 1 chargée des funérailles que nous reproduisons en toute intégralité:
Le grand désastre dans le monde islamique à l'annonce de la mort de Son Excellence l'imam aṣ-Ṣadr Biographie brève: ses qualités - sa personnalité
Par des lèvres frissonnantes à peine capables de parler et un esprit bouleversé, nous portons à la connaissance de la communauté islamique la nouvelle du deuil de la république iraquienne, de l'Islam et de tous les Arabes à l'occasion de la disparition de leur Guide, le grand imam as-Sayyed Ḥassan aṣ-
Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui):
As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui)
1. De grandes figures du monde scientifique avaient été désignées à la tête de cette commission qui était constituée d'illustres savants spécialistes et experts aussi bien dans les sciences religieuses que les sciences modernes. Il s'agissait des écrivains de haute qualité appartenant à de grandes familles de Djabal ’Âmil qui avaient publié cet éloge à Son Excellence as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) dans la presse libanaise avant de le publier sous forme d'une missive à distribuer aux différents invités à l'occasion de quarantième jour de son décès (Arba‘în) au cours de laquelle toute une foule de savants, d'hommes de lettres, de poètes, de leaders, de représentants des Etats libanais et français ainsi que les représentants de différentes communautés libanaises venues de Damas, de Baalbek, de Beyrouth, de Sayda, de Palestine et de différents autres coins de Djabal ’Âmil. Cette grande cérémonie avait connu la participation d'une multitude d'orateurs et de poètes. Nous nous contentons de reproduire l'éloge de la commission en toute intégrité afin de répondre à sa requête.
Certes, la disparition d'as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) laisse un grand vide dans le monde plongé dans un extrême désordre, un monde en plein désastre qui ne peut s'en remettre que si Allah gratifie cette communauté d'un autre imam de sa trempe pour assouvir ses besoins et répondre à ses intérêts généraux. Un imam aussi compétent que conscient comme le défunt dans tous les domaines: la science, la pratique, la décision, la revivication de l'âme, la croissance intellectuelle ainsi que le raffermissement de la foi et des principes de base au sein de la communauté. En fait, toute la communauté islamique, le peuple arabe tout entier, le monde du livre et avant tout la religion islamique ellemême étaient tous en deuil à cause de ce grand malheur qui venait de les frapper et qui a donné des insomnies à la communauté en la mettant mal à l'aise. Certes, c'était un coup terrible que de perdre ce tout dernier réformateur qui incarnait la glorification d'Allah au fond des cœurs des croyants et qui personnifiait les prophètes et les véridiques par sa sincérité, sa vertu et sa haute perfection.
Qu'Allah console la communauté islamique en comblant le vide créé par cette grande perte en lui donnant un de ces guides capables de guider vers la vertu, la bienfaisance et la charité pour l'intérêt de tous, afin de revivifier la communauté, de propager la science et de concrétiser les bonnes pensées ainsi que les bonnes aspirations.
Il est tout à fait indispensable de citer ne fut-ce que brièvement la biographie de cet illustre savant afin d'accomplir tant bien que mal notre devoir envers notre Imam sacré (Que la grâce de Dieu soit sur lui).
1- Sa naissance
As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) est né le vendredi 29 du mois sacré de Ramadan de l'an 1272 de l'Hégire dans la sainte ville de Kâẓimayn où se situe le
74 Les Chiites et les sciences islamiques
mausolée de ses deux grands-pères, les saints Imams: Mûssâ Ibn Ja‘far al-Kâẓim et Moḥammad Ibn ‘Ali al-Jawâd, respectivement le septième et le neuvième Imams (Que la paix soit sur eux tous). La ville de Kâẓimayn constituait ainsi un bon cadre et un endroit par excellence car située juste à quelques lieux au nord de la ville Bagdad, la capitale même de l'Iraq.
2- Son nom et sa généalogie
ﺐھﺬﺗ ﺲﻤﺸﻟا ءﻮﺿ تﺎﻔﺻو ﻼﻃﺎﺑ
ﮫﺴﻔﻨﺑ مﺎﻗ ءﯽﺸﻟا لﺎﻄﺘﺳا اذإو
As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) était si célèbre que son nom à lui tout seul peut suffire pour représenter toute une généalogie pleine de fierté et de noblesse. Néanmoins, les exigences du monde des biographes exigent parfois que l'on cite la généalogie de toute personne dans sa biographie sans tenir compte de son degré de célébrité. En effet, as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) avait une très glorieuse généalogie.
ادﻮﻤﻋ حﺎـﺒﺼﻟا ﻖﻠﻓ ﻦﻣو ارﻮﻧ ﯽﺤﻀﻟا ﺲﻤﺷ ﻦﻣ ﮫﯿﻠﻋ ّنﺄﮐ ﺐﺴﻧ
C'est une généalogie aussi éclatante que la clarté du soleil en pleine matinée et aussi éblouissante que la lumière de la journée qui fait disparaître la nuit. Il s'agit en fait de l'imam Abû Moḥammad Ḥassan fils de Chérif Hâdi fils de Chérif Moḥammad ‘Ali fils de Chérif Ṣâliḥ fils de Chérif Moḥammad fils de Chérif Ibrâhim (connu sous le nom de Charaf-ud-dîn) fils de Zayn-ul-‘Abidîn fils de ‘Ali Nûr-uddîn fils de Nûr-ud-dîn Ali, fils de al-Ḥussein fils de Moḥammad fils de al-Ḥussein fils de ‘Ali fils de Moḥammad fils de Tâj-uddîn (connu sous le nom de Abûl-Ḥassan) fils de Moḥammad fils de ‘Abdullâh fils de Aḥmad fils de Ḥamza fils de Sa‘dullah fils de Ḥamza fils de Moḥammad fils de ‘Abdullâh fils de Moḥammad fils de ‘Ali fils de ‘Abdullâh fils de Moḥammad fils de Ṭâhir fils de al-Ḥussein fils de Mûssâ fils de Ibrâhim al-Mortaḍâ fils de l'Imam Mûssâ al-Kâẓim fils de l'Imam Abû ‘Abdullâh aṣ-Ṣâdiq fils de l'Imam Abû Ja‘far al-Bâqir fils de l'Imam ‘Ali Zayn-ul-‘Abidîn fils de Abû ‘Abdullâh al-Ḥussein le chef des martyrs petit-fils du patron des prophètes et fils du Commandeur des croyants, ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb et de Zahrâ la dame de toutes les dames de l'univers (Que la paix soit sur eux tous). Ceux-ci étaient tous d'honorables guides de la communauté et les Imams des Musulmans à leurs époques. Des imams à l'ascendance noble d'où est sortie une descendance pure, purifiée et purificatrice.
3- Ses dons et son épanouissement
Allah avait pourvu as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) de mœurs exceptionnelles en le façonnant de la manière la plus parfaite pour une personne ordinaire n'ayant pas le degré d'infaillibilité. Il l'avait exceptionnellement doté d'une nature saine, d'une haute intuition ainsi que d'une grande capacité d'assimilation. Il disposait d'une forte personnalité, d'un esprit vif, d'une intelligence aiguë, d'un comportement modeste et d'une forte argumentation. Il était tellement éloquent que quand il parlait, vous pouviez entendre une douce mélodie attirante et envoûtante. Il avait l'art de s'attirer les cœurs et de s'accaparer des âmes avec de saints discours divins qui étaient en soi de vraies sources de vie et de spiritualité. Il ne se contentait jamais de simples aspects superficiels des choses. Au contraire, il fouillait toujours jusqu'au fond tout en se choisissant ce qui convient le plus à son intellect hors du commun, à son style fin ainsi qu'à son caractère sublime. C'est ainsi qu'était l'illustre disparu (Que la grâce de Dieu soit sur lui) et c'est ainsi qu'Allah le Très-Haut l'avait créé. Et d'ailleurs, ceci est tout à fait normal étant donné qu'il avait depuis sa jeune enfance de ces aptitudes si rares et si exceptionnelles que l'on ne pouvait pas ordinairement retrouver dans n'importe qui et n'importe comment sauf après de minutieux examens et sélections nécessitant des siècles. Quant
76 Les Chiites et les sciences islamiques
à lui, il lui était tout à fait normal d'atteindre cette gloire et cette éternité vu qu'il descendait d'une lignée vertueuse caractérisée par la haute perfection. Seul le tempérament exempt de toute forme de déviation et de complexe qui régnait au sein de la famille de charif Hâdi, son honorable père comme s'il s'agissait d'un lycée bien organisé voire une faculté de haut niveau exigeant aux étudiants d'associer à la fois la vertu, à l'éthique, à l'honnêteté, à la foi et à la conviction d'une manière vraiment exceptionnelle.
Les psychologues aussi bien que les pédagogues s'accordent à l'unanimité que la maison constitue en effet un cadre propice pour former les enfants que l'on veut à tout prix remplis de sagesse et pour recourir à toute la science dans l'édification d'une fondation, d'une base solide sur laquelle s'élèvera un édifice aussi solide que joli et aussi vaste que présentable. Et l'enfant parcourt toutes ces étapes progressivement grâce à ses aptitudes et à sa capacité d'assimiler les nouvelles données pour atteindre son idéal. Y a-t-il un idéal mieux que le sage Charif Hâdi pour assurer l'éducation de la nouvelle génération ? Et y at-il quelqu'un plus apte que le défunt pour recevoir cette éducation et l'adopter dans la bonne voie ? Il faut donc admettre que notre défunt ait réussi son examen qui lui offrit l'occasion de disposer de hauts degrés de la perfection.
4- Sa personnalité et ses qualités
As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) était une personne compatissante, bienveillante et très sensible quant aux intérêts de la communauté. L'amour ne constituait pas pour lui l'unique raison pour s'approcher de quelqu'un ni le mécontentement pour s'en éloigner et pas même la majesté pour le respecter. D'après lui, le degré de foi et le bien constituaient les vrais critères pour apprécier et évaluer les gens qui le côtoyaient.
La manière dont l'a brièvement décrit le philosophe Rayḥâni dans son livre intitulé «mulûk al-‘arab» 1, après lui avoir rendu visite, suffit largement pour exprimer avec clarté ce que représentait cet honorable imam pour le monde islamique en général et le monde arabe en particulier. Cette brève description permet également de donner une idée sur son degré d'ascétisme ainsi que son degré de piété. Il avait la même vision sur ce monde périssable que les prophètes et les grands personnages parmi les hommes vertueux.
5- Son savoir et ses œuvres
Vous serez d'accord avec nous qu'as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) était l'homme le plus génial, le plus doué et le plus grand penseur du vingtième siècle. En effet, la plupart des savants ne se contentent que d'une seule spécialité dans le domaine de l'art, de la littérature ou d'autres domaines de la science. Celui-ci veut à tout prix devenir philosophe, celui-là veut devenir jurisconsulte pendant que celui-là d'autre suit les cours de littérature pour devenir homme de lettres. On se contente alors de lire une seule page de philosophie portant sur l'intelligence, les réalités intelligibles, les substances et les accidents pour devenir philosophe ; ou sur des sujets tels que le jugement, l'héritage, le commerce et autres chapitres du Fiqh ou tout simplement sur des sujets ayant trait aux fondements du Fiqh à l'instar du principe de «Barâ’a» et le «Istiṣḥâb», la règle «Ishtighâl», le «Ta‘âdul» et le «Tarâjiḥ» voire sur les recherches portant sur le «Qaṭ‘» (la certitude), le «Ẓann», ou les autres sujets des fondements du Fiqh pour devenir jurisconsulte. L'homme de lettres est celui qui se plonge dans les études de littérature: son histoire, ses textes et l'étude de la poésie de l'époque du Jâhiliyya (L'époque préislamique), de l'époque Omeyyade ou de l'époque ‘Abbaside
1. Revoir la description de ce philosophe déjà citée lors de la publication de la presse iraquienne de l'éloge du défunt.
78 Les Chiites et les sciences islamiques
afin de faire connaissance avec les grandes figures de la littérature de l'époque.
Quant à l'objectif de l'illustre disparu (Que la grâce de Dieu soit sur lui), c'était tout autre chose: Il visait plutôt le progrès perpétuel de la science. Il voulait le plus simplement du monde faire de sa tête une véritable encyclopédie scientifique, une véritable bibliothèque renfermant les sujets les plus délicats de différents domaines de la science. Il visait ce grand objectif jusqu'à ce qu'il ait pu maîtriser à la fois toutes les disciplines d'une manière qu'on ne peut plus parfaite. En effet, lorsque vous examinez minutieusement les œuvres d'as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) qui dépassent d'ailleurs la centaine, vous serez certainement étonnés car vous vous rendrez sûrement compte que chacun de ses livres ayant trait à tel ou tel autre domaine de la science prouve à suffisance qu'il était vraiment l'homme le plus doué dans le domaine. Et lorsque vous lisez ensuite son deuxième livre puis son troisième et ainsi de suite, vous vous rendrez effectivement compte qu'il maîtrise amplement le domaine en question comme s'il en était le fondateur. Nous projetons de publier un document spécial sur la vie de cet illustre disparu (Que la grâce de Dieu soit sur lui) 1 afin d'expliquer ses efforts combien louables dans la rédaction des livres et ses grands services en faveur de la communauté islamique et de la science.
6- L'annonce de sa mort
As-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) est décédé le 11 Rabi‘ al-Awwal de l'an 1354 de l'Hégire. L'annonce de sa mort avait plongé l'Iran, l'Afghanistan, l'Iraq, Djabal ‘Amil et tout le monde islamique d'ailleurs dans une profonde tristesse. Des cérémonies ont été organisées par-ci
1. Nous avons déjà déchargé la commission de cette responsabilité car, Dieu merci, nous avons déjà pu accomplir ce devoir.
par-là dans toutes les capitales du monde islamique ainsi que dans toutes les villes et villages pour lui rendre hommage. Dans la ville de Ṣûr, qu'Allah offre de la patience à cette communauté, on lui avait consacré spécialement sept jours de deuil. Nous profitons quant à nous de cette occasion pour présenter nos sincères condoléances à son successeur, le guide et le président du conseil des nobles de l'Iraq ainsi qu'à tous les membres de la famille de l'illustre disparu. Pour finir, nous invitons toute la communauté islamique à tirer une leçon de la vie d'as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) et de la prendre comme modèle pour éduquer les jeunes générations tout en espérant produire des savants de sa trempe caractérisés par la vertu et la sincérité et qui œuvrent pour l'épanouissement ainsi que pour le développement de toute la communauté avec l'aide d'Allah le Très-Haut.
La commission chargée des fêtes
7- La mort d'as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) de la bouche des poètes
Toute une multitude de poètes et d'hommes de lettres avaient décrit la mort d'as-Sayyed Ḥassan aṣ-Ṣadr (Que la grâce de Dieu soit sur lui) dans plus d'une vingtaine de poèmes en arabe et en persan. Il y a par exemple ce poème de Cheikh al-Faqîh, al-‘Allâma Cheikh Mortaḍâ Âl-Yasin (Qu'Allah fortifie son âme) qui signifie littéralement:
Aucun cœur n'a pu supporter la douleur causée par ta disparition
Aucun œil non plus n'a goûté au sommeil Vraiment, que tu te sois débarrassé de cette fièvre C'est en réalité mon âme qui a quitté mon corps Tu séjournes dans la demeure éternelle et je t'en félicite
80 Les Chiites et les sciences islamiques
Car c'est la meilleure demeure pour la vie que Dieu ait accordée.
Même si mes yeux ne te voient plus Tes yeux quant à eux nous verront toujours Tu as disparu mais c'est la guidance qui nous a annoncé plutôt ton absence
Et je crois que c'est un homme vertueux et bienfaisant qui nous a quittés pour toujours.
L'an 1354 de l'Hégire
CHAPITRE I
LE DEVANCEMENT DES SAVANTS CHIITES DANS LES ‘ULUM-UL-QUR’ÂN (SCIENCES CORANIQUES)
Avant tout, il est important de signaler que, selon plusieurs sources, c'est le Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui) qui fut le tout premier à avoir donné une classification des sciences coraniques. Il avait subdivisé ce domaine en soixante branches différentes tout en citant un exemple pour chacune dans un livre que nous conservons jusqu'à nos jours. Ce chef-d'œuvre constitue en tout cas un document de référence pour tous les livres écrits dans le domaine des sciences coraniques. Et c'est encore le Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui) qui avait constitué le tout premier exemplaire du saint Coran surnommé «muṣḥafu Amîr-ulMu’minîn» selon l'ordre de révélation des versets, et cela juste quelques mois après la disparition du saint Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille). Les hadiths qui confirment cette information selon les sources des Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous) sont reconnus comme étant «Mutawâtir» et «Mustafîd», selon les sources Sunnites. Nous avions eu à en citer quelques uns dans le livre de base dans notre entretien avec Ibn Ḥajar al-‘Asqalâni.
I. 1 - Le premier à avoir écrit un livre sur le Tafsîr (le commentaire) du saint Coran
Le tout premier à avoir écrit sur le commentaire du saint Coran est un dénommé Sa‘îd Ibn Jubeyr at-Tâbi‘i (Qu'Allah soit satisfait de lui). Il avait vécu juste après la mort du Prophète
84 Les Chiites et les sciences islamiques
(Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille). Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi a écrit dans son livre intitulé «al-itqâne» que, selon un hadith rapporté par Qotâda, Sa‘îd Ibn Jubeyr était le meilleur commentateur du saint Coran de son époque. Ibn an-Nadîm avait lui aussi reconnu ce même fait dans son «al-fihrist» en citant le livre de Sa‘îd Ibn Jubeyr en tête de tous les livres écrits dans le domaine du Commentaire du Coran. Ce dernier fut assassiné au cours de l'an 94 de l'Hégire. Sa‘îd Ibn Jubeyr (Qu'Allah soit satisfait de lui) comptait parmi les partisans d'Ahl-ul-Bayt les plus fidèles. Ceci a été mentionné par toute une multitude de savants spécialistes dans leurs livres «arrijâl» (la science des rapporteurs de hadiths) à l'instar de l'Allâmeh Jamâl-ud-dîn Ibn al-Muṭahhar dans son livre intitulé «al-khulâṣâ» et d'Abû ‘Amru al-kachchi dans son livre sur les rapporteurs de hadiths.
Abû ‘Amru al-kachchi a rapporté toute une série de hadiths des Imams infaillibles (Que la paix soit sur eux tous) dans lesquels ils louaient les vertus de cet honorable personnage, son attachement à eux et son honnêteté. Il a encore ajouté que le vrai motif qui avait d'ailleurs poussé al-Ḥajjâj à assassiner Sa‘îd Ibn Jubeyr (Qu'Allah soit satisfait de lui) n'était autre que l'attachement de ce dernier aux Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous).
Il faut toutefois signaler que tout un groupe d'autres savants chiites avaient eu à écrire des livres dans le domaine de Tafsîr (commentaire du Coran) après Sa‘îd Ibn Jubeyr. On a, entre autres:
As-Soddi al-Kabir
Il s'agit en fait d'Ismâ‘îl Ibn ‘Abdur-Raḥmân al-Kufi, beaucoup plus connu sous le nom d'Abû Moḥammad al-Qurachi, décédé en l'an 127 de l'Hégire.
Cet illustre savant avait à son actif un Commentaire du saint Coran pour lequel Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi avait déclaré dans son livre intitulé «al-itqâne»:
«Le meilleur Commentaire du Coran c'est celui de Ismâ‘îl asSoddi que les spécialistes du domaine tels que ath-Thawri et ach-Chu‘ba avaient rapporté de lui-même.» Quant à nous, nous avons dit:
En plus de Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi, il y avait également Cheikh an-Najâchi qui avait mentionné le Tafsîr de Ismâ‘îl as-Soddi dans son propre Commentaire du Coran autant que cheikh Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi dans son livre intitulé «fihristu asmâ’ muṣannifi ach-chi‘a» sur les écrivains chiites. Ibn Qotayba avait quant à lui mentionné la tendance chiite de cet illustre savant dans son livre intitulé «al-ma‘ârif» ainsi que al-‘Asqalâni dans ses livres intitulés «at-taqrîb» et «tahdhib-uttahdhib».
Ismâ‘îl as-Soddi fut tour à tour disciple de l'Imam ‘Ali Ibn alḤussein, de l'Imam al-Bâqir et de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur eux tous).
Moḥammad Ibn as-Sâ’ib Ibn Bochr al-Kalbi
Cet éminent savant a à son actif un Commentaire du Coran très célèbre. Ibn an-Nadîm l'a aussi cité dans son livre intitulé «alfihrist» dans la partie consacrée aux auteurs des Commentaires du Coran.
Ibn ‘Uday a écrit dans son livre intitulé «al-kâmil»: «Moḥammad Ibn as-Sâ’ib Ibn Bochr al-Kalbi avait des hadiths authentiques spéciaux qu'il a rapporté d'Abû Ṣâliḥ.» Al-Kalbi est connu pour son Commentaire du Coran considéré comme le plus fourni et le plus riche de tous. As-Sam‘âni quant à lui dit à ce propos:
86 Les Chiites et les sciences islamiques
«Moḥammad Ibn as-Sâ’ib, l'auteur du Commentaire du Coran, était l'un de ces savants de Kufa qui croyaient au retour des morts dans cette vie (Raj‘at). Son fils Hichâm avait une noble ascendance et il était un chiite vraiment extrémiste.» Quant à nous nous avons dit:
Moḥammad Ibn as-Sâ’ib Ibn Bochr al-Kalbi faisait partie des plus fidèles chiites disciples de l'Imam Zayn-ul-‘Abidîn et de son fils l'Imam al-Bâqir (Que la paix soit sur eux tous). Il est décédé en l'an 146 de l'Hégire.
Jâbir Ibn Yazîd al-Ju‘fî, le maître du Commentaire du Coran (Tafsîr)
Cet honorable savant était disciple de l'Imam al-Bâqir (Que la paix soit sur lui) et son inséparable compagnon. Il avait à son actif toute une série de livres dont un Commentaire du Coran. Il est décédé en l'an 127 de l'Hégire. Le Tafsîr de Jâbir Ibn Yazîd al-Ju‘fî est évidemment différent de celui de l'Imam al-Bâqir (Que la paix soit sur lui) cité par Ibn an-Nadîm dans son «al-fihrist» parmi tant d'autres Commentaires coranique en disant: «Le livre de al-Bâqir Moḥammad Ibn ‘Ali Ibn al-Ḥussein rapporté par Abul-Jârûd Ziyâd Ibn Mondhir, le chef de la tendance Jârudite et Zaydite.»
Quant à nous, nous disons:
Un groupe de Chiites dignes de confiance à l'instar d'Abû Baṣîr Yaḥyâ Ibn Qâsim al-Asadi avait eu l'occasion de rapporter ce commentaire du Coran de l'Imam al-Bâqir (Que la paix soit sur lui) d'Abul-Jârûd bien avant sa déviation vers le Zaydisme.
I. 2 - Le premier à avoir écrit sur la lecture coranique et le premier à avoir rassemblé les différents styles de lecture
Le tout premier à avoir écrit sur la lecture coranique est un dénommé Abû Sa‘îd qui n'est autre que Abâne Ibn Taghlib ar-Rab‘i. Il était également connu sous le nom d'Abû Umayma al-Kufi.
Cheikh an-Najâchi a écrit dans son livre intitulé «fihristu asmâ’ muṣannifi ach-chi‘a» sur les écrivains Chiites: Abâne était le devancier dans toutes les sciences coraniques, dans le Fiqh ainsi que dans les hadiths. Il avait son propre style de lecture coranique très connu chez les lecteurs du saint Coran. Cheikh an-Najâchi avait cité par la suite la chaîne de rapportage de son hadith sur le saint Coran rapporté du fameux Moḥammad Ibn Mûssâ Ibn Abî Maryam, l'auteur du livre intitulé «al-lu’lu’» (la perle) et qui remontait jusqu'a Abâne. Quant à Ibn Nadîm, il a écrit dans la partie consacrée à l'index des œuvres d'Abâne dans son «al-fihrist»: Il avait à son actif des livres sur le «Ma‘ân-il-Qur’ân» (les sens du saint Coran), un autre livre intitulé «kitâb-ul-qirâ’a» ainsi qu'un autre encore sur les fondements de Fiqh selon les hadiths des sources chiites.
Après Abâne, ce fut le tour de Ḥamza Ibn Ḥabîb, l'un des sept maîtres de la lecture coranique d'écrire un livre dans ce domaine.
On retrouve le passage suivant dans le livre d'Ibn an-Nadîm intitulé «al-fihrist»:
«Le livre de lecture coranique rédigé par Ḥamza Ibn Ḥabîb, l'un des sept adeptes de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui).» Ce même livre a aussi été mentionné par Cheikh Abû Ja‘far aṭ-
Ṭûsi dans son livre intitulé «ar-rijâl» sur les rapporteurs de
88 Les Chiites et les sciences islamiques
hadiths parmi les adeptes de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui).
Selon Cheikh Jamâl-ud-dîn Aḥmad Ibn Moḥammad Ibn
Ḥaddâd al-Ḥilli, le Cheikh Chahîd Moḥammad Ibn Makki a écrit dans l'un de ses livres:
Al-Kisâ’i avait appris la lecture coranique auprès de Ḥamza qui l'avait apprise à son tour auprès d'Abû ‘Abdullâh aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui). Quant à ce dernier, il avait appris la lecture coranique auprès de son illustre père et lui de son propre père, et ainsi de suite jusqu'au Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui). Quant à nous, nous disons:
Ḥamza avait également appris la lecture coranique auprès d'A‘mach et Ḥimrân Ibn A‘yune qui comptaient tous deux, comme nous le verrons, parmi les grands Cheikhs Chiites. Personne n'avait en tout cas précédé Abâne et Ḥamza dans la constitution des livres sur la lecture coranique. Et pourtant adh-Dhahabi et une série d'autres chercheurs qui ont écrit des livres sur les différentes catégories de lecteurs du saint Coran ont prétendu que le tout premier à avoir composé un livre sur les différents styles de lecture coranique serait un certain Abû ‘Obeyd al-Qâsim Ibn Salâm décédé en l'an 224 de l'Hégire.
Et il n'y aucun doute que Abâne Ibn Taghlib ar-Rab‘î ait vécu avant ce Abû ‘Obeyd, car adh-Dhahabi, dans son livre intitulé «al-mizân», ainsi que Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi dans son livre intitulé «aṭ-ṭabaqât», ont tous deux mentionné que Abâne est décédé en l'an 141 de l'Hégire. Ce qui prouve ainsi que Abâne avait vécu environ 83 ans avant Abû ‘Obeyd. Il en est de même pour Ḥamza Ibn Ḥabîb qui, toujours d'après adh-Dhahabi et Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi, est né en l'an 80 de l'Hégire et décédé en l'an 156 de l'Hégire selon les uns et en l'an154 de la même ère, selon les autres. Et il y en a qui fixent carrément le décès de Ḥamza Ibn Ḥabîb en l'an 158 de l'Hégire. Quoiqu'il en soit, ce sont les savants chiites qui furent les premiers à écrire un livre sur la lecture coranique, et adhDhahabi et Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi ne l'ignoraient pas du tout. Ils voulaient tout simplement citer le tout premier savant Sunnite à avoir écrit sur la lecture coranique et non pas, bien entendu, le tout premier savant musulman.
Il y a d'ailleurs une autre série de savants chiites qui avaient également précédé Abû ‘Obeyd al-Qâsim Ibn Salâm dans la composition de livres sur la lecture coranique en plus de ceux que nous avons déjà cités. Il s'agit en effet des gens tels que:
Ibn Sa‘dân Abû Ja‘far Moḥammad Ibn Sa‘dân aḍ-Ḍarir mentionné par Ibn an-Nadîm dans son livre intitulé «al-fihrist» parmi les chiites spécialistes de la lecture coranique. Il a dit à ce propos:
Il (en parlant de Ibn Sa‘dân Abû Ja‘far Moḥammad Ibn Sa‘dân aḍ-Ḍarir) était le maître de la masse et l'un de ceux qui lisaient le saint Coran selon le style de Ḥamza avant de s'inventer un style propre à lui. Il est né à Bagdad, mais il avait fait ses études à Kufa. Il est décédé en l'an 231 de l'Hégire, le jour même d'Arafat. Il est l'auteur d'un certain nombre de livres dont «al-qirâ’a» sur la lecture coranique, «mukhtaṣar-un-naḥw» sur la syntaxe arabe ainsi qu'un autre livre sur le code pénal semblable à celui de al-Farrâ’.
Moḥammad Ibn Ḥassan Ibn Abî Sârah ar-Rawâsi de Kufa
Il s'agit du maître de al-Kisâ’ï et de al-Farrâ’ qui faisait partie de proches disciples de l'Imam al-Bâqir (Que la paix soit sur lui). Abû ‘Amru ad-Dâni l'a cité dans la classe des lecteurs
«qurrâ’»du saint Coran en disant qu'il avait eu des cours de lecture auprès d'Abû ‘Amru et assisté aux leçons de lecture coranique dispensées par al-A‘mach l'un des savants de Kufa. Il était habilité à émettre son propre avis dans la lecture coranique
90 Les Chiites et les sciences islamiques
où il avait un bon nombre d'adeptes. Il avait un certain nombre d'élèves sur la lecture coranique parmi lesquels Khallâd Ibn Khâlid et ‘Ali Ibn Moḥammad al-Kondi. Il y avait également une série de personnes qui rapportaient de lui la lecture coranique à l'instar d'al-Kisâ’ï et d'al-Farrâ’. Il est décédé au début du deuxième siècle de l'Hégire. Selon an-Najâchi dans son «fihristu asmâ’ muṣannifi ach-chi‘a», Moḥammad Ibn
Ḥassan Ibn Abî Sârah ar-Rawâsi al-Kûfi avait à son actif une série de livres parmi lesquels le grand et le petit «al-waqf walibtidâ’» ainsi que le livre intitulé «al-hamz» sur les règles de lecture coranique.
Chahîd Zayd Ibn ‘Ali Ibn al-Ḥussein Ibn ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb
Il avait quant à lui opté pour le style de son propre grand-père, le Commandeur des croyants (Que la paix soit sur eux tous), comme l'affirme ‘Omar Ibn Mûssâ ar-Rajhi1. Ce dernier a écrit dans l'introduction du livre sur la lecture de Zayd: J'ai entendu cette façon de lire chez Zayd Ibn ‘Ali Ibn al-Ḥussein Ibn ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur eux tous). Je n'avais jamais vu quelqu'un qui maîtrise les sciences coraniques autant que lui. Il en connaissait les Nâsikh (les versets abrogatifs), les Mansûkh (les versets abrogés), tous les sujets complexes ainsi que le I‘râb (l'analyse grammaticale). Il fut assassiné à l'époque de Hichâm Ibn ‘Abdul-Mâlik en l'an 122 de l'Hégire. Il était alors âgé de 42 ans étant donné qu'il est né en l'an 80 de l'Hégire.
Tous ceux-ci avaient écrit des livres sur la lecture coranique bien avant Abû ‘Obeyd Qâsim Ibn Salâm. Ce qui prouve à suffisance que ce sont les savants chiites qui furent les premiers à rédiger des livres dans ce domaine.
1. Ou al-Wajihi.
I. 3 - Le premier à avoir écrit un livre sur les préceptes du saint Coran
Le tout premier à avoir écrit sur les préceptes du saint Coran est un dénommé Moḥammad Ibn Ṣaïb al-Kalbi, l'un des disciples de l'Imam al-Bâqir (Que la paix soit sur lui), que nous avons déjà cité plus haut. Ibn Ṣaïb a également été cité par Ibn anNadîm dans son livre intitulé «al-fihrist» dans la partie réservée aux livres rédigés sur les préceptes du saint Coran. Il a dit exactement: Moḥammad Ibn Ṣaïb al-Kalbi a rapporté le livre intitulé «aḥkâm al-Qur’ân» sur les règles du saint Coran de Ibn ‘Abbâs.
Quant à nous, nous disons:
Comme nous l'avons déjà mentionné plus haut, Ibn Ṣaïb alKalbi est décédé en l'an 146 de l'Hégire. Ainsi, la prétention de as-Suyûṭi selon laquelle l'Imam ach-Châfi‘i serait le tout premier à avoir constitué un livre portant sur les préceptes du saint Coran mérite d'être examinée et vérifiée avec minutie. En effet, Imam ach-Châfi‘i est décédé en l'an 204 de l'Hégire alors qu'il était seulement âgé de 54 ans. Il en est de même pour sa déclaration dans son livre intitulé «ṭabaqât-un-nuḥât» sur les grammairiens selon laquelle le tout premier à avoir écrit un livre sur les préceptes du saint Coran serait Qâsim Ibn Aṣbagh Ibn Moḥammad Ibn Yûsuf al-Bayâni al-Qorṭobi de l'Andalousie (dans l'actuelle Turquie) décédé en l'an 340 de l'Hégire alors qu'il était âgé de 93 ans et quelques jours.
I. 4 - Le premier à avoir écrit un livre sur les faits insolites dans le saint Coran
Selon un bon nombre de nos savants, le tout premier à avoir écrit un livre sur les faits insolites dans le saint Coran, c'est encore le Cheikh Chiite Abâne Ibn Taghlib qui était déjà le tout premier à avoir constitué un livre sur la lecture coranique. En outre, cette information fut également confirmée par Yâqut
92 Les Chiites et les sciences islamiques
al-Ḥamawi dans son livre intitulé «mu‘jam al-’udabâ’» sur les hommes de lettres ainsi que par Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi dans son livre intitulé «bughyat-ul-wi‘ât». Ces derniers furent tous les deux d'accord que Abâne Ibn Taghlib est décédé en l'an 141 de l'Hégire.
Et pourtant Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi a écrit dans son livre intitulé «al-awâ’il» sur les pionniers dans les différents domaines: Le premier à avoir rédigé un livre sur les faits insolites dans le saint Coran fut Abû ‘Obeyda Mu‘mar Ibn al-Muthannâ décédé en l'an 209 de l'Hégire, ou en l'an 210 voire en l'an 211 selon certains autres avis.
Quant à nous, nous ne croyons pas du tout que Jalâl-ud-dîn asSuyûṭi ait complètement oublié ce qu'il avait déclaré dans la biographie d'Abâne Ibn Taghlib dans son «bughyat-ul-wi‘ât», lorsqu'il avait affirmé que Abâne avait écrit un livre sur les faits insolites dans le saint Coran. Loin de là en tout cas. Il faisait tout simplement ici allusion au tout premier savant de la ville de Basra à avoir rédigé un livre dans ce domaine. En effet Abû ‘Obeyda n'était nullement de la tendance sunnite pour que l'on puisse prétendre que Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi voulait seulement citer le tout premier savant sunnite. Car, comme l'affirme Jahedh dans son livre intitulé «al-ḥayawane», de nos jours édité en Egypte, Abû ‘Obeyda était bel et bien de la tendance Kharijite Ṣafuriyya.
Il faut néanmoins signaler qu'il y a eu toute une série de savants chiites qui ont également écrit des livres dans ce même domaine après Abâne Ibn Taghlib. Nous pouvons citer le cas d'Abû Ja‘far ar-Rawâsi qui avait lui aussi vécu avant Abû ‘Obeyda, Abû ‘Othmân al-Mâzéni décédé en l'an 248 de l'Hégire, al-Farrâ’ décédé en l'an 207 de l'Hégire, Ibn Dureyd al-Kufi, homme de lettres décédé en l'an 321 de l'Hégire ou encore ‘Ali Ibn Moḥammad as-Simsâṭi dont nous allons prouver la tendance chiite lorsque nous citerons leurs biographies dans les chapitres portant sur le Naḥw (la grammaire arabe) et la linguistique.
I. 5 - Le devancement des savants chiites dans la composition des livres sur les différents thèmes abordés dans le saint Coran (Ma‘âni-l-Qur’ân)
Le tout premier à avoir écrit un livre sur les différents thèmes abordés dans le saint Coran est encore une fois de plus ce Cheikh Chiite Abâne Ibn Taghlib décédé en l'an 141 de l'Hégire. Toute une multitude de savants avaient cité son livre dans ce domaine. Nous pouvons citer l'exemple de Cheikh Ibn an-Nadîm dans son livre intitulé «al-fihrist», de Cheikh anNajâchi dans son livre intitulé «fihrist asmâ’ muṣannifi achchi‘a» dans lequel il cite les écrivains de la tendance chiite, et tant d'autres savants d'ailleurs. Et, tout au long de nos recherches, nous n'avons pas trouvé quelqu'un d'autre ayant écrit dans ce domaine avant Abâne. Toutefois, nous retrouvons également certains autres de nos savants chiites à l'instar de ar-Rawâsi et de al-Farrâ’ qui avaient aussi écrit des livres dans ce domaine. Ibn an-Nadîm dit à ce propos:
«Il y existe un livre sur les différents thèmes abordés dans le saint Coran écrit de la main de ar-Rawâsi ainsi qu'un autre rédigé par al-Farrâ’ pour ‘Omar Ibn Baker. Et ces deux auteurs étaient tous de la tendance chiite.» Le tout premier à avoir écrit un livre sur les Nâsikh (les versets abrogatifs) et les Mansûkh (les versets abrogés) dans le saint Coran est un certain ‘Abdullâh Ibn ‘Abdur-Raḥmân al-Aṣam al-Masma‘ï al-Baṣri qui faisait partie des savants du monde Chiite. Il comptait parmi les disciples de l'Imam Abî ‘Abdullâh aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui). Après ‘Abdullâh, nous pouvons citer le cas de Dâram Ibn Qabîṣa Ibn Nahchal Ibn Majama‘ Abul-Ḥassan at-Tamîmi ad94 Les Chiites et les sciences islamiques
Dârami l'un des Cheikh de la première génération des Chiites. Celui-ci avait vécu assez longtemps étant donné qu'il avait même connu l'époque de l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur lui). Il n'est décédé que vers la fin du deuxième siècle de l'Hégire. Il avait à son actif deux livres sur les versets abrogatifs et les versets abrogés dans le saint Coran, à savoir: «al-wujûh wan-naẓâ’ir» et «an-nâsikh wal-mansûkh» que Cheikh anNajâchi a eu à mentionner dans son livre intitulé «fihristu asmâ’ muṣannifi ach-chi‘a» dans lequel il cite les écrivains de la tendance chiite, dans la partie où il cite la biographie de ce grand savant.
Vint ensuite le tour de Ḥassan Ibn ‘Ali Ibn Faḍḍâl, l'un des adeptes de l'Imam ‘Ali Ibn Mûssâ ar-Réḍâ (Que la paix soit sur lui) décédé en l'an 224 de l'Hégire. Ce fut ensuite le tour du grand Cheikh Aḥmad Ibn Moḥammad Ibn ‘Isâ Ach‘ari al-Qumi qui faisait lui aussi partie des adeptes de l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur lui). Cheikh Aḥmad avait vécu assez longtemps étant donné qu'il était encore vivant à l'époque de l'Imam Abû Moḥammad Hassan al-‘Askari (Que la paix soit sur lui).
Et pourtant, d'après Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi, le tout premier à avoir écrit un livre sur les Nâsikh et les Mansûkh dans le saint Coran serait Abû ‘Obeyd Qâsim Ibn Salâm, décédé en l'an 224 de l'Hégire. Or celui-ci avait vécu à l'époque de Ḥassan Ibn ‘Ali Ibn Faḍḍâl, l'un des savants qui avait déjà un livre dans ce domaine à son actif. Et bien entendu, tout ceci s'était passé des années plus tard après la génération d'al-Masma‘ï. Et d'ailleurs, c'était déjà bien après l'époque de Dâram Ibn Qabîṣa. Dans tous les cas, ce sont les savants chiites qui furent les tous premiers à avoir rédigé des livres sur les Nâsikh et les Mansûkh du saint Coran.
Et le tout premier à avoir écrit un livre sur les «Nawâdir» (Les faits extraordinaires) dans le saint Coran est un dénommé ‘Ali Ibn al-Ḥussein Ibn Faḍḍâl qui comptait parmi les Cheikhs Chiites du troisième siècle de l'Hégire. En guise de confirmation, on lit le passage suivant dans «al-fihrist» de Ibn an-Nadîm: «Et le livre du Cheikh Chiite ‘Ali Ibn Ibrâhim Ibn Hâchim sur les «Nawâdir» dans le saint Coran, le livre d'Ali Ibn Ḥassan Ibn Faḍḍâl de la tendance chiite, le livre d'Abi Naṣr Ayyachi, un autre Chiite.»
Quant à nous, nous disons:
Aḥmad Ibn Moḥammad as-Sayyâri, l'écrivain originaire de la ville de Basra, avait lui aussi à son actif un livre sur les «Nawâdir» dans le saint Coran. En effet, as-Sayyâri avait écrit un livre intitulé «nawâdir al-Qur’ân» pour Ṭâhir à l'époque même de l'Imam al-Ḥassan al-‘Askari (Que la paix soit sur lui). Abul-Ḥassan Moḥammad Ibn Aḥmad Ibn Moḥammad, plus connu sous le nom de al-Ḥârithi, a également un livre dans ce domaine intitulé «nawâdir ‘Ilm-il-Qur’ân». Cheikh an-Najâchi dit, en parlant de lui: Il comptait parmi les grandes figures de l'époque et parmi nos compagnons les plus confiants.
Le tout premier à avoir écrit un livre portant sur les «Mutachâbih» (Les analogies) contenues dans le saint Coran est un dénommé Ḥamza Ibn Ḥabîb Zayyât al-Kufi, l'un des partisans de l'Imam Abû ‘Abdullâh aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui). Cet illustre savant est décédé à Ḥolwâne en l'an 156 de l'Hégire. On retrouve d'ailleurs le passage suivant dans le livre intitulé «al-fihrist» d'Ibn an-Nadîm: «Ainsi que le livre sur les «Mutachâbih» dans le saint Coran écrit par Ḥamza Ibn Ḥabîb, l'un des sept fidèles compagnons de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui).» Et c'est aussi le cas de Cheikh Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi qui avait également cité ce Ḥamza parmi les compagnons de l'Imam aṣ-
Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui).
96 Les Chiites et les sciences islamiques
Néanmoins, bien avant Ibn an-Nadîm et Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi, Ibn ‘Uqda dans son livre ar-Rijâl, avait déjà eu à mentionner ce même Ḥamza parmi les compagnons de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui).
Bien entendu, un bon nombre de nos savants chiites avaient aussi eu l'occasion de rédiger des livres dans ce domaine. Nous pouvons citer parmi eux Moḥammad Ibn Aḥmad al-Wazir qui avait vécu à l'époque de Cheikh Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi ainsi que Cheikh Rachîd-ud-dîn Moḥammad Ibn Chahrachûb alMâzandarâni décédé en l'an 588 de l'Hégire. Le tout premier à avoir écrit un livre sur les «Maqṭû‘» (les détachés) et les «Mawṣûl» (les liés) contenus dans le saint Coran est encore le Cheikh Ḥamza Ibn Ḥabîb déjà cité comme étant le tout premier savant musulman à avoir écrit sur les «Mutachâbih» dans le saint Coran. Moḥammad Ibn Isḥâq, plus connu sous le nom d'Ibn An-Nadîm, a écrit le passage suivant dans son livre intitulé «al-fihrist»: «…le livre sur les «Maqṭû‘» et les «Mawṣûl» dans le saint Coran de Ḥamza Ibn Ḥabîb, l'un des sept fidèles compagnons de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui).» Le tout premier à avoir mis les points sur les lettres du saint Coran ainsi que les signes de I‘râb (Signes de déclinaison), et qui avait par ce fait d'ailleurs protégé le saint Coran de toute forme d'altération est, selon la plupart des sources, le dénommé Abul-Aswad ad-Dû’ali, ou Yaḥyâ Ibn Ya‘mur ‘Odwâni, son propre l'élève, selon d'autres sources. Le premier avis est en tout cas le plus plausible, le plus vraisemblable. Dans tous les cas, ce sont les savants chiite qui raflent encore une fois de plus la palme d'or, était donné que les deux savants précités étaient tous deux Chiites. Il suffit pour cela de consulter notre livre de base pour des plus amples informations.
Le tout premier à avoir écrit un livre sur le «Majâz» (la métaphore) dans le saint Coran est le dénommé al-Farrâ’ Yaḥyâ Ibn Ziyâd décédé en l'an 207 de l'Hégire sur qui nous allons d'ailleurs revenir dans le chapitre consacré au «Naḥw» (la grammaire arabe). Mawlâ ‘Abdullâh al-Afandi a affirmé dans son livre intitulé «riyâḍ al-‘ulamâ’» sur les différents savants que al-Farrâ’ était effectivement Chiite imâmite avant d'ajouter:
«Quant à la prétention de Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi selon laquelle al-Farrâ’ serait Mu‘tazilite est probablement une erreur due tout simplement à la confusion de la plupart des savants Sunnites entre les dogmes chiites et Mu‘tazilites. Al-Farrâ’ était vraiment Chiite imâmite.»
Il y a eu également toute une série d'autres savants musulmans qui avaient aussi constitué des livres dans ce domaine. Et le meilleur livre de toute la série est sûrement celui du as-Sayyed Charif ar-Raḍi al-Mûsawi, le frère d'as-Sayyed al-Mortaḍâ. Le tout premier à avoir écrit un livre sur les «Amthâl-ulQur’ân» (les similitudes contenues dans le saint Coran) est l'honorable Cheikh Moḥammad Ibn Moḥammad Ibn Junayd. Ibn an-Nadîm écrit textuellement le passage suivant dans son livre intitulé «al-fihrist», et plus précisément vers la fin de la liste des livres écrits sur les divers thèmes abordés dans le saint Coran:
«…le livre de Ibn Junayd sur les Amthâl-ul-Qur’ân». Tout au long de nos recherches, nous n'avons pas du tout trouvé un quelconque autre savant qui aurait écrit un livre sur les similitudes contenues dans le saint Coran avant le Cheikh Ibn Junayd.
Le tout premier à avoir écrit un livre sur les «Faḍâ’il-ulQur’ân» (les vertus du saint Coran) est le dénommé Oubeyy Ibn Ka‘b al-Anṣâri, l'un des compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille). Ibn an-Nadîm l'avait d'ailleurs également mentionné dans son livre intitulé «al-fihrist».
98 Les Chiites et les sciences islamiques
Et pourtant Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi ne s'était pas apparemment rendu compte du devancement de Oubeyy dans ce domaine, car il prétend que le tout premier à avoir rédigé un livre sur les vertus du saint Coran serait l'imam Moḥammad Ibn Idris achChâfi‘i décédé en l'an 204 de l'Hégire.» As-Sayyed ‘Ali Ibn aṣ-Ṣadr al-Madani, l'auteur du livre intitulé «as-salâfa» a affirmé dans son livre intitulé «ad-darajât-urrafî‘a fi ṭabaqât ach-chi‘a» sur la hiérarchie des savants du monde chiite que Oubeyy était bel et bien chiite sur base de preuves. En ce qui nous concerne, nous avons personnellement rajouté toute une série d'autres preuves et témoignages à ce propos dans le livre de base.
Il y a eu également toute une série d'autres savants chiites qui avaient eux aussi constitué des livres sur les vertus du saint Coran après Oubeyy Ibn Ka‘b al-Anṣâri. Nous pouvons citer le cas des gens tels que Ḥassan Ibn ‘Ali Ibn Abû Ḥamza alBaṭâ’ini et Moḥammad Ibn Khâlid al-Barqi qui avaient vécu à l'époque de l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur lui), Aḥmad Ibn Moḥammad as-Sayyâri Abû ‘Abdullâh al-Kâtib al‘Ayyâchi al-Baṣri qui avaient vécu à l'époque de l'Imam al‘Askari et avant l'occultation de l'Imam al-Mahdi (Que la paix soit sur eux tous) ainsi que beaucoup d'autres Cheikhs Chiites à l'instar de Moḥammad Ibn Mas‘ûd al-‘Ayyâchi, ‘Ali Ibn Ibrâhim Ibn Hâchim le maître de Cheikh al-Kuleyni, Aḥmad Ibn Moḥammad Ibn ‘Ammâr Abu ‘Ali al-Kufi décédé en l'an 346 de l'Hégire, pour ne citer que ceux-là. Le tout premier à avoir écrit un livre sur les «Asbâ‘-ul-Qur’ân» (le chiffre sept dans le saint Coran) ainsi que sur les délimitations des versets coraniques est encore le dénommé
Ḥamza Ibn Ḥabîb al-Kufi, l'un des sept fidèles compagnons de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui) que nous avons d'ailleurs déjà cité plus haut. Ibn an-Nadîm avait eu à mentionner ses œuvres dans son «al-fihrist», intitulés «asbâ‘ul-Qur’ân» et «ḥudûd ’ây al-Qur’ân».
Et tout au long de nos recherches, nous n'avons trouvé un autre savant qui aurait écrit un livre dans ce domaine avant le Cheikh
Ḥamza Ibn Ḥabîb al-Kufi.
I. 6 - Les grands maîtres chiites dans les sciences coraniques
Parmi les grandes figures dans le domaine des sciences coraniques, nous avons:
‘Abdullâh Ibn ‘Abbâs
Cet illustre personnage fut le tout premier savant chiite à avoir publiquement donné cours sur le Tafsîr (commentaire du Coran) ou exégèse du saint Coran. Un bon nombre de nos savants chiites avaient beaucoup écrit sur sa biographie et confirmé sa tendance chiite. Nous retrouvons parmi eux d'illustres personnages à l'instar d'asSayyed ‘Ali Ibn aṣ-Ṣadr al-Madani, dans son livre intitulé «addarajât-ur-rafî‘a fi ṭabaqât-ich-chi‘a». De notre côté, nous avons pu apporter suffisamment de preuves sur le chiisme de Ibn ‘Abbâs dans notre livre de base. ‘Abdullâh Ibn ‘Abbâs est décédé en l'an 67 de l'Hégire à Ṭâïf. Et d'ailleurs, juste avant de rendre l'âme, il avait dit: «O Seigneur! Je me rapproche de toi au nom de mon allégeance à ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui).
Jâbir Ibn ‘Abdullâh al-Anṣâri
Cet illustre Cheikh était l'un des compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille). Selon Abul-Khayer, l'auteur du livre intitulé «ṭabaqât almufassirîn», cet honorable savant avait appartenu à la toute première génération des Mufassirîn (Exégètes ou commentateurs) du saint Coran.
100 Les Chiites et les sciences islamiques
Faḍl Ibn Châdhâne Neychapûri, l'un des compagnons de l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur lui) avait déclaré: «Jâbir Ibn ‘Abdullâh al-Anṣâri (Qu'Allah soit satisfait de lui) était parmi les tous premiers musulmans à s'être alliés au Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui).»
Ibn ‘Uqda l'a mentionne à son tour en disant: «C'était un vrai partisan des Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous)».
Quant à nous, nous en avons largement parlé dans notre livre de base en apportant une série de preuves supplémentaires sur son Chiisme.
Jâbir Ibn ‘Abdullâh al-Anṣâri est décédé à Médine après les années 70 de l'Hégire à l'âge de 94 ans.
Obey Ibn Ka‘b, le maître des lecteurs du saint Coran
Cet illustre savant était l'un des compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) qui fit partie de la toute première génération des Mufassirîn du saint Coran. Il était chiite, comme nous l'avions d'ailleurs déjà mentionné. Sa biographie est beaucoup plus détaillée dans le livre intitulé «addarajât ar-rafî‘a fi ṭabaqât ach-chi‘a» d'as-Sayyed ‘Ali Ibn aṣ-
Ṣadr Madan ainsi que dans notre propre livre intitulé «ta’sîs ach-chi‘a li ‘ulûm al-islâm», le livre de base du présent livre. Après cette série de maîtres des sciences coraniques de la génération du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) vient ensuite les illustres savants de la génération suivante appelés communément les «at-Tâbi‘ine». Nous retrouvons parmi eux de grandes célébrités telles que:
Sa‘îd Ibn Jubayr
Selon la déclaration de Qatada rapportée par Jalâl-ud-dîn asSuyûṭi dans son livre intitulé «al-itqâne», cet honorable cheikh était le plus savants de tous les Tâbi‘ine dans le Tafsîr (commentaire du Coran) du saint Coran. Nous avons d'ailleurs déjà parlé de lui et prouvé largement son chiisme.
Yaḥyâ Ibn Ya‘mur
Cet honorable Cheikh était l'un des savants chiites de la deuxième génération les plus célèbres dans les sciences coraniques.
Ibn Khallikân a dit en parlant de lui: «Il était l'un de grands lecteurs du saint Coran de la ville Basra et c'était auprès de lui que ‘Abdullâh Ibn Isḥâq avait appris la lecture coranique. Il maîtrisait vraiment le saint Coran, le Naḥw (la grammair arabe) et la lexicographie arabe. Il avait lui-même appris le Naḥw auprès d'Abul-Aswad Duali. Il comptait parmi ces Chiites de première classe qui clamaient la suprématie des Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous) sur les autres sans pour autant bafouer le droit de qui que ce soit.» Nous en avons suffisamment parlé dans notre livre de base dans la partie consacrée aux grandes figures de la grammaire arabe.
Abû Ṣâliḥ Mîzân al-Baṣri
Cet éminent savant était plus connu sous le nom de tilmîdhu Ibn ‘Abbâs fi-t-tafsîr (L'élève d'Ibn ‘Abbâs de commentaire du saint Coran). Le cheikh al-Mufîd Moḥammad Ibn Moḥammad Ibn an-Nu‘mân a largement parlé de son chiisme ainsi que de sa loyauté dans son livre intitulé «al-kâfi’a fi ibṭâl tawbat-ilkhâṭi’a» après avoir cité un hadith qu'il avait rapporté de Ibn ‘Abbâs. Il est décédé après le premier siècle de l'Hégire.
102 Les Chiites et les sciences islamiques
Tâwûs Ibn Kaysâne Abû ‘Abdullâh al-Yamâni
Ce grand savant avait appris le Commentaire du saint Coran auprès d'Ibn ‘Abbâs. En se référant au livre de Jalâl-ud-dîn asSuyûṭi intitulé «al-itqân», le Cheikh Aḥmad Ibn Taymiyya le comptait parmi les hommes qui maîtrisaient le mieux le Commentaire du saint Coran.
Ibn Qotayba a eu à confirmer son chiisme dans son livre intitulé «al-ma‘ârif». On peut lire le passage suivant à la page 206 de la version de ce livre édité au Caire en Egypte: «Les savants Chiites: al-Ḥârith al-A‘war, Ṣa‘ṣa‘a Ibn Ṣawḥâne, Aṣbagh Ibn Nabâta, ‘Aṭiyya al-‘Ufi, Ṭâwûs et al-A‘mach…» Le Cheikh Ṭâwûs est décédé à la Mecque en l'an 106 de l'Hégire. C'était le fidèle compagnon de l'Imam ‘Ali Ibn alḤussein as-Sajjâd (Que la paix soit sur eux tous).
Al-A‘mach, al-Kufi Suleyman Ibn Mihrâne Abû Moḥammad al-Asadi
Le chiisme de cet éminent savant a été confirmé par Ibn Qotayba dans son livre intitulé «al-ma‘ârif», par Chahristani dans son livre sur les peuples et les sectes intitulé «al-milal wan-niḥal», ainsi que tant d'autres écrivains d'ailleurs. Et parmi nos savants chiites qui ont confirmé son chiisme, nous pouvons citer le cas de Cheikh Zayn-ud-dîn surnommé achChahîd-ut-Thâni (le deuxième martyr) qui en a parlé dans les notes de son livre intitulé «al-khulâṣa», le chercheur alMuḥaqqiq al-Bihbahâni dans le livre intitulé «at-ta‘lîqa» ainsi que Mirzâ Moḥammad Bâqir ad-Dâmâd dans son livre intitulé «ar-rawâchiḥ» dont nous avons reproduit textuellement les propos dans notre livre de base en plus d'une série de preuves supplémentaires.
Al-A‘mach al-Kufi est décédé en l'an 148 de l'Hégire à l'âge de 88 ans.
Sa‘îd Ibn Musayyib
Cet honorable Cheikh avait appris les sciences coraniques auprès d'Ibn ‘Abbâs et de l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui). Ce dernier ainsi que ses compagnons l'avaient adopté et éduqué. Il était toujours à ces côtés et ne s'en était jamais séparé même lors de différentes batailles. L'Imam aṣ-Ṣâdiq et l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur eux tous) avaient témoigné de son Chiisme, selon ce que Humayri déclare dans le troisième tome de son livre intitulé «qurb-ul’isnâd» sur les chaînes de rapportage de hadiths. Il fut le maître de tous les lecteurs du saint Coran de la ville sainte de Médine. Ibn al-Madâyini avait dit en parlant de lui: «En tout cas, je ne connais pas quelqu'un d'aussi savant que lui de toute la génération des Tawâbi‘1.» Sa‘îd Ibn Musayyib est décédé après les années 90 de l'Hégire. Il était alors âgé d'une quatre vingtaine d'années.
Abû ‘Abdur-Raḥmân as-Sulami
C'était le maître de lecture coranique de ‘Âṣim. Ibn Qotayba avait dit en parlant de ce grand savant: «Il faisait partie des compagnons d'Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui), et c'était vraiment un bon lecteur du saint Coran en plus du fait qu'il disposait de bonnes connaissances du saint Coran au point de s'y référer pour en faire ressortir le Fiqh.»
Quant à nous, nous disons:
D'après ce qu'a écrit Cheikh aṭ-Ṭabarsi dans son Commentaire connu sous le nom de «majma‘-ul-bayâne», Abû ‘Abdur-
1. Il s'agit de la première génération après les compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille).
104 Les Chiites et les sciences islamiques
Raḥmân avait appris la lecture coranique auprès du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui). Et al-Barqi l'a compté d'ailleurs parmi les privilégiés de l'Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui) dans son livre intitulé «kitâb-ur-rijâl» sur les rapporteurs de hadiths. Abû ‘Abdur-Raḥmân était de la tribu de Moḍar. Il est décédé après les années 70 de l'Hégire.
Ismâ‘îl as-Soddi, plus connu sous le nom d'As-Soddi alKabîr
Comme nous l'avons d'ailleurs déjà mentionné tout au début de ce livre, dans la partie consacrée à l'exégèse du saint Coran, cet honorable cheikh avait également à son actif un Commentaire du saint Coran.
Moḥammad Ibn as-Sâ’ib Ibn Bochr al-Kalbi
Comme nous l'avons également mentionné dans la partie consacrée à l'exégèse du saint Coran, cet illustre savant avait lui aussi à son actif un Commentaire du saint Coran.
Ḥimrâne Ibn A‘yune, le frère de Zorâra Ibn A‘yune al-Kufi
Il s'agit du serviteur du célèbre Chayban, l'une de grandes figures des sciences coraniques. Il fut tour à tour élève de l'Imam Zayn-ul-‘Abidîn et de l'Imam al-Bâqir (Que la paix soit sur eux tous). Il est décédé au début du deuxième siècle de l'Hégire.
Le célèbre Abâne Ibn Taghlib
Comme nous en avons d'ailleurs largement parlé, il fut le premier dans toutes les techniques des sciences. Il avait appris la lecture coranique auprès de al-A‘mach, et il fut tour à tour disciples de l'Imam as-Sajjad ‘Ali Ibn al-Ḥussein et de l'Imam al-Bâqir (Que la paix soit sur eux tous). Il est décédé en l'an 141 de l'Hégire.
‘Âṣim Ibn Bahdalah
Il s'agit de l'un des sept lecteurs du saint Coran selon le style d'Abû ‘Abdur-Raḥmân as-Sulami, élève de l'Imam ‘Ali Ibn Abî
Ṭâleb (Que la paix soit sur lui). Voilà d'ailleurs ce qui explique pourquoi son style était le plus préféré de tous nos savants. C'était selon eux le meilleur style de lecture. Sa tendance chiite a pu être certifiée par l'honorable Cheikh ‘Abdul-Jalil ar-Râzi, décédé en l'an 556 de l'Hégire, dans son livre intitulé «naqḍ-ul-faḍâ’iḥ». ‘Âṣim Ibn Bahdalah était le modèle des Chiites quant à la lecture coranique. Il est décédé en l'an 128 de l'Hégire à Kufa où il fut enterré. Selon d'autres sources, il serait mort à Samâwa alors qu'il se rendait à Cham dans l'actuelle syrie. ‘Âṣim aussi bien que al-A‘mach étaient tous deux aveugles. Le juge al-Qâḍi Nurullah al-Mar‘achi a eu également à parler du chiisme de cet illustre savant dans son livre intitulé «majâlis al-Mu’minîn» tout en le citant parmi les savants chiites. Après ces honorables savants de la génération des Tâbi‘ine, nous avons les illustres savants de la génération suivante appelés communément les «Atbâ‘-ut-Tâbi‘ine»1. Nous retrouvons parmi eux de grandes figures à l'instar de:
Abû Ḥamza ath-Thomâli Thâbit Ibn Dînar, le Cheikh des Chiites du Kufa.
Abul-Faraj Moḥammad Ibn Isḥâq Ibn Abî Ya‘qûb an-Nadîm a écrit le passage suivant dans son «al-fihrist»: «…le livre de Commentaire d'Abû Ḥamza ath-Thomâli, l'un des compagnons les plus fidèles et les plus loyaux de l'Imam
1. Il s'agit de la deuxième génération après les compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille).
106 Les Chiites et les sciences islamiques
‘Ali Ibn al-Ḥussein (Que la paix soit sur eux tous). Il fut également disciple d'Abû Ja‘far (Que la paix soit sur lui).» Cet illustre savant est décédé en l'an 150 de l'Hégire.
Abul-Jârûd Ziyâd Ibn Mundhir
Cet honorable Cheikh avait rapporté tout un livre de Tafsîr (Commentaire) du saint Coran selon l'Imam al-Bâqir (Que la paix soit sur lui) avant de dévier vers l'école Zaydite. Et comme nous l'avons déjà mentionné, c'est le Cheikh Abû Baṣîr al-Asadi qui avait rapporté ledit livre d'Abul-Jârûd Ziyâd Ibn Mundhir en personne. Ce dernier est décédé après l'an 150 de l'Hégire.
Yaḥyâ Ibn Qâsim Abû Baṣîr al-Asadi
Ce grand Cheikh comptait parmi les tous premiers savants en Fiqh et en Tafsîr (Commentaire du saint Coran) sur lequel il avait écrit un vrai chef-d'œuvre. Cheikh an-Najâchi en a d'ailleurs parlé en le citant dans une série de chaînes de rapporteurs de hadiths sur le Commentaire du Coran. Cet éminent savant est décédé à l'époque d'Abû ‘Abdullâh aṣ-
Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui) assassiné en l'an 148 de l'Hégire.
Al-Baṭâ’inï ‘Ali Ibn Sâlim
Il était plus connu sous le nom d'Ibn Abû Ḥamza Abul-Ḥassan al-Kufi, le chef des Anṣâr. Il avait à son actif un livre du Commentaire du Coran selon les Imam aṣ-Ṣâdiq et AbulḤassan, Mûssâ al-Kâẓim, (Que la paix soit sur eux tous) qu'il avait d'ailleurs rapporté, comme nous l'avons déjà signalé, d'Abû Baṣîr.
Al-Ḥaṣîne Ibn Makhâriq Abû Junâda as-Solûli
Ibn an-Nadîm a dit, en parlant de lui: «Il appartenait à la première classe des Chiites. Et il avait à son actif une série de livres dont un Commentaire du Coran et un livre qui parlait de toutes les disciplines en général (Jâmi‘-ul‘Ulûm).»
Cheikh an-Najâchi lui avait reconnu à son tour un Commentaire du Coran, un autre livre sur la lecture coranique en plus d'un autre livre encore assez volumineux.
Al-Kisâ’i
Il s'agit là de l'une des sept sommités. Il avait toute une histoire à lui tout seul.
Par exemple: Il était le meilleur en Naḥw (grammaire arabe) et en Gharîb1 et il était Iraquien d'origine perse. Nous lui avons d'ailleurs écrit une biographie assez fournie dans notre livre de base en plus des gens qui ont certifié son Chiisme.
Cet honorable savant est décédé à Rey en Iran, ou à Tûs selon d'autres sources, alors qu'il était aux côtés d'Haroun ar-Rachid, le calife ‘Abbasside. Cela s'est passé en l'an 189 de l'Hégire (Et selon d'autres sources, en 183, en 185 voire en 193). Il était alors âgé de 70 ans.
Après ceux-ci, vient ensuite la classe suivante dans laquelle nous pouvons citer des noms tels que:
Ibn Sa‘dân aḍ-Ḍarir
Ce grand savant n'est autre que Abû Ja‘far Moḥammad Ibn Sa‘dân Ibn al-Mubârak al-Kufi, le grammairien, en personne. C'était un vrai maître en la matière. Et c'était lui l'auteur des deux livres intitulés «al-jâmi‘» et «al-muchajjar» en plus d'une série d'autres livres. Il avait d'ailleurs un style de lecture coranique propre à lui.
Cet illustre savant était très célèbre pour sa crédibilité et son équité. Il avait également à son actif un livre sur la littérature
1. Il s'agit des faits insolites dans le saint Coran.
108 Les Chiites et les sciences islamiques
arabe en plus d'un autre portant sur les différents styles de lecture coranique.
Et comme nous l'avions déjà signalé, Ibn an-Nadîm l'avait également cité parmi les grands lecteurs Chiites du saint Coran dans son «al-fihrist».
Bien qu'il soit né à Bagdad, Ibn Sa‘dân Aḍ-Ḍarir avait fait ses études à Kufa. Il est décédé en l'an 231 de l'Hégire, le jour même d'Arafa.
Yâqut en avait largement parlé dans son livre intitulé «almu‘jam», autant que Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi dans son «aṭ-
ṭabaqât» d'ailleurs.
Yâqut quant à lui a écrit que cet honorable cheikh est né en l'an 161 de l'Hégire et est décédé, selon lui, le jour de l'Id-ul-Aḍḥâ (la fête de sacrifice) de l'an 231 de l'Hégire tout en laissant un fils du nom de Ibrâhim.
Et toujours selon Yâqût, Ibn Sa‘dân avait écrit des livres, il en avait également corrigé et il en avait dirigé la rédaction. Il s'était personnellement adonné aux recherches et il avait même rapporté des hadiths. Il a à son actif une série de bons livres à l'instar du livre intitulé «ḥurûf al-Qur’ân» sur les lettres coraniques.
Il y avait également un groupe de savants tour à tour adeptes de l'Imam Mûssâ al-Kâẓim et de l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur eux tous) qui avaient également constitué un Commentaire du saint Coran, tels que:
Wahib Ibn Ḥafṣ Abu ‘Ali al-Harîri
Il était un membre de la tribu de Bani Asad.
Yûnus Ibn ‘Abdur-Raḥmân Abû Moḥammad
Il était le grand Cheikh Chiite de son époque.
Al-Ḥussein Ibn Sa‘îd Ibn Ḥammâd Ibn Mihrâne
Il s'agit en fait du serviteur d'Ali Ibn al-Ḥussein Abû Moḥammad al-Ahwâzi dont nous avions écrit les biographies dans notre livre de base.
‘Abdullâh Ibn aṣ-Ṣalt Abû Ṭâleb at-Taymi
Ce grand savant du clan de Taym al-Ât Ibn Tha‘laba comptait parmi les grandes figures dans le domaine de Commentaire du saint Coran. Et il avait à son actif un livre intitulé «Tafsîr alQur’ân» (Commentaire du saint Coran) selon l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur lui).
Aḥmad Ibn Ṣubayḥ Abû ‘Abdullâh al-Asadi al-Kufi
Cet illustre savant comptait aussi parmi les grands commentateurs du saint Coran.
Ali Ibn Asbâṭ Ibn Sâlim Bayyâ‘uz-Zaṭṭi Abul-Ḥassan alMuqri’ al-Kufi
Ali Ibn Mahziyâr al-Ahwâzi
Cet éminent savant était l'un des spécialistes de hadiths et de Tafsîr (Commentaire du saint Coran) sur lesquels il avait d'ailleurs écrit une série de livres. Il y a ensuite la classe suivante constituée d'honorables gens à l'instar de:
Al-Barqi, Moḥammad Ibn Khâlid al-Barqi
Cet honorable Cheikh avait à son actif un livre intitulé «attanzil» sur la révélation du saint Coran ainsi qu'un Tafsîr (commentaire du Coran). Il fut tour à tour disciple de l'Imam alKâẓim et de l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur eux tous). Et c'est l'un de nos compagnons chiites les plus crédibles et les plus confiants.
110 Les Chiites et les sciences islamiques
Al-Ḥassan Ibn Khâlid al-Barqi
Il s'agit en fait du frère de ce Moḥammad Ibn Khâlid al-Barqi que nous venons de citer. Il avait à son actif une série de livres dont son gros Commentaire du saint Coran en 120 volumes rapporté de l'Imam al-‘Askari (Que la paix soit sur lui), selon ce que Ibn Chahrâchub al-Mâzandarâni Rachîd-ud-dîn a écrit dans son livre intitulé «ma‘âlim al-‘ulamâ’». Il y a également une autre série de savants chiites qui ont écrit sur le Commentaire du Coran au cours du troisième siècle de l'Hégire. Et nous pouvons citer des gens tels que:
Ali Ibn al-Ḥassan Ibn Faḍḍâl
Ibrâhim Ibn Moḥammad Ibn Sa‘îd
Il s'agit d'Ibrâhim Ibn Moḥammad Ibn Sa‘îd Ibn Hilâl Ibn ‘Âṣim Ibn Sa‘îd Ibn Mas‘ûd ath-Thaqafi al-Kufi décédé en l'an 383 de l'Hégire.
Ali Ibn Ibrâhim Ibn Hâchim al-Qumi
Il s'agit en fait du célèbre grand Cheikh Chiite auteur du fameux Tafsîr (commentaire du Coran) connu sous le nom de «tafsîr qumi».
Ali Ibn al-Ḥussein Ibn Mûssâ Ibn Bâbeweyh al-Qumi
Cet honorable Cheikh avait à son actif un Commentaire du saint Coran, selon ce que rapportent certains nombre de nos savants.
Cheikh Ibn Walid
Il s'agit en fait de Moḥammad Ibn Ḥassan Ibn Aḥmad Ibn Walid Abû Ja‘far. C'était lui le maître de Cheikh Ibn Bâbeweyh. Il est décédé en l'an 343 de l'Hégire.
Cheikh Furât Ibn Ibrâhim Ibn Furât al-Kufi
Ce grand savant a à son actif un grand Commentaire du Coran très connu chez nous. Il avait vécu à l'époque de l'Imam alJawâd, le fils de l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur eux tous).
Ibn Dawl al-Qumi
Cet illustre savant est décédé en l'an 350 de l'Hégire. Ce cheikh avait écrit toute une série de livres dont le Commentaire du saint Coran mentionné par Cheikh an-Najâchi dans son propre livre.
Salama Ibn al-Khaṭṭâb Abul-Faḍl al-Qumi
Cet éminent savant avait lui aussi à son actif un Commentaire du Coran selon les Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous), intitulé «at-tafsît ‘an Ahl-ul-Bayt ‘alayhim-us-salâm». Il avait vécu à l'époque de l'Imam ar-Réḍâ et à l'époque de l'Imam alJawâd (Que la paix soit sur eux tous). Vient ensuite une série d'autres commentateurs du saint Coran parmi lesquels on a:
Moḥammad Ibn Ibrâhim Ibn Ja‘far Abû ‘Abdullâh Kâtib an-Nu‘mâni
Il s'agit en fait de l'auteur du fameux Tafsîr (commentaire du Coran) connu sous le nom de «tafsîr an-nu‘mâni». C'était lui qui avait rapporté les soixante sortes de sciences coraniques qu'avait citées le Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui), avec exemples à l'appui pour chacune.
Nous avons eu l'honneur d'avoir un exemplaire de ce livre que nous gardons d'ailleurs jusqu'à nos jours. Ce Cheikh An-Na‘mâni a rapporté une série de hadiths du livre intitulé «al-kâfi» de Cheikh al-Kuleyni.
112 Les Chiites et les sciences islamiques
Moḥammad Ibn ‘Abbâs Ibn ‘Ali Ibn Marwân
Cet illustre savant est plus connu sous le nom de Ibn al-Hajjâm ainsi que sous le surnom d'Abû ‘Abdullâh. Il avait toute une multitude de livres à son actif. On peut citer, entre autres: «ta’wîlu mâ nuzila fin-nabiyy», sur l'interprétation des versets révélés sur le Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) ; «ta’wîlu mâ nuzila fi Ahl-ul-Bayt wa mâ nuzila fi chi‘atihim», sur l'interprétation des versets révélés sur tous les Ahl-ul-Bayt, à savoir:le Prophète lui-même, Fâṭima Zahrâ, l'Imam Ali, l'Imam al-Ḥassan et l'Imam al-Ḥussein (Que la paix soit sur eux tous) et l'interprétation des versets révélés sur les partisans d'Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous) ; «ta’wîlu mâ nuzila fi a‘dâ’i Ahl-ul-Bayt» sur l'interprétation des versets révélés sur les ennemis d'Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous) ; un Tafsîr (commentaire du Coran) intitulé «at-tafsîr alKkabîr» ; un autre livre intitulé «an-nâsikh wal-mansûkh», sur les versets abrogatifs et les versets abrogés dans le saint Coran ; «qirâ’atu Amîr-il-Mu’minîn», sur la lecture de l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui) ainsi que le livre intitulé «qirâ’atu Ahl-ul-Bayt», sur la lecture d'Ahl-ul-Bayt(Que la paix soit sur eux tous) du saint Coran. Le cheikh Ibn al-Ḥajjâm était le maître d'Abû Moḥammad Hâroun Ibn Mûssâ Tal‘ukburi au cours de l'année 328 de l'Hégire. Et il lui avait d'ailleurs octroyé un certificat de rapportage de hadiths.
Il y a également toute une série de savants qui ont aussi rédigé des livres sur les différentes sortes de sciences coraniques. Nous pouvons citer le cas des gens tels que:
Moḥammad Ibn Ḥassan ach-Cheybani
C'était lui le maître de célèbre Cheikh al-Mufîd. Il avait à son actif un livre intitulé «nahj-ul-bayâne ‘an kachfi ma‘ân-ilQur’ân» dans lequel il avait cité une soixantaine de sciences coraniques. Il avait rédigé ce livre pour le Calife ‘Abbasside Mustanṣir.
As-Sayyed al-Mortaḍâ l'a d'ailleurs cité comme référence dans son livre intitulé «al-muḥkam wal-mutachâbih», sur les versets clairs et les versets confus du saint Coran.
Cheikh al-Mufîd Moḥammad Ibn Moḥammad Ibn Nu‘mân
Cet illustre savant était beaucoup plus connu à son époque sous le nom de «Ibn al-Mu‘allim» (le fils du maître). Il était le plus grand Cheikh des Chiites de son époque. Cheikh al-Mufîd avait à son actif toute une multitude de livres que l'on peut retrouver dans l'index de ses œuvres dont le livre intitulé «al-bayâne fi anwâ‘i ‘ulûm al-Qur’ân» sur les différentes sortes de sciences coraniques. Cet honorable Cheikh est décédé au cours du mois de Muharram de l'an 409 de l'Hégire. Al-Khaṭîb al-Baghdâdi a parlé de lui dans son livre intitulé «târîkhu baghdâd», sur l'histoire de la ville de Bagdad.
Moḥammad Ibn Aḥmad Ibn Ibrâhim Ibn Salîm Abul-Faḍl aṣ-Ṣauli al-Ju‘fî al-Kufi
Cet éminent savant était plus connu sous le nom d'aṣ-Ṣâbûni. C'était l'auteur du livre intitulé «al-Fâkhir fil-Lugha» (le glorieux de la littérature). Il avait à son actif un livre intitulé «tafsîru ma‘âni tafsîr al-Qur’ân» ainsi qu'un autre intitulé «tasmiyatu aṣnâfu kalâmih al-Majid», sur la nomination des sortes de paroles divines. Et il était l'un de nos grands cheikhs Chiites.
Cheikh aṣ-Ṣâbûni vivait en Egypte jusqu'à sa mort en l'an 300 de l'Hégire.
114 Les Chiites et les sciences islamiques
I.7 - Le premier Commentaire du Coran abordant toutes les sciences coraniques
Parmi les tous premiers Tafsîrs (commentaires) du saint Coran ayant abordé la totalité des sciences coraniques, nous pouvons citer les livres suivants:
«ar-raghîb fi ‘ulûm-il-Qur’ân» Ce Tafsîr (commentaire du Coran) a été écrit par le Cheikh Abû ‘Abdullâh Moḥammad Ibn ‘Omar al-Wâqidi. Ibn an-Nadîm en a d'ailleurs parlé dans son «al-fihrist» tout en confirmant le chiisme de son auteur.
At-tibyân al-jâmi‘ li kulli ‘ulûm al-Qur’ân C'est un gros livre en dix tomes rédigé par le maître de l'école Chiite, à savoir, Abû Ja‘far Moḥammad Ibn Ḥassan Ibn ‘Ali aṭ-
Ṭûsi né en l'an 385 de l'Hégire et décédé à Ghari en l'an 462. Cet illustre savant affirme au début de ce livre qu'il était le tout premier à avoir eu la chance de regrouper autant de disciplines dans un seul livre.
Ḥaqâ’iq at-tanzîl wa daqâ’iq at-ta’awîl1 Ce Tafsîr (commentaire du Coran) aussi volumineux que «attibyân al-jâmi‘li kulli ‘ulûm al-Qur’ân» de Cheikh Ibn ‘Ali Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi a été écrit par as-Sayyed Chérif ar-Raḍi, le frère d'as-Sayyed al-Mortaḍâ. Cet illustre savant y a dévoilé les faits insolites, les faits extraordinaires, les faits mystérieux, les secrets ainsi que les ambiguïtés contenus dans le saint Coran. Il y avait, pour la toute première fois dans l'histoire, révélé la réalité et la finesse de l'interprétation du saint Coran. Et aucun savant n'y avait songé avant lui. Toutefois, ce livre ne renfermait pas du tout la totalité des sciences coraniques. Il avait également à son actif un autre livre
1. Le cinquième tome de ce Tafsîr a été édité par la maison d'édition de Nadjaf en Iraq.
intitulé «al-mutachâbih fil-Qur’ân», sur les analogies dans le saint Coran, ainsi qu'un autre intitulé «majâzât al-Qur’ân», sur la métaphore dans le saint Coran. Il n'avait pas en tout cas dépassé l'âge de 47. Nous lui avions d'ailleurs écrit une biographie assez riche dans notre livre de base intitulé «ta’sîs ach-chi‘a li ‘ulûm al-islâm». Il est décédé en l'an 406 de l'Hégire.
Rawaḍ al-Jinân fi Tafsîr al-Qur’ân Il s'agit d'un livre en vingt tomes écrit par le Cheikh, l'imam et le modèle, Abul-Futûḥ ar-Râzi al-Ḥussein Ibn ‘Ali Ibn Moḥammad Ibn Aḥmad al-Khuzâ‘i ar-Râzi an-Neysâbûri décédé au début du sixième siècle de l'Hégire. Cet illustre savant avait vécu après l'époque de Cheikh Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi.
Majma‘ al-bayâne fi ‘ulûm al-Qur’ân Il s'agit d'un livre en dix tomes rédigé par Cheikh Amîn-ud-dîn Abû ‘Ali al-Faḍl Ibn al-Ḥassan Ibn al-Faḍl aṭ-Ṭabarsi décédé en l'an 154 de l'Hégire. Cet éminent savant y avait regroupé toutes les sciences coraniques.
Néanmoins, Cheikh aṭ-Ṭabarsi reconnaît dans l'introduction de ce livre avoir recouru au livre intitulé «at-tibyân al-jâmi‘ li kulli ‘ulûm al-Qur’ân» de Cheikh Ibn ‘Ali Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi. On a enfin le livre intitulé «Khulâṣat at-tafâsîr». Il s'agit en fait du résumé en vingt tomes de différents Tafsîr (commentaire du Coran). Il est l'œuvre de Cheikh Qoṭb-ud-dîne ar-Râwandi.
Ce chef-d'œuvre se caractérise par la réalité et la finesse. Il s'agit en tout cas là de l'un de meilleurs Commentaires du Coran rédigés après l'époque de Cheikh Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi.
CHAPITRE II
LE DEVANCEMENT DES SAVANTS CHIITES DANS LE DOMAINE DES HADITHS
Avant de développer ce sujet, il est avant tout nécessaire de définir la nature du devancement des savants chiites sur les savants sunnites dans ce domaine. Il faut tout d'abord reconnaître qu'il y avait un grand désaccord entre les compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) et les Tâbi‘ine quant à l'enregistrement de hadiths. Certains d'entre eux étaient catégoriquement contre toute forme d'enregistrement de hadiths, pendant que certains autres étaient tout à fait favorables à cette idée. Et l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb, par exemple, ainsi que son fils, l'Imam al-Ḥassan (Que la paix soit sur eux tous) faisaient partie de ceux qui avaient écrit dans ce domaine dès le début, selon ce que rapporte Jalâl-ud-dîn asSuyûṭi dans son livre intitulé «tadrîb ar-râwi» sur le rapportage de hadiths.
Le chef-d'œuvre écrit de la main de l'Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui) avait été dicté par le Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) lui-même. Al-Ḥakam Ibn ‘Oyaynah confirme avoir vu personnellement ce livre chez l'Imam alBâqir (Que la paix soit sur lui) lorsqu'ils eurent des divergences d'opinions sur un certain sujet. L'Imam al-Bâqir (Que la paix soit sur lui) était alors contraint de recourir à ce livre comme preuve, tout en précisant: «Ceci constitue la parole du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) écrite de la main d'Ali (Que la paix soit sur lui). Et c'est le tout premier livre constitué de son vivant même. Ceci avait fait que les Chiites prissent conscience de la nécessité d'enregistrer les hadiths et de les
118 Les Chiites et les sciences islamiques
classifier. Ils s'y investirent alors en suivant l'exemple de l'Imam, à savoir Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui). Et pendant ce temps, l'autre groupe s'entêtait à en interdire l'enregistrement. Ce qui avait contribué malheureusement à leur retard dans le domaine.
Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi a écrit dans son livre intitulé «tadrîb arrâwi»:
«Il n'était pas du tout autorisé d'enregistrer ou de classifier les hadiths à l'époque des compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) et des Tâbi‘ine. A cette époque, d'une part, les gens se fiaient beaucoup plus à leur capacité d'assimilation ainsi qu'à la fidélité de leur mémoire, et d'autre part, il leur était strictement interdit d'écrire la tradition prophétique, comme l'avait d'ailleurs mentionné Muslim dans son recueil de hadiths connu sous le nom de «ṣaḥîḥ almuslim», de peur que cette dernière soit confondue au saint Coran, sans oublier que la plupart des gens étaient analphabètes.
Quant à nous, nous avons dit:
Evidemment, cette interdiction ne concernait pas du tout les compagnons de la tendance chiite, ni les grandes personnalités parmi les Tâbi‘ine d'ailleurs, étant donné qu'eux, comme nous allons le voir, s'étaient directement investis dans la constitution des livres en suivant l'exemple du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui).
II. 1 - Le premier à avoir collectionné et regroupé les hadiths en chapitres
Le tout premier compagnon de tendance chiite à avoir regroupé et classifié les hadiths en chapitres, est un dénommé Abû Râfî‘. Il était le serviteur du Noble Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille).
Cheikh an-Najâchi a écrit dans son livre intitulé «fahrasu asmâ’ al-muṣannifîne min-ach-chi‘a», sur les écrivains chiites: Abû Râfî‘, le serviteur du Noble Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) avait à son actif un livre intitulé: «assunan wal-aḥkâm wal-qaḍâyâ», sur les traditions et les préceptes religieuses et les jugements… Selon Cheikh an-Najâchi, cet illustre personnage s'était converti à l'Islam au début de la révélation à la Mecque avant de rejoindre le Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) à Médine au moment de l'Hégire. Après la mort de ce denier, il était resté aux côtés de l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui). Compté parmi les meilleurs Chiites, il avait également pris part à toutes ses batailles et ses luttes. C'était d'ailleurs lui son trésorier à Kufa. Il est décédé en l'an 35 de l'Hégire, selon ce qu'affirme Ibn Ḥajar dans son livre intitulé «at-taqrîb».
Etant donné la mort d'Abû Râfî‘ au début du califat de l'Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui); il est alors tout à fait impossible de lui citer un quelconque devancier dans le regroupement et la classification des hadiths en chapitres. En effet, les écrivains qui ont été cités comme étant les premiers à avoir regroupé les hadiths en différents chapitres avaient, selon Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi dans son livre intitulé «tadrîb ar-râwi», tous vécu au deuxième siècle de l'Hégire, autrement dit bien après Abû Râfî‘. Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi rapporte, selon le livre de Ibn Ḥajar intitulé «fatḥ al-bâri», que le tout premier à avoir classifié les hadiths en différents chapitres serait un certain Ibn Chihâb azZuhari, sous l'initiative du calife ‘Omar Ibn ‘Abdul-‘Aziz. Or,
120 Les Chiites et les sciences islamiques
étant donné que le califat de ce dernier n'avait duré que de l'an 99 à l'an 101 de l'Hégire, l'affaire Ibn Chihâb se situe par conséquent au début du deuxième siècle de l'Hégire, évidemment après Abû Râfî‘, lui compagnon du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille). Nous avions d'ailleurs eu à relever les incohérences de la déclaration d'Ibn Ḥajar sur ce sujet dans notre livre de base.
II. 2 - Le premier chiite à avoir regroupé les hadiths dans un chapitre titré
Les tous premiers compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) de tendance chiite à avoir regroupé les hadiths en chapitres titrés ne sont autres que Abû ‘Abdullâh Salmâne al-Fârsi et Abû Dhar al-Ghifâri (Qu'Allah soit satisfait d'eux), selon ce qu'affirme Rachîd-ud-dîn Ibn Chahrâchûb dans son livre intitulé «ma‘âlim ‘ulamâ’ achchi‘a», sur les savants Chiites.
Le Cheikh Chiite Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi et le Cheikh Abul-‘Abbâs an-Najâchi ont cité chacun dans son œuvre un livre sur les hadiths pour Salmâne et un autre pour Abû Dhar al-Ghifâri, dans la liste des écrivains chiites. Et ils ont tous deux clôturé la chaîne des rapportages de hadiths par les livres de ces deux honorable compagnons (Qu'Allah soit satisfait d'eux). Le livre de Salmâne était le livre de «ḥadith al-jâthlîq» (Une autorité religieuse de la Grèce) tandis que celui d'Abû Dhar alGhifâri «al-khuṭba» consistait en un discours décrivant la période qui avait précédé la mort du saint Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille).
Dans son livre intitulé «rawdât al-jannât fi aḥwâl ‘ulamâ’ wa s-sâdât» sur les savants musulmans, as-Sayyed al-Khonsâri a rapporté un passage du troisième tome de «az-zîna» dans lequel l'auteur, Abû Ḥâtam, affirme qu'à l'époque du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille), le mot «Chiite» était le surnom de quatre de ses compagnons, à savoir: Salmâne al-Fârsi, Abû Dhar al-Ghiffâri, Miqdâd Ibn al-Aswad al-Kondi et ‘Ammâr Ibn Yâsser.
Ce livre intitulé «az-zîna» écrit par Cheikh Abû Ḥâtam Sahl Ibn Moḥammad as-Séjestâni décédé en l'an 205 de l'Hégire, a été également mentionné dans le livre intitulé «kachf-uẓ-
ẓunûn».
II. 3 - Le premier à avoir rédigé un livre parmi les grandes figures chiites de la génération des Tâbi‘îne
Ces honorables chiites successeurs des compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) avaient tous écrit leurs livres à la même époque de telle sorte que nous ne pouvons pas déterminer avec exactitude qui avait précédé les autres. Il s'agit en effet d'illustres personnages suivants:
Ali Ibn Abî Râfî‘
Il s'agit du fameux compagnon du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui) qui était son chargé de finance.
Cheikh an-Najâchi l'a cité dans son «fahrasu asmâ’ almuṣannifîne min-ach- chi‘a» parmi les écrivains chiites de la première classe en disant:
«Ali Ibn Abî Râfî‘ comptait parmi les meilleurs chiites de la génération des successeurs des compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille). Il fut l'un de fidèles compagnons du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn
122 Les Chiites et les sciences islamiques
Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui), et son secrétaire particulier d'ailleurs. Il avait tellement appris qu'il fut en mesure de se constituer un livre portant sur les divers sujets de Fiqh à l'instar des ablutions, de la prière et de différents autres chapitres de Fiqh.»
Et Cheikh an-Najâchi citait régulièrement cet honorable savant dans ses chaînes de rapporteurs de hadiths.
‘Obaydullâh Ibn Abî Râfî‘
Cet illustre savant était le secrétaire du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui) et le frère de ce ‘Ali Ibn Abî Râfî‘ que nous venons de citer. Ce fidèle compagnon avait à son actif un certain livre intitulé «qaḍâyâ Amîr-il-Mu’minîn», portant sur les jugements de l'Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui), en plus d'un autre intitulé «tasmiyatu man chahida ma‘a Amîr-il-Mu’minîn al-Jamal wa Ṣiffîne wan-Nahrawâne min-aṣ-ṣaḥâba» qui reproduisait les noms de tous les compagnons qui avaient accompagné le Commandeur des croyants (Que la paix soit sur lui) dans les batailles de «Jamal»1, de «Ṣiffîne2» et de «Nahrawâne3». Selon «al-fihrist» de Cheikh Abî Ja‘far aṭ-Ṭûsi et «at-taqrîb» de Ibn Ḥajar, ‘Obeydullâh était le secrétaire particulier de
1. Jamal signifie Chameau. Cette bataille avait eu son nom de la monture d'Aicha l'une des femmes du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) qui s'était alliée aux troupes adverses dirigées par Ṭalḥa et Zubayr qui avaient renié leur allégeance à l'Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui).
2. Ṣiffîne signifie les deux rangs. La bataille qui eut lieu entre deux rangs musulmans, à savoir les troupes régulières de l'Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui) et celles de Mu‘awiya qui voulait usurper le pouvoir.
3. Nahrawâne est le nom de la rivière auprès de laquelle s'était déroulée cette lutte entre l'armée régulière de l'Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui) et celle des Kharijites.
l'Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui). Et c'était vraiment un homme loyal parmi les gens de la troisième classe.
Aṣbagh Ibn Nabâta al-Mujâchi‘i
Cet éminent savant était l'un de fidèles compagnons du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui). Il avait survécu après le martyre de ce dernier et avait même rapporté ses recommandations à Mâlik al-Achtar alors nommé gouverneur en Egypte, dans un livre. Cheikh anNajâchi dit à ce propos:
«C'était un livre très célèbre et son testament à son fils Moḥammad Ibn Ḥanafiyya.»
Quant à Cheikh Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi dans son «al-fihrist», il reconnaît à ce même Aṣbagh Ibn Nabâta al-Mujâchi‘i un autre livre intitulé «maqtal al-Ḥussain ibn ‘Ali» sur la mort de l'Imam al-Ḥussein Ibn ‘Ali (Que la paix soit sur eux tous). Ce dernier livre fut rapporté par ad-Dawri.
Sulaym Ibn Qays al-Hilâli Abû Ṣâdiq
Il était le compagnon du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui). Cet honorable chiite avait à son actif un important livre dans lequel il avait rapporté les hadiths de l'Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui), de Salmâne al-Fârsi, d'Abû Dhar al-Ghifâri, de Miqdâd Ibn alAswad, de ‘Ammâr Ibn Yâsser et de quelques grandes figures parmi les grandes compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille).
Le même Cheikh l'imam Abû ‘Abdullâh an-Nu‘mâni que nous venons de citer a écrit le passage suivant dans son livre intitulé «al-ghayba» sur l'occultation, dans le chapitre consacré aux maîtres de Commentaire du saint Coran, après avoir rapporté un hadith du livre de Sulaym Ibn Qays al-Hilâli:
124 Les Chiites et les sciences islamiques
«Tous les savants Chiites et les rapporteurs de hadiths des Imams (Que la paix soit sur eux tous) s'accordent à l'unanimité que le livre de Sulaym Ibn Qays al-Hilâli se présente comme l'un des livres de base les plus considérés par les savants et des rapporteurs de hadiths des Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous), et comme l'un des livres les plus anciens… C'est l'une des sources de références auxquelles recourent les Chiites.» Sulaym Ibn Qays est décédé au début du règne d'al-Ḥajjâj Ibn Yûsuf à Kufa.
Meytham Ibn Yaḥyâ Abû Ṣâliḥ at-Tammâr
Meytham Ibn Yaḥyâ Abû Ṣâliḥ at-Tammâr était aussi l'un des compagnons les plus fidèles du Commandeur des croyants (Que la paix soit sur lui) et son confident. Il avait à son actif un livre de grande valeur dans le domaine des hadiths. Cheikh Abû Ja‘far at-Ṭûsi, Cheikh Abû ‘Amru al-kachchi et même aṭ-Ṭabari dans son propre livre intitulé «bichârat almuṣṭaphâ» l'ont beaucoup cité dans leur rapportage de hadiths. Cet honorable fidèle fut malheureusement assassiné à Kufa par ‘Obeydullâh Ibn Ziyâd à cause de sa tendance Chiite.
Moḥammad Ibn Qays al-Bajali
Ce filède compagnon a à son actif un livre dans le domaine des hadiths qu'il a rapporté du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui). Beaucoup de nos cheikhs chiites parmi les successeurs des compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) l'avaient plusieurs fois mentionné et même rapporté son livre. Cheikh Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi rapporte dans son livre intitulé «alfihrist» que ‘Obeyd Ibn Moḥammad Ibn Qays avait dit: «Lorsque nous avions présenté ce livre à Abû Ja‘far Moḥammad Ibn ‘Ali Ibn al-Ḥussein (Que la paix soit sur eux tous), il avait déclaré: Il s'agit là de la parole d'Ali Ibn Abî
Ṭâleb (Que la paix soit sur lui).» Moḥammad Ibn Qays al-Bajali commençait chaque fois par la phrase: «Lorsque l'Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui) entamait la prière, il disait:…» ; et ainsi de suite jusqu'à la fin de son livre.
Ya‘lâ Ibn Morra
Ce fidèle compagnon avait également à son actif un livre de hadiths qu'il avait rapporté du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui). Cheikh an-Najâchi a cité dans son «al-fihrist» un certain hadith dont la chaîne des rapporteurs remonte jusqu'à ce livre de Ya‘lâ Ibn Morra.
‘Obeydullâh Ibn Ḥurr al-Ju‘fî
Cet illustre savant était de la génération des successeurs des compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) de Kufa. C'était un grand poète et un vaillant chévalier. Il avait lui aussi à son actif un certain livre renfermant des hadiths rapportés du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî
Ṭâleb (Que la paix soit sur lui).
Il est décédé à l'époque de Mokhtâr. Cheikh an-Najâchi l'avait cité dans son livre parmi les écrivains chiites de la première classe.
Rabî‘at Ibn Samî‘
Ce fidèle compagnon avait à son actif un certain livre portant sur le Zakât-un-Ni‘am, l'aumône des bétails. Cheikh an-Najâchi l'avait également cité dans son livre parmi les écrivains chiites de la toute première classe. C'était l'une de grandes figures de la génération des successeurs des
126 Les Chiites et les sciences islamiques
compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille).
Ḥârith Ibn ‘Abdullâh al-A‘war al-Hamdâni
Il était plus connu sous le nom d'Abû Zoheir, et il comptait parmi les compagnons du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui). Il avait à son actif un certain livre dans lequel on retrouve les réponses de l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui) aux questions des Juifs. Cette série de réponses était, selon «al-fihrist» de Cheikh Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi, rapportée de ‘Amru Ibn Abul-Miqdâm qui l'avait rapportée d'Abû Isḥâq as-Sabî‘î qui l'avait rapportée à son tour de Ḥârith al-Hamdâni, et lui de l'Imam ‘Ali Ibn Abî
Ṭâleb (Que la paix soit sur lui) lui-même. Ḥârith est décédé à l'époque du Califat de Ibn Zubeir. Toutefois, tout au début de son livre intitulé «ma‘âlim al‘ulamâ’», sur les savants, Cheikh Rachîd-ud-dîn Ibn Chahrâchûb avait donné un certain ordre de succéssion des écrivains musulmans en guise de réponse à ce qu'il avait rapporté de l'imam al-Ghazâli. Selon ce dernier, le tout premier musulman à avoir rédigé un livre serait un dénommé Ibn Jureij. Ce livre traiterait des traditions ainsi que des lettres de Commentaire du Coran rapporté de Mujâhid et de ‘Aṭâ de la Mecque. Vient ensuite le livre de Mu‘ammar Ibn Râchid aṣ-
Ṣan‘âni de Yémen. Vient ensuite, le livre de Mâlik Ibn Anas intitulé «al-muwaṭṭa’», et enfin le livre de Sufyân Ath-Thawri. Cheikh Rachîd-ud-dîn Ibn Chahrâchûb avait textuellement répondu de la manière suivante: «Ce qui est plutôt vrai est que c'est le Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui) qui est le tout premier musulman à avoir écrit un livre, suivi de Salmâne al-Fârsi, d'Abû Dhar al-Ghifâri, d'Aṣbagh Ibn Nabâta, de ‘Obeydullâh Ibn Abû Râfî‘ (Qu'Allah soit satisfait d'eux tous). Vient ensuite le «aṣ-ṣahîfa al-kâmila» de l'Imam Zaynul-‘Abidîn (Que la paix soit sur lui), etc.» Quant au Cheikh Abul-‘Abbâs an-Najâchi, il avait cité la liste des écrivains musulmans de première classe telle que nous venons de le faire sans toutefois préciser le tout premier ni un certain ordre de devancement entre eux. Il en est de même pour Cheikh Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi qui les avait également cités sans respecter l'ordre de succéssion.
Il est permis de croire que Cheikh Rachîd-ud-dîn Ibn Chahrâchûb disposait d'un supplément d'informations qui lui a permis de citer ces illustres personnages par ordre de succession contrairement aux deux autres cheikhs. C'est Allah le Très-Haut qui accorde le plein succés.
Remarque:
Al-Ḥâfiẓ adh-Dhahabi avait précisé dans la biographie d'Abâne Ibn Taghlib que la plupart des chiites de la génération des successeurs des compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) et de la génération suivante étaient des croyants, dévoués et vertueux.
Cheikh adh-Dhahabi quant à lui avait ajouté que si l'on rejette les hadiths de ces honorables fidèles, on risque de perdre une bonne partie de la tradition prophétique. Ça serait vraiment dommage.
Quant à nous, nous disons:
Réflechissez sur cette déclaration de ce grand al-Ḥâfiẓ adhDhahabi et reconnaîssez le droit de devancement de ceux dont nous avons cité les noms ainsi que ceux que nous allons citer parmi les Chiites de la génération des successeurs des compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) et ceux des générations suivantes.
128 Les Chiites et les sciences islamiques
II. 4 – Les compilateurs des hadiths au cours du deuxième siècle de l'Hégire
Il y avait un certain nombre de fidèles chiites qui avaient constitué des brochures, des livre de base voire de simples compiliations selon la voie des Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous) à la même époque que les écrivains sunnites considérés curieusement comme étant les tous premiers à avoir collectionné les hadiths dans le monde musulmans. Ces honorables Chiites avaient quant à eux rapporté leurs hadiths de l'Imam Zayn-ul-‘Abidîn ainsi que de son fils, l'Imam Moḥammad al-Bâqir (Que la paix soit sur eux tous). Parmi ces illustres personnages, nous pouvons citer le cas des gens tels que:
Abâne Ibn Taghlib
Il avait rapporté à lui tout seul environ trente mille hadiths d'Abû ‘Abdullâh, l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui).
Jâbir Ibn Yazîd al-Ju‘fî
Cet illustre savant avait quant à lui rapporté soixante-dix mille hadiths de l'Imam Abû Ja‘far Moḥammad al-Bâqir (Que la paix soit sur eux tous) qui les avait rapportés de ses aïeux et eux du Messager d'Allah (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille). Jâbir Ibn Yazîd al-Ju‘fî avait déclaré: «J'ai environ cinquante mille hadiths du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille), que j'ai eu selon la voie des Ahl-ulBayt (Que la paix soit sur eux tous), et que je n'ai jusque là rapportés à personne.»
Abû Ḥamza ath-Thomâli
Il comptait parmi les compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) qui avaient collectionné un bon nombre de hadiths.
On peut citer également les gens tels que Zurâra Ibn A‘yune, Moḥammad Ibn Muslim aṭ-Ṭâïfi, Abû Baṣîr Yaḥyâ Ibn Qâsim al-Asadi, ‘Abdul-Mu’mine Ibn Qâsim Ibn Qays Ibn Moḥammad al-Anṣâri, Bassâm Ibn ‘Abdullâh aṣ-Ṣayrafi, Abû ‘Obeyda al-Ḥadhdhâ’ Ziyâd Ibn ‘Isâ Abû ar-Rajâ’ al-Kufi ainsi que Zakariya Ibn ‘Abdullâh al-Fayyâḍ Abû Yaḥyâ.
Thawr Ibn Abû Fâkhita, Abû Jahm
Il avait rapporté des hadiths d'un bon nombre de compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille). Il avait à son actif tout un livre qui regroupait uniquement les hadiths rapportés de l'Imam al-Bâqir (Que la paix soit sur lui).
Jahdar Ibn Mughîra aṭ-Ṭâ’î
Ḥujr Ibn Zâ’ida al-Ḥaḍrami
Il était plus connu sous le nom d'Abû ‘Abdullâh.
Mu‘âwiya Ibn ‘Ammâr Ibn Abû Mu‘âwiya
Il était plus connu sous le nom de Khubâb Ibn ‘Abdullâh.
Muṭṭalib az-Zuhari al-Qurachi al-Madani ‘Abdullâh Ibn Maymûn Ibn al-Aswad al-Qaddâḥ
Nous avons eu à citer la biographie ainsi que les œuvres de tous ces honorables gens dans notre livre de base.
II. 5 – Liste des compilateurs des hadiths de la génération suivante
Il s'agit ici d'un groupe de disciples de l'Imam Abû ‘Abdullâh Ja‘far Ibn Moḥammad aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur eux tous)
130 Les Chiites et les sciences islamiques
qui avaient rapporté ses hadiths dans quatre cents récueils connus sous le nom de «al-uṣûl» (livres de base). Cheikh l'imam Abû ‘Ali al-Faḍl Ibn al-Ḥassan aṭ-Ṭabarsi a dit dans son livre intitulé «al-i‘lâm-ul-warâ bi a‘lâm-ul-hudâ»: «Il s'agissait de quarte mille rapporteurs de hadiths parmi les célèbres savants qui avaient rapporté d'Abû ‘Abdullâh Ja‘far Ibn Moḥammad aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur eux tous). Ils ont écrit quatre cents livres de hadiths, très connus dans le monde chiite, appélés «al-uṣûl» (livres de base) qu'avaient rapportés ses propres disciples ainsi que les disciples de son fils l'Imam Mûssâ al-Kâẓim (Que la paix soit sur eux tous). Abul-‘Abbâs Aḥmad Ibn ‘Uqda avait consacré tout un livre aux noms de différents personnages qui avaient rapporté des hadiths de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui). Ce livre intitulé «rijâl man rawâ ‘an Abî ‘Abdillâh aṣ-Ṣâdiq ‘alayhis-aalâm» reproduit également les œuvres de tous ces braves gens. Cheikh Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi avait lui aussi énuméré ces différents rapporteurs dans son livre intitulé «kitâb-ur-rijâl» dans le chapitre consacré aux rapporteurs de hadiths de l'Imam aṣ-
Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui). Il faut signaler par ailleurs que «kitâb-ur-rijâl» est subdivisé en douze chapitres consacrés chacun aux disciples de chacun des douze Imams immaculés (Que la paix soit sur eux tous).
II. 6 – Les livres imâmites écrits sur les hadiths depuis l'Imam ‘Ali jusqu'à l'Imam al-‘Askari (Que la paix soit sur eux tous)
Depuis le Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî
Ṭâleb jusqu'à l'Imam Abû Moḥammad al-Ḥassan al-‘Askari (Que la paix soit sur eux tous), le nombre de livres de tendance chiite imâmite écrits dans le domaine des hadiths va, selon la voie des Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous), au-délà de six mille six cents livres, d'après Cheikh Ḥâfiẓ, Moḥammad Ibn Ḥassan al-Ḥurr, l'auteur de «al-wasâ’il». Cet honorable cheikh avait avancé ce chiffre juste vers la fin de la quatrième notice de ce grand recueil de hadiths intitulé «wasâ’il-uch-chi‘a ilâ aḥkâm ach-chari‘a» et plus connu sous le nom de «wasâ’iluch-chi‘a ilâ aḥkâm ach-chari‘a». En ce qui nous concerne, nous avons eu à avancer un chiffre sensiblement égal à celui de cet honorable savant dans notre propre livre intitulé «nihâyat-ud-dirâya fi uṣûl ‘Ilm-ilḤadîth», sur les fondements de la science des hadiths.
II. 7 - Liste des tous derniers maîtres de hadiths et les auteurs de grandes sources de références des principes juridiques chiites
Il existe toute une série de savants chiites de toutes dernières générations qui ont constitué des «jâmi‘ al-aḥâdîth» (recueils de hadiths) considérés par les chiites comme principales sources de références des principes juridiques. Et les quatre premiers recueils de hadiths ont été écrits par le premier trio de savants portant chacun le prénom de Moḥammad. Il s'agit en effet de:
Abû Ja‘far Moḥammad Ibn Ya‘qûb al-Kuleyni
C'est lui l'auteur du livre intitulé «al-kâfi». Cet illustre savant est décédé en l'an 328 de l'Hégire. Il a rapporté dans «al-kâfi» au total 16.099 hadiths en plus de la liste complète de leurs rapporteurs.
Moḥammad Ibn ‘Ali Ibn al-Ḥussein Ibn Mûssâ Ibn Bâbeweyh al-Qumi
Il était plus connu sous le nom de Cheikh Abû Ja‘far aṣ-Ṣadr ûq. Il est décédé en l'an 381 de l'Hégire. Il avait à son actif quatre cents livres dans le domaine des hadiths dont le plus célèbre est le fameux livre intitulé «man lâ
132 Les Chiites et les sciences islamiques
yaḥḍuruh al-faqîh». Ce livre contient un total de 9.044 hadiths sur les principes juridiques et la tradition prophétique.
Le Cheikh Chiite Moḥammad Ibn Ḥassan Abû Ja‘far aṭ-
Ṭûsi
Cet honorable savant est l'auteur des deux grands derniers recueils de hadiths, à savoir: «tahdhîb al-aḥkâm», renfermant 13.590 hadiths répartis en 393 chapitres, et «al-istibṣâr» qui renferme 5.511 hadiths répartis en 920 chapitres. Ce sont là les quatre recueils de hadiths considérés par les Chiites comme principales sources de références des principes juridiques.
Après ce premier trio de Moḥammads, vient un autre trio des Moḥammads qui se sont également constitués des recueils de hadiths. Il s'agit de:
L'Imam Moḥammad al-Bâqir Ibn Moḥammad at-Taqiy
Il était plus connu sous le nom de l'Allâmeh al-Majlisi. C'est éminent savant qui est l'auteur du fameux recueil de hadiths en vingt six grands tomes intitulé «biḥâr al-anwâr filaḥâdîth al-marwiyya ‘an an-nabiy (ṣallallah ‘alayhi wa âlihi wa sallam) wal-A’imma min âlih-il-aṭhâr». Il s'agit d'un important recueil de hadiths très considéré chez les Chiites. Le Thiqat-ul-Islâm al-‘Allâma an-Nûri a consacré tout un livre à al-‘Allâma al-Majlisi sous le titre de «al-fayḍ al-qudsi fi aḥwâl al-Majlisi». Et ce livre est édité en Iran autant que son propre «biḥâr al-anwâr».
Cheikh al-‘Allâma Moḥammad Ibn Murtaḍâ Ibn Maḥmûd
Cet illustre rapporteur de hadiths est un savant au vrai sens du mot très doué dans la narration et la déduction. Il était plus connu sous le nom de Cheikh Moḥsin al-Kâchâni et sous le surnom de l'Allâmeh al-Feyḍ. Il a à son actif un livre intitulé «al-wâfi» sur la science de Ḥadîth qu'il a subdivisé en quatorze chapitres. Chacun de ces quatorze chapitres constitue en soi un livre indépendant regroupant les différents hadiths rapportés dans les quatre recueils du premier trio de Moḥammads. Il est également l'auteur d'environ deux cents livres portant sur les divers domaines de la science. Il est décédé en l'an 1091 de l'Hégire alors qu'il était âgé de 84 ans.
Le grand maître de hadiths, Moḥammad Ibn Ḥassan alḤurr ach-Châmi al-‘Amili al-Machghiri
Cet illustre rapporteur de hadiths est l'auteur de l'un des plus importants recueils de hadiths connu sous le nom de «tafṣîlu wasâ’il-uch-chi‘a ilâ taḥṣîli aḥâdîth ach-charî‘a». Il avait compilé ce livre selon l'ordre que l'on retrouve ordinairement dans la plupart des livres de Fiqh, d'une quatre-vingtaine de recueils qui étaient en sa propre possession et d'une septentaine d'autres par personne interposée. Ce livre plusieurs fois édité en Iran constitue l'un des livres les plus éxploités par les Chiites dans le domaine des hadiths.
Né au mois de Rajab de l'an 1033 de l'Hégire, il est décédé à Tûs dans l'ancien Khorâsân en l'an 1104.
Thiqat-ul-Islâm al-‘Allâma Ḥussein Ibn al-‘Allâma an-Nûri
Cet illustre savant avait à son actif un livre renfermant les hadiths délaissés par Cheikh Moḥammad Ibn Ḥassan al-Ḥurr al-‘Amili l'auteur de «al-wasâ’il» selon l'ordre et à la classification même du livre intitulé «wasâ’il-uch-chi‘a ilâ aḥkâm ach-chari‘a». Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il avait intitulé son livre «mustadrak al-wasâ’il wa mustanbiṭ almasâ’il». C'est un livre dans le même genre que «wasâ’il-uchchi‘a» mis à part le fait qu'il se présente comme le livre le plus volumineux de l'école Chiite. La rédaction de ce livre était à peine achévée en l'an 1319 de l'Hégire que son auteur décéda à Najaf le 28 Jumâda II de l'an 1320 de l'Hégire.
134 Les Chiites et les sciences islamiques
Il y a aussi toute une série de recueils écrits de la main de grands savants chiites dans le domaine de de hadiths. Nous avons, entre autres:
Al-‘awâlim
C'est un recueil de hadiths en cent tomes rédigés par le Cheikh, rapporteur de hadiths, le Mawlâ ‘Abdullâh Ibn Nûrullah alBaḥrâni le contemporain du fameux al-‘Allâma al-Majlisi, l'auteur de «biḥâr al-anwâr».
Charḥ-ul-istibṣâr fî aḥâdîth-il-A’immat-il-aṭhâr C'est un recueil de commentaires de hadiths en plusieurs tomes, sur les Imams Immaculés (Que la paix soit sur eux tous), dans le même genre que «biḥâr al-anwâr» de l'Allâma al-Majlisi. C'est l'œuvre du Cheikh Muḥaqqiq (le chercheur), Cheikh Qâsim Ibn Moḥammad Ibn Jawâd plus connu sous le nom de Ibn al-Wandi et aussi le surnom d'Al-Faqîh al-Kâẓimi (le jurisconsulte de Kâẓimayn), contemporain de Cheikh Moḥammad Ibn al-Ḥassan al-Ḥurr, l'auteur du livre «wasâ’iluch-chi‘a» déjà mentionné plus haut. Cet honorable savant est sorti de l'école de mon propre grand-père, à savoir al-‘Allâma as-Sayyed Nûr-ud-dîn, le frère d'as-Sayyed Moḥammad l'auteur du livre intitulé «al-madârik».
Jâmi‘-ul-akhbâr fî îḍâḥ-il-istibṣâr Il s'agit d'un grand recueil de hadiths en plusieurs tomes écrit de la main de Cheikh al-‘Allâma Faqîh ‘Abdul-Laṭif Ibn ‘Ali Ibn Aḥmad Ibn Abî Jâmi‘ al-Ḥârithi al-Hamdâni ach-Chami al‘Âmili. Cet honorable savant est sorti de l'école du célèbre Cheikh al-Muḥaqqiq al-Ḥassan Abî Manṣûr Ibn Ach-Chahîd, le Cheikh Zayn-ud-dîn al-‘Âmili, l'auteur du livre intitulé «alma‘âlim» et de «al-muntaqâ».
L'auteur de ces livres fait partie des savants du dixième siècle de l'Hégire.
Ach-chifâ fî ḥadîth ’Âl-il-Muṣṭafâ Il s'agit là d'un grand recueil de hadiths en plusieurs tomes écrit de la main du Cheikh spécialiste des hadiths, Moḥammad arRéḍâ, le fils de Cheikh al-Faqîh ‘Abdul-Laṭif at-Tabrizi. Ce livre fut achévé en l'an 1158 de l'Hégire.
Jâmi‘ al-aḥkâm
Il s'agit d'un grand recueil de hadiths en vingt cinq tomes rédigé de la main du Cheikh chiite, as-Sayyed al-‘Allâma ‘Abdullâh Ibn as-Sayyed Moḥammad ar-Réḍâ ach-Chubbari al-Kâẓimi. Cet illustre savant était l'un des écrivains les plus célèbres de son époque. Et d'ailleurs, après l'époque de l'Allâma al-Majlisi, on ne connait personne d'autre qui ait écrit autant de livres que lui. Il est décédé à Kâẓimeyn en l'an 1242 de l'Hégire.
II. 8 - Le devancement des savants chiites dans ad-Dirâya et la classification des hadiths
Le tout premier à s'être chargé de la classification des hadiths est un dénommé Abû ‘Abdullâh al-Ḥâkim an-Neysâbûri qui n'est autre que le fameux Moḥammad Ibn ‘Abdullâh, décédé en l'an 405 de l'Hégire. Cet illustre savant a à son actif un livre en cinq tomes intitulé «ma‘rifatu ‘ulûm-il-ḥadîth» dans lequel il avait régroupé les hadiths en cinquante catégories. L'auteur du livre intitulé «kachf aḍ-ḍunûne» a confirmé ce devancement sur les autres en écrivant: C'est al-Ḥâkim an-Neysâbûri qui est le tout premier à avoir pris cette initiative, suivi d'Ibn aṣ-Ṣalâḥ. Quant à la déclaration de Cheikh Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi, dans son livre intitulé «al-wasâ’il fil-awâ’il», selon laquelle Ibn aṣ-
Ṣalâḥ décédé en l'an 643 de l'Hégire serait le tout premier à avoir classifié les hadiths, dans son très connu «mukhtaṣar» (Abrégé), elle n'est pas du tout en contradiction avec ce que
136 Les Chiites et les sciences islamiques
nous venons de dire. Car, Cheikh Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi lui sous-entendait par là «le tout le premier savant sunnite à avoir classifié les hadiths». Or al-Ḥâkim an-Neysâbûri lui est reconnu de tout le monde comme étant Chiite. En effet, Cheikh as-Sam‘âni, dans son livre intitulé «al-ansâb», Cheikh Aḥmad Ibn Teymiyya et même al-Ḥâfiẓ adh-Dhahabi, dans son propre livre intitulé «tadhkirat al-ḥuffâẓ», avaient tous témoigné du Chiisme de al-Ḥâkim an-Neysâbûri. Al-Ḥâfiẓ adh-Dhahabi rapporte dans son «tadhkirat al-ḥuffâẓ» qu'Ibn Ṭâhir lui avait dit:
«J'avais demandé à Abû Ismâ‘îl al-Anṣâri d'emmettre son avis au sujet de al-Ḥâkim an-Neysâbûri. Il avait déclaré que c'était un homme digne de confiance dans le rapportage de hadiths, mis à part le fait que c'est un vilain «Râfiḍi» 1.» Et Ibn Ṭâhir avait ajouté:
«Al-Ḥâkim an-Neysâbûri était au fond un vrai passionné du Chiisme sous l'apparence d'un vrai sunnite qui reconnaît les trois califes avant l'Imam ‘Ali (Que la paix soit sur lui). Toutefois il ne se génait pas du tout pour rénier ouvertement la légitimité du Califat de Mu‘âwiya et de celui de tous ses successeurs.»
Quant à nous, nous affirmons qu'une série de nos savants chiites, à l'instar de Cheikh Moḥammad Ibn Ḥassan Ḥurr vers la fin de son livre intitulé «wasâ’il-uch-chi‘a», avaient confirmé sa tendance chiite.
On rapporte que Cheikh Ibn Chahrâchûb avait cité al-Ḥâkim an-Neysâbûri dans son livre intitulé «ma‘âlim al-‘ulamâ’», parmi les Chiites auteurs des livres, plus précisement dans le
1. Le terme « Râfiḍi » qui signifie « Sectaire » est le qualificatif par lequel les Sunnites désignaient les Chiites du fait qu'ils ne reconnaissaient pas le Califat d'Abû Bakr ni celui de ‘Omar et celui de ‘Othmân non plus.
chapitre consacré aux surnoms en précisant qu'il avait à son actif un livre intitulé «al-’amâli» et un autre sur les vertus de l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur lui). On lui reconnaît également le livre intitulé «faḍâ’il Fâṭimat-az-Zahrâ’» sur les vertus de Bibi Fâṭima Zahrâ (Que la paix soit sur elle). Et dans la première partie du livre intitulé «riyâḍ al-‘ulamâ’» consacré aux savants chiites imamites, Mawlâ ‘Abdullâh alAfandi a également écrit la biographie de al-Ḥâkim anNeysâbûri. Il l'avait cité dans le chapitre consacré aux noms ainsi que dans celui des surnoms. Il avait par ailleurs confirmé que cet illustre personnage avait à son actif un livre intitulé «uṣûl al-‘Ilm-il-Ḥadîth» et un autre intitulé «al-madkhal ilâ ‘ilm-iṣ-ṣaḥîḥ».
Cheikh al-Afandi avait encore dit, toujours en parlant de alḤâkim an-Neysâbûri:
«Il avait palié à la négligence du «ṣaḥîḥ al-Bukhâri» en rapportant des hadiths authentiques sur les Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous) à l'instar de «Ḥadîth-ut-Ṭayr» (l'oiseau roti) et de «Ḥadîth al-Wilâya» (Quiconque dont je suis le patron, ‘Ali que voiçi est également son patron)». Après Cheikh al-Ḥâkim an-Neysâbûri, il y a tout un groupe de savants qui ont également écrit des œuvres dans ad-Dirâya de hadiths. Nous pouvons citer le cas des gens tels que:
Jamâl-ud-dîne Aḥmad Ibn Ṭâwûs Abul-Faḍâ’il
C'est cet honorable savant qui est l'auteur de la nouvelle terminologie imâmite dans la classification des hadiths en quatre catégories, à savoir: le «Ḥadîth Ṣaḥîḥ» (Hadith authentique), le «Ḥadîth Ḥassan» (Hadith bon), le «Ḥadîth Muwaththaq» (Hadith accrédité) et le «Ḥadîth Ḍa‘îf» (Hadith faible). Il est décédé en l'an 673 de l'Hégire.
138 Les Chiites et les sciences islamiques
As-Sayyed al-‘Allâma ‘Ali Ibn ‘Abdul-Ḥamîd al-Ḥassani
Il a écrit à son tour le livre intitulé «charḥ uṣûl dirâya alḥadîth» dans lequel il a rapporté des hadiths d'un certain nombre de livres à l'instar de celui de Cheikh al-‘Allâma alḤilli Ibn al-Muṭahhar, celui de Cheikh Zayn-ud-dîne, plus connu sous le nom de ach-Chahîd-uth-Thâni, intitulé «albidâya fi ‘Ilm-id-Dirâya» ainsi que son commentaire intitulé «ad-dirâya», le livre de Cheikh Ḥussein Ibn ‘Abd-uṣ-Ṣamad alḤârithi al-Hamdâni intitulé «al-wuṣûl al-akhyâr ilâ uṣûl alakhbâr», l'introduction du livre d'Abul-Manṣûr al-Ḥassan Ibn Zayn-ud-dîne al-‘Âmili intitulé «al-muntaqâ» sur les bases de la science de Ḥadîth et le livre du Cheikh Bahâ’-ud-dîne al‘Âmili intitulé «al-wajîza fî ‘Ilm Dirâyat-il-Ḥadîth». Nous avons eu à commenter tous ces livres dans notre livre intitulé «nihâyat-ud-dirayâ». Ce livre a été édité en Inde et il est enseigné dans des écoles.
II. 9 - Le premier à avoir écrit sur les rapporteurs de hadiths
Selon ce que rapporte Cheikh Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi dans son livre intitulé «ar-rijâl» sur les rapporteurs de hadiths, le tout premier à avoir écrit un livre sur les «Rijâl» (les rapporteurs des hadiths) est un dénommé Abû ‘Abdullâh Moḥammad Ibn Khâlid al-Barqi al-Qumi, l'un des disciples de l'Imam Mûssâ Ibn Ja‘far al-Kâẓim (Que la paix soit sur eux tous). Abul-Faraj Ibn an-Nadîm avait parlé de son œuvre sur les rapporteurs de hadiths dans son «al-fihrist», au tout début de la cinquième catégorie consacrée aux hadiths des jurisconsultes chiites.
Et dans sa sixième déclaration, il a encore dit, en parlant toujours d'al-Barqi al-Qumi:
«Il avait à son actif une série de livres parmi lesquels les livres intitulés «al-‘awîṣ», «at-tabṣira» et «ar-rijâl» dans lequel il avait mentionné les noms des fidèles qui ont rapporté des hadiths du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî
Ṭâleb (Que la paix soit sur lui).» Après Cheikh al-Barqi al-Qumi, vint Abû Moḥammad ‘Abdullâh Ibn Jibilla Ibn Ḥayyâne Ibn Abjor al-Kinâni Il a également à son actif un livre sur les rapporteurs de hadiths. Cette illustre personne est décédée en l'an 219 de l'Hégire. Cependant, Cheikh Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi avait déclaré dans son livre intitulé «al-awâ’il» (les pionniers) que le tout premier à avoir écrit sur les rapporteurs de hadiths est un certain Cho‘ba1 qui a d'ailleurs vécu après Ibn Jibilla. En effet, Cho‘ba est décédé en l'an 260 de l'Hégire. Or il avait déjà été devancé par un autre savant Chiite du nom d'Abû Ja‘far al-Yaqṭîni, l'un des disciples de l'Imam al-Jawâd Moḥammad Ibn ar-Réḍâ (Que la paix soit sur eux tous). Et ce Cheikh alYaqṭîni serait l'auteur d'un certain livre intitulé «ar-rijâl», selon ce que rapporte Cheikh an-Najâchi dans son «al-fihrist» ainsi que Ibn an-Nadîm dans son propre «al-fihrist». Barqi al-Qumi, quant à lui, était tour à tour disciple de l'Imam Mûssâ Ibn Ja‘far et de son fils l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur eux tous). Et il avait vécu assez longtemps jusqu'à atteindre l'époque de l'Imam al-Jawâd, le fils de l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur eux tous). Dans son livre qui est d'ailleurs en notre posséssion, il a cité la liste des fidèles qui ont rapporté des hadiths du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî
Ṭâleb et des Imams immaculés qui lui avaient succédé (Que la paix soit sur eux tous). Il y a étudié et évalué tous ces
1. Il était Cho‘ba Ibn al-Ḥajjâj Ibn al-Ward leserviteur de al-Achâqir ‘Atâqa et était plus connu sous le nom d'Abû Basṭâm.
140 Les Chiites et les sciences islamiques
rapporteurs, comme tous les livres écrits dans ce domaine d'ailleurs.
Cheikh Abû Ja‘far Aḥmad Ibn Moḥammad Ibn Khâlid alBarqi
Il s'agit du propre fils de Cheikh al-Barqi al-Qumi. Cet honorable Cheikh avait à son actif le livre intitulé «ar-rijâl» sur les rapporteurs de hadiths et un autre intitulé «aṭ-ṭabaqât» sur les différentes classes de rapporteurs. Il est décédé en l'an 274 de l'Hégire.
Cheikh Abul-Ḥassan Moḥammad Ibn Aḥmad Ibn Dâwûd Ibn ‘Ali al-Qumi
Il était plus connu sous le nom d'Ibn Dâwûd, le savant chiite, et il avait rédigé un livre intitulé «al-mamdûḥine walmadhmûmine min ar-ruwât». Il est décédé en l'an 368 de l'Hégire.
Cheikh Abû Ja‘far Moḥammad Ibn Bâbeweyh Ṣadûq
Il avait aussi écrit un livre dans ce domaine intitulé «ma‘rifatur-rijâl» et un autre intitulé «ar-rijâl al-mukhtârayn min aṣḥâb-in-Nabiy ṣallallahu ‘alayh wa Âlihi wa sallam». Cet honorable Cheikh est décédé en l'an 381 de l'Hégire.
Cheikh Abû Bakr al-Ji‘âbi
Ibn an-Nadîm avait déclaré en parlant de lui: «C'était l'un d'honorables Chiites» Cet honorable Cheikh avait à son actif un livre sur les rapporteurs de hadiths intitulé «ach-chi‘a min aṣḥâb-il-ḥadîth wa ṭabaqâtihim» que Cheikh an-Najâchi considère comme un grand livre.
Cheikh Moḥammad Ibn Baṭṭa
Il avait lui aussi à son actif un livre sur les rapporteurs de hadiths intitulé «asmâ’ muṣannifi ach-chi‘a». Il est décédé en l'an 274 de l'Hégire.
Cheikh Naṣr Ibn aṣ-Ṣabâh Abul-Qâsim al-Balkhi
Il s'agit du maître de Cheikh Abû ‘Amru al-kachchi. Il avait lui aussi à son actif un livre intitulé «ma‘rifat-un-nâqilîn» sur les rapporteurs de hadiths. Il est décédé au troisième siècle de l'Hégire.
Ali Ibn al-Ḥassan Ibn Faḍḍâl
Il avait également rédigé un livre sur les rapporteurs de hadiths intitulé «ar-rijâl». Ce savant aussi est de la troisième siècle de l'Hégire comme le Cheikh Abul-Qâsim al-Balkhi cité précédemment.
As-Sayyed Abû Ya‘lâ
Il s'agit d'as-Sayyed Abû Ya‘lâ Ḥamza Ibn al-Qâsim Ibn ‘Ali Ibn Ḥamza Ibn al-Ḥassan Ibn ‘Obeydullâh Ibn al-‘Abbâs Ibn ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui). Il avait lui aussi à son actif un livre sur les rapporteurs de hadiths intitulé «man rawâ ‘an Ja‘far Ibn Moḥammad min ar-rijâl». Cheikh an-Najâchi dit à ce propos: «Il s'agit d'un excellent livre duquel Tal‘ukubri avait rapporté des hadiths avec la permission de l'auteur lui-même.» As-Sayyed Abû Ya‘lâ Ḥamza Ibn Qâsim était l'un des savants du troisième siècle de l'Hégire.
142 Les Chiites et les sciences islamiques
Cheikh Moḥammad Ibn al-Ḥassan Ibn ‘Ali Abû ‘Abdullâh Muḥâribi
Cet honorable Cheikh avait également rédigé un livre sur les rapporteurs de hadiths intitulé «ar-rijâl». C'était également l'un des savants du troisième siècle de l'Hégire.
Al-Musta‘ṭif ‘Isâ Ibn Mihrân
Cet honorable Cheikh avait lui aussi écrit un livre sur les rapporteurs de hadiths intitulé «al-muḥaddithîn». Il était de la même génération que les savants précités. Et Cheikh Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi l'avait cité dans son «al-fihrist». Nous avons eu l'honneur de citer les œuvres de Cheikh Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi, de Cheikh an-Najâchi, de Cheikh al-kachchi, de l'Allâma Ibn al-Muṭahhar al-Ḥilli et celles de Cheikh Ibn Dâwûd dans notre livre de base, en plus de différentes classes d'écrivains sur les rapporteurs de hadiths et leurs œuvres, jusqu'à nos jours.
Abul-Faraj Qanâni al-Kufi
Il s'agit du maître de Cheikh an-Najâchi. Cet honorable Cheikh avait lui aussi à son actif un livre sur les rapporteurs de hadiths intitulé «mu‘jam ar-rijâl al-Mufaḍḍal» qu'il avait classé selon l'ordre alphabétique.
II. 10 - Le premier à avoir écrit sur la classification des rapporteurs de hadiths
Le tout premier à avoir écrit un livre sur les différentes classes des rapporteurs de hadiths est un certain Abû ‘Abdullâh Moḥammad Ibn ‘Omar al-Wâqidi né en l'an 300 de l'Hégire et décédé à l'âge de 78 ans.
Ibn an-Nadîm a cité les œuvres de cet honorable Cheikh dans son livre intitulé «aṭ-ṭabaqât». Nous reviendrons d'ailleurs làdessus avec plus de détails au quatrième point du huitième chapitre dans la partie consacrée à sa biographie.
Le juge al-Qâḍi Abû Bakr ‘Amru Ibn Moḥammad Ibn Salâm Ibn al-Burâa
Il était plus connu sous le nom de Ibn al-Ji‘âbi Cet honorable Cheikh avait à son actif une série de livres sur les différentes classes des rapporteurs de hadiths dont un grand livre intitulé «ach-chi‘a min aṣḥâb-il-ḥadîth wa ṭabaqâtihim», le livre intitulé «al-mawâli wal-achrâf wa ṭabaqâtihim», le livre intitulé «man rawâ al-ḥadîth min Banî Hâchim wa mawâlîhim» sur les gens qui ont rapporté des hadiths des Hachémites et de leurs sujets, le livre intitulé «akhbâr Âli Abî
Ṭâleb» ainsi que le livre intitulé «akhbâr Baghdâd wa
ṭabaqâtihim wa aṣḥâb-ul-ḥadîth bihâ». Ibn an-Nadîm déclare dans son livre intitulé «al-fihrist», en parlant de ce Cheikh Ibn al-Ji‘âbi: «Il comptait parmi les honorables Chiites. Il s'était éxilé chez le prince Seyf-ud-Dawla qui l'avait accueilli avant d'en faire l'un de ses proches.»
Quant à nous, nous disons:
«Toute une série de Cheikhs ont rapporté de lui des hadiths. Nous pouvons citer, entre autres, le très célèbre Cheikh alMufîd.
Cheikh Ibn al-Ji‘âbi est décédé en l'an 355 de l'Hégire.
Cheikh Abû Ja‘far al-Barqi Aḥmad Ibn Moḥammad Ibn Khâlid
Il s'agit de l'auteur du livre intitulé «al-maḥâsin». Cet honorable Cheikh avait lui aussi à son actif une série des livres sur les différentes classes des rapporteurs de hadiths dont le livre intitulé «aṭ-ṭabaqât», un autre intitulé «at-târîkh» ainsi que le livre intitulé «ar-rijâl». Il est décédé en l'an 274 de l'Hégire selon les uns, et en l'an 280 selon les autres.
CHAPITRE III
LE DEVANCEMENT DES SAVANTS CHIITES DANS LE DOMAINE DE FIQH (LA JURISPRUDENCE)
III. 1 - Le tout premier à avoir écrit sur le Fiqh en le subdivisant en chapitres
Le tout premier à avoir écrit un livre dans le domaine de Fiqh et à l'avoir subdivisé en chapitres est le dénommé ‘Ali Ibn Abû Râfî‘, le serviteur du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille).
Cheikh an-Najâchi avait écrit dans son livre, pendant qu'il citait la première classe des partisans du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui) auteurs de livres:
«Ali Ibn Abû Râfî‘, le serviteur du Noble Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille) était l'un de bons Chiites. Il faisait partie des disciples du Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui) dont il était d'ailleurs le secrétaire particulier. Il était doté d'une grande capacité de rétention qui lui avait permis d'apprendre toute une multitude de hadiths par cœur. Il avait à son actif un livre sur les différents sujets de Fiqh à l'instar des ablutions, de la prière et de tant d'autres sujets. Il avait appris le Fiqh auprès de l'Imam ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui) et en avait constitué un livre subdivisé en chapitres de son vivant même. Et dans ce livre, il avait commencé par le chapitre qui concernait les ablutions dans lequel l'on pouvait lire, entre autres: «Lorsque l'un de vous fait les ablutions, qu'il commence par laver le membre droit avant le membre gauche.»
146 Les Chiites et les sciences islamiques
Cheikh an-Najâchi ajoute:
«Ce livre était très considéré étant donné qu'il s'agissait du tout premier livre chiite écrit dans ce domaine.» Cependant Jalâl-ud-dîn as-Suyûṭi quant à lui avait dit que le tout premier savant, Sunnite bien entendu, à avoir écrit un livre dans le domaine de Fiqh serait le fameux imam Abû Ḥanîfa. Et pourtant le livre d'Ali Ibn Abî Râfî‘ avait été écrit bien avant cela à l'époque même du Commandeur des croyants ‘Ali Ibn Abî Ṭâleb (Que la paix soit sur lui), très longtemps avant la naissance d'Abû Ḥanîfa.
Et d'ailleurs, il y a eu tant d'autres savants chiites qui avaient également écrit des livres bien avant Abû Ḥanîfa. Nous avons des gens tels que Qâsim Ibn Moḥammad Ibn Abî Bakr de la génération des successeurs des compagnons et Sa‘îd Ibn Musayyib le jurisconsulte de la tribu de Qoraych de Médine qui comptait parmi les six grands jurisconsultes. Né à l'époque du Califat de ‘Omar Ibn al-Khaṭṭâb, Sa‘îd Ibn Musayyib est décédé en l'an 94 de l'Hégire. Quant à Qâsim Ibn Moḥammad Ibn Abî Bakr, il est décédé en l'an 106 de l'Hégire. C'est le grand-père maternel de notre vénéré Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui) étant donné que la grand-mère de ce dernier n'était autre que Om Farwa, sa fille. Qâsim Ibn Moḥammad Ibn Abî Bakr était marié à la fille de l'Imam Zayn-ul-‘Abîdîn ‘Ali Ibn al-Ḥussein (Que la paix soit sur eux tous).
‘Abdullâh al-Ḥimyari rapporte dans son livre intitulé «qurb-ul’isnâd»:
«Lorsque l'on avait mentionné les noms de Qâsim Ibn Moḥammad Ibn Abî Bakr et de Sa‘îd Ibn al-Musayyib en présence de l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur lui), il avait déclaré: «Ils étaient tous deux des Chiites».
Cheikh al-Kuleyni rapporte de Yaḥyâ Ibn Jarîr dans son livre intitulé «al-kâfi», dans le chapitre consacré à la naissance de l'Imam Abû ‘Abdullâh aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui): «Abû ‘Abdullâh aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui) avait dit: Sa‘îd Ibn al-Moṣayyeb, al-Qâsim Ibn Moḥammad Ibn Abî Bakr ainsi que Abû Khâlid al-Kâboli faisaient partie des hommes de confiance de l'Imam ‘Ali Ibn al-Ḥussein (Que la paix soit sur eux tous)».
Et dans une autre version:
«Ils faisaient partie des disciples de l'Imam ‘Ali Ibn al-Ḥussein (Que la paix soit sur eux tous)».
III. 2 - Les jurisconsultes chiites les plus célèbres du tout début de l'Islam
Il s'agit en effet d'une série de savants du troisième siècle de l'Hégire que Cheikh Abû ‘Amru al-kachchi, le contemporain d'Abû Ja‘far al-Kuleyni, a cités dans son célèbre livre connu sous le nom de «rijâl al-kachchi». Il a écrit dans ce livre: «Les grands jurisconsultes parmi les disciples de l'Imam alBâqir et de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur eux tous): Tout le monde avait reconnu à l'unanimité la crédibilité de la première classe des disciples de l'Imam al-Bâqir et de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur eux tous). Les gens leur avaient alors fait confiance en admettant leurs avis jurisprudentiels. Et au tout début de l'Islam, les personnes les plus compétentes et les plus fiables dans le domaine de Fiqh étaient au nombre de six, à savoir: Zorâra, Ma‘rûf Ibn Kharbûdh, Bureyd, Abû Baṣîr al-Asadi, al-Fuḍayl Ibn Yasâr et Moḥammad Ibn Muslim aṭ-
Ṭâïfi. Toutefois, c'est Zorâra qui était le plus apte et le plus fiable de tous.
Néanmoins, certaines personnes auraient bien préféré Abû Baṣîr al-Moradi à la place d'Abû Baṣîr al-Asadi. En effet, Abû
148 Les Chiites et les sciences islamiques
Baṣîr al-Moradi n'était autre que Leyth Ibn al-Bokhtori en personne.»
Cheikh al-kachchi avait ensuite ajouté: «Les grands jurisconsultes parmi les disciples de l'Imam aṣ-
Ṣâdiq (Que la paix soit sur eux lui): Tout le monde était unanime quant à la validité de l'avis de ces grands jurisconsultes et on était parfaitement d'accord avec eux. On leur avait reconnu un bon niveau de Fiqh en dehors des six susmentionnés. Il s'agissait des six illustres personnes suivantes: Jamîl Ibn Dorrâj, ‘Abdullâh Ibn Miskâne, ‘Abdullâh Ibn Bokeyr, Ḥammâd Ibn ‘Isâ, Ḥammâd Ibn ‘Othmân et Abâne Ibn ‘Othmân.
On racontait que Faqîh (le jurisconsulte) Abû Isḥâq à savoir Tha‘laba Ibn Maymûn estimait que le plus apte et le plus fiable d'entre ces six jurisconsultes était Jamîl Ibn Dorrâj. Ceux-là étaient des rapporteurs de hadiths parmi les compagnons de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui).» Cheikh al-kachchi avait encore dit: «Les noms des jurisconsultes parmi les compagnons de l'Imam Abû Ibrâhim et de l'Imam Abul-Ḥassan (Que la paix soit sur eux tous):
Tout le monde était unanime quant à la validité de l'avis de ces grands jurisconsultes et on était parfaitement d'accord avec eux. On leurs avait reconnu un bon niveau de Fiqh et de connaissance. Il s'agissait des six autres personnes en dehors des six susmentionnées. A savoir: Yûnus Ibn ‘Abdur-Raḥmân,
Ṣafwân Ibn Yaḥyâ, Moḥammad Ibn Abî ‘Omeyr, ‘Abdullâh Ibn al-Moghîra, al-Ḥassan Ibn Maḥbûb et Aḥmad Ibn Moḥammad Ibn Abî Naṣr.
Toutefois, certaines personnes auraient bien préféré al-Ḥassan Ibn ‘Ali Ibn Faḍḍâl et Fuḍâla Ibn Ayyûb à la place de Ḥassan Ibn Maḥbûb. Pendant que certaines autres voyaient ‘Othmân Ibn ‘Isâ à la place de Fuḍâla.
Néanmoins, c'est Yûnus Ibn ‘Abdur-Raḥmân et Ṣafwân Ibn Yaḥyâ qui étaient jugés comme les meilleurs de tous.
III. 3 - La pluralité de jurisconsultes Ja‘farites 1 à avoir rédigé des livres au tout début de l'Islam
Cheikh Abul-Qâsim Ja‘far Ibn Sa‘îd, plus connu sous le surnom de «al-Muḥaqqiq al-Ḥilli», a écrit tout au début de son livre intitulé «al-mu‘tabar» alors qu'il parlait de l'Imam Ja‘far aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui): «L'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui) avait prouvé ses compétences par la formation d'un grand nombre de grands jurisconsultes. Et quatre cents d'entre eux avaient pu rédiger les réponses aux questions qui lui étaient posées.» Quant à nous, nous disons:
Ces quatre cents livres ne constituent que les œuvres qui avaient été écrites uniquement par les meilleurs de ses étudiants.
1. Ja‘farite : Appelé aussi « Imâmite ». Il s'agit de la tendance chiite selon l'école créée par l'Imam Ja‘far aṣ-Ṣâdiq Ibn Moḥammad (Que la paix soit sur eux tous). Cette école reconnaît les douze Imams immaculés qui sont, en ordre : le Commandeur des croyants, l'Imam ‘Ali Ibn Abi Ṭâlib (Que la paix soit sur lui) , l'Imam al-Ḥassan Ibn Ali, l'Imam al-Ḥussein Ibn Ali, l'Imam ‘Ali Ibn al-Ḥussein as-Sajjâd, l'Imam Moḥammad Ibn ‘Ali al-Bâqir, l'Imam Ja‘far Ibn Moḥammad aṣ-Ṣâdiq, l'Imam Mûssâ Ibn Ja‘far al-Kâẓim, l'Imam ‘Ali Ibn Mûssâ ar-Réḍâ, l'Imam Moḥammad Ibn ‘Ali al-Jawâd, , l'Imam ‘Ali Ibn Moḥammad al-Hâdi, l'Imam al-Ḥassan Ibn ‘Ali al-‘Askari ainsi que l'Imam al-Mahdi (Que la paix soit sur eux tous).
150 Les Chiites et les sciences islamiques
En effet, le martyr Cheikh Chams-ud-dîn Moḥammad Ibn Makki a dit au tout début de son livre intitulé «dhikrâ achchi‘a fi aḥkâm ach-chari‘a»:
«Quatre mille personnes venant de l'Iraq, de Ḥijâz, de Khorâsân (en Iran) et de Cham (en Syrie) avaient écrit des réponses aux questions qui étaient posées à l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui). Leurs livres ont été mentionnés dans les différents index qui parlent des livres Chiites à l'instar de «al-fihrist» de Cheikh Abû ‘Abbâs an-Najâchi, celui de Cheikh Abû Ja‘far aṭ-
Ṭûsi voire celui de Cheikh Abul-Faraj Ibn an-Nadîm ; le livre de al-‘Aqîli ou celui d'Ibn al-Ghaḍâ’iri.» Cheikh al-Mufîd a lui aussi écrit dans son livre intitulé «alirchâd» alors qu'il parlait de l'Imam Ja‘far aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui):
«On a apporté de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui) tellement de disciplines que cela l'avait rendu très célèbre partout dans le monde musulman. Les savants n'avaient rapporté d'aucun autre des Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous) autant qu'ils avaient rapporté de lui. En effet, les spécialistes des hadiths avaient compté quatre mille personnes équitables parmi les gens qui avaient rapporté des hadiths de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui)». Quant à nous, nous disons:
Cheikh Abul-‘Abbâs Aḥmad Ibn ‘Uqda az-Zaydi avait fixé leur nombre à quatre mille dans son livre intitulé «at-taṣnif». Il en est de même pour Cheikh Abû Ja‘far aṭ-Ṭûsi dans son livre intitulé «ar-rijâl», tout au début du chapitre portant sur les compagnons de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui).
III. 4 - Les grands recueils de Fiqh rédigés par les disciples des Imams d'Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous) parmi les savants de la génération des Atbâ‘-ut-Tâbi‘ine1
Jâmi‘ al-fiqh
Il s'agit d'un recueil de jurisprudence rapporté par Thâbit Ibn Hormuz Abul-Miqdâm de l'Imam Zayn-ul-‘Abîdîn ‘Ali Ibn alḤussein (Que la paix soit sur eux tous).
Charâ’î‘ -ul-imâne
Il s'agit d'un recueil de jurisprudence écrit de la main de Abû Ja‘far Ḥamdâne Ibn al-Mu‘âfî, le serviteur de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (Que la paix soit sur lui). Cet illustre savant est décédé en l'an 265 de l'Hégire. Il a rapporté ce livre de l'Imam al-Kâẓim ainsi que de l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur eux tous).
Jâmi‘ abwâb al-fiqh
Il s'agit d'un recueil de jurisprudence écrit par ‘Ali Ibn Abî
Ḥamza, l'élève de l'Imam aṣ-Ṣâdiq (que la paix soit sur lui). ‘Abdullâh Ibn al-Mughîra
Selon ce que rapporte Cheikh an-Najâchi dans son «al-fihrist», cet illustre savant a à son actif une trentaine de livres traitant de divers sujets de Fiqh. Il était l'un des compagnons de l'Imam Mûssâ Ibn Ja‘far (Que la paix soit sur eux tous).
Al-fiqh wal-aḥakâm
Il s'agit d'un recueil de jurisprudence écrit par Ibrâhim Ibn Moḥammad ath-Thaqafi décédé en l'an 283 de l'Hégire.
1. Atbâ‘-ut-Tâbi‘ine : les successeurs des successeurs. Il s'agit des fidèles de la deuxième génération après les compagnons du Prophète (Que le salut et la paix de Dieu soient sur lui ainsi que sur les membres de sa sainte et noble famille).
152 Les Chiites et les sciences islamiques
Al-mubawwab fil-ḥalâl wal-ḥarâm Il s'agit d'un recueil de jurisprudence écrit par Ibrâhim Ibn Moḥammad Ibn Abî Yaḥyâ al-Madani al-Aslami décédé en l'an 184 de l'Hégire.
Al-jâmi‘ fî abwâb al-fiqh
Il fut écrit par al-Ḥassan Ibn ‘Ali Ibn Moḥammad al-Ḥajâl.
Al-jâmi‘-ul-kabîr fil-fiqh
Ce livre a été écrit de la main d'Ali Ibn Moḥammad Ibn Chirah al-Qâsâni, beaucoup plus connu sous le nom d'Abul-Ḥassan alMuṣannif al-Mukaththir (le grand écrivain et le rapporteur de Hadiths nombreux).
Le livre de Cheikh Ṣafwân Ibn Yaḥyâ al-Bajali subdivisé selon l'ordre les livres courants de Fiqh. Cet honorable cheikh est décédé en l'an 210 de l'Hégire.
Al-muchayyakhah
Il fut rédigé par al-Ḥassan Ibn Maḥbûb, le Cheikh chiite beaucoup plus connu sous le nom d'Abu ‘Ali as-Sarâd. Cet honorable Cheikh est décédé en l'an 224 de l'Hégire. C'était l'un des compagnons de l'Imam ar-Réḍâ (Que la paix soit sur lui). Ce livre est classifié selon les sujets du Fiqh (la jurisprudence).
Kitâb-ur-raḥmah
Il s'agit d'un recueil regroupant toutes les branches de Fiqh selon la voie des Ahl-ul-Bayt (Que la paix soit sur eux tous).
by these.